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Citations de Pierre Loti (922)


Il n’y a pas de Dieu, il n’y a pas de morale, rien n’existe de tout ce qu’on nous a enseigné à respecter ; il y a une vie qui passe, à laquelle il est logique de demander le plus de jouissances possibles, en attendant l’épouvante finale qui est la mort.
Les vraies misères, ce sont les maladies, les laideurs et la vieillesse ; ni vous ni moi, nous n’avons ces misères-là ; nous pouvons avoir encore une foule de maîtresses, et jouir de la vie.
Je vais vous ouvrir mon cœur, vous faire ma profession de foi : j’ai pour règle de conduite de faire toujours ce qui me plaît, en dépit de toute moralité, de toute convention sociale. Je ne crois à rien ni à personne, je n’aime personne ni rien ; je n’ai ni foi ni espérance.
J’ai mis vingt-sept ans à en venir là ; si je suis tombé plus bas que la moyenne des hommes j’étais aussi parti de plus haut.
Adieu, je vous embrasse.

LOTI
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"La Cote Sauvage est toute cette partie de l'île qui regarde le large, les infinis de l'Océan ; partie sans cesse battue par les vents d'ouest. Ses plages s'étendent sans aucune courbure, droites, infinies, et les brisants de la mer, arrêtés par rien, aussi majestueux qu'à la côte saharienne, y déroulent, sur des lieues de longueur, avec de grands bruits, leur tristes volutes blanches. Région âpre, avec des espaces déserts ; région de sables, où de tout petits arbres, des chênes-verts nains s'aplatissent à l'abri des dunes (...) deux ou trois villages seulement, séparés par des solitudes ; villages aux maisonnettes basses, aussi blanches de chaux que des kasbah d'Algérie et entourées de certaines espèces de fleurs qui peuvent résister au vent marin. Des pêcheurs bruns y habitent : race vaillante et honnête (...) jamais baigneurs n'étaient venus dans ces parages."
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C’était vrai, qu’il l’avait de tout tant aimée, mais pas comme à present : cela augmentait dans son cœur et dans sa tête comme une marée qui monte, qui monte, jusqu’à tout remplir. Il n’avait jamais connu cette manière d’aimer quelqu’un.
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C'est aussi, chacun sait cela, l'époque où ils sont en beauté, en grand luxe de poils, toute fourrure dehors. Moumoutte Chinoise, dès les premiers froids, n'avait déjà plus de trous à sa robe, et Moumoutte Blanche avait arboré une imposante cravate, un boa d'un blanc de neige, qui encadrait son minois comme une fraise à la Médicis.
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Dès que j'entrais dans ma chambre, elle apparaissait avec un imperceptible cri de joie, sortant comme un diablotin de derrière quelque rideau, ou d'une étagère, ou d'une boîte. Si par hasard je m'asseyais à écrire, très câline, très attendrie, en quête de protection et de caresses, elle prenait lentement place sur mes genoux et suivait des yeux le va-et-vient de ma plume, effaçant même quelquefois, d'un coup de patte toujours imprévu, les lignes qu'elle n'approuvait pas.
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Par ce jour d'automne, tellement triste à l'âme des chats, puisque nous sommes ici deux isolés, dans ce gîte agité et perdu au milieu de je ne sais quoi de dangereux et d'infini, si nous nous donnions l'un à l'autre un peu de cette chose douce qui berce les misères, qui a son semblant d'immatérialité et de durée non soumise à la mort, qui s'appelle affection et qui s'exprime de temps en temps par des caresses...
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Tout aplatie contre les planches du pont, et la tête retournée vers moi pour m'implorer toujours avec son regard de prière, elle se mit à filer, d'une petite allure humble et drôle, dans la direction de ma chambre, où elle fut rentrée la première de nous deux; quand j'y revins après elle, je la trouvai tapie obstinément dans son même petit coin, et ses yeux étaient si expressifs que le courage me manqua pour la chasser de nouveau.—Voilà comment cette chinoise me prit pour maître.
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Elle avait déjà cinq ans, elle était dans l'épanouissement de sa beauté d'angora, avec des attitudes d'une dignité superbe, des airs de reine, et j'avais eu le temps de m'attacher à elle par une série d'absences et de retours, la considérant comme une des choses du foyer, comme un des êtres de la maison—quand naquit à trois mille lieues de chez nous, dans le golfe de Pékin, et d'une famille plus que modeste, celle qui devait devenir son inséparable amie, la plus bizarre petite personne que j'aie jamais connue: la Moumoutte Chinoise.
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Pierre Loti
Pauvre petit livre, très gauchement composé, je pense, mais où j'avais mis toute mon âme d'alors, mon âme en déroute et prise des premiers vertiges mortels, ne pensant pas du reste que je continuerais d'écrire et qu'on saurait plus tard qui était l'auteur anonyme d'Aziyadé. (Aziyadé, un nom de femme turque inventé par moi pour remplacer le véritable qui était plus joli et plus doux, mais que je ne voulais pas dire)
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Il n'est besoin d'emporter avec soi ni armes, ni provisions, ni argent ; l'hospitalité vous est offerte partout, cordiale et gratuite et dans toute I'ile il n'existe d'autres animaux dangereux que quelques colons européens ; encore sont-ils fort rares, et à peu près localisés dans la ville de Papeete...
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Un matin, vers trois heures, tandis qu'ils rêvaient tranquillement sous leur suaire de brume, ils entendirent comme des bruits de voix dont le timbre leur sembla étrange et non connu d'eux.
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La lumière matinale, la lumière vraie, avait fini par venir ; comme au temps de la Genèse elle s'était séparée d'avec les ténèbres qui semblaient s'être tassées sur l'horizon, et restaient là en masses très lourdes ; en y voyant si clair, on s'apercevait bien à présent qu'on sortait de la nuit, - que cette lueur d'avant avait été vague et étrange comme celle des rêves.
Dans ce ciel très couvert, très épais, il y avait çà et là des déchirures comme des percées dans un dôme, par où arrivaient de grands rayons couleur d'argent rose.
Les nuages inférieurs étaient disposés en une bande d'ombre intense, faisant tout le tour des eaux, emplissant les lointains d'indécision et d'obscurité. Ils donnaient l'illusion d'un espace fermé, d'une limite ; ils étaient comme des rideaux tirés sur l'infini, comme des voiles tendus pour cacher de trop gigantesques mystères qui eussent troublé l'imagination des hommes. Ce matin-là, autour du petit assemblage de planches qui portait Yann et Sylvestre, le monde changeant du dehors avait pris un aspect de recueillement immense ; il s'était arrangé en sanctuaire, et les gerbes de rayons, qui entraient par les traînées de cette voûte de temple, s'allongeaient en reflets sur l'eau immobile comme su run parvis de marbre. Et puis, peu à peu, on vit s'éclairer très loin une autre chimère : une sorte de découpure rosée très haute, qui était un promontoire de la sombre Islande...
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A l'Hôtel Yaâmi, les repas sont ordonnés d'une manière très correctement britannique : morceaux de pain minuscules, rôtis tout rouges et pommes de terre bouillies.
Du reste, les seuls voyageurs en ce moment sont quatre touristes anglais, deux gentlemen grisonnants, aux allures comme il faut, et deux misses d'un âge mûr. Hautes de six pieds, et d'une extrême laideur, elles sont habillées dans des espèces de guérites en mousseline blanche qui laissent saillir tout autour de leur taille des baleines rétives. A mes yeux déjà habitués aux gentilles guenons japonaises, elles apparaissent comme deux grands singes mâles qu'on aurait costumés pour quelques représentation à la foire.
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Là, parmi les livres aux reliures d'un autre siècle, je trouvai un cahier en gros papier rude d'autrefois, et je l'ouvris distraitement... J'appris alors, avec un tressaillement d'émotion, que de "midi à quatre heures du soir, le 20 juin 1813, par 110 degrés de longitude et 15 degrés de latitude australe (entre les tropiques par conséquent et dans les parages du Grand Océan) il faisait beau temps, belle mer, jolie brise de sud-est, qu'il y avait au ciel plusieurs de ces petits nuages blancs nommés "queues de chat" et que, le long du navire, des dorades passaient..."
Morts sans doute depuis longtemps, ceux qui avaient noté ces formes fugitives de nuages et qui avaient regardé passer ces daurades... Ce cahier, je le compris, était un de ces registres appelés "journaux de bord", que les marins tiennent chaque jour. [...]
Le souvenir inoubliable de cette petite lecture furtive a été cause que, pendant mes quarts à la mer, chaque fois qu'un timonier m'a signalé le passage de daurades, j'ai toujours tourné les yeux pour les regarder ; et toujours j'ai trouvé une espèce de charme à noter ensuite l'incident sur le journal de bord, - si peu différent de celui que ces marins de juin 1813 avaient tenu avant moi.
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Et, près d'eux, la mer, leur tombeau de demain, chantaient aussi, emplissent la nuit de sa voix immense.
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A cette saison de fin août, il y a comme un alanguissement de pays chaud qui remonte du midi vers le nord ; il y a des soirées lumineuses, des reflets du grand soleil d'ailleurs qui viennent traîner jusque sur la mer bretone. Très souvent, l'air est limpide et calme, sans aucun nuage nulle part.
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Ayant demandé sans gêne le nom d'une quantité d'autres, elle n'avait pas osé pour celui-ci. Ce beau profil à peine aperçu ; ce regard superbe et un peu farouche ; ces punelles brunes légèrement fauves courant très vite sur l'opale bleuâtre de ses yeux, tout cela l'avait impressionnée et intimidée aussi.
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On voudrait reprendre sur le temps le passé de la bien-aimée, on voudrait avoir vu sa figure d'enfant, sa figure de tous les âges ; on voudrait l'avoir chérie petite fille, l'avoir vue grandir dans ses bras à soi, sans que d'autres aient eu ses caresses, sans qu'aucun autre l'ait possédée, ni aimée, ni touchée, ni vue. On est jaloux de son passé, jaloux de tout ce qui, avant vous, a été donné à d'autres ; jaloux des moindres sentiments de son coeur et des moindres paroles de sa bouche, que, avant vous, d'autres ont entendues. L'heure présente ne suffit pas ; il faudrait aussi tout le passé, et encore tout l'avenir. On est là, les mains dans les mains ; les poitrines se touchent, les lèvres se pressent ; on voudrait pouvoir se toucher sur tous les points à la fois, et avec des sens plus subtils, on voudrait ne faire qu'un seul être et se fondre l'un dans l'autre...
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Pas d'affections, personne qui pense à moi... A quoi bon avoir des idées pour n'avoir personne à qui les dire ? A quoi bon avoir du talent s'il n'y a pas en ce monde une personne à l'estime de laquelle je tiens plus qu'à tout le reste ? A quoi bon avoir de l'esprit avec des gens qui ne me comprendront pas ?
On laisse tout aller ; on a éprouvé des déceptions, on en éprouve tous les jours de nouvelles ; on a vu que rien en ce monde n'était durable, qu'on ne pouvait compter absolument sur rien : on nie tout. n a les nerfs détendus, on ne pense plus que faiblement, le moi s'amoindrit à tel point que, lorsqu'on est seul, on est quelquefois à se demander si l'on veille ou si l'on dort. L'imagination s'arrête ; donc, plus de châteaux en Espagne. Autant vaut dire plus d'espérance. On tombe dans la bravade, on parle cavalièrement de bien des choses dont on rit beaucoup quand on n'en pleure pas.
On n'aime rien, et pourtant on était fait pour tout aimer : on ne croit rien et on pourrait peut-être encore bien croire à tout ; on était bon à tout et on n'est bon à rien.
Avoir en soi une exubérance de facultés et sentir que l'on avorte, une excroissance de sensibilité, un excédent de sentiments, et ne savoir qu'en faire, c'est atroce ! La vie, dans de telles conditions, est une souffrance de tous les jours : souffrance dont certains plaisirs peuvent vous distraire un instant (votre écuyère de cirque, l'odalisque Aziyadé et autres cocottes turques) ; mais c'est toujours pour retomber de nouveau, et plus contusionné que jamais.
Voilà votre profession de foi expliquée, développée, et considérablement augmenté par le drôle de type qui vous écrit.
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Je n'aurais pas pardonné aux Excellences leurs pasquinades diplomatiques, si elles avaient dérangé ma vie.
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