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Citations de Robert McLiam Wilson (287)


La surface de la ville palpite de ses citoyens vivants. Mais sa terre est richement semée de ses morts innombrables. La ville est un entrepôt de récits, d'histoires. Au temps présent, au passé ou au futur. La ville est un roman.

(ici, il s'agit de Belfast)
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Je ne m'étonnais jamais qu'ils achètent tous ces trucs qu'ils ne pouvaient pas payer. J'aurais fait la même chose. Les seules fois où j'avais vraiment fait de grosses courses, je n'avais pas un sou vaillant. Faire des achats est la seule activité qui vous permet d'oublier que vous n'êtes pas en mesure de faire des achats.
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Savoir bien se battre revient simplement à savoir quels coups font mal, quels autres cassent un os et bien doser le tout. Point final.
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Je détestais Lavery’s. C’était forcément le bar le plus crade, le plus populeux et le plus rebutant de toute l’Europe de l’Ouest. Moyennant quoi il avait un succès fou. Très Belfast. Einstein avait tout faux : la théorie de la relativité ne s’applique pas à Lavery’s. Le temps de Lavery’s est un temps différent. On entrait un soir chez Lavery’s, âgé de dix-huit ans, et on en ressortait écœuré, en titubant, pour découvrir qu’on avait trente ans bien sonnés. (p. 238)
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Il ne supportait pas l'autorité. Deux ans plus tôt, il avait décidé qu'il détestait tout simplement les feux de circulation. Pour lui, ils entravaient son autonomie personnelle, son droit de déambuler à sa guise, partout et à tout moment. Il a entamé une campagne consistant à ne pas respecter les consignes des feux rouges. Il s'est fait écraser par un bus sur Dublin Road. Ses jambes étaient tellement en bouillie qu'à sa sortie de l'hôpital elles restaient raides comm des piquets.
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Pour une capitale de province dans un pays sous-peuplé, Belfast est vraiment très célèbre. Elle doit sa célébrité au violent conflit politique des vingt dernières années. Belfast a peu d’autres motifs de notoriété. Elle n’a engendré aucun peintre célèbre ; aucun roman célèbre n’a Belfast pour décor. Elle n’a pas de grand orchestre, son université n’est guère connue. Les « troubles ont fait de Belfast une célébrité ?
Peu de gens qui n’habitent pas l’Irlande du Nord connaissent bien Belfast, en dehors de sa liste de morts et de blessés pour raisons politiques. Peu de gens savent combien Belfast est parfois belle – une ville basse qui s’étend au fond d’une vaste baie ceinte et bordée de montagnes.
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J’ai pris une photo près de Blackhill qui, selon moi, serait un bon exemple des sensations ou des pensées que cette ville m’inspirait. On y voit un gazomètre au premier plan, à côté d’un terrain vague. Au loin, sur la droite, il y a un ensemble de sept énormes tours. Ce paysage était désolé, mais aussi d’une beauté étrange. Il montrait deux générations d’architecte à Glasgow : les usines à gaz, magnifiques et abandonnées ; les tours, affreuses, qu’on aurait du détruire. J’ai pensé à l’Amérique. C’était un quartier dangereux, inquiétant, dont les habitants étaient dominés par l’architecture. On aménageait une voie nouvelle à travers le terrain vague, une sorte de voie d’accès à la ville ou à une autoroute. Elle semblait couper à travers ce quartier en direction du centre-ville. Cette voie, on ne l’aurait jamais tracée dans une banlieue bourgeoise. C’était une route qui ne tenait aucun compte de son environnement. Elle ignorait, elle marginalisait encore plus ce quartier.
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J'ai allumé une cigarette. Je vais bientôt arrêter de fumer. La fenêtre commence à répandre un peu de lumière, une vague rumeur d'aube. Le processus s'accélère sous mes yeux. Les miroitements de multiplient. Immeubles et chaussées blêmissent et gagnent en définition, suspendus dans l'éclat faiblissant des lampadaires.
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Elle se promenait et achetait des jupes depuis si longtemps qu'elle en avait oublié de déjeuner. (...) Elle s'arrêta à la porte pour laisser passer un beau jeune homme à l'air canaille, en costume vert. (...) Elle se retourna pour lui dire merci et cessa d'exister.
La plus grande partie d'un des présentoirs en verre explosa vers elle.Bien que fragmentés avant d'atteindre Rosemary, les morceaux de verre et de métal furent bien assez gros pour la tuer sur le coup.
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Page 88 : Allons bon, quoi encore ? On s'approche de toi. Bordel de merde ! Une rencontre. Un dialogue, une conversation. Achtung ! Clapoteux et sanglotant, le clodo de l'enfer se pointe vers toi. Dans ses yeux brillants, tu discernes l'envie diabolique des morts. Sa bouche se tord en un discours informe. Une puanteur infecte l'entoure, des paroles d'une horreur sans nom dégoulinent de la plaie qui lui tient lieu de bouche. Tu as la chair de poule, tes ongles crissent, tes couilles se rétractent. Non, pas ça !
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Jeunes, vieux ou d'âge moyen, tous ces gens semblaient ressentir la même chose que moi. C'est-à-dire un accablement général, absolu. Ils vivaient au pays de la pauvreté, sous le climat de la pauvreté. Ils la mangeaient, ils dormaient avec, ils la respiraient. Mais, de manière prévisible, ils avaient continué d'acheter. Ils avaient toujours le droit d'acquérir, de consommer.
Ils s'étaient entourés des accessoires du confort. Ils avaient commis le crime de désirer ce qu'ils ne pouvaient avoir et tous se comportaient avec le plus grand calme. Je n'avais frappé personne depuis que j'avais repris du service dans la récup. C'était inutile. Jamais je n'en aurais besoin. Ils étaient déjà battus, ces gens-là. Je ne pouvais plus leur assener le moindre coup.
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Mon chat me hurlait dessus. Il faisait plus de bruit qu'avant, peut-être parce que je lui avais coupé les couilles.
Il essayait sur moi toute une série de nouveaux miaous et de miaulements inédits. Il y avait des diphtongues, des éclats de voix, des trémolos de chanteur d'opéra. Il était sept heures. Trop tôt pour cette merde. Je lui ai bien rempli sa gamelle pour le faire taire, mais maintenant il était capable de miauler en mangeant. J'ai mis la radio pour étouffer son boucan.
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Encore un week-end de gâché. Aucune parole mémorable; aucun acte mémorable. Je voulais faire autre chose.
Je voulais revoir Mary, savoir jusqu'où allaient ses réticences. J'aurais dû consacrer mon week-end à des activités fructueuses, entre autres à elle. Mais non, je l'ai bousillé au Crown.
Alors même que je buvais mon café, j'ai essayé de me raconter des histoires. J'ai essayé de me rappeler combien je m'étais amusé, et d'y croire. Mais je ne m'étais pas amusé.
Tous, nous avions détesté ces deux jours. Slat avait quasiment pleuré de désespoir le dimanche après-midi et même Septic Ted, qui n'était pas spécialement célèbre pour sa délicatesse ou la profondeur de ses pensées, a dit qu'il y avait forcément autre chose.
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J'avais échafaudé une théorie très personnelle afin d'expliquer pourquoi les gens auxquels nous avions affaire se montraient si coopératifs de bon matin. Il me semblait que leur pauvreté leur paraissait pire le matin. Il leur était plus facile de rêver ou de délirer le soir, quand l'optimisme ou la gnôle pouvait vous rendre agressif; mais dans la lueur blême du matin, elles devaient sembler indéracinables, cette pauvreté, cette honte. Elles devaient sembler tout ce qu'il y a de plus réelles.
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Il me semblait que leur pauvreté leur paraissait pire le matin. Il leur était plus facile de rêver ou de délirer le soir, quand l'optimisme ou la gnôle pouvait vous rendre agressif; mais dans la lueur blême du matin, elles devaient sembler indéracinables, cette pauvreté, cette honte.
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Les poseurs de bombes savaient que ce n’était pas de leur faute. C’était de la faute de leurs ennemis, les oppresseurs qui refusaient de faire ce que les autres voulaient qu’ils fassent. Ils avaient demandé à ce qu’on les écoute. Ils n’avais pas réussi. Ils avaient menacé d’utiliser la violence si on ne les écoutait pas. Quand cela non plus n’avait pas réussi, ils furent contraints, à leur grande répugnance, d’accomplir tous ces actes violents. De toute évidence ce n’était pas de leur faute. C’était la politique de la cour de récréation
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"Le plus beau concept de l'univers cognitif est l'incertitude dans les calculs stellaires produite par le facteur impondérable de la vitesse avec laquelle ces corps s'éloignent de nous et la vitesse avec laquelle nous nous éloignons d'eux. Toute mesure concernant les corps célestes lointains est sujette à caution à cause de la distance, de la vitesse et du temps. Les mathématiques sont fonction de l'endroit où nous sommes. Calculés ailleurs, les résultats seraient différents. Il n'y a pas d'absolu. C'est tellement énorme. C'est tellement politique. En dernier ressort, l'acte même de l'observation est vain, déclara Donal.
- C'est peut-être pour ça que Jake ne comprend pas pourquoi il ne trouve pas de copine", suggéra Septic.
Personne n'a ri. J'ai levé la main, armé mon revolver invisible et fait sauter la cervelle invisible de Septic.
La serveuse combattante de la liberté m'a apporté mon café. J'ai regardé le plancher.
"Tu manges rien ? demanda Slat.
- J’ai pas faim.
- Qu’est-ce qu'elle a dit ? a demandé Septic tandis que la serveuse s'éloignait en marmonnant une lave épaisse de sombres consonnes. Quelqu'un sait-il ce qu'elle a dit ? "
Sans Chuckie, il n'y avait que des catholiques à notre table, mais aucun de nous n'avait compris un traître mot.
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Une chose avait frappé Chuckie : ce conflit politique, qui avait marqué toute sa vie adulte, se résumait à un mensonge. Il s'agissait en fait d'une guerre entre une armée qui disait qu'elle ne voulait pas se battre, et un groupe de révolutionnaires qui affirmaient qu'ils ne voulaient pas se battre non plus. Ca n'avait rien à voir avec l'impérialisme, l'autodétermination ni le socialisme révolutionnaire. Et puis ces armées ne s'entre-tuaient pas souvent. D'habitude, elles se contentaient de tuer les malheureux citoyens qui se trouvaient disponibles pour le massacre.
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Quand ma peau a touché la sienne, j'ai compris que je ne me suiciderais pas ce mois-ci, que la vie était une sacrée belle marchandise lorsqu'elle incluait une fille comme Mary. Et quand elle m'a touché, elle touché ma fibre intime. Elle m'a touché jusqu'au coeur.
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Les gens se trompaient complètement sur le temps. Le temps n'est pas de l'argent. Le temps, c'est de la vitesse.
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