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Critiques de Pierre Louÿs (129)
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La femme et le pantin

Très bien écrit !



J'ai découvert Pierre Louÿs avec Trois filles de leur mère et je me suis dit que ce livre serait un peu du même acabit. Bon ok, érotique si c'est le mot qui convient..

Pas du tout évidemment. Et c'est pourquoi Pierre Louÿs est un immense écrivain ! Récit de voyage de la fin du 19eme siècle, j'ai lu la version illustrée notamment par le tableau de Goya 'Le Pantin'. Qui illustre parfaitement le récit. L'histoire est particulièrement prenante. On est fasciné par cet homme qui tombe sous l'emprise de cette très jeune femme cruelle et manipulatrice. On souffre avec lui, on voudrait qu'il arrête les frais, mais sans cesse il revient à elle. La tension est intense et le récit haletant.

J'ai adoré !
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La femme et le pantin

C'est dans le but d'entendre ma culture littéraire classique que je me suis dirigée vers ce petit roman qui nous conte la naissance d'ube obsession du narrateur pour une jeune femme rencontrée lors d'un carnaval à Séville. Certes, je ne suis pas une grande fanatique des écrits que les écrivains ont produit au cours du 19ème siècle pour y exprimer leur admiration pour l'Espagne, mais qui sait, celui-ci aurait pu être différent...

Si j'ai apprécié l'élégance de la plume de l'auteur en revanche l'histoire m'a laissée complètement de marbre. Ce récit ressemble beaucoup au Carmen de Mérimée dont je suis loin d'être une admiratrice... Cette impression de réchauffé rajouté au manque d'intérêt ou d'empathie pour les tourments du personnage me font dire que ce ne sera pas une lecture marquante. Et il est probable qu'il aille rejoindre les "vite oubliés" même si le livre n'est pourtant pas mauvais.

Un rendez-vous raté, malheureusement !
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La femme et le pantin

Ceux qui avaient été séduits par les poèmes de Bilitis (Je ne parle pas du film...) seront déroutés à la lecture de ce livre. On est toujours dans un univers sensuel, voire érotique, mais bien plus âpre, plus dur et chargé d'intrigues.

Pierre Louÿs reste pour moi un écrivain étonnant, qui livre une oeuvre intéressante mais je ne sais toujours pas vraiment où il voulait aller.

C'est un poète, un esthète, certainement, mais je ne suis pas sûr d'avoir saisi la cohérence de son oeuvre...
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La femme et le pantin

J'ai beaucoup aimé le début du roman, j'ai trouvé l'écriture juste et les propos vraiment intéressants. Mais arrivée au récit de Don Mateo... je ne sais pas. C'était un peu long et redondant, le personnage féminin (j'ai déjà oublié son nom, ah oui, Concha) est assez captivant au départ et j'ai bien aimé le mystère autour d'elle, mais ensuite dernier tiers j'ai trouvé ça pénible à lire, j'avais envie que ça se termine et qu'on repasse au présent de l'histoire.
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La femme et le pantin

La femme et le pantin/Pierre Louys



« J'arrive : la grille était fermée aux barres. Je sonne : après quelques instants, Concha descend, et me sourit. Elle portait une jupe toute rose, un petit châle couleur de crème et deux grosses fleurs rouges aux cheveux. A la vive clarté de la nuit, je voyais chacun de ses traits. Elle approcha de la grille, toujours souriante et sans hâte : " Baisez mes mains ", me dit-elle. La grille demeurait fermée. " A présent, baisez le bas de ma jupe, et le bout de mon pied sous la mule. " Sa voix était comme radieuse. Elle reprit : " C'est bien. Maintenant, allez-vous-en. "

Ainsi s’exprime Mateo la victime de la perfide Conchita, contant ses mésaventures à son ami André.

Cet extrait à lui seule résume parfaitement l’atmosphère de ce bref roman à l’érotisme léger, paru en 1898.

L’histoire commence avec le jeune et beau André Stevenol de passage à Séville pour y trouver l’aventure. Son chemin croise celui de la belle Conchita Perez qui lui fixe un rendez-vous. Entre temps il rencontre un de se amis Mateo, qui le met en garde contre cette femme qui l’a fait souffrir.

Il lui raconte les mois de tortures morales que la gamine d’alors lui a infligées.

« Si vous connaissez la paix, les nuits calmes, la vie insouciante, tout ce que nous appelons le bonheur, n’approchez pas Concha Perez ! »

Dans un style subtile et fluide, Pierre Louys nous fait vivre les affres de Mateo, la quarantaine environ, que la rencontre de la jeune Conchita âgée de 15 ans, une prédatrice, va rendre fou d’amour et de jalousie. Allumeuse et même plus, elle se dérobe au moment crucial après avoir dévoilé tous ses charmes au pauvre Mateo et l’avoir mis en ébullition.

Et Mateo de conclure :

« Après ce qui s’était passé, je n’avais que trois partis à prendre : la quitter, la forcer, ou la tuer. »

À lire pour savoir comment Mateo et André s’en sont sortis !



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La femme et le pantin

Selon Lacan "le désir est l'écart entre la demande ( inconsciente ) et le besoin (conscient ), mais d'Epicure à Lacan en passant par Platon, Nietzsche, Spinoza.. les définitions fluctuent ! le roman de Pierre-Félix Louÿs auteur reconnu pour son gout pour une sensualité et un érotisme élégants s'est inspiré des mémoires de Casanova pour raconter les " affres " d'un homme de 40 ans dévoré de désirs envers une jeune andalouse de 15 ans !

1896 : c'est le carnaval à Séville, et au milieu de la foule, des oeufs remplis de papillos ( confetti ), des voitures, des rires et de la liesse générale : André Stévenol entrevoit une jeune femme : Concha ! Mais le lendemain, sur son chemin il croise don Mateo qui va lui raconter son histoire " d'amour " avec elle....

Concha Perez travaille à la Fabrica de cigares comme " Carmen " dans l'opéra de Bizet : elle est jeune, belle, sensuelle et provocante mais elle veut se faire désirer par ce riche andalou ! Elle va se refuser à lui, l'aguicher et profiter de son ascendant sensuel pour en faire sa marionnette !

Trois versions ont été filmées à ce sujet :

*en 1935 par Josef von Sternberg avec Marlène Dietrich dans le rôle de Concha * en 1959 : par Julien Duvivier avec Brigitte Bardot et enfin * en 1977 par Luis Bunuel avec Carole Bouquet !

Le roman est assez décevant par rapport au film que j'avais vu à la TV avec Bardot !
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La femme et le pantin

Nous voilà en 1896, à Séville, au Sud de l'Espagne avec André Stévenol, un français qui vient à peine de débarquer dans ce petit coin de paradis, et qui se trouve être en plein carnaval. Dès son arrivée, il est littéralement subjugué voire hypnotisé par la beauté d'une jeune-femme, qu'il aperçoit à travers la foule en délire. C'est un coup de foudre pour lui, et fera tout pour la revoir. D'ailleurs, il la retrouve puisqu'elle lui donne même rendez-vous le lendemain.



Mais entre-temps, il rencontre, Matéo, un noble sevillan. Tous les deux vont discuter un peu et, André tout heureux va lui parler de son fameux rendez-vous avec cette jeune-femme au doux nom de Doña Conception Garcia, plus connue sous Concha ou Conchita.

Matéo est tellement sous le choc, qu'il ne peut faire autrement que de lui raconter son histoire. Son histoire d'amour à sens unique. Lui, pantin de Conchita.

Lui, fou amoureux d'elle au point d'en être aveuglé par toutes ses manipulations, sa personnalité perverse et j'en passe. La nana est complètement givrée. Se servir à ce point là de l'autre, c'est juste abusé et malgré tout ça, Matéo espérait encore et encore avec toujours de faux espoirs au final. Un jouet. Son pantin.



Ce qu'il y a de pire, c'est ne pas s'en rendre compte ou de s'en rendre compte et ne pas réagir



J'ai trouvé l'histoire totalement fabuleuse avec une plume tout autant délicieuse.

Mais lire un livre dans la catégorie "les classiques érotiques" on s'attend tout de même à voir un chouïa, un tout petit, little passage érotique. Vous serez déçus, car il n'y a pas de ça. Seulement quelques passages avec des bisous. Mais pas grave, Conchita est tellement folle qu'on oublie tout ça. Pis la fin..... holala. Pitoyable.



Je découvre donc pour la première fois de ma vie, Pierre Louÿs et, j'espère avoir l'occasion de voir le film.

C'est un livre que je vous recommande chaudement !

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La femme et le pantin

Quatre ans après les chansons de Bilitis, Pierre Louÿs publie en 1898 ce roman à l’écriture âpre, fluide et acérée. Plus d’un siècle plus tard, on lit cette histoire terriblement actuelle avec autant d’intérêt. Il s’agit de la trajectoire d’une femme fatale, qui inspira un grand nombre de cinéastes : Jacques de Baroncelli en 1928, Joseph von Sternberg – avec Marlène Dietrich – en 1935, Julien Duvivier avec Brigitte Bardot en 1959, Luis Bunuel en 1977 avec Carole Bouquet et Fernando Rey.

André Stevenol est un beau jeune homme qui vient chercher l’aventure à Séville, pendant la Feria. Il croise le regard brûlant de Conchita Perez, qui lui donne aussitôt rendez-vous. Elle aussi est en chasse …. Entre-temps, il rend visite à un riche espagnol de ses amis, célèbre coureur de jupons, qui le met en garde contre cette femme qui, plusieurs années durant, l’a fait atrocement souffrir. Don Mateo Diaz lui conte ses malheurs. Cependant, l’appel du désir – ou du danger – sera le plus fort.

Aujourd’hui, pour ceux qui ont lu les livres de Marie-France Hirigoyen, le cas est clair : il s’agit d’une classique situation d’emprise, la prédatrice présentant les caractéristiques d’une personnalité perverse narcissique. Elle provoque ses amoureux jusqu’à la violence physique et les tient en son pouvoir maléfique jusqu’à leur ruine morale et financière. Entre ses mains, ils deviennent des pantins, comme dans le tableau de Goya où l’on voit quatre jeunes filles faire sauter en l’air, dans un drap noué aux quatre coins, une marionnette à taille humaine.

Après s’être glissé dans la peau d’une amoureuse douce et lascive, Pierre Louÿs passe ainsi de l’autre côté du miroir, dans la tête d’une tourmenteuse consciente de son pouvoir, bien décidée à sortir, par tous les moyens, de sa condition. Un objectif très à la mode dans cette période de bouleversements économiques et sociaux du tournant du siècle, qui vit les plus modestes filles devenir de richissimes courtisanes.

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La femme et le pantin

Quand un libertaire devient libertin, c'est un régal !
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La femme et le pantin

Un homme raconte son histoire d'amour à sens unique avec une femme qui s'est servit de lui pendant des années sans rien donner en retour. Excellent, cynique et parfois nostalgique, il dresse un portrait peu flatteur de lui même. A lire absolument
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La femme et le pantin

Du Pierre Louÿs tout à fait abordable, il y a plus licencieux.

Belle histoire d'amour forcément décalée, sinon ce ne serait pas du Louÿs mais tout à fait plausible. L'amour entre un vieux riche et une jeune fille de 17 ans, pour l'époque cela reste tôt, bien que...

Classique bras de fer entre dominant et dominé, ou chacun échange les rôles, avec une connotation SM de très bon goût, il maitrise le sujet comme personne ce M. Louÿs.

ne vous trompez pas ce n'est pas un livre à lire à une main, bien au contraire, le cerveau turbine, le style est présent, le questionnement intérieur s'ensuit inévitablement.

Merci M. Louÿs pour cette lecture rafraîchissante et déconcertante.

Excellent livre à partager en amoureux.

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La femme et le pantin

Peut-être que certains se souviennent encore des débuts médiatiques de Britney Spears, pas tout le début mais quand elle a commencé à chanter, vers seize ou dix-sept ans, je ne sais plus. Elle excitait beaucoup plus les hommes en se déclarant vierge dans la presse qu'en se déhanchant dans des clips torrides. La Conchita Perez de ce roman est un peu la version espagnole, trash et dix-neuvième siècle de Britney Spears : un petit démon qui passe son temps à souffler le chaud et le froid, à allumer. Chaque fois que Don Mateo croit la saisir, elle lui glisse entre les mains et c'est lui qui se retrouve finalement piégé dans les filets de la jeune fille. Tout ça est d'abord raconté sur le ton léger et amusant d'une comédie.

L'action se déroule en grande partie à Séville, où Don Mateo passe pour un Don Juan, ce qui n'est qu'à moitié vrai car c'est un Don Juan de pacotille, un Don Juan amoureux, autant dire un oxymore vivant. Imaginez un fan de Britney Spears qui aurait perdu la raison, c'est lui. Car elle chante et elle danse cette jolie Andalouse du peuple et elle répète à l'envi : « je vous jure sur la tombe de mon père que je suis vierge comme une enfant », et peut-être qu'elle ne ment pas d'ailleurs sur ce point, ce qui est pire, c'est-à-dire plus torturant pour Don Mateo, énervé à l'extrême. Conchita pourrait être considérée comme le chaînon manquant entre Lolita et Don Juan, à la fois insouciante et manipulatrice, libertine et chaste.

Il y a un érotisme évident dans ce roman, assez diffus, c'est l'excitation érotique qui est mise en scène plutôt que l'érotisme lui-même. J'ai aussi dit que ce roman était une comédie, il est bien écrit avec quelques figures de style amusantes : « Elle dormait neuf heures la nuit, et trois heures au milieu du jour. Ceci excepté, elle ne faisait rien. » ou encore : « Elle s'était peu à peu adoucie. Je veux dire qu'elle ne m'en voulait plus de tout le mal qu'elle m'avait fait. » Mais cette dernière phrase est encore plus profonde que drôle, car la fin, où le caractère bizarre de Conchita est enfin dévoilé, mérite une sérieuse réflexion.
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La femme et le pantin

« Ce qui est vrai, c’est que l’amour n’a pas été pour moi une distraction ou un plaisir, un passe-temps comme pour quelques-uns. Il a été ma vie même. Si je supprimais de mon souvenir les pensées et les actions qui ont eu la femme pour but, il n’y resterait plus rien, que le vide. »





Peu importe la personne tant que l’état de déliquescence intérieur, qui porte à chercher du combustible ailleurs qu’en soi-même, se prête à l’élection de n’importe qui – cristallisation d’une nécessité intérieure et d’une contingence extérieure.





« Vous voyez, Monsieur, combien cette première rencontre est insignifiante et vague. Ce n’est pas un début de roman : le décor y tient plus de place que l’héroïne, et j’aurais pu n’en pas tenir compte ; mais quoi de plus irrégulier qu’une aventure de la vie réelle ? Cela commence vraiment ainsi. »





L’héroïne en question ne prend sans cesse plus d’importance qu’à la mesure de ce que le narrateur veut bien lui en accorder. Et il y tient, à lui donner de l’importance, puisqu’il n’a rien d’autre pour s’amuser à donner sens à sa vie. Quel est le signe qui se développe progressivement et qui attache inéluctablement le narrateur à cette fillette croisée un jour dans un train ? Il n’en saura jamais rien et nous non plus mais sa vie en sera définitivement gâchée parce que la garce – qui n’avait d’ailleurs rien demandé – n’avait pas vu en lui sa propre nécessité intérieure. Les années passent et l’obsession reste à la mesure de l’insatisfaction. Rien d’autre ne semble désormais avoir d’importance. La vie du mec se résume à ses rencontres fortuites avec la conchita. Chaque rencontre provoque une rechute.





Ce court roman n’a rien de palpitant, comme il en est de chaque histoire d’amour lorsqu’on ne la vit pas de l’intérieur. C’est donc pour cela que des vies peuvent être perdues, en attente de cet élément extérieur qui, croit-on sans s’interroger, pourra l’élancer vers les sommets de la fusion et de l’harmonie.





L’écriture, d’une perfection littéraire propre à son temps, renvoie aux nouvelles fantastiques et romantiques d’un Théophile Gautier, bien que l’élément fantastique n’y soit ici pas présent sinon dans l’irrationalité de cet élément inconscient qui nous envoûte et nous fait courir à notre déperdition dans l’amour.

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La femme et le pantin

Un jour ma fille (trente ans) m’a regardé d’une manière que j’ai trouvée étrange, un peu fixement, puis soudain elle a planté ses deux beaux yeux dans les miens (qui sont beaux aussi), et m’a sévèrement dit : « Ecoute, papa, cette fois-ci tu vas arrêter les conneries (ça c’est quand la colère couve car elle est plutôt délicate et jamais vulgaire), tu n’as plus quinze ans, et tu vas enfin écouter les conseils clairvoyants (elle tient de moi) de ta fille, pour t’éviter d’aller encore te fracasser dans une improbable soi-disant histoire d’amour qui promet, je te le dis, d’être l’apothéose tragique de toute ta vie sentimentale ! » Eh bien vous le croirez ou non, ça m’a aussitôt fait penser à "La femme et le pantin", qui m’est revenue en pleine figure, avec les 5 étoiles que je lui avais alors mises dans le coin secret de mon cerveau, cerveau qui attendait pour des jours futurs mon inscription chez Babelio que je ne connaissais pas encore. Voilà, c’est ça ma critique.

Je vois que plusieurs lecteurs sont un peu plus rentrés dans le détail de l'oeuvre. Merci à eux.
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La femme et le pantin

Mon avis sera bref.

Cantonner Pierre Louÿs à des écrits très érotiques est un cliché véhiculé par ceux qui n'ont pas lu ce petit chef d'œuvre qu'est - La femme et le pantin -.

Non seulement, c'est fin, brillant, érudit, volcanique, dérangeant, perturbant, infiniment attachant et magistralement écrit, mais c'est tout simplement de la belle et grande littérature.

A lire et à relire périodiquement.
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La femme et le pantin

La Femme et le Pantin, par Pierre Louÿs. Petit roman, grand classique de la littérature « passionnelle » de la fin du XIXème siècle, sensuelle mais au demeurant assez chaste. Cette œuvre a été à l’origine de plusieurs films à succès.

Matéo est le personnage principal, il connaît la jeune fille avec qui son ami français André a rendez-vous, et en parle. Lui « le Pantin » raconte ses déboires avec elle, « la Femme », Concha, tout juste sortie de l’adolescence.

Matéo est donc un homme que l’on dira d’âge mûr, et qui semble immensément riche et particulièrement désœuvré. Dans la Séville de la fin du XIXe siècle, il croise dans un train une jeune fille de quinze ans, et la retrouve dans la fabrique de cigares où elle travaille. Il s’éprend d’elle, veut la revoir, la revoit et lui fait une cour assidue, qui ne débouche toutefois pas sur ce à quoi il aspire, la jeune fille s’arrangeant pour le dépouiller tout en lui promettant sa vertu pour plus tard. Il finit par ne plus savoir ce qu’il désire, de la personne ou de ce qu’elle lui refuse, mais cette manœuvre produit sur lui une surexcitation, une exacerbation du désir. Sa frustration le conduit à déserter Séville, à chercher à combler ses privations dans la capitale où il passe quelques mois sans parvenir à convoiter, à se satisfaire, ni à brûler d’amour. il retourne à Séville, se jette dans le bouillonnement de passions torrides que lui tend Concha, passée danseuse de flamenco dans un cabaret, et s’enfermant avec des clients. En échange d’une nouvelle promesse, Matéo lui offre une somptueuse demeure, mais devant le stratagème renouvelé de Concha, l’espérance se transforme : jalousie, sentiment de haine, violences physiques.

Tandis que Matéo obtient ce à quoi il aspirait, son ami André est à son tour envoûté. Les recommandations n’auront donc pas été utiles, Concha semble être une sorte de gouffre sans fond...
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La femme et le pantin

La femme, c'est la jeune Concha. Quelle femme ! C'est une voix – Mateo commence par l'entendre chanter, mais c'est surtout un corps en mouvement, qui danse, qui bouge, et qui présenté comme parfait, de la bouche rouge et sensuelle, aux chevilles, à la chevelure noire envoutante, et aux seins dignes du paradis... Si belle, qu'elle pourrait d'abord n'être le jouet des hommes, de ces hommes riches qui viennent espionner les femmes qui travaillent presque dénudées dans la fabrique de cigares – à la forme très suggestive, de ces étrangers qui cherchent le spectacle des danseuses nues... Oui, elle pourrait être une Nana espagnole, une de ces filles entretenues par un riche qui cherche à assouvir ses désirs physiques, y compris sur une jeune fille pas encore adulte, comme le souhaiterait d'abord Mateo, le riche et grand seigneur.

Mais Concha sait ce qu'elle veut, elle veut être libre, de dépendre de personne, et garder sa virginité aussi comme un trésor. Elle séduit les hommes, leur fait tourner la tête par ses gestes et ses paroles, se montre nue devant eux, mais ne cède rien sur ce qu'elle veut garder sceller.

Le pantin du titre, c'est donc Mateo, homme riche, puissant, encore assez jeune et qui se croit encore assez séduisant, qui a du succès auprès des femmes, et qui n'a pas l'habitude qu'une pauvre fille lui résiste, surtout qu'il est prêt à payer, beaucoup. Il devient le jouet de Concha, il paye, il paye encore, elle manipule ses sentiments, pour ne rien en obtenir, ce qui le fait sombrer littéralement dans une forme de folie. Faut-il le plaindre ? Je dirai que le lectorat masculin contemporain de l'auteur le fait sans doute. En tant que femme du XXI ème siècle, j'ai plutôt admiré les ruses de Concha pour ne pas cèder, comme ses sous-vêtements fermés comme une ceinture de chasteté, et mis mal à l'aise par les pulsions de violence qui sourdent de Mateo prêt au viol et au meurtre...

Cependant, leur relation devient de plus en plus malsaine et glauque, Concha éprouvant un véritable plaisir machiste à être battue par Mateo, celui-ci ne pouvant se séparer d'elle. On ne sait plus qui plaindre finalement dans cette relation destructrice et manipulatrice.

Il faut toutefois remarquer l'essentialisation dans le titre : ce n'est pas une femme, mais « la » femme », ni « un »pantin, mais « le », les deux déterminants ayant une fonction de généralisation. Tous les hommes sont donc des pantins entre les mains des femmes, comme le suggère le roman lui-même : le premier personnage masculin du récit, André Sévenol, va être pris au piège de Concha, il connaît ses ruses, mais il se laissera attraper et manipuler, en toute connaissance de causes, tout comme le mari de Concha – oui, il y a un mari, de quinze jours... Et ce titre nous dit que finalement, toutes les femmes sont ainsi, même si elles ne sont pas toutes aussi belles.

Une lecture prenante, haletante et dérangeante. Je vois par d'autres critiques que le texte a été adapté plusieurs fois en film, je ne sais pas si je me laisserai tenter.
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La femme et le pantin

Ce roman, dont tout le monde connait le sujet avant même de l'avoir lu, a définitivement assuré la notoriété à Pierre Louÿs (1870-1925). Erudit, esthète, graphomane, il fut aussi un séducteur invétéré, un obsédé du sexe, un auteur pornographique. Mais attention: "La femme et le pantin" est presque un classique et son texte est sage, même si le désir sexuel (bafoué) en est le sujet principal. Renversant la situation ordinaire qui favorise outrageusement la domination masculine, l'auteur nous présente ici Don Mateo, un homme mûr, habitué à culbuter les femmes, qui se retrouve mené par le bout du nez par une jeune fille énigmatique et très rouée. Celle-ci se déclare "mozita" (vierge) mais l'attire habilement, tout en se refusant à lui, jusqu'à le rendre presque fou. L'Andalousie, présentée comme une sorte de paradis pétri de sensualité, sert de cadre à cette confrontation amoureuse, à la fois douloureuse et excitante. Ce livre, court et donc sans longueurs, se lit rapidement.

Ce roman a été publié en 1898. Quoiqu'inséré dans un contexte un peu daté, il a un sujet – jusqu'où peut aller l'aveuglement de la passion ? – qui est intemporel. le thème a été repris plusieurs fois au cinéma.

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La femme et le pantin

Quelle critique aurait reçu ce roman s’il avait été publié de nos jours ? Que n’auraient dit nos censeurs contemporains de cette histoire parfaitement immorale ?

Heureusement écrit en 1898 , le roman a traversé le temps et a été adapté au cinéma, par Bunuel notamment dans « Cet obscur objet du désir ».

Scandaleuse histoire de la folle passion amoureuse du senor Mateo Diaz, un noble sevillan d’âge mûr, pour Concha, une pauvre petite adolescente de quinze ans, à la beauté sauvage et incandescente…. Pris au piège de cette Lolita qui ne cesse de le tourmenter dans un jeu de séduction d’une perversité absolue, l’homme sombre peu à peu dans un désespoir, et la violence attisée par son irrépressible jalousie.

Écrit sur le mode narratif, le roman de Pierre Louÿs nous plonge peu à peu dans la chaude atmosphère du carnaval de Séville, de ses quartiers populaires et de ses bas fonds. On se laisse entraîner nous aussi par le charme venimeux de la belle sauvageonne et le piège se referme lentement sur le lecteur comme sur ce pauvre Mateo Diaz.

Licencieux sans jamais être vulgaire, sulfureux mais toujours délicat, Pierre Louÿs , comme Nabokov après lui, nous offre le raffinement suprême de transgresser l’interdit pour en faire une œuvre d’Art. Et c’est un régal !
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La femme et le pantin

Vécu ! (et lu a posteriori). Puissante analyse ramassée en moins de 100 pages. A lire pour comprendre certaines relations amoureuses, en l'occurrence l'adjectif qualificatif "amoureuses" devant être remplacé par "destructrices".
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