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Critiques de Philippe Georget (95)
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Une ritournelle ne fait pas le printemps

Le Père Noël s'est montré particulièrement généreux , comme bien souvent , du reste , en déposant de nombreux romans sous le sapin et le dilemme a été douloureux . Par lequel commencer ? Mon choix s'est porté vers " une ritournelle ne fait pas le printemps " de Philippe Georget .

L'action démarre au cours de la procession de la Sanch à Perpignan : un pénitent assassiné lors de la procession annuelle et , pratiquement en même temps , cambriolage dans une bijouterie ....Après , pour en savoir plus , il faut lire la quatrième de couverture qui vous renseignera bien mieux que je ne pourrais le faire .

Ce que je peux vous dire , par contre , c'est que ce roman , je l'ai vraiment adoré. D'abord , Perpignan , ça fleure bon le sud de la France , une belle ville pour une belle région , une ville qui sent bon l'odeur flatteuse de bons plats régionaux dont l'auteur se repait , apparemment , mettant nos papilles en extase , juste ce qu'il faut ... Une ville " partagée " par le Têt, les uns là , les autres ici , les " riches " , les " pauvres " .... justement , les participants à la Sanch, ce sont les " bonnes familles " , celles nées du " bon côté ", " belles familles cathos " .....Bon , du bon côté ou pas , un mort , un hold - up , ça regarde la police et notamment le lieutenant Sebag , un personnage récurrent des ouvrages précédents de P Georget . Alors , qu'on se le dise : oui , on peut lire et apprécier ce roman sans avoir lu les autres , même si , je me permets de le dire , c'est tout de même dommage .Mais , bon , il me faut avouer que ...je n'en ai lu qu'un autre , fort bon ma foi , et que je ne renonce pas à lire les autres ......

Comme je l'ai suggéré , on découvre avec bonheur , la vie " intime " de cette petite ville de province mais , tout de même, il faut avouer ( très fort , non , le choix de ce verbe dans une enquête policière ?? ) que Philippe Georget possède un talent incontestable pour faire " avancer " les choses , pour se frayer un chemin dans les méandres obscurs de ces drames en série. On ne va pas très vite mais la méthode s'avère implacable pour découvrir le " coupable " , ses motivations , les preuves qui l'accablent , et relier entre eux des événements qui n'ont comme rapport que de s'être passés au même moment , dans la même ville ....C'est si bien écrit et maîtrisé , les dialogues sont si percutants que vous "devenez " le lieutenant et vous vous laissez guider jusqu'à entrevoir peu à peu les " tenants et aboutissants " . Votre implication en tant que lecteur vous fait passer d'un statut à un autre et vous vous prenez jusqu'au bout à un jeu qui va vous happer....Il s'agit là , à mon sens , d'une habilité de très grande classe .

Et puis , deux personnages vont vous étonner par leur présence obsédante et quelque peu " intrigante ". Il y a un SDF , " le libraire " , qui va peu à peu créer un lien "spécial" avec le lieutenant , un lien déconcertant , un lien émouvant et ...plus ....Et puis , "le fou chantant ", Charles Trenet ...Originaire de Narbonne , il avait une villa à Perpignan , une villa dans laquelle , à ce qu'on dit , certains soirs , oui , mais en même temps , ceux qui disent ça, sacrées langues de vipères ( ou ...pas ) ....une villa qui , curieusement , appartient désormais , mais oui , à un personnage essentiel de l'histoire !!!...Incroyable , non ? Et pourtant ....Vous aimeriez bien savoir lequel ....Oui , oui , mais moi , vous me connaissez , je sais tout mais ....je dirai rien . Ah si , une chose : avec ce roman , c'est sûr, vous allez " prendre votre pied " .Comment ça , vulgaire ? Moi , vulgaire ?. Lisez d'abord et .... Vous me direz ...et méfiez- vous des ...contrefaçons . le Père Noël est parfois " une ordure " , certes , mais , quand même, le plus souvent ....Y'a pas que les " clopes " dont le prix n'est pas le même à Perpignan et La Jonquére ......

En tout cas , moi , je le remercie du fond du coeur , le Père Noël car il m'a offert là un super bouquin ...mais ce n'est que mon avis et , bien entendu , vous n'êtes pas obligé(e)s de me croire .... Ceci étant, passez de très bonnes fêtes....
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L'été tous les chats s'ennuient

Un polar à la sauce hollandaise…



Pour quatre cent soixante-seize pages à dévorer à toute vitesse, procurez-vous impérativement:

- Trois femmes plutôt jolies d’origine hollandaise exclusivement,

- Un lieutenant de police de Perpignan avec femme et enfants,

- Un homme parfaitement détraqué amateur de jeux de pistes,

- Un chauffeur de taxi un peu louche,

- Un retraité inconsolable depuis le décès de sa femme.



Pour commencer, martelez la première jeune hollandaise et disposez-la sans vie sur un lit d’herbe dans un camping à Argelès. Laissez la reposer en paix, le retraité au bout du rouleau découvrira sans peine son cadavre !



Ensuite, mettez sous cloche le chauffeur de taxi pour le faire disparaître pendant un bon moment. Réservez !



Pendant ce temps, placez au froid dans une cave la seconde jeune hollandaise, Ingrid Raven, sous la surveillance du détraqué. Arrosez-la fréquemment tout de même pour la garder fraiche ! Pas glacé non plus…



Enfin, agitez le lieutenant de police Gilles Sebag pour retrouver le chauffeur de taxi et Ingrid Raven tous deux disparus. Plus vite, plus vite, battez le pavé ! Les familles s’inquiètent drôlement !



N’oubliez pas au passage le zest d’humour de Philippe Georget et pressez le tout aux éditions Jigal… avant de vous rendre compte que vous avez oublié d’incorporer la troisième hollandaise dans la recette.



Oups, c’est raté !



Pas de panique, ce n’est pas si grave ! Rallongez la sauce en prétextant une agression sur la troisième hollandaise. Ni vu, ni connu, saupoudrez de quelques chapitres en plus et le tour est joué !



Pour un premier essai, Philippe Georget s’en sort remarquablement bien et on se doute déjà du potentiel de l’auteur. Il faut dire que l’auteur m’avait déjà cuisiné d’une manière admirable dans « Le paradoxe du cerf-volant », une classe encore au-dessus de ce premier jet d’encre.



Personnellement, j’ai savouré du début à la fin cette histoire à la sauce hollandaise, non sans ketchup tout de même, le final étant haletant au possible. Résultat, quatre sur cinq, emballé c’est pesé !



Si L'été tous les chats s'ennuient...., moi, je ne me suis pas ennuyé une minute. Mon prochain Georget qui m’a été offert en août, s’intitule « Les violents de l'automne”, peut-être une histoire de crème anglaise sait-on jamais !

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Les violents de l'automne

Comment ? Vous ne reconnaissez pas cette célèbre strophe des « Violents de l’automne » ?



♫ Tout suffocant

Et blême, quand

Sonne l'heure… de la vengeance,

Il se souvient

Des jours anciens

Et il se meurt… en souffrance ♪



Il s’agit de Bernard Martinez, un pied-noir retraité non loin de Perpignan, qui repose en paix dans son appartement depuis trois jours, l’inscription OAS marquée ostensiblement en rouge sur une des portes.



En paix, façon de parler… Menotté à une chaise, cet ancien français d’Algérie a tout de même été torturé puis assassiné d’une balle dans la tête, laissant les murs dans un état déplorable.



Dépêché sur cette affaire par le commissariat de Perpignan, le lieutenant Sebag, que l’on avait découvert dans l’excellent « L'été tous les chats s'ennuient.... » servi à la sauce hollandaise, reprend du service pour notre grand plaisir.



En parallèle, Sebag a promis à sa fille de faire toute la lumière sur la mort d’un des camarades décédé en scooter le même jour de l’assassinat de Bernard Martinez. Mystère, mystère…



Dans un style toujours aussi fluide, Philippe Georget nous replonge dans la période trouble de l’Algérie française des années 60 et de ses possibles résurgences plus de quarante après.



Tout en mêlant histoire et polar, j’ai trouvé la mécanique bien huilée pendant la majeure partie du roman. Par la suite, j’ai été un peu déçu par le caractère beaucoup trop prévisible des évènements et une fin presque attendue. Trop de sous-entendus, pas assez de fausses pistes et au final un décryptage trop facile… d’une mécanique trop bien huilée !



Pour relativiser ma critique sur cet ouvrage, je tiens à préciser que Philippe Georget avait mis la barre très haute avec « Le paradoxe du cerf-volant », un roman noir plus qu’un polar, écrit après « Les violents de l’automne », qui m’avait littéralement subjugué par son originalité et son écriture.



Ainsi, pour ceux qui ne connaissent pas l’auteur, ce roman reste donc un bon cru malgré tout, les deux autres étant bien meilleurs selon moi. Philippe Georget, une valeur sûre à suivre de près !



Note 3.5-4/5

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L'été tous les chats s'ennuient

La devinette de l'été pour l'inspecteur Sebag : quel est le point commun entre trois jeunes hollandaises ? Elles sont toutes les trois jeunes et hollandaises ? Oui mais surtout, on a retrouvé le cadavre de l'une près d'un camping, une deuxième a disparu, et une troisième s'est fait agresser en pleine rue. Cela dans les environs de Perpignan.

Autres tourments en ce mois de juillet pour notre policier quadragénaire : qu'arrive-t-il à sa femme, à leur couple ? Comment laisser ses enfants adolescents quitter peu à peu le nid ?



Un polar plutôt classique : une équipe d'enquêteurs occupés par les affaires en cours et préoccupés par leur vie privée. Le tout est calme, pas de super-héros, pas d'action trépidante, Sebag n'utilise son gyrophare que pour échapper aux bouchons, un signe qui ne trompe pas !... Mais nulle place à l'ennui. Avec son air de ne pas y toucher, Georget met brillamment en scène des personnages crédibles et sympathiques, et leurs relations sont particulièrement bien vues - tensions, solidarité, mesquineries, diplomatie du chef - sans caricature... Le suspense réside davantage dans le 'pourquoi' que dans le 'qui'. Même si l'on est curieux de suivre ce jeu de piste complexe et impatients de connaître l'issue de cette course contre la montre.

Au-delà de l'intrigue policière, le roman propose des réflexions intéressantes sur le couple et la famille, via les cogitations et comportements de Sebag.



Je reste malgré tout un peu frustrée, j'ai encore des questions, m'sieur Georget, siou plaît ! Mais c'est une des habiletés de l'auteur, probablement : de ne pas nous mâcher le travail, de nous laisser autant d'incertitudes qu'aux enquêteurs à l'issue d'une affaire - ce qui doit être fréquemment le cas, je présume, dans la 'vraie vie' des policiers...
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Une ritournelle ne fait pas le printemps

Figurez-vous que je suis catalane, née à Perpignan et descendante de Colliourenc sur plusieurs générations (chacun ses défauts). Alors forcément, à la lecture du résumé de ce livre lors de la dernière Masse critique, mon coeur à fait un bond !



La culture catalane est omniprésente dans ce polar et c'est d'abord ce qui m'a procuré beaucoup de plaisir à la lecture : retrouver des lieux connus, des plats catalans (vous ne me ferez jamais manger une cargolada, par contre j'aime le pa amb tomaquet), des mots et expressions, des noms de familles existantes et, surtout, des traditions telles la procession de la Sanch (je me revois petite cherchant à reconnaître mon père parmi les pénitents à ses chaussures sous la Caparutxe*).



Même si la culture catalane tient une place importante dans ce récit, elle ne sert que de cadre à une intrigue policière fort bien menée. Qui a donc bien pu tuer Christian Aguilar en pleine procession de la Sanch ? le braquage d'une bijouterie à quelques minutes de là au même moment est-elle vraiment le fruit du hasard ? se peut-il qu'il y ait un lien avec le domicile de la victime qui a appartenu à Charles Trenet, le Fou chantant ? Autant de questions auxquelles l'inspecteur Sebag devra répondre avec son équipe. Et si l'on devine le nom du meurtrier, difficile de comprendre le mobile avant la toute fin !



Les personnages sont bien campés, les éléments relevant de l'enquête policière et de la vie personnelle de Sebag savamment dosés. Vraiment rien à redire à ce récit envoûtant .



C'est pourquoi je remercie du fond du coeur Babelio et les éditions Jigal pour cette madeleine de Proust qui plaira aussi bien aux Catalans qu'aux Parisiens (petit clin d'oeil) !



*https://www.mairie-perpignan.fr/fr/culture/grands-rendez-vous-annuels/la-procession-la-sanch
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Le paradoxe du cerf-volant

▲ Paradoxe quand tu nous tiens…



Si paradoxe (du cerf-volant) rime bien avec boxe chez Philippe Georget, nul besoin d’aimer ce sport de combat pour apprécier cet étonnant polar.



Comme pour le roman noir « La malédiction du Gitan » de Larry Brown, qui déroule dans une salle de boxe et musculation, la magie opère dans « Le paradoxe du cerf-volant » bien que ce milieu ne me soit pas du tout familier.



Une bonne droite en pleine poire, un uppercut par surprise dans le foie… la puissance de ce roman m’a touché en plein cœur.



▲ Paradoxe quand tu veux éviter le traumatisme crânien…



Plus étrange encore pour un polar, j’ai préféré les moments de vie ou le quotidien « ordinaire » (1) du héros du roman , Pierre Couture boxeur loseur de 27 ans, à la résolution proprement dite du meurtre horrible de Lazlo, un préteur sur gage croate dont Pierre se retrouve mêlé bien involontairement.



▲ Paradoxe quand tu vénères autant le polar, même avec des croates ou des bosniens…



Moi qui préfère habituellement la littérature anglo-saxonne, je dois bien avouer que Philippe Georget n’a rien à envier à bien des écrivains américains ou anglais que j’ai eu la chance de lire et de découvrir. Cette écriture mêlant humour, noirceur ou encore profondeur m’a littéralement envoûté du début à la fin.



▲ Paradoxe quand tu renies ton culte Bostonien…



Merci à Babélio et aux éditions Jigal de m’avoir fait découvrir cet auteur au talent d’écriture indéniable et dont je lirai assurément ses autres écrits. Bravo l'artiste !



▲ Paradoxe quand tu te fies au hasard de la découverte pour un Babélien…



(1) Je suis en train de lire l’excellent deuxième tome « Le combat ordinaire » de Larcenet dont le titre m’a fait sourire en rédigeant cette critique.

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Méfaits d'hiver

Très très bon polar. Je découvre avec "Méfaits d'hiver" cet auteur, Philippe Georget, que je vais donc rencontrer dans une semaine au salon polar du sud à Toulouse.



Très très bon polar, disais-je, une intrigue solide, avec une succession de drames avec un dénominateur commun, l'adultère, qui, touche aussi le lieutenant de police Gilles Sebag, dans sa chair...



Qui pousse qui à quoi, et pourquoi, voilà en gros l'énigme que doivent résoudre les policiers catalans, en plein hiver.



L'intrigue est donc solide, mais ce qui fait le gros + du récit, c'est tout ce qui tourne autour, avec des personnages, leurs troubles, leurs inquiétudes, leurs rêves. La tourmente entre le côté personnel et l'enquête.



Je ne me suis pas ennuyé une seconde. J'ose : la douleur autour de l'adultère sent le vécu...



Je vais probablement me faire dédicacer tous ces et ses romans sous huitaine ! Chouette !!
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L'été tous les chats s'ennuient

Bienvenue dans la région Perpignanaise, même si l’été bat son plein, l’inspecteur Gilles Sebag et son équipe ne sont pas en vacances. La disparition d’un chauffeur de taxi vient perturber le quotidien de ce commissariat catalan, l’enquête révèle que la dernière fois qu’il a été vu, il était en compagnie d’une jeune hollandaise qui elle-même a disparu. Peu de temps avant, à Argelès une jeune hollandaise a été retrouvée assassinée près d’un camping, il n’en faut guère plus pour penser à l’oeuvre d’un serial killer. Pourtant la fine intuition de l’inspecteur le guide sur une tout autre piste beaucoup plus tordue mais qui s’avèrera lucrative. S’ensuit un mystérieux jeu de piste mis en place par un être machiavélique qui fait tout pour s’assurer la coopération de l’inspecteur Sebag flairant en lui un bon flic à la hauteur de son jeu. Chacun des personnages rencontrés dans ce polar nous est familier que ce soit l’inspecteur, sa femme, ses enfants, ses collègues, les présumés coupables ou non, leurs vies nous ressemblent beaucoup. L’intrigue se déroule finement sans véritables éclats mais avec une sagacité remarquable qui en fait tout le charme. Ce premier roman primé par le prix SNCF du polar 2011 présente un talent prometteur avec lequel il faudra compter c’est certain.
Lien : http://ma-bouquinerie.blogsp..
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Les violents de l'automne

Un bon polar sur un thème toujours d'actualité. Mais j'ai eu la surprise de trouver les réponses aux questions avant le commissaire, enfin le lieutenant, ex-inspecteur, pour être précis. De deux choses l'une, soit je fais des progrès, soit l'intrigue était cousue de cheveux blancs... J'aurais pu me passer complètement de l'histoire de Sebag et des ses doutes vis à vis de l'infidèlité de sa femme. Superflu. En résumé, du solide polar régional (quelques touristes de plus assurés!) sur un fond historique franco-algéro-international.
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Les violents de l'automne

Le hasard qui guide mes lectures fait que j'enchaine en ce moment deux livres qui se rapportent à la même période historique. Après De ruines et de gloire d’Akli Tadjer, voici un autre roman qui traite de la guerre d'Algérie, vue cette fois-ci cinquante ans après les événements, par ceux qui ont été rapatriés d'Algérie (terme qu'ils contestent, puisqu'ils sont nés et ont vécu en Algérie toute leur vie). Le corps d'un homme, déjà âgé, est retrouvé, il a été assassiné, et sur la porte de son logement, trois lettres, trois lettres qui ne parlent pas à la jeune génération, trois lettres qui ont cependant semé l'effroi à une époque : OAS. Est-ce à dire que cet homme a fait partie de ce mouvement, est-ce à dire que ce mouvement veut se venger de lui des années après ? Parce que oui, franchement, qui peut avoir envie de se venger cinquante ans après les faits ? Plus de personnes qu'on ne le croit, il n'y a pas de prescription pour cela !

Parallèlement, le lieutenant Sebag enquête sur la mort d'un ami de sa fille, tué à quatorze lors d'un accident de scooter. Il pense que le policier chargé de l'enquête est allé un peu trop vite en besogne, mais il n'est pas facile d'enquêter quand l'enquête est officiellement terminée, il faut être discret, et ce n'est pas toujours facile.

J'ai aimé l'aspect historique de ce roman, le fait de nous replonger dans ces années dont on parle peu, voire très peu, le fait de nous montrer quel chaos régnait là-bas, ce qui parait presque incroyable vu de notre point de vue. J'ai eu l'impression que l'on avait balayé sous le tapis non seulement les événements, mais surtout les conséquences qu'ils ont eu sur le long terme - comme si, finalement, il n'y avait jamais eu de conséquences !

Moins réussi à mes yeux est la partie vie personnelle du lieutenant Sebag, qui craint que sa femme ne l'ait trompé, exprimera sa jalousie, assez constante il faut bien le dire, mais ne se confrontera pas à elle, ce qui n'aurait, d'ailleurs, peut-être pas réglé son problème. Ces passages ne m'ont cependant pas empêché d'apprécier toute la partie historique, et toute la partie policière, ce qui est déjà beaucoup.
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L'été tous les chats s'ennuient

Sur trois jeunes Hollandaises en vacances dans la région de Perpignan, une est retrouvée assassinée, une autre est victime d'une tentative d'enlèvement, la troisième enfin disparaît. Le commissaire local Costello et son collègue Lefèvre envoyé de Paris en renfort pensent que ces faits sont liés et qu'un sérial-killer sévit dans la région. Gilles Sebag est inspecteur de police au commissariat de Perpignan et ne partage pas l'analyse de sa hiérarchie. Il est convaincu que les trois affaires ne sont pas nécessairement liées et que l'homme qui a enlevé Ingrid Raven et qui s'est enfin manifesté a décidé de les mener en bateau et de jouer avec eux au chat et à la souris. Le ravisseur choisit Gilles Sebag comme interlocuteur privilégié pour un jeu de piste macabre. Comme dans tous les classiques du genre, parallèlement à l'enquête, on assiste au déroulé de la vie privée du policier qui va inévitablement interférer avec les exigences de sa vie professionnelle. Seul petit reproche : l'histoire traîne un peu en longueur. Pour autant, l'intrigue est prenante, le suspense est bien ménagé. Il y a dans ce polar une vraie atmosphère, avec des personnages crédibles et attachants. En résumé, j'ai passé un bon moment à lire ce thriller que je recommande sans réserve.







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Tendre comme les pierres

Roman très dense, sans temps mort qui m'a passionné de bout en bout. D'abord pour le contexte, qu'il soit géographique, géo-politique, archéologique, historique. Les paysages sont sublimes, bien décrits et on oscille entre l'envie d'y aller et celle de préserver les lieux ; j'ai frémi aux descriptions des touristes qui consomment sans vraiment apprendre à connaître. Ensuite pour les personnages, un peu caricaturaux certes, l'homme mur désabusé et la jeune femme (qui pour une fois n'est pas un mannequin anorexique, mais plutôt une femme ronde, pas très courant dans les romans) qui ont du mal à s'entendre au début, puis qui finissent par s'apprécier voire beaucoup plus, mais ils sont attachants, intéressants et les relations entre eux (avec tous les autres intervenants, flics, Bédouins, touristes, ...) sont bien décrites, font avancer et l'intrigue et la réflexion sur le rôle, l'importance et les nuisances du tourisme, sur cette volonté des Occidentaux de toujours aller plus loin, de savoir plus, de ne rien laisser "indécouvert", parfois à n'importe quel prix. Enfin, pour l'intrigue, car intrigue il y a : l'ombre et l'âme de Lawrence d'Arabie flottent sur ce roman.

Reprenons point par point. Les paysages, les Jordaniens. On sent que Philippe Georget connaît bien le pays et qu'il s'est documenté. Il décrit le pays actuel, Pétra, le désert, le chantier de fouilles. Il parle aussi de l'histoire de la région, mais aussi des croyances, des légendes. Les personnages du roman : Mélanie l'archéologue, Lionel le journaliste qui après des échanges aigres-doux vont débuter une histoire d'amour, qui vont tout faire pour innocenter Rodolphe Moreau, ils penchent pour la thèse du coup monté. Rodolphe, justement qui se morfond dans sa cellule et dont on comprend assez vite qu'il a fait une découverte fabuleuse qui pourrait bien être la cause de son enferment. Nacer, le coordinateur local de plusieurs chantiers qui ne paraît pas très clair, ni Ali le flic. Et d'autres encore, aides ponctuelles, Bédouins énigmatiques, ...

L'intrigue qui tient jusqu'au bout en rapport très étroit avec Lawrence d'Arabie. Philippe Georget sait créer le doute dans les esprits : qui sont les "méchants" ? Les "gentils" ? Sont-ils bien distincts les uns des autres ? Y a-t-il réellement des "méchants" et des "gentils" ? C'est beaucoup plus fin et compliqué que cela. Et comme je l'écrivais un peu plus haut, il nous pousse à la réflexion sur le tourisme, la volonté des Occidentaux de ne point laisser de terres inconnues quitte à bousculer les traditions, les rites et mythes locaux. J'ai beaucoup aimé cet aspect du livre, qui en plus d'être passionnant oblige à se poser des questions.

Un roman qui sort des sentiers battus, qui fait la part belle aux pays et habitants que le lecteur rencontre. Bien écrit, pas mal dialogué, mais jamais au détriment des descriptions des lieux, plus pour booster un peu l'histoire d'amour et l'intrigue, c'est un roman qui malgré ses 342 pages en petite police de caractère se lit très vite (une fois dedans, on ne peut plus le quitter), qui dépayse et qui instruit.

Je ne suis pas vraiment parvenu à canaliser mon enthousiasme, j'aurais voulu citer plein d'extraits, montrer combien ce bouquin est excellent pour plein de raisons. J'espère néanmoins vous avoir donné envie, notamment à ceux qui ne jurent que par les romans états-uniens (et aux autres aussi bien sûr) ou qui dénigrent aisément les auteurs français ; laissez-vous tenter, vous verrez qu'en France on sait aussi faire de très bons romans d'aventures. La preuve avec Tendre comme les pierres. J'avais conclu d'une manière quasi-similaire un récent billet consacré à un autre livre publié chez Jigal, une preuve que cette maison d'édition fait un boulot remarquable !


Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Méfaits d'hiver

Je poursuis ma découverte des enquêtes de Gilles Sebag, policier muté à Perpignan avec femme et enfants…



Elles sont l’œuvre de Philippe Georget, un auteur découvert en m’intéressant à feu les éditions Jigal Polar.



Né dans la région Parisienne, Philippe Georget, alors journaliste pour France 3 région, est muté à Perpignan.



En 2009 paraît son premier roman, « L’été tous les chats s’ennuient », mettant en scène le lieutenant Gilles Sebag qui comme lui, muté à Perpignan, découvre la région au travers de ses enquêtes et de ses footings…



« Méfaits d’hiver » est donc la troisième enquête de Sebag (qui suit « Les violents de l’automne ») et se déroule dans la foulée des précédents.



Après de longs mois à se douter de l’infidélité de son épouse, Gilles Sebag obtient enfin la réponse et… la confirmation des écarts de sa femme. Le coup est rude… d’autant plus rude que ses enquêtes vont le confronter à d’autres drames de l’infidélité… le destin se jouerait-il de lui en mettant tous ces cocus sur sa route ? Ou bien toutes ces affaires seraient-elles reliées ?...



Bon, à la suite de mes lectures précédentes, j’avais évoqué tout le bien que je pensais de la plume de l’auteur, de son héros… tout en contrastant mes propos du fait que j’étais agacé par la place que prenaient les doutes de Sebag sur la fidélité de sa femme.



Cette confirmation arrivant très rapidement dans ce roman, j’espérais que l’auteur et le personnage passeraient à autre chose… mais je me trompais, l’infidélité étant le sujet central du roman, celui du personnage central, mais également celui des personnages secondaires… à croire que dans le monde de Philippe Georget, tout tourne autour de l’adultère…



Du coup, moi qui étais agacé de la place que prenait ce travers (de porc) dans les précédents épisodes, je ne peux qu’être encore plus irrité ici, et ce malgré la plume toujours aussi agréable de l’auteur, un personnage malgré tout intéressant et attachant et le plaisir de visiter ma région à travers la plume d’un écrivain…



Mais l’infidélité n’est pas le seul défaut récurrent de la série, il y a aussi cette volonté de l’auteur de singer les écrivains à succès de Thriller en usant d’un système narratif qui semble devenir une obligation pour eux : la narration alternée… alternée entre deux histoires qui finiront par se rejoindre, ou entre deux époques, ou entre l’enquête et le tueur et/ou la victime.



Je sais bien qu’au départ cet artifice sert à rythmer un récit et à forcer le lecteur à tourner les pages pour retrouver l’enquête au plus vite, et, si, parfois, il peut servir le roman, la plupart du temps, pour moi, il le dessert… il le dessert d’autant plus quand les chapitres alternatifs sont très courts, tombent comme un cheveu sur la soupe et n’apportent rien à l’intrigue.



Et, malheureusement, c’est le cas ici avec des chapitres dévolus au coupable qui non seulement ne servent à rien même s’ils sont, je suppose, être là pour aiguiller le lecteur sur l’identité du « méchant ». Sauf que celui-ci se donne un surnom ridicule « The Eye » qui a pour but d’aiguiller le lecteur, mais qui sonne faux et qui est surtout inutile, car le lecteur, lui, contrairement au policier, a vite compris qui était le corbeau de l’histoire.



Malgré tout cela, tous ces défauts qui, pour moi, seraient rédhibitoires, la plume de l’auteur parvient à suffisamment me charmer pour que je fasse avec même si j’aurais préféré faire sans.



D’autant que l’intrigue, au final, se révèle légère (dans tous les sens du terme) et que ce n’est pas elle qui va tenir le lecteur en éveil.



Au final, un roman policier basé sur les infidélités, celle de la femme du héros, mais aussi celles des différents protagonistes, le tout sur un fond d’intrigue pas très intéressant. Mais la plume de l’auteur et l’attachement à un personnage intéressant et touchant parviennent à faire passer la pilule...
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Méfaits d'hiver

Je tiens tout d'abord à remercier masse critique Babelio ainsi que les éditions Jigal pour l'envoi de " Méfaits d'hiver".



C'est un polar dont le thème est d'actualité et qui tourne autour du drame à l'adultère.

J'ai suivi avec intérêt Gilles Sebag, lieutenant de police à Perpignan. Ce dernier apprend que sa femme, Claire, l'a trompé avec un professeur. Après vingt années de vie commune et deux enfants, ce lieutenant va profondément voir sa vie basculer.



En parallèle il va devoir d'ailleurs suivre une enquête où l'adultère est omniprésent; une femme a été tuée d'une seule balle à l'hôtel de Gecko. La jalousie est elle à l'origine de ce drame?

En coopérant avec le lieutenant Ménard, Gilles essaie tant bien que mal d'élucider cette affaire. D'autres drames vont s'enchaîner par la suite et s'entremêler mais de quelle manière?



L'auteur, Gilles Georget, a su littéralement m'emporter dans cette histoire bouleversante. Même si le thème a été évoqué dans d'autres romans, "Méfaits d'hiver" reste époustouflant et captivant.



J'ai aimé suivre principalement Gilles, ce lieutenant car au fil des pages son comportement et sa façon de penser amènent le lecteur à presque vivre et à ressentir toutes ses émotions au cours de cette enquête.



" Tomber sur le meurtre d'une femme adultère par un mari le jour même où il apprenait que Claire l'avait trompé. Il valait en rire que pleurer."





Pas un seul instant je ne me suis ennuyée à la lecture de ce roman. Des rebondissements sont au rendez vous. Écrit en petits caractères, j'avais peur que ce soit laborieux mais quelle belle surprise et découverte!!!



J'ai été captivée par l'intrigue et les personnages sont psychologiquement bien décrits; la léthargie de Gilles m'a profondément bouleversée. Fumer cigarette sur cigarette et avaler des doses de Whisky à profusion ne font pas bon ménage et n'arrangent pas forcément la souffrance de ce cher lieutenant.



" Il faut soigner le mâle par le malt."



Dans " Méfaits d'hiver", il y a aussi de la tendresse, la complicité entre Gilles et Claire n'est peut être pas pour autant terminée. L'auteur a l'art d'ajouter une petite touche émotionnelle à travers ce couple.



Dans " Méfaits d'hiver", la violence n'est absolument pas physique mais morale. Morale car le drame à l'adultère nous anéantit et nous percute de plein fouet.



" Méfaits d'hiver" est donc un roman totalement réussi, maîtrisé et d'une telle intensité que vous serez conquis à la lecture de ce dernier.


Lien : http://delphlabibliovore.blo..
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Méfaits d'hiver

Nom : Philippe Georget. Titres des romans lus : Tendre comme les pierres, mention excellent, Le paradoxe du cerf-volant, époustouflant et le petit dernier, Méfaits d'hiver, excellent itou. Contrairement aux deux précédents, ce dernier n'est pas vraiment exotique ni dans le monde qu'il décrit ni dans les lieux. C'est un roman on ne peut plus basique : l'adultère, les relations hommes/femmes, le regard des autres sur un homme ou une femme trompé par son conjoint. Dit comme cela, ça ne fait pas vraiment envie, et pourtant sa force est de captiver le lecteur avec une intrigue policière basée sur ces faits. De même on pourrait se dire que le flic trompé qui enquête sur des faits qui ressemblent à ce qu'il vit, c'est du déjà vu. Certes, mais là où il est bon P. Georget, c'est qu'au lieu de faire redondance, le comportement de son flic nous plonge totalement dans l'intrigue. C'est un polar dense, 350 pages en petits caractères, on ne s'y ennuie jamais parce que le scénario est impeccable, maîtrisé et que les personnages, Gilles Sebag en tête sont fouillés, détaillés. Il y a des pages excellentes sur l'introspection de Gilles, sur ses questionnements suite à la découverte de la tromperie de Claire, sur la difficulté qu'il a de ne pas penser aux deux amants dans des moments intimes ou simplement dans les mots tendres qu'ils ont dû s'échanger. L'alcool, les insomnies ne seront pas forcément bons conseillers, néanmoins, ce sont deux béquilles provisoires. De belles pages aussi du point de vue de Claire -et des autres femmes- qui ne comprend pas toutes les raisons qui l'ont poussée à tromper Gilles, qui l'aime et veut le reconquérir. Le couple comme base de polar, il fallait y penser et oser.



P. Georget a su créer une équipe de flics que l'on aura plaisir à retrouver : Gilles, le flic intuitif, celui qui mène les enquêtes, un rien blasé qui a "sacrifié" sa carrière pour favoriser sa vie de famille ; son copain Jacques Molina, le flic blagueur, lourd mais qui a le don pour détendre l'atmosphère ; François Ménard, le frustré, celui qui aimerait qu'on le considère à hauteur de Sebag et qui en est jaloux et Julie, jeune flicque efficace, à l'écoute, la touche féminine avec Elsa, la policière scientifique. Tout cela fonctionne très bien sous l'autorité du commissaire Castello et si l'action n'est pas le principal ingrédient du livre, Sebag préfère la réflexion et le travail de fourmi, le vrai quotidien des flics, le suspense et la tension montent tout au long des pages. En cela, on est assez proche d'un roman policier de type Mankell/Wallander : le travail, le travail et la vie pas facile des hommes et des femmes des forces de l'ordre... et le travail.



Ajoutons à tout cela, une écriture vive, simple, directe, un sens de la formule évident, dans les dialogues, notamment ceux de Molina qui aime détourner ou inventer des proverbes : "Tout ça, ce ne sont que des poils de cul dans la chevelure d'un hippie, des broutilles, des détails..." (p.106) et vous avez dans les mains un très bon roman policier que vous ne lâcherez plus jusqu'au dénouement et même si tout fonctionne comme chez moi, vous aurez envie de retrouver l'équipe du commissaire Castello dans d'autres aventures.
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Le paradoxe du cerf-volant

Qu'il est difficile de décrocher de ce roman noir ! Une fois commencé, c'est fichu, on ne peut plus le lâcher. Époustouflant et à couper le souffle, pourrais-je dire si je ne craignais pas la tautologie. Rien, à part une malheureuse phrase p.409 ne vient gâcher le plaisir : "J'ai poussé comme j'ai pu dans la jungle des foyers éducatifs. J'ai cru pouvoir me reposer dans des familles d'accueil qui n'étaient que des repères de pédophiles." Arrgh, je m'étrangle, moi, assistant familial, dont le métier est de protéger des enfants en les accueillant dans ma famille ; dans certaines situations, on peut même mettre la nôtre en danger, je suis sidéré par cette phrase, à laquelle j'accorde sans doute trop d'importance, qui doit être plus maladroite qu'accusatrice (même si je ne nie pas certains actes abominables de collègues envers les enfants qu'ils sont censés protéger, ils restent très largement minoritaires. Fort heureusement !).

C'est la seule maladresse de ce livre, parce que le reste est absolument maîtrisé, tant dans l'écriture que dans le déroulement des intrigues, dans le fait de distiller des indices, des explications çà et là ou dans la description de ses personnages ou encore dans les explications historiques des faits évoqués. L'écriture pour y revenir, est vive, dynamique, alterne les descriptions, des dialogues aux réparties piquantes, ironiques, vaches ou drôles :

"J'allume ma cigarette et tire une première bouffée.

- Tu fumes de nouveau ?

Je me retourne. Sergueï. Je n'avais pas reconnu son accent, c'est normal : il roule les "r" et y'en avait pas dans sa phrase." [...]

- Faut pas se fier aux apparences, Sergueï. Tu vois, j'ai mes chaussures aux pieds et, pourtant, je ne marche pas !" (p.30/31)

Pierre Couture est un type de 27 ans qui se pose beaucoup de questions sur son avenir, la boxe semble être derrière lui désormais et sur son passé également, père et sœur morts dans un accident et mère suicidée lorsqu'il était très jeune, d'où ses séjours en foyers et familles d'accueil. Il travaille à mi-temps au café de la poste, vit dans un petit appartement au-dessus du périph parisien, rien de bien folichon. Lui même n'est pas guilleret, boit beaucoup et ne recule jamais devant un coup de poing à donner. Malgré cette relative tièdeur du personnage principal, ou grâce à elle, car il va se révéler pugnace, c'est un polar haletant, on ne comprend pas bien dans quelle affaire est tombé Pierre, mais on sait que ce panier de crabes est une nasse de laquelle il est ardu de s'extirper ; et petit à petit, l'auteur nous lance des bribes d'explications, des indices, qui une fois regroupés font sens, et il use parfaitement des rôles du diplomate ou du journaliste -procédé littéraire simple, pas toujours aisé à insérer élégamment dans un récit et très efficace, qui arrive ici naturellement- pour éclairer notre lanterne quant à la guerre entre les Serbes, les Bosniaques et les Croates au début des années 1990-, et d'un coup tout devient limpide.

Franchement, jamais je n'ai senti de longueur dans ce bouquin, j'ai retenu mon souffle durant ma lecture et croyez moi, pendant 416 pages, denses et en petits caractères, c'est long, j'ai dû friser l'arrêt respiratoire plusieurs fois, pour la bonne cause, bien sûr, savoir comment Pierre allait se sortir -ou pas - de ce guêpier trop complexe pour lui.

Quant au titre, un rien énigmatique, éclaircissements page 351, je laisse le suspense...
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L'été tous les chats s'ennuient

Comme vous devez commencer à le savoir si vous lisez mes chroniques (oui, il est toujours bon de rêver), je suis un féru de romans policiers, encore plus quand ils mettent en scène un enquêteur récurrent.



Lassé par les thrillers à succès suivant toujours la même recette pour ne pas décevoir les lecteurs, je me plonge souvent dans les récits d’antan. Mais, parfois, j’aime aussi découvrir des auteurs contemporains moins connus et le travail d’éditeurs régionaux.



Après avoir testé des ouvrages d’un éditeur de ma région, T.D.O. Éditions, ceux de petits (pas si petits) éditeurs bretons comme Palémon, voilà que je me penche enfin sur le travail d’un éditeur qui me fait de l’œil depuis longtemps : les éditions Jigal ou Jigal Polar.



Il était temps, me direz-vous, pour un éditeur qui existe depuis 1998.



Oui, il était d’autant plus temps que l’éditeur a mis la clef sous la porte voici six mois.



Peu importe, les éditeurs passent, les écrits restent.



Alors, qui choisir dans ce vaste catalogue ? Mon choix s’est porté sur des récits se déroulant dans mon département : aux alentours de Perpignan.



Et c’est donc « L’été tous les chats s’ennuient » de Philippe Georget qui a remporté la timbale.



Philippe Georget, bien que né en région parisienne, a fini, après moult aventures, à se retrouver à Perpignan suite à une mutation en tant que journaliste pour France 3.



En 2009, il fait publier son premier roman, « L’été tous les chats s’ennuient » mettant en scène un personnage qu’il reprendra par la suite dans toutes les saisons, Gilles Sebag, un lieutenant de Police muté à Perpignan avec femme et enfant.



Ce roman a remporté trois prix littéraires en 2010 (le prix Sang pour Sang polar ; le prix Arsène Lupin ; le prix Polar).



Le policier, depuis la naissance de son fils maintenant grand ado, s’est plus concentré sur sa famille que sur son boulot et fait bien souvent le strict minimum au travail. Pourtant, il n’est pas dénué de qualités en tant qu’enquêteur…



Gilles Sebag, inspecteur de Police muté quelques années auparavant à Perpignan avec toute sa famille, craint l’été qui débute. Son grand fils va partir à un stage d’apprentissage de la moto, sa grande fille, s’en va en vacances avec la famille d’une copine en Espagne. Et il craint de se retrouver seul avec sa femme pour la première fois depuis la naissance des enfants. Mais sa femme aussi, va le laisser, pour partir en croisière avec une amie.



Heureusement pour lui, une sordide affaire va le tirer de l’ennui. Quelqu’un semble s’en prendre à de jeunes Hollandaises en vacances dans le département. Une jeune femme est assassinée à Argelès plage, une autre disparaît et une troisième échappe de peu à un enlèvement…



L’été, tous les chats s’ennuient, sauf quand les souris les narguent. Mais qui est le chat, qui est la souris dans cette histoire ?



C’est étrange de découvrir son département par les yeux d’un « étranger », encore plus quand celui-ci les voit par ceux d’un autre « étranger ». En clair, quand le département est mis en valeur par un personnage étranger au département et que l’auteur qui le fait vivre est lui aussi étranger au département.



Ainsi, Philippe Georget s’empresse de présenter les beautés de la région à travers les yeux de Sebag qui aiment faire son jogging dans les montagnes, que ce soit autour de Castelnou ou lors de randonnées au Canigou (le symbole du département avec le Castillet).



L’auteur doit apprécier la région pour en occulter certains travers, mais passons sur le sujet.



La seconde chose qui titille l’esprit est l’impression de ne pas se retrouver dans un premier roman. Cette impression est autant due à une plume fluide et maîtrisée que, surtout, au fait que le personnage semble présenté comme si le lecteur avait déjà eu l’occasion de le découvrir auparavant.



Gilles Sebag n’est pas fraîchement muté à Perpignan, l’auteur évoque très légèrement son passé de policier…



Bref.



Philippe Georget fait donc jouer un second rôle au département, à Perpignan, au Canigou, à Castelnou, à Força Réal, à Saint-Estève, que des endroits que je côtoie depuis des lustres ou que je vois tous les jours (de loin, en ce qui concerne le Canigou et Força Réal)…



C’est étrange cette sensation de suivre l’enquêteur en terrain connu… Étrange pour un Catalan (du nord, comme dirait l’auteur), car rares sont les auteurs (à part moi) à utiliser mon département comme terrain de jeu de ses personnages.



Alors, l’auteur oublie d’évoquer la tramontane omniprésente, les côtés négatifs de Perpignan et plein d’autres choses, mais passons.



L’auteur nous propose un personnage assez éloigné des héros-enquêteurs usuels, ce qui est un atout.



Il évoque beaucoup les problèmes familiaux du policier (trop ?) surtout ceux de couple (trop !) notamment l’amour immodéré du policier pour sa femme et ses enfants et ses doutes concernant la fidélité de sa femme.



C’est d’ailleurs cette question (sa femme le trompe-t-elle ?) qui prend souvent le pas sur l’enquête criminelle à tel point que le lecteur est pressé de savoir pour passer à autre chose (enfin, moi, car c’est souvent un travers qui me lasse, les affaires de famille dans un récit policier).



Côté enquête criminelle… on ne peut pas dire que l’auteur élève le genre à un niveau extraordinaire. L’intrigue, bien que cherchant à jouer sur différents niveaux (le potentiel tueur en série ; le psychopathe égocentrique ; le criminel intelligent cherchant à jouer avec la police…) ne parvient pas à se hisser à un niveau qui tient le lecteur en haleine.



Finalement, assez simple, cette intrigue n’est finalement qu’un prétexte (ou presque) à faire visiter certains points du département au personnage (j’oubliais Collioure dans le lot).



D’ailleurs, Gilles Sebag, malgré son flair, a toujours un train de retard sur le criminel, ce qui permet de faire durer l’histoire, mais surtout sur le lecteur qui, lui, découvre bien avant le policier l’identité du coupable et, pire encore, comprend avant lui l’énigme finale tellement évidente que l’on se demande comment les policiers peuvent passer à côté aussi longtemps.



Heureusement, il reste un personnage intéressant, original, attachant, une plume très fluide, agréable, et les décors (du moins pour ceux habitant ma région).



Au final, loin d’être totalement convaincant, ce premier roman est pourtant empreint de nombreuses promesses et donne envie de découvrir la seconde enquête de Gilles Sebag, ce que je vais m’empresser de faire.
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Les violents de l'automne

Après L'été tous les chats s'ennuient, Georget passe à l'automne et nous embarque dans une nouvelle aventure de l'inspecteur Sebag, le flic "normal".



Quelques mois seulement se sont écoulés depuis que nous avons fait connaissance avec Gilles Sebag. Les vacances sont finies et la reprise est un peu dure. Gilles accompagne sa fille à l'enterrement d'un copain de classe. Accident de scooter...C'est d'autant plus dur pour lui qu'il a fini par céder et en offrir un à son fils quelques semaines auparavant.



Avant d'être flic, Gilles est père et mari; ses préoccupations du quotidien sont celles de monsieur tout le monde. Rentrer tôt du boulot, passer du temps avec sa famille, faire du sport...



Mais il lui arrive aussi d'être confronté à des affaires de meurtres qui sortent de l'ordinaire. Comme celle de ce vieux monsieur apparemment sans histoire assassiné d'une balle dans la tête dans son salon. L'inscription OAS peinte sur la porte est le seul indice dont disposent les enquêteurs. C'est en s'intéressant de plus près à la communauté pied noire de la région et en fouillant dans le passé algérien de la victime que l'enquête pourra avancer...



De l'histoire de la guerre d'Algérie, je ne connais pas grand chose. Tout comme les enquêteurs d'ailleurs. Les grands lignes: le retour en France des pieds noirs après l'indépendance, les sigles FLN et OAS, sans trop savoir à quoi ils correspondent...une sale guerre aux méthodes peu glorieuses...



Désormais j'y vois un peu plus clair, j'ai appris plein de choses et sous plusieurs angles.





J'aime quand l'intrigue d'un polar trouve ses racines dans l'Histoire ( d'ailleurs je ne digère l'Histoire que quand elle est diluée dans la fiction).



J'aime quand le travail des enquêteurs est un peu laborieux: pas d'indice évident, une enquête de proximité, du porte à porte, des journées à passer des coups de fil. Un travail réaliste quoi...



J'aime quand il y a des tensions dans l'équipe et une évolution des personnages.



J'aime quand le style de l'auteur est fluide et agréable à lire.



J'aime les violents de l'automne pour toutes ces raisons.







J'ai hâte de retrouver Gilles en hiver et en été !
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Méfaits d'hiver

Il arrive parfois des trucs dingues. Tu reçois un livre… tu le laisses de côté… sa couverture t’attire… mais le thème, comment dire ?,… moins… Tu te demandes comment l’auteur va réussir à t’intéresser en parlant d’amant, de maîtresse, de trahison, de cocufiage… et le tout dans un polar… Comment va-t-il bien pouvoir réussir ce tour de passe passe ?



Et puis un jour tu te lances. Tu prends le livre, tu l’ouvres et tu te reposes les mêmes questions. Histoire banale d’un flic trompé par sa femme ? Nième histoire de coucherie ? Et puis tout à coup, l’auteur glisse un premier indice que ce livre ne sera pas une sempiternelle redite. Et puis tout à deuxième coup, l’histoire prend une ampleur criminelle à laquelle tu ne t’attendais pas.



Philippe Georget n’écrit pas q’un livre sur l’adultère. Il n’écrit pas non plus qu’un simple polar. Il parvient à parfaitement mélanger et son enquête policière et ses réflexions sur l’adultère, les deux ayant évidemment le même thème. Le tout reste servi par une plume particulièrement fluide au service d’une intrigue rondement menée.



Philippe Georget n’en oublie pas pour autant ses personnages principaux. Au premier rang desquels Gilles Sebag qui en plus d’enquêter sur des drames liés à l’adultère découvre l’aventure extraconjugale vécue par sa femme. A travers Gilles et les différents maris trompés croisés dans le livre, Philippe Georget s’amuse (mais s’amuse-t-il vraiement ?) à cartographier en quelque sorte les différentes attitudes du cocu à l’encontre de sa femme et de l’amant de celle-ci.



Viennent ensuite, dans le désordre, Julie, la petite nouvelle, lesbienne, policière efficace qui saura attendrir Gilles et à lier une relation plus que professionnelle, Molina, le rigolo de service à l’humour lourdingue (à se demander si Philippe Georget n’a pas pris exemple sur moi sans pour autant me connaître, un truc de dingue, je vous disais !) mais très proche également de son chef qu’il vénère plus qu’il ne respecte, Ménard qui ne rêve que d’être vizir à la place du Sebag mais dont les intuitions n’ont pas la force de celles de Gilles Sebag.

On pourra toujours reprocher à Philippe Georget de faire dans la facilité dans le sens où l’intuition, chez Gilles Sebag, précède toujours les indices. Mais il serait dommage de bouder son plaisir et de passer à côté de ce roman tout en nuances et en sensibilité autour d’un thème pas évident et d’une intrigue policière sur l’adultère qui ne paraissait pas non plus gagnée d’avance.


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L'été tous les chats s'ennuient



Après avoir travaillé à temps partiel pour pouvoir élever ses enfants ( et profiter de sa femme et de la vie) le lieutenant Gilles Sebag est muté à Perpignan.il s'acclimate assez vite: il arrive au boulot à 11 heure après avoir fait son footing,rentre manger chez lui le midi, et profite dés 18h de sa piscine.



Mais la disparition d'un chauffeur de taxi et surtout l’enlèvement d'une jeune touriste hollandaise vont bouleverser sa petite vie tranquille d'autant plus que le ravisseur s'adresse directement à lui en lui envoyant des revendications et une demande de rançon complètement farfelues. Un duel à distance s'engage et le lieutenant retrouve vite sa perspicacité et son instinct hors pair



La qualité de ce polar tient surtout à l'originalité du personnage du flic où l'on voit bien toutes les difficultés pratiques auxquels un policier père de famille est confronté
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