Citations de Poul Anderson (539)
Les parfums du Levant caressaient ses narines: la fumée, la bouse, les immondices, la sueur, mais aussi le goudron, les épices et la viande grillée. Le tout assaisonné à la puanteur des tanneries et des tas de coques de murex...
Manse ne s'offusquait pas de ces inconvénients. Ses périples dans l'Histoire l'avaient guéri de toute délicatesse et endurci face aux cruautés de l'homme et de la Nature - du moins en partie. Dans le contexte de leur époque, ces Cananéens étaient des gens heureux et éclairés. En fait, ils l'étaient bien plus que la moyenne du genre humain, tous lieux et toutes époques confondus.
("D'ivoire, de singes et de paons")
Ne nous demandons pas s'il y a jamais eu une ligne "originelle". A cela, nous gardons notre esprit fermé. Considérons la route creusée d'ornières offerte à l'humanité et disons-nous qu'elle pourrait être meilleure en certains endroits, mais qu'en d'autres elle pourrait être pire.
Le véritable amour des humains n'est pas une comédie ; le temps de son passage le rend tragique. Sur ses sommets et dans ses tréfonds, se lèvent des aubes et des tempêtes qui échappent à notre entendement, à la peur et à la présence inexorable de la mort.
Je ne parviens pas à comprendre ce qu'il y a de viril à massacrer ceux qui sont trop faibles pour se défendre.
(La Saga de Hauk)
Voilà le hic: avec toute force aveugle dont l'homme se sert, feu, dynamite, énergie atomique ou goésies. Tout crétin peur commencer quelque chose. Mais il n'est pas toujours facile de stopper ce quelque chose.
Dites, vous avez la télé? C'est bientôt l'heure de La Vie secrète de Jean. Vous avez des émissions fabuleuses sur cette planète.
- Pour être franc, quand je vois ce que la culture et l'éducation font des gens, j'ai de moins en moins envie d'acquérir l'une et l'autre.
(Reymont à Ingrid Lindgren)
— Pourquoi trouve-t-on toujours de l'argent pour faire la guerre et lésinons-nous pour tout le reste ? L'un provoque-t-il l'autre ?
— Je ne crois pas. Je pense que les gens préfèrent naturellement la guerre.
— Un jour, ils apprendront.
— Vous n'avez pas assez de foi dans la merveilleuse capacité de l'homme à ignorer ce que l'histoire continue de lui hurler.
("Les mondes rebelles")
Pour nous, l'accomplissement équivaut à l'exploitation du monde.
(Chez nous)
Vous prendrez toute la planète et vous assassinerez ainsi tout un mode d'existence. Comment savez-vous si ce mode n'est pas meilleur que le nôtre ? Vous n'avez certainement pas le droit de refuser à l'univers la chance d'être meilleur.
("Chez nous")
Les hommes et les Martiens, après tout, n'étaient que des minuscules insectes, comparés à l'espace et le temps.
On voit l'inconnu, on le craint, on le hait, on le tue.
(Jupiter et les centaures)
Flandry ne quittait pas des yeux les crêtes bleues et vertes au-delà des écueils. Il pensait tristement à Tessa Hoorn... Bon sang, il reviendrait par la planète Morvan, passerait une semaine dans sa cité du plaisir et inscrirait le tout sur sa note de frais. A quoi bon lutter pour empêcher une civilisation décadente d'être anéantie s'il ne pouvait jamais profiter lui-même de cette décadence ?
("Pour la gloire" - 1958)
Sur une hauteur hors le bourg se dressait le plus grand temple de tout le nord, bâti selon la coutume pour un édifice consacré aux dieux : les toits succédaient aux toits comme si l'ensemble s'apprêtait à prendre son envol dans les cieux. Mais ses pignons et ses poutres adornées de têtes de dragons se détachaient clairement sur le sombre hallier qui menaçait derrière, car ils n'étaient ni bitumés ni peints, mais revêtus d'or. A l'intérieur, se trouvaient les grandes statues de bois richement décorées des douze dieux majeurs : Odin et sa lance, Thor et son Marteau, Frey sur son sanglier, brandissant l'énorme attribut de sa virilité, Baldr que Hel a choisi pour régner avec elle sur le royaume des morts, Tyr dont la main droite fut arrachée d'un coup de croc par le loup Fenris, Ægir de la mer dont l'épouse Ran lance ses filets pour capturer les navires, Heimdal qui porte le cor Gjallar dans lequel il devra souffler lors de la Fin du Monde, et d'autres divinités, sur lesquelles courent moins d'histoires.
Un souvenir sardonique lui revint à l'esprit: celui de quelque chose qu'il avait lu dans un livre interdit... Qu'ils fussent français, allemands, anglais ou italiens, les intellectuels protestaient vigoureusement contre l'américanisation de l'Europe, l'effondrement de la vieille culture face à la barbarie mécanisee des boissons gazeuses, de la publicité, des automobiles chromées, du chewing-gum, de la matière plastique... Aucun d'eux n'avait protesté contre l'européanisation de l'Amérique qui s'était produite simultanément: multiplication des agences gouvernementales, course aux armements, systèmes de surveillance, censure, police secrète, exarcerbation du chauvinisme...
(«Sam Hall»)
En se levant de la paillasse qui lui servait de lit, Everard se gratta. Diable ! Ce qu'il faut, à cette époque, ce n'est pas de l'instruction, c'est de la poudre insecticide !
Le principe n’a rien de nouveau. Ça marche à tous les coups dans les structures militaires et paramilitaires. Je n’ai fait que l’applique à notre situation. L’animal humain a besoin d’une figure paternelle et d’une figure maternelle, mais il a également tendance à refuser toute discipline. La recette pour obtenir la stabilité est la suivante : l’autorité suprême garde ses distances, à la façon d’une divinité, elle t’est quasiment inaccessible. Ton supérieur immédiat est un fieffé salopard qui te mène la vie dure et que par conséquent tu détestes. Mais son supérieur à lui est aussi sympathique que le permet son grade.
- D'après le calendrier des découvertes et des inventions scientifiques, l'invention la plus importante depuis la super-propulsion - qui, entre parenthèses, date de notre époque -, c'est l'anthropologie para-mathématique qui...
Blaustein coupa avec une grimace :
- Qu'est-ce que c'est que ce machin?
- Un ensemble de théories socio-mathématiques permettant d'organiser l'humanité de façon logique, prévisible en vue de réaliser une stabilité indéfinie, de supprimer les désagréments liés à l'imprévu.
Matsumoto ironisa :
- Eh ben, dis donc! C'est gai...
Nous ne pouvons penser à tout. Personne ne le peut. Nous sommes condamnés à apprendre, surtout par essais et erreurs.
Plus vite, plus vite, toi, le plus vif des chevaux ! Cours, mon camarade, cours comme jamais cheval n’a couru avant toi, car c’est toute l’humanité que l’on traque avec nous. Hâte-toi, mon compagnon, car nous courons contre le Temps, nous courons contre le Chaos en marche. Ah ! Que Dieu soit avec toi, que Dieu te donne la force de courir !