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Citations de Rosa Montero (677)


A dire vrai, il me semble que la plupart de nous autres, auteurs, nous pensons que notre oeuvre est meilleure que nous, et qu'elle est parfois même préférable à ce que nous sommes. C'est pour ça que les critiques négatives brûlent et détruisent et abattent autant: s'ils n'aiment pas mes livres, comment diable vont-ils m'aimer, moi?
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Le doute corrosif fait partie des pierres de notre bagage.
Et le problème, c'est que le manque d'assurance extrême te conduit au silence: "Le pire ennemi de la créativité, c'est douter de soi-même", disait Plath [...].
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Je me suis interrogée pendant un temps sur la signification que les lilliputiens pouvaient avoir pour moi.Pourquoi je les sentais si proches de moi, pourquoi ils se multipliaient de cette façon. Et j'en suis venue à la conclusion que le nain est un être crépusculaire qui ressemble à un enfant mais qui est un adulte: la frontière de l'âge est brouillée. Ce qui est justement ce qui m'arrivait quand j'étais petite : j'étais une petite fille qui n'était pas tout à fait une petite fille.Une enfant trop adulte( c'est peut être pour ça que j'ai été ensuite une adulte trop puérile).


( p.50)
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Les romans sont des rêves que l'on rêve les yeux ouverts, ils naissent dans ce même lieu de l'inconscient où naissent les rêves (....)
( p.49)
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"Il y a en moi une femme tourmentée et une autre qui observe", dit Siri Hustvedt dans son livre " La femme qui tremble".Très juste.Et la personne qui observe est celle qui écrit .
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Ce qui est merveilleux, c'est de se sentir à l'intérieur d'individus différents de soi.La fiction est un voyage vers l'autre, et ce trajet est le plus fascinant que l'on puisse faire.Emmanuel Carrère est aussi de cet avis:" C'est peut-être ce qu'il y a de plus intéressant dans la vie, de chercher à savoir ça : ce que d'être un autre que soi.C'est une des raisons qui font écrire des livres, une autre étant de découvrir ce que c'est d'être soi."
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….. la tempête parfaite qui te conduit à la mort demande un tel concours de circonstances que la plus petite altération peut te sauver. Paul Morand raconte dans L’art de mourir qu’un jeune Hongrois s’était jeté dans le Danube et avait refusé toute tentative de secours, jusqu’à ce qu’un policier arrive, brandisse son pistolet, le vise et s’écrie : “Sortez ou je tire.” Et le jeune homme est sorti de l’eau.
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D'après l'organisation mondiale de la santé, une personne sur quatre sur Terre sera atteinte d'un trouble mental à un moment donné de son existence. Ce sont des chiffres effarants, mais ceux qui se rapportent à l'état psychique des artistes sont encore pires, en particulier ceux des écrivains, car nous remportons apparemment la palme des dingueries.Oui, je sais que, lorsque nous parlons de créateurs déments, nous pensons immédiatement à l'oreille sanguinolente de Van Gogh, mais différents spécialistes se rejoignent pour indiquer que les artistes plastiques connaissent moins de déséquilibres et les musiciens très peu, alors que ceux qui se consacrent à unir des mots ont plus tendance à l'effondrement mental.
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C'est une chose qui arrive très souvent : tu grandis et tu découvres un jour brusquement que ce à quoi tu croyais dur comme fer dans ton enfance n'était qu'un mensonge ou une ânerie. La vie est une réécriture constante de l'hier.Une déconstruction de l'enfance.
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Trois citations magnifiques en exergue :

Après avoir vu avec quelle lucidité et quelle cohérence logique certains fous justifient, à leurs propres yeux et ceux des autres, leurs idées délirantes, j'ai perdu à jamais la pleine confiance dans la lucidité de ma lucidité.
(Fernando Pessoa)

Quel dommage que les fous n'aient pas le droit de parler sensément des folies des gens sensés.
(William Shakespeare )

Les admirateurs croient que je suis guérie, maus non :
Je suis juste devenue poète.
( Anne Sexton)
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L’existence de la Littérature est la preuve évidente que la vie ne suffit pas”, disait Pessoa.
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Je regarde aujourd'hui en arrière [...] et ma vie d'avant me fait l'effet d'un ensemble de photos dont je ne suis pas tout à fait sûre qu'elles soient de moi. Mon passé est comme le passé d'une personne très proche, une sœur, peut-être. Une jumelle. Un double. [...] "Le pire dans le fait de vieillir, c'est qu'on ne vieillit pas", disait Oscar Wilde, et il avait raison. Je n'arrive pas à m'intégrer dans mon âge véritable. Je ne comprends pas comment j'en suis arrivée là. Je ne parviens pas à découvrir à quel moment de ma jeunesse je me suis perdue, comment je suis tombée dans ce trou de ver spatio-temporel qui m'a amenée jusqu'ici. L'âge est une trahison du corps; à l'intérieur, comme l'affirmait Wilde, on ne vieillit jamais. De plus, ce corps conspirateur et déloyal s'appuie sur la collaboration de la société dans ce coup d'Etat qu'il est en train de perpétrer contre moi. Rien n'est aussi triste que la retraite, et pas seulement ta retraite à toi, mais celle de tous les autres. Un jour vient où se mettent tout à coup à disparaître ton dentiste, ton docteur, ton mécanicien du garage automobile, ta conseillère à la banque, ta pharmacienne, le patron du restaurant où tu vas depuis trente ans, ta libraire. Ils ne sont pas morts: ils ont pris leur retraite. Un immense balai chronologique les a emportés. Autrement dit, les a effacés. Tu ne connais plus personne autour de toi. Le brouillard descend lentement et tout s'estompe tandis que ton être le plus intime, ce moi émotionnel auquel tu t'identifies, qui est et qui sera éternellement jeune, se replie peu à peu dans un coin chaque fois plus reculé de ton cerveau.
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Être romancière est, en réalité, une activité assez bizarre, je dirais presque excentrique. Elle consiste à passer une quantité de temps énorme, deux ans, ou trois, ou peu importe combien, enfermée seule dans un coin de ta maison, à inventer des mensonges. Autrement dit, à inventer un Russe roux qui n’existe pas, chaussé de souliers vernis qui n’existent pas, qui ouvre une porte en bois de noyer renforcée d’une barre de fer qui n’existe pas. Et c’est à imaginer ce genre d’âneries que tu consacres le meilleur de ton existence.
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“…l’œuvre, c’est 1% d’inspiration et 99% de transpiration « .
Picasso
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Etre romancière est, en réalité, une activité assez bizarre, je dirais presque excentrique. Elle consiste à passer une quantité de temps énorme, deux ans, ou trois, ou peu importe combien, enfermée seule dans un coin de ta maison, à inventer des mensonges. [...] Tes heures les plus intimes. [...] Et au bout de cette traversée hallucinée, tu sors le livre et tu attends, en retenant ton souffle, que quelqu'un le lise. Que quelqu'un dise: eh bien moi, ça m'a intéressé, je t'ai comprise, j'ai vibré des mêmes émotions que toi, j'ai vu le même monde que celui que tu as vu. Parce que, si personne ne te lit, si ce que tu as écrit ne plaît pas, que deviennent ces deux ou trois années [...]? Eh bien, purement et simplement, le délire d'un fou. C'est pour ça que, nous les écrivains, nous sommes des êtres si avides du regard d'autrui; c'est pour ça que nous avons l'air vaniteux, à toujours chercher l'estime et la louange; pour ça que nous sommes si terriblement fragiles face aux critiques [...]. Parce que ce qui se joue pour nous, c'est l'acceptation du monde, la possibilité d'être normaux, la survie et la santé mentale. [...] Je crois que nous autres romanciers avons presque tous l'intuition, le soupçon ou même la certitude que, si nous n'écrivions pas, nous deviendrions fous, ou que nos coutures lâcheraient, que nous tomberions en morceaux, que la multitude qui nous habite deviendrait ingouvernable. [...] et que ce besoin de reconnaissance naît d'un manque colossal d'assurance.
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L'effort inutile conduit à la mélancolie, comme disait Ortega y Gasset.
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C'est une chose qui arrive très souvent: tu grandis et tu découvres un jour brusquement que ce à quoi tu croyais dur comme fer dans ton enfance n'était qu'un mensonge ou une ânerie. La vie est une réécriture constante de l'hier. Une déconstruction de l'enfance.
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L’existence est un chaos, et l’un des services que nous rendons, nous, les romanciers (l’une des raisons premières pour lesquelles tu me lis, et pour lesquelles je lis), c’est de donner une apparence de causalité et de sens à une réalité qui n’est que fureur et bruit. Même le roman le plus expérimental et décousu a un début et une fin, et il apprivoise d’une certaine façon cette agitation absurde dans laquelle nous vivons. Les romans sont une petite île de signification dans la mer du désordre.
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Un cas terrible de syndrome de l’imposteur est celui du philosophe français Louis Althusser. C’était un homme qui a souffert de problèmes mentaux extrêmement graves ; à vingt-neuf ans, on lui a diagnostiqué une psychose maniaco-dépressive et il a été interné une vingtaine de fois dans différents centres psychiatriques. En 1980, il a commencé à faire un massage à sa femme, la sociologue Hélène Rytmann, avec qui il vivait depuis trente-cinq ans, et il a fini par l’étrangler jusqu’à ce que mort s’ensuive. Il a été déclaré irresponsable devant la loi pour avoir eu un accès de folie, et il a encore été interné pendant trois ans. En 1992, deux ans après sa mort, on a publié son autobiographie, L’avenir dure longtemps, dans laquelle il raconte d’une façon déchirante qu’il se considérait comme un lâche et un imposteur. Qu’il abritait des désirs homosexuels qu’il n’a jamais concrétisés ; qu’il passait pour un éminent philosophe alors que le fait est qu’il avait des lacunes considérables dans ses connaissances : il ne savait rien sur Aristote, ni sur les sophistes, ni sur les stoïciens, ni sur Kant (je me l’imagine se disant dans un moment de stupeur : Aristote ? Ou est-ce Aristarque ? Ou peut-être Anaxarque ?). Et qu’il avait été considéré comme un héros de la Seconde Guerre mondiale parce qu’il était resté cinq ans dans un camp de prisonniers allemand, mais qu’en réalité il avait ressenti une “terreur totale” à l’idée de se battre, qu’il s’inventait des maladies pour éviter les missions et que, quand les Allemands l’avaient capturé, il s’était senti soulagé. Pauvre Althusser, qui avait vécu, comme nous l’avons dit avant, écrasé par l’impératif héroïque de cet oncle et premier fiancé de sa mère dont il portait le nom, mort au combat pendant la Première Guerre mondiale. D’ailleurs, c’est à son retour du camp de prisonniers que la psychose d’Althusser a officiellement éclaté : il avait eu la terrible malchance d’avoir à vivre une autre guerre mondiale dans laquelle se mesurer à son fantôme. Il avait perdu, bien entendu.
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Être fou, c’est avant tout, être seul.
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