AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Pierre Louÿs (129)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Aphrodite

Alexandrie, premier siècle avant J.C. Démétrios est sculpteur, l’Aimé de la reine, celui qui a façonné la statue d’Aphrodite pour le temple, l’Adoré pour lequel les femmes veulent se damner. Chrysis est la sublime courtisane, la convoitée. Ils ne se rencontreront que deux fois. La première, elle le poussera aux crimes, trois crimes en gages pour promesse de s’offrir à lui, la seconde, à son tour, il l’a possèdera autrement…



Pierre Louÿs signe ici un grand roman de Volupté et de Passion, lyrique, aussi épique qu’érotique. Le sous-titre Mœurs Antiques en dévoile la dimension de célébration de la culture grecque, de la tragédie et de l’art qui magnifie le corps et la sensualité. Le récit se déroule sur un temps resserré, celui des Aphrodisies, jours de fête consacrés à la déesse. Chacune des descriptions, des scènes – prêtresses, les portraits de Chrysis, les jardins du temple, les cérémonies, un banquet, l’animation des rues de la ville – exalte la magnificence, une exubérance et sa cruauté. Luxe, luxure et luxuriance. Rien de pornographique dans ce texte, c’est frissonnant; un hommage à la beauté, aux désirs; la beauté divinisée, le désir exacerbé, la quête de l’absolu fatal dans lequel ces aspirations se confondent.



Tout en suggestions et frémissements à fleur de peau, ce récit nous offre une débauche d’évocations de cette sensualité, une magistrale licence des mots, des amours et de la jouissance sans être obscène, un hédonisme, une liberté des sens, rythmée par les soupirs ainsi que par des chants et incantations d’inspiration mythologiques.



Ce roman est une œuvre de jeunesse de Pierre Louÿs; roman irréprochable et abouti publié en 1896. Dans la préface, l’auteur explique que ce texte répond à l’hypocrisie bourgeoise si vivace encore à la Belle Époque, qu’il fut écrit en réaction face à la rigueur, à la laideur, du monde contemporain qui s’annonçait à l’aube du XXème siècle – Quelle nuit ! Un peuple vêtu de noir circule dans les rues infectes. A quoi pense-t-il ? On ne sait plus; mais nos vingt-cinq ans frissonnent d’être exilés chez des vieillards. « – , s’inscrivant ainsi parfaitement dans le mouvement de l’art éphémère de la transgression louant la nature et la femme, revendiquant liberté de formes et de tons, cet art considéré comme décadent et frivole que fut l’Art Nouveau.
Lien : http://www.lire-et-merveille..
Commenter  J’apprécie          40
Aphrodite

J'ai lu ce livre lors de mon incursion dans la mythologie grecque, mais ce roman-ci est plus léger, plus frivole et ne présente que peu d'intérêt à mon goût...
Commenter  J’apprécie          20
Aphrodite

Dans l'antique Alexandrie, Chrysis aux blonds cheveux est la plus belle et la plus désirée des courtisanes. Fière de son art comme de sa beauté, elle croise un jour Démétrios, sculpteur renommé pour sa statue d'Aphrodite et amant attitré de la reine Bérénice. Lui qui est adulé de toutes les femmes s'éprend de la blonde courtisane, d'autant que, lassé de la reine, Chrysis le rejette. Pour entrer dans les bonnes grâces de la belle, il accepte de réaliser pour elle trois délits : le vol du miroir de la plus grande rivale de la courtisane, le meurtre d'une veille prêtresse pour la délester de son peigne d'ivoire, et le vol sacrilège du collier de perles de la statue sacrée d'Aphrodite. Mais…



J'ai beaucoup aimé ce petit livre, cette presque-nouvelle pas tout à fait conte, de Pierre Louys. Sous couvert de nous raconter l'histoire de Chrysis, il fait revivre sous nos yeux les mœurs de la Grèce antique, du culte de l'amour physique aux abus des soirées orgiaques. Il nous explique l'origine des courtisanes, leurs façons de travailler, les rivalités et jalousies, les prix à payer, et leur devenir. Au-delà de cet aspect historique dont on ne sait trop s'il est fondé ou pas (l'auteur est surtout connu pour sa supercherie sur "Les chansons de Bilitis"), l'auteur de "La femme et le pantin" signe également une œuvre hautement symbolique sur le désir et la mort, sur le pouvoir des uns sur les autres, sur les extrémités auxquels le désir conduit. Les méfaits que doit commettre Démétrios ne me semblent pas anodins ni fortuits, mais à interpréter. Rappelons-nous de la belle Psyché que l'on comparait à Aphrodite elle-même (dans L'âne d'or, d'Apulée) et dont le destin sera plus clément que celui de Chrysis. L'écriture de Pierre Louys est belle et poétique (il est également poète), jubilatoire et sensible, servant la sensualité de cet ouvrage.

Une très jolie découverte !

Commenter  J’apprécie          370
Aphrodite

Je viens juste de terminer la lecture de ce livre. Le 3ème de son auteur que je lis sur ma tablette. J'ai toujours un peu de mal à m'y faire. L'absence de pages en papier donne la vague impression que la lecture en est plus légère, favorisant la diagonale d'un glissement de doigt fugace. Mais comme pour Bilitis, l'intrigue d' « Aphrodite » est elle-même à prendre avec légèreté. Histoire des amours d'une courtisane avec pour toile de fond la vie quotidienne à Alexandrie au tournant du premier siècle après J-C. Pierre Louÿs, d'un ton primesautier, excelle dans les descriptions de la cité, des intrigues entre esclaves, courtisanes, philosophes, sculpteurs... Bien que je ne sois vraiment pas sûr de la véracité historique du récit. Mais qu'importe, l'auteur sait nous faire rêver, encore aujourd'hui sur cette Antiquité vue du XIXe siècle. Souvent dans l'outrance et le théatralisme, on y retrouve la marque de fabrique de l'auteur : l'érotisme, qui imprègne quasiment chaque page. Le sein des courtisanes ou des esclaves apparaît très souvent à travers le pli d'une robe, ou à travers un voile. Et les bijoux ne sont là que pour mettre en valeur les nudités. Il faut lire ce roman comme on regarderait un Chasseriau ou un Puvis de Chavannes ou encore les premiers péplums du cinéma muet italien comme le "Cabiria" de Pastrone.

Bonne lecture aux amateurs.
Commenter  J’apprécie          212
Aphrodite

Dans l'oeuvre – et dans la vie – du très porté sur le sexe Pierre Louÿs, les prostituées occupent une admirable place. Le bonhomme, qui tenait méticuleusement un carnet des femmes avec qui il a couché, aurait ainsi connu 800 femmes en 5 ans, dont 798 prostituées. Il rêvait d'un monde où les choses du sexe ne soient plus recouvert d'un voile de honte, où le corps des femmes soit quasiment divinisé.



L'introduction de cet Aphrodite rappelle quelques uns des points de la philosophie personnelle de l'auteur, et son espérance d'une société sensuelle, où la sexualité n'occuperait plus une place à part et honteuse de la vie quotidienne.



Il met en scène une courtisane (= prostituée) dans une Alexandrie antique largement fantasmée. Celle-ci, pour conquérir le coeur d'un des hommes les plus beaux et puissants de la ville, usera d'un stratagème aussi simple qu'astucieux : se faire remarquer en étant dédaigneuse auprès d'un homme trop habituée à qu'on lui courre après. C'est un peu le « Fuis moi, je te suis ; suis moi, je te fuis » rendu de façon littéraire et érotique !



Ce bouquin est assez étrange. La plume de Pierre Louÿs est très classe, d'un érotisme distingué et omniprésent. Les filles y sont nues plus que de raison, quel que soit leur âge, et la proportion de courtisan-e-s (il y aussi quelques hommes) parmi les personnages rencontrés est impressionnante.



On peut lire ce livre comme une sorte d'hommage aux prostituées et aux corps des femmes. On sait que Pierre Louÿs croyait au sexe comme on croit en Dieu, avec une recherche constante d'idéal et beaucoup de dévouement.



Certains passages sont un peu gênants toutefois, avec une approche assez misogyne quand il sous-entend que les femmes sont fait pour l'amour physique, et incapables de rien d'autres. Sous sa plume c'est positif, puisqu'il adore les femmes et que l'amour physique est l'activité la plus louable qui soit... mais bon.



En conclusion : un livre étrange, distingué, avec un érotisme chic écrit par une très belle plume.
Commenter  J’apprécie          50
Aphrodite

Nous sommes en Alexandrie, au 1er siècle avant Jésus Christ.



Chrysis est une magnifique courtisane.

Démétrios, l'amant de la reine Bérénice, est le sculpteur de la statue dédiée à Aphrodite.

Tous les deux sont convoités de tous.

Chrysis va prétendre ne pas être intéressée par le jeune homme. Celui ci accepte alors de relever les trois défis qu'elle lui lance.

Chaque page est emplie de sexualité, d'érotisme plutôt. Je ne pense pas que c'était comme ça à l'époque. Car chacun, qu'il soit vieux, petite fille, esclave, courtisane, homme ou femme ne pense qu'au sexe, au plaisir physique.

Un peu trop pour moi. L'écriture n'est pas vilaine mais l'histoire relève plus d'un fantasme qu'autre chose.

Commenter  J’apprécie          290
Aphrodite

Aphrodite / Pierre Louÿs

Nous sommes à Alexandrie en Égypte dans le dernier siècle avant J.C. La belle Chrysis, courtisane ardente et fière de son statut qu’elle a choisi librement, paresse dans son lit à son éveil. Galiléenne originaire des rives du lac de Génézareth (aujourd’hui lac de Tibériade), elle est née d’une mère courtisane elle aussi, qui le soir allait attendre sur la route de Iérouschalaïm (aujourd’hui Jérusalem) les voyageurs et les marchands et se donnait à eux dans l’herbe, au milieu du silence champêtre.

À douze ans, Chrysis s’échappa et rejoignit un groupe de cavaliers trafiquants d’ivoire et arriva à Tyr puis Alexandrie. Ses maîtres la confièrent à Djala, une esclave hindoue, qui la prit en mains pour devenir une de ces jeunes femmes encore vierges, joueuses de flûte ou aulétrides qui épuisent les hommes les plus robustes.

En ce temps là de la civilisation grecque, l’amour est un art et durant sept ans elle va apprendre à devenir une femme de l’art complexe et voluptueux des courtisanes.

On fait connaissance ensuite de Démétrios, ce beau jeune homme que la reine Bérénice, fille de Ptolémée et sœur aînée de Cléopâtre, avait fait mander pour son plaisir trois ans auparavant. En entrant Démétrios s’était trouve en face d’un jeune corps vêtu d’un costume effrontément ajouré et qui laissait à découvert les vingt deux endroits de la peau où les caresses sont irrésistibles. Sculpteur de métier sur marbre, la reine se dévêtant de façon très suggestive lui demande de faire en sorte que l’on adore son image.

La statue terminée et exposée au temple d’Aphrodite appelée aussi Anadyomène, une foule se précipite non pas tant pour l’effigie que pour le nom du sculpteur gravé au bas de l’œuvre : ce sont les adoratrices de Démétrios, lequel finit par adorer son œuvre plus que son modèle. L’objet de son désir devient la statue, il n’adore plus qu’elle seule.

Le temple d’Aphrodite - Astarté est peuplé de toutes parts de courtisanes dans l’attente d’un homme et Démétrios préfère courir au temple qu’au palais de Bérénice. « Entre les sveltes colonnes, coiffées en volutes ioniennes, la déesse apparaissait toute vivante sur un piédestal de pierre rose, chargé de trésors appendus. Elle était nue et sexuée, vaguement teintée selon les couleurs de la femme ; elle tenait d’une main son miroir dont le manche est un priape, et de l’autre adornait sa beauté d’un collier de perles à sept rangs. »

La rencontre entre Chrysis et Démétrios est voulue par le destin. Démétrios n’en croit pas ses yeux. « La ligne souple du corps ondulait à chaque pas, et s’animait du balancement des seins libres, ou du roulis des belles hanches. » Démétrios s’interroge quant à savoir si cette beauté est une fille du porneïon. En réponse à la demande de Démétrios, Chrysis propose un marché s’il veut la conquérir : il doit entrer en possession d’un miroir qu’il doit voler chez Bacchis une femme que déteste Chrysis, du peigne de Toumi l’Égyptienne qu’il doit tuer pour ce faire, et du collier à sept rangs de perles de la déesse Aphrodite, ce qui est un sacrilège. Pour Démétrios le défi est immense.

Chrysis en attendant ne dédaigne pas les amours saphiques avec les petites jeunes, nubiles et vierges, que sont Rhodis et Myrtocleia. Elles ne s’étreignent pas, elles s’effleurent pour goûter le suprême plaisir. Les deux rêvent de revoir leur pays d’Éphèse afin de s’épouser comme la loi le permet, ce qui n’est pas le cas à Alexandrie.

D’orgies en orgies tout ce petit monde s’adonne à tous les plaisirs, de la table et du lit, avant que le temps passant ne survienne l’âge où la magnificence du lit supplée à l’éclat du corps.

Chrysis apprend que Demetrios a relevé le défi qu’elle lui avait lancé. Mais à quel prix pour elle ! La surprise va être de taille quand elle reverra son amoureux.

Dans un style somptueux et facile, Pierre Louÿs nous décrit avec talent et érudition le tableau fastueux des mœurs grecques de l’Antiquité. Chez les Grecs, l’amour était le sentiment le plus vertueux et le plus fécond, sans aucune impudicité ni immodestie. Il faut savoir qu’alors un homme et une femme sans être engagés d’aucun lien pouvaient s’unir fût-ce en public quelque fût leur jeunesse, et ils étaient considérés comme ne nuisant à personne. C’était l’époque où l’amour le plus sensuel était sans souillure, sans honte, sans péché.

« Ne jamais parer une femme des qualités qu’on lui souhaite, ni des beautés dont elle fait mystère, mais présumer le fade pour s’étonner de l’exquis, n’est ce pas le meilleur conseil qu’un sage puisse donner aux amants. »

Qu’il me soit loisible en terminant de citer Pierre Louÿs : « Avec ce livre, « qu’il soit permis à ceux qui regrettent de n’avoir pas connu cette jeunesse enivrée de la terre que nous appelons la vie antique, d’oublier les siècles barbares, hypocrites et laids, de remonter de la mare à la source, de revenir pieusement à la beauté originelle, de rebâtir le Grand Temple au son des flûtes enchantées et de consacrer avec enthousiasme aux sanctuaires de la vraie foi leurs cœurs toujours entrainés par l’immortelle Aphrodite. »

Commenter  J’apprécie          20
Aphrodite

L'un des premiers livres "érotiques" que j'aie lus! Comme ces "choses-là" sont joliment évoquées! Rien à voir avec les horreurs que l'on peut lire de nos jours, et qui ne sont bonnes qu'à alimenter le feu!
Commenter  J’apprécie          20
Aphrodite

L'histoire est palpitante. Publié en 1896, ce roman de Pierre Louÿs (1870-1925) connut aussitôt un énorme succès grâce à un article enthousiaste de l'académicien François Coppée qui sut y voir l'oeuvre d'un très grand écrivain.
Commenter  J’apprécie          30
Aphrodite

Une pépite de littérature......
Commenter  J’apprécie          10
Aphrodite

J'ai vraiment apprécié cette lecture qui tient plus d'une tragédie grecque classique qu'un livré érotique. D'ailleurs le titre du livre est "Aphrodite mœurs antiques" et les scènes érotiques ne sont pas si nombreuses et très peu détaillées. Au travers du livre, on y découvre la vie que menaient les courtisanes de l'époque et le rapport que les grecques avaient à l'amour. C'est extrêmement bien écrit, l'intrigue amoureuse est également très bien distillée et il est difficile de quitter la lecture avant d'avoir tourné la dernière page. L'histoire est celle de Chrysis magnifique courtisane blasée qui n’a encore jamais aimée, qui rencontre Démétrios un sculpteur magnifiquement beau mais qui ne recherche pas l'assouvissement de son désir sexuel mais la perfection physique afin de la figer. La rencontre de ses deux êtres courtisés par tous va les bouleverser et de là leur destin va être figé. Que ne ferait-on pas par amour ?

C’est une très belle œuvre qu’il serait dommage de ne pas lire, et c’est un auteur que j’aurais plaisir à retrouver au travers d’autres de ses livres.

Commenter  J’apprécie          81
Aphrodite

On est peu de choses... De la courtisane la plus belle de la ville à un cadavre puant, agité de vermines, voilà le destin de Chrysis. Pierre Louÿs reprend l'imaginaire de la charogne de Baudelaire, du cadavre de Nana. Et si ce n'est pas très original, c'est ce que j'ai préféré dans ce texte.

Car pour le reste, je ne sais pas quelle est la part de ses rêves érotiques, de ses fantasmes, de son goût orientaliste pur une antiquité imaginée, mais quelle accumulation. Ce n'est pas vraiment érotique, il ne décrit pas vraiment les passages à l'acte, mais ne cesse de décrire les seins, les hanches, les lèvres des femmes, et insiste sur l'homosexualité féminine, mais avec un male gaze insistant pour employer une expression anachronique. Tous les personnages ne pensent qu'au sexe, de la reine à la petite musicienne, de la vieille à l'enfant pas même formée - ce qui est assez dérangeant à lire. L'amour n'existe pas, il n'est qu'un combat, chacun ne cherchant dans l'autre qu'un moyen d'assouvir son propre plaisir. Et de façon paradoxale, tous les corps sont semblables et procurent les mêmes propres plaisirs, il ne sert donc à rien d'être fidèle car une fois un corps - et non une âme - conquis, il ne procure plus de plaisir, il faut aller voir ailleurs. Là où Une volupté nouvelle, courte nouvelle de l'auteur que j'avais lue juste avant, mêlait sensualité et humour, ici il n'y en a pas, les personnages se prennent énormément au sérieux, Démétrios pense être un grand artiste en quête de frisson, mais il rêve plus qu'il ne sculpte. Une lecture plutôt décevante donc.
Commenter  J’apprécie          40
Aphrodite

Imaginez un lieu totalement dédié aux plaisirs érotiques.

Imaginez que le temps n’a de sens que de vouloir les satisfaire.

Que reste t’il ?

Des êtres sans amour et sans vertu.

Des êtres dont la laideur d’âme n’a d’égale que leur troublante beauté.

En souhaitant nous montrer le paradis, c’est au spectacle de l’enfer que nous convie Pierre Louys.
Commenter  J’apprécie          70
Aphrodite

Lu en 2017. J'étais curieuse de lire cette oeuvre écrite à la fin du 19ème siècle.

C'est le récit d'une étrange histoire passionnelle et dramatique, mêlant narcissisme, jalousie, orgueil, cynisme, beauté et érotisme. Je reconnais avoir été séduite par l'écriture raffinée et sensuelle de cette oeuvre classique, mais tout de même heurtée par l'âge de certaines très jeunes courtisanes (non pubères) et par leurs "désirs" exacerbés, nés de la plume de l'auteur...
Commenter  J’apprécie          10
Aphrodite, tome 1 (BD)

Une histoire d'Aphrodite, on ne peut même pas dire un roman graphique, il y a plus de textes que de dessins. Les illustrations de Manara ne sont pas les meilleures que j'ai vu, un peu fades dans cet édition et sans grand intérêt. La couverture attire le chaland mais le contenu parait un peu bâclé...
Commenter  J’apprécie          40
Archipel

J'ai découvert et ai été charmée par Pierre Louÿs lors de la lecture de son célèbre Aphrodite. J'ai donc souhaité connaitre mieux ses œuvres, et mon choix s'est porté sur un livre qui se présente comme un recueil d'articles sur la société antique (grecque, mais pas que), d'articles sur la société et les mœurs de son époque (le dix-neuvième siècle), et de quelques contes.

Les contes, qui sont vraiment minoritaires dans ce court ouvrage, présentent les mêmes caractéristiques que celles que j'ai appréciées dans Aphrodite : une écriture fine et poétique, des personnages jamais loin du tragique, de la sensibilité et de la sensualité, une certaine cruauté aussi.

Les articles sur l'antiquité portent sur des sujets très variés, on passe allègrement de la femme dans la poésie arabe aux fastes d'une fête à Alexandrie ou aux sports antiques.

Les articles qui portent sur la société du dix-neuvième siècle posent le constat de certaines défaillances de ce siècle (la baisse de la natalité, la réforme de l'orthographe…) et Pierre Louÿs propose ce qu'il faudrait faire pour qu'elles évoluent dans le bon sens (selon lui).



Ce qui m'a marqué dans Archipel, c'est la très grande modernité des propos. Quand Pierre Louÿs fait l'apologie de l'Antiquité, c'est son absence d'hypocrisie qu'il met en avant (dans "Lesbos d'aujourd'hui", il y regrette la vie plus secrète que du temps de Daphné et Lesbos de ses habitants). L'amour et le plaisir physiques ne sont pas seulement impudiques voire sacrilèges, mais porteurs de valeurs. Il y a chez Pierre Louÿs une certaine nostalgie de cette esthétique qui concilie le physique et les valeurs ; dans "Sports antiques", par exemple, il nous dit :" Nos coureurs, attirés par l’appât des prix, s’entraînent constamment au même exercice [...] le sport ainsi compris est tout le contraire de l’art."

Bien loin de l'érotisme qui teinte ses romans, Pierre Louÿs se fait dans Archipel essayiste, chroniqueur, conteur, réformateur… et surtout, il fait montre d'une pensée véritablement libre et tolérante. Ce recueil est à la fois instructif, souvent drôle, et bien écrit, une petite perle, que j'ai pris bien du plaisir à lire.

Commenter  J’apprécie          360
Contes choisis

Les trois roses de Marie-Anne et autres contes / Pierre Louÿs

Marie-Anne Colmaille était la fille du sonneur qui depuis plus de quarante ans avait appelé les Rouennais à l’office, à la méditation et à la prière au temps du roi François et des souverains suivants. Elle ne connaissait rien des hommes sinon qu’ils habitaient la terre tandis qu’elle vivait dans le ciel.

Le père Colmaille prenant de l’âge, il ne put plus sonner la grande cloche et il fallut faire appel à Alain, un aide sonneur encore bien jeune et robuste. Il devint amoureux de la jeune fille qui se réfugiait souvent dans le clocher pour être plus près de la Sainte Vierge et voulut lui déposer trois roses au bord de sa fenêtre…

Dans ce bref conte, Pierre Louÿs fait montre d’une grande délicatesse et le côté merveilleux ravira les amateurs.

Dans le deuxième conte de ce recueil, « L’homme de pourpre », on se retrouve il y a bien longtemps, au temps de l’Antiquité, à Éphèse en Asie où un jeune apprenti du vieux Bryaxis raconte. Le jeune homme et son ami respectent et admirent le vieillard, sculpteur de son état. Il a notamment sculpté les cinq colosses dressés devant la ville de Rhodes, les statues du tombeau de Mausole et le taureau de Pasiphaé. C’est alors que bondit vers eux le petit Ophélion qui apprend au vieillard que c’est un nommé Clésidès, venu exprès d’Athènes, qui fait le portrait de la reine ! Mais l’affaire n’est pas simple puisque la reine Stratonice veut qu’on la voie sous toutes les faces ; or Clésidès est peintre et non pas sculpteur ! Contrariée et fatiguée après la pose vue de dos, Stratonice se fait remplacer par une servante pour les poses suivantes. La suite est une vengeance de Clésidès inscrite dans deux petits tableaux injurieux à l’encontre de la reine qui sont fixés au mur du palais à la vue de tous…

C’est alors que Bryaxis raconte comment Parrhasios a peint le Prométhée de l’Acropole à Athènes, un tableau sorti dans le sang. C’était l’année où Platon mourut, l’année de la 107e olympiade, un demi siècle plus tôt. On découvre ainsi qu’à l’époque, au temps du roi Philippe, il pouvait y avoir à Khalkis un marché aux esclaves d’environ 80 000 têtes étalé sur trois mois. Parmi eux 3000 vierges à vendre ! Arrive dans une belle robe pourpre Parrhasios interpelant Bryaxis et l’invitant à une promenade tout en recherchant un modèle pour peindre son Prométhée. En chemin, Parrhasios achète pour un bon prix une toute jeune vierge de seize ans, exposée nue, Artémidora qui va lui servir de modèle pour quelques petits tableaux obscènes qui ne sont pas la partie la moins noble de son œuvre. Parrhasios s’empresse de lui faire remettre sa tunique blanche, son voile bleuâtre et sa ceinture de vierge. Enfin après avoir erré longuement, il découvre l’homme idéal pour son modèle, une force de la nature qui a nom Nicostrate. Ensemble ils rentrent à Athènes et Brysaxis est reçu dans le palais de Parrhasios. Les jours passent avant que le maître de céans ne se décide à réaliser son Prométhée et quand Bryaxis arrive dans la salle des œuvres, il ne peut retenir un cri d’effroi à la vue de Nicostrate …La suite confine à l’horreur…

Dans ce conte, Pierre Louÿs nous décline la mythologie antique ainsi que l’histoire grecque dans un style magnifique et teinté d’un érotisme léger attenant notamment à la vie et l’art de Parrhasios aux prises avec la plastique d’Artémidora pour réaliser la « Nymphe surprise ».

Dans « Dialogue au soleil couchant », l’auteur imagine un dialogue entre Arcas chevrier sans chèvre, coureur de chemins vagues et Melitta, jeune fille aux yeux noirs telle une sœur d’Aphrodite, gardienne de brebis, qui se refuse à écouter les douces paroles du garçon qui tente perfidement de la séduire, suivant en cela le conseil de sa mère, car elle est âgée d’à peine treize ans. Mais le garçon a plus d’un tour dans son sac…et le verbe enjôleur…pour lui faire découvrir la forêt en la protégeant des satyres qui rôdent et des hamadryades aux yeux verts qui scintillent. Un très beau texte très stylé.

« Une volupté nouvelle » m’a fait penser au début à l’essai de Nathan Devers « Espace fumeur » que j’ai commenté récemment puisque je lis : « … L’important est d’avoir toujours une cigarette à la main ; il faut envelopper les objets d’une nuée céleste et fine qui baigne les lumières et les ombres, efface les angles matériels, et, par un sortilège parfumé, impose à l’esprit qui s’agite un équilibre variable d’où il puisse tomber dans le songe. » L’auteur, un soir, songe à écrire de la poésie, et en même temps il ressent le désir de ne rien faire. Une soirée qui se terminera comme souvent devant une feuille de papier vierge et un cendrier plein de cadavres ! C’est alors que la sonnerie retentit… Une femme inconnue se tient sur le seuil, belle et sensuelle. Elle défait son manteau et « … Sa robe était de soie vert d’eau, ornée de gigantesques iris tissés dont les tiges montaient en fusées le long du corps jusqu’à un décolletage carré qui montrait nu le bout des seins. » Fantasme, fantôme ou réalité d’une lectrice extravagante ? Elle dit s’appeler Callistô…et se dévêt en un éclair pour laisser apparaître un corps d’une harmonie parfaite, « sa peau luisait comme au sortir du bain, brune d’un léger ton uniforme, presque noire au bout des seins, au bord allongé des paupières et dans la ligne courte du sexe. » … Elle raconte à notre poète comment est née la volupté dans les temps anciens, comment les lèvres d’un homme et d’une femme se sont unies pour la première fois et se savourèrent avant que chaque jour un plaisir nouveau n’inspirât les corps des amants, oubliant la barbarie héréditaire des accouplements bestiaux. C’était au temps de la splendeur de Babylone, Antioche et Alexandrie. Mais depuis, des siècles plus tard, quel plaisir inconnu en amour avez-vous conquis demande –t-elle à l’écrivain ? Quelles jouissances neuves avez-vous expérimenté que je puisse partager avec toi ? Le narrateur tente d’expliquer que les siècles qui ont suivi furent destructeurs et que les hommes et les femmes perdirent peut-être l’essentiel, mais que l’humanité avait enfanté des découvertes remarquables. Et Callistô de se moquer de l’écrivain lui montrant que les siècles qui suivirent l’Antiquité n’ont fait que copier, Descartes Parménide, Kant également Parménide, les mathématiciens Euclide et Archimède copié par Leibnitz, Aristote par Newton, Démocrite par Kelvin. Et au terme de cette discussion savante, Callistô souhaiterait emporter avec elle le frisson d’une volupté nouvelle… La cigarette, songe alors l’écrivain, fera peut-être l’affaire…Une nouvelle très originale.

« Escale en rade de Nemours » raconte l’histoire de Mahmoud déjà mari de trois femmes qui soudain tombe fou amoureux d’une jeune fille errante. Djaouhera, la perle, parvint à faire divorcer Mahmoud de ses trois femmes. Puis elle voulut les autres hommes et ses amants ne se contèrent plus. Jusqu’au jour où elle –même tomba amoureuse d’Abdallah, un errant comme elle. Tout deux s’enfuirent et Mahmoud partit à leur recherche…

« La fausse Esther ». On se souvient peut-être de cette jeune femme, personnage de « Splendeurs et misères des courtisanes », roman de Balzac : Esther, surnommée la « Torpille », une ancienne hétaïre qui accompagne Lucien de Rubempré à l’Opéra. Un matin, son amie Mina arrive chez elle affolée, car elle a vu son nom dans le roman d’un certain Balzac. Esther ne vit plus, il lui faut absolument rencontrer de Balzac, car elle se sent observée par les passants et croit être reconnue. Elle finit par découvrir où habite l’écrivain qui va lui révéler peut-être son destin…

« La confession de Mlle X… ». L’abbé de Couézy était le confesseur de ces dames mondaines, mondain lui-même. Intelligent et perspicace, il savait de suite à qui il avait affaire et se gardait bien de dire ce qu’il savait des mœurs de son temps. Ce qui n’était pas le cas d’autres prêtres qui se risquaient à donner le ton des confessions. Le sujet qui revenait concernait l’inceste, comme un retour aux Ptolémées. Interrogé sur le sujet par ses amis, l’abbé Couézy gardait le silence. Puis dans un souffle : « elles se vantent » en parlant des supposées victimes. Et l’abbé d’expliquer que chez certaines jeunes filles l’aveu sans péché devient une habitude agréable, les détails rendant l’aveu encore plus délicieux, s’attribuant des vices qu’elles n’osent pas commettre. Et d’apporter des preuves…en donnant l’exemple d’une confession qu’il lui est possible de révéler sans commettre le péché! La suite nous dit pourquoi…

« L’aventure extraordinaire de Mme Esquollier ». C’est l’histoire d’un enlèvement, celui de Madeleine et d’Armande, deux sœurs complices, alors qu’elle sorte de l’Opéra. Leur imagination les conduit à songer au pire qu’elles accepteraient à la limite sauf la mort. Elles sont loin d’imaginer ce qui les attend après qu’elles sont arrivées dans une propriété et qu’on leur a confisqué leurs magnifiques robes…

« Une ascension au Vénusberg ». Le narrateur après un concert Wagner à Bayreuth décide de visiter le verdoyant Marienthal près de la vieille ville d’Eisenach, non loin du quel se dresse le célèbre Vénusberg de son vrai nom Mont Hœrsel.

« Le Vénusberg m’attirait à lui. Seul, de toutes les montagnes voisines qui, vêtues de sapins noirs ou de prairies mouillées, dessinaient une robe sur la terre, le Vénusberg était nu, et tout à fait semblable au sein gonflé d’une femme. Parfois les crépuscules rouges faisaient nager sur lui les pourpres de la chair. Il palpitait : vraiment il semblait vivre à certaines heures du soir, et alors on eût dit que la Thuringe, comme une divinité couchée dans une tunique verte et noire, laissait monter le sang de ses désirs jusqu’au sommet de sa poitrine nue. »

Magnifique style de Pierre Louÿs !

Le narrateur a décidé de gravir le Vénusberg et se met en route un beau matin. Un petit refuge offre l’hospitalité au sommet ce qui désole un peu notre randonneur. Cependant la gentillesse des hôtesses l’incite à les écouter qui l’enjoignent à visiter la grotte, la Vénushœle (la grotte de Vénus) qui vite va s’avérer être plutôt une Hœllenberg (montagne de l’enfer) quand il entend les propos du gardien de ces lieux magiques dont on ressort pas indemne…

« La Persienne. » Mlle N. n’avait jamais voulu se marier, car disait-elle, elle avait été vieille trop tôt, un soir, à dix-sept ans. Spectatrice atterrée d’une scène atroce entre un homme indélicat et une toute jeune fille dans un coin sombre de la ruelle derrière la persienne de sa chambre, elle avait appris en quelques minutes les réalités et les secrets de la vie, de l’amour et du désir…

« L’In-Plano / Conte de Pâques ». Quand la solitude conjuguée à la curiosité peut conduire au désespoir chez une petite enfant venue en cachette dans la bibliothèque paternelle…

« La nuit de printemps. » Quand Néphélis se mesure au monstre qui veut boire le lait à son sein…

« La désespérée ». Berthe, quatorze ans, est amoureuse de Jean, un jeune travailleur. La mère intervient et met fin aux rencontres. Le frère de Berthe, Julien, dix huit ans, se charge de dissuader Berthe de mettre a exécution sont désir de suicide…

« Le Capitaine aux guides ». « J’ai toujours pensé que le véritable confident des femmes, c’est le médecin et non l’abbé », affirmait ce jour-là le Pr Chartelot après avoir prononcé son diagnostic. Et il raconte cette histoire d’une patiente protestante à l’article de la mort par pneumonie avouant ses fautes…

« Un cas juridique sans précédent. » La question est : « comment un mariage régulier, conclu avec le consentement des deux parties, peut-il entraîner, par des nécessités immédiates et inéluctables, de la part de l’un des conjoints et avec la complicité de l’autre, les crimes de rapt, de séquestration, de proxénétisme, d’attentat à la pudeur, de viol répété, d’inceste, d’adultère et de polygamie ? » Étonnant !



Commenter  J’apprécie          10
Histoire du Roi Gonzalve et des douze princ..

C'est encore un ouvrage qui a été très controversé car censuré. Est ce une raison pour laquelle on trouve en 2e partie des poèmes? Je ne sais pas mais je ne peux m'empêcher de le penser (très belles poésies du reste).

En fait, le roi a 12 filles et Louÿs nous explique comment le Roi les initie chacune d'entre elles aux plaisirs de la chair, y compris aux plaisirs saphiques. Mais le roman est stoppé à la 3è !! Ca fait un sacré manque tout de même!
Commenter  J’apprécie          10
L'homme de pourpre

L’homme de pourpre /Pierre Louÿs

L’histoire narrée dans cette nouvelle nous emmène il y a bien longtemps, au temps de l’Antiquité, à Éphèse en Asie où un jeune apprenti du vieux Bryaxis raconte. Le jeune homme respecte et admire le vieillard, sculpteur de son état. Il a notamment sculpté les cinq colosses dressés devant la ville de Rhodes, les statues du tombeau de Mausole et le taureau de Pasiphaé. C’est alors que bondit vers eux le petit Ophélion qui apprend au vieillard que c’est un nommé Clésidès, venu exprès d’Athènes, qui fait le portrait de la reine ! Mais l’affaire n’est pas simple puisque la reine Stratonice veut qu’on la voie sous toutes les faces ; or Clésidès est peintre et non pas sculpteur ! Contrariée et fatiguée après la pose vue de dos, Stratonice se fait remplacer par une servante pour les poses suivantes. La suite est une vengeance de Clésidès inscrite dans deux petits tableaux injurieux à l’encontre de la reine, qui sont fixés au mur du palais à la vue de tous…

C’est alors que Bryaxis raconte comment Parrhasios a peint le Prométhée de l’Acropole à Athènes, un tableau sorti dans le sang. C’était l’année où Platon mourut, l’année de la 107e olympiade, un demi siècle plus tôt. On découvre ainsi qu’à l’époque, au temps du roi Philippe, il pouvait y avoir à Khalkis un marché aux esclaves d’environ 80 000 têtes, étalé sur trois mois. Parmi eux 3000 vierges à vendre ! Arrive dans une belle robe pourpre Parrhasios interpelant Bryaxis et l’invitant à une promenade tout en recherchant un modèle pour peindre son Prométhée. En chemin, Parrhasios achète pour un bon prix une toute jeune vierge de seize ans, exposée nue, Artémidora qui va lui servir de modèle pour quelques petits tableaux obscènes qui ne sont pas la partie la moins noble de son œuvre. Parrhasios s’empresse de lui faire remettre sa tunique blanche, son voile bleuâtre et sa ceinture de vierge. Enfin après avoir erré longuement, il découvre l’homme idéal pour son modèle, une force de la nature qui a nom Nicostrate. Ensemble ils rentrent à Athènes et Brysaxis est reçu dans le palais de Parrhasios. Les jours passent avant que le maître de céans ne se décide à réaliser son Prométhée et quand Bryaxis arrive dans la salle des œuvres, il ne peut retenir un cri d’effroi à la vue de Nicostrate …La suite confine à l’horreur…

Dans ce conte, Pierre Louÿs nous décline la mythologie antique ainsi que l’histoire grecque dans un style magnifique et teinté d’un érotisme léger attenant notamment à la vie et l’art de Parrhasios aux prises avec la plastique d’Artémidora pour réaliser la « Nymphe surprise ».

Commenter  J’apprécie          20
La femme et le pantin

Peut-être que certains se souviennent encore des débuts médiatiques de Britney Spears, pas tout le début mais quand elle a commencé à chanter, vers seize ou dix-sept ans, je ne sais plus. Elle excitait beaucoup plus les hommes en se déclarant vierge dans la presse qu'en se déhanchant dans des clips torrides. La Conchita Perez de ce roman est un peu la version espagnole, trash et dix-neuvième siècle de Britney Spears : un petit démon qui passe son temps à souffler le chaud et le froid, à allumer. Chaque fois que Don Mateo croit la saisir, elle lui glisse entre les mains et c'est lui qui se retrouve finalement piégé dans les filets de la jeune fille. Tout ça est d'abord raconté sur le ton léger et amusant d'une comédie.

L'action se déroule en grande partie à Séville, où Don Mateo passe pour un Don Juan, ce qui n'est qu'à moitié vrai car c'est un Don Juan de pacotille, un Don Juan amoureux, autant dire un oxymore vivant. Imaginez un fan de Britney Spears qui aurait perdu la raison, c'est lui. Car elle chante et elle danse cette jolie Andalouse du peuple et elle répète à l'envi : « je vous jure sur la tombe de mon père que je suis vierge comme une enfant », et peut-être qu'elle ne ment pas d'ailleurs sur ce point, ce qui est pire, c'est-à-dire plus torturant pour Don Mateo, énervé à l'extrême. Conchita pourrait être considérée comme le chaînon manquant entre Lolita et Don Juan, à la fois insouciante et manipulatrice, libertine et chaste.

Il y a un érotisme évident dans ce roman, assez diffus, c'est l'excitation érotique qui est mise en scène plutôt que l'érotisme lui-même. J'ai aussi dit que ce roman était une comédie, il est bien écrit avec quelques figures de style amusantes : « Elle dormait neuf heures la nuit, et trois heures au milieu du jour. Ceci excepté, elle ne faisait rien. » ou encore : « Elle s'était peu à peu adoucie. Je veux dire qu'elle ne m'en voulait plus de tout le mal qu'elle m'avait fait. » Mais cette dernière phrase est encore plus profonde que drôle, car la fin, où le caractère bizarre de Conchita est enfin dévoilé, mérite une sérieuse réflexion.
Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pierre Louÿs (916)Voir plus

Quiz Voir plus

Harry Potter pour les nuls (niveau facile)

Combien de tomes contient la série Harry Potter

6
7
8
9

7 questions
16999 lecteurs ont répondu
Thème : Harry Potter, tome 1 : Harry Potter à l'école des sorciers de J. K. RowlingCréer un quiz sur cet auteur

{* *}