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Citations de Noëlle Revaz (32)


On vit dans la maison bleue. Ce n’est pas notre maison, mais on y passe notre enfance. Nos pieds et nos voix retentissent, les directeurs sont obligés de s’énerver et de nous gronder, ce qui est tout à fait normal, même avec des enfants très sages. Madame Morceau nous dirige, avec son mari. Des maîtres viennent la journée. On a quatre cuisinières. Le lierre est plein d’escargots. Voici maintenant ce qui arrive. Aujourd’hui on se réveille et Madame Morceau nous dit : ce matin, les enfants, j’ai quelque chose à vous dire. Elle nous rassemble dans la cour, Monsieur Morceau, pensif, est silencieux derrière elle. La directrice est gentille, ses mots coulent, elle reprend : j’ai quelque chose à vous dire. Elle promène ses yeux sur nos têtes. Bien qu’on soit nombreux, elle peut mettre un nom sur chacun de nous. Elle n’a pas besoin de crier pour obtenir du silence, seulement agrandir ses yeux. Sa voix est calme : les enfants, je dois vous dire, aujourd’hui n’est pas un jour ordinaire.
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Vraiment, qu'il était dangereux de se présenter sans son livre. Un oubli de ce genre, et c'était toute une carrière qui était fichue. Jenna en avait des frissons. Elle se rappelait les principes de base : avoir son livre dans les doigts ou à proximité de la main. Manier fréquemment son livre, de sorte que les caméras embrassent la main et le livre en même temps. Sourire régulièrement. Faire allusion à l'existence de son œuvre. Nom d'un nom, c'était astreignant.
[...]
Une écrivaine était connue pour ne jamais se déplacer sans ses livres, éditions de poche et traductions en vingt langues comprises. [...] L'écrivaine ne pouvait plus être invitée sans ses livres. Cela était un fardeau, car elle en avait deux cent trente. Il était arrivé une fois que, lors d'une émission, elle avait cru pouvoir se présenter sans eux. L'émission avait été un fiasco. Les téléspectateurs ne s'y reconnaissaient plus et les animateurs s'étaient retrouvés rapidement à court de questions. Ils étaient restés presque muets.
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Il ne fallait pas pour autant penser que le livre était important. Cette erreur était ridicule. Elle pouvait être commise par quelques animateurs tenants de la vieille école ou par un critique malpoli mais, grosso modo, la plupart des gens du circuit savaient de quoi il était question : le livre était une estrade. Le livre était un simple escabeau sur lequel se poser le temps de répondre à des questions étiquetées « pour les écrivains ». À partir de là commençaient les choses. Le livre était le passeport grâce auquel on pouvait soutenir des entretiens et fréquenter les émissions en répondant à des questions de tout genre.
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Un jeune animateur, particulièrement dépourvu d’expérience, formulait une question : en page 3 du livre, qu’y avait-il exactement ? Jenna embarrassée baissait les yeux sur ses mains. Il était déjà très gênant de s’entendre mentionner le numéro d’une page. Mais parler de l’intérieur de son livre en sa présence était carrément indécent.
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Un des invités, un monsieur à lunettes d'une soixantaine d'années, se mettait soudain tout haut à expliquer qu'un objet aussi répandu qu'un livre était en soi un objet magique. Étant un, et étant à la fois des milliers. Pouvant à la fois être unique et à la fois exister dans les magasins du monder entier. Et simultanément s'il vous plaît. Un livre possédait le don de se multiplier. Il possédait le don d'ubiquité, si souvent désiré par les humains. Le monsieur concluait sur la question : le vœu secret des humains n'était-il pas d'être livres ?
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Vous savez comme moi qu'hommes et femmes n'ont pas que l'amour pour se joindre, la gamme est vaste et subtile de ces charnières qui nous lient. Ne nous laissons pas simplifier par les romans et les films.
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Depuis que j'ai mis la claque et l'avertissement que c'est des choses qui sont muettes et qui ont pas de mots pour, elle (la Vulve) dit plus ça, elle dit rien, elle dit juste des soupirs ou des larmes, mais rien de phrases ou de paroles profaneuses qui souillent les oeuvres de l'Amour. Parce qu'il y en a qui disent, et on peut pas être d'accord, que l'Amour il en faut, qu'il y en faut plein le corps et les pattes pour qu'on se tâte, forcément pour qu'on s'y mette, sinon personne ferait aux femmes ce qui se fait par les hommes.
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On entrait toujours seul dans un livre.
(p. 217)
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Chaque jour Vulve est présente à mes côtés et en somme je me suis habitué, parce que je la vois jamais et que je pense pas à elle. Mais des fois bon Dieu je me dis : « Vulve aussi est une personne ! » et je la regarde à neuf comme si j'avais jamais vu des mamelles à une bonne femme et un large menton bête et des grosses graisses à tordre plein les mains comme de la pâte. Ce que Vulve peut être moche ! Elle est plus moche que des dindes !
[...]
Georges il a les yeux au rouge et il dit qu'il oserait pas toucher la Vulva du boss et que jamais il y pense. Mais alors comment ça se fait qu'il vienne chanter qu'elle est jolie et qu'elle est intelligente, si c'est pas parce que lui-même il la trouve comme ça, jolie intelligente et pas grosse, et dans l'ensemble le menton pas trop fendu et pas large ?
Georges il comprend ce qui se passe et il va tout expliquer, et il peut jurer sur Bible qu'il a même jamais touché à un morceau de la dame.
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Les livres sont pleins
Les livres sont adultes
Les livres sont libres
Les livres n'ont pas besoin de chaperons
Les artifices nuisent au livre
Un livre est vivant
Un livre est actif
Un livre est profondément agissant
(p.307)
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Quand on désire faire le compte c'est pas aisé, vu qu'ils se bougent sans arrêt et se tiennent pas disponibles, pas sages et prêts à l'appel mais à courir les prairies à soulever chaque brin d'herbe. On sait plus trop quand on croise, si c'est le même ou le grand-frère ou s'il y a des jumeaux. Quelques uns quand même je les connais : il y a celui des crevasses creusées par la maladie, celui des fosses, mais peut-être que c'est le même, un qui a le nez du père, pas réussi, et celui presque malade qui tousse encore de l'angine, et puis celui qui est femelle et qui dit rien qu'on entende du premier coup, que par exprès on oublie quand on réclame, c'est pas la peine et ça a pas la vigueur, et ensuite quand les sèves montent ça nous devient une bonne femme.
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Une main qui fait un petit bruit en arrachant la peinture. Elle pourrait se poser sur l'autre. Elle pourrait toucher la petite main et tout pourrait se refaire. Les deux mains sentent l'envie et la tentation, et le centre de gravité du banc pèse de tout son poids dans les mains. Mais il faudrait ne pas penser à toutes ces tentatives. Ne pas penser à toutes les fois où la main a été saisie. Toutes les fois où cette chose a été poursuivie, qui s'est échappée toutes les fois. Ne pas penser à tout ce qui vient avant, ou faire sinon très attention à ne pas repartir pour un tour. C'est ainsi et c'est malheureux. Une chose ne veut pas mourir, mais on ne peut la saisir. Tous deux sont arrivés en même temps à cette conclusion.
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Il faudrait que T se promène. T va attraper le vague à l'âme s'il ne se change pas les idées. Raccourci bizarre, se dit T : des idées greffées sur des jambes. Elles disent toutes qu'il faut s'aérer. De la première à la dernière, elles jugent qu'il est bon de marcher, aller d'un endroit vers un autre, même si on n'a rien à y faire. Où sont-elles aller la trouver, cette science qu'il faut se promener. Se promener.
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L'amour, ce truc identique chez tout le monde. On en construit des bateaux, mais impossible d'y ajouter une once d'originalité. Et idem pour tous les sentiments. Les colères sont rouges, elles rugissent. Les jalousies médisent en tordant la bouche. Mais tout ça on le sait par coeur.
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Vivez bien, profitez, la vie vous savez s'en va vite et à la fin elle ne laisse qu'un tas de particules au vent.
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Chère Efina, écrit-il, Je sais que vous ne m'attendez pas et de mon côté je crois que je n'ai rien à vous dire. Je n'ai rien à vous raconter, rien à vous avouer ni rien à vous communiquer.
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Nous avançons comme deux spectres, nous sommes tous les deux gonflés d'air et toujours à un cheveu de nous envoler vers le ciel. C'est peut-être ce qui nous relie : cette faculté d'être là et d'être absents en même temps. Je passe ma vie à vous écrire et c'est la chose que j'ai faite le plus sérieusement. Quand je suis avec ma famille, quand je répète, j'ai toujours été un peu lointain. Mais pensant à vous et vous écrivant, mon corps je le sens prend son poids. Mes lettres remplissent des cahiers et des blocs. (...) Mes lettres remplissent un bel espace. Je songe à les publier. Je voudrais montrer aux maisons d'édition de quoi je suis capable. Je pense qu'il y aura de l'intérêt. Un morceau de vie pur beurre, ou bien je ne comprends rien aux livres.
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Les lettres ne sont jamais ce qu'on croit, elles ne tiennent pas leurs promesses. Elles ont l'air pleines, mais une fois décachetées elles sont plates.
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De sillonner la campagne, on l'a déjà presque épuisée. On a décrit toutes les rondeurs de ses collines, la mystérieuse neige, les étoiles piquetées dans le ciel et les bosquets figés, et on tourne en rond à la recherche d'autres détails pour féconder l'inspiration
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