Dormition de la neige
III
extrait 3
b)
Comme une étoile égarée par les fleuves
Est cette femme indiquée par l’oiseau
Avec le sang qui coule d’elle et fait
De ce qu’elle est la blessée des roseaux
Obscure pierre et ses cuisses colombes
Très longue flamme étable dans le froid
Pour que les hommes de sang deviennent songe
…
Dormition de la neige
III
extrait 3
a)
Que toute pierre soit ce peu de terre
Sortie de l’eau comme une épaule brille
Avec la femme avec son ventre fille
Sa chair blessée éblouissant l’esprit
Comme une étoile égarée par les fleuves
D’une autre terre ancienne où ceux qui vont
Outre le blé seront criblés de pierres
…
Dormition de la neige
I
extrait 3
Cet homme ayant perdu son nom de neige
Il y a dehors sa mère et son cheval
Mais lui s’attarde à s’abreuver d’un lait
Qui est le lait de la plus sombre fille
De la plus nue avec ses étamines
Assise vive et ses linges de sang
Rêvant cela et l’eau sur ses épaules
Faisant briller de ses épaule l’ombre
Il est à sa toilette aidant sa mort
Méditative et qui lui tend un fruit
Il prend deux fruits pour son cheval - il sort
Et nul cheval devant sa porte, mais
Comme un millier soudain d’immenses lyres
La flamme avec la flamme avec la pluie
Dormition de la neige
I
extrait 2
Cet homme ayant au vent donné ses membres
Le voici cavalier des nudités
Lui-même et son cheval devenus frères
Buvant tous deux le même lait du vent
Qui est d’astre perdu et lait de pauvre
Si pauvre femme établie dans le songe
Qu’elle est assise et ses deux mains brûlées
D’avoir touché le froid des nudités
Il a enfin enfin touché la neige
Son membre d’homme à la fin dénudé
Et sa mère à genoux le purifie
Puis la voici, sa main devenue songe
Contre son cœur dont l’aorte est un arbre
…
Dormition de la neige
I
extrait 1
Stèle dormante ombrée de neige
Dans le vent vide où se dévêt le froid
Comme ombre d’homme ombrée de neige
Et couronnée de tous lambeaux du froid
Buée ombrée simplifiée par la neige
Dans ce pays brûlé de soudain froid
Cet homme, et qui sera, viendra mourir
Dans le repli d’une rose de froid
Ayant donné son nom à toute neige
Née de la terre et revenue vers elle
Comme eau nocturne agréée par le cœur
Cet homme ayant à tout sommeil donné
Son corps d’amour et son oubli, un peu
De neige vive apeurée par le froid
…
Maintenant au plus loin les musiciens
Il faut courir il faut toucher leur robe
Avant qu'elle dorme
J’écris cela non loin de La Haye, dans ma chambre de Wassenaar, donnant par une vaste baie sur le rayonnement de la pelouse sous le ciel palpitant de nombreux gris et soudain, tandis que j’écris, des dizaines de corbeaux tombent de l’altitude où la lumière s’efforce de briller un peu et, de leur langue forte et noire, en viennent à me signifier que ce n’est pas de nuances et de modulations seulement qu’il s’agit, qu’il s’agit aussi de vie et de mort, mort et vie présentes à l’immédiate conscience et que cela, la plate et la plane Hollande, la douce Hollande des femmes aux cheveux fins, dentellières ou liseuses de Vermeer – ô ce nom de Vermeer de Delft et les raffinés si légers accidents de sa ligne mélodique ! −, que la Hollande est aussi, quand il le faut, là où il le faut, synonyme de résistance : résistance à l’impérialisme espagnol du Siècle d’Or, résistance à la barbarie nazie des jours de fer.
Question mal posée tire réponse de tout.