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Critiques de Sophie Bienvenu (96)
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Chercher Sam

Un dernier coup d’œil à la ruelle éclairée par une lune pâle. Le plafond est bas, les nuages imposent leur chaleur ouatée. Je lève les yeux au ciel, espérant y retrouver malgré tout le bleuté de la lune. Mythique. La lune et une étoile qui brille dans le ciel, dans le cœur, au plus profond de mon âme. Sauvage. Un cri dans la nuit. Bestial. La bête rôde, un loup ? Non. Juste un chien qui clame sa solitude la nuit, comme un loup le ferait pour retrouver sa meute. Sam. Sauf que Sam n’a pas de meute, un chien solitaire, un chien SDF, un chien de SDF.



Des ivrognes gerbent sur le trottoir. Pourtant la soirée est encore jeune. De la musique stellaire braille sa mélancolie à l’intérieur des vieux juke-box d’un bar où les habitués s’endorment sur le comptoir quand ce n’est pas dans le caniveau. Un être perdu, une âme en peine. Il crie lui-aussi. Sa peine, sa solitude. Sa peur surtout. Il a perdu son compagnon, son être cher, son chien Sam. Il vit dans la rue. Sam le maintient en vie. Une grosse boule de poil pour se lover contre. Que va-t-il devenir, câlisse, sans son chien. Sans Sam.



Il erre dans les rues, entre les ruelles toujours plus sombres. Des bouts de chemin obscur comme sa vie, aussi ténébreux qu’une musique de Leonard Cohen. Il parle tout seul. Je comprends sa douleur, je la ressens. Sam est tout ce qui lui reste dans sa vie. Un chien, comme une bouée de sauvetage pour le tenir à flot dans cette putain de vie. Sam, t'es où, câlisse ?



Il s’affole, il panique, il est surtout perdu. Il n’arrive plus à réfléchir. Sa pensée comporte ce voile noir qui masque toute perspective. Il respire, un coup, deux coups. La tension s’abaisse. Le rythme cardiaque se calme. Il a entendu une musique. Pas un appel, juste un souvenir. Une longue chanson comme le hurlement d’un chien sauvage sous acide psychotrope. Il se dirige vers cette mélopée mystique. Il espère que Sam a eu le même réflexe. Après tout, ils écoutaient ensemble les mêmes titres, les mêmes musiques d’âme. Et pendant ce temps-là, il raconte sa vie, sa déchéance. Putain de vie. Il n’a pas été épargné par le sort ou le diable. Tabarnak.



Sous la lune, quelques gouttes tombent entre les craques du bitume. De quoi faire pousser la mauvaise herbe, ces gouttes d’eau salée qui ne tombent pas du ciel mais de son âme. Et de la mienne, par l’occasion de cette rencontre. Fucking triste mais humaine. Profondément.
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Autour d'elle

Sophie Bienvenu est devenue en l'espace de trois romans une incontournable, une icône sanctifiée de ma littérature « 100% pur laine et sirop d'érable entre les Joes ». Je l'adore, cette nana, le genre à écouter du Kurt Cobain dans un vieux chandail, ça se ressent dans son écriture. J'adore ses histoires qui me font à la fois sourire et pleurer. J'adore le sirop d'érable, son spleen, la façon dont il s'écoule sur le corps d'une femme. Et la fin du monde - Unibroue Addict, n'en parlons même pas, elle fait partie intégrante de ma vie. Bon, fini de parler de ma vie qui n'intéressera pas grand monde, retrouvons-nous autour d'elle.



C'est l'histoire de Florence. Autour d'elle, gravite tout un tas de gens, qui l'approche, la touche, se rapproche, s'éloigne. Chaque chapitre est un fragment de vie, une petite étincelle qui s'allume ou s'éteint dans l'entourage de Florence. Toutes ses vies, de près ou de loin, forment ainsi le puzzle de sa vie, et celui de sa mère qui l'a laissée à l'adoption à sa naissance, celui d'un roman choral dont les pages se tournent aussi facilement que les bières se décapsulent. C'est dire, la frénésie de la vie dans ce coin-là, là où des baleines surgissent devant le silence d'un kayak, là où des types silencieux coupent du bois pour l'hiver et des nanas à l'accent drôle et au débit rapide pellettent la neige devant chez elles pour retrouver le char garé la veille dans le noir...



Ce matin-là, nous marchions sur une plage un peu comme celle-ci ; c'était l'automne, un automne où il faisait beau, une saison qui n'existe que dans le Nord de l'Amérique. Les forêts d'érables se parent d'un rouge flamboyant, la sève coule en moi, je suis Florence du regard, bienvenue dans son monde, Bienvenu autour d'elle. C'est une belle histoire, sensible et émouvante, comme l'âme des Joes ou de Kurt.



Fréquence 97.7, un cri déchirant dans la nuit.
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Chercher Sam

La quête éperdue d'un héros brisé

*

Pioche dans ma PAL de juin, choisi par @neneve (que je remercie au passage).

Longtemps dans ma biblio, un format court écrit par une française, et québecoise d'adoption.

*

Ici on parle d'amour inconditionnel, d'émotions (toutes celles qui touchent notre coeur, qui remuent, qui cognent, qui troublent)...

Une lecture coup de poing qui chatouille quelque chose au fond de nous. Presque impossible à traduire. Une histoire qui se vit.

Justement, comme celle de notre héros, un gentil garçon au grand coeur. Un jeune homme , la tête dans le guidon qui erre dans les rues de Montreal, à la recherche de son chien. Vous l'avez deviné, c'est Sam.

Une histoire qui pourrait être banale, dit comme ça mais alors quand c'est l'auteure qui en parle, là ça devient grandiose.

Elle ose décrire l'itinérance, la misère sociale, la tristesse en même temps que la chaleur et peut-être l'espoir de jours meilleurs.

Une écriture tout en dents-de-scie, sombre, mais si juste, si "collée au plus près des sensations".

Un parler franc et imbriqué d'expressions québecoises qu'on n'a pas l'habitude d'entendre.

Un roman qui m'a bouleversé bien au delà de la raison. Une note d'espoir est suggérée en fin de récit. Heureusement bienvenue !
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J'etais un héros

Je ne suis pas un héros.

J'ai été un père de marde.

Je suis un père de marde.

Voilà donc toute l'histoire de ce bouquin, celle d'une vie, celle d'un père alcoolique.



Toute ressemblance avec un semblant d'héros serait donc fortuite. Alors qu'il se sait mourant, le foie qui lâche, l'histoire de quelques mois, ce père, ce héros, alcoolique depuis des années, essaie de renouer le contact avec sa fille Gabrielle qu'il a laissé depuis deux décennies. C'est donc une histoire de rédemption et de pardon. Yvan qui vit en coloc avec Miche, amante plus par solitude, et un chat recueilli par défaut. Gabrielle - tu brûles mon esprit, ton amour étrangle ma vie et l'enfer -, qui semble malgré tout accorder tant d'amour à ce père si longtemps absent.



En fait, une question se pose : qu'est-ce qu'un héros à tes yeux ? Attention, je ne te parle pas d'un type en cape et collants. Non, là, je te cause d'un vrai héros. Le genre ordinaire, un pauvre type qui peut s'émouvoir d'un vol de lagopèdes à queue blanche, sentir le frémissement de ses majeurs sous le souffle du blizzard, regarder en silence la migration des bernaches à l'approche de l'hiver canadien, en s'enfilant quelques frettes dans le frette québécois... Ou est-ce juste un père alcoolique sous le regard de sa fille...



D'ailleurs, le roman s'ouvre en quatrième page par cette phrase-là :

Comment puis-je commencer quelque chose

de nouveau avec tout cet hier en moi ?

LEONARD COHEN, Les perdants magnifiques.



Alors forcement, j'ai devant moi l'immense fresque de Léo sur cet immeuble de Montréal... Déjà je suis dans la place, et les jurons, si amusants vus de ma contrée, de Sophie Bienvenu sont attendus avec un grand sourire, ça fait partie de mon folklore littéraire 100% pur sirop d'érable. Surtout qu'après Léo, elle enchaîne avec David Bowie et Lou Reed. C'est dire, la force, la puissance, l'émotion d'un tel roman. Car Yvan a une grande et belle discothèque, qui pourrait être mienne, je vous l'ai dit d'entrée de jeu, j'ai beaucoup de point commun avec Yvan.



Et la force de ce bouquin, outre la larme qui coula sur ma joue, outre l'envie de le relire, fut la façon dont l'auteure parla de la Piste 3 de l'album Deep Purple In Rock, les connaisseurs savent de quoi je parle et se reconnaîtront...



Boire une frette, écouter Lou Reed ou David Bowie, écrire sur Deep Purple, penser à Leonard Cohen... Tout ça dans le dernier roman, grandement autobiographique, de Sophie Bienvenu, émouvant en tabarnak...
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Et au pire, on se mariera

Ostie d’criss de câlice de tabarnak. C’est la première impression qui me vient à l'esprit quand j’ai commencé ce bouquin. Et quand j’ai tourné la dernière page également. C’est jouissif comme une vraie lecture québécoise, avec du parler québécois que si je n’avais pas vu tous les épisodes de la série « 19-2 » j’aurais eu besoin des sous-titres. Avec son franc-parler, et son parler franc, j’imagine même le débit de ses paroles qui glisse aussi vite sur papier qu'une patineuse de Hockey. J’avais envie de lui dire, moins vite, poupée, ralentis l'débit, j’comprends pas tout. Bon faut dire que c’est une nana en crisse. Totalement en Crisse. Toujours. Tout le Temps. Et pis, c’est pas vraiment une poupée. A 13 ans, elle a encore l’âge d’y jouer, mais pas encore d’en devenir une.



Anyway… 13 ans… C’est ce qui rend cruel ce roman. Surtout rageant même. Dérangeant, aussi ? Probablement. Une mère… bon ok, ça reste une mère, mais à 13 ans, en pleine crise d’adolescence, la mère on s’en passe… Et puis il y a Hakim à la maison. Pas son père, mais c’est tout comme. Son père, sauf qu’il a la peau mate et pas les yeux bleus. Elle l’aime bien Hakim. Une certaine complicité. Presque malsaine diront les puritains. Combien de fois n’ont-ils pas regardé ensemble et en petite culotte, « Scarface ». A en connaître les dialogues par cœur. Hey p’tit cul, tu vas me chercher une bière au frigo. Joli nom, p’tit cul. Bon OK, elle a 13 ans et alors, me diras-tu ! Et, la main qui s’égare dans sa culotte en coton. Bon, je te fais l’impasse sur les détails scabreux, qui d’ailleurs ne sont pas présents, puisqu’elle n’y voit que connivence et beauté du geste. De toute façon, sa mère, elle a viré Hakim… la salope… Non, j’en dis pas plus, tu vas trouver ça dégueulasse…



Anyway…

Alors, il a bien fallu palier son absence. Ses camarades de classe étant de toute façon toutes nulles, elles ne la comprenaient pas comme Hakim pouvait la comprendre, et puis elles sont toutes plus immatures les unes que les autres. Heureusement qu’il y a les deux putes du coin de la rue, fidèles au rendez-vous chaque soir, avec qui elles discutent, de la vie, de l’amour, des hommes… Mais sa mère, toujours elle, on en revient toujours à cette chienne, elle ne serait même pas d’accord pour qu’elle discute avec ces dames. En plus tailler des pipes à des puceaux boutonneux, ça sent déjà la gerbe d’ici. C’est pas fun.



Anyway…



Et puis, elle a rencontré Baz, c’est pas son vrai nom, mais c’est joli Baz, c’est intime. Lui aussi il la comprend, il l’aime même j’en suis sûr. Il s’en fout de la différence d’âge. De toute façon, elle lui a dit qu’elle avait dix-huit ans, vingt-six il ne l’aurait pas cru… Alors l’honneur est sauf. Avec lui, elle s’entend bien. Ils se retrouvent le soir, seul dans son appartement, sauf quand il invite ses potes et qu’elle est obligée de dégager. D’ailleurs, ça la met un peu en rogne, surtout quand l’autre grognasse, la blonde avec sa belle paire de joes l’enlace (oui, quand elle est virée de chez lui, elle l’espionne un peu). Mais l’amour sera plus fort que tout – tiens on dirait une chanson de Céline Dion… Pour que tu m’aimes encore… Et quand j’entends Céline, moi, ça me donne envie de frencher… puis de fourrer… Tabarnak, des romans d’amour comme ça, ça te change la vision de la vie. Ça te vrille les tripes, c’est fun et déprimant. Fun et émouvant. Fun et troublant.
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Chercher Sam

Mathieu vit dans la rue avec son chien Sam. Mathieu est un jeune garçon, livré à lui-même. Sam, une femelle pitbull grise avec un collier rose est la seule chose qui le retient encore sur terre. Mais le jour où il la perd, tout bascule... Reviennent alors le hanter les souvenirs qui ont fait de lui un homme à genoux...

Même si j'ai parfois été déroutée par l'écriture et les nombreuses expressions québécoises, ce livre est bouleversant et chargé en émotion. On sent dès le départ le drame qui se joue pour ce jeune homme et on avance avec une angoisse collée au cœur. Quand éclate la vérité, la raison de son errance, on partage sa douleur et le froid qui l'habite. Un très beau roman, et un grand merci à Lislou pour l'avoir mis sur ma route...
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J'etais un héros

Père alcoolo, père mourant, père absent



Le personnage principal du nouveau roman de Sophie Bienvenu n'a rien d'un super-héros. Mais Yvan, un gars ben ordinaire, ne veut pas mourir avec des regrets. Sa quête est très touchante.



Quand Yvan reprend connaissance, il est dans un lit d'hôpital. Quelques heures auparavant, il s'apprêtait à regarder la télévision avec Miche, sa colocataire, quand il s'est senti mal. Puis est tombé dans le coma.

Une expérience douloureuse qui le secoue et l'entraîne à dresser son bilan personnel, qui n'est guère reluisant. Lorsqu'il rembobine le film de sa vie, il trouve d'abord quelques aventures, avant de rencontrer Eliane, avec laquelle il a construit sa vie de couple. À 25 ans, il avait «une femme que tous les hommes enviaient, une enfant merveilleuse et en bonne santé, une belle voiture». Pourtant, il restait insatisfait. «J'avais l’impression de vivre une vie qui n'était pas la mienne et de m'être engagé sur des rails qui m’entraînaient à des kilomètres de là où je désirais aller. Mais où désirais-je aller et qui étais-je?» Il divorce, perd le contact avec sa fille Gabrielle.

Maintenant que les décennies étaient venues s'ajouter aux décennies, cette interrogation ressurgissait. Il considère sa fille comme sa grande réussite et, maintenant qu'il se sait condamné à court ou moyen terme, entend renouer les liens avec elle.

Oubliée Miche, qui avait pris du poids et s'était mise à boire, certes moins que lui, mais suffisamment pour détériorer son image. Il décide de partir, de jouer sa propre version de Thelma et Louise. Et s'il est Thelma, alors son chat est Louise. Car après un premier départ avorté, il revient chercher son animal domestique: «J'ai pas pu faire autrement que de m’attacher au chat, il était entré dans ma vie gros comme mon poing, maigre comme une corde à linge, le poil hirsute, les yeux collés, donc ou je m'en occupais, ou il mourait.»

Le taxi le conduit jusqu'au domicile d'Éliane, sans doute l'une des seules adresses à figurer dans son répertoire. Accueilli par Trevor, son nouveau compagnon, ex-hockeyeur, il est le bienvenu, à sa grande surprise. Mais il n'oublie pas son objectif et part retrouver sa fille.

Je me garderai bien de vous dévoiler l'issue de la rencontre, mais j'ai envie de souligner combien Sophie Bienvenu réussit une subtile réflexion sur le rapport père-fille. En construisant son roman sur les émotions ressenties, en mêlant souvenirs d'enfance et expériences actuelles, sans souci de la chronologie, elle met le cœur à nu. Et en jouant sur l'urgence, elle fait tomber les masques. Désormais, il n'est plus possible de se dissimuler: «Moi, je suis né avec plein d'aspérités et de failles où la merde s'est toujours incrustée. Et, à un moment donné, avec tout ça, j'étais plus capable d’avancer. Ça a commencé avant que tu viennes au monde, en fait il me semble que j'ai toujours été comme ça.»

Comme dans Chercher Sam, son précédent roman dans lequel un homme parcourait les rues de Montréal à la poursuite d'un chien, la romancière nous fait entrer dans la tête de son personnage, dans sa volonté d'y mettre de l'ordre. Mission difficile, voire impossible, mais ô combien touchante.

NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.


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Chercher Sam

Matthieu est jeune itinérant (un SDF) qui n’a plus dans la vie que sa chienne Sam et il sera complètement désemparé quand l’animal disparait soudainement.



En cherchant Sam, on en apprendra un peu plus sur les malheurs de la vie de Mathieu, comment il s’est retrouvé à la rue, et comment son chien est devenu le seul contact chaleureux, sa seule raison de ne pas mettre fin à ses jours.



Évidemment ce n’est pas très joyeux comme roman, car c’est sa misère que Mathieu raconte au « je ». Mais malgré la tristesse de la situation, on y trouve pas que la misère, mais aussi de l’amour et de l’espoir.



Et la prochaine fois que je croiserai un itinérant avec son gros chien, je penserai un peu à Sam qui tient le cœur de son maître au chaud…



PS Merci à Neneve et au Challenge Multi-défis 2018 grâce à qui j’ai rencontré Sam

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Chercher Sam

Eh dude, tu veux-tu que je te dise ? Il m'a presque fait brailler, ce livre. Comme une toune d'Aznavour qu'on trouverait ben heavy mais qui vous mettrait comme pas la larme dans l'oeil.



C't un vrai mélo, crisse, la vie de Mathieu, une vie de marde comme pas. Une vie à la rue. Des fois, on n'a pas le choix. Comme dit Mathieu : « Devoir survivre au-dehors, c'est ce qui m'a fait survivre en-dedans ».



Anyway.



Ils vivent à la rue, à la quête d'un bon spot pour passer la nuit, Mathieu pis Sam, la chienne- pas le chien, c'est-tu qu'il faut qu'on te dise encore une fois que c'est-tu Sam' comme Samantha, une pit' grise avec un câlisse de bandana rose, une vraie fif, et la tête toute pleine de douceur !-



Et pis vl'à que Sam se trisse, ostie, ou pire qu'on la kidnappe ? va savoir ! Vl'à Mathieu plus lonely qu'une crêpe sans sirop d'érab' : plus personne à pogner par le cou, à y faire des colles, plus de léchouilles frouillées, ni de chaleur à partager derrière les racks à vélos ou les escaliers de secours tricotés en fer.



Un adulte qui serait rendu flo, à force de braillage, voilà ce qu'il est devenu, Mathieu.



C'est ben weird que le monde s'écroule comme pas, quand tu perds le seul être qui te donnait envie de vivre encore un peu. Et lentement, comme les neiges sur le Saint Laurent qui fondent avec le printemps, les larmes dégèlent un à un les souvenirs : la mère, le père, Karine, Lila, et Sam …



Une vie de marde. Une vie d'amour, aussi.



Tu veux-tu pas quand même que je te raconte l'histoire ? c'est que la fucking émotion, si je raconte, tu l'auras pas. Alors, crisse, fais un effort : habitue-toi au joual , écoute donc Mathieu qui cause et deviens son chum.



Il en a ben besoin !

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Chercher Sam

Chacun cherche son chien



La Québécoise Sophie Bienvenu avait connu un joli succès avec ce roman que les éditions Anne Carrière ont eu la bonne idée de publier de ce côté de l’Atlantique. N’hésitez pas à suivre Mathieu dans les rues de Montréal, à la recherche de sa chienne Sam.



Mathieu cherche un endroit où passer la nuit. Il est un «itinérant», comme on dit à Montréal. Les Québécois ont toujours eu le sens du mot juste, celui qui ajoute du sens et de la poésie là où les Français cherchent l’efficacité de l’acronyme, comme SDF. Soulignons donc d’emblée que l’une des grandes forces de ce roman, c’est justement sa langue. Ici l’oralité et le parler québécois donnent au récit un ton à nul autre pareil. Rassurons à ce propos tous ceux qui imaginent devoir lire ce roman un traducteur franco-québécois à la main. On comprend parfaitement cette langue imagée, on la «traduit» à l’aide du contexte et, si vraiment on éprouve le besoin d’une explication de courtes notes de bas de page éclairent certaines expressions. Mais revenons à Mathieu. Si l’on découvre bien plus tard comment il y fini dans la rue, on comprend d’emblée qu’il a déchiffré la sociologie de sa condition. «Les itinérants, tu peux leur donner de l’argent, tu peux leur faire un sourire, ou même leur demander comment ça va, mais tu peux jamais, jamais, jamais les toucher. Parce que t’as beaucoup trop peur que notre misère s’attrape.»

Une misère qui désormais lui colle à la peau et qu’il partage avec sa chienne Sam. Le pitbull lui offre chaleur et affection, sans aucun doute ce dont il manque le plus. Et s’il doit avoir une chance de se reconstruire, ce sera grâce à elle. Alors quand il la laisse seule pendant deux minutes et qu’il ne la retrouve plus en revenant, on imagine la catastrophe que cela représente pour lui.

Désormais, il n’a qu’un seul but: chercher Sam.

Avec Mathieu, on arpente alors les rues de Montréal dans une sorte d’urgence que le style rend parfaitement. On partage sa quête, on espère qu’au détour d’un carrefour c’est la truffe «frouillée» (froide et humide) de Sam qui émergera. Mais après les premières heures, on comprend la difficulté de la tâche. Car aux dangers que courent tous les animaux dans la grande ville, il faut ajouter la mauvaise réputation des pitbulls et les razzias qu’opèrent les organisateurs de combats de chiens. Ce que va découvrir Mathieu fait froid dans le dos. Et ce qu’il livre au lecteur au fil de son introspection sur sa famille et sur l’enchaînement de circonstances qui l’ont mené dans la rue est tout aussi bouleversant, de sa rencontre avec Karine alors qu’il avait 16 ans jusqu’à sa vie de solitaire huit ans plus tard. Sans père, sans mère, sans femme, sans enfant.

Dans sa préface à l’édition canadienne, la romancière et éditrice Marie Hélène Poitras révèle que Sophie Bienvenu a recueilli Mathieu et son chien: «Dans la vraie vie, Sophie l’a aidé à payer les soins vétérinaires de son chien; il s’est confié à elle, lui a raconté son quotidien, ses écueils et petites joies.» Une tranche de vie qui a nourri ce roman dans lequel l’émotion est à fleur de peau et qu’on feuillette le cœur de plus en plus serré. En espérant qu’effectivement, «un jour, Sophie dirigera le chœur des voix qu’elle aura fait naître. Les loups et les chiens des quartiers paumés hurleront à la lune en écho à ce chant. Sophie présidera alors la plus belle chorale qui soit: celle de la parole libérée.»


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J'etais un héros

Étonnant ce récit de la vie d’un alcoolique à qui son médecin vient d’apprendre que ses jours sont comptés.



Émouvant, ce livre écrit au « Je », celui d’un homme dans la soixantaine qui revoit sa vie, avec les bons et les moins bons moments du passé, mais surtout la détresse de la dépendance alcoolique et l’incapacité de s’en sortir. Et, bien sûr, les conséquences sur sa famille, sur ses relations avec sa fille. Un discours qui sonne douloureusement vrai.



Déroutant parfois ce roman, car l’homme imagine des scénarios pour son avenir. Comme dans ces livres « dont vous êtes le héros », l’histoire prend des tournants différents selon les chapitres.



Captivant ce livre, avec une belle écriture et l’histoire crédible d’un homme qui n’a pas pu vivre à la hauteur de ce héros qu’il était aux yeux de sa petite fille.

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Chercher Sam

Montréal. Comme dans beaucoup de grandes villes , la nuit des ombres passent, essayent de trouver où passer la nuit , où prendre un peu de repos. Parmi elles, Mathieu et Sam . Nous allons suivre ce tandem à 6 pattes. Que c'est il passé? Comment Mathieu et sa fidèle chienne se sont ils retrouvés à la rue ? Petit à petit l'histoire s'éclaircit et quand Sam disparaît le monde de Mathieu s'effondre ...Sophie Bienvenu nous narre ici en parler québécois une histoire à la fois touchante et bouleversante . Une bien belle histoire , si je me suis vite fait à la langue et aux expressions "typiques", l'écriture pathos et souvent larmoyante m'a lelle un peu agacée mais ce n'est qu'un ressenti tout à fait personnel ...
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Autour d'elle

Autour d’elle est le dernier roman de Sophie Bienvenu, qui est devenue, pour moi, une auteure incontournable de la littérature québécoise. Découverte grâce à Chercher Sam, elle a su, par ses trois romans adulte, se loger dans un petit coin de mon cœur. Ce dernier roman est en liste pour le Prix des libraires du Québec 2016, prix prestigieux décerné chaque année pour un livre qui a retenu l’attention des libraires tant pour son originalité et la qualité de son écriture. Cette nomination est tout à fait justifiée.

Autour d’elle, comme un roman choral, où chaque chapitre se distingue, tant par le genre d’écriture que par la narration. Elle, c’est Florence Goudreault, jeune fille de 16 ans, qui tombe enceinte suite à sa première relation sexuelle. Eux, ce sont ceux qui croisent sa vie, qui y gravitent, tantôt sa mère, tantôt sa prof, tantôt un homme qui travaille à la SPCA, tantôt un enfant réfugié politique. Des destins croisés, des histoires qui se mêlent, mais qui permettent aux lecteurs de connaître la vie de Florence, avant, pendant et après.

Autour d’elle, un roman qui m’a prise au cœur dès les premières phrases et que je n’ai pu reposer jusqu’à la fin. Un véritable coup de cœur, un véritable coup au cœur. Je sais qu’une adaptation cinématographique est en cours pour le roman Et au pire on se mariera. Je ne serais pas surprise qu’Autour d’elle le soit également, tellement l’histoire est bien ficelée et que les personnages sont forts, malgré le peu de pages consacrés à chacun d’entre eux. Vraiment, un lire à se mettre sous la main. Une histoire qui vous habitera bien au-delà des pages de ce roman. J’ai adoré !

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Chercher Sam

Ce livre est une plongée émouvante au coeur du Québec.

On y suit l'histoire de Mathieu, jeune adulte un peu perdu, à la recherche de son chien.

Le récit est un peu déstabilisant au départ car il se situe à différentes périodes sans que la chronologie soit précisée, mais on s'y fait assez vite.

C'est en tout cas un roman plein d'émotions, le personnage de Mathieu est extrêmement attachant, et j'avoue même avoir versé quelques larmes.

Pour une française comme moi la langue est amusante, pleine de spécificités québécoises (crisse, frette, cave, char, toune,...), mais néanmoins facile à comprendre.

J'ai beaucoup aimé et je compte me pencher sur les autres ouvrages de Sophie Bienvenu.
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Chercher Sam

Énorme coup de cœur !!!!!!!!!!!!

Belge de naissance, Française sur papier, Québécoise d’adoption et Montréalaise de cœur, Sophie Bienvenu a déjà à son actif plusieurs titres. Pour moi, le plus connu était (k), un roman écrit pour les adolescents. J’ai travaillé en Maison de Jeunes longtemps, et nous en avions des exemplaires que les jeunes pouvaient lire sur place ou bien apporter à la maison. Et puis, dernièrement, beaucoup de gens se sont mis à parler de ce fameux Chercher Sam. Je me suis allé voir de quoi il en retournait : j’ai été séduite par le résumé de la quatrième de couverture. Jeunes de la rue, race canine, démons intérieurs à dompter… Je comprenais pourquoi ça suscitait des passions autour de moi. C’est que j’ai un réseau qui donne plutôt dans le côté ‘’social’’.

Bref, c’est avec un apriori plutôt positif que j’ai entrepris ma lecture. Déjà au premier chapitre, c’est percutant. L’itinérance est un sujet délicat. On marche en ville, les écouteurs sur les oreilles, on voit un itinérant, on baisse le regard, on passe à côté, sans un sourire ou un mot, comme gêné d’être content que ça soit pas nous à leur place. Mais y’en a, pour soulager leur conscience, qui donne un peu d’argent. D’autres, qui donne vraiment, parce que triste de leur sort, un geste gratuit, parce qu’il faut aider notre prochain. Mais quand prends-t-on vraiment le temps de les toucher, leur serrer la main, de s’assoir à côté d’eux pour leurs parler, de s’intéresser < leur quotidien ? C’est rare… très rare ! Sophie Bienvenu écrit : ‘’… tu peux jamais, jamais, jamais leur toucher. Parce que t’as beaucoup trop peur que notre misère s’attrape.’’ Quand je dis que ça part fort ! L’itinérance nous est racontée dans ce livre, sans détour, sans complaisance.

Ce livre parle aussi d’un amour inconditionnel entre un maître et son chien. Un lien fort, qui peut être difficile à écrire, mais dont Bienvenu traite avec beaucoup de réalisme, d’émotion et de vérité. ‘’Sam léchait mes larmes et elle me donnait des coups de nez frouillés’’. Un être qui nous accompagne dans notre malheur, dans notre de mal de vivre. Un être qui vibre notre mal être, qui se blottit contre nous, comme pour en prendre un peu. Ce livre parle aussi d’une manière crue les relations familiales pas toujours reluisantes, à la limite d’être malsaines. C’est par des flashbacks très bien utilisés que nous apprenons à comprendre l’histoire de Mathieu, le narrateur de ce roman magnifique. Ce livre parle aussi du vide que crée l’absence… mais c’est surtout un livre qui parle d’amour.

Une lecture coup de poing, une lecture coup de cœur, une lecture bouleversante. Je pleure encore, mon chat dans mes bras.

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Autour d'elle

J'avoue, j'ai eu beaucoup de mal avec l'architecture du roman. Je me suis complètement paumée avec les personnages , les époques, heureusement que le prénom Florence refaisait surface de tant à autre sinon j'aurai coulé complément. si j'ai bien compris Florence est le noyau de l'histoire et gravite autour d'elle (d'où) le titre, des personnages qui croisent son chemin, sa vie, etc... J'ai eu aussi parfois quelques difficultés avec le langage, bien que je comprends dans les grands lignes le Québécois pour avoir eue une amie de là-haut, parfois ce mélange des langues (anglais, français, québécois) fut un deal pour moi. Du coup j'ai apprécié moyennement ma lecture et pourtant je ressentais bien la profondeur de l'histoire.

Sinon j'ai bien aimé le ton, les personnages, les diverses émotions.



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Chercher Sam

Quelle belle découverte comme quoi même un petit récit peut vous procurer une foule d'émotion s'il est bien écrit. Et pourtant la quatrième de couverture nous mentionne uniquement le fait que nous suivons Mathieu jeune homme sdf qui a perdu Sam sa chienne.



Il va partir à la recherche de celle-ci et nous allons à travers sa quête le suivre entre son passé et son présent et en apprendre beaucoup sur sa vie qui n'a pas été des plus facile.



Une très belle plume ponctuée d'expression québécoise et d'anglais mais cela ne m'a pas gêné de mon côté.



Magie de la lecture et de moment ou j'ai lu celui-ci, je suis actuellement en boucle sur une chanson des Smashing Pumpkings découverte de mon côté récemment, mentionné plus que clairement dans le récit .



Je n'en dirai pas plus le récit étant vraiment court en dire plus serait vraiment dommage et gâcherai cette découverte pour les futurs lecteurs.
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Chercher Sam

Un livre court mais fort, la construction nous mène petit à petit au coeur du chaos, la vie de Matthieu a basculé vers le néant. Seule sa chienne lui tient chaud au corps et au coeur. Un lien entre la vie et la mort.

L'auteur nous livre au fil des pages, une pièce du puzzle, et plus on avance plus l'image se fait nette. On comprend très vite cette déchéance de Sam, pourquoi, et comment il en est rendu à dormir dans la rue. Ce vide au fond de lui, cette immense plaie à vif, Sam, reste auprès de lui, mais quand un jour, elle disparait, Sam, remue terre et ciel pour la retrouver.

La fin est émouvante, Sam, semble se réveiller d'un long cauchemar, même si les démons sont toujours bien présents, mais il voit un enfant autiste il tente de créer une communication par le biais du chien, ça semble marcher, c'est un peu comme un miroir, lui dans son néant, cet enfant dans son silence, et entre les deux le chien.

Une histoire touchante, avec les expressions québécoises qui ne m'ont pas gênées par connaissance de cause.

J'ai bien aimé la façon dont l'auteur a mené l'histoire, de ce fait, on est emporté dans la spirale et on a du mal à lâcher le livre avant la fin.

J'espère pouvoir lire un jour certain un autre titre de Sophie Bienvenu.

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Et au pire, on se mariera

J'ai découvert Sophie Bienvenu par Chercher Sam, qui m'a énormément plu. Je m'étais promis de lire ses deux autres romans. Voici donc la moitié de promesse remplie. Et vraiment, elle a un style littéraire que j'adore. C'est cru, sans détour. Ces histoires sont bien construites et on saisi vraiment la psychologie de ses personnages. Vraiment, un très grand coup de coeur pour cette auteure.
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La princesse qui voulait devenir générale

Merci à Babelio et aux Editions Alice Deuzio ( La bagnole) pour cet envoi.



Je découvre, par la même occasion les Editions Belges Alice, c'est mon premier livre mais pas le dernier!



J'ai tout simplement adoré cet ouvrage.



Les illustrations sont tout à fait coordonnées à l'histoire.

Cette histoire est tout simplement sublime.

C'est le genre d'histoire que je veux lire à mes enfants avant d'aller dormir, pour mettre plein d'étoiles dans leur tête mais surtout de la réflexion et de la confiance!



Oui, sachez-le tous : on peut devenir qui ont veut.



Quel que soit votre âge je vous invite à le lire. Nous, adultes, avons tendance à oublier que nous sommes aussi capables de vivre nos rêves.



Mille mercis pour cette lecture : c'est un cadeau inestimable.



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