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Critiques de Robert Darnton (26)
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Le grand massacre des chats

Les historiens ont commencé par lister les grandes dates, les règnes et les batailles. Puis ils se sont attachés à décrire la personnalité des puissants, raconter des anecdotes révélatrices sur leur vie – entrer dans leur tête en quelque sorte. Plus récemment, ils se tournèrent vers le peuple ordinaire, paysans, ouvriers, artisans, et s’attachèrent à retracer sa vie quotidienne. Ce livre représente en quelque sorte l’étape ultime : essayer de rentrer dans la tête du petit peuple. Comment voyaient-ils le monde ? Comment raisonnaient-ils ? Que pensaient-ils ?



Une tâche presque impossible tant il reste peu de matériaux sur lesquels s’appuyer. Mais Robert Darnton a une méthode : partir des évènements qui nous paraissent à nous, citoyens du XXIème siècle, les plus incompréhensibles. Comme le titre l’indique, celui qu’il a choisi est un massacre de chats. Un beau jour de 1780, les ouvriers d’une imprimerie parisienne se rassemblent dans la cour. Dans une atmosphère de liesse, une parodie de procès se tient à l’issue de laquelle plusieurs dizaines de chats préalablement capturés sont solennellement condamnés à mort et pendus.



De nos jours, un tel comportement est totalement incompréhensible. Pour l’époque, c’est un grand moment de rigolade, mais qui recouvre de multiples dimensions qui n’ont rien d’une plaisanterie. La scène est longuement et minutieusement recontextualisée : au niveau de la société (où des massacres de chats ritualisés existent), de la profession d’imprimeur (qui connait de lourdes tensions) et de cet atelier en particulier (où les choses se passent fort mal, et les chats ont une dimension symbolique).



Cet épisode est mis en perspective avec trois autres matériaux de premiers choix de la même époque : une description de la société de Montpellier écrite en 1768 par un anonyme ; les dossiers individuels que tenaient un inspecteur de police chargé de surveiller le monde des lettres ; et enfin la correspondance d’un marchand rochelais avec l’éditeur suisse auprès duquel il se fournissait. Mais on y trouve également une excellente analyse des contes populaires, des explications sur le bouleversement des mentalités que représentait l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert, ou pourquoi des œuvres de Rousseau telles que ‘’la nouvelle Héloïse’’ (aujourd’hui à peu près illisibles) furent en leur temps de formidables best-seller.



Un splendide travail d’historien pour nous apprendre à quel point quelques siècles et une poignée de livres ont suffi à transformer radicalement les mentalités.
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Le grand massacre des chats

D'après l'imprimeur Nicolas Contat, le massacre en 1730, par ses collègues et lui-même, des chats de la rue Saint Sévérin à Paris constitue le fait le plus drôle qui se soit déroulé dans son début de carrière... le caractère "comique" de cet incident est bien difficile à comprendre pour le lecteur d'aujourd'hui et c'est précisément ce décalage, cette incompréhension que prend comme point de départ l'historien américain Robert Darnton pour comprendre la mentalité et les moeurs des différentes strates sociales de la société du XVIII ème siècle. Partant du principe que les faits les plus incompréhensibles sont les plus révélateurs, Darnton va nous décrire la France du XVIII ème siècle au travers de différents textes.





Notre voyage commence avec l'évocation de la France paysanne, celle-ci étant illettrée, notre historien cherche à la comprendre en utilisant comme source les contes populaires français (qui seront d'ailleurs comparés à leurs versions anglaises et allemandes) issus de la culture orale. Troublant de découvrir dans des époques aussi tardives une société rurale aussi Malthusienne (la population ne croit quasiment pas pendant près de 4 siècles) et où a contrario de l'image d'Epinal que l'on s'en fait, la méfiance entre voisins est de rigueur. L'auteur évoque ensuite la condition et les mentalités ouvrières du début du XVIII ème siècle en utilisant le journal d'un imprimeur, Contat, qui narre entre autres choses ce fameux massacre félin qui donne son titre à l'essai. Pour la suite de son livre et la poursuite de la découverte de la société moderne, Robert Darnton utilisera la description de la ville de Montpellier par un bourgeois du cru, mais aussi des fiches de police concernant le monde littéraire parisien, les échanges épistolaires entre un lecteur de Rousseau et son éditeur ou plus simplement la grande oeuvre de cette époque : l'Encyclopédie.





Je dois dire que les 3 premières parties (celles décrivant le monde paysan, ouvrier et la bourgeoisie de Montpellier) sont celles qui m'ont le plus fasciné car elles abordent (d'une manière fort originale) un monde disparu et que je méconnaissais totalement. Et pour cause, d'ordinaire on n'aborde dans l'ancien régime que la vie des nobles ou les seuls écrits des encyclopédistes tandis que les milieux populaires (leurs moeurs, leurs mentalités) sont relégués au second plan. La meilleure partie du livre est donc sa première moitié (la suite est néanmoins de très bonne tenue même si les sujets abordés sont plus familiers et donc moins enrichissants).





J'ai pris grand plaisir à lire cet essai, qui fait décidément partie des grands livres, ceux à mêmes de renverser nos perspectives, de vous montrer l'étendu de notre ignorance d'une époque et sans toujours apporter de réponses péremptoires, fait naitre de nouvelles questions. le livre se lit très bien et conviendra sans doute autant aux passionnés d'Histoire qu'aux curieux.





On retiendra une limite à cet essai aux sources très hétéroclite et notre historien l'avoue honnêtement dans sa conclusion. En s'intéressant à une époque et à des populations pour lesquelles les sources sont rarissimes, l'historien court le risque de faire quelques généralités, de prendre pour communes des choses très particulières, de faire des erreurs d'interprétation. Il me parait néanmoins que c'est un risque à prendre et que l'erreur serait de n'apporter aucune réponse sur la mentalité de nos ancêtres ou d'imaginer que l'Homme réfléchit toujours de la même façon.





Merci à PhilippeCastellain pour sa critique de l'année dernière qui m'a permis de découvrir ce livre dont je n'aurais jamais entendu parler sinon. Avis aux amateurs d'Histoire et à tous les curieux, voilà un livre passionnant qu'on ne saurait trop recommander.

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Apologie du livre : Demain, aujourd'hui, hier

Avec l’apologie du livre, je m’attendais à une analyse moderne de la bonne tenue du livre face à la révolution digitale. Si le numérique a supplanté la matérialisation musicale des disques et cassettes ou le cinéma avec le streaming de Netflix, OCS et Amazon, le livre objet millénaire, sous la forme de codex, c’est-à-dire de pages à tourner à l’opposé du parchemin qui se déroule, résiste très bien au XXIème siècle.



Oui, les liseuses et leur bibliothèque à charger existent (12% du marché). Oui, les livres peuvent être audio. Mais la version classique reste active. Qu’ils soient neufs ou d’occasion, acheté en librairie ou sur internet. Echangé ou déposé dans une cabane à livres, nous les aimons. Nous les emmenons partout. Dans les transports, à table, dans notre bain (pour la douche c’est plus complexe), dans le jardin ou sur la plage. Dans le lit ou dans un fauteuil bien confortable. Parfois même au wc. Nous restons éveillés toute la nuit pour le finir, nous en lisons plusieurs en même temps ou un seul par petites touches. Il y a les dévoreurs et les lecteurs de peu. Peu importe, on parle d’un livre avec un proche ou dans un club. Sur Babelio ou on garde tout pour soi.



Alors pourquoi Robert Darnton, historien du livre, n’a pas écrit cette amour que nous portons au livre ? Non. Il a préféré rester scotché à sa spécialité : le livre au Siècle des Lumières, où comment Thomas Jefferson rédigeait ses annales. Ou bien, il aborde l’accord des années 2000 entre les universités américaines et Google pour la diffusion des œuvres scannées de ces établissements. Un bien assurément, mais il y avait tellement mieux à dire.



Décevant.
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Apologie du livre : Demain, aujourd'hui, hier

Les éditions Gallimard ont réalisé l'adaptation française d'une série d'essais sur le monde anglo-saxon du livre, publiés en 2009 par Robert Darnton. Son ambition est de défendre le savoir des livres contre les dérives technologiques et commerciales, avec le souci d'objectivité historique et scientifique.



L'auteur, spécialiste du Siècle des Lumières, est historien de la culture et du livre. Il est concerné par les aspects les plus urgents de la question numérique. Si son propos est centré sur la numérisation des publications en recherche universitaire(1), toutes ses analyses concernent de près ou de loin l'avenir des livres en général, qu'il soumet à une lecture intelligente du passé.



Étudier l'histoire du livre a souvent consisté à se préoccuper de ses formes matérielles et des types de lecture au cours des siècles. Darnton propose plutôt de se tourner vers les gens du livre et d'analyser leur comportement. En sondant le matériau historique, en explorant les gestes et motivations des éditeurs, typographes et imprimeurs, correcteurs et commis voyageurs, on s'aperçoit que les textes étaient aussi peu stables qu'ils ne le sont aujourd'hui avec l'avènement d'Internet. Grâce à des travaux passionnants, il a été possible de déterminer les habitudes de tel compositeur d'imprimerie qui n'avait aucun scrupule à prendre des libertés avec un texte, suivant son ressenti, allant jusqu'à omettre des chapitres. Ainsi, les œuvres de Shakespeare ont été si peu respectées que la recherche des textes originaux est d'une rare complexité pour les bibliographes.



À cela s'ajoute le piratage: il était courant que les pays voisins de la France, la Hollande et la Suisse surtout, publient des livres d'auteurs français en toute liberté. "Le piratage était si répandu au début de l'époque moderne en Europe que les meilleures ventes ne pouvaient connaître de grands succès de librairie comme c'est le cas aujourd'hui." Le copyright ne vit le jour qu'au 18è siècle en Angleterre, au 19è en France. Le troc – maximaliser la diversité – entre éditeurs était monnaie courante et le talent en cette matière déterminait souvent la réussite d'un éditeur.



On aurait donc tort de croire à la sereine stabilité de l'édition littéraire avant l'ère de la digitalisation, car les processus de transmission modifiaient les textes eux-mêmes. Et de conclure : "À l'heure des systèmes de communication de toutes sortes, Internet y compris, où les textes numérisés sont détachés de leurs ancrages dans des livres imprimés et où les courriers électroniques laissent des traces qui peuvent facilement disparaître, le problème de la stabilité du texte conduit à la question plus générale du rôle des bibliothèques universitaires à l'heure d'internet."



Au 18è siècle, celui des Lumières, la foi dans la puissance du savoir et dans le monde des idées fit naître ce que les esprits éclairés nommaient la République des lettres, territoire sans police ni frontières, et sans inégalités autres que celles des talents. Le projet Google de numérisation de tous les livres(2) semble répondre à cet idéal : l'ennui est que, devançant toute initiative publique, Google obtient des droits solides, négociés avec les propriétaires de copyright, qui transposent le savoir dans le domaine privé. Il s'agit d'une entreprise qui, par nature, est basée sur le profit et il conviendrait de fixer à ces numérisateurs des devoirs envers le public. "Il serait naïf d'identifier la Toile au Lumières. Elle représente un potentiel de diffusion du savoir qui excède largement tout ce que Jefferson avait pu imaginer. Mais pendant qu'Internet se construit pas à pas, hyperlien par hyperlien, les entreprises commerciales ne sont pas restées inertes sur le banc de touche. Elles veulent contrôler le jeu, s'en emparer, le posséder. Leur combat pour la survie risque de donner naissance à un oligopole au pouvoir démesuré et, quel que soit le vainqueur, sa victoire pourrait signifier une défaite pour le bien public(3)."



Darnton n'est pas convaincu par la fiabilité de la digitalisation. L'obsolescence des supports lui fait craindre pour la permanence de l'information. Peut-on lui donner tort ? Quelle certitude avons-nous de la permanence des bits et des moyens mis en œuvre pour l'assurer ? Qu'en est-il des politiques de préservation du patrimoine numérique ?



Darnton met en garde contre la destruction, en bibliothèque, des livres imprimés sous prétexte qu'ils sont numérisés ou microfilmés. Dans ce dernier cas, il est apparu que les microfilms n'étaient pas fiables, se dégradaient et devenaient illisibles, sans parler des omissions à la reproduction. De plus, les discours sur la dégradation du papier sont faussement alarmistes, le papier tient mieux qu'on ne le dit. Mais prend de la place et l'espace de stockage coûte cher. Avant de détruire les textes imprimés, est-on sûr de la pérennité du nouveau support ? "...les bibliothécaires ont préféré dépenser de grosses sommes pour se plier à l'orthodoxie de leur profession : microfilmer et jeter. Quel a été le coût de cette politique ? Baker estime que les bibliothèques américaines se sont débarrassées de 975,000 livres pour une valeur de 39 millions de dollars. La dimension économique de toute l'affaire semble aussi loufoque que sa dimension scientifique."



Qui dit que nos ebooks, au format public ou obligé de votre modèle de liseuse, seront lisibles dans cinquante ans. Faudra-t-il les convertir aux standards de l'époque ? Nos enfants en auront-ils la volonté ? Sans certitude, on ne sait rien de la valeur réelle d'une bibliothèque numérique dont le prix avoisine toujours celui des œuvres brochées et imprimées.



Telles sont quelques lignes directrices de cet essai. Sans être concerné par l'édition universitaire, le lecteur y fera des découvertes surprenantes et y repèrera maints sujets de réflexion à propos de ce cher codex, dans tous ses états passés ou à venir.



(1) Il a dirigé le projet Gutenberg-e qui entreprend de développer l'édition numérique de thèses de recherche au sein du projet AHA (American Historical Association). Les presses universitaires sont devenues très coûteuses et incapables de faire face à tous les travaux des jeunes chercheurs en quête de reconnaissance et de nomination: le numérique peut apporter des solutions.



(2) La plus grande bibliothèque et librairie de l'histoire: 20 millions de livres numérisés de 2004 à 2012



(3) Voir aussi Le Monde Diplomatique.


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Un tour de France littéraire

L'intérêt de ce livre, mais aussi sa faiblesse, c'est la minutie avec laquelle l'auteur retrace le commerce entre cet éditeur suisse et les librairies de beaucoup de villes de France, au travers des journaux de Favarger et des archives de la STN (Société Typographique de Neuchâtel).

Même si toutes les anecdotes sont intéressantes, elles ont un côté répétitif qui rend la lecture ardue et il manque quelque chose, un souffle, des émotions, bref quelque chose de vivant pour nous mettre dans la peau de ce voyageur de commerce, pour nous faire partager ses rencontres, ses doutes, ses surprises ; mais Robert Darnton reste trop près des faits et des chiffres... C'est dommage parce que ce livre nous fait découvrir que l'homme du 18 eme siècle, avec les moyens de transmission et déplacement de l'époque, avait les mêmes tendances de comportements qu'aujourd'hui (fraude, piratage, intérêt pour ce qui est interdit, pornographie...) ; il trace un portrait des petites librairies (déjà en difficulté) et de la littérature à succès un peu avant la révolution. C'est aussi un point de vue sur la diffusion de la culture des lumières et des idées de la révolution.
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Apologie du livre : Demain, aujourd'hui, hier

Historien du livre, Robert Darnton répond ici à ceux, proclamant – ou attendant – la disparition du livre, en consacrant la suprématie du numérique. Son expérience d’ancien journaliste l’amène à nous présenter l’héritage de Gutenberg, en soulignant la multiplication des (r)évolutions dans cette transmission du savoir.

Il nous relate, en tant qu’universitaire, les difficultés –voire l’impossibilité – pour tout étudiant – chercheur de se faire publier, alors que l’édition d’une monographie reste le sésame pour les voies royales de la recherche. Admettant la solution, que pourrait constituer le numérique, il nous explique, concrètement, l’importance de faire coexister le livre à ces nouvelles technologies.

On découvre, que ce directeur de Bibliothèque Universitaire croit fermement en l’utilité, et surtout en l’avenir du livre, tout en reconnaissant l’apport offert par la numérisation. On s’effraie à l’évocation des destructions de livres – dans le seul but d’en faciliter la numérisation - , alors qu’on sourit en voyant les universitaires préférer les collections papiers des journaux aux microfilms, si vite usés et inutilisables.

Nous mettant en garde contre l’hégémonie de certaines sociétés dans le domaine de la numérisation, Robert DARNTON nous livre un fantastique plaidoyer pour la conservation des livres mais aussi pour la poursuite de la production littéraire.

Dans un style précis et clair, à travers une organisation simple et compréhensible, Robert DARNTON nous livre donc un essai, qui se lit d’une traite, et nous rend un peu plus optimiste quand à l’avenir de cet objet de nos passions : le livre.


Lien : http://ecritureetlecture.ove..
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Un tour de France littéraire



ESSAI – Robert Darnton a publié cet essai en 2017 à l’Oxfort University Press. Publication qui fait suite à un travail de recherches, de collectes, et d’analyses de plusieurs décennies puisque cet ancien professeur à l’Université de Princeton et président émérite de la bibliothèque de l’Université d’Harvard, l’a commencé en… 1965.



Publiée depuis peu par Gallimard et traduite par Jean-François Séné, cette étude a plusieurs objectifs : redonner vie aux métiers de l’édition et en particulier aux « intermédiaires loqueteux à la petite semaine, hommes, mais aussi femmes (beaucoup des plus rudes en affaires étaient des épouses ou des veuves) [qui] agissaient comme truchements cruciaux dans la diffusion de la littérature » ; savoir quel type de livres étaient vendus ; analyser la diffusion, sur le territoire français, des éditions piratées par des éditeurs frontaliers ; comprendre la vie des libraires et des intermédiaires de province, car oui l’auteur s’est focalisé sur la dimension provinciale du marché du livre.



Nous ne le répèterons jamais assez, mais toutes études historiques se basent sur des sources définies. Ici, elles proviennent principalement d’archives provinciales et très majoritairement de celles de la Société typographique de Neuchâtel (STN).



La suite sur : www.actualitte.com


Lien : https://www.actualitte.com/a..
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Un tour de France littéraire

A partir des carnets d’un commis voyageur suisse, Jean-François Favarger, qui a sillonné le pays, Darnton raconte les meilleures ventes d’avant la Révolution, les textes obscènes dissimulés dans les livraisons d’ouvrages édifiants, les éditions hors des frontières qui narguent la censure parisienne.
Lien : https://next.liberation.fr/l..
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Dernière danse sur le mur. Berlin : 1989-1990

Un livre qui se lit comme un roman , bourré d'anecdotes sur la vie en RDA avant et juste après la chute du Mur . Les Allemands de l' Est en entrant dans l'économie de marché , capitaliste n'ont pas pensé à ce qu'ils laissaient derrière eux : le temps dont ils disposaient à revendre , qu'ils travaillent peu ou beaucoup , ils recevaient le même salaire , donc ils allaient par exemple faire leurs courses pendant les heures de travail. Ils ont perdu la gratuité de l'enseignement , des soins de santé , de l'accès aux crèches ; le travail garanti , ce qui explique l' Ostalgie bien décrite dans le film Goodbye Lénine , mais ils ont gagner la liberté d'expression , personne n'a jamais regretté la stasi , l'époque est d'ailleurs bien décrite dans le film ' La vie des autres ' qui montre les aspects terribles de la dictature communiste , l'auteur parvient à nous expliquer pourquoi les anciens Allemands de l' Est oscillent entre regrets et critiques du régime . Certains Allemands de l'ex RDA , reconnaissant qu'ils regrettent surtout leur jeunesse .
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Edition et sédition

Publié en 1991, ce livre, par son approche méthodologique et les talents de son auteur, n’a pas pris une ride et constitue toujours un ouvrage important pour l’étude du milieu culturel et littéraire de la fin du XVIIIe siècle. Documenté, fouillé, très clair dans son approche de la problématique du licite et de l’illicite sous l’ancien régime, c’est tout l’univers de la librairie illégale, clandestine, et de ses principaux acteurs que l’on trouve devant nos yeux. S’appuyant sur le fabuleux catalogue resté encore à peu près intact de la Société Typographique de Neuchâtel (STN) qui rassemble les principaux écrits séditieux durant le règne de Louis XVI, Darnton arrive à mettre en lumière les divers rouages de l’édition et du marché littéraire, la perception qu’ont pu avoir les divers acteurs de la demande de livre et de ce qu’ils vivent dans cette expérience qui est à des lieues de celles données par nos manuels d’histoire littéraire comme le précise notre auteur...
Lien : http://cadependdesjours.com/..
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Apologie du livre : Demain, aujourd'hui, hier

L'avenir du livre et des bibliothèques à l'ère du numérique, vu par Robert Darnton, historien du Livre et Directeur de la Harvard University Library. Une apologie à l'américaine...
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Apologie du livre : Demain, aujourd'hui, hier

Première rencontre avec Robert Darnton, sur la foi de ce titre alléchant. Ancien journaliste, historien, spécialiste du siècle des Lumières, professeur à Princeton, directeur de la Bibliothèque universitaire de Harvard, il a contribué à lancer le programme Gutenberg-e.







Toutes ces facettes de son cursus sont évidentes au cours de la lecture de cette série d'essais et j'ai rapidement découvert - avec plaisir- non un pamphlet ou une lourde démonstration, mais une incursion dans l'histoire du livre, au travers d'exemples passionnants : pourquoi faut-il garder plus d'un exemplaire d'un livre (Shakespeare et les imprimeurs changeant le texte...), comment circulaient les livres au 18ème siècle, comment on lisait quelques siècles en arrière de notre époque, à savoir pas linéairement.



"La lecture segmentaire contraignait ses praticiens à lire de façon active et à imposer leur propre grille sur ce qu'ils lisaient. (...) [les lecteurs] consultaient les livres pour y trouver leurs repères en des temps tumultueux, et non dans le but de rechercher le savoir pour lui-même ou se divertir."







La passé, donc. Pour le présent, Darnton plaide pour la conservation des livres et des journaux, déplorant leur destruction et la folie du tout microfilm qui a sévi il y a quelques décennies. Le papier ne se détruira pas si vite que certains le pensaient, et ce support permet une étude plus approfondie.



"Je me méfie à présent des journaux et je suis souvent étonné que les historiens les considèrent comme des sources de première main pour savoir ce qui s'est réellement passé. Je crois que les journaux doivent être lus pour s'informer sur la façon dont les contemporains ont interprété les événements plutôt que comme une connaissance fiable de ces mêmes événements."







Une partie du livre est consacrée à Google Book Search (Google recherche Livres) et à l'étude de ses avantages et ses inconvénients. A découvrir.



Pour sa part, déplorant la difficulté rencontrée par certains chercheurs à publier des monographies à cause du coût trop élevé, il a lancé le programme Gutenberg-e de livre numérique, dans le but d'offrir la possibilité de communiquer les travaux des chercheurs d'une nouvelle manière. Il fait le bilan de cette expérience, le futur dira ce qu'elle aura apporté.







Le vieux livre papier a encore de beaux jours devant lui. Mais Robert Darnton, amoureux des livres, "aucun écran d'ordinateur ne donne de plaisir comme une page imprimée", ne refuse pas l'utilisation d'autres moyens de consultation, d'étude, de circulation de l'information, de sa conservation. A condition qu'elle ne supprime pas le livre.







Évidemment cet essai semble s'intéresser à un certain monde universitaire, mais si on aime l'histoire, les livres, c'est réellement passionnant, dense bien sûr, mais de nombreux exemples et une argumentation claire apportent beaucoup au lecteur de base que je suis, offrant de belles pistes de réflexion.




Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Apologie du livre : Demain, aujourd'hui, hier

Apologie du livre est le recueil de plusieurs articles écrits par Robert Darnton (historien du livre, directeur de la bibliothèque universitaire d'Harvard et ancien président de l'American Historical Association) avant, pendant et immédiatement après le lancement de Google Recherche de Livres et les différends juridiques qui s'en sont suivis aux États-Unis (notamment le Google Settlement auquel il fut partie prenante).

Le lecteur français familier des bibliothèques y apprendra beaucoup sur la gestion passée et actuelle des bibliothèques américaines et des institutions les plus prestigieuses (NYPL, fondations diverses).

Le lecteur non familier de l'histoire du livre y trouvera un résumé des travaux de R. Darnton.



Enfin, le lecteur curieux de l'internet et de son avenir aura le point de vue toujours argumenté, parfois pessimiste mais souvent optimiste et quelquefois visionnaire, d'un grand intellectuel sur la réalité des changements de paradigme dans l'appréhension de la lecture introduites par ces écrans qui désormais nous entourent.

Même si ce n'est pas en entier, un livre à recommander à tous ceux qui aiment la lecture et se préoccupent de son avenir.
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Apologie du livre : Demain, aujourd'hui, hier

Robert Darnton réunit dans son "Apologie du livre : demain, aujourd'hui, hier" de 2010 plusieurs essais de sa plume. Il y évoque, avec mesure, le projet de numérisation de Google et examine avec son gai savoir d'universitaire et de journaliste l'univers du livre. L'essai paru sous le titre « Perdu et retrouvé dans le cyberespace », rédigé en mars 1999, pour l'American Historical Association et pour accompagner le lancement du programme Gutenberg-e, mis en place dès 1997, au tout début de l'Internet est très visionnaire. Il y pose la seule question qui vaille, celle du contenu du livre numérique et de ce qui le différencie du papier. Il l'imagine en forme d'un site internet plutôt que de celle d'un texte linéaire. Il fera un usage avisé du lien hypertexte. Le travail scientifique pourra s'y déployer et être accessible selon les besoins du lecteur. Sur le passé de l'histoire du livre, comme sur son futur, voici une lecture hautement recommandable !
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Un tour de France littéraire

En retraçant les voyages en Europe d’un commis de librairie, l’historien Robert Darnton confirme le rôle des médiateurs dans la diffusion et la production des Lumières. Il montre aussi que les transactions les plus concrètes se prêtent à une histoire matérielle qui fait sa place au commerce des hommes.
Lien : http://www.laviedesidees.fr/..
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De la censure. Essai d'histoire comparée

Une étude comparative fouillée des pratiques de la censure à trois époques différentes.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Apologie du livre : Demain, aujourd'hui, hier

Un essai intéressant car il nous confronte à notre quotidien de lecteur, en faisant référence aux pratiques passées, tout en ouvrant les possibilités que laisse présager le livre numérique. Très critique envers le projet de numérisation de Google, il nous confronte également à notre impuissance face à des décisions prises en hauts lieux (où les enjeux économiques ont plus de poids que les recommandations des spécialistes du livre). J’ai trouvé cette lecture intéressante sur bien des points même si je déplore l’aspect « mémoire de fin d’études » qui s’en dégage, le style étant très académique et lourd, avec un pan théorique légèrement soporifique.
Lien : http://carnetdelecture.skyne..
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Le grand massacre des chats

Excellent livre qui a "révolutionné" la façon dont on envisage la fin du XVIIIe siècle en France. Les deux premières parties sur les contes paysans et les ouvriers typographes sont très instructives. Les troisième et quatrième sur la description de Montpellier par un bourgeois puis l'encyclopédie sont moins percutantes (et moins accessibles...). Par contre les deux dernières sur la façon dont la police fiche les écrivains des Lumières et celle sur La Nouvelle Héloïse de Rousseau sont excellentes. On regrettera juste de ne pas avoir le point de vue de l'aristocratie. En définitive, je recommande vivement la lecture du Grand massacre des chats.
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De la censure. Essai d'histoire comparée

La censure, selon Robert Darnton, n’entrave pas toujours la création. En étudiant trois cas contrastés, et sans prétendre unifier les divers contextes culturels où s’exerce la censure, l’historien s’interroge sur ses propres préventions à son sujet.
Lien : http://www.laviedesidees.fr/..
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Apologie du livre : Demain, aujourd'hui, hier

Ouvrage intéressant par la relativisation de phénomènes qui nous semblent inédits, mais qui d'une certaine façon ont déjà été vécus dans un lointain passé, en l'occurrence à la Renaissance avec les débuts de l'imprimerie. Cette invention (l'imprimerie) fut perçue par certains "intellectuels" du temps comme un dévoiement de l'écriture, car le livre pouvait se multiplier comme jamais et de plus n'importe qui n'ayant aucune qualité littéraire, pourvu qu'il ait quelque argent, avait la possibilité de s'offrir la publication de ses pensées, de sa vie et autres.

Cela n'est pas sans faire écho aux prédictions de Cassandres qui annoncent la fin de la littérature.

Pour les amateurs de mise à distance des événements présents par leurs équivalents dans l'histoire, je vous renvoie à l'émission de Jean-Noël Janneney : concordance des temps, sur France-Culture.

Par contre l'aspect prospective de ce livre est déjà un peu défraîchi, et pourtant il a été publié en 2011. Mais la créativité et les innovations sur la toile sont tellement nombreuses et rapides, que ce qui apparaissait comme promis à un grand avenir, il y a à peine six mois, n'est plus qu'un accessoire démodé.

Pour conclure, ce livre est paradoxalement à la fois d'actualité et périmé; mais vaut tout de même le coup d'être lu pour nourrir notre réflexion sur ce qui est en train de se jouer.
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