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Critiques de Paul Éluard (211)
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Derniers Poèmes d'Amour

Le titre donné à ce recueil qui rassemble plusieurs publications du poète semble sonner un peu comme une oraison funèbre...



Les poèmes couvrent la période de 1945 à 1951. Ce sont effectivement les derniers textes de Paul Eluard sur le thème amoureux, puisqu'il est mort en 1952, à 56 ans. Mais qu'on ne s'y trompe pas, le poète exalte toujours le désir, la flamme, la femme. Comme Jean-Pierre Siméon l'écrit dans la préface, c'est " un livre incandescent, brûlant d'aimer"...



Si dans " le temps déborde", en 1948, la perte brutale de sa femme Nush le laisse désespéré et ouvre les vannes du chagrin qui se déverse, le dernier recueil, après sa rencontre avec Dominique, fort justement intitulé " le Phénix", montre que l'amour est une (re)naissance perpétuelle, un feu couvant sous les cendres, jamais éteint.



C'est cette ultime partie de l'oeuvre qui m'a le plus attirée et émue. Je connais par coeur le sublime" Je t'aime" , je frissonne toujours en lisant " Air vif" et je ne résiste pas à l'envie de vous citer le poème qui pour moi est le plus magnifique hymne à la vie, l'espoir, l'amour que je connaisse:



" Et un sourire



La nuit n'est jamais complète

Il y a toujours puisque je le dis

Puisque je l'affirme

Au bout du chagrin une fenêtre ouverte

Une fenêtre éclairée

Il y a toujours un rêve qui veille

Désir à combler faim à satisfaire

Un coeur généreux

Une main tendue une main ouverte

Des yeux attentifs

Une vie la vie à se partager."



Des poèmes comme celui-là bouleversent les coeurs à jamais , mots solaires dans le gris des jours, baumes à l'âme, plumes de douceur ... Merci au poète pour toutes les émotions vibrantes qu'il m'a offertes depuis mon adolescence.



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Derniers Poèmes d'Amour

Derniers Poèmes d'Amour | Paul Éluard



Avec un tel titre je m'attendais à de la douceur, des déclarations d'adoration et aussi à un peu d'ardeur et de passion ! Je suis clairement restée sur ma faim. 



Finalement ce recueil oscille plus du côté de la nostalgie que dans le lyrisme. Peut-être car ce sont ces derniers poèmes comme le précisait le titre ? Ou alors peut-être que je ne suis tout simplement pas sensible aux mots de Paul Éluard et que je suis totalement passée à côté ! 



Dans tous les cas, sa plume ne me transporte pas particulièrement et ne sonne pas à mes oreilles comme j'aime entendre chanter les mots avec de la poésie. 



Voilà un des rares passages qui a su retenir mon attention:

Rien n'est plus clair que l'amour

Gisant dans son illusion

Debout dans sa vérité



Naître voyant chaque soir

Contre le mal dormir sourd

Rêver sans douter de soi



Les pas de plomb des larmesSur les rochers et notre joie

Des feuilles vertes dans les bois



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Dictionnaire abrégé du surréalisme

Ce document de 76 pages. abondamment illustrées offre au lecteur, en même temps qu’un panorama de l’expérience picturale surréaliste à travers le monde, des informations précieuses sur les poètes et plasticiens du mouvement. Mais son apport le plus fascinant consiste dans la moisson de ‘définitions’ pourtant aussi bien sur des concepts que sur des objets ou personnages choisis, définitions empruntées aussi bien aux grands anciens (Swift, Lichtenberg, Duchamp, Vaché) qu’aux surréalistes mêmes, d’Aragon à Scutenaire et Tzara-- ou résultant de l’‘invention collective’ telle qu’elle se révèle par les divers ‘jeux’

Ce document demeure, quarante ans après sa parution, un miroir exemplaire de l’illumination surréaliste à la fin des années trente. A nôtre époque de slogans et d’explications simplistes, son pouvoir éclairant, par contraste, n’a fait que grandir. Il est également significatif que le premier ‘dictionnaire du Surréalisme’ ait été écrit par les surréalistes eux-mêmes
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Donner à voir

Après Eluard, il n'est plus d'écriture. Après Eluard, tout est las.

Après Eluard, il est trop d'écriture. Un monde trop vaste, sans même une ligne d'horizon. Un dédale, doublé d'un espace infini, où l'on n'ose plus jeter ses propres mots. Phrases qui ne se veulent plus phrases. Aurores qui n'ont plus goût d'aurore.

Après la perfection de sa « flèche fine du dernier frisson », on n'ose même plus frissonner.

Avec Eluard, il se fait tard. Avec Eluard, tous les soirs, on risque un bout de la nuit.

Une poésie exigeante. Un monde d'imagination. Un monde à nul autre pareil. Toujours différent, « écume toujours neuve ».

Oui, c'est cela, un regard neuf à chaque seconde.

Pas nécessaire qu'il y ait un sens. La vérité « vraie » ce sont ces instants qui s'inventent les uns derrière les autres. Ces instants ne mentent pas.

Eluard où le risque permanent. Eluard refusant fièrement la médiocrité de celui qui n'ose pas. Eluard préférant tout à cela, même le risque d'être insignifiant. Être insignifiant c'est toujours mieux que n'être rien.

Sacré talent, quand même, pour décliner ainsi des instants qui ne veulent parfois rien dire et qui, malgré tout, ont quelque chose à dire.

Avec intégrité, en ne tombant jamais dans le facile.

Eluard c'est un fleuve qui avance. Inexorable, il charrie tout, rien ne lui résiste, il avance toujours.

Il se dit tout haut au grand jour. le grand jour ne lui fait pas peur.

Il énonce plus qu'il ne dénonce.

Il est cristallin, il brille sous le soleil. Par son mouvement même, il justifie à lui seul le soleil.

S'il n'avançait pas, si la parole n'était pas dite, alors le soleil ne servirait à rien.

Tandis que, là, le soleil luit et rebondit sur le fleuve qui avance.

Eluard donne sa chance à la lumière, par ce mouvement, par ces mots qui s'agitent en tous sens.

On peut trouver cela vain. Ça n'est pas mon cas.

L'être humain est un être relationnel, l'être humain est un être de parole, de signes vers ses semblables. C'est en lui, c'est comme ça. Tout ce qui peut justifier, susciter, exemplifier, libérer cette parole, comme il le fait pour la mienne en cet instant, tout cela ne peut pas être complètement vain.

Mais la tâche est immense devant Eluard, la tâche est infinie. « Rien ne se décrit suffisamment, rien ne se reproduit littéralement ». Ne reste qu'à inventer l'instant qui vient. « le poète, lui, pense toujours à autre chose. L'insolite lui est familier, la préméditation inconnue », il doit « recréer un délire sans passé ».

Eluard magnifie l'imagination, « source et torrent qu'on ne remonte pas », l'imagination qui est l'instant pur, l'imagination qui « ne ment jamais, puisqu'elle ne confond jamais ce qui sera avec ce qui a été ». L'imagination a la plénitude de l'inépuisable.

Tout cela tout en gardant le goût des mots qui, toujours, me séduit chez un auteur ou une autrice.

Pour lui, le poète ne doit pas évoquer mais inspirer. Il précise : « le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré ».

C'est ce qu'il appelle « donner à voir ». Ce livre est sa profession de foi.

Alors, oui, il y a de nombreux textes où j'avoue humblement n'avoir pas saisi grand-chose et où son écriture automatique n'a rien suscité en moi.

Sensation d'être passé à côté quand, par exemple, ne connaissant pas suffisamment les peintres ou les auteurs sur lesquels il écrit, je ne peux apprécier pleinement les poèmes qui leurs sont dédiés.

Bien sûr, je sens sa sincérité quand il nous partage son admiration pour Max Ernst, Man Ray, Miro ou Baudelaire.

Bien sûr, remarquable est son évocation de Picasso qui « nous a redonné, de la façon la plus audacieuse, la plus sublime, les preuves inséparables de l'existence de l'homme et du monde », qui cherche « une vérité totale qui joint l'imagination à la nature ».

Mais parfois, donc, ses mots me restent étrangers, ils passent sur moi sans aucune lumière.

D'autres fois ils s'éclairent, m'intriguent, me réveillent. Je prends ce que je peux prendre. J'en suis bien heureux et je m'en contente. Je ne saisis pas tout. Peut-être en suis-je incapable.

Parfois, dans tout un paragraphe, je n'attrape rien au vol. Pas grave, c'est ainsi. Tant pis si c'est un coup dans l'eau. Je ne crois pas qu'il m'en voudrait. Tout du moins je l'espère.

D'autres fois, il me perd en route. Ou bien sa pensée passe devant moi sans s'arrêter, elle me laisse de côté.

Moi, alors, je refuse la colère contre ces mots, même si je ne comprends pas où ils mènent. Je dis juste tant pis et je passe à la page suivante. Je ne m'avoue pas vaincu. Je sais qu'il y aura toujours une autre phrase, une autre source où se nourrir, que je gouterai, au sens où elle évoquera quelque chose en moi.

Toujours j'aime son exaltation et, quelques fois, sa puissance me laisse bouche bée.

Le côté ardu pour moi ce sont les parties durant lesquelles cet ouvrage théorise plus qu'il ne poétise. Je ne m'y attendais pas, cela m'a surpris.

J'avoue qu'il me perd un peu en route quand il théorise le surréalisme ou évoque le sur-rationalisme de Bachelard. Je comprends qu'il vante « l'imprudence intellectuelle », je saisis qu'il s'agit de « sentir autrement pour comprendre autrement » mais…. je ne saisis pas grand-chose d'autre….

Parfois, je le dis humblement, je n'ai pas compris et je m'interroge : peut-être n'y-a-t-il rien à comprendre ? Peut-être ai-je tort de chercher à comprendre. Peut-être devrais-je apprendre à ne pas chercher à comprendre.

Mais telle est ma nature. Chercher à comprendre est dans ma nature.

Je ne partage pas toujours son extrémisme, son côté péremptoire, la façon dont il tend, souvent, vers la turbulence.

Sa colère m'est un peu étrangère.

Fruit d'une époque qui n'est pas la mienne. Fruit d'une période très spéciale, de temps troublés et c'est un point très important je crois. On ne peut pas lire Eluard sans tenir compte du moment où il vécut (horreurs absurdes de la première guerre mondiale, montée des fascismes, 2ème guerre mondiale, essor de la psychanalyse, mouvement surréaliste…). Sans cela on ne comprend pas la tension constamment présente dans son propos, l'engagement politique du poète, marqué par son temps, les luttes sociales comme les guerres.

Sa passion absolue pour la liberté, sa révolte contre tout début d'abandon de sa liberté, il faut forcément les mettre en résonnance avec un temps où la liberté était autrement menacée qu'aujourd'hui (restons toujours vigilants quand même...).

Et j'aime sa liberté, cette façon d'ouvrir une fenêtre sur le large, cette espèce de vertige, comme devant le vide, cette assurance qui semble dire : je ne sais pas où je vais mais je sais devoir y aller et c'est tout ce qui compte.

J'aime son élan (« Nous imaginâmes l'inconnu. Notre idéal prit corps »), j'aime comme il engage au risque, tel un jazzman se jetant « Body and soul » dans son solo.

Y-a-t-il de l'orgueil en cela ? Sûrement.

Est-ce-malgré tout, aussi, ainsi, tenter la vie ? Et n'est-ce-pas mieux que de ne pas la tenter du tout, comme nous le faisons si souvent, aux jours insipides ? Ça se défend.

Finalement, après Eluard, il est encore de l'écriture.

Et peu importe, donc, toutes mes limites, toutes mes possibles erreurs d'interprétation, le poète m'a inspiré, CQFD.

Epilogue. Quelques lignes sur un cahier. J'ai ôté mes lunettes. Ou, plutôt, elles sont restées sur la table de nuit quand j'ai rallumé la lumière. Mes yeux de myope, collés au cahier, voient les mots s'inventer les uns derrière les autres et même, en s'approchant encore, voient l'encre s'emmêler en des lettres fragiles et maladroites. Comme si je redécouvrais l'encre de mon enfance, la magie des premiers mots, la fierté des premières pages d'écriture.

Oui, c'est cela, comme une preuve d'écriture.

Je veux dire, perdre l'écriture, écrire seulement via un clavier, ça serait perdre beaucoup. Au-delà du fond, la forme est déjà un trésor. Au-delà du sens, est le signe tracé par la main. La création pure. Cette trace c'est moi. Cette trace c'est mon existence. D'autres auraient pu écrire ces mots, mais pas exactement ces mots, je veux dire, pas tracés de cette façon, sur cette feuille-là. Cette trace c'est moi et moi seul. Je suis là :

Il reste une noblesse.

Et des mots arrachés à l'oubli.

Des mots qui s'osent nus.

Dans leur essence.

Même dénués de sens.

Comme la pulsation d'un coeur.

Qui commença un jour.

S'arrêtera un autre.

Et n'aura cessé tout du long.

C'est à prendre ou à laisser.

C'est ainsi.

La magie d'inspirer.

De donner à voir.

Qui l'eut cru ?

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Donner à voir

Un recueil passionnant, publié tel que l'avait conçu en 1939 Eluard lui-même. Les textes- méditations ou poèmes en prose,et bien sûr poèmes aussi, "donnent à voir" , en effet, pas seulement la cosmogonie amoureuse et lumineuse du poète, mais aussi sa conception de la poésie, ou encore ses émotions devant d'autres artistes, ses frères en images: les peintres.



Une prédilection pour les pages essentielles de L'Evidence poétique:



"Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré. les poèmes ont toujours de grandes marges blanches, de grandes marges de silence où la mémoire ardente se consume pour recréer un délire sans passé."



Un autre coup de cœur pour le chapitre "Peintres" où Eluard montre une incroyable faculté à dire en mots le mystère de Magritte, l'ironie de Max Ernst, la froideur glacée de Delvaux, le noir et blanc magique de Man Ray, la fantasmagorie de Dali.



La meilleure critique d'art n'est elle pas, souvent , une création qui répond en chant amoebée à la première, en utilisant toute la gamme des correspondances et synesthésies?...



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Donner à voir

Les poésies d'Eluard restent toujours dans un coin de mon coeur.....
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Donner à voir

"Donner à voir", publié en 1939, est un véritable petit bijou pour les amateurs de littérature. Car il est à la fois œuvre poétique et réflexion sur les enjeux et la nature de la poésie. Ce que donne à voir Paul Eluard aux lecteurs ne peut laisser indifférent. Quand il dit : « La poésie doit être faite par tous. Non par un », il parle au cœur, il bouleverse notre vieille perception bourgeoise de la poésie. Lire pour égayer son quotidien ne suffit pas, le désir de beauté est bien autre chose. Il est l’expression d’un manque que la simple raison ne peut combler. La poésie est ce qui fracasse les frontières de nos perceptions balisées.

A l’heure où les replis identitaires et individualistes se font de plus en plus entendre, clamer haut et fort la poésie d’Eluard est plus que nécessaire.

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Donner à voir

J'ai un parti pris pour Éluard qui est mon auteur préféré de tous les temps!

Comme c'est toujours le cas avec les recueils de poésie d'Éluard, j'ai trouvé celui-ci passionnant. Le titre est vraiment bien choisi, car on a effectivement l'impression de voir l'univers du poète à travers ses écrits. Ses émotions sont perceptibles et touchantes, même quand on ne comprend pas tout à fait le sens des propos. C'est encore plus vrai si on lit à voix haute les poèmes. Le choix des sons, chez Éluard, est un vrai don.
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Elle se fit élever un palais

"Elle se fit élever un palais" est un poème d'une dizaine de pages. le recueil est orné de beaux dessins gravés sur bois, très sensuels voire érotiques. Ce sont des portraits de femmes, souvent de profil, ce qui permet de mettre en valeur les seins – et même les tétons – qui pointent, évoquant le désir. La seule femme de dos est celle de la couverture, elle nous tourne le dos mais nous présente ainsi ses fesses. Dans le recueil, les femmes ont un ventre gonflé, bombé même, ce qui évoque une maternité, impression renforcée par d'autres images où une plante sort du sexe de la femme. Cependant, c'est comme si, pour moi, ces dessins ne racontaient pas la tout à fait la même histoire que le poème, qui lui commence par évoquer une figure féminine qu'on pourrait penser être une princesse ou une fée – puisqu'elle « se fit élever un palais qui ressemblait à un étang dans une forêt », et qui abrite le « trésor diaphane de sa vertu ». Mais il est bien question d'amour, d'amante (« ardente la plus belle des filles ardentes », de nuits : « Cherchez la nuit / Il fait beau comme dans un lit »

Je parle toutefois d'histoire, mais je ne suis pas sûre qu'il y en ait une, ce n'est pas un récit linéaire avec un début et une fin – on pourrait y lire l'initiation amoureuse d'une jeune fille, une sorte de quête initiatique à travers un paysage tourmenté, des ronces, des glaciers..., dans un univers merveilleux qui évoque celui des contes. J'ai surtout lu une succession succession d'images surréalistes, où les couleurs et les mouvements sont premiers. Je ne les aies pas toutes comprises, loin de là, mais je n'ai pas cherché forcément chercher à les interpréter, je me suis plutôt laissé emporter par leur force d'évocation. Et ces images poétiques sont sensuelles, de la danse, au lit, aux baisers et aux boucles, jusqu'au dernier mot du recueil : « nue ».

Une jolie découverte.
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Elle se fit élever un palais

Poème de Paul Éluard. Illustrations : bois gravés de Serge Rezvani.



« Elle se fit élever un palais qui ressemblait à un étang dans une forêt, car toutes les apparences réglées de la lumière étaient enfouies dans des miroirs, et le trésor diaphane de sa vertu reposait au fond des ors et des émeraudes, comme un scarabée. »



Ce poème aux accents mythiques, voire mythologiques, est une folie amoureuse, sensuelle et même érotique. Sublimé par les portraits de femmes quelque peu callipyges et terriblement énigmatiques dessinés/gravés par Serge Rezvani, le texte est précieux et délicat.



Produit en 16 exemplaires en 1947, le poème jouit d'une belle diffusion avec le fac-similé créé à l'occasion de la 21e fête de la librairie.
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Grain-d'Aile

Il y a quelque chose de magique à s'inscrire sur Babelio (bon sang, que ne l'ai je fait avant !), c'est que cela t'oblige au souvenir.

En matière de lecture, je ne fonctionne qu'au sentiment.

Ce soir, j'ai cherché tout au fond de mon coeur le tout premier livre avec lequel j'avais dormi (je pourrais t'expliquer mais ce serait long et un tant soit peu humiliant)

Et j'ai tapé le tire dans la barre de recherche.

Te rends tu compte ? Mon premier émoi du mot joli, c'est Eluard qui me l'a provoqué. Je le découvre ici alors que ce livre est dans ma commode depuis plus longtemps que mes premiers souvenirs !

Ma maîtresse de dernière année de maternelle, Mme Etoile (mince, ici aussi il y a de la poésie !), me l'avait offert lorsque je déménageais.

Alors évidemment hein, toi qui a plus de quatre ans et demi, tu as sûrement envie de te nourrir de plus qu'un fétu de paille virevoltant au vent.

Je te propose une jolie chose : s'il existe encore, offre ce bouquin à un enfant. Et comme décemment, tu l'auras lu avant par responsabilité adulte, tu auras la fierté d'offrir un peu de rêve à cet enfant.

Tout aussi léger et délicat que la protagoniste du livre.
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Grain-d'Aile

j'ai lu Grain d'aile, parce que je l'ai acheté coup de coeur, au musée Pierre Soulages, en septembre 2022 (peu de temps avant la disparition de Pierre Soulages). Pourquoi cet magnifique album de Paul Eluard était proposé dans la librairie du musée ? je ne le sais pas. Bref, le titre, son auteur évidemment, m'ont fait acheter cet album.

Délicat, drôle, un imaginaire incroyable, féérique, pour nous conter un des possibles voyages d'une petite fille si légère et si gentille, qu'elle fut nommée Grain d'aile.







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J'ai la beauté facile et c'est heureux

Là encore, je redécouvre un auteur que j'avais étudié lorsque j'étais au lycée et que j'avais malheureusement trop mal compris alors. De lui, je ne me souvenais que de ce vers "La terre est bleue comme une orange" (qui n'est d'ailleurs pas présent ici) mais j'ignorais alors que cet homme était bien plus que cela puisque c'était avant tout un grand poète qui a écrit sur des choses qui nous semblent incompréhensibles au départ et puis, lorsqu'on prend le temps de s'y attarder un moment, prennent tout leur sens.

Les quelques poèmes retranscrits ici et réédités à l'initiative de Télérama sont avant tout une consécration à l'amour mais aussi, et surtout, à la frustration qu'éprouve le poète devant le manque de mots pour tout ce qu'il voudrait pouvoir exprimer.



Un petit ouvrage pour un grand homme ! A lire, relire et surtout à faire découvrir !
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J'ai un visage pour être aimé - Choix de poèmes 1..

Une anthologie de poèmes choisis par l'auteur lui-même. Forts et sincères, ses textes sont bouleversants d'émotions. Paul Eluard se met à nu sous notre regard bienveillant et compréhensif. Je vous invite sincèrement à découvrir le mouvement de ses phrases, ses inflexions et ses harmonies, qui expriment toutes la liberté et l'amour.

Un livre que je garde toujours sur ma table de chevet, un véritable manuel pour la vie.
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J'ai un visage pour être aimé - Choix de poèmes 1..

Indiscutablement Paul Eluard fait partie de mes poètes préférés. Le présent recueil est une grande anthologie de sa production entre 1914 et 1951, une période qui couvre presque toute sa vie. Communiste, il a écrit des textes, influencés par son orientation politique, que je trouve bien tournés. Mais ce sont surtout ses autres poésies, inspirées notamment par l'amour, qui me ravissent. Ecrites simplement dans une langue limpide, elles me semblent éloignées des outrances du surréalisme pur et dur. Elles sont imprégnées de sentiments universels et ont l'apparence d'une grande sincérité.

Comme je ne sais pas bien formuler mes impressions, je vais m'en rapporter aux phrases si justes du préfacier de ce livre: « Avec Eluard, le va-et-vient de l'instinct et de l'intelligence, du pulsionnel et du raisonné, a quelque chose d'électrique, de soudain, de très naturel également. Il possède ce don de devin, dans lequel Rimbaud voyait toute la singularité du poète mais, de ce don, il n'entend pas en faire un privilège, c'est pourquoi il n'use que de la langue commune, la langue de tous. Ce qui ne l'empêche nullement de dévoiler comme personne la magie simple des mots par ailleurs sans prestige ».
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J'ai un visage pour être aimé - Choix de poèmes 1..



" J'ai eu longtemps un visage inutile,

Mais maintenant

J'ai un visage pour être aimé

J'ai un visage pour être heureux"



Ecrit en juillet 1918, dans " Poèmes pour la paix", le texte inspire le titre de cette anthologie, constituée par Paul Eluard lui-même, le sous-titre le montrant bien:" Choix de poèmes 1914-1951". Une vue fort large donc de son oeuvre poétique .



On y lit des textes très variés mais je dirais que trois thèmes majeurs s'en dégagent : l'amour évidemment , au coeur de sa vie et de son inspiration, l'engagement politique et social, et, surtout dans la première partie de son parcours poétique, la mise en oeuvre dans ses poèmes du surréalisme, même s'il s'en éloignera ensuite.



Je n'ai pas tout aimé dans cette anthologie fournie ( 420 pages!) , certains poèmes sont trop hermétiques ou n'ont rien suscité en moi, mais comme il est intéressant d' observer l'évolution poétique de l'auteur! Et de constater que c'est la femme, Gala, Nush, Dominique et d'autres, qui relance toujours son élan de vie, son désir d'écrire...



Ce n'est qu'un conseil subjectif, mais je pense que pour découvrir Paul Eluard, c'est " Capitale de la douleur, suivi de L'amour la poésie "qu'il faut lire. Son oeuvre la plus intense, la plus aboutie, selon moi...



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J'ai un visage pour être aimé - Choix de poèmes 1..

Composer une anthologie poétique est toujours un peu à double tranchant : celui qui la compose est amené à faire des choix, et choisir c'est éliminer. Et donc prendre le risque que le lecteur, justement, attende le poème qu'on a écarté. La solution, c'est que celui qui compose l'anthologie soit le même que celui qui en est l'objet : c'est tout bonus, vous comprenez, si le lecteur ne trouve pas son poème favori, il ne peut pas s'en prendre à l'auteur ni au compositeur de l'anthologie puisque c'est le même, et de plus, si c'est un inconditionnel du poète anthologié (stop néologisme !), il acceptera les yeux fermés les choix de son idole.

Quand l'anthologiste et le poète sont la même personne, c'est donc beaucoup mieux, et quand, de surcroît, cette personne s'appelle Paul Eluard, le risque de déception disparaît tout à fait.

L'anthologie ici présentée réunit, choisis par le poète lui-même, les plus beaux poèmes de toute une vie. Autant dire que c'est ce qui se fait de mieux sur le marché. On y trouve les poèmes de jeunesse, ceux de la guerre de 14 (avec les exceptionnels "Poèmes pour la Paix"), les poèmes de l'entre-deux-guerres, de l'époque surréaliste (dont "L'Amoureuse"), ceux de la Seconde guerre mondiale (dont "Liberté") et enfin ceux des dernières années. Autant de petits bijoux ciselés avec amour, sincérité, et un sens poétique inégalé : Eluard c'est une fluidité, une transparence, une fraîcheur, Eluard, c'est l'eau d'une source que l'on prend dans sa main, et qui nous abreuve de plénitude et de bonheur. Oui, même quand le poème est triste, ou révolté, il y a derrière les mots d'Eluard une plénitude, une bienveillance, une empathie, qui fait qu'on est d'accord avec lui, et d'accord avec nous-mêmes. Et pour chanter l'amour sous toutes ses formes, ce sont des mots de tous les jours qui deviennent des mots de toujours :

LESQUELS ?



Pendant qu'il est facile

Et pendant qu'elle est gaie

Allons nous habiller et nous déshabiller



Peut-on mieux décrire en si peu de mots, et avec autant de clarté, la fugitivité du temps qui passe et la nécessité de profiter à fond du temps présent ?



Autre inspiration : la guerre, l'Occupation, les années noires :



COUVRE-FEU



Que voulez-vous la porte était gardée

Que voulez-vous nous étions enfermés

Que voulez-vous la rue était barrée

Que voulez-vous la ville était matée

Que voulez-vous elle était affamée

Que voulez-vous nous étions désarmés

Que voulez-vous la nuit était tombée

Que voulez-vous nous nous sommes aimés



Deux courts poèmes sur les 280 présents dans l'anthologie. Tous plus beaux les uns que les autres...



Si vous n'avez pas les moyens de vous payer les Œuvres complètes d'Eluard (Bibliothèque de la Pléiade, 2 volumes), cette anthologie, disponible chez tous les bons libraires, vous tend les bras.

Et moi je vous souhaite bien du plaisir.

Je n'ai même pas à vous le souhaiter, le plaisir viendra de lui même, dès les premiers mots du premier vers du premier poème...

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J'ai un visage pour être aimé - Choix de poèmes 1..

Une anthologie d'Eluard par Eluard...et préfacée par André Velter!



Depuis "Je fis un feu" - un des premiers poèmes, sombre et désespéré, écrit juste après la dévastation de 14-18 - jusqu'aux strophes lumineuses de" La mort l'amour la vie", on parcourt librement les espaces légers et toujours ouverts de la poésie d'Eluard.



Une poésie jamais facile et toujours accueillante, innovante sans volontarisme, éternelle sans traditionalisme, si violemment humaine et si aérienne pourtant qu'elle s'envole, dans un grand froissement d'images inattendues..



On aime Aragon parce qu'on le comprend, qu'on le chante et qu'il s'imprime dans nos mémoires, mais on aime Eluard par ce qu'il nous surprend, chante en nous un air impossible à apprendre et ouvre à nos cœurs un espace sans mémoire, intensément vivant.



"J'ai eu longtemps un visage inutile,

Mais maintenant

J'ai un visage pour être aimé

Un visage pour être heureux"



C'est fort comme un talisman, non?



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J'ai un visage pour être aimé - Choix de poèmes 1..

un véritable concentré d'ELUARD. toute sa magie en un seul volume.

ses chemins, ses rêves, sesz contradictions. bref, à n'avoir qu'un livre de cet auteur, c'est celui ci.
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L'amour la poésie

« Mon amour pour avoir figuré mes désirs

Mis tes lèvres au ciel de tes mots comme un astre

Tes baisers dans la nuit vivante

Et le sillage de tes bras autour de moi

Comme une flamme en signe de conquête

Mes rêves sont au monde

Clairs et perpétuels.

Et quand tu n'es pas là

Je rêve que je dors je rêve que je rêve. »



L’amour la poésie, Paul Eluard @editionsfolio



Poète surréaliste, qu’il n’est plus nécessaire de présenter, Paul Eluard continue à nous charmer par-delà le temps, par-delà les mots, les émotions…



« Toi la seule et j'entends les herbes de ton rire. »



Que dire de ses métaphores, des images utilisées, des sons… de la lumière et des couleurs…



« La terre est bleue comme une orange

Jamais une erreur les mots ne mentent pas

Ils ne vous donnent plus à chanter

Au tour des baisers de s'entendre

Les fous et les amours

Elle sa bouche d'alliance

Tous les secrets tous les sourires

Et quels vêtements d'indulgence

À la croire toute nue.



Les guêpes fleurissent vert

L'aube se passe autour du cou

Un collier de fenêtres

Des ailes couvrent les feuilles

Tu as toutes les joies solaires

Tout le soleil sur la terre

Sur les chemins de ta beauté. »



Ah! Que de magie dans ses mots, que de beauté somptueuse quand il parle d’amour!



« Bouches gourmandes des couleurs

Et les baisers qui les dessinent

Flamme feuille l'eau langoureuse

Une aile les tient dans sa paume

Un rire les renverse. »



Et de souffrance aussi… l’être abandonné, désolé, profondément affecté!



« Je te cherche par-delà l'attente

Par-delà moi-même

Et je ne sais plus tant je t'aime

Lequel de nous deux est absent. »



La magie Eluard c’est de pouvoir donner un sens aux mots que l’on n’avait imaginé, un sens plus plein, plus lumineux, plus dense… intense!



« Il fallait bien qu'un visage

Réponde à tous les noms du monde. »



Quelques mots posés là qui revêtent un caractère sacré, magique, presque liturgique…



« Injustice impossible un seul être est au monde

L'amour choisit l'amour sans changer de visage. »



Et toujours la nuit, la nuit pour habiller ses songes, la nuit pour réfugier ses peines, la nuit pour s’oublier…



« Les étoiles ont pris la place de la nuit

Il n'y a plus que des étoiles toutes les aubes

Et la naissance de toutes les saisons du sommeil

Le visage des mains inconnues qui se lient

Vies échangées toutes les découvertes

Pour animer les formes confondues

Claires ou closes lourdes ou toutes en tête

Pour dormir ou pour s'éveiller

Le front contre les étoiles. »



Paul Eluard, c’est la promesse d’une échappée belle au pays des mots! ✨



« À l'assaut des jardins

Les saisons sont partout à la fois

Passion de l'été pour l'hiver

Et la tendresse des deux autres

Les souvenirs comme des plumes

Les arbres ont brisé le ciel

Un beau chêne gâché de brume

La vie des oiseaux ou la vie des plumes

Et tout un panache frivole

Avec de souriantes craintes

Et la solitude bavarde. »

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