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3.5/5 (sur 24 notes)

Né(e) : 1985
Biographie :

Samy Langeraert est né en 1985. Il vit à Paris.
Mon temps libre est son premier roman.


Source : Editions Verdier
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Bibliographie de Samy Langeraert   (2)Voir plus

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Fondées en 1979, les éditions Verdier fêtent cette année leurs 40 ans. Bien ancrée dans le paysage éditorial français, Verdier reste une maison indépendante qui propose chaque année un catalogue d'une richesse exceptionnelle. À cette occasion, la Bpi convie dans ses espaces quelques-uns des auteurs emblématiques de cet éditeur pour montrer les différentes facettes de son engagement et faire entendre les textes qui l'incarnent. Avec : Johan Faerber, Lionel Ruffel, Samy Langeraert, Catherine Perrel, Jean-Yves Masson, Patrick Boucheron, Dominique Reymond Suivre la bibliothèque : SITE ? http://www.bpi.fr/bpi BALISES ? http://balises.bpi.fr FACEBOOK ? https://www.facebook.com/bpi.pompidou TWITTER ? https://twitter.com/bpi_pompidou

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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
L’identité de la « première victime du mur » ne fait pas consensus. D’après certains, il s’agit d’une femme de cinquante-huit ans, Ida Siekmann, morte le 2.2 août I961 des suites de ses blessures après avoir sauté par la fenêtre dc son appartement de la Bernauer Strasse. Pour d’autres, c’est un jeune homme de Vingt-quatre ans, Günter Litfin, abattu le 24 août alors qu’ il essayait de rejoindre le secteur, britannique en traversant un canal à la nage. On peut lire sur Wikipédia que « les coups de feu ameutèrent les passants qui assistèrent au repêchage de son cadavre par la police ». Sur un site officiel de l’administration allemande, on apprend que la Stasi lança immédiatement une campagne de diffamation…
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Mes trois colocataires travaillent, et à l’instant où le dernier d’entre eux referme la porte d’entrée, un peu après neuf heures, j’ai l’impression que les murs, les plinthes et le parquet s’affaissent imperceptiblement et que l’appartement se métamorphose : il fait plus chaud, et le silence qui suit les douches, le va-et-vient entre les pièces et le bruissement des manteaux qu’on enfile a quelque chose de plus paisible que celui qui précède la sonnerie du premier réveil. C’est comme si, tout à coup, ces pièces reprenaient vie, mais une vie somnolente et inutile. Souvent, l’après-midi, je vais passer du temps dans l’une ou l’autre sans rien y faire, pour voir cette vie remuer à la surface des petites flaques qui restent dans la baignoire, le long des canalisations et jusque dans les plis des vieux torchons rigides qui traînent sur la table à manger. J’ouvre et referme les grands tiroirs de la cuisine, j’actionne le presse-agrumes à vide et je relis les citations d’artistes ou d’écrivains célèbres que mes colocataires ont punaisées au mur. Il y a de drôles d’objets sur le frigo : des cruches, des baguettes transparentes, une espèce de plateau gravé et un décapsuleur en forme de tour de Pise. Je ne sais pas si quelqu’un les a mis là pour décorer ou s’ils ont une utilité quelconque. Par terre, dans les armoires comme sur le plan de travail, les choses paraissent figées dans une saleté définitive qui rend cet espace-là beaucoup plus chaleureux que le mien. Je ne tiens d’ailleurs pas plus à l’ordre et à la propreté de ma chambre qu’à la vaisselle qui déborde de l’évier bouché, aux pommes en décomposition et aux briques de lait et de jus de fruits laissées ouvertes du matin jusqu’au soir. Je m’assois à la table et je respire l’odeur dont toute la ville est faite, mais que j’ai le sentiment de retrouver ici à l’état pur : l’odeur du pain rassis et des épices, et des mégots dans les bouteilles de bière. Je reste là à écouter le bourdonnement du frigidaire, le bruit des portes ouvertes et refermées dans la cour de l’immeuble, et peu à peu je ne fais plus rien qu’attendre, l’esprit vacant, jusqu’à ce que la nuit vienne.
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INCIPIT
Berlin, premier hiver
Chaque soir, pendant des heures, je marche sur les trottoirs couverts de neige sans prendre de direction précise. Les rues sont à peine éclairées et dans les coins, entre les réverbères ou les néons, l’obscurité se creuse et devient brusquement sensible. J’ai fini par m’apercevoir qu’elle ne recouvrait pas les choses, mais leur donnait plutôt un degré de consistance dont je n’avais jusque-là aucune idée : les grilles, les branches tombées par terre, les angles du caniveau me semblent plus vrais, mieux dessinés qu’ailleurs. Chez moi, le blanc des lampadaires les écrasait tandis qu’ici, le peu de lumière les gonfle et les soulève.
Je marche, la neige collée aux semelles de mes chaussures, mon appareil photo en bandoulière, et je regarde : voilà des mois que je longe les rues la nuit à la recherche d’un signe qui m’aurait échappé depuis mon arrivée. Avec un entêtement stupide, je plisse les yeux devant les arbres au tronc humide et froid, les vitres embuées des camionnettes, les noms listés aux interphones, les grues, les stands de Currywurst ou les traces dans la neige, je les scrute, mais n’y découvre rien, et à défaut de savoir quoi en faire, je les photographie. J’ai l’illusion qu’en les fixant longtemps à travers le viseur, sous plusieurs angles, en me retenant de respirer et en pressant doucement le déclencheur de l’appareil jusqu’à ce que le miroir pivote et claque, je parviendrai à entrevoir cette forme qui se dérobe sans cesse. Après chaque prise de vue, le flash émet un sifflement si faible que je le confonds parfois avec un acouphène.
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« L’un des Spätis que je fréquente le plus se trouve dans la Wrangelstraße, près de Schlesisches Tor. Si je suis dans les parages et qu’il fait bon, je vais y acheter une bière et je m’installe devant, dos aux vitrines, sur l’un des bancs placés de chaque côté de la porte d’entrée. J’évite d’y aller trop tôt ou tard : plutôt à l’heure où la journée s’achève et où il est temps d’en faire une sorte de compte rendu mental, même s’il n’est pratiquement rien arrivé depuis le matin. Je décapsule ma bière et je regarde les gens passer, et les voitures, les arbres, les animaux, les gens dans les immeubles d’en face. Le Späti est tenu par un couple qui semble tout droit sorti d’un livre de Carson McCullers. L’un et l’autre sont obèses, impénétrables, et s’acquittent de leurs tâches sans avoir l’air d’y prêter attention, comme s’ils flottaient dans un monde parallèle – comme si la zone dans laquelle se trouvait leur Späti n’était pas tout à fait terrestre. Ils ont leurs propres chaises pliantes dehors, au milieu du trottoir, et viennent s’y asseoir à tour de rôle, pour ne rien faire, pour regarder, comme moi. On pourrait supposer qu’ils sont anesthésiés, qu’ils ont déjà tout vu, tout entendu, mais à la moindre perturbation, ils tournent la tête et ils observent. Les événements les plus infimes les intéressent : ils veulent savoir qui rit ou crie au coin de la rue, pourquoi telle femme marche en traînant les pieds, où va telle ambulance, si le nuage qui passe annonce la pluie ou s’il s’agit seulement d’un nuage égaré dans le ciel du soir.
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Ce soir, une fois n'est pas coutume, la grande salle de lecture de la Stabi était remplie de couples lascifs dont les membres suspendaient régulièrement leurs réflexions, la lecture de leur livre, la rédaction de leur thèse pour se rejoindre et s'embrasser, se susurrer des choses à l'oreille l'un de l'autre, s'étreindre longuement et rire d'un rire moelleux et sensuel, le tout si bien chorégraphié, si convaincant, que la solitude qui transpirait par tous mes pores m'est apparue soudain comique.
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Parfois je crois voir une histoire derrière ces mois d'attente et d'interrogation, ou un fil rouge, une direction, mais il s'avère toujours ensuite qu'il n'y en a pas : ni fil, ni direction, et pas d'histoire qui tienne, rien d'autre que ces morceaux glanés, hallucinés à mesure que j'absorbe le vide du temps à trop hautes doses.
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Les bruits d'octobre se sont dissous dans l’air. Tous les jours à onze heures, un petit groupe d’enfants guidé par un adulte se dirige vers le square, chaque jour plus silencieux, plus lent, ses mouvements comprimés peu à peu par le froid. L’après-midi, personne ne vient plus s’asseoir sur les bancs, et les trottoirs des environs restent déserts. Plus d’étourneaux, plus d'hirondelles, et de jour comme de nuit, seulement des bruits nocturnes, des bruits de ville abandonnée, de ville sous cloche de verre. Mais à mesure que les bruits s’affaiblissent à l’extérieur. ceux de l’immeuble se font plus insistants : la télé du voisin, les portes claquées, fermées, poussées, les grincements en tous genres, les clés tournées dans les serrures, les clous plantés ici et là…
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C'est à M. que je pense quand je ne pense plus à rien, quand je ne suis plus tenu par une tâche qui m'absorbe. Sans elle, je n’aurais pas imaginé qu'il y avait tant de fissures et d'interstices dans la matière de mes journées. Elle s'introduit jusque dans les plus fins d'entre eux et vient combler tous les moments précaires, tous les espaces laissés vacants par les pensées pratiques, les voix, les monologues. Ce sont les transitions qui sont les plus dangereuses, les pauses, les blancs dans la concentrations : quand je fais mes lacets, quand j'épluche une orange ou bien quand les caissiers, dans les supermarchés, me demandent si j'ai besoin du ticket de caisse, la main déjà baissée vers la corbeille à côté d'eux.
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Les choses ont perdu leurs contours, le ciel ne s’arrête pas de blanchir, l’hiver s’est dissipé, le printemps gonfle, les jours s’étirent, j’examine les bourgeons de toutes mes forces, les mouches encore si peu méfiantes, je crois pouvoir sentir la chaleur du soleil sur mes poignets, mes tempes, mais ça ne va pas plus loin, et puis les phrases et les pensées s’étiolent, le blanc revient toujours, c’est comme si les idées, les fleurs, la terre, les mots s’évaporaient, comme s’il n’y avait plus que ça, cette sorte de brume laiteuse qui s’élève de partout, sans fin. 
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La langue de ces gens-là, j’ai renoncé à l’écouter attentivement dans l’espoir d’y trouver quelque chose d’autre que des affirmations transmises de façon mécanique. Dans les parcs, dans les bus, à la cantine de l’université, je n’entends pas d’incertitude : c’est comme si la syntaxe avait durci et que cette solidité les fascinait. Même les enfants la craignent. Même dans les salles de cours, où la parole s’étale en long et en large, elle se retranche derrière des expressions toutes faites et des postures dont la répétition m’épuise.
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