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Critiques de Serge Latouche (54)
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Jacques Ellul contre le totalitarisme techn..

Dans ce petit livre très court, facile à lire, Serge Latouche nous propose une synthèse de la pensée de Jacques Ellul, un des premiers avocats de la décroissance. Le bouquin se compose de deux parties égales: une analyse critique de la pensée du maître, puis des extraits de ses livres et d'articles de journaux.



Le livre brasse donc plusieurs idées intéressantes, son objectif n'étant pas de décrire dans le détail quel pourrait être une société idéale post-industrielle, mais plutôt de nous montrer ce qui ne va pas dans celle que nous vivons aujourd'hui. Et malheureusement, après l'avoir lu, on ne peut rester que pessimiste quant à la possibilité d'un changement.



Ellul analyse de manière implacable, facile à comprendre par tous, pourquoi et comment notre société en est arrivée à l'impasse technologique où elle se trouve aujourd'hui. Mesurer le bonheur uniquement grâce à un indicateur financier, le PIB. La dépendance toxique à la consommation. Le mythe de la croissance soutenable. La manipulation par les médias pour nous convaincre que les inventions nous sont toutes bénéfiques. A ce titre il prend des exemples comme celui du micro-ordinateur: présenté au départ comme la démocratisation de l'informatique, a t'il vraiment libéré les humains, et de quoi? Mort en 1994, Ellul ne pourrait que constater la même chose à propos de l'explosion ultérieure d'Internet. Conçu au départ comme une bibliothèque de connaissances, accessible de partout, le web est devenu un robinet à fake news, à vidéos attrape-tout, et un outil de vente tous-azimuts, pour Amazon et autres Shein... au point que même son inventeur, Tim Berners-Lee, s'en est ému. Mais la technique n'en a cure, car, comme le dit Ellul, chacun essaie d'en tirer le meilleur parti. Elle ne peut donc que s'auto-alimenter...



De plus - et c'est peut-être encore plus dérangeant - Ellul soutient que les politiques ne peuvent apporter aucune solution à cette situation délétère. Pour lui, les citoyens n'ont aucun moyen d'influer sur le pouvoir. De leur côté, les politiques sont trop occupés à s'y maintenir; et si par chance l'un d'eux essaie de promouvoir un programme pour le bien commun, il n'a aucune chance d'arriver aux manettes pour le mettre en œuvre. Même si Serge Latouche juge cette attitude exagérée, on peut constater tous les jours que c'est presque toujours le cas.



Dans un des derniers chapitres, Ellul disserte sur le devoir de prévoyance. Il mentionne qu'un risque technologique majeur survient un jour ou l'autre (Bhopal, Tchernobyl, ...) mais que l'État cherchera toujours à préserver la production, que les industriels chercheront toujours à produire, même au prix de risques majeurs. L'État cherchera donc à ne pas inquiéter les populations, à expliquer que "ce n'est pas si grave". Et c'est exactement ce qui s'est passé - entre autres - pour Fukushima: voir à ce titre le très documenté ouvrage "Contre la résilience" de Thierry Ribault.



Ellul ne s'est pas contenté de critiquer le modèle technocratique de nos sociétés, il avait également esquissé un mode de fonctionnement qui permette de revenir sur de bons rails. Il ne rejette pas la technologie, mais en prône un usage réfléchi. Hélas, pour les raisons ci-dessus, ses idées restent utopiques, alors que lui-même se méfiait des utopies...

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Bon pour la casse

Il est difficile de commenter ce genre de lecture

Cependant je l'ai trouvé bien construit, il ne stigmatise personne en particulier mais à tendance de dire des choses connues depuis des années

Il est relativement court et se lit facilement

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Vers une société d'abondance frugale

Vers une société d’abondance frugale/Serge Latouche

Il n’a échappé à quiconque s’intéressant un tant soit peu à l’évolution des sociétés que notre société de croissance mondialisée est malade de sa richesse. La promesse de cette société d’apporter le bonheur pour tous a failli. De plus en plus de population se trouve exclue de cet eldorado annoncé pour sombrer dans la pénurie. L’abondance consumériste de plus n’a pas engendré le bonheur des bénéficiaires. Par ailleurs, il est à noter que les gens heureux sont de mauvais consommateurs, d’où l’idée de l’abondance frugale pour être heureux, l’ivresse joyeuse de la sobriété choisie comme dit l’écologiste Ivan Illich.

La crise financière et économique actuelle de notre société capitaliste de consommation n’a à ce jour suscité comme solution chez nos édiles qui au lieu de s’attaquer aux causes se contentent de lutter contre les symptômes, que l’austérité ou la relance : la première conduit à la misère pour la plupart de la population et la seconde la dégradation encore plus accentuée de notre planète. Il faut donc trouver autre chose.

Quand on constate que la part la plus importante des recettes fiscales ne sert plus à financer le fonctionnement de l’État mais à engraisser les détenteurs de titres, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas.

Dans la première partie de son opuscule, l’auteur fait un état des lieux en proposant par petites touches des solutions parfois toutes simples. Encore faut-il que la volonté générale soit d’actualité ! Ce qui est loin d’être le cas.

Le but à atteindre serait « une société où les besoins et le temps de travail seraient réduits, mais où la vie sociale serait plus riche parce que plus conviviale. » (Patrick Mundler)

La machine de la croissance est condamnée sinon à s’arrêter du moins à se mettre en veilleuse sur un régime de croisière. Car l’insuffisance de terres fertiles, l’épuisement des ressources minières et les limites de la planète elle-même sont des paramètres inéluctables.

« L’actuelle augmentation de l’utilisation des ressources naturelles semble accroître les coûts écologiques plus vite qu’elle n’augmente les avantages de la production, ce qui nous rend plus pauvres et non plus riches. »

Herman Daly propose une société « qui ne consomme pas les ressources plus vite qu’elles ne se renouvellent et ne rejette pas de déchets plus vite qu’ils ne sont absorbés. »

La croissance durable est non seulement une erreur mais encore une impossibilité.

La délocalisation consécutive à la mondialisation est une aberration : les exemples ne manquent pas. « Les USA, riches en bois, importent des allumettes du Japon, pays qui doit s’approvisionner auprès des entreprises pilleuses des forêts indonésiennes, quand dans le même temps les Japonais importent leurs baguettes des USA…La tête de laitue de la vallée de Salinas en Californie arrive sur les marchés de Washington après 5000 km de route et consomme pour ce seul transport 36 fois plus d’énergie qu’elle ne contient de calories. Lorsque la laitue arrive à Londrès par avion, elle a consommé 127 fois l’énergie qu’elle contient. »

Le système de production a été déterritorialisé.

« Il faut à présent relocaliser, produire et consommer local afin de réduire l’empreinte écologique. Pour cela le démantèlement de la grande distribution est nécessaire. Il faut reterritorialiser l’ensemble de la vie. »

Mais il ne faut pas faire un contresens : la société de croissance sans croissance est la pire des choses et n’a rien à voir avec le projet de décroissance. Une forte réduction du temps de travail imposé est la première mesure à prendre. Conjointement à la relocalisation et la reconversion écologique (agriculture bio et création d’emplois à teneur écologique), cette mesure créerait les conditions d’une baisse du chômage.

Recycler, réparer, transformer : c’est produire autrement. C’est aussi conduire « la productivité globale à la baisse en abandonnant le modèle thermo-industriel, les techniques polluantes, l’usage inconsidéré des énergies fossiles et les équipements énergivores. »

Changer le mode de vie et juguler les passions tristes : l’ambition, l’avidité, l’envie, l’égoïsme : c’est aussi par là que la décroissance frugale a des chances de voir le jour.

Concrètement, la règle des 8 R est à mettre en vigueur : réévaluer, reconceptualiser, restructurer, relocaliser, redistribuer, réutiliser, recycler. Utopie peut-on répondre !

Il est vrai ; mais il faudra bien « que l’altruisme prenne le pas sur l’égoïsme, la coopération sur la compétition effrénée, l’importance de la vie sociale sur la consommation illimitée, le local sur le global, le relationnel sur le matériel ». En un mot changer le paradigme.

L’auteur ensuite se penche sur la question de savoir si la décroissance implique une réduction drastique de la population. Chacun se fera son idée, mais il apparaît clairement qu’une réduction très progressive de la population permettrait d’éviter le cauchemar d’une réduction brutale à travers des guerres, des massacres, des famines qui à terme sont inéluctables. L’auteur développe ce chapitre en donnant les ingrédients permettant cette réduction (p. 141). Le problème de la démographie doit être abordé avec sérénité mais il est clair qu’une croissance infinie est incompatible avec un monde fini.

Autre problème : « la surconsommation carnée des riches, sources de problèmes sanitaires, mobilise 33% des terres arables de la planète en plus des 30% des terres émergées constituant des pâturages naturels. Une diminution relative de l’élevage avec amélioration du traitement du bétail permettrait, à la fois de nourrir une population plus nombreuse et de façon plus saine et de diminuer l’émission de CO2. »

La question centrale est de savoir si ce mouvement sera imposé par les événements, par des politiques autoritaires, par des méthodes fondées sur la coercition, voire sur la barbarie, ou s’il résultera d’un choix volontaire. »

La croissance est-elle nécessaire pour éliminer la pauvreté du Nord ? Pas sûr quand on voit que la croissance des inégalités du Nord ne fait que s’accélérer avec un paupérisation psychologique provoquée par l’accroissement des besoins réels ou artificiels non satisfaits.

Comment résoudre le problème de la misère des pays du Sud avec la décroissance ?

L’auteur se livre à une étude sérieuse pour affirmer que la croissance à perte de vue n’est pas la bonne solution pour ces pays.

Et les pays émergeants ? Il est clair que la croissance économique chinoise à deux chiffres pose un problème planétaire et le destin du monde et de l’humanité repose très largement sur les décisions des responsables chinois.

Alors l’auteur de poser la grande question : l’idée de cette décroissance pour une abondance frugale est-elle une utopie ? Qui peut soutenir un tel programme ? La révolution se fera –t-elle par le bas ou par le haut ? Sera-t-elle prolétaire ou élitiste ? Quelle force sociale porte une alternative ? L’auteur indique quelques pistes avec prudence et cite l’exemple de pays comme l’Équateur et la Bolivie qui refusent le développement à l’occidentale et les multinationales.

Alors, l’abondance frugale, un rêve ou un espoir ? En tout cas un pari qu’il faudra tenir !

En bref, un très bon petit opuscule qui fait réfléchir et trace quelques voies pour un avenir qui ne soit l’apocalypse. À lire absolument.



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Penser un nouveau monde

La décroissance vous intéresse mais vous n'avez pas envie d'être assommer par de nombreux termes ou théories trop compliquées ? Ce petit essai d'à peine cent pages saura vous apporter les éléments nécessaires sur la décroissance à travers une pédagogie éclairante.

L'éducation comme arme, le rôle des écrans, la société de plus en plus individualiste, la politique.... Autant de domaines balayés dans ces entretiens.
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Penser un nouveau monde

Petit texte d'introduction aux enjeux de la pédagogie dans le monde capitaliste qui est le nôtre aujourd'hui et dans un monde décroissant et apaisé auquel nous aspirons. Un aperçu du rôle des pédagogues, qu'ils soient professionnels ou non, dans l'éducation de nos enfants et dans la nécessité de leur laisser un monde réenchanté.

Un petit texte que j'ai trouvé ardu, sans doute lu au mauvais moment. Mais un texte qui, comme souvent malheureusement avec ce sujet, me laisse un petit goût d'inachevé. Que puis-je faire, moi, concrètement, dans le quotidien de ma fille pour lui permettre de prendre conscience des enjeux de notre époque tout en regardant notre quotidien et notre environnement avec lucidité mais aussi enthousiasme. Comment l'aider, et m'aider moi aussi, à revoir nos priorités ?

J'ai été déçue par ce texte d'entretiens qui m'a semblé souvent trop abscons... ou superficiel. Mais il m'aura néanmoins donné envie d'approfondir encore ce thème et de lire d'autres textes de Serge Latouche. Ce qui est déjà un très bon point.
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Penser un nouveau monde

“Penser un nouveau monde” de Serge Latouche est un essai concis, d’environ 100 pages, qui explore les concepts de décroissance et de pédagogie dans ce contexte.



Dans cet entretien, Serge Latouche, aux côtés de Simone Lanza expose la notion de décroissance et met évidence les conséquences graves de la surconsommation. Il souligne également l’importance de repenser la pédagogie pour répondre à ces enjeux contemporains. L’auteur aborde la question de la conditionnement des élèves à devenir de parfaits travailleurs et consommateurs, ce qui est incompatible avec l’évolution de notre monde de manière pereine pour l’environnement planetaire.



Il est question non pas de « développement durable » mais de « décroissance économique» basé et orienté vers une durabilité qualitative de notre consommation actuelle pour éviter d’endommager davantage notre planète Terre. Il est question également d’un certain formatage intellectuel des apprenants.

Finalement, cette « décroissance » serait plutôt une croissance vers un monde plus qualitatif. Une énergie plus durable, une meilleur qualité d’air / d’eau etc…



Le livre suscite une réflexion profonde sur ces thématiques, invitant le lecteur à remettre en question le modèle dominant de société axé sur la croissance infinie et la consommation effrénée. Serge Latouche souligne l’urgence de repenser notre éducation et de protéger les jeunes générations d’une colonisation de leur imaginaire par les médias et les écrans.



La force de l’ouvrage réside dans sa capacité à ouvrir des perspectives alternatives et à encourager une réflexion critique sur notre mode de vie actuel. Serge Latouche propose de dépasser les schémas traditionnels en intégrant les critiques pertinentes, tout en préservant le meilleur de notre héritage culturel.
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Edward Carpenter & l'autre nature

De deux choses. La première, j'adore cette collection. C'est le deuxième que je lis et je trouve le parti pris de laisser un spécialiste de l'auteur, présenter la figure et sa pensée en traçant à la fois sa biographie et ses grandes contributions aux pensées critiques absolument génial. Un merveilleux travail qui permet d'avoir un accès facilité à des auteurs dont la pensée peut être dense, et l'apport en partie oublié.

C'est le cas de Edward Carpenter, philosophe et poète, dont les contributions on été quelque peu enterrées. Alors même qu'elle semble d'une modernité assez ravageuse lui qui mêlait végétarisme, décroissance, anticapitalisme, communautarisme et libertarisme sexuel. Le livre ramène donc sur le rivage de la critique cette pensée oubliée ce qui est tout à son honneur.

Pour ma part, cependant, je n'ai pas du tout adhéré avec Edward Carpenter. Malgré des propositions évidemment intéressante et des pistes sur le renversement de la dialectique homme/nature, sa proposition est beaucoup trop poético-bucolico-anarchiste pour me parler politiquement.
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Petit traité de la décroissance sereine

Très bien expliqué et documenté. Au-delà du plaidoyer, ce livre est avant tout un argumentaire très précis et extrèmement documenté sur pourquoi et comment la décroissance. Les exemples sont pertinents, faciles à comprendre et pas trop polémiques. La lecture est parfois un peu ardue car il s'agit d'un condensé, mais au moins on est pas noyé. J'ai moins aimé la conclusion qui replace la décroissance
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Edward Carpenter & l'autre nature

C'est le troisième livre que je découvre de cette maison d'édition et je ne suis jamais déçue ! J'aime énormément leur philosophie, cette idée de rendre accessible des auteurs et des autrices dont la vie est racontée à travers l'extrait de leurs textes; des textes axés sur la décroissance.



Ici, Cy Lecerf Maulpoix, journaliste et militant engagé dans l'écologie et pour les droits des personnes LGBTQ+ nous fait découvrir Edward Carpenter et ses valeurs. Cet anglais né au milieu du 19° siècle était un précurseur pour les droits des femmes, pour les droits des personnes homosexuelles et également pour l'écologie et vous pourrez découvrir cela ici, décrypté par Cy Lecerf Maulpoix.



En bref, je ne peux que vous recommander cette lecture que j'ai beaucoup apprécié ainsi que cette maison d'édition en général
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Edward Carpenter & l'autre nature

Un livre très intéressant sur une personnalité oubliée qui avait pourtant des idéaux forts qui pouvaient choquer à son époque: végétarien, féministe et homosexuel, il s'intéressait déjà au XIXe siècle à l'écologie et rêvait d'une vie en communauté dans la nature.

J'ai apprécié ma lecture, mais je n'y ai pas trouvé toutes les réponses à mes questions. J'avais l'impression que l'on restait à la surface des choses, et excepté en ce qui concerne ses opinions politiques je n'en sais pas beaucoup plus sur les autres sujets que ce qui était donné dans le résumé. J'étais particulièrement curieuse de connaître le fonctionnement de sa communauté, la façon dont elle était régie etc; mais le sujet n'est abordé qu'en détail dans des extraits donnés des textes de Carpenter (qui ne rentrent pas non plus dans les détails).

Pour conclure je vous le recommande si vous vous intéressez à ses idées politiques, mais je trouve que l'on en sait trop peu sur son rapport à la nature et à la vie qu'il menait en communauté.
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Edward Carpenter & l'autre nature

Ce livre, à mi-chemin entre l’essai et la biographie, trace le portrait d’Edward Carpenter (1844-1929). Cet homme que je ne connaissais pas, est un militant socialiste, écologiste, défenseur des droits des femmes et des LGBTQ+ : plein de combats dans lesquels je me reconnais. Le livre est divisé en plusieurs parties, non chronologiques mais thématiques : socialisme, simplification de la vie, écologie … J’ai trouvé le livre intéressant pour découvrir ce personnage historique et militant mais pas assez poussé ni technique : par exemple j’aurai aimé en apprendre davantage sur sa vie dans la ferme collective de Millthorpe ou encore sur son engagement dans la lutte pour les droits des LGBTQ+.
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Jacques Ellul contre le totalitarisme techn..

Tout d'abord, mon domaine est scientifique. Je fais partie de ceux qui passent leur vie à produire des gadgets pour cette société technicienne.



Il y a plusieurs années j'ai découvert une citation de Jacques Ellul sur le succès des ordinateurs - et j'ai retenu son nom. C'était quelque chose comme ceci :



"Ce qui fait le succès des ordinateurs n'est pas leur utilité effective mais l'impression qu'il donne à n'importe qui d'être intelligent."



Je ne suis pas sûre que l'auteur soit lui. Mais peut importe, je m'identifie avec cette pensée et c'est le type de chose qu'il aurait bien dit.



Jacques Ellul a écrit deux livres sur le sujet - "Le Bluff Technologique" et "Le Système Technicien" - où il expose ses idées sur ce sujet. Ce sont deux "gros pavés".



J'ai donc pris ce petit bouquin pour avoir un résumé et une idée globale  de sa pensée avant d'y plonger dans les deux "pavés". Et je ne suis pas déçu puisque ce petit livre contient quelques bouts de textes essentiels, commentés, pour comprendre sa pensée. A la fin du livre, je me suis senti prêt.



Une remarque importante sur ce texte de présentation : en fait, après la lecture de ce petit livre et aussi d'autres, on voit que Jacques Ellul ne prône pas vraiment la décroissance (ou le retour à l'âge de la pierre) comme le veulent certains mouvements extrémistes. Sa critique est surtout contre la recherche excessive de croissance, la dépendance excessive de tout ce qui est technologique, ... Il y a là une différence importante.



Serge Latouche, l'auteur de ce livre, est un ardent défenseur de la décroissance. Jacques Ellul aussi, mais probablement pas autant.



Jacques Ellul a beaucoup écrit sur d'autres domaines, surtout la théologie et la politique. Ses livres sont parfois difficiles à lire à cause de la longueur, même si le style reste très accessible. C'est une lecture que j'apprécie.

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Ce monde qui vient

"Un livre pour donner à notre esprit la capacité de changer véritablement le monde" Entretien avec le préfacier sur Marianne.

Alors que les temps présents et futurs semblent chargés de catastrophes en germination, Thibault Isabel a fait le choix de la littérature émancipatrice et ambitieuse. Retour sur le dernier ouvrage de la collection qu’il dirige chez R&N Éditions, "Ce monde qui vient".


Lien : https://www.marianne.net/ago..
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Cornélius Castoriadis et l'autonomie radicale

Cornelius Castoriadis (1922-1997) fut un militant politique et révolutionnaire, à la fois psychanalyste, philosophe et économiste. Serge Latouche synthétise dans cet ouvrage sa pensée puis présente quelques-uns de ses textes et entretiens. Castoriadis défend l'idée d'une société autonome, qui serait l'oeuvre d'individus qui agissent autant que possible après avoir réfléchi et délibéré ensemble, et dans le respect des ressources naturelles, de la biodiversité et de la Vie.

Les changements profonds dans l'attitude de l'être humain à l'égard de la production, de la consommation et de son environnement que souhaite Cornelius commencent tout juste à prendre forme avec le développement de l'agriculture biologique, le recul du plastique, le recyclage et la récupération, mais avec encore beaucoup de freins par ailleurs. Des réflexions sur lesquelles s'appuyer pour alimenter des discussions politiques.
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Bon pour la casse

1603
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Comment réenchanter le monde

Une première partie nous explique à quel point le système capitaliste est devenu une religion à part entière. Du déjà lu.

Puis l'auteur fait l'exégète de l'encyclique caritas in veritate de Benoît XVI encyclique social qui ne vas pas assez loin selon lui.

Ensuite c'est l'encyclique laudato si dont l'auteur fait l'éloge et adhère à pratiquement tout ce qui est dit.

Pour finir Serge Latouche se demande si la décroissance est une religion. Question à laquelle il ne répond pas clairement, comme l'ensemble de cet essai qui est assez abscons, difficile à suivre multipliant les digressions. Il faut bien s'accrocher pour arriver à suivre, ce dont je n'ai pas réussi à faire malgré le format court. Plaisir de lecture absent.
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Cornélius Castoriadis et l'autonomie radicale

Je n'avais rien lu de Cornelius Castoriadis et avoir un aperçu de sa pensée dans un court essai m'intéressait. Le terme aussi d'“autonomie radicale” dans le titre m'a intriguée et donné envie d'en savoir plus. Comment faut-il comprendre le terme d'autonomie avec ces auteurs ? L'autonomie n'est-elle pas toujours radicale ?

Ce livre, comme chaque titre de la collection, est divisé en deux parties : une première partie qui donne un aperçu de la vie et de la pensée de l'auteur, en lien avec le concept de décroissance, et une seconde partie constituée d'extraits choisis.

Dans ce titre-ci, le lien entre la pensée de Cornelius Castoriadis et la décroissance est construit par Serge Latouche, Castoriadis étant décédé avant que ce terme ne soit utilisé comme projet de société. Il ne s'agit donc pas tellement d'un résumé de la pensée de Castoriadis, sinon d'une synthèse entre celle-ci et le concept de décroissance : les liens, les points communs, et surtout les aspects inspirants chez Castoriadis qui ont permis de construire la décroissance, et ce qui peut être inspirant pour continuer à nourrir le mouvement décroissant aujourd'hui.

J'aime beaucoup cette collection des “précurseurs de la décroissance”. Petit à petit, je tisse une toile imaginaire entre différents auteurs, avec les concepts qui les relient, leur spécificité à chacun, et beaucoup de nuance. Cet essai en particulier m'y a bien aidée car Serge Latouche explicite les liens et les points de discordances avec différents auteurs contemporains de Castoriadis que j'apprécie : Murray Bookchin, Jacques Ellul, Ivan Illich. Tout cela me permet de goûter à quel point le terrain de la décroissance est vaste. Loin du retour à la bougie et à la charrue, la complexité des possibles est extrêmement enthousiasmante à mes yeux.
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Cornélius Castoriadis et l'autonomie radicale

J'ai beaucoup aimé m'initier à la pensée de Cornelius Castoriadis par l'intermédiaire de la présentation effectuée par Serge Latouche. La clarté de la présentation m’a permis de bien approfondir le sujet, bien qu’il faille tout de même s’accrocher car les explications sont exigeantes et remplies de références et de concepts qui me sont inconnus. J’ai réussi à faire abstraction de ce problème et cela m'a permis de bien comprendre les commentaires. Tout m’a alors semblé beaucoup plus clair.

Les extraits choisis illustrent bien la pensée du philosophe, telle que présentée dans l’introduction. Ils sont quant à eux beaucoup accessibles et compréhensibles. Cela permet d’éclaircir certains points, vus précédemment.

C’est avec grand plaisir que j’ai découvert cet ouvrage que je recommande chaudement à ceux qui s’intéressent à l’autonomie d’un point de vue philosophique (ainsi que politique et économique, nécessairement liés). Cela permet d’élargir notre conscience de notre environnement et d’y réfléchir avec un nouvel intérêt.

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Cornélius Castoriadis et l'autonomie radicale

Bonjour à tous,



Serge Latouche est professeur émérite d'économie et l'un des théoriciens français de la décroissance. Il fait partie des auteurs qui, depuis plus de vingt ans, accompagnent ma pensée et ma réflexion.

Cornelius Castoriadis, décédé en 1997, était un philosophe, écrivain, économiste, militant politique et révolutionnaire : une pensée foisonnante, dense aux sources de laquelle les objecteurs de croissance ont puisé pour élaborer le concept de décroissance.

Tout au long d'un petit livre clair et concis, truffé de citations de Castoriadis, Serge Latouche dresse des ponts entre les deux pensées, éclaire le projet décroissant à la lumière castoriadienne, précise les notions d'autonomie, de démocratie directe ou encore "d'imaginaire social". Car, nous dit Castoriadis, notre société est une 'institution imaginaire" construite par d'autres. le capitalisme à "coloniser notre imaginaire", nous rendant incapable de penser un autre monde, de donner un sens autre que consumériste à l'existence humaine. Castoriadis et Latouche nous invitent à déconstruire l'idéologie dominante pour inventer une démocratie radicale fondée sur l'écologie.

"L'écologie est subversive, nous dit Cornélius Castoriadis, car elle met en question l'imaginaire capitaliste qui domine la planète. Elle en récuse le motif central, selon lequel notre destin est d'augmenter sans cesse la production et la consommation. Elle montre l'impact catastrophique de la logique capitaliste sur l'environnement naturel et sur la vie des êtres humains." (Une société à la dérive, Seuil, 2005).

Dans un monde au bord du basculement, il est temps de "changer le monde avant que le changement du monde nous y condamne dans la douleur."
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Pour une écologie du vivant

Un très bon livre que ce Pour une écologie du vivant, qui est en fait la transcription écrite d'un débat entre l'économiste décroissant Serge Latouche et l'éthologue Pierre Jouventin. Les idées des deux scientifiques se croisent, se répondent, et malgré des divergences apparentes, convergent la plupart du temps vers un constat sans appel : l'Homme court à sa perte, et si des mouvements récents et populaires de conscience écologique commencent à poindre, c'est comme disent nos amis anglo-saxons, "too little too late".



Le constat des deux hommes est sans appel : en détruisant les écosystèmes de la planète, en exploitant ses ressources sans souci de les renouveler, l'Homme est arrivé dans une impasse et il faudrait des changements immédiats et profonds de mode de production et de vie pour en sortir. En somme, abandonner notre modèle d'exploitation productiviste pour celui de micro-sociétés d'abondances frugales, auxquelles notre espèce est encore adaptée biologiquement et qui seules permettent à notre existence de rester soutenable pour le reste du vivant.



Les conclusions des deux chercheurs sont lucides et sans appel. Les questions de Thierry Paquot n'éludent aucun sujet, même les plus 'taboues' comme celles de la démographie et de la natalité, du nucléaire et de la responsabilité des nations développées. le débat est riche d'idées et, malheureusement, de constats accablants, mais qu'il est nécessaire de faire afin d'ouvrir les yeux sur le moment que nous vivons et l'Etat de notre monde.



Si la structure du texte est parfois quelque peu artificielle, que certains sujets sont couverts plusieurs fois et que Pierre Jouventin notamment se laisse parfois aller à quelques ellipses, le texte est clair et sa lecture très agréable (dans la forme du moins ! Pour le reste, cela dépend de la nature optimiste ou pessimiste du lecteur). Un livre à mettre entre toutes les mains pour éveiller les consciences - le plus rapidement possible.
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