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Citations de Pierre-Jakez Hélias (77)


Personne n'a jamais souri comme Alain le Goff et voilà pourquoi les hommes sont malheureux sur la terre. Il frappe le tronc rugueux de sa main ouverte : " Vous voyez bien que c'est une grosse corde , le tronc de l'arbre. Il y a même des nœuds dedans, quelquefois. Les torons de la corde se desserrent à chaque bout pour s'accrocher au ciel et à la terre. On les appelle des branches en haut et des racines en bas. Mais c'est la même chose. Les racines cherchent leur chemin dans le sol de la même manière que les branches s'introduisent dans le ciel.
- Mais c'est plus difficile d'entrer dans le sol que dans le ciel . - Hé non! Si c'était vrai les branches seraient droites. Et voyez comme elles sont tordues sur le pommier que voici ! Elles doivent chercher leur chemin, je vous dis. Elles poussent, le ciel résiste, elles changent de direction aussi souvent qu'il le faut. Elles ont bien du mal, vous savez. Peut être plus de mal que les racines en bas. - Et qu'est-ce qui leur donne tant de mal, grand-père ?
- C'est le vent, le vent pourri. Le vent voudrait séparer le ciel de la terre. Il pousse sa langue entre les deux. Et, derrière lui, la mer attend pour tout recouvrir. Mais il y a les arbres qui tiennent bon de part et d'autre. Le soleil béni porte secours aux branches, tandis que la pluie réconforte les racines. Une sacrée bataille, mon fils. Cela n'arrête pas de se battre, en ce monde.
- Et nous, alors! Qu'est-ce que nous devons faire ? - Avoir confiance dans les arbres contre le vent.
Si pacifique est le sourire d'Alain le Goff que j'ai peine à croire que le monde est l'enjeu d'un combat entre les éléments. Je vis en sécurité à la hauteur de tronc des arbres, tandis que les oiseaux surveillent de près les racines célestes et que toutes sortes de bestioles muettes s'activent obscurément autour des branches souterraines.
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Il n'y a rien de plus beau qu'un arbre, se plait à dire Alain le Goff. Le pauvre homme ne possède aucun arbre à lui, mais tous ceux qu'il peut voir de ses yeux sont ses complices dans le grand jeu de la Création. Il y en a certains qu'il aime mieux que les autres. Ce ne sont pas les plus triomphants, mais ceux qui peinent à survivre dans le vent sauvage. Il va les voir en hiver, quand ils sont nus. " Regardez- les qui travaillent, dit-il. - Et qu'est-ce qu'ils font, grand-père ? - Ils rattachent la terre au ciel. C'est très difficile, mon fils. le ciel est si léger qu'il est toujours sur le point de prendre la fuite. S'il n'y avait pas d'arbres il nous dirait adieu. Alors, il ne nous resterait plus qu'à mourir. Dieu nous en garde. - Mais il y a des pays où il ne pousse pas un arbre. Je l'ai appris à l'école. On les appelle déserts . - Justement mon fils. Il n'y a pas d'hommes par là-bas. Le ciel s'est décroché.
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Qu'est-ce qui grandit à mesure qu'on en retire quelque chose. Bon. A force d'observer, je trouve : le trou.
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Les vacances, c'est aussi le temps du sans-gêne. Le sable est pour certains hommes ce que la sciure de bois est pour les chats. (p.200)
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Pour faire fortune, il suffit de récupérer, dans les poubelles et les décharges, tout ce dont les gens ne veulent plus et d'attendre vingt-cinq ans avant de les revendre aux mêmes gens. C'est toute l'astuce de la brocante. On ne peut pas rater son coup. (p.128)
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Un pays n'est le vôtre que lorsqu'il se fréquente quotidiennement, se regarde, s'écoute, se sent et se tâte, lorsqu'une complicité intime vous relie à ses habitants par son intermédiaire. (p.12)
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Tout a déjà été dit., mais comme personne n'écoute, il faut toujours recommencer. André Gide.
Remonté par la 4e de couverture des Lettres de Bretagne de Per Jakez Hélias
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C'est pourquoi tu les entends qui s'interrogent sur les aliments spirituels qu'il convient de fournir aux hommes afin de vivifier leur esprit et d'ennoblir leur coeur. Saint-Exupéry (Citadelle)
Remonté par Per Jakez Hélias (1978) Lettres de Bretagne
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Mais le grand diable des contes avait bien dit adieu, fatigué d'être berné à tous les coups par le premier aventurier venu, avec ou sans bâton de fer. Celui du catéchisme aussi, le même que l'autre, mais qui faisait peur, celui-là. Le bénitier avait fini par avoir raison. Triomphent désormais des légions démoniaques d'un ordre inférieur qui assiègent de partout les pauvres humains que nous sommes. Et au lieu de nous attaquer du dehors, ils nous entreprennent du dedans. Si nous avions quelque sens moral et quelque souci de notre bien, nous passerions plus de temps à pleurer le Grand Diable qu'à regarder la télévision.
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Notre démon en chef se trouvait donc dans une situation qu'il aurait qualifiée de désespérée s'il avait été dans sa nature de connaître le désespoir. Son domaine se rétrécissait de siècle en siècle jusqu'à n'être bientôt plus que lui-même et son ombre. Ses Enfers mal tenus se vidaient de leurs damnés les plus résignés, soit qu'ils eussent la nostalgie de la terre et ils trouvaient le moyen d'y retourner, soit que vinssent les délivrer certains vivants qui n'avaient plus peur de rien. Et le recrutement de ses sujets se faisait rare. Il se rappelait l'heureux temps où il avait à son service plus de mauvais esprits incarnés que l'océan n'a de gouttes d'eau. Et ses envoyés s'activaient partout où il y avait des âmes à perdre, le travail ne manquait jamais malgré la concurrence des anges gardiens. Hélas, il se reprochait maintenant de n'avoir pas tenu la bride assez courte à ses séides ni surveillé d'assez près les dérèglements de ses innombrables filleuls. Tout ce vilain monde s'était taillé des principautés indépendantes dans son empire. Et même on ne le reconnaissait plus pour empereur. Il avait raté si souvent ses entreprises que le plus médiocre diablotin de la dernière classe ne venait même plus aux ordres. Encore un peu de temps et toute la diablerie se proclamerait en république. L'abdication n'était pas loin.
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Pierre-Jakez Hélias
Quand on est né le plus pauvre parmi les pauvres, il est bon d’avoir quelque hautesse dans le cœur. Extrait de Les autres et les miens
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Je n'ai jamais trouvé de conteur parmi les riches. Je ne veux pas prétendre qu'il n'y en ait pas eu. Mais je crois avoir compris que, pour conter, il fallait un certain détachement des biens de ce monde. C'est difficile quand on est possédant. Le souci de ce qui est à vous empêche votre esprit de s'attacher à ce qui est à tout le monde et qui ne coûte rien. Le conteur prend son bien où il se trouve sans léser personne. Plus il est libre et mieux il conte.
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Il en venait à conclure qu'il n'avait servi qu'à leur faire reprendre leur entière communauté tout en restant lui-même en dehors de celle-ci. Pareil à ces substances qu'on appelle des catalyseurs et qui rendent possibles des réactions entre d'autres corps sans subir de modification dans leurs propres caractéristiques. (p.337)
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...les Quêteurs du Vif.
Il n'y avait aucun compagnonnage entre eux. Ils ne voulaient pas de connaître, ils n'avaient pas les mêmes désirs tout en cherchant le même talisman pour les satisfaire. (p.283)
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D'en bas, on la voyait, immobile dans l'embrasure, encadrée comme une statue dans sa niche. Quand on l'appelait de la cour, elle sursautait violemment et se couvrait le visage de ses deux mains comme si elle revenait sur terre de quelque part qu'on ne savait pas. Mais on a bien le droit de s'absenter de soi-même, n'est-ce pas ! (p.228)
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Des furieux, des sauvages, ces Sarrasins, ces bâtards, ces fils de putes, ces païens ! Telle était la réputation qui vous était faite et qui dure encore. (p.151)
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Cependant, il décida de réagir quand il dut s'avouer qu'il n'avait pas la moindre envie de parler à personne. Le mal de la colline pierreuse le gagnait sournoisement. Il était en passe de devenir le douzième solitaire. Or, ce n'était pas là ce qu'il souhaitait. Il était venu pour agir, non pour se laisser faire. (p.106)
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- La solitude est comme la liberté. Il faut payer cher pour l'avoir. Ou croire en un dieu qui remplace avantageusement toute compagnie. (p.99)
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Farouchement libres, mais solidaires au-delà de la liberté, comparables à ces religieux libérés par l'interdiction de la parole, mais strictement tenus pas d'autres règles et qui n'en forment pas moins un monastère. (p.88)
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Il se proposait de les épier comme fait un entomologiste des insectes. Ils représentaient onze variétés d'homme et de femmes doués de traits communs. (p.79)
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