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Citations de Rosa Montero (674)


Car le fait de créer non seulement te permet de vivre, comme nous l’expliquions au début de ce livre, mais t’offre en plus une vie merveilleuse, d’une intensité, d’une plénitude et d’un envol sans égal.
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La folie (…) te fait croire à tort que nul autre que toi n’a expérimenté ce que tu es en train de vivre, qu’il n’y a personne avec qui tu pourrais fraterniser. Te sentir fou, c’est sentir d’une certaine façon que n’existe plus à l’humanité.
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C’est une chose qui arrive très souvent : tu grandis et tu découvres brusquement que ce à quoi tu croyais dur comme fer dans ton enfance est un mensonge ou une ânerie. La vie est une réécriture constante de l’hier. Une déconstruction de l’enfance.
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En 1980, il a commencé à faire un massage à sa femme, la sociologue Hélène Rytmann, avec qui il vivait depuis trente-cinq ans, et il a fini par l’étrangler jusqu’à ce que mort s’ensuive. Il a été déclaré irresponsable devant la loi pour avoir eu un accès de folie, et il a encore été interné pendant trois ans
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Les monstres se cachent dans le ventre lugubre du silence domestique.
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- Tu as des enfants, Soledad? lui demanda Marita.

Oh non. Et maintenant ça. Et il fallait que ce soit Marita qui lance le sujet. Elle détestait qu'on lui pose cette question, car lorsqu'elle répondait non, ce non tellement irréversible à son âge, ce non qui signifiait non seulement qu'elle n'avait pas d'enfants, mais aussi qu'elle n'en aurait plus jamais et que par conséquent elle n'aurait pas non plus de petits-enfants; ce non qui l'étiquetait comme une femme non mère et qui la rejetait sur la plage des infortunés, comme le sale rebut d'une tempête marine, car les préjugés sociaux étaient indéboulonnables sur ce point et que toute femelle sans enfants continuait d'être perçue comme une bizarrerie,une tragédie, une femme incomplète, une personne à moitié ; quand elle disait non, enfin, Soledad savait que ce monosyllabe tomberait comme une bombe à neutrons au milieu du groupe et modifierait le ton de la conversation; tout s'arrêterait et les personnes présentes resteraient dans l'expectative, réclamant tacitement une explication acceptable au pourquoi d'une anomalie aussi affreuse ; que Soledad dise « je n'ai pas pu avoir d'enfants », ou peut-être « j'ai une maladie génétique que je n'ai pas voulu transmettre », ou même « en réalité je suis transsexuelle et je suis née homme » ; ils accepteraient n'importe quoi, en définitive, mais ils l'obligeraient de toute évidence à se justifier. Et, une fois encore, Soledad se promit de résister à la pression et de ne pas ajouter un seul mot après le monosyllabe.

- Non.

Boum. La bombe explosa.
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Il y a quelque chose de merveilleux quand on se débarrasse de soi-même...Cette liberté suprême de cesser d'être qui on est.
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CES NUITS MAGNIFIQUES

Je crains que les derniers chapitres, avec la triste histoire de Sylvia Plath puis cette petite question des suicides, n’aient un peu esquinté la tribu des artistes en général et celles des écrivains en particulier. Disons que tout cela correspond au côté le plus lamentable de la famille ; mais, comme le disait Proust, nous sommes aussi magnifiques. Car le fait de créer non seulement te permet de vivre, comme nous l’expliquions au début de ce livre, mais t’offre en plus une vie merveilleuse, d’une intensité, d’une plénitude et d’un envol sans égal. C’est comme mettre le doigt dans une prise et recevoir une décharge qui non seulement ne te tue pas, mais qui éclaire de surcroît le monde de toutes les couleurs connues et de quelques autres que tu ne saurais même pas nommer. La créativité est un voyage vers une autre dimension.
(p.250)
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Un jour vient où se mettent à disparaître ton dentiste, ton médecin, ton mécanicien du garage automobile, ta conseillère à la banque, ta pharmacienne, le patron du restaurant ou tu vas depuis trente ans, ta libraire. Ils ne sont pas morts : ils ont pris leur retraite. Page 149.
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La fiction est un voyage vers l'autre, et ce trajet est le plus fascinant que l'on puisse faire.
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Je ne révèle rien en disant que, lorsque nous tombons follement amoureux de quelqu'un, nous ne voyons pas la réalité de cette personne, mais que nous utilisons celle-ci comme un portemanteau sur lequel nous déposons l'ectoplasme de l'homme ou de la femme idéale. Saint Augustin appelait ça aimer l'amour ; car nous, les passionnés, nous n'aimons pas les personnes, mais l’excitation, la merveilleuse euphorie que nous procure le fait de nous croire amoureux. C'est pour ça que le passionné typique répète inlassablement le même schéma : il jette sur le premier qui passe à portée de sa main son modèle d'adoration idéal et il l'y maintient en pédalant à toute allure avec son imagination pendant plusieurs mois, jusqu'à ce que la réalité s'érode et que le mirage tombe en poussière. Moment où nous éteignons le projecteur avec lequel nous envoyions sur l'autre la diapositive du parfait être aimé et nous partons voir ailleurs avec notre fanfare, c'est-à-dire avec notre faim d'intensité intacte et le syndrome du manque hurlant dans nos tripes, en quête d'un autre mannequin en chair et en os sur lequel nous inventer l'homme ou la femme de nos rêves.
(P170-171)
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Un jour, dans une de ces périodes de ma vie où j'ai suivi une analyse, j'ai parlé à mon thérapeute des sentiments océaniques. Je ne sais pas si tu sais de quoi je parle ; ce terme inventé par l'écrivain français Romain Rolland (1866-1944), assez oublié aujourd'hui bien qu'il ait gagné le prix Nobel de littérature en 1915. Rolland, pacifiste, idéaliste, féru de philosophies orientales et homme qui se vouait à une intense quête spirituelle, avait baptisé "sentiment océanique" ces instants d'une intensité aiguë et transcendante, quand ton moi s'efface et que ta peau, la frontière de ton être, s'évanouit, si bien que tu crois sentir les cellules de ton corps se répandre et fusionner avec les autres particules de l'univers. Plus rien ne sépare alors ta conscience du reste du Tout ; tu es le soleil qui brûle à l'horizon et l'élytre kératineux d'un modeste grillon. Tu es comme disait Rolland, la goutte d'eau qui s'unit à l'océan. Ces instants mystiques, qui peuvent être plus ou moins aigus, qui sont souvent associés à l'observation de la nature mais naissent parfois aussi d'une image, d'une musique ou d'un élan d'empathie irrésistible envers un être vivant, sont un noyau ardent de félicité ou de beauté. Je ne sais pas combien de temps ils peuvent durer, sans doute très peu, mais c'est difficile à préciser car la perception temporelle est également altérée. Pendant quelques secondes, en tout cas, tu te sens au bord de la révélation, sur le point de comprendre le secret du monde. Et la mort bat en retraite, parce que, tant que tu es en dehors de toi, tu es éternel. Les Japonais appellent satori cet instant de non-mental et de présence totale : le satori, qui signifie "compréhension", est l'illumination du bouddhisme zen. Tu sais certainement de quoi je parle. Tu l'as certainement vécu.
(P164)
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Les junkies de l'intensité

Ce n'est pas pour rien que dans
l' Antiquité les fous étaient considérés comme des voyants, ils étaient ces individus capables d'observer la nudité du monde en deçà de la tromperie des choses: les Égyptiens croyaient qu'ils avaient une relation privilégiée avec les dieux ..(...)

( p.177)
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Comme les enfants dans le cimetière

Une autre histoire que je trouve exemplaire est celle de l 'écrivaine Charlotte Perkins Gilman ( 1860-1935),qui avait souffert d'une dépression post- partum et avait eu le malheur d'être traitée par le docteur Weir Mitchell, un fervent partisan de ladite " cure de repos".Car, en ce temps-là, aux femmes qui présentaient un quelconque trouble de l'humeur, on interdisait couramment de lire, de penser et, bien sûr, d'écrire.
On leur prescrivait de retourner aux routines domestiques, qui leur rendraient prétendument leur féminine sérénité. Tu te souviens des phrases que j'ai citées d'écrivains disant que, sans écrire, ils deviendraient fous ? Eh bien maintenant, pense à ces malheureuses auteures, chaque fois qu'elles " devenaient folles", on arrachait les plumes.

( p.143)
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Cauchemars géométriques

Pour en revenir à la question des ressemblances, je dirai que, pendant les années où j'ai préparé ce livre, j 'ai collectionné une série de coïncidences très littéraires, des particularités que nous sommes apparemment nombreux à partager. (...)

Pour ne pas parler du perfectionnisme souvent pathologique dans lequel nous tombons, comme l'explique ma mentoresse Ursula K.Le Guin dans ces vers délicieux dignes d'un conte de fées :

" Il y a quelque chose
de la taille d'un petit pois sec
que je n'ai pas écrit.
Que je n'ai pas bien écrit.
Je ne peux pas dormir."

( p.156)
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Les Junkies de l' intensité

Nous devons susciter en nous un certain niveau d'euphorie car la vie n'est pas suffisante pour nous :
" L'existence de la Littérature est la preuve évidente que la vie ne suffit pas ", disait Pessoa.

(p.167)
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Comme est né l'enfant

( ** À propos de Henri Roorda)

" J 'aime énormément la vie.Mais pour jouir du spectacle, il faut avoir une bonne place"
Plus loin, il ajoute ces phrases extraordinaires :" Je vais bientôt me tuer.Je ne mérite pas ce châtiment. Je suis sûr d'avoir eu moins de vilaines pensées que la plupart de ces bons citoyens qui réussissent et qui ne songeront jamais à se suicider. Les beaux vers que je me récitais mettaient de la pureté dans mon esprit. Ils m'ont procuré chaque jour une minute d'émotion.Ah ! Je voudrais bien rester sur la terre !"
Et aussi : " Dans le courant d'une journée, mon humeur varie souvent.Il y a des moments où j'oublie que je vais mourir.Alors je souris et je chantonne les airs que j'aime, car il y a encore en moi une grande provision de gaieté. Détruire tout ça, c'est du gaspillage. Mais je n'ai jamais su être économe. "


( p.221)
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Comme est né l'enfant

Tu te souviens du Belgo- Suise Henri Roorda, du pseudonyme Balthazar, qui a écrit un magnifique petit livre intitulé " Mon
suicide ",puis s'est tué juste après ? Je t'avais dit qu' on en reparlerait. Avec une intuition extraordinaire, Roorda avait un siècle d'avance sur les découvertes neurologiques modernes :" Je me sens enclin à croire qu'il y a depuis longtemps, dans ma petite machinerie intérieure , une courroie de transmission cassée. "

( p.221)
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Tempête parfaite deux

Le problème , comme l'écrivait Roorda, ce n'est pas de ne pas aimer la vie, mais de l'aimer trop.C'est de rechercher à longueur
de temps cette exaltation aiguë
qu' ils se savent capables d'atteindre.

( p.186)
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Les Junkies de l'intensité

C'est pour ça que nous sommes d'infatigables chasseurs du sublime.Pour ça que nous écrivons et peignons et sculptons et composons, pour voler au soleil une pincée de son feu.

( p.176)
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