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Critiques de Olivier Guez (541)
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La disparition de Josef Mengele

1949: l'Argentine de Peron ouvre grand les bras aux "ressortissants" allemands, qui ont réussi à fuir l'Europe pour ne pas tomber entre les mains de la justice des Alliés.

C'est donc à Buenos Aires que le tristement célèbre médecin SS, Josef Mengele, bourreau d'Auschwitz, devenu Helmut Gregor, décide de débuter une nouvelle vie. Il y coule des jours paisibles, travaille, divorce et se remarie. Il retrouve même des compatriotes nostalgiques de la grandeur du Reich, certains qu'un jour, ils retourneront en Europe, en héros.

Jusqu'à ce jour de 1960, où un commando du Mossad enlève Adolf Eichmann.

C'est à ce moment là que la vie de Mengele va basculer. Désormais il vit dans la peur d'être découvert et décide de prendre la fuite et devient une bête traquée.

Olivier Guez nous embarque avec talent dans cette cavale, sans jugements de valeur inutiles.

Quand le travail de recherche s'allie à la beauté, cela donne un récit passionnant. On sort fasciné et terrifié par cette histoire.

Un très bon Prix Renaudot 2017.
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Le siècle des dictateurs

Cet essai présente vingt-deux dictateurs du vingtième siècle par vingt-deux auteurs différents, historiens ou journalistes, comme Stéphane Courtois, Christian Destremeau ou Rémi Kauffer. Chacun des rédacteurs conviés par Olivier Guez a déjà publié au moins un ouvrage sur ces hommes, ou sur le régime qui les a porté au pouvoir. Il s’agit donc pour eux de condenser leur propos en une trentaine de page maximum, ce qu’ils parviennent à faire avec efficacité.

Chaque chapitre est une mini-biographie, qui insiste sur l’environnement politique et économique qui a conduit ces hommes, souvent peu cultivés, à s’emparer du pouvoir et à développer un appareil militaire et policier pour ne plus le lâcher.

Les premiers chapitres sont consacrés aux leaders, guides, grands timoniers, qui ont fait tuer des millions de leurs compatriotes dans des délires fascistes et communistes. Les plus connus, et dont le souvenir hante les manuels d’histoire… Puis derrière Hitler, Lénine, Staline, Mussolini et Mao, viennent la dynastie des Kim en Corée du Nord, Mobutu au Zaïre ou les Duvalier, père et fils, en Haïti, Pol Pot et les Khmers rouges…

Que le pouvoir soit recherché au nom des idées ou pour lui-même, le résultat est identique. Des sociétés cadenassées, aucune opposition tolérée, des lectures imposées…

L’introduction d’Olivier Guez est remarquable par la synthèse qu’elle fait de ces contributions. Au passage, Guez propose un portait type de ces dictateurs : « Tous étaient des hommes. Insomniaques, ascètes ou sexopathes, impassibles ou éructant, souvent de petite taille (Kim Jong-il, Lénine, Staline, Franco, Mussolini mesuraient moins de 1,70 m), ils adoraient se pavaner en uniforme, bardés de médailles et de titres ronflants, l'air martial, ombrageux, toujours menaçant ». Des hommes qui voulaient ressembler à leurs portraits et à leurs statues exposés partout...
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La disparition de Josef Mengele

La très bonne idée d'Olivier Guez dans ce livre est de raconter Mengele après Mengele: les abominations de "l'Ange de la mort" se trouvent évidemment au coeur du roman mais n'y sont évoquées qu'indirectement. L'action ne débute en effet qu'en 1949, au moment où le personnage débarque en Argentine sous une fausse identité. L'évocation de la folie génocidaire sera distillée tout au long du récit, comme autant de rappels et de sinistres contrepoints. Le sujet est donc la mémoire des faits plutôt que les faits eux-mêmes: comment Mengele cherche obstinément à effacer ses traces (sans rien renier de l'idéologie nazie), tandis que l'époque prend peu à peu conscience de la véritable nature du nazisme. Par une sorte de transmutation, l'existence du fuyard et la peur qui le ronge constamment amènent Mengele à se dissoudre peu à peu en tant qu'individu, au moment même où le personnage Mengele devient aux yeux du monde entier une incarnation symbolique de la monstruosité du IIIème Reich. Et Olivier Guez mène la dissolution de son personnage jusqu'à son terme macabre, par delà la mort, comme un écho à ce que faisait Mengele à Auschwitz. La conclusion est aussi glaçante que logique, et elle constitue en quelque sorte un juste retour des choses, ne peut-on s'empêcher de penser.

L'auteur a choisi de faire court là où on aurait pu redouter un indigeste pavé de huit cents pages. Par son sens du raccourci, son livre n'en est que plus saisissant, sans rien sacrifier cependant à la véracité des faits. Pour ma part, j'ai maintes fois interrompu ma lecture afin d'aller me plonger dans l'histoire de Mengele et celle des nazis en fuite au lendemain de la guerre. J'ai découvert à cette occasion que ce que je croyais savoir sur le sujet ne dépassait pas de vagues idées générales: les filières d'exfiltration, l'accueil réservé par l'Argentine de Peron, cette sorte de IVème Reich fantôme qui voudrait s'épanouir en Amérique Latine, et puis le soutien sans faille accordé par l'honorable famille d'industriels à son rejeton criminel de guerre, sans oublier la dimension fantasmatique qui entoure bientôt le personnage de Mengele durant son interminable cavale, etc: autant d'éléments qui m'ont souvent fait prendre de passionnants chemins de traverse. Un excellent livre, au total, et une invitation très stimulante à approfondir ce pan de l'Histoire.
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La disparition de Josef Mengele

Pari risqué que celui de l’auteur, raconter la vie d’un tortionnaire, d’un sociopathe, d’un monstre sans en faire ni un héros, ni une victime. Alors, Olivier Guez évoque sans détour ni métaphore la réalité des crimes. Mais attention, ce n’est pas le sujet principale de ce roman.

Il s’agira ici, de raconter la cavale, les planques, les réseaux, les amis qui ont permis La disparition de Josef Mengele.

Olivier Guez nous entraîne en Amérique du Sud, où nous découvrirons le parcours chaotique d’un homme poursuivi par ses crimes, persuadé de l’injustice d’un monde qui n’a pas compris qu’il s’est juste battu afin de défendre « des valeurs traditionnelles incontestables »

« J’ai obéi aux ordres parce que j’aimais l’Allemagne et que telle était la politique de son Führer. De notre Führer : légalement et moralement, je devais remplir ma mission. Je n’avais pas le choix. Je n’ai pas inventé Auschwitz ni les chambres à gaz et les fours crématoires. Je n’étais qu’un rouage parmi d’autres. Si certains excès ont été commis, moi, je n’en suis pas responsable, je… »

Témoignage glaçant d’une époque, ce roman doit nous éviter d’oublier que : « Toutes les deux ou trois générations, lorsque la mémoire s’étiole et que les derniers témoins des massacres précédents disparaissent, la raison s’éclipse et des hommes reviennent propager le mal. »
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La disparition de Josef Mengele

Difficile de parler de ce roman. Bravo à l’auteur pour le prix Renaudot et pour avoir traité d’un sujet difficile. Celui d’un criminel nazi, médecin. Incroyable que ce type ait pu se réfugier en Amérique du sud et y vive plus de 30 ans sans être inquiété, parfois avec son vrai nom. Je ne mets que trois étoiles, non pas à cause de la qualité de cette prose, mais parce qu’après avoir tourner la dernière page, un sentiment de mal-être et de dégoût. Je cherche dans les romans de quoi voyager au travers des pays et des êtres. Ici, il est renvoyé à ce que l’homme a de plus abject. Dérangeant. Attaque trop la sensibilité.
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La disparition de Josef Mengele

L'auteur nous présente ce livre comme un roman.

Il s'attache aux pas de Mengele de son départ de l'Allemagne en 1945 jusqu'à son décès en 1979 en Amérique du sud. On connait avec certitude quelques déplacements, quelques lieux de vie. Et ce que l'on ne connait pas, l'auteur s'est permis de l'inventer puisque ce n'est pas une biographie, donc aucun soucis d'exactitude. Il rappelle lui même que c'est un roman. De ce coté là, pas de problème.

Sauf en ce qui concerne l'écriture, je n'ai pas du tout eu l'impression d'être dans un roman. J'ai simplement lu une suite d'évènements accolés les uns aux autres. L'écriture reste très froide et comme détachée des personnages. Du coup, je ne suis jamais entrée dans ce livre qui n'a déclenché aucun sentiment chez moi. Ce qui est quand même très fort puisqu'on parle d'un monstre qui faisait des expériences in vivo sur des enfants !

Grosse déception de ce coté là. L'auteur aurait peut être du s'impliquer plus dans son histoire (même si elle se passe après toutes ces horreurs, elles font partie intrinsèque de l'homme). En tous les cas, c'est ce que j'attendais et je ne l'ai pas eu.



Pioche de mai 2022 choisie par Herchalex
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La disparition de Josef Mengele

Le temps passe, l'actualité défile, des événements importants ou surfaits occupent l'actualité alors que d'autres sont mis sous l'éteignoir. La lecture de livres ressortant de l'ombre une histoire récente, brouillée par tant de faits qui s'entrechoquent et perturbent notre mémoire est indispensable.



Comme Éric Vuillard, avec L'ordre du jour, Olivier Guez doit être lu absolument car La Disparition de Josef Mengele remet en perspective, sans négliger le moindre détail, toutes ces années qui ont suivi la défaite du nazisme. Pendant que le monde tentait de se relever, les acteurs de massacres inimaginables utilisaient tous les moyens, sollicitaient toutes les complicités pour ne pas avoir à répondre de leurs actes.

Olivier Guez a donc choisi de s'attacher aux pas du Docteur Mengele, le qualifiant ainsi : « le médecin orgueilleux a disséqué, torturé, brûlé des enfants. le fils de bonne famille a envoyé 400 000 hommes à la chambre à gaz en sifflotant. »

Quand la défaite du IIIe Reich a été consommée, ce criminel de guerre a réussi à se faire oublier puis, utilisant les réseaux nazis, a pu débarquer en Argentine, à Buenos-Aires, le 22 juin 1949. Ce scientifique, généticien de haut vol se fait appeler Helmut Gregor mais tient à garder avec lui une valise contenant seringues, échantillons de sang, plaquettes de cellules… Dans ses moments de nostalgie, il songe à « ses plus belles années d'ingénieur de la race, une cité interdite à l'odeur âcre de chairs et de cheveux brûlés ceinte de miradors et de fils de fer barbelé. »

Ce livre retrace alors la vie d'un homme toujours sur ses gardes, très méfiant, soucieux mais bien soutenu par la fortune familiale qui profite de la dictature de Perón comme tant d'autres nazis déjà réfugiés là-bas. L'auteur cite quantité de nazis pas du tout repentis, de criminels de guerre bien installés en Amérique du Sud qui savent profiter de la guerre froide et des rivalités est-ouest.

Depuis 1946, les Perón sont maîtres de l'Argentine, soutenus par l'Église, les militaires, les nationalistes et les prolétaires. Avec son écriture précise, concise, directe, Olivier Guez remet bien en place ces années-là.

Puis il y a la séquence Eichmann qui inquiète beaucoup Mengele. Cela ne l'empêche pas de revenir en Europe, à Genève puis à Günzburg, dans sa famille. Hélas, il n'est pas recherché en Allemagne, même s'il est placé sur la liste des criminels de guerre… La peur d'être reconnu le fait fuir à nouveau en Argentine où il peut couler des jours heureux avant de reprendre la fuite au Paraguay puis au Brésil.

Au passage, l'auteur égratigne Simon Wiesenthal auquel il reproche d'avoir créé « le mythe du meurtrier insaisissable. » Si « Mengele est un manipulateur égocentrique », Olivier Guez prouve qu' « aucun nazi en cavale n'a bénéficié d'un tel soutien. » Après sa mort, le 7 février 1979, à 68 ans, sur une plage, près de S࣯ão Paulo, il faut attendre 1985 pour que sa fin soit confirmée.



« Toutes les deux ou trois générations, lorsque la mémoire s'étiole et que les derniers témoins des massacres précédents disparaissent, la raison s'éclipse et des hommes reviennent propager le mal… il faut se méfier des hommes. » La conclusion d'Olivier Guez est tellement juste et importante !




Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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La disparition de Josef Mengele

Ça se lit comme un roman … mais c’est plutôt un documentaire qui retrace la cavale de Josep Mengele en Amérique du Sud depuis son exfiltration jusqu’à sa mort présumée par noyade. Certes l’auteur a comblé les manques dans la documentation pour retracer la vie quotidienne de cet individu de triste mémoire et nous présenter un récit assez fluide. On est, cependant, à mon sens, assez loin de la littérature mais l’intérêt de ce récit est ailleurs: il frappe l’imaginaire des lecteurs. On apprend comment à l’instar de plusieurs de ses compatriotes, Mengele a pu facilement échapper aux alliés et au procès qui aurait mené à sa condamnation. D’abord confiant dans l’accueil de la communauté allemande lui réserve dans l’Argentine de Perón, Mengele vit au quotidien une traque qui se resserre petit à petit autour de lui, l’obligeant à se terrer, exacerbant son angoisse et déstabilisant sa santé mentale jusqu’à une déchéance difficile à imaginer… Et le lecteur vit presque au jour le jour cette déchéance progressive.

Ce livre m’a de plus permis de faire une certaine mise au point sur les événements: ne m’étant pas particulièrement intéressée au sort des criminels nazis, je pensais, de façon erronée, que Mengele faisait partie du lot de ceux qui avaient été débusqués, jugés et exécutés.

Pour conclure, ce livre m’apparaît comme un témoignage qui contribue au devoir de mémoire de façon bien plus frappante que certains récits factuels. Au contraire de ces derniers, il ne nous autorise pas à prendre la distance protectrice. Il nous implique directement dans la vie d’un criminel de guerre et dans ses pensées. Il nous confronte au fait que l’idéologie fasciste ne s’est pas éteinte avec la capitulation de l’Allemagne face aux alliés en 1945.

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La disparition de Josef Mengele

Quel roman époustouflant ! Il retrace les 34 années de fuite et de cache du sinistre Mengele, qui a toujours échappé à la justice.

J'ai adoré le style de l'auteur, qui raconte cette "disparition" comme une grosse farce, avec un pauvre Mengele qui ne comprend pas pourquoi on fait toute une histoire de ce qui s'est passé à Auschwitz. Le portrait qu'Olivier Guez en fait est sidérant : jamais il ne doute de ses actes, et seule compte sa petite personne. Mais le roman n'est pas plombant pour autant : je l'ai trouvé subtilement drôle, sans jamais manquer de respect aux victimes du nazisme et de la Shoah, et c'est ce grand écart parfaitement maîtrisé qui en fait toute sa beauté. J'ai également beaucoup apprécié les rappels récurrents de la façon dont le capitalisme s'arrange avec l'éthique, pourvu que les affaires prospèrent. Brillantissime.
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La disparition de Josef Mengele

Le sujet m'intéressait beaucoup. Je connaissais Mengele de nom, savait quels types d'exactions, horreurs il avait commise. Mais je me demandais ce qu'il était devenu, comment il avait fini.

Je sais qu'il s'agit d'un roman, bien que fort documenté. Olivier Guez a comblé les trous, a beaucoup lu, s'est rendu sur les lieux de l'exil. On suit donc Josef Mengele pas à pas à travers l'Amérique du Sud et ses différentes identités, ses amitiés, ses protections, ses diverses entreprises. On suit sa lente déchéance.

Un roman intéressant, assez bien ficelé. Mais bizarrement il m'a laissé une sensation de longueur bien qu'il est très court, et en même temps d'incomplétude, j'aurais aimé en savoir un peu plus sur sa recherche par le Mossad ou sur la vie de la famille restée en Allemagne...
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La disparition de Josef Mengele

Lecture passionnante de ce prix Renaudot 2017. Conçu comme un roman d'aventures, la grande force de l'auteur est de ne pas nous permettre de nous ranger du côté du criminel de guerre. Jamais. Peut-être, pour un rendu absolument complet, qu'on aurait pu dire quelques mots de plus au sujet de "la prolifération de jumeaux blonds à Candido Godoi, une bourgade du sud du Brésil" (p.224), évoqué par l'historien Jorge Camarasa dans "Le mystère Mengele, sur les traces de l'ange de la mort en Amérique du sud, éd.Robert Laffont, 2009" (cité dans la biographie en fin d'ouvrage).
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La disparition de Josef Mengele

Ecrire sur Josef Mengele, le médecin d'Auschwitz est un soit un défi.

Ecrire un roman en se mettant dans la tête d'un sadique dépourvu de toute compassion, un être pour qui les qualificatifs manquent pour décrire l'effroi qu'il inspire, cela paraît encore plus compliqué.



Voilà pour l'idée de départ, en ce qui concerne la production finale, je suis plus mitigée...



Dès les premières lignes, on ne peut nier que le style froid, concis et aussi tranchant qu'un scalpel reflète bien le personnage : à tel point qu'on pourrait croire qu'il s'agit d'un personnage à la Huxley.

Mais c'est le contenu de cette fuite et ce regard suffisant sur des évènements quotidiens qui pourraient être banals s'il ne s'agissait pas de Josef Mengele qui m'a laissée de marbre - et même parfois ennuyée.



C'est vraiment dommage. J'attendais sans doute trop de ce roman.

Toutefois, je trouve le travail de romancier qui consiste à mettre en scènes ces nostalgiques des régimes totalitaires - qu'ils soient Allemands, Italiens ou Argentins - très intéressant. C'est vrai, la littérature qu'elle soit "scientifique" ou de fiction ne manque pas de matière sur le sujet de la seconde guerre mondiale. Le grand mérite d'Olivier Guez est donc d'avoir essayer de penser à cette période autrement pour la voir avec une portée plus "philosophique".

En cela les dix dernières pages qui montrent :

- le cynisme des protagonistes qui ont aidé Mengele à échapper à la justice

- et celui des médias et institutions qui se sont emparés du phénomène de manière très opportuniste

simplement remarquables.



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La disparition de Josef Mengele

Josef Mengele, surnommé « l'Ange de la mort », est né en 1911 en Bavière. Docteur en anthropologie et en médecine, il rejoint le parti nazi en 1937, puis la SS l'année suivante. Pendant la guerre, il est envoyé comme médecin sur le Front de l'Est. Il revient à l'arrière après une blessure.

En 1943, il demande son transfert dans le département chargé des camps de concentration. Il est nommé médecin chef à Auschwitz-Birkenau, qui associait un camp de concentration et un camp d'extermination. Une partie de son activité consiste à orienter les déportés vers l'un ou l'autre de ces camps.

Là, à partir du « matériel » humain à sa disposition, il mène des recherches génétiques, en particulier sur le nanisme et la gémellité. Sa perversité y trouve aussi un terrain favorable (il « travaille » en sifflant !)...



En janvier 1945, Mengele s'enfuit avant l'arrivée de l'Armée rouge, puis il rejoint l'Argentine. Il est recherché comme criminel de guerre par diverses autorités, sa trace est ponctuellement retrouvée, puis il disparaît quelque temps des radars du Mossad.



Comme l'annonce le titre, ce livre raconte l'histoire de sa disparition. Le sens du mot est suffisamment ambigu pour que j'évite d'en dire davantage sur sa biographie… D'ailleurs l'ouvrage ne se limite pas à la vie de Mengele, il situe aussi très bien le contexte politique de certains pays d'Amérique du sud de l'après seconde guerre mondiale.



Bien que qualifié de roman, cet ouvrage très documenté repose sur des faits réels : un « roman-vrai » comme l'indique à juste titre la 4e de couverture (à ne pas lire si l'on veut découvrir au rythme proposé par l'auteur ce qu'est devenu Mengele après 1945).



La dernière phrase du livre m'apparaît particulièrement à propos, et invite à méditer : « Méfiance, l'homme est une créature malléable, il faut se méfier des hommes ».



Un ouvrage très intéressant sur un sujet grave.



• Merci à Babelio et aux éditions Grasset.
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La disparition de Josef Mengele

Après avoir découvert le prix Goncourt 2017 qui dénonce les responsables de la montée du nazisme, je découvre le prix Renaudot 2017 qui raconte la cavale d’un infâme doc nazi après la guerre. Dans les deux cas, le style de la plume n’est pas d’une originalité folle. Le jury doit prendre en compte le fond évidemment. Mais ça sent le message d’alerte. J’en viens à me poser la question : y aurait-il une odeur de pourriture dans l’air ?!



Personnellement, je n’ai rien contre les piqûres de rappel historiques. Bien au contraire. Le livre d’Olivier Guez reste donc pour moi intéressant. Surtout qu’on sent bien que l’auteur a enquêté pour se rapprocher au mieux de ce qu’à pu être la vie de Mengele en cavale.

Au-delà de l’aspect historique, ce roman est aussi intéressant parce qu’il permet de s’approcher du profil psychologique de Josef Mengele. Un personnage borderline. Aucune surprise…

Et surtout, il nous fait voir comment la vie se charge d’un homme de cette trempe.

En entamant ce roman, j’ai espéré trouver un homme dans une prison à ciel ouvert rongé par sa conscience, ses fantômes et ses remords ?

Ben non. En tout cas je ne l’ai pas ressenti au travers de ce livre. La seule peur de Josef Mengele semble être celle de se faire arrêter. Il danse. Il baise. Il graille. Soutenu par son clan durant 34 ans !



Comme quoi la vie n’est pas un juge efficace et impartial. On vit avec des relents de pourriture qui sont bel et bien des être humains.
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La disparition de Josef Mengele

Attention, je dévoile ici plus d'éléments qu'à mon habitude, notamment liés à la construction du roman, donc ne lisez pas si vous voulez découvrir le chemin de ce roman (la fin on la connaît) durant votre lecture.

*

"La disparition de Josef Mengele" d'Olivier Guez.

J'ai aimé le style de l'auteur, une lecture fluide et très intéressante.

*

Depuis son départ précipité d'Europe en 1949 jusqu'à sa mort en Amérique du Sud en 1979, les trente années de cavale du "médecin" d'Auschwitz, "l'ange de la mort", qui, sous différentes identités, s'est planqué, de l'Argentine au Brésil en passant par le Paraguay.



Mengele, l'un des criminels nazis les plus recherchés, a toujours réussi à s'en sortir.

Le démoniaque Dr Josef Mengele, grand amateur d'art et de musique classique, "infatigable dandy cannibale" au rôle "d'injecter, mesurer, saigner, découper, assassiner, autopsier", a, tout au long de sa fuite, su profiter des opportunités, soutenu par l'argent de l'entreprise familiale, aidé par les réseaux d'évasion des criminels nazis tel que l'Odessa, bénéficiant des contextes géopolitiques, afin de disparaître des radars et échapper à ses poursuivants, de la justice de son pays au Mossad.



Mengele, ce tortionnaire au cynisme effroyable, a, sans aucun affect, disséqué, torturé, brûlé, expédié des centaines de milliers d'hommes à la chambre à gaz.

Rien qu'à entendre son nom, tout le monde tremble.

Les descriptions de Nyiszli, qui fut "le scalpel de Mengele" sur la cruauté de l'horreur absolue, les atrocités commises sur femmes et enfants, m'ont particulièrement retournée : écœurement extrême, rage, incompréhension.



Alors qu'Eichmann, en fuite aussi, est enlevé, Mengele lui, a toujours une longueur d'avance dans sa vie de fuyard, toutes les rumeurs extravagantes et fantaisistes à son égard, ont fait de ce monstre une créature diabolique quasi mythique.



Ancré dans son idéologie, fidèle à ses convictions diaboliques, il n'éprouvera jamais une once de remords ou de regrets au regard de ses actes.

Intimement convaincu, jusqu'à sa mort, du bien-fondé de ses agissements immondes, d'une inhumanité absolue, mais pour lui légitimes.



Le passage du livre, lorsque son fils lui rend visite, alors que Mengele est sur le point de mourir, est significatif de stupeur.

- "papa, qu'as-tu fait à Auschwitz ?"

"mon devoir, lui dit-il droit dans les yeux, mon devoir de soldat de la science allemande : protéger la communauté organique biologique, purifier le sang, le débarrasser de ses corps étrangers."

Et s'en suivent des raisons d'obéissance au Führer, de missions à accomplir, qu'il n'est pas responsable des "excès" commis...

Droit dans ses bottes le Mengele "gardien de la pureté de la race".



Abject. Abominable. Effroyable.



C'est au Brésil que commencera pour Mengele, sa descente aux enfers.

Et, il meurt en 1979.

*

"La Chute des damnés".

*

J'ai lu et apprécié un roman-vrai, glaçant, sur l'indicible, et sur l'existence (je ne puis écrire "vie" pour ces bourreaux) qu'ont pu avoir ces criminels de guerre nazis, en Argentine notamment, profitant des opportunités politiques et idéologiques d'alors "À la fin des années 1940, Buenos Aires est devenue la capitale des rebuts de l'ordre noir déchu".

*
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La disparition de Josef Mengele

Buenos Aires , terre de fuyards, où le passé n’existe pas, havre de paix pour les anciens dignitaires SS. Helmut Gregor, y débarque en 1949, dans sa valise, des seringues, des échantillons de sang, des plaquettes de cellules, des notes et schémas anatomiques, étrange pour un mécanicien. Gardien de la pureté de la race et alchimiste de l’homme nouveau, Gregor est l’ange de la mort, le docteur Josef Mengele. Les chambres à gaz tournaient à plein régime pendant qu’il cueillait des myrtilles avec sa femme.



Tout en représentant l’entreprise familiale d’équipement agricole, Josef pratique pendant ses moments perdus, des avortements clandestins pour les jeunes filles des riches familles argentines. Ses amis nazis caressent le rêve de revenir aux affaires en Allemagne, lors des élections fédérales de 1953.



Portrait d’un monstre qui ne pense qu’à lui, qui n’aime que lui, portrait d’un homme qui se sent trahit par l’Allemagne et ses dirigeants qui condamne le nazisme et indemnise les juifs, , qui est amer en voyant les industriels qui s’en sont mis plein les poches pendant la période bénie des camps et qui ont retrouvé leur famille, la société civile et repris leur carrière, alors que lui exilé, doit seul payer l’addition.



Portrait d’un homme qui a réussi à passer dans les mailles du filet, il a échappé à l’armée rouge, aux américains, aux israéliens, mais il est traqué, avec la peur d’être démasqué, capturé, jugé et pendu comme Eichmann dans la cour d’une prison. Portrait d’un homme qui jusqu’à sa mort misérable pense toujours que les juifs n’appartiennent pas au genre humain et qui rêve d’une race nordique supérieure, avec un milliard de purs germains à l’horizon 2200.



Olivier Guez nous entraîne avec sa plume alerte et précise sur les pas de l'ancien médecin tortionnaire d'Auschwitz . Son roman présente plusieurs centres d’intérêt, le triste personnage de Mengele bien sûr, l’homme et ses monstruosités, la bienveillance des pays d’Amérique du Sud et de leurs dirigeants, dont Péron et sa femme Evita, qui accueillent à bras ouverts les anciens chefs nazis, l’Allemagne frappée d’amnésie générale qui réintègre les hommes de mains et les cadres de l’ancien parti d’Hitler. Mais le lecteur doit toujours avoir en tête qu’il s’agit avant tout d’une histoire romancée et que la description de la fin pitoyable de Mengele ne doit pas faire oublier tout ce qu’il a fait endurer à des milliers de femmes et d’enfants notamment.


Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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La disparition de Josef Mengele

Dur mais indispensable.

Il y a deux Mengele.L'un,tortionnaire,imbu de sa personne,implacable,cynique,hautain,bref détestable au dernier degré.Et puis,il y a l'autre,lâche, pathétique,"faisant sous lui",minable,tremblant de peur,détestable lui aussi.C'est cette dualité que monsieur Guez a si bien restituée. Quelle ironie dans la fin minable de ce bourreau.Et je me plais à me dire que sa fin aurait été plus douce avec un procès. Aucune compassion.

Monsieur Guez à écrit un livre pour marquer les esprits et dire que des hommes comme ça, il y en a encore en ce bas monde....Vigilance!

Merci ,monsieur Guez
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La disparition de Josef Mengele

Olivier Guez a choisi de nous parler de la deuxième partie de la vie de Josef Mengele , "médecin de Auschwitz , coupable d'atrocités qui faisaient frémir même les plus violents tortionnaires et ce camp de sinistre mémoire n'en manquaient pas . Tout ceci fut perpétré , exécuté même si l'on peut le dire au nom de la science...et surtout au nom de l'idéologie nazie avec tout son lot d'idéologie de suprématie de la race .

Dés le début de ce livre une peur doublée de dégout nous envahit d'une façon indicible , la violence de ces actes (et je ne crois pas qu'il y ait des mots assez forts) la petitesse et les mesquineries de cette fuite de plus de trente ans pour fuir le jugement des hommes et des victimes , voilà c'est tout cela une vie de tortionnaire nazi....quel dégoût , quelle tristesse pour l'humanité entière .

Olivier Guez nous conte cette histoire d'une écriture simple , posée et très bien documentée , il sait nous décrire tout ce que les documents ,et là se révèle le romancier , les moments "intimes" de Mengele par exemple ses tourments intérieurs , il sait aussi nous faire percevoir l'homme sans regret qui n'a abdiqué rien de ses croyances folles .

Ce livre est celui est le récit d'une ballade morne d'un nazi , sous la plume intelligente de Olivier Guez il est à mémoriser , à retenir pour notre avenir humain ..... Merci Olivier Guez
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La disparition de Josef Mengele

J'ai toujours le même problème avec ce genre de "romans" (Hhhh etc...)? C'est réellement très intéressant, très documenté, mais j'ai l'impression de lire une biographie de seconde catégorie. Je m'interroge sur la pertinence ou pas de certaines scènes (de sexe par exemple). Les horreurs commises dans les camps sont juste esquissées. Est-ce bien adaptée pour des lecteurs qui ignoreraient tout ?

Pour moi, il s'agit là d'une sorte d'introduction qui peut donner envie de se pencher davantage sur le sujet avec des livres d'historie traditionnels, mais je ne sais trop quoi faire avec cela.

Quitte à utiliser la forme romanesque pour évoquer ces sujets, je préfère de beaucoup une Douce flamme du regretté Philipp Kerr qui envoyait son personnage préféré en Amérique latine. C'était bien plus clairement un roman, avec un arrière plan historique. Et on apprend également pas mal de choses...
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La disparition de Josef Mengele

Difficile d'émettre un avis sur ce genre d'écrit. Est-ce un roman ? Est-ce un récit ? Quelle est la part de fiction, quelle est la part de vérité ? Josef Mengele a-t-il réellement épousé sa belle-soeur et consommé cette union ? Détestait-il vraiment son frère cadet ? A-t-il vraiment eu un accident de voiture lors d'un séjour clandestin en Allemagne dans les années 50 ?



Au terme du roman (puisque c'est ainsi que cet écrit est qualifié), Mengele, ingénieur (ce titre d'ingénieur lui convient bien mieux que ceux, officiels, de docteur en médecine et de docteur en anthropologie) de la race aryenne, reste une énigme. Sa personnalité n'est qu'esquissée et reste floue. Son sadisme, sa folie meurtrière, à peine évoquée. Un peu comme si la traversée de l'Atlantique avait transformé ce loup sanguinaire en chien traqué et apeuré. Il reste un personnage vide, creux, superficiel. Même dans la discussion avec son fils, à la fin de sa vie, il manque d'aplomb, de conviction. Et cela me met mal à l'aise. Je ne dis pas qu'il faut essayer d'expliquer la psychologie de ce monstre, mais en le faisant passer pour quelqu'un d'insipide, d'effacé, l'auteur atténue ses crimes, sa folie, je trouve.



En fin d'ouvrage, Guez donne les références – historiques et littéraires – des livres qui l'ont accompagné dans l'écriture de ce roman. J'ajouterai à celles-là l'excellent film « Les labyrinthes du silence » de Ricciarelli.



Ceci étant dit, je crois que ce genre d'ouvrage, en dépit de ses « défauts », a tout à fait son utilité aujourd'hui. Il y a quelques semaines on commémorait les 80 ans de l'Anschluss. A cette occasion, un jeune Autrichien était interrogé par la télévision belge et se lamentait qu'on ressasse encore « ces vieilles histoires », qu'il était temps de passer à autre chose. Quelle horreur ! Quelle insulte à la mémoire des victimes du nazisme !



Alors oui je continuerai à lire des romans, des récits, des témoignages sur la deuxième guerre, sur les assassinats de masse perpétrés par les nazis, les fascistes et leurs sympathisants. Je continuerai de les critiquer. Et je continuerai d'en parler autour de moi. C'est mon devoir de lectrice. Et mon devoir de citoyenne. Avec ce souhait, cette prière : « Puissent-ils rester loin de nous, les songes et les chimères de la nuit ».

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