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Critiques de Olivier Guez (541)
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La disparition de Josef Mengele

" la disparition de Josef Mengele" est une sorte de témoignage sur la cavale de ce monstre qui a sevi à Auschwitz durant la Seconde Guerre mondiale. La lecture de ce roman est assez exigeante mais si l'on a accès à Internet c'est très instructif. J'y ai eu à plusieurs reprises recours pour obtenir des informations sur certains personnages qui m'étaient juste connus de nom.

Arrivé en Argentine en 1949, Josef Mengele s'imagine pouvoir vivre en paix, il faut dire que l'Argentine l'accueille avec bienveillance comme tant d'autres criminels de guerre. Toutefois il sera rapidement traqué et devra, jusqu'à sa mort, vivre avec la crainte d'être arrêté. C'est une bien maigre punition au regard les atrocités commises mais il n'aura tout de même pas coulé des années sereines en exil.

De Pacha, titre de la première partie à rat , titre de la deuxième, on ressent une déchéance sociale. On voit comment de la toute-puissance, lorsqu'il décidait du sort des Hommes en sifflotant des airs d'opéra, il va finir traqué, caché, seul.

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La disparition de Josef Mengele (BD)

Josef Mengele est l’archétype même du criminel nazi dans ce qu’il a de plus horrible dans la personnalité sans once d’humanité. Il a officié à Auschwitz en conduisant des millions de gens à la mort sans le moindre regret. Il était le médecin qui menait des expériences anthropologiques et génétiques assez morbides pour le Reich.



A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il était l’un des plus grands criminels recherchés. Cependant, il a bénéficié du soutien familial de son père possédant une fabrique de matériel agricole en Bavière. Ce dernier comptait sur la bienveillance des américains dans un contexte de guerre froide mais les crimes étaient bien trop importants pour laisser passer.



Cela a conduit à une fuite en Argentine en 1949 au moment où ce pays était dirigé par un militaire de formation à savoir Juan Perón. Il est vrai qu’il y a une forme de sympathie entre les dictatures dans le monde. Le modèle allemand était une source d’inspiration pour l’Argentine qui se rêvait d’être une véritable puissance en Amérique du Sud.



Du coup, entre 1946 et 1952, sous les deux présidences Perón, plusieurs milliers d’anciens nazis dont de nombreux criminels de guerre notoires sont arrivés en Argentine grâce à différentes filières. Il y a l’un des plus célèbres d’entre eux à savoir Adolf Eichmann qu’on va d’ailleurs rencontrer au cours de la lecture. On croisera également Vittorio Mussolini, l'un des fils du Duce. Bref, au-delà des nazis, cela concerne tous les fascistes dans le monde.



L’Argentine a été un véritable havre de paix, une terre d’asile des nazis en cavale. On les voit dans les dîners mondains. On les voit prospérer dans les affaires. Il faut dire qu’avant même la fin du conflit mondial, des capitaux allemands transférés en Argentine financèrent la naissance d'une centaine de sociétés. On les voit également en train de siroter leur cocktail assis sur une chaise longue au bord de leur piscine dont le sol est recouvert d’une croix gammée. C’est la bella vita ! Inutile d’indiquer le malaise que cela peut provoquer chez le lecteur.



Cependant, le sinistre personnage qu’est Josef Mengele en veut toujours plus. Cela va le conduire à la paranoïa la plus totale et à sa perte. Mais bon, je trouve à titre personnel qu’il a plutôt bien vécu sa retraite en Amérique Latine et qu’il aurait dû être puni très sévèrement pour les crimes contre l’humanité qu’il a commis.



Au renversement de Perón, le docteur Mengele, l'ange de la mort d'Auschwitz, quitta Buenos Aires pour le Paraguay. On sait également qu’en 1960, un coup de tonnerre sema le trouble pour la sérénité des nazis d'Argentine car un commando israélien enlève Adolf Eichmann, l'un des principaux exécutants de l'Holocauste. L’étau se resserre alors sur Josef Mengele qui est poursuivi par les enquêteurs allemands et israéliens.

On sait il se noya mystérieusement alors qu'il se baignait près de Sao Paulo au Brésil en 1979. Il fut enterré sous un faux nom et ses restes ne furent exhumés et identifiés qu'en 1985.



Un mot sur le dessin de Jorg Maillet pour indiquer que son dynamisme transmet parfaitement le rythme et l’énergie du scenario de Matz. J’ai également vu que ce roman d’origine d’Olivier Guez est adapté actuellement au cinéma.



J’ai beaucoup aimé la lecture de cette BD passionnante qui retrace parfaitement une version réaliste des faits. Cela donne quand même froid dans le dos !

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La disparition de Josef Mengele

Titre : La disparition de Josef Mengele

Auteur : Olivier Guez

Année : 2017

Editeur : Grasset

Résumé : 1949, le funeste Josef Mengele quitte l’Allemagne clandestinement pour rejoindre l’Argentine. Il y rejoint une petite communauté d’anciens nazis rêvant de quatrième reich et de retour triomphant. Mengele qui fut responsable de milliers de morts à Auschwitz mais aussi de multiples et atroces expérimentations sur les déportés n’exprime aucun regret, persuadé d’avoir oeuvré pour la grande Allemagne et pour le bien de l’humanité. En Europe et en Israël la traque des anciens nazis commence, l’ange de la mort est l’une des priorités des agents du Mossad. La traque commence…

Mon humble avis : Prix Renaudot, critiques élogieuses, thème passionnant, la lecture de ce roman d’Olivier Guez s’annonçait sous les meilleurs auspices. Pourquoi sommes nous curieux de lire la vie de ce type de personnages infâmes ? Il s’agit surement de la même fascination morbide qui nous pousse à lire des romans de tueurs en série et autres acharnés de la gâchette. A cela s’ajoute le fait qu’il s’agisse d’une biographie romancée, un texte au plus près de la réalité historique, dans ce cas la curiosité s’en trouve décuplée avec cette éternelle question en filigrane : comment un homme lambda peut se transformer, selon certaines circonstances, en un monstre sans pitié ? Si le roman de Guez ne réponds pas à cette question (la narration se concentrant principalement sur sa période sud-américaine) il arrive par petites touches à nous dépeindre le destin funeste d’un homme qui jamais ne renia ses idéaux, un homme veule, lâche, méchant, cruel, jaloux, bref un petit homme. Celui que l’on surnomma l’ange de la mort ne fut en effet qu’un monstre banal, l’un des rouages d’un système infernal qui mit le monde à feu et à sang durant la seconde guerre mondiale. Le roman de Guez est passionnant car il reste au plus près de Mengele. Le lecteur partage les affres, la souffrance et les multiples déceptions d’un homme traqué, un homme que la presse internationale décrivait comme insaisissable, vivant dans le luxe alors qu’il errait chichement dans des fermes puis dans une cabane insalubre dans les faubourgs de Sao-Paulo. Le bouquin de Guez est documenté, précis, les multiples complicité dont bénéficia Mengele font froid dans le dos : régime Péroniste, familles de riches industriels allemands, flopée de nostalgique du troisième reich. Grâce à ces nombreux facteurs mais aussi à la situation politique internationale, le médecin d’Auschwitz ne fut jamais capturé et mourut sur une plage brésilienne à l’âge de 68 ans, sans avoir eu à répondre de ses actes. Ton distancié, rythme trépidant, récit documenté, le texte de Guez est hautement addictif et ce roman est belle réussite. Le destin de Mengele après son exfiltration d’Europe ne fut que frustration, maladie, souffrances et acrimonie, ce n’est bien évidemment que justice pour celui qui fut considéré comme l’un des pires meurtriers de l’histoire.

J’achète ? : Oui sans hésiter. Ce court roman est passionnant, érudit et brillant. Mengele était un psychopathe, un tueur dégénéré et sa lente agonie sud-américaine est excellemment décrite dans l’oeuvre d’Olivier Guez. Les derniers mots de ce texte sont édifiants et à méditer : Méfiance, l’homme est une créature malléable, il faut se méfier des hommes.
Lien : http://francksbooks.wordpres..
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La disparition de Josef Mengele

En Argentine post Seconde Guerre mondiale, les Péron aveuglés par leurs rêves de grandeur, accueillent les fugitifs de guerre nazis, dont le dandy cannibale le plus connu de l'Histoire : Josef Mengele. Ce dernier mènera la belle vie dans le cercle de la nazi society.

L'écriture d'Olivier Guez est âpre et sèche et La disparition de Josef Mengele est une sorte de plongée quasi documentaire dans la traque des criminels de guerre en Amérique du Sud. L'auteur choisit de reprendre ce sujet maintes fois traité, pour ne pas oublier, pour rappeler les atrocités commises contre le peuple juif, les Roms, les handicapés et les homosexuels.

Les passages qui décrivent les procédés utilisés par Mengele lors de ses expériences médicales sont à la limite du soutenable. Le médecin sanguinaire a disséqué, brûlé et torturé des enfants et a fait subir des atrocités innommables à des milliers des personnes « au nom de la science et de la recherche ». Pourtant, l'ange de la mort d'Auschwitz estime qu'en exterminant des milliers de juifs dans les chambres à gaz il n'a fait que son devoir patriotique. Sa folie froide d'ingénieur de la race aryenne prend des airs de cauchemars.

La chasse aux nazis marque un tournant dans l'histoire de l'impunité. L'exécution d'Eichmann et les procès de Nuremberg ont rendu justice aux victimes et à leurs familles.

Mengele sera traqué comme une bête, aux abois, fugitif en cavale à Buenos Aires, au Paraguay et au Brésil il deviendra une légende et servira d'inspiration pour des films et livres.



Il n'aura jamais eu à affronter la justice des hommes.





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La disparition de Josef Mengele

Passionnant ouvrage.

L'auteur décortique minutieusement un épisode méconnu de l'après Seconde Guerre mondiale : la fuite en Amérique latine d'une des figures les plus épouvantables du nazisme, le docteur Mengele qui sévit à Auschwitz, puis sa traque ( vaine ) jusqu'à sa mort sur une plage brésilienne en 1979. Avec en ligne de mire un fil conducteur : comment vit un criminel de guerre après ses forfaits, que lui réserve la ville après l'horreur.

Tout est parfaitement maitrisé, on sent que l'auteur a passé des années pour recueillir un corpus documentaire complet. Le récit est d'une grande densité très précis pour narrer la nouvelle vie, à la fois pathétique et ordinaire, de Mengele , tout comme les flashbacks sur Auschwitz.

Mais ce n'est pas qu'un récit historique, c'est un roman vrai, certes, mais un roman avant tout. L'écriture d'Olivier Guez est superbe, sobre, sans affect, avec quelques envolées réussies. Il s'est emparé des blancs, des zones d'ombre de la vie de Mengele ( sans doute jamais éclairées ). La forme romanesque permet de s'imprégner du sujet et de pousser la réflexion bien plus loin qu'avec un livre historique " classique " ... c'est tellement perturbant d'être placé dans la tête d'un monstre, de partager ses pensées .

Remarquable de bout en bout.

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La disparition de Josef Mengele

"La Disparition de Josef Mengele" , c'est le récit de la folle cavale de "L'Ange de la mort".

Josef Mengele, médecin et généticien sous le IIIe Reich, grand admirateur d'Hitler et fanatique de la pureté de la race aryenne, affecté à Auschwitz à partir de 1943, est l'un des nazis les plus tristement célèbres. Obsédé par ses recherches sur la gémellité mais aussi sur le nanisme et les personnes souffrant de déformations physiques, Auschwitz a été pour lui le plus fabuleux des laboratoires où les cobayes pullulaient. Ses expériences scientifiques toutes plus inhumaines et cruelles les unes que les autres ont fait de lui un des nazis les plus recherchés au monde. Comment cet homme a-t-il pu échapper à la justice pendant 34 ans ?



Olivier Guez a tout lu sur Mengele, a fait des recherches historiques et a enquêté pendant 3 ans, se rendant en Allemagne, en Argentine, au Paraguay et au Brésil sur les dernières traces du criminel de guerre. Ses investigations et sa plongée dans l'après-guerre, dans cette Amérique du Sud où les anciens nazis étaient accueillis à bras ouverts nous donnent ce roman -car il s'agit bien d'un roman - écrit dans un style âpre et dur. Argentine, Paraguay, Brésil... le lecteur marche dans les pas de cet homme inhumain et tout ce périple sud-américain m'a affolée.



Affolée de voir comment les nazis festoyaient dans l'immédiat après-guerre dans l'Argentine dorée de Peron qui rêvait de créer un 4e Reich sur les cendres de la guerre froide que se livraient les Etats-Unis et l'URSS. Dans les premiers temps, à Buenos Aires, capitale des rebuts de l'ordre noir déchu, Mengele est alors soigné aux petits oignons. C'est le temps du "Pacha".

Affolée de constater que le Mossad est souvent "à ça" de mettre la main sur Mengele mais que, conflit israëlo-arabe oblige, ses agents sont monopolisés sur d'autres fronts. Et donc tant pis pour Mengele.

Affolée de découvrir que les services secrets ouest-allemands infestés d'anciens nazis n'ont tout simplement rien fait avant les années 1980. Il fallait que cette génération de monstres disparaisse pour qu'un douloureux travail de mémoire officiel puisse commencer.

Affolée de voir combien Mengele a eu de soutiens : famille en premier lieu, amis, fonctionnaires... entretenu et souvent sauvé par l'argent qui coulait à flot de l'entreprise familiale bavaroise.



"La disparition de Josef Mengele" est vraiment une mine d'informations sur les dernières années du nazi. Un des premiers intérêts de ce livre, écrit sous forme de roman, est de combler les blancs qui jalonnent un documentaire, ces moments où - au-delà des faits historiques connus - l'on ne peut qu'imaginer les réactions ou sentiments d'un être ayant réellement existé. On peut ne pas être d'accord avec la part de fiction de Guez, avec les cauchemars de Mengele qu'il imagine de toutes pièces. Mais le résultat est là : le monstre est là, à portée de main. Il ne s'agit plus d'une figure historique impersonnelle mais d'un homme, dans tout ce qu'il a de plus inhumain. L'auteur s'est suffisamment documenté - il suffit de lire ses sources en fin d'ouvrage - sur le nazi pour que l'on soit sûr de la déchéance et de la chute de Mengele et pour que l'on se doute que des cauchemars devaient tarauder cet homme devenu paranoïaque et suspicieux, éternellement aux aguets, replié sur lui-même et maladif, bloqué dans une époque révolue et déchue.



On aurait tant aimé qu'il soit jugé pour ses crimes et que le bourreau fasse face à ses anciennes victimes. Mais ce n'était pas son destin. Alors on se contente de ce que Guez nous fait découvrir : un homme qui a cru se voir sorti d'affaires mais qui va vivre une vie de paria, rongé par l'angoisse jusqu'à la moelle, malade d'un climat et d'un pays qui ne sera jamais le sien. Et ça nous console. Car combien d'autres nazis sont morts tranquillement dans leur lit à plus de 90 ans ?

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La disparition de Josef Mengele

Au terme d’une enquête obstinée sur les lieux mêmes de l’action et de la lecture approfondie d’une masse impressionnante de documents, Olivier Guez nous livre cette Disparition de Mengele, centrée essentiellement sur l’exil, la traque et la dégringolade physique, morale et financière de cet immonde criminel nazi dont les recherches « génétiques », à Auschwitz sur les yeux bleus et sur les jumeaux ne sont plus à présenter…



On croyait tout savoir sur l’Ange de la mort d’Auschwitz, et surtout on déplorait que sa calamiteuse existence ne se fût terminée que par une attaque cardiaque survenue au cours d’un bain de mer…



Je tiens à vous rassurer : Josef Mengele en a bavé, et c’est tant mieux !



Pas question de prendre en pitié ce monstre qui s’avère aussi être un pervers narcissique, un fils-à-papa gâté- pourri et protégé à distance par l’argent et la sollicitude d’une riche famille d’industriels- les machines Mengele ont fait, longtemps, un tabac.



Pas le moindre remords non plus, chez ce charmant personnage, pas d’amis : une morgue hautaine et des rapports autoritaires et violents avec ceux qui lui viennent en aide –nazis fanatiques ou « peones » intéressés par l’argent familial, lequel arrive toujours à point nommé quand on ne veut plus de lui : il ne faudrait pas que l’enfant prodigue revienne au pays gâcher le renom d’une entreprise florissante !



J’ai été sidérée d’apprendre les soutiens dont ce salopard a bénéficié : en Allemagne d’abord où il est resté caché quelques années, puis dans des pays aussi accueillants que l’Argentine péroniste, qui rêvait de voir s’entre-dévorer communisme soviétique et libéralisme yankee, pour qu’enfin l’Argentine, perfusée par la science teutonne en exil- belle filière bien huilée pour faire venir à elle tous les petits et grands nazis pourchassés après Nüremberg – que l’Argentine , dis-je, ait son heure de gloire ! Après le déclin et la chute des Peron- do not cry for me, Argentina !- c’est le Paraguay, puis le Brésil qui deviennent terre d’accueil pour les nazis poursuivis par le Mossad, les Klarsfeld ou par le fantasque Simon Wiesenthal..que je croyais plus sérieux !



Plein d’enseignements, écrit d’une plume alerte, rempli d’informations bien digérées et subtilement distillées, La Disparition de Mengele est un récit passionnant qui livre à la Némésis de l’auto-destruction un ogre paranoïaque- à ce point bouffé par l’angoisse d’être pris qu’il ingère, en la mâchouillant, l’énorme moustache stalinienne qu’il s’est fait pousser pour masquer des dents écartées, par trop reconnaissables ( il manque d’en mourir et est opéré d’extrême justesse ) !!



L’image sauvage et folle des poils de moustache, en boulette dans l’intestin obstrué de Mengele, a quelque chose d’exemplaire…



Parfois les punitions que l’on s’inflige sont presque aussi cruelles et répugnantes que celles que l’on mérite…

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La disparition de Josef Mengele

Me serais-je intéressé à La disparition de Joseph Mengele s'il n'avait pas obtenu le Renaudot ? Pas sûr et c'eût été dommage. Oeuvre d'Olivier Guez, journaliste et écrivain, le livre mérite d'être lu, même s'il ne s'agit pas d'y trouver des vertus purement littéraires.



S'appuyant sur une bibliographie considérable, assemblage d'enquêtes (faits historiques), de notes personnelles (témoignages) et d'essais (analyses), Olivier Guez a reconstitué le cheminement et le vécu intime de Josef Mengele, depuis son départ d'Europe pour l'Amérique du Sud en 1949, jusqu'à sa mort – attestée – en 1979.



Mengele, c'est le mal personnifié, un monstre à gueule d'ange, le symbole peut-être le plus significatif de la barbarie sophistiquée des nazis. Pendant les deux années où il officia comme médecin à Auschwitz, se gratifiant du titre d'« ingénieur de la race », il vit passer plusieurs centaines de milliers de Juifs vers les chambres à gaz, en prélevant quelques uns à chaque convoi pour son laboratoire, afin de mener des expérimentations personnelles pseudo-scientifiques – injections, prélèvements, mutilations, greffes contre nature et autres élucubrations abominables – conduisant généralement ses cobayes à la mort dans d'horribles souffrances.



Un être – je ne puis écrire un homme ! – incroyablement dépourvu de toute sensibilité à l'autre. Un pervers narcissique et maniaque au dernier degré.



Tout au long de ses trente années de cavale, Mengele aura été soutenu moralement et financièrement par sa famille, des industriels allemands fortunés. Il aura bénéficié d'un vaste réseau d'entraide constitué en Amérique du Sud par les criminels de guerre en exil. Des nazis irréductibles, enfermés dans leur culte hitlérien, dans leurs fantasmes sur les Juifs, et dans un rêve de revanche à une défaite qu'ils interprètent à la manière du criminel de guerre brossé par Erri de Luca dans le tort du soldat (lu et critiqué en février 2017).



La narration alterne le vécu quotidien du fugitif et l'environnement géopolitique dans lequel il se situe. Dans une première partie, le contexte accommodant du régime de Juan Perón en Argentine et un exil plutôt doux. En seconde partie, la traque par les chasseurs de nazis et la descente aux enfers d'un rat qui se terre au Brésil.



D'innombrables fausses informations, voire des légendes, ont circulé sur Mengele, qui eut la chance de toujours échapper, parfois de justesse, à ceux qui le recherchaient. le parcours du criminel s'est achevé par sa mort en liberté, ce qui peut procurer un sentiment de malaise et d'injustice.



Mais qu'aurait pu apporter la justice des hommes ?... Un procès ? Pour entendre Mengele rabâcher sur un ton provocateur ses certitudes tordues de nazi indécrottable, comme il le fait tout au long du livre ! Ou pour le voir refuser de répondre aux questions et se murer dans le silence ! Ou pire encore, suprême hypocrisie, pour l'écouter prétendre à la repentance et prononcer d'impensables regrets !



Et quelle condamnation aurait été à la hauteur de ses crimes ?... La prison à perpétuité ? Une bien douce punition pour un détenu auquel il aurait fallu réserver un traitement spécial à l'isolement. La peine capitale ? Une mort rapide et bien propre...



Comme l'auteur, je m'en remets à la citation de Kierkegaard placée en épigraphe de la deuxième partie du livre : « le châtiment correspond à la faute : être privé de vivre, être porté au plus haut degré de dégoût de la vie ». Ayant pu lire les journaux intimes du fuyard, Olivier Guez révèle un Mengele dont le corps et l'esprit ont été rongés par l'angoisse, la peur, la veulerie, les humiliations, les frustrations, les rancoeurs, les privations. Un enfer intérieur dans lequel Mengele aura croupi pendant ses vingt dernières années. Qu'espérer d'autre, quand on n'a pas d'âme à vendre au Diable ?



Le livre est découpé en courts chapitres de quelques pages, ce qui rend la lecture facile. Mais sa fluidité est par moment mise à mal par l'utilisation quasi générale du présent de l'indicatif, ce qui altère la mise en perspective du vécu quotidien dans l'environnement historique.



J'ai toutefois lu le livre avec plaisir. Je ne cache pas que la lecture des souffrances et des tourments de Mengele y a contribué. J'imagine que l'auteur a ressenti le même plaisir en les décrivant. Les histoires où les méchants sont punis, ça fait toujours du bien.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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La disparition de Josef Mengele

Olivier Guez nous fait suivre la cavale de Joseph Mengele, médecin/boucher/tortionnaire d'Auschwitz, de son arrivée en Argentine en 1949, à son décès trente ans plus tard. Il nous fait également découvrir un homme glaçant, ego-centré, incapable de faire preuve d'humanité ; un homme ?



Un bon, et beau, travail d'historien, particulièrement bien documenté, à en juger par la liste des sources et la bibliographie. Un travail de romancier, puisque l'histoire du sinistre personnage est contée comme un roman, ce qui permet d'éluder les zones d'ombre, notamment la principale : pourquoi les services secrets israélien, allemand ou américain n'ont-ils jamais retrouvé Menguele, alors que l'homme est resté en contact avec sa famille et un petit réseau de proches pendant les trente ans de sa cavale ? L'ont-ils sérieusement recherché ? On finit par en douter...



L'écriture est fluide ; l'ouvrage se lit facilement. Mais il y manque un je ne sais quoi ; une étincelle de génie ? Celle qui en ferait un peu plus qu'un ouvrage bien documenté et facile à lire... J'ai trouvé l'ouvrage un peu terne, l'écriture un peu trop simple ; un peu comme si l'humeur peu gaie du fugitif avait déteint sur l'auteur... Au point de me demander comment il avait pu obtenir le prix Renaudot en 2017.
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La disparition de Josef Mengele (BD)

Club N°50 : BD sélectionnée ❤️

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Un dessin qui met dans l'ambiance, une véritable histoire de l'après-guerre en Amérique latine à travers la cavale de Josef Mengele.



Édifiant.



VT

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BD historique qui retrace la vie du nazi Josef Mengele, "docteur" qui faisant des expériences sur des déportés à Auschwitz.



Dans la lignée de "Beate et Serge Klarsfeld : un combat contre l'oubli" de Pascal Bresson.



Aaricia

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A lire !



Le dessin est très réussi et colle parfaitement à l'ambiance.



Clément

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Lien : https://mediatheque.lannion...
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La disparition de Josef Mengele

Une plongée dans l’enfer. Celui de la barbarie nazie, celui des actes et des pensées d’un homme qui lui est associé. Josef Mengele, le médecin en chef d’Auschwitz.

Ce court récit, 250 pages en livre de poche, nous raconte la vie du bourreau de tant de Juifs et de Tziganes, après la Seconde Guerre mondiale. Dans un style alerte et dynamique, Olivier Guez suit pas à pas la fuite et les pensées de ce nazi convaincu. C’est passionnant et en même temps, c’est effrayant.

Sur le mode du récit de fiction (on ne peut pas non plus réellement appelé ce livre un roman), l’auteur nous apprend ou nous rappelle le rôle jouée par les régimes d’Amérique du Sud dans les années 50 qui ont accueillies à bras ouverts les dignitaires nazis, et notamment l’Argentine de Peron. Il nous montre comment l’éveil des consciences s’est faite lentement et que la traque des nazis n’est monté en puissance que dix à quinze ans après la guerre et qu’elle a été l’œuvre essentiellement du Mossad, les services secrets israéliens. On y voit les relations ambiguës des Allemands eux-mêmes, pressés d’oublier, de tourner la page, avec leur propre histoire très récente à ce moment là.

Surtout Olivier Guez nous montre ce sinistre personnage et à travers lui, la folie génocidaire des nazis. Jamais Mengele ne regrette quoi que ce soit si ce n’est la défaite d’Hitler. Il justifie ses actes par une idéologie monstrueuse et l’auteur nous le montre en même temps en proie à ses peurs, celles d’être arrêté, celles d’être jugé. On découvre un psychopathe fanatisé et lâche. On rentre dans le cerveau du criminel pour essayer de cerner ce racisme déshumanisé qui le caractérisait sans réellement y parvenir. Pouvons nous comprendre la folie sans devenir fou nous même ?

Le style très simple, épuré de l’auteur qui montre, explique mais ne juge pas (inutile, les mots et les pensées de Mengele sont à elles seules les meilleures juges) permet de sortir presque indemne de cet enfer.

Un des rares prix littéraires de ces dernières années que je peux recommander et dont la lecture, par ces temps incertains, s’avère indispensable.
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La disparition de Josef Mengele

La justice des Hommes est si imparfaite qu'on aimerait parfois croire en une justice céleste qui passerait au crible la vie des défunts pour les diriger au gré de leur moralité vers les cercles de l'enfer, du purgatoire ou du paradis. Nous sommes à la fin des années 40 et des hommes plaisantent en allemand dans un salon bourgeois de Buenos Aires. La vie est belle pour Eduard qui a fait assassiner pendant la guerre trente mille juifs lettons, pour Herbert dont le loisir était d'enfermer des juifs dans leur synagogue avant d'y mettre le feu, pour Gerhard qui a fait gazer soixante-dix mille handicapés ou encore pour Josef qui sélectionnait les déportés à leur arrivée à Auschwitz. Alors bien sûr, les mois qui ont suivi la fin de la guerre ont été délicats pour eux. Il leur a fallu être discrets puis choisir l'exil sur un autre continent. Direction l'Argentine où ils sont accueillis à bras ouverts par le Président Perón. Ce dernier parie sur l'émergence d'une troisième voie, entre les impérialismes américain et soviétique et offre un refuge aux savants et aux criminels de guerre nazis. Si des réseaux ont permis les exfiltrations, d'autres aident à leurs installations. Et certains d'entre eux – bien qu'inscrits sur une liste de criminels de guerre en Allemagne- prospèrent rapidement et envisagent même de reprendre le pouvoir en R.F.A. Mais le vent va tourner. Les chasseurs de nazis et le service de renseignement israélien du Mossad organisent la capture d'Eichmann. Les criminels vont devoir se terrer au cœur de la jungle.



Le livre est centré sur Josef Mengele, surnommé « l'ange de la mort », mais son parcours illustre celui des nombreux criminels exilés en Amérique du Sud. Il a été un des médecins en charge de la sélection au camp d'Auschwitz. le front proéminent, un trou entre les dents, le regard perçant et des sourcils méphistophéliques, il se distinguait de ses collègues par son investissement. Il a mené de nombreuses expérimentations sur les déportés avec un sadisme effrayant. Dans sa fuite, il bénéficiera du soutien de sa famille, de riches industriels de Bavière. Il connaîtra la paranoïa, la solitude et la misère mais jamais, au grand jamais, le repentir. Olivier Guez a opté pour la fiction pour passer outre les nombreux points restés obscurs de cette « disparition » parfaitement orchestrée. Ce roman est un nouvel éclairage opportun sur la période qui suivra la Shoah. Et on s'étonne que la prise de conscience de cette tragédie ait été si tardive dans un monde entré en pleine Guerre froide. L'auteur sait clarifier un contexte politique et peindre des psychologies minées par des conflits personnels ou des inimitiés. Une lecture terrifiante mais salutaire.



Merci à Netgalley et aux éditions Grasset de m'avoir permis de découvrir ce roman.
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La disparition de Josef Mengele

Tout le monde connaît Josef Mengele, ce médecin Auschwitz, ce monstre qui torturés des hommes, des femmes, des enfants … cet abominable monstre…

Ce livre lui est "dédié"…



Ce récit est passionnant et écœurant.

Je m'explique, c'est un roman historique où l'on apprend plein de faits intéressants ou très décourageants sur la « recherche » (entre guillemets) de l'homme le plus recherché (enfin 40 ans après la traque est enfin lancée… Près de 4 millions offerts… on se moque de qui… bref, passons) du monde.

Je suis dégoûtée de lire qu'il s'en est affreusement bien sorti et heureuse d'apprendre également qu'il a souffert le martyre, de peur d'être pris… Pas assez punis, mais comme le mentionne le livre, son âme la tout de même tourmentés un tant soit peu…



Extrait : Mengele tombe souvent malade. Infecté par une bactérie ou peut-être atteint de paludisme, des maux de tête, des courbatures l'assaillent, suivis de nausées et de diarrhées, de frissons intenses et de pics fébriles. Il dort mal et peu, miné par les cauchemars, par des visions qu'il ne parvient plus à refouler, les flammes d'un four crématoire, des nourrissons agonisants dont les yeux sont épinglés aux murs de son laboratoire comme des papillons, Eichmann dans sa cage à Jérusalem, un rabbin à longues papillotes rousses qui lui disloque les os et le jette dans la graisse humaine bouillonnante. Il entend des voix, des gémissements et des pleurs, les sirènes des Stukas qui piquent sur la ferme de Santa Luzia.



C'est un ouvrage qui ne peut pas vous laisser de marbre, ces fausses excusent auprès de son fils pour une « meilleure Allemagne » m'a donné envie de vomir.



Mais pour ne pas oublier, pour ne jamais laisser une telle chose se reproduire, je vous conseille de le lire.



Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

J'ai enfin lu Nous sommes Charlie, après (déjà!) Toutes ces années.

Je me souviens...

Ces soixante textes, certains brefs et d'autres plus longs, me ramènent encore à ce jour funeste, cette matinée maudite du 07 janvier 2015. Matinée de mort, cauchemar éveillé, et ce chagrin, ce chagrin!

Philippe Lançon, Chloé Verlhac, Riss et Patrick Pelloux sont passé avant.

J'avais laissé ce poche collectif noir sur l'étagère huit années entières avant d'enfin, tout de même, de l'ouvrir et de l'enfin lire.

Toute la sidération, l'incompréhension, la colère et la réaction me sont revenues intactes car à peines enfouies et toujours prêtes à ressurgir.

Ces soixante-là ont unis leurs voix, leurs mots, leurs cœurs pour parler et dire... Dire NON à la peur et à l'indicible. Tous.

Soixante voix qui, au final, n'en font qu'une riche et variée dans une cantate à la Liberté.

Horusfonck est Charlie, encore et toujours, à jamais.
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La disparition de Josef Mengele

Un roman, car il s’agit bien du récit romancé de la cavale du tristement célèbre médecin SS.

Un roman, car cela se lit comme tel avec une furieuse envie d’avancer au fil des pages.

Un roman, plus que passionnant .Je l’avais offert pour la fête de Noel de mon père et m’a avoué l’avoir lu en une journée…

Un roman, historique en soit. Comme j’apprécie tout particulièrement.

Un roman, tellement bien fait qu’on ne sait pas au juste ou est la fiction.

Un roman qui nous entraine dans les rouages des organisations sud-américaine pro nazi qui organisait et protégeait la fuite des membres du troisième Reich.

Un roman qui au final…mérite bien son prix littéraire.

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La disparition de Josef Mengele

Biographie ou roman?, Prix Renaudot 2017, «La disparition de Joseph Mengele» nous raconte la cavale en Amérique Latine d’un des nazis les plus recherchés de la terre.



Pendant trente ans, de 1949 jusqu'à sa mort en 1979, Josef Mengele, traqué par les plus importants services secrets, a réussi à éviter l’arrestation et est parvenu à échapper à la justice.

Médecin nazi de la SS, Mengele, surnommé «l'ange de la mort» d'Auschwitz-Birkenau, triait les personnes qui allaient être gazées, mais surtout pratiquait des expériences d’une rare cruauté pour ses recherches génétiques et anthropologiques sur des personnes vivantes.

«La disparition de Joseph Mengele», raconte sa cavale. Aidé par un réseau d’anciens SS et de nostalgique du Troisième Reich, Mengele se cache en Argentine, puis au Paraguay et enfin au Brésil. Ce n’est pas le chef de la conspiration du film « Ces garçons qui venaient du Brésil » ou le personnage de Laurence Olivier dans « Marathon Man » que l’on suit, mais un type médiocre, minable, sans aucun remords.



Un texte très fort, l’écriture d’Olivier Guez est directe, claire, on se laisse emporter. Ce n’est pas un livre qui aide à comprendre ou explique la Shoah, mais une enquête sur un homme mauvais sans regret, antipathique, arrogant, presque banal, un homme aux abois, traqué qui n’a qu’une peur : Finir comme Adolf Eichmann.

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La disparition de Josef Mengele

A la lecture de ce livre, je me suis d'abord fait deux réflexions.



J'imagine à quel point écrire sur un tel rebut de l'humanité est un exercice difficile, périlleux. Et pourtant, le ton est juste; je ne vois pas - personnellement - comment l'auteur aurait pu le prendre sous un autre angle, une autre approche. On sent tout le cynisme du personnage, son obscénité, sa suffisance, son impunité. Il n'est pourtant pas la caricature d'un monstre. Mais il reste honni, comme il doit l'être.



Ensuite, j'ignorais - puisque le livre se base sur des faits historiques - à quel point il a été si proche parfois d'être cueilli et pourtant... c'est comme si une providence maléfique opérait; la même dont a semblé bénéficier Hitler en réchappant à plusieurs attentats. C'est comme si, cette période folle, cette hystérie collective faite de souffrances et de barbarie, avait été marquée du sceau du Malin, où le Mal se faisait grand vainqueur absolu.



Évidemment, la traque de ce rat (et c'est désobligeant pour les rats) et la paranoïa qu'il a effectivement dû éprouver n'ont été qu'une bien douce réprimande - à peine une tape sur les doigts - au regard des épouvantables horreurs qu'il a commises et l'on voudrait tant que le livre réécrive l'histoire - pour de vrai - et en change la fin pour qu'enfin justice soit rendue. D'autant que l'auteur ne manque pas de nous rappeler à juste titre qu'ils ont été nombreux ces judas du serment d'Hippocrate à passer entre les mailles du filet (et ils ont été si nombreux dans cette corporation à pactiser avec le diable en participant à des expérimentations ou à des épurations au nom de l'hygiène raciale, telle l'opération T4).



En bref, un travail d'écriture qu'on ne peut que saluer.
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La disparition de Josef Mengele

Olivier Guez a donné la catégorie “roman” à son livre car “certaines zones d’ombres ne seront jamais éclaircies. Seule la forme romanesque me permettait d’approcher au plus près la trajectoire macabre du médecin nazi.”

Mais bien souvent “La disparition de Joseph Mengele” prend le parti de la reconstitution historique de l'itinéraire de “l'ange de la mort”en Amérique du Sud.

En attestent d’ailleurs les cinq pages de bibliographie et le fait que l’auteur s’est rendu à Günzburg, en Argentine et au Brésil.



Décédé dans la clandestinité en 1979, l’ex SS-Hauptsturmführer fut plus recherché alors qu’il était déjà mort.

Une récompense de 3 400 000 dollars était proposée pour la capture “d’un homme sans scrupules à l’âme verrouillée, que percute une idéologie venimeuse et mortifère dans une société bouleversée par l’irruption de la modernité… Elle n’a aucune difficulté à séduire le jeune médecin ambitieux, à abuser de ses penchants médiocres, la vanité, la jalousie, l’argent, jusqu’à l’inciter à commettre des crimes abjects et à les justifier.”

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La disparition de Josef Mengele

Un livre à lire. La vie de Mengele depuis sa fuite d'Europe jusqu'à son décès en 1979.

J'ai découvert les réseaux nazis en Amérique du sud : les réseaux d'exfiltrations depuis l'Europe et dans certains pays sud américains, les réseaux d'installation, d'intégration, le rôle de certains politiciens sud américains. La vie quotidienne de cette nazi society.

Plus je tournais les pages plus je restais ébahie par ce que j'apprenais.

Le rôle aussi de la famille Mengele qui a couvert, aidé et financé la fuite d'un des siens, comment Joseph, bloqué en Amérique du sud, a participé au developpement de l'entreprise familiale, le rôle aussi de certaines entreprise allemandes.

Un livre qui ne laisse pas indifférent, dur mais très instructif.
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La disparition de Josef Mengele

Quel est donc le statut du livre « La disparition de Joseph Mengele » que l’on doit à la plume, apparaissant ici besogneuse, de Olivier GUEZ ? Je m’interroge sur le statut de ce livre sachant que les Editions Grasset l’ont classé sous la rubrique Roman alors que l’écriture tente de nous convaincre qu’il s’agit d’un récit historique ; mieux, d’un essai historique étayé puisque l’auteur s’oblige à préciser sans cesse les lieux, les dates, les titres, les faits et actes des différents personnages qui gravitent autour du héros, Joseph Mengele.

Héros qui, cela apparaît logique dans le politiquement correct de notre air du temps, est un personnage vidé, fini, petit, minable, rongé par ses envies de pouvoir, de paraître et son inaptitude complète à raisonner en individu doté d’une conscience. En effet, c’est là l’originalité du travail de Olivier GUEZ, Mengele n’est pas, plus, le tout puissant médecin tortionnaire d’Auschwitz, il est une épave en fuite, une bête traquée dépendante des autres, il n’est plus que le torchon, le paillasson d’un système doctrinaire nauséabond, le Nazisme. Mais il y croit ! Il est et doit rester fier de ses états de services, il n’a fait que son devoir ! … De quoi faire naître chez le lecteur une furieuse envie de le massacrer et de le faire souffrir autant que possible, à défaut de vouloir fermer ce livre et tourner le dos à cette ordure historique dont on connaît par ailleurs les grands méfaits.

L’écriture est laborieuse, je le pense à tout le moins, mais j’insiste, non par manque de capacité de Olivier GUEZ mais par choix stylistique, par volonté d’entraîner le lecteur à la suite de l’enquêteur qu’a été l’auteur pour réunir toutes les données et les faire coïncider avec une hypothétique histoire vraisemblable nous racontant l’après-guerre de ce Joseph Mengele. On est très probablement pas loin de la vérité mais, cela n’est qu’un roman, donc tout peut être remis en cause…

Durant toute ma lecture, j’ai été dérangé par ce personnage abject, sans remord, et par la complicité, souvent mercantile, de tous ceux qui l’ont aidé à passer entre les mailles des filets tendus par les juifs, les allemands, les américains, … bref par tous ceux qui affirmaient vouloir faire de sa capture une priorité sans faille. J’ai aussi développé quelques lourdes aigreurs d’estomac lorsque Joseph Mengele est présenté comme un pauvre personnage souffrant moralement de ne pouvoir construire une famille durable, de ne pouvoir circuler au grand jour, de devoir en permanence dépendre de complices dont il est toujours prêt à douter. Non, vraiment, ce n’est pas une vie … Pauvre Joseph !

Et pourtant, la lecture a été addictive. Plus j’avançais, plus je sentais qu’il y avait là quelque chose à découvrir, à prendre et à ne plus lâcher ! Quelle était donc la profondeur de ce roman ? Quel en était, pour moi, le message à saisir ? Conscient, je rentre ici dans la problématique de l’effet miroir d’un livre. J’y trouve ce qui me reflète, en creux ou en pleins mais pas nécessairement en accordance avec l’idée initiale de l’auteur. J’assume. Ce qu’écrit Olivier GUEZ à propos des dictateurs d’opérette de l’Amérique du sud, des calculs cyniquement géopolitiques de ceux qui cherchent, prennent et ne veulent pas lâcher le pouvoir, ce qu’il dit à propos de toute la corruption gangrénée par des fanatismes de tout bord et par les lobbies de la realpolitik, Olivier GUEZ nous le plante dans un décor cohérent, « le temps de la cavale de Joseph Mengele » … mais, en fait, tout ce déballage relève du domaine de l’universel, du sempiternel combat des uns pour être reconnus comme plus forts que les autres. Si Mengele est le Caïn du 20e siècle, il n’est pas le seul et nous devrions réviser nos vies et nous méfier de l’Homme, celui qui se laisse envahir par la bête qui est pas loin de nous, tout près, à côté, parfois en nous !

[« La disparition de Joseph Mengele » est l’histoire d’un homme sans scrupules à l’âme verrouillée, que percute une idéologie venimeuse et mortifère dans une société bouleversée par l’irruption de la modernité. Elle n’a aucune difficulté à séduire le jeune (médecin) ambitieux, à abuser de ses penchants médiocres, la vanité, la jalousie, l’argent jusqu’à l’inciter à commettre des crimes abjects et à les justifier. Toutes les deux ou trois générations, lorsque la mémoire s’étiole et que les derniers témoins des massacres disparaissent, la raison s’éclipse et des hommes reviennent propager le mal.]

Ce livre est donc une terrible, pressante invitation pour moi à veiller, à me méfier de moi-même et des autres. Jamais je ne dois baisser la garde sur les valeurs, les principes que je veux défendre. Jamais je ne dois me laisser endoctriner, submerger par des discours, des idéologies mortifères pour l’Humanité. Toujours je dois poursuivre et favoriser le devoir de mémoire, le maintien d’un état de conscience. Toujours je dois cultiver en moi, et autour de moi, la volonté chez l’homme de vivre debout et de tisser des liens solides pour que les collectivités vivent en partage de la Terre, de ses richesses et des devoirs que nous avons envers elle et nos descendants.

« La disparition de Joseph Mengele, de Olivier GUEZ, un livre qui pose questions, un livre qui nous invite à construire des réponses.

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