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Critiques de Panaït Istrati (110)
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Nerrantsoula

Ceci n'est pas une critique car je ne saurais mieux faire que celles qui ont déjà été faites.

J'avais simplement envie de rappeler que Panaït ISTRATI "écrivain roumain par sa mère et grec par son père contrebandier" avec son écriture très particulière, sensible et imagée, mériterait d'être mieux reconnu que bien d'autres écrivains.
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Les Chardons du Baragan

En Valachie, en septembre, tous les enfants du Baragan courent après les chardons épineux chassés par le vent russe glacé qui souffle avec fureur sur la steppe. Ils attendent cette période avec impatience pour oublier, un temps, leur misère effroyable. Affamés, en guenilles, sans espoir de quitter la condition d'ilote de leurs parents sous le joug du boïard, du pope et du maire.



Certains, pourtant, profitent de ce "crivatz" pour aller "voir le monde". Peu réussissent. Les autres abandonnent leur folle escapade pour subir les foudres de leur père.



Mataké a quinze ans. Il est de ceux qui enfourchent le balai du vent pour tenter sa chance ailleurs. Son bonheur d'apprenti carrossier ne dure pas longtemps.



L'été 1906 connaît une sécheresse terrible et l'hiver des pluies glaçantes continues. La famine ne guette pas les paysans, elle s'invite au quotidien avec la lassitude, la mort, le désespoir, l'alcoolisme et la fureur. Réduits à la plus inhumaine des vies, n'ayant plus rien à perdre, les campagnes se soulèvent en 1907 contre la tyrannie de leurs oppresseurs. La révolte est sanglante.



Eperdu d'horreur, Mataké fuit à nouveau dans le monde, poursuivi par des chardons autrement vénéneux, le fouet à la main.



La concision de style de Panaït Istrati donne tout son relief à cet épisode dramatique de la province danubienne dont "les femmes, la trentaine passée, semblent vieilles". de nombreux mots roumains émaillent le récit, ce qui avive le réalisme et la force des images.



Roman écrit en 1928 par un auteur à jamais marqué par la misère de son pays et qui, malgré ses multiples pérégrinations en Méditerranée, y reviendra toujours.



Panaït Istrati dédie ce roman "au peuple de Roumanie, à ses onze mille assassinés par le Gouvernement roumain. Aux trois villages : Stanilesti, Baïlesti, Hodivoaïa, rasés à coups de canon, crimes perpétrés en mars 1907 et restés impunis".



Commencer Panaït Istrati, c'est pour moi, ne plus s'arrêter.
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Les Chardons du Baragan

Quel charme cette écriture. On se fait tout petit. Neuf ans tout au plus, habillé de misère comme Matakè, un jour où tout commence, le jour du départ des cigognes. Qu’est-ce que c’est beau même si c’est triste. C’est grandiose parce que l’enfant raconte avec sa propre analogie et qu’il y a de la beauté dans ce regard ; quand la douceur nous attache en opposant une digression naturelle à la dureté. Son ami, Brèche-Dent vous le dirait aussi ; que lorsque le crivatz a soufflé fort en Roumanie, il a tout emporté dans la campagne ; du vent de la révolte des hommes emportés, à cause de la vie rude, de la terre sèche et de l’oppression, au vrai vent lui, enroulant, envolant tout, des chardons en plaine du Baragan jusqu'aux enfants.
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Les Récits d'Adrien Zograffi : Kyra Kyralina

Formidable découverte ! Pensez-donc, il n’y a pas une semaine, je ne savais pas c’est qui Panaït Istrati. Eh bien maintenant, je vais vous le dire. C’est quelqu’un !

J’avoue que cette banale et triviale entrée en matière ne cadre pas une minute avec la finesse de cet auteur et la force de ses écrits. J’en reste tout ébahi.

Comment résumer ce roman ? Sorte de tragédie grecque avec le charme slave d’une Roumanie de saltimbanques aux étourdissants effluves turcs extraits d’ensorcelants contes orientaux. Fichtre, vous voilà bien avancés.

Adrien a « le besoin de regarder dans le gouffre de l’âme humaine ». Il rencontrera Stavro qui lui contera l’époque où il était Dragomir (non, nous ne sommes pas dans une évolution Pokemon) où enfant il vivait avec sa mère et sa sœur, toutes deux d’une grande beauté.

Un drame que vous découvrirez bouleverse l’équilibre familial.

Dragomir sera perverti par des rencontres vénéneuses et Kyra enlevée et enfermée dans un harem.

Dragomir errera dans tout le Moyen-Orient à la recherche de sa sœur bien-aimée. Cette quête se transformera souvent en fuite pour échapper aux « protecteurs » du bel adolescent.

Laissez vous emporter par le souffle poétique où le miel des mots de cette gourmandise littéraire ne vous fera pas prendre un gramme mais pèsera plus sur votre esprit que les tonnes d’informations ineptes déversées par nos médias contemporains.

Roman initiatique sur la bassesse de l’âme humaine. Toutefois, « mille ignominies souffertes ne donnent pas le droit de cracher sur l’humanité toute entière.»

Comme je le dis souvent : « Il n’y a qu’un seul conteur pour cent mille baratineurs. »

Merci Monsieur Istrati, vous êtes en plus un enchanteur.



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Les Chardons du Baragan

Mataké vit dans une famille misérable au début du 20e siècle en Roumanie, au bord d'un affluent du Danube. Il part avec son père vendre du poisson dans le Baragan, c'est le début d'une nouvelle errance.



La route est longue, monotone, et si peu semée d'espoir. Pourtant, le jeune garçon rêve de courses folles dans la gueule du Baragan, pourchassant les chardons épineux que le Crivatz bouscule avec rage.



Ces chardons que les enfants affamés poursuivent jusqu'à épuisement, « avec un grain de malice dans la caboche », ce sont leurs espoirs d'un avenir meilleur, l'envie d'aller de par le monde, de quitter cette misère qui leur colle à la peau, même si pour cela ils doivent quitter leur famille.



Quand un enfant de neuf ans, comme Mataké, pose son regard sur le Baragan et ses chardons arrachés par le Crivatz, il n'y voit que beauté. Et c'est vrai que c'est d'une beauté rude, lorsque cela est conté avec les mots de Panaït Istrati. Des mots concis, rudes, piqués de poésie, comme des mots-chardons, des mots-Crivatz, évoquant des images rugueuses, salées et splendides à la fois, pour décrire le vent, la terre, le soleil, le ciel, et les hommes.



Mais ce Baragan, c'est aussi l'image de la Roumanie, dont les paysans sont écrasés par les popes, les maires et les boyards. Des « pauvres collés à la terre » qui finiront par crier leur révolte en 1907, pour demander justice, pour extirper ces chardons vénéneux, ces bourreaux, qui empoisonnent leurs vies, pour faire cesser ce Crivatz, ce servage, qui les empêche de respirer et d'avancer.

Ils sentiront les piquants pénétrer leur corps, car la révolte sera violemment réprimée, faisant onze mille morts.



Une écriture à découvrir, un roman puissant qui raconte cette révolte sanglante, cette vie de paysans misérables, d'enfants sans avenir, mais aussi les légendes des paysans roumains, qui s'inventent des histoires pour rêver et rester debout, comme ce petit Mataké rêvant de dompter les chardons du Baragan, ou de saisir ce fleuve de vent qu'est le Crivatz, de voler avec lui.

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La jeunesse d'Adrien Zograffi : Codine - Mi..

"La jeunesse d'Adrien Zograffi" regroupe quatre livres : "Codine", "Mikhaïl", "Mes départs" et "Le pêcheur d'éponges". Adrien Zograffi est le double littéraire de Panaït Istrati, auteur roumain écrivant en français, né en 1884 à Braila, sur les rives du Danube.



Vivant dans un quartier pauvre avec sa mère, Adrien/Panaït a, dès l'enfance, un don pour se lier d'intense amitié avec des personnages extraordinaires qu'on dirait échappés d'un conte. Ainsi, Codine, ancien forçat et honorable terreur du quartier, le prend sous son aile alors que le gamin n'a que 7 ou 8 ans. Quelques années plus tard, il rencontre Mikhaïl, sorte de vagabond taciturne qui, sous son aspect misérable, est riche de grande sagesse, et avec qui Adrien parcourra pendant huit ans les pourtours de la Méditerranée. Mais avant de s'en aller courir les chemins, Adrien a quitté l'école très tôt, au désespoir de son instituteur, pour gagner de l'argent et ainsi soulager sa mère. Engagé dans une taverne où il subira mille humiliations, il se lie avec le capitaine Mavromati, qui lui offre le plus beau des cadeaux pour un jeune garçon assoiffé de connaissance : un dictionnaire. Plus tard, rêvant de découvrir la France, il embarque clandestinement sur un bateau pour Marseille, mais, démasqué à bord, il sera débarqué à Naples, où il vivra de presque rien, jusqu'à ne manger que de la salade chapardée dans un champ pendant une semaine, avant de réussir à monter sur un bateau qui l'emmènera vers d'autres aventures.



Ces quatre livres, qui ne sont pas toujours chronologiques et sont écrits, bizarrement, parfois à la 1ère personne, parfois à la 3ème, sont donc des tranches de jeunesse de l'auteur qui, entre petits boulots et voyages, entre débrouille et bourlingue, côtoie la misère, l'exploitation, le désespoir, le racisme, l'injustice. Tantôt récit picaresque haut en couleurs, tantôt réflexions plus intimistes sur les amitiés ardentes d'Adrien, ces quatre textes forment un roman d'apprentissage et d'aventures au style un peu désuet et lyrique. Entre grandes envolées et grands sentiments (notamment une exaltation de l'amitié masculine qui m'a parue excessive), "La jeunesse d'Adrien Zograffi" est une ode à la liberté, au sens de l'honneur et à la justice.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Correspondance (1919-1935) : Panaït Istrati /..

Pendant une pause studieuse à la médiathèque, j'ai découvert ce trésor

inespéré sur une table thématique...Je me suis précipitée pour l'emprunter...

pour ma passion de très longue date pour cet écrivain autodidacte, Istrati, et pour la fabuleuse rencontre de ce dernier avec le grand écrivain de l'époque, Romain Rolland..., qui l'a sauvé du suicide et l'a vigoureusement incité à écrire...!



"Avant-propos de Daniel Lérault et Jean Rière-



La Correspondance Panaït Istrati- Romain Rolland est riche par ses révélations: sur leur rencontre, les relations tissées, leur itinéraire tant spirituel, idéologique et politique, leurs choix respectifs parfois communs, mais aussi différents, voire divergents. Sa lecture sollicite bien des réactions:

les confidences intimes dues à une confiance réciproque, d'une simplicité dénuée de pose et d'affectation, sont émouvantes. Les actes et les écrits courageux n'y manquent pas en des temps conformistes spontanés ou stipendiés. (...) S'y ajoutent une Politique de l'Ecrivain, exigeante:

être -responsables, témoins et acteurs-, un refus des compromissions" (...)



Une correspondance passionnante, d'une intensité et franchise réciproque des plus éclairantes et estimables... Je dois rendre ce volumineux volume, que je réemprunterai une nouvelle fois, pour l'achever avec plus d'attention...

Comme toujours, les sollicitations et mes éparpillements sont toujours aussi boulimiques... "Les yeux plus gros que le ventre"....Je tenais toutefois à souligner l'existence de cette correspondance précieuse entre deux grandes figures engagées de la littérature mondiale....



@Françoise Boucard- janvier 2020

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Les Récits d'Adrien Zograffi : Kyra Kyralina

Osmose, c'est le nom du restaurant dans lequel je fis connaissance avec Kyra Kyralina. Osmose, l'accord parfait, devait dès lors accompagner toute la lecture de ce récit. D'elle il parlera finalement peu. Toute femme doit garder sa part de mystère, n'est-ce pas ? Jeune, elle aimait la vie. Ah, insouciance de la jeunesse, paradis appelé à s'estomper dans les brumes du souvenir !





Quelle écriture, ma tête s'y est reposée mieux que sur un oreiller de plume, mon coeur s'est mis à battre et mon âme… ô mon âme, elle s'est envolée.





Est-ce la jeunesse d'Adrien, son innocence encore, sa naïveté surtout ? Est-ce de le voir s'acoquiner avec Stavro tantôt forain, tantôt limonadier, toujours voyou ? Est-ce cette charrette l'emmenant sur les routes coincé entre Stavro et son compère ? Ou tout cela à la fois ? Voilà que tout soudain mes pensées me ramenaient à Pinnochio.





Qui serais-je pour condamner Dragomir ? Même après avoir lu le récit de sa vie, du Danube au Bosphore et juqu'à Beyrouth par tous les contours de la méditerranée, telle que livrée sous son pseudo de Stavro, je ne saurais trop le juger.

« Une vie d'homme ne se raconte ni ne s'écrit. Une vie d'homme qui a aimé la terre et l'a parcourue est encore moins susceptible de narration. Mais quand cet homme a été passionné, qu'il a connu tous les degrés du bonheur et de la misère en courant le monde, alors, essayer de donner une image vivante de ce que fut sa vie, c'est presque impossible. » p.205





Par delà ce presque impossible, c'est à l'assaut de l'impossible de la vie elle-même que Panaït Istrati, magistral conteur, m'a emmené.





https://www.youtube.com/watch?v=Q-rMzANlb44



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Les Récits d'Adrien Zograffi : Domnitza de Sn..

Deuxième moitié du 19e s.

Les principautés de Moldavie et de Valachie (Roumanie) sont dominées par les conquérants ottomans depuis le 14e s. et se trouvent sous l'égide du sultan de Constantinople. L'organisation sociale et religieuse est inégale et discriminatoire : musulmans turcs vainqueurs, chrétiens roumains vaincus.



Au fil du temps, cet édifice instable se durcit encore en raison des quatre pouvoirs également spoliateurs des paysans et des tziganes :

- les boïars, seigneurs féodaux et despotes locaux, qui volent les terres des paysans,

- une partie du monde ecclésiastique, rapace et débauché, qui use de corruption à tour de bras,

- les hordes étrangères, turques et grecques, qui se servent à chaque passage, et

- les poteraches, mercenaires au service des boïars, qui pillent le reste.



La pression inhumaine constante sur les paysans fit naître des mouvements de révolte marginaux. Ainsi, les Haïdoucs qui vouèrent leur existence à rétablir un idéal patriotique face à la barbarie du pouvoir aux valeurs perverties. Ces militants revendiquaient la liberté, l'abolition de la peine de mort et de l'esclavage des tziganes, la sécularisation des biens ecclésiastiques et la redistribution des terres aux paysans. Proscrits et pourchassés par la potera, les Haïdoucs menaient une vie rude et héroïque, distribuant leur butin aux paysans, qui en firent des personnages légendaires.



Parmi eux Cosma puis, à sa mort, sa femme, Floarea Codrilor. Après des années de luttes, elle s'éloigna des expéditions punitives pour s'installer dans sa propriété de Snagov (où l'avait menée son ancienne vie de courtisane forcée) et vivre parmi les paysans et les tziganes. Elle devint la Domnitza de Snagov, la Dame de Snagov. Pragmatique, elle savait qu'un peuple asservi depuis des siècles ne pouvait, seul, accomplir les réformes nécessaires. Il lui fallait l'aide de personnages puissants. Elle s'enrichit grâce à un commerce florissant avec les nations étrangères alliées. La maison de Snagov reçut les ambassadeurs, l'aristocratie roumaine et des personnages influents auxquels elle exposa ses idées libérales.



En janvier 1859, Alexandre Jean Ier Couza devint le premier prince de Moldavie/Valachie unies et redressa tant bien que mal les inégalités les plus criantes. Pourtant, son règne fut bref car les unionistes et les séparatistes s'affrontaient toujours. Les Ciocoï, plus cruels et avides que les boïars finirent par incendier la maison de Snagov. le symbole de la lutte paysanne anéanti, et sa dame en fuite, sonnait la fin de cette croisade contre l'injustice.



La mort de Floarea et la dispersion de ses compagnons signèrent la fin du récit de l'auteur.



Ce roman épique est basé sur la réalité historique et la tradition populaire. Il l'est également sur les souvenirs d'enfance de Panaït Istrati : "Mes yeux ne voyaient que les forts trébuchant dans l'opulence et les faibles tordus sous la cravache". La Domnitza de Snagov est le dernier des quatre "récits d'Adrien Zograffi" qui obtinrent un succès immédiat. Panaït Istrati écrivit tous ses livres en français.



1000 mercis à Tandarica de m'avoir conseillé quelques auteurs roumains pour découvrir l'histoire et la littérature de son pays à travers des écrivains de l'entre-deux-guerres.



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Les Arts et l'humanité d'aujourd'hui

"Comment peut-on parler de beauté au milieu d'une humanité qui se dévore elle-même ?

Mais la beauté, c'est d'abord la lutte contre la vilenie (...) et je savais que depuis un Michel-Ange, jusqu'à un Tolstoï et un Ibsen, les grands arts et les grands artistes se sont dressés contre toutes les tyrannies qui brûlent bibliothèques et cathédrales, brisent les statues à coup de marteau, censurent la pensée et se fortifient à l'aide des minorités ignorantes et satisfaites dont l'idéal est le matérialisme." (p. 30)



Un court texte des plus percutants...enfin déniché à la Librairie Tschann, ce 8 mars 2020,L'Art contre la Barbarie, l'Art contre toutes les tyrannies ! L'Art, un idéal pour améliorer l'homme...L''Art , La littérature comme les Arts , sont là pour combattre les injustices, ainsi que la laideur du monde ! Istrati, déçu par le Socialisme, se tourne vers un idéal , lui paraissant plus noble, ainsi que désintéressé qu'est la création artistique !



" Comment ? Eh bien : grâce à la découverte de cet art miraculeux qui nous apprenait que tout n'est pas laideur et injustice dans la vie. Quittant les haïdoucs pour le domaine de la littérature universelle, nous faisions la connaissance des grands maîtres des lettres classiques et modernes.là, déchiffrant tel encyclopédiste ou tel auteur du XIXe, nous trouvions la confirmation de la même beauté, plaidant la cause de la même justice, mais sur un plan bien supérieur. (p. 10)



Un texte très fort, à découvrir, permettant de réfléchir à un monde meilleur à construire, hors des partis politiques...où les inégalités sociales s'atténuent...où les Arts nous rapprochent d'une Humanité plus grande...

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Le pèlerin du coeur

Acquisition en 1984- Relectures régulières... dont une, en diagonale...le 29 juillet 2019



Mes rangements drastiques du Printemps s'étirant "dangereusement"et à souhait sur l'été, j'en profite pour écrire quelques lignes sur des livres,des auteurs qui ont compté... et pour lesquels je n'ai pas eu le temps de le faire [ces lectures étant très lointaines !!]. C'est le cas pourPanaït

Istrati, cet écrivain roumain, autodidacte brillant, ayant réussi à écrire ses ouvrages en français...



Nous ne pouvons qu'être reconnaissants à jamais envers l'écrivain , Romain Rolland qui a sauvé Istrati du suicide,

et l'a très fortement encouragé à écrire...



Cette publication m'est d'autant plus chère que je l'ai acquise dans des conditions peu banales...J'étais libraire depuis 3 années...et la directrice de la librairie parisienne où "j'officiais" m'avait demandé d'aider une "ancienne" de la maison, préposée "exclusive" pour sortir des rayons

les ouvrages récents à "retourner", n'ayant pas été vendus une fois, les trois premiers mois de leur publication...



J'avoue que c'est une des tâches incontournables et vitales pour une gestion "saine" d'un libraire, même si cela induit des regrets, des tristesses que tel ou tel auteur, tel ou tel livre apprécié partent "au cimetière des livres" !!!



Ce fut le cas pour ce "Pèlerin du coeur"... que je devais retourner selon les critères décrits ci-dessus... j'en étais malade... Alors même en ayant dépassé largement mon budget -livres ce mois-là... j'ai acquis ce livre très éclairant, captivant (pour tous les passionnés d'Istrati ... et pour tous les curieux), ne me résignant absolument pas à ce qu'il rejoigne les orphelins, mal-aimés, et oubliés !!



Livre des plus intimes puisqu'il ne réunit que des textes autobiographiques, regroupés en cinq sections:



1. -Autobiographie- qui résume la vie d'Istrati de sa naissance (1884) jusqu'à la veille de la parution de -Kyra Kyralina- (1924)



2.- La naissance d'un écrivain- reconstitue le parcours d'un "vagabond sans sou ni maille-, sans aucune notion de français et qui, après" quelques années de misère, de détresse et de mort", surgit un "écrivain de langue française, dont la renommée se répand à travers le monde"...



3. -Témoignages- publiés dans la presse de l'époque.



4. -Le Pèlerin du coeur- "Pages écrites en souvenir d'amis disparus et qui témoignent de son culte pour l'amitié, avec un amour digne d'une page de Montaigne "



5. -Les dernières années- de solitude, de maladie et de confiance dans sa vérité...Parmi ces pages, il y a deux documents autobiographiques de base: -"Pourquoi je me suis retiré à Braïla", où il explique l'abandon de l'Occident, et -Pages de carnet intime", écrites six mois avant sa mort. Comme le préfacier, Alexandre Talex le formule si bien: " Pages d'anthologie et testament spirituel qui résonne comme un "chant du cygne..."





Quelles drôles de coïncidences, ou de familles de pensées se dévoilent sans que nous nous en rendions vraiment compte dans l'instant de nos choix..; Je lis un roman de Gyorgy Siro, "Diavolina", autour de l'écrivain , Maxime Gorki... et ...me revient en mémoire que Panaït Istrati était surnommé le nouveau "Gorki balkanique " !!



Une publication extraordinaire au titre des plus justifiés... de cet homme talentueux, épris de justice sociale et d'empathie envers les hommes les plus défavorisés , obligés pour survivre à la soumission et au silence...



"Nul ne peut aimer l'humanité. On ne peut aimer ce qui est anonyme et ce qui vous échappe totalement. Mais on peut aimer un être humain, dix, vingt, au long de toute sa vie. On peut leur sauver la vie, au besoin, et eux peuvent sauver la vôtre. C'est cela toute l'humanité ! Je me suis brouillé avec elle en allant à sa découverte sans la trouver, en essayant de l'aimer sans le pouvoir. Aujourd'hui, à Braïla, ne courant plus après personne et ne me faisant plus un devoir de l'amour, je découvre des êtres humains sans les chercher et ils me sont sympathiques sans peine. Et , d'ailleurs, je ne vois plus que des vaincus, étant moi-même le vaincu de ma propre victoire.



(...) Seuls les vaincus sont dignes de sympathie. L'être humain devient un fauve dès qu'on lui accorde un brin de pouvoir, c'est-à-dire de l'importance. Il l'utilise, sur- le-champ, pour écraser son semblable. de sorte que j'en ai assez des hommes importants et que je me séparerai, à l'avenir, de tout ami qui deviendra important." (p. 230-231)



Une lecture bouleversante qui ne peut que provoquer la relecture de cet écrivain- humaniste- autodidacte... qui se retrouva calomnié, abandonné, critiqué de quasiment tous... car, entres autres "fautes", il fut un des premiers à faire une critique lucide, et clairvoyante, mais dérangeante... du régime communiste russe...



"J'épuiserai ma vie tel qu'on le voit, je mourrai penché inutilement sur cette feuille de papier, mais je dirai sans cesse que l'art est plus fort que la vie, plus précieux que de "beaux enfants", qu'une femme qui aimerait "sans réserve"; il est plus fort même que cette nature splendide qui n'a pas de splendeur pour les yeux dépourvus d'art.

Sans art, le monde n'existerait pas, il ne pourrait pas respirer." (p. 113)
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La jeunesse d'Adrien Zograffi, tome 3 : Mes..

Récit extrait de "La Jeunesse d'Adrien Zograffi: Codine. Mikhaïl. Mes

départs. le pêcheur d'éponges"[Folio]



Un gamin, l'auteur lui-même, raconte ses débuts dans le monde; voulant aider financièrement sa mère, veuve, blanchisseuse qui se tue au travail, il quitte l'école... se fait embaucher dans une taverne... et nous assistons , révoltés, aux maltraitances faites aux enfants qui travaillent, corvéables à merci, que l'on exploite plus de 18 heures d'affilée, sans la moindre vergogne !!



"Que doit-il savoir, l'enfant qu'on place au service d'un maître ? Qu'il est là pour servir ? Non. Il doit savoir, il l'apprendra tout seul, qu'en dehors d'une fatigue que les lois épargnent aux adultes mêmes, son droit sacré de partir après la journée faite, de sortir dans la rue, de se fondre avec la nuit et avec ses propres pensées, ce droit lui est dénié à lui, le rêveur avide de liberté, à lui, le débutant dans la vie" (p. 31)



Dans ce récit, Istrati se révolte, parle au nom de tous les opprimés, explose de rage en voyant les hommes s'acharner sur plus faible qu'eux, miséreux malchanceux, ou même sur les animaux. Il enrage de constater la noirceur de l'âme humaine, trop souvent... Mais il est aussi illuminé par les rencontres amicales, bienveillantes qui se présenteront sur son chemin, comme ce pauvre "capitaine de bateau", déchu et trahi par sa femme, ayant tout perdu, qui le protégera dans cette première taverne, où il fait l'âpre connaissance du monde du travail..;Ce capitaine Mavromati qui lui fait le plus beau cadeau de la terre à ses yeux... présent qui l'aidera à tenir et à apprendre tout seul , la nuit...



Ce cadeau mirifique, c'est un "Dictionnaire universel":



" Je ne compris pas tout de suite ce que voulaient dire les mots -Dictionnaire Universel-; mais en feuilletant au hasard, je sentis mes jours s'empourprer de plaisir: termes scientifiques et néologismes que j'avais rencontrés dans les journaux et sur lesquels je passais navré, je les trouvais ici rendus à ma compréhension. Les quelques expressions qui s'éclairèrent aussitôt pour moi mirent en branle mon intelligence, m'apportèrent du soulagement au cerveau et de la joie au coeur" (p. 58)



Un court récit mais très dense où le lecteur passe par toutes les émotions, vivant en communion les malheurs, aventures malchanceuses de notre "aventurier" qui veut gagner sa vie, ne plus être à la charge de sa mère, qui est aussi habité par une soif d'apprendre , encore et encore, lui, qui n'aimait pas l'école, à cause de maîtres brutaux..qui brillait cependant en "Lecture".

Une fois parti du système scolaire, il n'a qu'une idée fixe: lire, apprendre la langue de son père: le grec ! et APPRENDRE, tout court.



Comme l'extrait suivant nous le fait sentir, Istrati est en quête d'un sens à sa vie, à l'existence humaine , en général. Il est en recherche ...perpétuelle.

Ces "Départs" s'arrête à son exil en Italie, à Naples...où il mange de la "vache enragée"... Il voulait atteindre la France, mais cela ne se fera que 10 années plus tard, en 1927 !



"Loin, mon ami. Loin, ma mère. Et moi, qu'est-ce que fais ici ! Je pense à notre foyer, humble, mais propre, douillet. Je pense aux camarades de mon âge, presque tous mariés, chacun dans sa famille, à son travail. Pourquoi cette malédiction de ne pas pouvoir faire comme eux, comme tout le monde ?

Qu'est-ce qui me pousse continuellement sur des routes lointaines, quand, dans mon pays, les étrangers mêmes se créent une vie et demeurent ? Qu'est-ce que je veux ? Après quoi est-ce que je cours ? (p. 106)"
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Les Chardons du Baragan

En Roumanie, quand arrive le mois de septembre, le vent de Russie, que là-bas l’on nomme le crivatz, souffle avec tant de fureur qu’il emporte les chardons des terres incultes du Baragan dans une cavalcade effrénée, intempestive.

« Le Baragan, c’est le lieu que le Seigneur a octroyé à la Valachie pour que le Roumain puisse rêver ». Une terre infertile où rien ne vient, sauf les chardons qui prolifèrent et envahissent l’espace tels « des moutons dont la laine serait d’acier ».

Mais lorsque le vent de Russie se met à rugir, entraînant à sa suite ces boules épineuses, l’homme du Baragan ne peut s’empêcher de se dire : Dieu que c’est beau !

Les enfants du pays attendent avec une impatience fébrile le mois de septembre pour pouvoir voler avec le crivatz à la poursuite des chardons.

Ces galopins miséreux issus de la plus basse extraction du petit peuple de la campagne roumaine, oublient alors la faim, la misère, l’extrême pauvreté à laquelle ils sont réduits, tout à leur joie de galoper ventre à terre dans le vent de Russie.

Certains, épris de liberté, se laissent emporter dans sa danse enfiévrée et ne reviennent jamais sur leurs pas. Ils partent voir le monde, espérant trouver ailleurs ce qu’il leur manque tant sur ces terres ingrates.

C’est le cas de Mataké, le narrateur, jeune garçon de 15 ans qui rêve d’un avenir meilleur.

La pauvreté l’a poussé sur les routes mais où que se tournent ses yeux d’adolescent c’est la même détresse, le même abattement.

C’est qu’en ce début d’année 1907, d’autres chardons, autrement vénéneux, piquent au sang le peuple roumain.

L’état, les boyards, les maires et les popes ont tant asservi le paysan roumain que même quand la récolte est bonne, le « cojan » n’a toujours rien à se mettre sous la dent ! Dieu a pris le parti des grands propriétaires terriens, pas celui des paysans !

Partout, dans tout le pays, des « villageois loqueteux, hâves, courbaturés », partout la même misère, le même désespoir, le même sentiment d’injustice face à la tyrannie des classes dirigeantes.

Et la colère enfle, et la révolte gronde…et le pays exsangue, agonisant, à bout de souffle, s’embrase alors comme « une langue de feu »…



La découverte de ce roman écrit en 1928, c’est avant tout celle d’un homme, l’auteur lui-même, Panaït Istrati, et la curiosité qu’il suscite lorsqu’on apprend que c’est une tentative de suicide et une lettre adressée au prix Nobel de Littérature 1915, Romain Rolland, qui a permis à ses écrits de voir le jour.

Et lorsqu’on se penche sur les « Chardons du Baragan », l’on peut alors appréhender pleinement tout le talent de ce conteur exceptionnel, un auteur engagé et ardent, un homme parti de rien pour qui la littérature est source de vie et d’espoir.

Dans un style spontané, authentique, naturel, à la fois âpre et chaleureux, Istrati nous fait partager l’errance de Mataké, jeune garçon témoin de la répression sanglante de la révolte paysanne roumaine de 1907.

« Les Chardons du Baragan » est une œuvre forte, vivante, humaine, dans laquelle celui qu’on a surnommé le « Gorki des Balkans » s’emploie à décrire tout le dénuement de son pays d’origine, toute la dureté de vivre dans ce monde de misère, toute l’étendue de la détresse humaine accablée par le poids trop lourd de la pauvreté et du servage.

Mais si c’est un roman de la tragédie, ce n’est pas pour autant un roman tragique. Au contraire, au réalisme de la situation se joint une langue étonnement poétique, visuelle, imagée et bariolée.

L’écriture d’Istrati, ses phrases brèves et intenses, émaillées d’expressions populaires, ont le pouvoir d’évocation et l’incommensurable vigueur de ceux qui ont vu, vécu, touché du doigt ce qu’ils écrivent.

Là est la force d’Istrati ; force brute, virile, sensuelle, pour cet éternel vagabond qui n’a jamais réellement cessé d’être ce petit Mataké des « Chardons du Baragan » demandant apeuré : « Ou allons-nous maintenant ? » et à qui l’on a envie de répondre : « Voir le monde, Mataké…voir le monde… »

Car Panaït Istrati n’a jamais cessé de courir après les chardons…

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Les Chardons du Baragan

Roman paru en 1928. Mataké vit avec ses parents dans un village du Baragan où ne poussent que des chardons. Désolation, misère, pêche dans le Danube. C’est à 9 ans qu’il fera la découverte de la ville et surtout de la grande révolte de la Roumanie de 1907 par les paysans pauvres. La belle écriture de Panaït Istrati fera dire à Romain Rolland : « On voudra bien se souvenir que l'homme qui a écrit ces pages si alertes a appris seul le français, il y a sept ans, en lisant nos classiques. »

Merci à ClaireG et, une fois de plus, à Bookycooky.

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Dans les docks de Braïla

Mille Mercis aux éditions Sillage d'avoir réédité ce court texte autobiographique de l'écrivain roumain, Panaït Istrati, que j'ai lu il y a bien longtemps dans "Le Pélerin du coeur" (Gallimard)



Un écrivain entier, rempli de révolte et de colère contre la pauvreté, la misère, les indignités faites aux hommes dans des emplois subalternes, épuisants, et sous-payés. Je ne peux m'empêcher de songer très fort au texte bouleversant et "tonitruant" de London, "Le peuple d'en-bas"...



Istrati, dit , raconte, le monde très dur des docks, des ouvriers entre eux, des petits-chefs, de l'épuisement des hommes qu'on traite comme des bêtes de somme.... Je ne commenterai pas plus ce texte "coup de poing"... qui garde son actualité, celle de l'exigence universelle de tout individu: "la dignité de l'homme, respecté dans son travail"...



Je ne peux achever cette brève note de lecture que par ce "cri" de Panaït Istrati: "J'étais avide de justice et j'aurais volontiers donné la moitié de ma vie, non pas pour détruire les élévateurs, mais pour qu'on les mît au service de tout le monde. Cet élan, qui a toujours brûlé ma poirtine, ne venait pas de ce que j'appartenais à la classe miséreuse ou que j'aurais tant connu la souffrance. Non. Cela, généralement, n'est vrai que jusqu'à un point, car la justice, la commisération, la générosité ne sont le monopole d'aucune classe. Comparée aux enfances que j'avais sous les yeux, je pourrais même dire que la mienne avait été gâtée: le pain, la tasse de lait, le lit propre et la parole tendre ne m'ont jamais manqué.

Mais je crois que l'ère de justice terrestre sera arrivée le jour où la majorité des hommes s'intéressera au sort de celui qui souffre. Et moi, je me sentais de l'infime minorité qui s'y intéressait déjà, voilà tout" (p.50-51)
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Les Chardons du Baragan

Cela faisait un moment que je voulais découvrir Panaït Istrati dont je vois de temps en temps passer le nom, ici ou là. Bien qu’écrivant en Français, c’est de la Roumanie, son pays d’origine, qu’il parle dans ce très court roman. Une Roumanie paysanne, pauvre, voire miséreuse. Le premier soucis c’est d’avoir de quoi manger et c’est loin d’être gagné. Le narrateur est un jeune garçon, qui à l’instigation de sa mère, part avec son père tenter de vendre du poisson fumé. Expédition dérisoire et inutile, qui ne leur rapportera rien, et découvrant la mort de la mère par un voisin, ils décident de tenter leur chance ailleurs, essayer de se caser comme ouvriers agricoles. Leur situation sera toujours aussi précaire, et notre héros décide de suivre le chemin du vagabondage, celui des chardons du titre, qui se déplacent avec le vent sur la grande plaine déserte. Il part avec un camarade, Brèche-Dent. Ils sont recueillis au bout de leur périple par un parent de Brèche-Dent, marié dans une famille un peu plus aisée, et s’installe dans une misère un peu moins grande. Tout au moins jusqu’à la prochaine famine, qui voit une révolte populaire et une terrible répression des autorités.



Livre poétique, sans aucun doute très authentique, d’un auteur qui s’identifie visiblement aux pauvres, à ceux qui n’ont rien, à peine le droit d’exister. C’ n’est pas un roman réaliste à la Zola, il y a un aspect métaphorique, transfigurant le réel. C’est un univers un peu à part.



Je suis un peu partagée à la fin de cette lecture, intéressante sans doute, mais qui ne m’a pas complètement embarquée, sans que j’arrive à expliquer ce qui m’a moins convaincue. Il y a sans doute la forme brève pour un roman, qui ne permet pas de s’installer, de faire un bout de chemin avec l’auteur et son écriture. Il me faudrait lire un autre texte de Panaït Istrati, un peu plus long, pour me faire définitivement une opinion.
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Les Récits d'Adrien Zograffi : Présentation des..

Les deux premiers tomes des Récits d’Adrien Zograffi m’avaient laissé plutôt indifférent. Ainsi, mes attentes envers ce troisième tome n’étaient pas particulièrement élevées. J’avais l’impression que la plume de Panait Istrati du début du vingtième siècle avait mal vieillie. Eh bien, heureusement que j’ai persévéré parce que, curieusement, Présentation des Haïdoucs m’a plu. Le roman est divisé en six parties, chacune centrée sur un personnage et racontant, à la première personne, comment il est devenu un haïdouc. Il s’agit d’une sorte bandit d’honneur propre à la Roumanie. Une sorte de Robin des Bois, s’attaquant aux riches mais surtout aux oppresseurs. On les aime bien, ces hors-la-loi qui luttent pour une bonne cause. Il y a chez eux quelque chose du héros romantique d’une autre époque. Si dans les siècles passés les «méchants» étaient les Turcs, ils se manifestent sous diverses formes au tournant du siècle dernier : police et milice corrompues ou à la solde d’une élite (aristocrates, religieux, grands propriétaires ou bourgeois) qui tient à garder son autorité, ses privilèges et son argent. Tant pis pour les misérables ! Malheureusement, l’heure des glorieux affrontements est (presque) révolue et les haïdoucs n’ont plus le soutien de la population. Combattre l’injustice devient une tâche ingrate. Les derniers représentants de cette caste, après une guérilla qui les a décimés, sont refoulés dans une grotte et c’est là que chacun raconte son histoire : Floarea Codrilor (une femme, la chef du groupuscule après la mort de son partenaire Cosma), Élie le Sage, Spilca le Moine, Movila l’Intendant et Jérémie le fils de la forêt. Ce qu’ils racontent, c’est un goût pour la liberté, un besoin de venger des humiliations infligées par une société cruelle et d’aider ceux qui ne peuvent se défendre pour éviter que ces derniers aient à subir le même sort. Chaque histoire est unique mais, en un sens, c’est également la même qui se décline en autant de variante qu’il y a d’indivus. Et il n’y a pas que leur parcours qui est différent, leur personnalité aussi. Ce ne sont pas tous des paysans ignares, des sauvages ; plusieurs sont éduqués. Ça ajoute de la profondeur à certains récits. Avec Présentation des Haïdoucs, j’avais l’impression de plonger au cœur de la Roumanie, avec ses traditions et ses paysages propices aux légendes. Et l’utilisation d’un style proche de la langue orale était tout à fait appropriée, parfaite. Par moment, je pouvais facilement m’imaginer au milieu de ces hors-la-loi, autour de leur feu de camp qui grésille, à écouter leurs confessions. Tranquillement, la nuit les enveloppait et avec elle disparaissait leur monde…
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La jeunesse d'Adrien Zograffi : Codine - Mi..

Préambule : Ce livre contient quatre romans regroupés sous le titre :

« La jeunesse d’Adrien Zograffi ». Ce commentaire est issu du premier roman : « Codine »



Et voila, je me suis fait une nouvelle fois ensorceler par ce sorcier roumain, conteur et humaniste. Je vais être dithyrambique, dégoulinant de compliments.

Panaït enfile les phrases comme des perles nacrées de sentiments sur la corde sensible de la vie.

Non, bien trop sirupeux et bien lourd ça !

Il faut dire : avec Panaït les tournures glissent comme crème. C’est juste jeun’s comme expression.



Codine : C’est le prénom d’un bagnard, d’un forçat au cœur gros « comme ça », laid comme un chimpanzé, poil compris, avec des valeurs humaines comme il n’y en a plus.

Dans ce monde de « laisser pour compte », l’amitié se mesure à la croix tracée sur le bras à la pointe du couteau où le sang gouttant vient abreuver l’ami à la vie à la mort, désigné.



Adrien : C’est un jeune garçon égaré mais ébloui par un nouvel univers où sa mère maintenant, est tenue de loger.



Leur rencontre mêlera deux castes sociales, enrichira l’un et l’autre pour notre plus grand plaisir.

« Dieu tout-puissant ! Hurla-t-il, ouvrant ses bras. Ça vaut encore la peine d’être un homme, même quand on a une gueule de singe, si on peut se faire aimer, à tel point, par un enfant. »

Ce gamin protège de ses débordements un énergumène que la vie a pollué.

« Je me dirigeais vers mon but, vivant des minutes éternelles. »

De son côté, Codine est le rempart puissant de la mère et l’enfant des dangers de ce monde agressif et cruel.



Que j’aime les phrases de Panaït avec de l’honneur dedans et de l’amour qui mouille les yeux.

A chaque ligne son lot d’étonnements, à chaque strophe son lot de catastrophes.

Maintenant, s’il vous plait, laissez-vous vous enivrer des pleins et des déliés de ce roman qui se savoure et se déguste comme du petit lait.

Les vrais « bons sentiments » sont tellement difficiles à exprimer qu’il faut savoir en profiter.

Défaire sa cuirasse, avancer l’âme nue que l’on pourrait voir les gènes de la bonté tatoués dessus.

La palette de ces élans est à présent compactée par : Respect cousin ! Autre temps, autre mœurs.

Ecrit en 1926, lu en 2018.

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Nerrantsoula

Deux garçons vont découvrir ce qu'est être amoureux. le problème est qu'ils le sont de la même fille, la jolie porteuse d'eau. Et elle ? elle les aime tous les deux, pareil. L'histoire peut paraître banale mais si l'on pense qu'elle est racontée par Panaït Istrati, l'auteur roumain, la donne est changée. Ils vont grandir, et entre temps, des drames, des joies, des cerfs-volants, l'arrivée d'eau (nous sommes début 1900) comment l'eau du Danube peut-elle monter dans les maisons en tournant seulement une robinette ?
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Les Récits d'Adrien Zograffi : Kyra Kyralina

« Toute la beauté vient de notre cœur, tant que ce cœur est plein de joie. »



Kyra est la sœur de Dragomir. Kyra et Dragomir, adolescents, sont enlevés. Dragomir devint Stavro le Forain. L'histoire commence... Je me tais et j'écoute Stavro le Forain raconté son histoire. Dans un pays lointain vivait...



Et la suite... ?! Je ne peux la raconter. Cela ne serait que médiocrité car « dans le détail réside le plus souvent la beauté. » Je dirai juste que la plume de Panaït Istrati est belle : « son état d'âme était tout disposé maintenant à cette lointaine évocation – mais il en est toujours ainsi quand on veut toucher aux écluses rouillées qui barrent le passage aux eaux du passé » et qu'il a de la mansuétude, « mille ignominies souffertes ne nous donnent pas le droit de cracher sur l'humanité tout entière » et de la clairvoyance « l'homme sans cœur, mes enfants, c'est un mort qui empêche les vivants de vivre ».



Il prône la tolérance, le respect de l'autre car « chacun a sa vie, ses blessures, sa propre philosophie » et nous délivre des vérités qui m'enchantent « la bonté d'un seul homme est plus puissante que la méchanceté de mille ; le mal meurt en même temps que celui qui l'a exercé ; le bien continue à rayonner après la disparition du juste. » Pour autant, il fait montre de fragilité et c'est en nuance qu'il précise « où et quand la vie nous gratifie-t-elle de joies complètes ?... »



« Il n'y a pas de souvenir sans présent. »
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