Citations de Poul Anderson (542)
Une flamme s'éleva, minuscule, d'un bleu pâle d'oiseau de Surt à peine éclos, encore fragile. Elle tremblotait dans le vent froid, se recroquevillait entre deux rafales, pépiait une petite chanson pour se donner du coeur à l'ouvrage. Mais elle se nourrissait ; elle grandissait ; à présent, la force accourait en elle, issue du vent ; elle se dressa, audacieuse, impudente, déploya ses plumes de lumière, contempla les alentours et fil un salut crépitant à l'adresse des soeurs qu'elle se découvrait.
— Je me demande pourquoi il est venu à mon aide.
— Parce que je le lui ai demandé.
— Pourquoi ?
— Je ne sais pas. Il nous arrive à tous d'agir sans penser. On ne réfléchit qu'après.
("Le fléau des maîtres" - 1960)
Les enfants mi-humains, mi-siréens avaient hérité de la forme humaine des pieds de leur mère et ils étaient moins vifs et moins adroits dans l'eau que la race de leur père. Néanmoins, leur mobilité aurait stupéfié n'importe quel terrien. Par contre, ils se débrouillaient mieux à terre que leurs cousins de naissance, et étaient capables de vivre sous la mer sans recourir aux enchantements qui avaient empêché leur mère de mourir de noyade, de froid ou simplement à cause de la salinité des eaux. De plus, pour les Siréens au sang froid, leurs corps, plus chauds, étaient bien agréables à enlacer.
L'annonce de la mort du roi n'avait guère assombri les esprits. Peut-être n'était-elle pas parvenue à tout un chacun. De toute façon, les souverains et leurs conflits vivaient dans un autre monde aux yeux de ces petites gens qui, le plus souvent, ne s'éloignaient jamais de plus d'un jour de marche de leur lieu de naissance. L'histoire n'était pour eux qu'une source de malheurs: guerre, pirates, épidémies, impôts, tributs, travaux forcés...
Mais le fait est que durant toute l'histoire du genre humain, (...) les clans, les tribus et les nations ont toujours considéré les étrangers comme des proies ou des esclaves - sauf quand ils avaient affaire à un peuple suffisamment puissant pour devenir un ennemi.
It be a terrible thing to be old alone.
Le récit de sa guerre serait beaucoup trop long, car il ne s'agit que du récit de ses victoires.
Affronter la mort, d'accord, mais l'oubli, le néant, la disparition de tout ce que je connais...
(Stella Maris)
A chaque jour suffit son miracle.
(D'ivoire, de singes et de paons)
Quand je vis ce sommet enneigé flottant dans le ciel au-dessus des crêtes émeraude, souillant l'azur de ses panaches de fumée, je compris le sentiment qu'éprouvaient ces populations païennes. L'acte le plus saint qu'un homme puisse accomplir consiste, pour elles, à se jeter dans le cratère embrasé d'Ulas ; plus d'un vieux guerrier s'est fait porter jusqu'en haut de la montagne pour s'immoler ainsi.
("Long cours")
Sa respiration lui irritait la gorge tandis qu'il se traînait vers les étendards de la République. Il se rappela avoir toujours souhaité qu'Hannibal l'emportât. Il y avait un aspect répugnant dans l'avidité froide et pragmatique de Rome. Et voilà qu'il était en train d'essayer de sauver la Cité. Après tout, la vie était le plus souvent une drôle d'affaire.
Sa tâche [...] ne consistait qu'à parcourir une douzaine de journaux par jour pour y relever les indices de voyages temporels qu'on lui avait appris à déceler, et se tenir prêt à répondre à tout appel.
— J’ai toujours cru que l’homme s’efforcerait d’organiser l’humanité de façon à la libérer de ses nombreuses contraintes. Mais on n’a fait que resserrer l’étau, priver l’homme du peu de liberté qui lui restait. Ça, je ne le comprends pas.
— Moi non plus, dit Langley. Mais à bien y réfléchir, les fondateurs du Technate n’ont fait que systématiser un processus datant de la révolution industrielle. On nous a tellement habitués à obéir et à courber l’échine que, de toute façon, l’homme n’aurait su que faire de la liberté si on la lui avait laissée.
Toujours frissonnante, Leea le conduisit vers un escalier. C'est un tâche périlleuse qui nous attend, dit-elle. Nous serons forcément aperçus par les trolls. Laisse-moi parler pour nous deux.
- Ce serait trop dangereux pour toi... commença-t-il.
Elle se retourna vivement. Ses yeux étaient en feu.
- Tu as peur pour moi ? souffla-t-elle.
- Mais... oui, bien sûr - comme j'ai peur pour tout Alfheim.
- Et aussi pour... Freda ?
- Pour elle, j'ai plus peur que pour toute autre chose au monde - dieux, hommes ou gens de Faërie. Je l'aime.
J'ai déniché un restaurant très correct, avec service humain.
Où s'arrête un "robot" et où commence un "organisme" ? Depuis des centaines d'années, ce sont des systèmes associant ordinateur, senseur et effecteur plus complexes et polyvalents que certaines formes de vie organique. Ils fonctionnent, perçoivent, ingèrent, ils ont les moyens de s'autoréparer et de se reproduire... et il y en a même qui pensent.
("Un cirque de tous les diables")
Laissez-nous vous aider de la seule manière qui nous est possible, laissez-nous montrer à vos frères humains comment réaliser leur progrès culturel en se contentant de ce qu'ils ont et de ce qu'ils sont.
(Le martyr)
"Ça va?" demanda le Merséien. Il avait l'air plus costaud que la moyenne, mais s'efforçait d'être courtois et portait une tunique où figurait l'insigne de son rang.
Chee envisagea de lui sauter dessus, de lui arracher les yeux et de tenter une évasion. Non, elle n'avait pas une chance. Mais hors de question cependant de lui sauter au cou. "Très bien, merci, gronda-t-elle, si l'on fait fi de broutilles telles que la bastonnade et le gazage que j'ai subis de la part de tes vils séides, sans compter la faim et la soif qui me tenaillent. Pour venger ces outrages, je pense suggérer à mes équipiers d'annihiler le trou puant qui te sert de planète et souille l'univers."
(Le jour du grand feu)
Le capitaine Thurshaw en personne parla depuis le vaisseau en orbite. "Vous feriez bien de revenir à la navette et de vous préparer à décoller d'urgence."
Darkington reprit son sang-froid. "Non, capitaine. Permettez. Je veux dire, heu, s'il y a des êtres intelligents... si nous désirons réellement entrer en contact avec eux... voilà le moment. Essayons au moins.
- Eh bien...
- Naturellement, nous raccompagnerons d'abord Freddie.
- Des clous! dit la jeune femme. Je reste ici."
(Epilogue)
"Par quel nom puis-je t'appeler?
- Tu veux que je te donne mon nom pour me lancer un sortilège?
- Le mien est Eric. Si tu ne me laisses pas d'autre choix, je t'appellerai... hum... Cervelle-d'Oiseau.
- Hein?"
(La Reine de l'Air et des Ténèbres)