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Citations de Pierre Guyotat (74)


Cette langue dépasse mes pauvres forces; elle va plus vite que ma pauvre volonté. Elle me scandalise, me fait rougir, à d'autres moment rire, non d'une langue de fou, mais d'artiste trop fort pour l'être, humain, que je suis encore
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Je ne suis bien que lorsque je ne suis que ce qui est nécessaire pour être l'autre.
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Tant de vies individuelles, collectives, dont je suis exclu, moi qui depuis l’enfance ne peut se faire à ce fait qu’on ne peut dans le temps d’une vie humaine embrasser chacune des milliards et millions de vies humaines en cours, en cours de naissance, qui ne peut voir une fenêtre allumée sans éprouver le regret, la rage de n’être pas l’un ou l’une de ceux qui y vivent- et y lampent la soupe.
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Je passais tout mon temps à vivre mon texte. Il était difficile de résister non pas au désir de me suicider mais à la vision du suicide. En 1981, j'ai eu besoin de me confronter à ce qu'il y a de l'autre côté du suicide.
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Toute manifestation du réel n'est qu'un signe avant-coureur ou d'après coup d'une pensée continue de la violence du monde -mais violence de vie- de l'humain à l'humain, de la nature (maladie) à l'humain, de l'humain à l'animal, de l'animal à l'humain, des animaux entre eux, du corps à l'esprit, de l'esprit au corps...- une confirmation de ce que j'éprouve, imagine en continu et en silence. P 200
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J'ai suivi un ordre chronologique, ce qui me paraît naturel lorsqu'il s'agit de la langue: la langue est tout à fait mêlée à l'histoire. J'ai fait partir la langue française d'assez loin. J'ai été amené à lire des auteurs comme Tacite, tout en considérant aussi les autres civilisations, la civilisation chinoise entre autres. J'ai donné quelques fondements de cette langue, qui s'est formée entre le IXème et le XVIème siècle et dans laquelle nous vivons encore aujourd'hui, je ne sais pas pour combien de temps... J'étais donc obligé de fonder cette langue dans la langue latine. La langue latine, on la connaît, elle est bien identifiée. Je l'ai moi-même étudiée. On appelait cela, à l'époque où je faisais mes études, les humanités. On apprenait le latin, le grec. C'était un enseignement qui était assez proche de l'enseignement qui avait pu être donné cinquante, cent ans avant, et même du temps de Saint-Simon, dont je vais vous parler aujourd'hui.(etc etc)
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Toute ma joie de vivre se tient dans cette tension et ce va-et-vient, ce jeu intérieur entre un mal que je sais depuis l’enfance être celui de tous les humains à la fois, à savoir de n’être que cela, humain dans un monde minéral, végétal, animal, divin, et une guérison dont personne ne voudrait, qui me priverait, en cas de réussite, de tout courage, de tout désir, de tout plaisir d’aller toujours au delà; en avant - et dont par intérêt bien compris depuis longtemps, je ne veux pas
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Dehors, nuit , neige et silence, sauf le torrent divin qui fait tinter la glace : les instruments du lavement brillent encore sur le plancher dans un angle de la chambre. Notre mère pose sa main réchauffer au bol sur mon ventre douloureux ; des voix éclatent sur le quai : notre mère, son pouls, à la jointure du poignet et du bras, accélère ; le claquement des portières rend un son autre que celui qu'on entend aux voitures civiles, ces voix se renforce il se précipite avec les poussées de force du torrent, de mon oreille à mes entrailles : la langue du diable dans celle, glacée, de Dieu le Père.
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C'est par le récit de la tour de Babel et l'écho de quelques voisins allemandes que je comprends que d'autres parles d'autres langues, et qu'il y a beaucoup d'autres d'humains que nous
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Écrivant, je suis dans l’axe central de la Terre, mon existence d’ « humble laboureur de la langue » est fichée dans cet axe, dans l’axe de ce mouvement, plus grandiose que le seul mouvement humain : le mouvement planétaire : le roulement de la planète, avec son soleil et ses astres : ainsi d’échapper même à la sensation de mort.
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étreinte par les soldats sous le mirador où je veille éjaculant,
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Mais, depuis l'enfance je vis si intensément chaque vision, que de l'enraciner immédiatement dans une origine historique, métaphysique et de la prolonger presque simultanément dans une résolution ou une métamorphose future, je lui fais exploser son centre actuel, ainsi disparaît la vision à l'intérieur de moi, pour s'y transformer en objet de création et s'efface-t-elle de la réalité extérieure.
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Nomadiser c’est se rendre disponible à tous, aux proches mais surtout aux inconnus.
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Après la clinique, c’est l’entrée dans la dépression douce, la guérison lente : la récompense de cette traversée de la mort, c’est, au lieu du palais enchanté que l’on croit avoir gagné à la sueur de son sang mort, un monde désenchanté, sans relief ni couleur notables, des regardes ternes qui ne vous voient plus, des voix toujours adressées à d’autres que vous qui revenez de trop loin, une obligation quotidienne à survivre, un cœur qui ne fait passer que du sang, et du sang qui ne chauffe plus. Il faut attendre. Sans colère. S’appliquer à se nourrir, à dormir, à se laver, à se vêtir, à marcher, chaque jour : le tout, presque seul, et sans même soi-même à ses côtés : essayer par à-coups, si gauches, de reprendre du cœur.
Patience, patience.
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Le pin est l’arbre du sexe, de l’Antiquité, il attire vers son tronc la profusion de la vie et son ombrage brûle, consume, l’arbre du bonheur inaccessible : comment être à la fois il y a deux mille ans, maintenant et dans deux mille ans ?
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Pierre Guyotat
Les idéologues, ce sont ceux qui ne font pas de phrases interrogatives. Ceux dont le discours se plie à la logique de brièveté, de simplification extrême et d'infantilisation des médias.

(dans une interview pour Télérama n°3138)
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tremblant de tous mes os presque à cru maintenant.....
dans un village, où un surcroît d’épouvante m’a fait arrêter et descendre du car, m’asseoir sur un banc au milieu de la place centrale et de son cercle de réverbères voilés d’insectes, les voici qui bondissent de toutes les avenues convergentes
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Les soldats, casqués, jambes ouvertes, foulent muscles retenus, les nouveau-nés emmaillotés dans les châles écarlates, violets : les bébés roulent hors des bras des femmes accroupies sur les tôles mitraillées des GMC ; le chauffeur repousse avec son poing libre une chèvre projetée dans la cabine ; au col Ferkous, une section du RIMa traverse la piste ; les soldats sautent hors des camions ; ceux du RIMa se couchent contre les pneus criblés de silex, d'épines, dénudent le haut de leur corps ombragé par le garde-boue ; les femmes bercent les bébés contre leurs seins...
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Dans le couloir, les vivants triturent les dépouilles.
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« …sous le surplomb du roc, les soldats soufflent sur un feu de branches dressé sur la bouche ouverte d’une femme morte […] ; je frotte ma poitrine à la toison de son sexe, une alouette y est prise ; à son cri, chaque fois que ma poitrine pèse sur le corps, jaillissent des larmes sur mes yeux ; un sang chaud ruisselle hors de mes oreilles ; la pluie d’excréments éclabousse le rocher ; les sangs, dans la vasque, brûlent, bouillonnent ; un jeune rebelle, ses pieds nus enduits de poudre d’onyx, ses lèvres de farine, sort de terre, se penche sur la vasque, plonge sa tête, ses poings […] ; au camp, les femmes pèsent sur les barrières, le sexe des soldats se tend vers leurs mères, venues de métropole, sur ordre de l’État-major, pour les Fêtes du Servage ; ma mère, je l’emporte dans ma chambrée de bambou, je la couche sur la litière de paille empoisonnée ; tête, épaules plongées sous sa robe, je mange les fruits, les beignets d’antilope sur son sexe tanné tandis qu’elle, fatiguée par le voyage en cale, en benne, s’endort ; à l’aurore, elle s’est échappée de dessous mon corps ; étreinte par les soldats sous le mirador où je veille éjaculant, leurs genoux la renversent sur le sable… »
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