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Citations de Paul Éluard (1676)


Nous deux nous tenant par la main
Nous nous croyons partout chez nous
Sous l'arbre doux sous le ciel noir
Sous tous les toits au coin du feu
Dans la rue vide en plein soleil
Dans les yeux vagues de la foule
Auprès des sages et des fous
Parmi les enfants et les grands
L'amour n'a rien de mystérieux
Nous sommes l'évidence même
Les amoureux se croient chez nous.
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De l'aube bâillonnée un seul cri veut jaillir,
Un soleil tournoyant ruisselle sous l'écorce,
Il ira se fixer sur tes paupières closes.
Ô douce, quand tu dors, la nuit se mêle au jour"
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La bénédiction


À l’aventure, en barque, au nord.
Dans la trompette des oiseaux
Les poissons dans leur élément.

L’homme qui creuse sa couronne
Allume un brasier dans la cloche,
Un beau brasier-nid-de-fourmis.

Et le guerrier bardé de fer
Que l’on fait rôtir à la broche
Apprend l’amour et la musique.
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Présence ma vertu dans chaque main visible
La seule mort c'est solitude
De délice en furie de furie en clarté
Je me construis entier à travers tous les êtres
A travers tous les temps au sol et dans les nues
Saisons passantes je suis jeune
Et fort à force d'avoir vécu
Je suis jeune et mon sang s'élève sur mes ruines

Extrait de Vivre (p. 237)
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Il fallait bien qu'un visage
Réponde à tous les noms du monde.
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DISCOURS DE GASON AU RUSTIQUE
  
  
  
  
Entre vous vilains de village
Faites le blé et la semence
Et tous les autres labourages
Et couchez la nuit es bocages
Par les buissons où vous tremblez
Pour garder les bêtes sauvages
Qu'el ne viennent manger les blés.
Mais quand les avez assemblés
A grand labeur et martyre
Ils vous sont tollus et emblés
Et si n'en avez que du pire.
Quand est du vin je puis bien dire
Que nul temps guère n'en avez.
Fors que du bœuf et que l'on tire
Encore à grand'peine en aurez.
Ainsi êtes-vous toujours grevés,
Et au regard de votre ouaille,
Rien n'en mangez, bien le savez,
Fors que larmer et la tripaille.
Si hardi de manger poulaille
Vilain, car vous n'oseriez.
Et aussi vous ne pourriez
Fournir à payer votre taille,
Si au marché ne portiez
Pour la vendre, votre vitaille.
Vous ne mangez que chair salée
Et de la puante ;
Et si, êtes toute l'année
Au temps et à la tourmente.
Et pour ce vous aurez de rente
Pour votre labourage et peine
Le froid au cul quand bien vente
Par chaque jour de la semaine.


// Anonyme (vers 1580)
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La courbe de tes yeux

La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.
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Liberté

Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable, sur la neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang, papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids, sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac, lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer, sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.

.
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«  Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard » .
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Il se mit à genoux pour un premier baiser
La nuit était pareille à la nuit d'autrefois
Et ce fut le départ et la fin du passé
La conscience amère qu'il avait vécu
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Mordre un rire innocent mordre à même la vie
Rien n'a changé candeur rien n'a changé désir
L'hiver j'ai mon soleil il fait fleurir ma neige
Et l'été qui sent bon a toutes les faiblesses
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Paul Éluard
Sèche
  
  
  
  
Sèche
Des pieds à la tête
Elle allait sur les marais
Et s’enlisait dans les dunes

Moi frais ou chaud
De temps en temps j’étais son lit
Ses draps blancs ses draps sales
Et son plaisir intime

Son sang naviguait à la rame
Autour de l’île de son cœur
Nous chassions à deux le sommeil
Deux soleils se levaient en nous.
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Paul Éluard
Ce qui a été compris n’existe plus,
L’oiseau s’est confondu avec le vent,
Le ciel avec sa vérité,
L’homme avec sa réalité...
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Paul Éluard
Je te l'ai dit...

Je te l'ai dit pour les nuages
Je te l'ai dit pour l'arbre de la mer
Pour chaque vague pour les oiseaux dans les feuilles
Pour les cailloux du bruit
Pour les mains familières
Pour l'oeil qui devient visage ou paysage
Et le sommeil lui rend le ciel de sa couleur
Pour toute la nuit bue
Pour la grille des routes
Pour la fenêtre ouverte pour un un front découvert
Je te l'ai dit pour tes pensées pour tes paroles
Toute caresse toute confiance se survivent.
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Paul Éluard
La lumière éteinte

Un matin de sureau
Elle est restée dans ce champ
Qu'a-t-elle laissé d'elle en s'en allant
Tout ce que j'ai voulu
Et d'abord une armure choisie dans les décombres
De la plus ciselée des aubes
Une armure sous un arbre
Un bel arbre
Ses branches sont des ruisseaux
Sous les feuilles
Ils boivent aux sources du soleil
Leurs poissons chantent comme des perles
Un bel arbre les jours d'ennui
Est un appareil visionnaire
Comme un autre
Par cet arbre de tous les jours
Je suis le maître de mes quatre volontés
Puis une femme au col de roses rouges
De roses rouges qu'on ouvre comme des coquillages
Qu'on brise comme des œufs
Qu'on brûle comme de l'alcool
Toujours sous l'arbre
Comme un aimant irrésistible
Désespérant
La flamme traquée par la sève
Tantôt fragile tantôt puissante
Ma bienfaitrice de talent
Et son délire
Et son amour à mes pieds
Et les nacelles de ses yeux dont je ne tomberai pas
Ma bienfaitrice souriante
Belle limpide sous sa cuirasse
Ignorante du fer de l'arbre et des roses rouges
Moulant tous mes désirs
Elle rêve
De qui rêve-t-elle
De moi
Dans les draps de ses yeux qui rêve
Moi
Ses mains sont vives
De vraies mains de sarcleuse
Tissées d'épées
Rompues à force d'indiquer l'heure matinale sempiternelle atroce du travail
Des mains à tenir amoureusement un bouquet de roses rouges sans épines
Et ce galop de buffles
Mes quatre volontés
Cette femme au soleil
Cette forêt qui éclate
Ce front qui se déride
Cette apparition au corsage brodé d'épaves
De mille épaves sur des vagues de poussière
De mille oiseaux muets dans la nuit d'un arbre
Il ferait beau penser à d'autres fêtes
Même les parades déshabillées défigurées ensanglantées par des grimaces de masques atteignent malgré tout à une sérénité condamnable
Et quel passant hors jeu juste au carrefour d'un sourire de politesse ne s'arrêterait pas pour saluer d'un éclair de la main le ventre impoli du printemps
Un panier de linge à la volée se calme tendrement
Sa blanche corolle s'incline vers ses genoux brisés
Aucune roture de couleur n'a barre sur lui
Et par la déchirure d'une dentelle
Il disparaît
Sur une route de chair
Boire
Un grand bol de sommeil noir
Jusqu'à la dernière goutte.
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II-

Petite et belle elle peut vivre sans miroir
Petite et belle elle peut vivre sans espoir

Les longs charrois de nuit et l'aube à petit feu
Ont dégradé son corps ont dévasté son coeur

Vivre toujours peut-être et patient je regarde
Le jour pâle épouser sans plaisir ses yeux vagues
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Postface et dessins inédits

Saint-Alban, Terre d'asile

(...)De retour à Paris, Eluard est profondément marqué par ce lieu et en parle souvent à ses amis et à sa famille.Sur ses conseils, sa fille Cécile et son futur gendre, Gérard Vulliamy, se rendent au cours de l'été 1945 à Saint-Alban, accompagnés de Tristan Tzara.Sur place, Gérard Vulliamy réalise de nombreux portraits d'hommes et de femmes, aliénés, qui dévoilent leur personnalité, leurs angoisses, leurs espoirs.Il inscrit souvent la date au bas du portrait, quelquefois le nom du modèle. En plus du dessin du cimetière de Saint-Alban où les croix sont déjà enveloppées par la brume de l'oubli. Paul Eluard choisit sept de ces portraits, uniquement des portraits de femmes, pour illustrer son poème
" Souvenirs de la maison des fous" qui paraît en janvier 1946 dans la collection " De Vrille" pour le compte des éditions Pro Francia.
(...) À Saint-Alban les avancées en faveur du malade se poursuivent.
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Écrivains et artistes chez Lucien Bonnafé

Si la guerre incite l'asile de Saint- Alban à s'ouvrir à la communauté villageoise, elle va surtout le pousser à s'ouvrir au monde.Deux jeunes psychiatres, Francois Tosquelles et Lucien Bonnafé, sont bientôt nommés à Saint- Alban.Affiliés aux réseaux de Résistance, ils vont apporter un nouveau souffle d'humanité à l'asile: les soins aux blessés de guerre, l'accueil de réfugiés et la publication d'ouvrages clandestins entraîne un brassage d' idées extrêmement riche qui fait de Saint- Alban un espace de liberté et de partage.(...)

Lorsque Paul Éluard est contraint de fuir Paris, il trouve refuge en novembre 1943, accompagné de sa femme Nush, dans ce lieu éloigné de tout, perdu en pleine Margeride (* Lozère)
Au cours de cette période, il continue d'écrire sous le pseudonyme de Jean du Haut et poursuit ses activités secrètes en liaison avec Paris.
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-I-
.Le monde est nul

Fausses guenons et fausses araignées
Fausses taupes et fausses truies
Et parfois l'ombre d'une biche
Sauvagement bêtes et malheureuses
Timidement femmes illuminées

(...)
Chantant la mort sur les airs de la vie
La terre leur est familière
Terre sans graines sans racines
Sans la lumière agile du dehors
Sans les clefs d'or de l'espace interdit.
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En 1939, lorsque la guerre est déclarée, la survie s'organise à Saint- Alban et l'ergothérapie prend tout don sens : on propose aux aliénés un travail gratifiant qui répond à un réel besoin de la communauté.À l'heure où les villageois subissent des restrictions, cette mesure favorise un rapprochement avec l'hôpital. Un troc s'organise aussitôt. Grâce aux matières premières fournies par les familles de la région, les patients confectionnent par exemple des tricots ou des chaussettes qu'ils échangent contre des denrées alimentaires.L'isolement est ainsi rompu et le malade retrouve une place dans la société à un.moment où la main d'oeuvre fait cruellement défaut.
Cette initiative, dans laquelle villageois et aliénés se sont unis pour survivre, reste unique dans toute la France occupée.
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