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Critiques de Olivier Guez (541)
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La disparition de Josef Mengele

Quelle épreuve fut la rédaction de cette critique : j'ai cru que je n'y arriverais jamais. Ce livre m'a épuisée, révoltée et écoeurée. Mais c'est plus fort que moi : dès que sort un roman sur la Seconde Guerre mondiale, il faut que je le lise. C'est une période de l'Histoire qui me hante sans l'avoir vécue. C'est une blessure qui ne guérira jamais parce que je ne la comprendrai jamais. Mais je remercie grandement les éditions Grasset et NetGalley pour m'avoir permis d'affronter ce livre qui fait partie de la rentrée littéraire d'août.

Je dis « affronter » parce qu'il s'agit bien d'un combat. « La disparition de Josef Mengele » n'est pas une lecture paisible et sucrée, comme on s'en doute : c'est une expérience terrible entre nausée et indignation. Réfugié en Argentine avec sa fameuse mallette de mort sous le nouveau nom de Helmut Gregor, Mengele ne pense qu'à sauver sa peau. Il évite les quartiers où « rôdent » des Juifs, cherche du travail – mais pas n'importe lequel s'il vous plaît – et se dit qu'il faudrait qu'il apprenne l'espagnol.

Insupportable cet homme qui gémit sans cesse sur sa condition actuelle, qui repense à son Irene qui l'a quitté mais qu'il ne parvient pas à oublier. Insupportable cet homme souvent happé par la nostalgie de ses « belles » années à Auschwitz, lorsqu'il était cet « Ange de la Mort » qui s'amusait à fouiller, découper, opérer, les chairs innocentes de jumeaux, nains et autres estropiés. Oh, comme cela lui manque parfois. C'était le bon vieux temps… Notons que l'on suit également l'histoire personnelle des gens qu'il rencontre, aussi corrompus et abjects que lui – petit salut à Adolf Eichmann qui débarque en juillet 1950 sous le nom de Ricardo Klement.

C'est vraiment une plongée barbare dans un Buenos Aires sordide, où les anciens salauds, planqués, se reconnaissent, bavardent et se marrent. J'ai cru que je ne parviendrais pas jusqu'à la fin de ce roman parce qu'il est trop vrai, trop réel, trop vivant. Et cependant l'auteur a fait le choix d'une écriture distanciée, impartiale, fidèle. Je l'admire pour cela. Je n'aurais jamais pu écrire ce livre comme il l'a fait ; chaque geste de Gregor/Mengele me hérissait, chaque pensée, chaque réflexion, me dégoûtaient. A mesure que les pages défilent, on comprend que son esprit n'a pas changé et ne changera pas, que ses convictions sont restées les mêmes, que ses haines sont toujours là, hautes et fières. Il est toujours aussi bouffi de mépris pour ceux qui l'entourent et ne lui arrivent pas à la cheville, lui, le médecin génial. Il est toujours aussi fielleux, aussi cruel et diabolique. Mais les années passent et, il fallait s'en douter, les journaux finissent par parler : le monde découvre, épouvanté, les horreurs de la Seconde Guerre mondiale. Il faudra donc quitter Buenos Aires pour le Paraguay, puis le Brésil.

Je m'arrête ici pour ne pas dévoiler tout le livre mais c'est un roman coup de poing. J'avais beau avoir lu de nombreux ouvrages sur ces « médecins » de l'Enfer, j'ai quand même été bouleversée. A chaque paragraphe que je lisais, j'avais cette pensée obsessionnelle qui pulsait dans ma tête : ce type n'a jamais été pris. Ce type n'a jamais été jugé pour ce qu'il a fait. Il est mort en 1979, dans l'eau, sans avoir jamais eu à répondre de ses actes. Et combien sont-ils encore dans son cas malgré les efforts magnifiques des chasseurs de nazis ?

Alors je salue le courage prodigieux d'Olivier Guez pour s'être attaqué à un être pareil. Quelle force il a dû mobiliser pour écrire ces pages, quel sang-froid dans sa plume. L'épilogue est absolument superbe. A la fin de son ouvrage, l'auteur précise qu'il s'est rendu en personne en Allemagne, en Argentine et au Brésil pour parfaire ses recherches. Les ouvrages qui l'ont aidé et une bibliographie très détaillée conclut ce roman si ambitieux et poignant. Je ne connaissais pas Olivier Guez et je vais m'intéresser de très près aux autres livres qu'il a écrits. Je le remercie d'avoir écrit ce roman à une époque où on lit de plus en plus souvent que quand même, ça suffit les camps, les SS, on en a assez bouffé de la Seconde Guerre mondiale. Merci d'avoir encore le cran de s'attaquer au pire massacre de l'humanité.
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La disparition de Josef Mengele

Ce roman historique, entre la chronique historico-politique et le roman d'aventures, dépeint le portrait d'un ancien médecin tortionnaire nazi à Auschwitz qui s'enfuit en Amérique du Sud en 1949 et endosse différents pseudonymes, croyant pouvoir s'inventer une nouvelle vie à Buenos Aires. L'Argentine de Peron (couple de pantins pathétiques) est bienveillante avec les anciens du Reich puisqu'elle attend la troisième guerre mondiale qui permettrait à l'Argentine de devenir une grande puissance, forte du savoir-faire et de l'argent des anciens nazis. La RFA cherche à oublier les crimes nazis pour se reconstruire, les postes de l'administration, des affaires, de la politique sont occupés par d'anciens criminels de guerre.

Recherchés par les agents du Mossad, puis par les Etats-Unis et certains pays d'Europe dans les années 70, Josef Mengele est traqué et doit s'enfuir au Paraguay puis au Brésil. Errant de planque en planque, aidé par sa famille et d'anciens nazis qui ont fait fortune en Amérique latine, le médecin vit déguisé et rongé par une angoisse qui ne connaîtra plus de répit, jusqu'à sa mort mystérieuse sur une plage en 1979. L'auteur nous donne à découvrir un monde corrompu par le fanatisme, les stratégies politiques, l'argent et les ambitions démesurées qui ont permis à "l'ange de la mort" de réussir à passer entre les mailles du filet. Ecrit sur un ton très cynique qui épouse les propos des nazis quand ils évoquent leur passé et leurs actes, ce récit montre les tortionnaires comme des humains et non pas comme des monstres et c'est aussi ce qui fait tout l'intérêt de ce livre. Ces personnes sont souvent cultivées, passionnées d'art, de musique classique, aimant la mode, l'esthétisme et parlant souvent grec et latin. Joseph Mengel fait partie de ces hommes, très raffiné, élégant, possédant deux doctorats, un de médecine et un autre d'anthropologie. La première partie du livre offre une espère de récit d'aventures au rythme haletant où le lecteur oublie presque les méfaits du personnage qui devient une sorte d'anti-héros fictif. La seconde partie nous replonge violemment dans la réalité historique avec en toile de fond, le camp d'Auschwitz et la passion du docteur pour les yeux humains, ses expériences "in vivo" sur les êtres vivants, la cuisson d'hommes dans des grandes bassines pour pouvoir retirer la chair des os, la sélection humaine en sifflotant un air d'opéra. Joseph Mengele n'a jamais éprouvé d'empathie ou de regrets car il dit qu'il a toujours agi pour l'Allemagne, qu'il a obéi aux ordres, que les Juifs n'appartenaient pas à l'espèce humaine, etc. D'autres livres tels que le Problème Spinoza d'Irvin Yalom traite du même sujet avec Alfred Rosenberg qui n'a jamais estimé être en tort, même à son procès à Nuremberg. Thomas Berhnard dans sa pièce Dramuscules, montent aussi d'anciens nazis discutant autour d'une bonne table de leurs méfaits en riant, et en étant persuadés d'avoir agi pour le bien de l'humanité.

Ce qui ressort du livre d'I. Yalom et de celui d'Olivier Guetz c'est que les deux hommes, Mengele et Rosenberg sont à la recherche de reconnaissance et qu'ils ont trouvé en Hitler, un dieu à aduler. Ronsenberg était prêt à tout pour plaire à Hitler et s'il perd son procès à Nuremberg, c'est aussi pour être remarqué, pour aller au bout de son fanatisme. Mengele reste fidèle au Fürher jusqu'à la fin de sa vie. On peut faire un rapprochement, c'est mon avis strictement personnel avec les fanatiques religieux de nos jours, fidèles à leurs croyances, souvent à la recherche d'un chef et pour eux aussi, corrompus par le pouvoir et l'argent.

Je citerai les dernières lignes du roman d'Olivier Guez qui sont très évocatrices :

« Ainsi se termine la cavale de Josef Mengele, plus de soixante-dix ans après la fin de la guerre qui anéantit un continent cosmopolite et cultivé, l'Europe. Mengele, ou l'histoire d'un homme sans scrupules à l'âme verrouillée, que percute une idéologie venimeuse et mortifère dans une société bouleversée par l'irruption de la modernité. Elle n'a aucune difficulté à séduire le jeune médecin ambitieux, à abuser de ses penchants médiocres, la vanité, la jalousie, l'argent, jusqu'à l'inciter à commettre des crimes abjects et à les justifier.

Toutes les deux ou trois générations, lorsque la mémoire s'étiole et que les derniers témoins des massacres précédents disparaissent, la raison s'éclipse et des hommes reviennent propager le mal.

Puissent-ils rester loin de nous, les songes et les chimères de la nuit. Méfiance, l'homme est une créature malléable, il faut se méfier des hommes ».
Lien : http://yzabel-resumes-et-poi..
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La disparition de Josef Mengele

Bizarre que ce roman / biographie romancée ait obtenu le prix Renaudot 2017. Car finalement, bien que remarquablement écrit, ce qu’Olivier Guez décrit n’est qu’un long reportage romancé sur la fuite après-guerre du médecin tortionnaire d’Auschwitz : Joseph Mengele.

Ou comment ce nazi convaincu des théories raciales est passé de la toute puissance du quai recevant les trains de déportés à Auschwitz, envoyant d’un geste de sa cravache certains au travail forcé ou vers les blocs médicaux pour des expériences inhumaines, et la plupart directement aux chambres à gaz, à un fuyard pathétique cherchant une planque en Argentine, puis au Paraguay et au Brésil.



Arrivé à Buenos Aires en 1949, il doute un temps, avant de retrouver d’anciens camarades qui lui fournissent faux papiers et emplois. Le régime de Peron accueille avec une certaine bienveillance ces anciens SS et leur trouve même des compétences. L’idéologie populo-nationnaliste de Peron s’accommode bien de ces « experts » en matière civile et militaire : exploitations agricoles, organisation militaire, armes, interrogatoires, et même recherche nucléaire.

Rapidement Mengele retrouve une vie à sa convenance en Amérique du Sud. Il s’y sent à l’aise, d’autant que sa riche famille, qui a réussi dans la construction de machines agricoles, lui apporte (et lui apportera toute sa vie durant) un soutien financier.

Le cercle des anciens nazis l’a accueilli et entre eux ces ex-officiers supérieurs de la SS se soutiennent. Leurs rencontres sont l’occasion de se remémorer « le bon vieux temps ». Aucun doute, aucun regret, chez ces allemands « bien tranquilles ». Guez mentionne juste à chaque nom évoqué le nombre des victimes de ses crimes de guerre. Terrifiant rappel.



Mengele a droit à une deuxième vie en Argentine. Il parvient à divorcer de son épouse restée au pays, et à se remarier avec son ex belle sœur, veuve de son frère, qui vient le rejoindre avec son fils.

Les premières angoisses viendront plus tard, avec la capture de Eichmann par le Mossad, son procès à Jérusalem et son exécution. Mengele passe au Paraguay dans une exploitation agricole. Terrible déchéance pour sa femme, qui avait appris à apprécier sa vie de bourgeoise citadine à Buenos-Aires.

Malgré le soutien tacite de la dictature du général Stroessner, la cavale du médecin – vendeur ambulant de machines agricoles – gérant d’hacienda se poursuit au Brésil. Une famille hongroise l’abrite, moyennant larges subsides adressés par les cousins bavarois, toujours là pour le soutenir.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, ni le Mossad, ni Simon Wiesenthal, le chasseur de nazis, ne parviendront à le retrouver. Sa piste disparaît dans la moiteur des tropiques. Sa légende enfle. Il devient dans l’imagerie des magazines et du cinéma le soit-disant insaisissable chef d’une organisation nazie clandestine. Lui se terre, craint d’être dénoncé et devient acariâtre.



Le récit de Guez est impressionnant. Voilà un des médecins d’Auschwitz – il y en avait d’autres, tout aussi terribles -, exécuteur zélé d’une idéologie délirante, qui finit sa vie comme un vieil homme rouillé et amer en 1979 au bord d’une plage brésilienne.

Ses chefs, des scientifiques qui recevaient le produit de ces expériences, ou des corps rapidement exécutés et bouillis pour n’en garder que les os, n’auront eux connu aucune condamnation. Ils conserveront leurs titres universitaires. La RFA d’après guerre a oublié, pressée de remettre le pays en marche. Mengele jusqu’à sa mort vivra cela comme une injustice. Après tout, lui était au premier rang des serviteurs du nazisme. Aucun regret. Même quant il rencontrera son fils, qui vit cette filiation comme une tragédie. Aucun doute, aucune honte, et c’est sans doute cela le plus accablant dans le roman trop vrai de Guez.
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La disparition de Josef Mengele

Voilà un grand voyage dans l'horreur...Olivier Guez, et c'est son mérite, nous décrit froidement, cliniquement l'existence d'un monstre. Le fait qu'une partie de cette biographie soit romancée n'a aucune importance : elle correspond bien à ce que fut la vie de ces criminels réfugiés en Amérique du Sud : l'inquiétude constante d'être pris.

Il faut souligner, comme le fait l'auteur, le laxisme et/ou la complicité des nations dont bénéficia Mengele (Etats-Unis, Argentine, Paraguay et Brésil).

Les filières permettant, en 1945, aux criminels nazis de fuit hors d'Europe (réseaux Odessa, Araignée,...) reçurent notamment l'aide d'une partie du clergé italien...

Ce qui est glaçant chez Mengele c'est la "rationalité" avec laquelle il justifie ses crimes (défense du sang et de la nation germaniques, avancées de la science). C'est avec ces pensées qu'il explique ses expériences in vivo sur des jumeaux, des nains, des bossus, l'insémination de sperme animal sur des femmes, collection d'yeux, punaisés comme des papillons...et tueries incessantes et gratuites lorsque Mengele s'énerve...

Mengele qui batifole avec son épouse ou fait des confitures de myrtilles dans son logement de fonction à Auschwitz entre deux abominations...

L'Argentine et son chef d'Etat Peron fantoche prétentieux, le Paraguay et le Brésil dictatures militaires, accueillirent des milliers de criminels nazis en fuite...Plusieurs pays arabes, dont l'Egypte et la Syrie, donnèrent également asile à ce type d'individus, selon le principe les ennemis de mes ennemis sont mes amis, par exemple Alois Brunner du SD, responsable des déportations en Autriche, Tchécoslovaquie, Grèce. Chef du camp de Drancy, il fut conseiller des services spéciaux de la République Arabe Unie, puis de la Syrie. Le docteur Hans Eisele, médecin chef au camp de Buchenwald mort au Caire le 4 mai 1965, Heilm Heribert, haupsturmführer (capitaine) SS, médecin à Mauthausen. Médecin de la police égyptienne.

Le nom de Nasser est d'ailleurs évoqué dans le livre d'Olivier Guez.

Nous croisons au fils des pages des personnages aussi "sympathiques" que Rauff (qui mit au point les camions "chambres à gaz" beaucoup utilisés sur le front de l'Est. Et Erich Priebke, l'organisateur du massacre des fosses Ardéatines en Italie. Et toute une galerie de nazis qui s'entraident, notamment à travers l'organisation Kamaradenwerk.

L'ouvrage d'Oilivier Guez fera date dans la liste des livres sur ce moment de l'Histoire pour lequel il n'existe pas de mots assez forts pour en décrire l'horreur...



A lire absolument...même si, tout au long de cette lecture, nous sommes au bord de la nausée.
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La disparition de Josef Mengele

Un roman historique très bien documenté, riche et passionnant.

Je connaissais en fait peu de choses sur "l'ange de la mort" d'Auschwitz, et ce récit tout en collant au maximum à la vérité historique nous fait imaginer la vie qu'a dû être celle de Josef Mengele, de la fin de la guerre à sa mort par noyade en 1979.

C'est un texte vraiment intéressant de bout en bout, très instructif sur les réseaux d'anciens nazis, mais aussi sur des aspects de la politique sud-américaine ou encore sur Israël et le Mossad.

Une part de l'histoire est romancée, et il est difficile à la lecture de distinguer le réel de la fiction, c'est peut-être le seul reproche que je pourrais faire à ce livre.

Une lecture vraiment intéressante donc, et facile à lire, même pour un novice en histoire.
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La disparition de Josef Mengele (BD)

Je me pose bien des questions sur ce que je viens de lire. Autant graphiquement il n’y a rien a dire, le trait est vivant et dynamique, la colorisation apporte une atmosphère naturelle, jouant sur les tons rétro, bruns et gris. Mais je ne suis pas certain de l’intérêt de l’histoire. C’est le récit de la fuite et de la planque de Josef Mengele, le médecin d’Auschwitz qui a effectué des expérimentations cruelles sur les juifs dans les camps de concentration pendant la guerre. Le sujet n’est pas léger, pourtant le traitement m’a semblé bien léger.





Le récit ne se situe jamais entre le roman et le documentaire, et du coup, le romanesque dédramatise les faits, et le documentaire n’accumule qu’une suite de faits, pas bien passionnants. Et cet équilibre trop timide ne sert pas le propos. Josef Mengele passe pour un personnage très ordinaire, un cynique et un raciste comme beaucoup d’autres. La traque n’est pas non plus très intense, elle est juste évoquée comme un simple fait divers. La psychologie du personnage est caricaturale, on reste sur ce qu’on connaît, pas de prise de risque de ce point de vue là non plus. Enfin, la famille n’est montrée que par les différents évènements, pourquoi le protègent-il, pourquoi son fils qui le déteste n’ira pas jusqu’à le dénoncer, là il y avait un sujet intéressant, à peine effleuré.





Il y a aussi un point qui m’a dérangé pendant la narration, les nombreux flashbacks charcutent le récit, on passe d’une époque à l’autre d’une page à l’autre, pas le temps de s’attacher à la psychologie, ça dédramatise l’histoire, se contentant d’accumuler une suite de faits. Cette mode de faire sauter le récit d’une époque à l’autre commence à m’agacer, surtout quand chaque partie n’apporte qu’une bribe superficielle de l’histoire, la lecture n’est pas agréable.





Autre point gênant, l’horreur du personnage n’est pas vraiment appuyée, on en arrive presque à éprouver une certaine empathie à son encontre, les dialogues sont simples et naturels, on passe un moment intime avec Josef Mengele, je n’ai aucune envie de passer un moment intime avec lui, c’est comme écouter un leader d’un parti d’extrême droite parler de ses chats, je n’y tiens pas, c’est tout ! Sa fuite devient alors juste une aventure, et là on est à côté du sujet, sa fuite, c’est un élément de l’histoire de l’humanité, mais certainement pas une aventure romanesque.





Pour moi, ce récit n’est resté qu’en surface d’un sujet qui ne pouvait pas se le permettre. Ou on fait le choix du documentaire, ou le romanesque passe à la dimension supérieure, avec de véritables questionnements, mais on en est loin : Pourquoi Rolf ne dénonce pas son père qu’il déteste ? Pourquoi est-ce une frustration de n’avoir pas pu le traîner en justice ? Pourquoi il y a eu une certaine complaisance en Amérique du Sud avec les nazis ? Quel était son état de conscience quand il faisait ses expériences sur les juifs ? En lisant ce livre, cela m’a fait penser à “La mort est mon métier” de Robert Merle, dans ce dernier, l’auteur fait le choix d’une certaine froideur, il ne cherche pas à dénoncer un personnage, mais il choisit de démontrer l’aspect “industriel” de la mise à mort et comment on y est arrivé, ce qui rende ce roman absolument magistral et incontournable, c’est un point de vue radical qui manque à cette bande dessinée. Au lieu de ça, on a juste une histoire de planque, un simple polar, ce que ça ne devait surtout pas être.





Utiliser un tel personnage pour raconter une histoire, ça ressemble à la bonne idée pour faire le buzz, je n’approuve pas du tout le point de vue des auteurs, qui ont fait preuve d’une légèreté qui pourrait faire croire à de la complaisance (“faire croire”, je ne dis pas qu’ils sont complaisant bien sûr). Je trouve cette lecture presque dérangeante, et en tout cas pas du tout nécessaire.
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La disparition de Josef Mengele

La disparition de Joseph Mengele d'Olivier Guez

Prix Renaudot 2017



Nul ne devrait ignorer l’histoire du médecin qui a envoyé à la mort de millions de juifs. Olivier Guez nous raconte son histoire et le fait bien.



Suite à la défaite d’Hitler, Joseph Mengele part en cavale vers l’Argentine. Le médecin d’auschwlitz connue pour avoir envoyé à la mort des millions de juifs à la mort, pour avoir pratiqué des expériences sur des jumeaux ou des estropiés, pour sa célèbre collection de yeux bleus epinglés au dessus de son bureau ...fuit le reste de sa vie les anciens ennemis de l’allemagne Nazi au travers de l’Amerique du Sud.



Ce roman en parti biographique est essentiel
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La disparition de Josef Mengele

J'ai un peu honte , mais quand j'ai entendu parler de ce livre , j'ai cru qu'un dictateur africain avait disparu ! Un cousin au bucolique Mugabé sans doute.

J'ai un peu honte , mais j'imagine à peine ce qu'a dû endurer un furieux comme Josef de porter un nom qui sonne aussi peu aryen! Bien fait pour toi Josef!

Parce que Josef n'est pas né à la bonne époque .Il a 22 ans quand Hitler arrive au pouvoir et ses qualités de médecin, sa folie et la doctrine nazie vont lui permettre de commettre les pires exactions sur des cobayes , juifs ou tsiganes , monsieur n'est pas difficile .

Son terrain de jeu : Auschwitz, pourquoi s'embêter ?

Alors Josef va en toute impunité tuer, dépecer, expérimenter, cobayiser des milliers d'individus , convaincu d’œuvrer pour la grandeur de l'Allemagne et donc du monde.

Il passera entre les gouttes lors de la défaite et après quelques années à faire le fermier en Bavière, il part comme beaucoup de ses potes en Argentine , où Peron l'attend les bras ouverts.



La suite, sa cavale , la traque , Olivier Guez nous la raconte très bien, moults documents à l'appui. Il y a surement un peu de romance , mais sans doute peu et ce livre va devenir une référence quand on voudra se renseigner sur cet enc... de Mengélé.

Cela se lit d'un trait, il n'y a pas de suspens , sauf pour les incultes comme moi qui ne savaient rien de Mengele :), on y apprend beaucoup de choses , on a dû mal à imaginer que quelqu'un ait pu confier le rôle d'Evita à Madonna dans le film éponyme :), on a mal de savoir que des pourritures aient festoyé des années après leur défaite ...Le livre a atteint son but .

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La disparition de Josef Mengele (BD)

Adaptation graphique du roman d'olivier Guez, La disparition de Josef Mengele, fait partie de ces albums qui sont bien plus qu'une bande dessinée.

Le sujet, évidemment, donne une résonance particulière à l'ouvrage. On est ici dans la réalité historique.

Guez, Matz (au scénario) Mailliet et Desmaizières (dessin et couleur) relatent, ici les trente dernières années de l'un des plus grands criminels de guerre que la justice n'a jamais réussi à rattraper.

Ayant, on se demande encore comment, réussi à passer à travers les mailles du filet, tissé par les alliés, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Josef Mengele, le médecin d'Auschwitz, responsable de millier de morts, hommes, femmes et surtout enfants, sur lesquels il s'est livré à d'ignobles expériences, s'enfuit en 1949.

Argentine, Paraguay, puis Brésil.

Traqué,  abandonné par une partie de ses proches, vivant caché, il n'en regrettera, néanmoins jamais, aucun de ses actes.

Si certains de ses complices ou autres nazis, ont dû répondre de leurs actes, lui s'en sera sorti sans encombre et pourtant ceux qui étaient sur ses traces sont passés tout près de sa capture.

Le travail des auteurs, ancré dans la réalité de l'histoire, donne un album qui ne laisse pas indifférent.

De ces témoignages qui interrogent sur une époque, sur les complicités, sur l'impunité, sur ces pays, aux mains de dictateurs, qui ont donné l'asile à des bourreaux, les faisant ainsi échapper à la justice des hommes, leur offrant même, pour certains en tout cas, une nouvelle vie dorée.

Édifiant et indispensable.
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La disparition de Josef Mengele

Extraordinaire livre formidablement documenté qui suscite horreur et indignation au fil des pages. On se demandera toujours comment on a pu laisser des criminels nazis s'enfuir aussi facilement et comment d'autres pays ont pu les accueillir les bras ouverts après tant de crimes, de tortures et d'horreurs commises.. c'est vraiment un chef-d'œuvre mais il broie le cœur...
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La disparition de Josef Mengele

Le livre d'Olivier Guez m'a mis mal à l'aise car il donne l'impression de relater fidèlement et cliniquement la cavale d'un des plus impitoyables et terrifiants bourreaux du régime nazi. Ce qui n'est pas le cas puisque si l'auteur se base bien sur un gros et serieux travail de documentation, son livre n'en demeure pas moins une reconstitution de la cavale de Joseph Mengele, et non une biographie. Il s'agit donc d'une fiction et là j'ai un doute sur la pertinence de son approche au vu de la dimension hors normes du personnage. S'attaquer à un tel sujet ne devrait pas donner de place à l'imagination d'un auteur.



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La disparition de Josef Mengele

A la fin des années 1940, l'Allemagne est vaincue, dévastée, ce sera bientôt le temps de la reconstruction.Le procès de Nuremberg a jugé et condamné certains des principaux responsables nazis, et quelques mois plus tard a eu lieu le procès des médecins où des peines capitales et condamnations à vie ont été prononcées. A noter que quelques-unes, de façon scandaleuse, seront plus tard allégées. Toutefois de nombreux criminels ont pu s'échapper. C'est le cas de Josef Mengele, l'Ange de la mort d'Auschwitz, ce médecin tortionnaire, qui a précipité dans la mort près de 400 000 innocents. Au moment des procès, on le croyait décédé…



Dans ce récit historique extrêmement bien documenté Olivier Guez nous raconte avec précision et réalisme la fuite en Argentine de Mengele d'abord sous le pseudonyme de Helmut Gregor. Le président Péron, dans sa jeunesse, a été fasciné par les régimes nationalistes de l'Europe, il accueille avec complaisance Mengele et tous les anciens nazis dans son pays. Pendant les dix premières années c'est presque la Dolce Vita, une vie de Pacha : argent, confort, remariage, plaisirs… les vingt suivantes ne seront que cavale, planques, traque et autodestruction en Argentine, Brésil et Paraguay.



Olivier Guez ne ménage aucun détail. Mengele, a juste titre, est décrit comme le monstre le plus abject qui soit, celui qui à Auschwitz faisait le tri à l'arrivée des déportés pour les envoyer soit immédiatement à la mort soit dans son « zoo humain » afin d'y pratiquer des expériences abominables en particulier sur les enfants, les jumeaux, les nains… tout cela dans le but de faire progresser la science. En bon « soldat » de l'Allemagne nazie, il n'aura aucun regret et affirmera jusqu'au bout n'avoir fait que son devoir.



L'auteur mentionne aussi, sans équivoque, tous les soutiens et complicités dont Mengele a bénéficié, les aides permanentes de la part de sa famille (de gros industriels de Güntzburg en Bavière) qui jusqu'à sa mort lui a envoyé de l'argent, soutiens politiques de la part du gouvernement argentin mais aussi allemand – dans les années 50 la tendance est à la reconstruction du pays et à l'oubli … cela changera heureusement à partir des années 60 et aboutira à la traque des anciens dirigeants nazis, même si certains mourront de leur belle mort après une carrière de fonctionnaire.



Ce livre, c'est évident, ne laisse pas le lecteur intact, mais il est passionnant et je le recommande vivement.

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La disparition de Josef Mengele

Il y a un paradoxe dans ce roman qui retrace la fuite d'un des grands criminels nazis, le Dr Joseph Mengele : on s'attache aux détails de sa vie en Amérique Latine, aux liens qu'il maintenait ou pas avec d'autres anciens nazis émigrés comme lui, à la vaine traque de différents chasseurs de nazis, etc. et, au fil du récit (finalement assez banal), il me semble que, petit à petit, on perd de vue l'essentiel, à savoir l'horreur de ce que cet homme a fait, au nom de l'idéologie mortifère qu'il avait décidé de servir. Je me demande si ce projet de faire de Mengele le personnage d'une sorte de fiction était une bonne idée.
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La disparition de Josef Mengele

Roman ou récit historique... in fine peu importe. Il s'agit d'un livre impressionnant par le travail de recherche que l'on perçoit à chaque page, par le côté addictif de sa lecture, par la "trace de mémoire" qu'il redonne.

Il m'est toujours difficile de lire des textes, romans ou essais sur cette époque. Elle est l'illustration pour moi non pas de la noirceur des hommes mais du stade supérieur de cette dernière. Cruauté, cynisme, fanatisme, folie, attrocités, capacité de négation collective....., les mots à la fois sont nombreux et manquent pour illustrer l'absence de limites que des hommes ont pu donner à la noirceur.

La lecture reste fluide même si parfois la complexité des interactions entre Israel, l'Allemange de l'Ouest et les pays d'Amérique du Sud a été forte.

Alors je ne peux qu'encourager la lecture de ce livre/roman/ roman historique et mettre 5 étoiles pour cette pierre supplémentaire venant renforcer notre "devoir de mémoire".

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La disparition de Josef Mengele

Il est inutile de présenter Josef Mengele, son nom même nous ramène à l’innommable, à tout ce qu’il a commis au nom de la science comme si la science permettait tout. Ce roman s’intéresse à l’après –guerre, à la vie « romancée » de ce médecin qui, pour fuir le jugement des hommes, s’est installé en Amérique du sud. Pendant trente ans, il va échapper à la justice, au Mossad qui rêvait de mettre la main sur lui après Eichmann, aux chasseurs de nazis en tout genre, aux journalistes. A chaque fois qu’on pensait le pincer, il réussissait à sauver sa misérable peau grâce à un réseau d’anciens nazis ou de sympathisants qui parvenaient toujours à lui trouver un endroit où se terrer. Ces démarches ont été facilitées par l’argent de sa famille restée en Allemagne qui ne tenait pas à ce que l’encombrant parent soit arrêté, il y avait trop d’intérêts commerciaux en jeu. De même, les pays de sa cavale –l’Argentine, le Paraguay par exemple, ont aussi joué un rôle en permettant à Mengele de se cacher sous d’autres identités. Que celui-ci ait été un immonde tueur ne dérangeait pas les dirigeants de ces pays, Peron en tête ! On peut même dire que l’Argentine a été très accueillante pour Mengele : il a pu s’acheter une superbe maison, faire des affaires pour l’entreprise des Mengele, se remarier avec la veuve de son frère aîné, couler des jours heureux. On croit halluciner quand on lit ces pages. Hélas non ! La justice finit par le rattraper et le voilà obligé de quitter le pays et sa douce femme pour se terrer au Paraguay. Les années qui suivent le montrent tourmenté à l’idée d’être reconnu, sombrant peu à peu dans la paranoïa, la peur, l’aigreur. Lui qui terrifiait tant de monde devient un individu rabougri, grincheux, insupportable pour ceux qui le cachent. Tant de loyauté et d’argent dépensé pour un type aussi vil ! Et qui malheureusement échappa à la justice puisqu’il mourut en 1979. Sans rendre compte de ses crimes. Ce roman est à lire absolument .
Lien : https://labibliothequedeneko..
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La disparition de Josef Mengele

Un peu froid et didactique on sens que l’auteur a puisé dans les sources politiques du nazisme et de l Argentine. Roman intéressant mais trop technique . En tant qu’ancien historien, ce livre appelle de ma part cette critique.

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La disparition de Josef Mengele

Voici un livre qui attendait dans ma PAL (pile à lire en langue babelienne).

Le contexte actuel m'a tout naturellement portée vers cet ouvrage comme si lire la biographie romancée d'un être ayant commis les actes les plus abjects pouvait atténuer la souffrance du confinement et les inquiétudes inhérentes à l'effroyable pandémie qui nous menace tous.

Le récit qui nous intéresse ici concerne surtout la vie de Josef Mengele, médecin tortionnaire d'Auschwitz après sa fuite en Argentine. Olivier Guez nous livre un remarquable travail d'historien en restituant le contexte de l'Argentine péroniste. Nous suivons Josef Menfele dans son errance en Amérique du sud jusqu'au décès de ce dernier en 1978 et nous découvrons comment il a pu passer à travers les mailles des filets tendus par les chasseurs de nazis.

Une lecture qui ouvre l'esprit, donne envie d'en savoir plus sur l'Histoire, et qui interroge sur les fondements de l'humanité.
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La disparition de Josef Mengele

S.S. in Uruguay

Sous un chapeau de paille

J'siffle un jus de papaye

Avec paille

S.S. in Uruguay

Sous le soleil duraille

Les souvenirs m'assaillent

Aïe aïe aïe



Il y a des couillonnes

Qui parlent d'extraditionne

Mais pour moi pas questionne

De payer l'additionne

S.S. in Uruguay

J'n'étais qu'un homme de paille

Mais j'crains des représailles

Où que j'aille





S.S. in Uruguay

J'ai gardé de mes batailles

Croix gammée et médailles

En émail

Et toujours ces couillonnes Qui parlent d'extraditionne

Mais pour moi pas questionne

De payer l'additionne

S.S. in Uruguay

J'ai ici d'la canaille

Qui m'obéit au doigt

Heil ! Et à l'oeil
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La disparition de Josef Mengele

Je viens de terminer La disparition de Josef Mengele de Olivier Guez. Ce livre est fort intéressant. Cela porte sur le Docteur MENGELE de la S.S. C'est son itinéraire de cavale après la seconde guerre mondiale pour bien évidemment échapper à son éventuelle condamnation. Je dis éventuelle car pour moi, il a été mis en oeuvre un plan pour que de très nombreux bourreaux soient protégés. Beaucoup de ces êtres humains (?) très déviants, se sont réfugiés en Amérique du sud (Argentine, Brésil, Paraguay) et même ceux restés en Allemagne ont été couverts. On n'en fini jamais à chaque fois que l'on prend un livre relatant les guerres d'être confronté à des horreurs nouvelles. On croit savoir mais on ne sait encore pas tout !

Avis :

Livre instructif et le parcours de Mengele est fort bien retracé. J'ai ressenti de la répugnance pour cet homme mais peut-il en être autrement ?

Lu en novembre 2018 - Grasset - Prix 18,50 euros.



Surnom L'Ange de la Mort - En allemand : Todesengel.

Naissance : 16 mars 1911 à Guntzbourg, Bavière (Empire allemand).

Décès : 7 février 1979 (67 ans) à Bertioga, São Paulo (Brésil).

Allégeance : drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand.

Arme : Schutzstaffel.

Grade : SS-Hauptsturmführer 2 - (Capitaine).

Années de service : 1938-1945.

Conflits : Seconde Guerre mondiale.

Distinctions :

Croix de fer de 1ère classe !!!

Croix du mérite de guerre de 2ème classe avec glaives !!!

Insigne des blessés en noir !!!

Autres fonctions : médecin et anthropologue.

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La disparition de Josef Mengele

Il est Josef Mengele. Il est Helmut Gregor. Il est Don Pedro. Mais sous tous ces pseudonymes, il est surtout "l'ange de la mort".

" La disparition de Josef Mengele ", prix Renaudot 2017, d'Olivier Guez, est publié aux Editions Grasset.

Glaçant d'effroi ce roman est l'histoire de sa cavale en Amérique du Sud après guerre.

Josef Mengele débarque sous une fausse identité en Argentine en 1949. En effet, l'Argentine de Peron accueille tous ces criminels de guerre, attendant le moment propice pour en tirer partie.

p. 39-40 : " [...] l'Argentine a une formidable carte à jouer. Alors, en attendant que la guerre froide dégénère, Peron devient le grand chiffonnier. Il fouille les poubelles d'Europe, entreprend une gigantesque opération de recyclage : il gouvernera L Histoire, avec les détritus de l'Histoire. Peron ouvre les portes de son pays à des milliers et des milliers de nazis, de fascistes et de collabos ; des soldats, des ingénieurs, des scientifiques, des techniciens et des médecins ; des criminels de guerre invités à doter l'Argentine de barrages, de missiles et de centrales nucléaires, à la transformer en superpuissance. "

Après l'horreur de la guerre, le monde ne pense qu'à une seule chose : oublier.

Mais les témoignages ne tardent pas à s'accumuler et on attend de ces monstres qu'ils répondent de leurs actes devant la justice. Une traque commence alors contre ces criminels de guerre. Se croyant à l'abri, Joef Mengele ne semble pas épris de remords et profite de sa nouvelle vie, allègrement. Mais lorsque ses complices lui communiquent certaines arrestations, un vent de panique le traverse.

Il trouve donc asile au Brésil en 1961, où il devient Helmut Gregor. Retrouvant d'autres criminels de guerre de la même trempe, il ne peut s'empêcher de vanter ses états de fait, risquant même sa couverture.

p. 49 : " Mengele tombe le masque de Gregor. Médecin, il a soigné le corps de la race et protégé la communauté de combat. Il a lutté à Auschwitz contre la désintégration et les ennemis intérieurs, les homosexuels et les asociaux, contre les juifs, ces microbes qui depuis des millénaires oeuvrent à la perte de l'humanité nordique : "il fallait les éradiquer, par tous les moyens". Il a agi en homme moral. En mettant toutes ces forces au service de la pureté et du développement de la force créative du sang aryen, il a accompli son devoir de SS. "

Essoufflée, la traque prend une nouvelle dynamique avec l'intervention du Mossad.

p. 105 : " Début mai, l'opération Attila entre dans sa phase active avec l'arrivée des commandos du Mossad à Buenos Aires. "

Mengele sent le vent tourner et panique. Il devient totalement paranoïaque, à s'en rendre malade, sans pour cela ressentir le moindre sentiment de culpabilité. Il est tétanisé à l'idée seule de se retrouver face à ses propres victimes. Noyé dans sa solitude, il est victime d'un AVC en 1976. Cet accident le limitera nettement dans sa cavale, il finira tranquillement sa vie au bord de la mer, toujours grâce à la complicité de ses réseaux et du soutient financier de sa famille. Sa mort en février 1979 l'aura donc sauvé d'un procès et privé ses victimes et familles de victimes d'une justice.

Afin de réaliser ce roman historique, l'auteur a réalisé en amont de l'écriture plusieurs mois de recherche, jusqu'en Amérique du Sud, et apporte des détails sordides mais riches.

A cette lecture, il paraît totalement inconcevable d'admettre que ce criminel de guerre ait pu vivre en toute impunité toute sa vie. Comment a-t'il pu échapper à une arrestation et à un procès pour crime contre l'humanité ? Ses réseaux étaient si influents ?

Ce qui doit ressortir de cette lecture difficile mais réelle, c'est que l'expérience et les témoignages de l'Histoire doivent nous inciter à en retenir des leçons, et ne surtout pas réitérer, sous peine nous aussi de devenir complice.

p. 231 : " Toutes les deux ou trois générations, lorsque la mémoire s'étiole et que les derniers témoins des massacres précédents disparaissent, la raison s'éclipse et des hommes reviennent propager le mal. Méfiance, l'homme est une créature malléable, il faut se méfier des hommes. "
Lien : https://missbook85.wordpress..
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