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Citations de Ruth L. Ozeki (116)


Voilà ce qu’en dit le maître zen Dogen :
Pense à ne pas penser.
Comment penser à ne pas penser ?
La non-pensée. Là est l’art essentiel de zazen.
Tout ça n’a pas beaucoup de sens, à moins de vous asseoir et de le faire. Je ne vous oblige pas, hein. Je vous dis juste ce que j’en pense.
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Donc, si vous êtes du genre à aimer les trucs bien dégueulasses, je vous le demande, fermez ce livre et passez-le à quelqu’un d’autre, votre femme ou un collègue. Vous vous épargnerez un mauvais moment.
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ma Jiko aime beaucoup les détails, elle adore que je lui parle des petits sons, des odeurs, des couleurs, des lumières, des panneaux publicitaires, des gens, de la mode, des gros titres des journaux, tout ce qui fait de Tokyo cet océan de couleurs. C’est pour ça que j’ai pris l’habitude d’observer et de mémoriser. Je lui raconte absolument tout, les dernières tendances mais aussi les articles que j’ai pu lire sur les lycéennes retrouvées mortes, violées puis étouffées par des sacs plastique dans des love hotels. Vous pouvez lui raconter ce genre de chose, à mamie, ça ne la dérange pas. Je ne dis pas que ça l’amuse. Elle n’a rien d’une hentaï. Mais elle comprend que, parfois, il arrive vraiment des sales trucs, alors elle reste assise là à écouter en hochant la tête et en comptant les perles de son juzu, et elle récite des prières pour ces pauvres lycéennes, pour les pervers, pour tous les êtres qui souffrent dans le monde. Elle est nonne, c’est son boulot. Des fois, je vous jure, j’ai l’impression que si elle est encore en vie, c’est à cause de tous ces gens dont je lui parle et pour lesquels elle doit prier.
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J'ai bonne mémoire, mais la mémoire estelle aussi un être-temps, comme les fleurs des cerisiers et les feuilles des ginkgos; leur beauté dure un temps, puis elle se fane et meurt.
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Akihabara signifie « le champ de feuilles d'automne », mais on ne trouve ni l'un ni l'autre de nos jours. Tout a été remplacé par des boutiques d'électronique. C'est pour ça que maintenant, on l'appelle plutôt Akiba, ou Electric Town. Je ne m'étais jamais vraiment promenée là-bas. Je pensais que c'était un quartier réservé aux otaku fans de manga ou aux geeks comme mon père, qui venaient vendre leurs pièces détachées d'ordinateur quand ils se retrouvaient à court de fric, mais pas du tout. Akiba, c'est un endroit sauvage et étrangement beau. Vous traversez des ruelles étroites et des rues bourrées de boutiques et d'étalages qui débordent de circuits imprimés, de DVD, de chargeurs, de jeux vidéo, d'accessoires fétichistes, de modèles de dessins de manga, de poupées gonflables et de paniers remplis de gadgets électroniques, de perruques, de petits costumes de soubrette et de culottes d'écolière. Partout où vous regardez, vous tombez sur des posters colorés de dessins animés, sur des bannières géantes accrochées au sommet des immeubles qui montrent, serrées les unes contre les autres, des moe 1 aux yeux grands comme des piscines, ronds et pétillants, avec des seins énormes qui débordent de leur costume de superhéroïnes de l'espace, et vous entendez les clang ! clang ! clang ! des jeux d'arcade et les ping !, ping !, ping ! des salles de patchinko, et les haut-parleurs qui hurlent des ventes flash près des devantures des magasins, et les petites rabatteuses des maid cafés à la française qui apostrophent les otaku dans la rue. Vous voyez et entendez tout ça, mais en revanche aucune trace de « champ » et encore moins de « feuilles d'automne ».

1. Moe : femmes-enfants inspirées des mangas.
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On a d'abord vu défiler l'immense banlieue de Tokyo, puis des friches industrielles avec des usines qui déversaient de gros nuages de fumée, des ensembles de tours affreux, des centres commerciaux, des parkings et chaque fois, les portes du train s'ouvraient et se fermaient, les passagers montaient et descendaient, et les agents de la compagnie ferroviaire, avec leur petit tailleur, poussaient leur chariot à bentos le long du couloir, dans un sens puis dans l'autre, en répétant, « Obento wa ikaga desu ka ? Ocha wa ikaga desu ka ? »(...)
À Sendai, nous avons pris un autre train qui nous a emmenés dans la ville la plus proche du temple de Jiko, puis nous avons transbahuté ma valise à roulettes dans un bus tout rouillé où il n'y avait que des vieux, pour nous rendre jusqu'à son village. On a fini par croiser quelques supérettes, des cafés et des écoles, mais au départ, c'était le désert total : des champs, un élevage de poissons, une salle de patchinko, une station-service, un Seven-Eleven, un garage, un sanctuaire. Mais plus nous avancions, plus ces bâtiments s'espaçaient, et j'ai fini par comprendre que nous étions arrivés à la campagne car le paysage était beau à présent. J'avais l'impression d'être un personnage de dessin animé dans son petit autobus qui monte et qui descend la montagne, accroché comme sur des rails. En contrebas, les vagues déferlaient sur les rochers difformes et on apercevait parfois une crique, semblable à une petite poche de sable à l'intérieur de la falaise.
Ce paysage me rappelait un peu le nord de la Californie et ses ports comme Marin, Sonoma ou Humboldt, sauf que la côte japonaise était beaucoup plus arborée et qu'à la place des villas de milliardaires, c'étaient des petits villages de pêcheurs qui s'éparpillaient le long du littoral, et les bateaux se mêlaient aux filets, aux parcs à huîtres qui flottaient tels des radeaux et aux poissons pendus à des bouts de bois qui séchaient comme le linge devant les maisons.

1. Obento wa ikaga desu ka ? Ocha wa ikaga desu ka ? : « Désirez vous manger quelque chose ? Boire un thé ?
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Depuis que Ruth connaissait Dora, celle-ci n’avait jamais publié ses poèmes que dans des petites revues. Le New Yorker restait pour elle le Saint-Graal, mais elle avait décidé de ne pas s’y abonner tant que le magazine ne l’aurait pas publiée. […] D’après elle, toutes ses lettres de refus n’étaient qu’une noble et nécessaire partie de la pratique poétique, et elle était fière de les collectionner. Elle les placardait sur la façade de sa maison, comme l’avait un jour fait Charles Bukowski. Ruth l’admirait d’admirer Bukowski.
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Un instant – bouddhiste – plus tard, j’étais nez à nez avec les yeux vert tendre d’un tout petit chat noir et blanc qui m’a lancé un regard en coin et m’a tourné le dos avant de me faire le numéro typique de chat – tournicoter autour de mes jambes puis faire le dos rond avec la queue bien haute en étirant ses pattes avant, pas vers moi mais de l’autre côté, de manière à me demander de le caresser tout en m’offrant son trou du cul en étoile et ses grosses couilles poilues. Après tout, quand un chat vous tend son derrière, vous le caressez, un point c’est tout.
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Dehors, dans le grand cèdre près de l'appentis, le corbeau de jungle rentrait la tête dans les épaules pour se protéger de la pluie. Ké, ké, ké, disait le corbeau. Il rouspétait contre le vent, mais le vent ne l'entendait pas à cause du vacarme, si bien qu'il ignora cet appel. Les branches se balancèrent, le corbeau s’agrippa plus fort pour se préparer à décoller vers le ciel.
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imaginez la chaleur torride enveloppant la montagne, le cri strident des cigales dans l'air torpide ; les bonzes assis en zazen des heures durant, immobiles sur leurs coussins moites, leurs crânes luisants cernés par les moustiques, la sueur ruisselant comme des larmes sur leurs jeunes visages.Le temps devait leur sembler interminable.
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J'avais les yeux fermés, et l'impression de parler toute seule dans le noir, ou même de ne pas parler, mais de penser plutôt. Sur mon front, la main de Jiko tirait les pensées de mon esprit tout en me maintenant arrimée à la terre pour que je ne puisse pas m'envoler.
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Les caractères d'imprimerie sont prévisibles, impersonnels. L'information se fixe de manière quasi mécanique sur la rétine du lecteur.
L'écriture manuscrite, elle, résiste, demande du temps pour révéler sa signification, un contact aussi intime que celui d'une peau.
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J'étais toujours étendue, parfaitement immobile. Ca n'aurait servi à rien de me débattre ou de crier. Ils étaient trop nombreux. Personne ne m'aurai entendue ou ne serait venu m'aider, et au bout d'un moment, j'ai même fini par m'en foutre parce que je pensais à Haruki I et que ça me donnait de la force. Ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient de mon corps, ils n'auraient pas mon esprit. Ils n'étaient que des ombres, et alors que je les écoutais débattre de qui allait me violer, j'ai senti mon visage se détendre et un léger sourire naître sur mes lèvres. J'avais activé mon supapawa, et les ombres n'étaient maintenant plus que des moustiques dans le zendo qui bourdonnaient au loin et n'embêtaient que ceux qui les croyaient nuisibles.
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- Non. Haruki n'a jamais haï les Américains. Il haïssait la guerre. Il haïssait le fascisme. Il haïssait les gouvernements qui pratiquaient la loi du plus fort, les politiques impérialistes, capitalistes, l'exploitation. Il haïssait l'idée de tuer des gens qu'il ne pouvait pas haïr.
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"La vie est pleine d'histoire. Ou elle n'est peut-être qu'une histoire."
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Le temps s'effaçait, c'était chaque fois comme une nouvelle naissance. Parfait. La brise soufflait, et des pétales pleuvaient sur mon visage levé, alors je m'arrêtais, ébahie par tant de beauté et de tristesse.
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Eh bien, ce n'est peut-être pas comme ça qu'il faut le présenter, mais je pensais que si chaque fois que tu regardes une chose, elle disparaît, alors tu devrais peut-être arrêter de regarder et te concentrer sur ce que tu as à ta portée, ici et maintenant.
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Et quand je multipliais ma tristesse par ces millions de gens enfermés tout seuls dans leurs petites chambres, à taper comme des dingues sur leur clavier et à poster des billets sur leurs petits sites que personne n'aurait jamais le temps de consulter puisque tout le monde est trop occupé à rédiger et à mettre en ligne ses propres billets, eh bien, quelque part, ça me brisait le coeur.
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En général, ma stratégie consistait à les ignorer, à faire la morte ou à me dire que je n'existais pas. J'imaginais que peut-être, si j'essayais vraiment très fort, mes voeux se réaliseraient, que je finirais par mourir ou par disparaître.
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Les mots sont vides, comme tu le sais, mais mon coeur est plein d'amour.
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