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Critiques de Serge Gruzinski (22)
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Quand les Indiens parlaient latin: La colon..

"Quand les Indiens parlaient latin : colonisation alphabétique et métissage dans l'Amérique du XVI°s", de Serge Gruzinski, est un remarquable livre d'histoire, unique en son genre, et profondément intéressant. D'abord par les qualités de l'auteur, qui écrit bien, sobrement et correctement, et ignore ce qu'est le bavardage sociologique. Parfois, le lecteur voudrait en savoir plus qu'il n'en dit. Ensuite, par le sujet abordé. On sait en gros ce qu'était l'empire aztèque et ce que fut la Conquête espagnole de Cortès : on a pu voir cela dans l'école à l'ancienne mode, surtout quand on étudiait l'espagnol, dont l'enseignement abordait quelques faits de civilisation sud-américaine. Mais une fois l'empire aztèque abattu, que se passa-t-il ? Pour répondre, nous ne disposons que du mot épouvantail de "colonisation", qui appelle à lui les images cruelles de l'esclavage, de l'ethnocide, du génocide etc ... Personne n'a l'air de s'étonner de ce qu'il y ait encore tant d'Indiens en Amérique hispanique, ni de se se demander ce qui s'est passé une fois la Conquête accomplie. Gruzinski est là pour nous renseigner, et combler les lacunes de notre connaissance vague de ces espaces et de cette culture.



Dans les podcasts que l'auteur a faits comme dans son livre, il évoque la "colonisation alphabétique", l'irruption de l'écrit, du papier, du livre et du latin dans des sociétés indiennes du plateau mexicain, hautement civilisées mais dont l'expression écrite était tout autre, et inadaptée à l'exploitation administrée d'un pays ou d'une province. Les Espagnols, maîtres peu nombreux d'un immense espace, se sont appuyés sur les fils des élites indigènes et les ont formés à la lecture, à l'écriture et au catholicisme, donc au latin. L'auteur étudie de près les techniques pédagogiques, les contenus enseignés, les acteurs européens, le destin de certains élèves, pour nous faire voir comment, par l'écrit et par le latin, les jeunes Indiens des élites aristocratiques, dont les parents avaient aidé les Espagnols à abattre l'empire aztèque, se firent les pionniers de l'intégration du Mexique dans le premier ordre mondial de l'histoire. Tout cela, exprimé en ces termes, a l'air bien aride, mais le récit et les évocations que fait Serge Gruzinski ne cessent jamais d'être passionnants, évocateurs, colorés et vivants. Il va jusqu'à comparer le choc de cette colonisation alphabétique dans des sociétés orales et hiéroglyphiques, à ce qu'il nomme "la colonisation numérique" qui nous affecte aujourd'hui, qui rend caduc, dit-il, les modes anciens du livre et de la lecture traditionnelle.



Il est clair qu'une civilisation entière a été détruite par la colonisation espagnole du Mexique. Mais les méthodes, les différences et nuances locales sont essentielles : "l'écrit alphabétique a eu des effets paradoxaux. Auxiliaire aussi indispensable qu'efficace de la colonisation espagnole et de la christianisation, il a également servi à enregistrer ce qui survivait des sociétés préhispaniques, et donc contribué à préserver des pans du passé, tout comme il a formaté de nouvelles mémoires et de nouvelles identités au sein d'élites capables de détourner à leur profit l'outil de domestication et de se créer des points d'ancrage dans la tourmente coloniale." (p. 258) Autrement dit, cette civilisation détruite vit toujours sous d'autres formes mêlées et savantes, y compris en latin, dans les arts, l'édition, et le complexe mélange des rites indiens et des rites chrétiens, dans un monde où la fête sacrée tient au moins autant de place dans la vie que le travail productif. Serge Gruzinski s'attache dans ce livre fascinant à décrire et analyser ce qu'il nomme du mot galvaudé et détestable de "métissage", qui prend ici toute sa valeur et sa pertinence.



C'est si bon que j'ai regretté de ne pas avoir la suite, à savoir ce que le Mexique est devenu aux XVII° et XVIII°s. L'auteur décrit l'édification d'une société coloniale, mais ce concept était nouveau pour moi et j'aimerais trouver des définitions et des analyses de ce niveau. Enfin, l'auteur n'a pas abordé, car c'était hors de son sujet, la politique culturelle et linguistique particulière adoptée en pays maya, ni naturellement ailleurs dans l'Amérique conquise. Il souligne au passage combien la domination portugaise du Brésil a suivi de tout autres voies.



Voilà un excellent ouvrage, qu'on peut recommander à toute personne qui aime l'histoire.
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Histoire de Mexico

Il semble que Mexico ait eu bien des visages et que les changements s’y produisent à une vitesse qui en altère parfois le passé et la rendent insaisissable. Elle a surtout été un lieu extraordinaire de métissage et un creuset, au cours du 20ème siècle, pour les avant-gardes, avant de devenir une mégalopole chaotique et effrayante, décor de science-fiction. C’est oublier cependant que cette ville put autrefois rivaliser avec les plus belles villes du monde. « La Venise du nouveau monde », « la ville des palais », durant la période coloniale, impressionna souvent le visiteur avec son tracé régulier, ses larges avenues, ses riches demeures, ses églises, ses couvents, où s’imposèrent les gouts de la renaissance et du baroque. Mais c’est oublier aussi qu’à côté de cette ville européenne subsistèrent une ville indigène, avec ses savoirs et ses coutumes, un petit peuple d’indiens, de noirs, de mulâtres et de métis. Serge Gruzinski nous entraîne donc à travers les siècles dans le dédale d’une ville hors normes.
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Le destin brisé de l'Empire aztèque

Beau condensé historique de la conquête du Mexique bien documenté et bellement illustré.
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Les quatre parties du monde : Histoire d'un..

Sur 479 pages, Serge Gruzinski nous livre une très intéressante plongée dans les lieux de l'Histoire que l'on a oubliés : "une" histoire d’une mondialisation, parmi tant d'autres. Les ambitions de l'auteur sont de montrer que oui, il y a bien eu une mondialisation à la "Renaissance" européenne, mais pas seulement comme nous l'entendons aujourd'hui dans nos manuels scolaires voire même nos cursus universitaires ! Ainsi l'historien prend pour objet d'étude la monarchie catholique de Philippe II, cherchant à déconstruire une histoire totale et globale pour en faire une illustration d'une mondialisation "archaïque" qui échoua dans sa diffusion culturelle mais prouve que la circulation et la diffusion des savoirs/produits/ressources/hommes à travers le monde a bien commencé quelque part, hors de l'Europe. L'exemple pris par Serge Gruzinski : le Mexique, l'Amérique du Sud et jusqu'aux confins du Japon et de l'Asie. Prendre en compte l'Asie et l'Amérique et même l'Afrique en sortant du cadre purement européen et méditerranéen, berceau d'une civilisation occidentale que décrit Fernand Braudel.

Sauf que Serge, il est pas bête, il prend des exemples bien précis, de telle tête couronnée espagnole qui se retrouve à collectionner des objets japonais, de tel artiste mexicain qui s'inspire brusquement des portraits royaux européens, de tel moine français qui s'aventure en Asie pour y être torturé mais laissant des traces de sa culture dans certaines représentations picturales asiatiques...



Petite touche par petite touche, sans développer un vocabulaire rébarbatif ou des développements épistémologiques inintéressants, l'auteur décrit toutes les facettes d'une mondialisation dans ses réussites et ses échecs. Parlant de culture, d'art, peinture et produits manufacturés, d'artisanat, de livres, de correspondances épistolaires, d'herbiers et livres de remèdes, de plantes exotiques, de portulans et mappemondes, de moeurs et d'habitudes alimentaires... tout y passe.



Ici l'historien Serge Gruzinski traite de l'Histoire la grande via les interconnected histories. Car son étude porte sur des "détails" qui font le lien, qui forment comme une toile connectée, comme quelque chose de fragile et de solide à la fois. Il traite des interactions, des correspondances, montre à la loupe puis à la longue vue, il parle des influences et des références. Il démontre que le pouvoir et les grandes puissances ne sont pas les seules à donner le la, à désigner ce qui est à la mode. Il montre que l'expansion culturelle est bien plus complexe qu'on ne le voudrait croire. Avec ce que l'on apprend à l'école : qu'un type comme Cortez a débarqué et tout a changé... certes la domination catholique est véridique, mais pour le reste, l'auteur traite des résistances des populations, de leurs aspirations, de leurs inspirations... le local est donc un aspect important de cet essai. Le local pour parler du global.



A travers les expériences des uns et des autres, à différentes échelles, différents moyens financiers, différentes renommées, la mondialisation est en marche... cet ouvrage permet un décentrement du regard sur le monde, en Inde, en Chine, au Japon, au Brésil, au Mexique, vous serez dépaysés et vous apprécierez les efforts entrepris par les hommes et les femmes de la Renaissance pour compiler les savoirs, les transmettre : que ce soient les lettres et langues, la pharmaceutique et la botanique ou les médecines, l'astronomie et la navigation et l'aspect pratique comme la cartographie, la géologie, la zoologie et bien entendu les arts de vivre et la théologie.



L'Ouverture sur des mondes aussi différents a profondément changé certains regards jusque dans les cours royales européennes.



C'est donc un essai anthropologique proche des social studies que je trouve extrêmement éclairant et qui complète parfaitement les lectures croisées des World Histories, les connected histories, les micro histoires et enfin les essais civilisationnels de Braudel. Un essai postmoderne qui porte le postulat d' une mondialisation basée sur le MÉTISSAGE et qui en propose une superbe définition entre hybridations culturelles et inventions originales. J'ai adoré.
Lien : http://www.unefrancaisedansl..
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Les quatre parties du monde : Histoire d'un..

Archiviste-paléographe et docteur en histoire, Serge Gruzinski livre dans Les quatre parties du monde une enquête impressionnante de par la profondeur des champs d’explorations et la diversité des éléments recueillis. L’auteur revient ici sur la proto-mondialisation qui eut lieu eu XVIe siècle lors de l’apogée de la Monarchie catholique espagnole. Il étudie l’éclatement des échanges et la multiplication des voies de communication, qui permettent dès la seconde partie du XVIe siècle une mobilité pouvant paraître aujourd’hui aussi précoce que déconcertante. Le lecteur peut ainsi suivre aussi bien l’avancée des Jésuites en Amazonie ou en Chine que l’installation des mercenaires portugais sur les côtes africaines ou indiennes, dans un contexte d’occidentalisation des « nouveaux mondes » et de globalisation des modes de pensée, d’écriture et de régulation sociale. La Double Couronne exporte ses lettrés, ses hommes d’Église et ses artistes en Nouvelle-Espagne, enclenchant de fortes dynamiques locales de métissage et d’acculturation, dynamiques que l’on retrouve un peu partout dans le monde au fur et à mesure de l’avancée des caravelles espagnoles, portugaises ou hollandaises. De nouveaux rapports de force s’instaurent tout autour du globe, confrontant les Européens à un brassage des êtres inédit, à une interconnexion des territoires civilisés, prémices de la mondialisation actuelle. Le talent de Serge Gruzinski s’exprime à travers des récits de vie qui nous font prendre conscience d’une internationalisation des savoirs et des cultures. Des explorateurs s’enfoncent dans des continents inconnus et compilent de façon admirable des sommes astronomiques de nouvelles connaissances, des marins effectuent au cours de leur vie cinq ou six fois le tour du monde, des moines franciscains, augustins ou jésuites tentent, parfois au péril de leur vie comme au Japon, d’évangéliser les autres peuples, certains peintres exportent le courant maniériste dans les nouvelles colonies, les navigateurs relient grâce au commerce l’Europe, l’Amérique, l’Afrique et l’Asie, etc.

Dans Les quatre parties du monde, Serge Gruzinski arrive à dépeindre de façon magistrale le décentrement des savoirs, l’inversion des points de vue et les remises en cause des traditions européennes. L’organisation militaire, institutionnelle et politique des terres de la Monarchie catholique, dont l’apogée se situe entre 1580 et 1630, révèle les visées universalistes de Philippe II. Processus de mondialisation et processus de globalisation s’entrechoquent pour laisser le lecteur devant un monde en ébullition, témoin d’un premier choc des civilisations. Je en saurais trop recommander la lecture de ce livre passionnant, rehaussé par les Éditions de La Martinière d’une centaine d’illustrations plus sublimes les unes que les autres.
Lien : http://leslecturesdares.over..
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Le destin brisé de l'Empire aztèque

Les conquistadors avec pour chef Hernan Cortés, lorsqu'ils débarquent en 1519 au Mexique à l'époque de l'Empire Aztèque, ne s'attendent pas à voir l'horreur, sacrifice et cannibalisme, ainsi cette conquête peut-être une libération face à cette barbarie.

Découvrez le début de l'Empire Aztèque avec pour origines les Toltèques et leurs langues le nahuatl, cependant pas de Mayas ni Olmèques, bien antérieur à cette époque.

La vie, les mœurs, la religion, l'orfèvrerie, les habits, les coutumes, une bonne découverte de ce pan historique assez méconnu et complexe.

Puis l'arrivée des conquistadors qui font preuve de ruse envers le roi Moctezuma, les Aztèques peu méfiants, voyaient en ses hommes, le retour du serpent à plumes Quetzacoatl.

Le christianisme changera radicalement la vie quotidienne, bien que des cultes perdurent encore de nos jours, crée ainsi une religion chrétienne différente.

Je recommande cette lecture pour avoir quelques bases sur cette riche époque.
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Histoire du Nouveau Monde. Tome 1 : De la d..

Livre très remarquable et extrêmement fouillé et documenté, moins romancé – et c’est tant mieux – que Les Conquistadores de Jean Descola (1954) qui insiste beaucoup sur le rêve de la mythique Atlantide alors que Bernand et Gruzinski n’en parlent pas.

Une large part (186 pages) est consacrée au contexte historique en Europe ; la conquête elle-même ne démarre qu’à la page 247.

Avant cela, 43 pages présentent la situation en Amérique et les mœurs des indigènes avant la conquête, exercice difficile mais utilement évocateur.

Les conquêtes d’Hispaniola et de Cuba sont expédiées sans beaucoup entrer dans les détails.

La partie la plus intéressante est le tiers central (246 pages) sur le Mexique et le Pérou qui nous fait suivre pas à pas les avancées de Cortés et de Pizarro et la façon étonnante dont Moctezuma et Atahualpa se font piéger.

Le livre montre très bien et dans le détail la multitude de différences (faune, flore, valeurs, moyens techniques…) mais aussi de similitudes (architecture, réseau urbain, une bonne part de la faune du Mexique…) entre les deux continents

Toponymes et patronymes sont pléthore et nécessitent un examen fréquent sur Wikipédia.

Le livre offre assez peu de cartes, aussi il est très utile de suivre la progression des envahisseurs à l’aide de Google Earth, même si de nombreux noms de lieux dans le livre ont une forme ancienne et sont parfois difficile à retrouver.

On regardera avec intérêt les vidéos de Serge Gruzinski sur la tentative de conquête de la Chine par les Portugais qui se fait au même moment et presque en vain, la réaction des Chinois étant à l’opposé de celle des Amérindiens ce qui permet d’apprécier le comportement de ces derniers dans un contexte plus large.

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Histoire du Nouveau Monde. Tome 1 : De la d..

excellent !
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Le destin brisé de l'Empire aztèque

Travail remarquable !
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Quelle heure est-il là-bas ? : Amérique et isla..

Critique de Jean-Baptiste Marongiu pour le Magazine Littéraire



Pour désirer (et aimer) un monde, il n'est pas nécessaire de le connaître, il suffit de l'imaginer. Surtout si l'accès nous en est défendu. Aussi l'affect décentre-t-il notre regard, qui a tout loisir d'intégrer l'objet d'amour sans toutefois pouvoir se l'approprier. C'est une expérience mentale de ce type qu'explore Serge Gruzinski dans Quelle heure est-il là-bas ?, mettant en miroir deux livres et deux auteurs qui, à Mexico et à Istanbul, en pleine mondialisation ibérique, à cheval sur les xve et xvie siècles, ont cherché à penser avec leurs moyens l'univers mystérieux de l'autre. L'auteur ottoman de Tarih-i Hind-i garbi (« Histoire de l'Inde de l'Ouest », publié vers 1580) n'a évidemment pas, comme tout autre musulman à l'époque, mis le pied dans le monde que Colomb a donné à l'Espagne en 1492. Et ça le préoccupe. Resté anonyme, il est probablement l'un des cosmographes du sultan. Tout ce qu'il sait du Mexique, il l'a appris sur la foi des livres en espagnol, italien ou portugais qui circulent beaucoup en Méditerranée. C'est frustrant. En 1571, la bataille de Lépante a figé les rapports de force entre l'islam et la chrétienté. Mais les vainqueurs chrétiens ont désormais les yeux tournés ailleurs, vers l'Atlantique. L'anonyme musulman tente de voir ce qu'ils voient, en ressassant toujours la même question : pourquoi Dieu a-t-Il donné un Nouveau Monde à ces maudits infidèles et non pas aux pieux musulmans ? La position de Heinrich Martin est infiniment plus confortable. Publiant à Mexico, en 1606, Le Répertoire des temps sur l'Empire ottoman, cet imprimeur entend montrer que la Providence a fait don du Nouveau Monde (avec les richesses afférentes à celui-ci) aux chrétiens pour terrasser justement l'ennemi séculaire. Dans son esprit, la conquête de l'Amérique n'est que la continuation de la Reconquête de l'Espagne achevée avec la chute du dernier royaume arabe de Grenade, l'année même de la découverte des Indes occidentales. En croisant, sans le savoir, leur regard ô combien panoramique, Martin et l'anonyme essaient d'insuffler du sens dans un monde désorienté, comme s'il ne pouvait plus y avoir d'Europe sans l'islam ou l'Amérique. Leur situation, écrit Serge Gruzinski, n'est pas si éloignée de la nôtre, à ceci près que nous pourrions désormais appartenir « à plusieurs mondes et à plusieurs temps, sans chercher à les réduire ou à les uniformiser ».
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L'histoire, pour quoi faire ?

« L'histoire pour quoi faire ? » de Serge Gruzinski ouvre un vaste débat .Il légitime la nécessité de fonder une histoire globale, mondialisée et veut rompre avec « la vision eurocentriste de l'histoire ». L'interprétation théâtrale de son ouvrage « L'Aigle et le Dragon » dans un lycée de Roubaix lui donne l'occasion d'expliquer et de confronter l'ouverture de l'Europe vers l'ouest par les espagnols ( aux XVème et XVI ème siècles) et l'échec de l'expédition des portugais en Chine au XVIème siècle. L'auteur multiple les sources possibles de la recherche historique : films, mangas, photographies, oeuvres d'art … elles sont autant de vecteurs d'études historiques. Les exemples (L'Arche russe (2001) d'Alexandre Sokourov …) montrent nos hésitations à reconstruire le passé. L'écrit ne peut plus être le support unique ou privilégiée des études historiques.

L'Europe rassemble des populations aux origines diverses. L'histoire nationale ne répond plus au présent. L'histoire globale décentre les démarches traditionnelles vers les lieux de contact où les sociétés ont construit de nouvelles organisations humaines, politiques, économiques…Les lieux sont autant de situations concrètes qui permettent de fonder des références d'échanges « mondialisés ». L'Europe n'est plus dominante dans ce contexte, elle s'est transformée et reste un acteur parmi d'autres dans l'histoire des rapports humains.

L'intitulé de la dernière partie, « Quelle histoire enseigner ? », répond davantage au propos du livre.

L'ouvrage est dense, il développe la réflexion sur une discipline « tourmentée » par la mondialisation. Cependant, des questions demeurent sur la constitution d'un référentiel commun aux européens, aux français… L'éparpillement des centres d'intérêt rend difficile la construction d'une synthèse. La pandémie a rappelé (et par quasi réflexe) que le territoire national reste la référence de repli…Le débat reste ouvert.
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La machine à remonter le temps

L’écriture de l’Histoire a été au cœur du processus de globalisation dès le XVIe siècle, explique Serge Gruzinski.
Lien : http://bibliobs.nouvelobs.co..
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Histoire du nouveau monde. Tome 2 : Les Métis..

Excellent livre : érudit, profond, intéressant, riche, et abordable.
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Libres tropiques (1968-1980)

De Mexico à Katmandou





Après un premier tome, en 2019, sur leurs premières années, les deux enfants du Nord Corinne Vandewalle et Serge Gruzinski poursuivent avec Libres tropiques le récit à deux de leurs aventures, qui témoigne aussi du vécu de toute une génération de baby-boomers. Leurs liens personnels restent solides, mais leurs chemins divergent : Corinne se laisse porter jusqu’en Inde par la vague hippie, tandis que les études de Serge l’orientent vers le Mexique.
Lien : https://www.en-attendant-nad..
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Conversation avec un métis de la Nouvelle-Esp..

L’historien Serge Gruzinski poursuit son œuvre sur la « mondialisation ibérique » avec la figure de Diego Muñoz Camargo.
Lien : https://www.la-croix.com/Cul..
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Conversation avec un métis de la Nouvelle-Esp..

Ce dialogue imaginaire nous éclaire sur les élites indiennes de la Nouvelle-Espagne.
Lien : https://www.lhistoire.fr/liv..
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La machine à remonter le temps

Serge Gruzinski se fonde sur la conquête du Mexique, au XVIe siècle, pour montrer comment les Européens ont imposé leur façon de penser le temps et la mémoire.


Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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L'histoire, pour quoi faire ?

À la question « À quoi sert l’histoire ? », Serge Gruzinski répond par un plaidoyer en faveur de l’histoire globale, antidote au nationalisme méthodologique et au « confortable eurocentrisme ». Une autre manière de penser la mondialisation.
Lien : http://www.laviedesidees.fr/..
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Les quatre parties du monde : Histoire d'un..

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L'histoire, pour quoi faire ?

Serge Gruzinski n’est certes pas le premier à insister sur le nécessaire dépassement des lectures eurocentrées. Mais il va plus loin en critiquant également les comparaisons trop étroites habituellement faites entre grandes civilisations - comme la Chine et l’Europe, fréquentes aujourd’hui - car l’important est de comprendre les liens de toutes natures qui se tissent autour de la planète.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
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