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Citations de Pierre-Jakez Hélias (83)


Dehors, c'est l'air libre, l'immensité du ciel changeant, les chemins infinis de la terre, les enchantements de la nature, d'innombrables vies cachées à découvrir patiemment pour vous animer vous-même, vous enrichir l'intérieur par le dehors. Et ne croyez pas que tombe dans la littérature, c'est la littérature qui s'approche quelquefois de mes semblables autant qu'elle peut.
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- Holà, tavernier du diable ! Apporte-nous céans quelque réconfort de boisson. L'affaire fut chaude mais nous en sortîmes saufs.
Joseph avait été autrefois le joyeux drille de leur bande. Ils reconnaissent les formules qu'il clamait au retour de virées nocturnes qui n'avaient pas toujours tourné à leur avantage car ils récoltaient souvent plus de horions de la part de garçons qu'ils ne remportaient de victoires auprès des filles. Mais quoi ! L'invalide fait de son mieux. L'aubergiste le soulève par une aisselle.
- Chaude n'est pas exactement le mot qui convient, dit-il. Mais allons tout de même vider quelques flacons de bonne extrace. A table !
- Vive l'enfer ! crie François-Henri la voix enrouée, et sus à la purée septembrale !
C'était aussi son haro d'autrefois.
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Dans les petites villes qui se dépeuplent - et c'est le cas ici - on n'aime pas perdre un instituteur, un prêtre ou un tenancier de bistrot. C'est toujours un signe de décadence par dépeuplement. Ici on a perdu le train depuis des années. Question de rentabilité a-t-on dit. Mais tant que la gare est debout, avec l'ancien chef dedans, les citoyens ont l'impression d'être reliés au reste du monde, comme au temps où la vieille génération a vu établir la voie ferrée.
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Il s'appelait Danvez, le grand-père, descendant d'un fournisseur aux armées de la République et accapareur de biens nationaux. Mais au prix d'obscures tractations Danvez était devenu d'Anvez. Une pareille élision valait bien une particule... Quand son petit-fils était né, il avait tenu à le prénommer François-Henri, du nom des deux rois, le premier et le quatre, qui rassemblaient sur eux sa dévotion de maire républicain.
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L'herbe d'Or a été fauchée
La brume aussitôt s'est levée
Bataille !
BARZAZ BREIZ (1839)
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Alain Douguet, dit Corentin, peut-être ferais-tu bien de nous dire le souci qui te dérange la tête. On en porterait chacun un morceau. Et quand même nous serions tous plus légers qu'avant. Dans un équipage, quand il y en a un seul qui souffre, les autres ne sont pas à l'aise.
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Personne n'a jamais souri comme Alain le Goff et voilà pourquoi les hommes sont malheureux sur la terre. Il frappe le tronc rugueux de sa main ouverte : " Vous voyez bien que c'est une grosse corde , le tronc de l'arbre. Il y a même des nœuds dedans, quelquefois. Les torons de la corde se desserrent à chaque bout pour s'accrocher au ciel et à la terre. On les appelle des branches en haut et des racines en bas. Mais c'est la même chose. Les racines cherchent leur chemin dans le sol de la même manière que les branches s'introduisent dans le ciel.
- Mais c'est plus difficile d'entrer dans le sol que dans le ciel . - Hé non! Si c'était vrai les branches seraient droites. Et voyez comme elles sont tordues sur le pommier que voici ! Elles doivent chercher leur chemin, je vous dis. Elles poussent, le ciel résiste, elles changent de direction aussi souvent qu'il le faut. Elles ont bien du mal, vous savez. Peut être plus de mal que les racines en bas. - Et qu'est-ce qui leur donne tant de mal, grand-père ?
- C'est le vent, le vent pourri. Le vent voudrait séparer le ciel de la terre. Il pousse sa langue entre les deux. Et, derrière lui, la mer attend pour tout recouvrir. Mais il y a les arbres qui tiennent bon de part et d'autre. Le soleil béni porte secours aux branches, tandis que la pluie réconforte les racines. Une sacrée bataille, mon fils. Cela n'arrête pas de se battre, en ce monde.
- Et nous, alors! Qu'est-ce que nous devons faire ? - Avoir confiance dans les arbres contre le vent.
Si pacifique est le sourire d'Alain le Goff que j'ai peine à croire que le monde est l'enjeu d'un combat entre les éléments. Je vis en sécurité à la hauteur de tronc des arbres, tandis que les oiseaux surveillent de près les racines célestes et que toutes sortes de bestioles muettes s'activent obscurément autour des branches souterraines.
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Il n'y a rien de plus beau qu'un arbre, se plait à dire Alain le Goff. Le pauvre homme ne possède aucun arbre à lui, mais tous ceux qu'il peut voir de ses yeux sont ses complices dans le grand jeu de la Création. Il y en a certains qu'il aime mieux que les autres. Ce ne sont pas les plus triomphants, mais ceux qui peinent à survivre dans le vent sauvage. Il va les voir en hiver, quand ils sont nus. " Regardez- les qui travaillent, dit-il. - Et qu'est-ce qu'ils font, grand-père ? - Ils rattachent la terre au ciel. C'est très difficile, mon fils. le ciel est si léger qu'il est toujours sur le point de prendre la fuite. S'il n'y avait pas d'arbres il nous dirait adieu. Alors, il ne nous resterait plus qu'à mourir. Dieu nous en garde. - Mais il y a des pays où il ne pousse pas un arbre. Je l'ai appris à l'école. On les appelle déserts . - Justement mon fils. Il n'y a pas d'hommes par là-bas. Le ciel s'est décroché.
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Qu'est-ce qui grandit à mesure qu'on en retire quelque chose. Bon. A force d'observer, je trouve : le trou.
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Les vacances, c'est aussi le temps du sans-gêne. Le sable est pour certains hommes ce que la sciure de bois est pour les chats. (p.200)
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Pour faire fortune, il suffit de récupérer, dans les poubelles et les décharges, tout ce dont les gens ne veulent plus et d'attendre vingt-cinq ans avant de les revendre aux mêmes gens. C'est toute l'astuce de la brocante. On ne peut pas rater son coup. (p.128)
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Un pays n'est le vôtre que lorsqu'il se fréquente quotidiennement, se regarde, s'écoute, se sent et se tâte, lorsqu'une complicité intime vous relie à ses habitants par son intermédiaire. (p.12)
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Tout a déjà été dit., mais comme personne n'écoute, il faut toujours recommencer. André Gide.
Remonté par la 4e de couverture des Lettres de Bretagne de Per Jakez Hélias
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C'est pourquoi tu les entends qui s'interrogent sur les aliments spirituels qu'il convient de fournir aux hommes afin de vivifier leur esprit et d'ennoblir leur coeur. Saint-Exupéry (Citadelle)
Remonté par Per Jakez Hélias (1978) Lettres de Bretagne
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Mais le grand diable des contes avait bien dit adieu, fatigué d'être berné à tous les coups par le premier aventurier venu, avec ou sans bâton de fer. Celui du catéchisme aussi, le même que l'autre, mais qui faisait peur, celui-là. Le bénitier avait fini par avoir raison. Triomphent désormais des légions démoniaques d'un ordre inférieur qui assiègent de partout les pauvres humains que nous sommes. Et au lieu de nous attaquer du dehors, ils nous entreprennent du dedans. Si nous avions quelque sens moral et quelque souci de notre bien, nous passerions plus de temps à pleurer le Grand Diable qu'à regarder la télévision.
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Notre démon en chef se trouvait donc dans une situation qu'il aurait qualifiée de désespérée s'il avait été dans sa nature de connaître le désespoir. Son domaine se rétrécissait de siècle en siècle jusqu'à n'être bientôt plus que lui-même et son ombre. Ses Enfers mal tenus se vidaient de leurs damnés les plus résignés, soit qu'ils eussent la nostalgie de la terre et ils trouvaient le moyen d'y retourner, soit que vinssent les délivrer certains vivants qui n'avaient plus peur de rien. Et le recrutement de ses sujets se faisait rare. Il se rappelait l'heureux temps où il avait à son service plus de mauvais esprits incarnés que l'océan n'a de gouttes d'eau. Et ses envoyés s'activaient partout où il y avait des âmes à perdre, le travail ne manquait jamais malgré la concurrence des anges gardiens. Hélas, il se reprochait maintenant de n'avoir pas tenu la bride assez courte à ses séides ni surveillé d'assez près les dérèglements de ses innombrables filleuls. Tout ce vilain monde s'était taillé des principautés indépendantes dans son empire. Et même on ne le reconnaissait plus pour empereur. Il avait raté si souvent ses entreprises que le plus médiocre diablotin de la dernière classe ne venait même plus aux ordres. Encore un peu de temps et toute la diablerie se proclamerait en république. L'abdication n'était pas loin.
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Pierre-Jakez Hélias
Quand on est né le plus pauvre parmi les pauvres, il est bon d’avoir quelque hautesse dans le cœur. Extrait de Les autres et les miens
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Je n'ai jamais trouvé de conteur parmi les riches. Je ne veux pas prétendre qu'il n'y en ait pas eu. Mais je crois avoir compris que, pour conter, il fallait un certain détachement des biens de ce monde. C'est difficile quand on est possédant. Le souci de ce qui est à vous empêche votre esprit de s'attacher à ce qui est à tout le monde et qui ne coûte rien. Le conteur prend son bien où il se trouve sans léser personne. Plus il est libre et mieux il conte.
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Il en venait à conclure qu'il n'avait servi qu'à leur faire reprendre leur entière communauté tout en restant lui-même en dehors de celle-ci. Pareil à ces substances qu'on appelle des catalyseurs et qui rendent possibles des réactions entre d'autres corps sans subir de modification dans leurs propres caractéristiques. (p.337)
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...les Quêteurs du Vif.
Il n'y avait aucun compagnonnage entre eux. Ils ne voulaient pas de connaître, ils n'avaient pas les mêmes désirs tout en cherchant le même talisman pour les satisfaire. (p.283)
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