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Critiques de Stanislas Dehaene (32)
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Les neurones de la lecture

C'est certes un livre dense, très complet, certes pas tout à fait récent (publié en 2007), et donc il est plausible que certaines découvertes aient été faites depuis, qui viendraient compléter, pas contredire je crois, ce qui exposé ici.



Mais c'est un ouvrage formidable de clarté, de pédagogie. Il contient de nombreuses et utiles illustrations qui facilitent la compréhension du propos de l'auteur. Il est étayé par de nombreuses références bibliographiques. Mais surtout, Stanislas Dehaene est un merveilleux guide qui sait vous accompagner dans la compréhension de ce qu'il vous expose, y compris en s'amusant avec la typographie du texte.



L'ouvrage s'appuie à la fois sur les découvertes faites il y a de nombreuses années sur des patients ayant, suite à des atteintes de leur cerveau, une incapacité à lire, et surtout sur les progrès extraordinaires et récents de la médecine telle l'IRM fonctionnelle qui permet de voir « en direct » les zones du cerveau qui s'activent lorsque l'on lit.



L'auteur va ainsi aborder de façon progressive de nombreux thèmes des mécanismes de la lecture.

Sans entrer dans les détails ce seront d'abord les données de psychologie cognitive qui montrent comment, à partir d'une capture visuelle d'un nombre limité de lettres, deux voies de lecture sont employées l'une qui assemble les lettres en petites sous unités qui correspondent aux phonèmes, cette voie utilisée pour les mots peu fréquents (c'est celle nous le verrons qui est d'abord et exclusivement utilisée chez l'enfant qui apprend à lire) et l'autre beaucoup plus rapide qui fait appel à notre lexique orthographique qui comporte entre 50000 et 100000 entrées, et nous permet de reconnaître immédiatement le mot stocké dans notre « dictionnaire ».



Les second et troisième chapitres sont les plus passionnants. Dans ceux-ci, Stanislas Dehaene s'attache à décrire par le détail les mécanismes cérébraux qui font passer de la lecture des lettres à la compréhension des mots et des phrases. Après une vision des lettres par les lobes occipitaux de nos deux hémisphères cérébraux (droit pour l'oeil gauche, droit pour l'oeil gauche), le signal est transmis, et ceci quelle que soit la langue écrite, à une région spécialisée du cerveau , la région du sillon occipito-temporal gauche, dans laquelle va se faire la reconnaissance visuelle des mots, par une cascade d'interactions entre neurones. Cette dernière interagit avec de nombreuses aires cérébrales, parmi lesquelles celle de l'analyse des phonèmes, composantes auditives des mots, celle du langage, celles du sens, etc…Ce circuit est totalement différent de celui de la reconnaissance des visages qui se termine dans l'hémisphère droit du cerveau. Il existe de façon identique dans touts les langues, avec quelques nuances cependant.

Chose extraordinaire, un circuit similaire et localisé au même endroit existe chez les primates non-humains chez lesquels on a pu déterminer, presque neurone par neurone, qu'il sert à reconnaître les formes non accidentelles dans la nature, et progressivement à en simplifier les traits, et à rendre la vision invariante selon la position et la taille de l'objet vu, ce qui représente un grand avantage. Ainsi, dans les neurones du sillon occipito-temporal, les neurones stimulés par la vision d'un chat seront progressivement relayés le long de ce sillon par d'autres neurones qui seront capables d'être stimulés par une reconnaissance de deux cercles, un petit et un grand, superposés, indépendante de leur orientation dans l'espace.

Le mécanisme de la lecture représente l'un des exemples de ce que l'auteur appelle un « recyclage neuronal » d'un module existant déjà depuis des millions d'années. Les neurones du sillon occipito-temporal humain seraient ainsi, (en 2007, l'analyse fine n'avait pas pu aller au bout), une sorte de pyramide inversée chaque neurone en stimulant environ 3 autres et où l'on passe d'une reconnaissance des lettres à une reconnaissance du mot.



Dans le chapitre suivant, c'est l'invention de l'écriture qui nous est décrite, jusqu'à la géniale découverte de l'alphabet. Là encore, l'auteur insiste sur le fait que les lettres n'ont pas été inventées au hasard, mais reprennent des formes non accidentelles existant dans la nature telles le O, le A, le T, etc…..



Un chapitre de volume important est consacré à l'apprentissage de la lecture chez l'enfant. C'est passionnant aussi. L'auteur insiste sur les fenêtres de plasticité cérébrale qui, dès la naissance, créent les conditions de l'apprentissage, sur la nécessité pour le cerveau d'assembler les lettres en phonèmes pour accéder au mots et à leur sens. Et de ce fait, à l'erreur de la méthode globale qui s'est attachée à la forme globale des mots, alors que le cerveau a besoin de recomposer le mot par la combinaison phonèmes et graphèmes.



Un chapitre entier est consacré à la dyslexie, et à la mise en évidence chez la plupart des enfants qui en sont atteints d'anomalies neuronales à type de désorganisation des neurones, au niveau du sillon occipito-temporal, et l'existence de gènes de prédisposition. Il montre aussi qu'un entraînement intensif dès le repérage de la maladie, fondé sur la répétition des associations visuelles et sonores entre syllabes d'un mot permet de solliciter des aires cérébrales voisines et de pallier le défaut.



Dans le chapitre suivant, l'auteur nous fait toucher du doigt une notion bien curieuse, qui est que notre cerveau, comme celui de nombreuses espèces animales, est capable de reconnaître les objets indépendamment de leur orientation droite ou gauche, mais que cette vision de la symétrie doit être « oubliée » dans la lecture, le b et le d étant par exemple deux lettres différentes. Il nous explique durant quelle « fenêtre » de développement l'enfant va pouvoir acquérir cette capacité, et les mécanismes neuronaux qui en sont responsables.



Enfin, le livre se termine par un chapitre de réflexion plus générale très intéressant et stimulant. Il insiste d'abord sur le fait que la lecture et l'écriture ne sont qu'un des éléments d'une caractéristique unique de notre espèce qui est la transmission culturelle. Mais il suggère aussi, comme l'avaient évoqué des anthropologues tel Levi-Strauss, qu'il existe des invariants culturels, comme la classification des espèces animales et végétales, les mathématiques, la création artistique, le phénomène religieux., etc.. Et donc que chez l'humain, les possibilités de diversité culturelle ne sont pas infinies et sont limitées par les possibilités d'un recyclage de modules neuronaux antérieurs à notre espèce.

Mais aussi, que le développement important de notre cortex frontal a permis à l'être humain des avancées majeures. D'une part, comprendre l'esprit d'autrui, ce qui est un avantage majeur par exemple pour l'éducation des enfants, ou pour la diffusion des inventions. D'autre part, l'auteur émet l'hypothèse que notre cerveau frontal est aussi la zone qui intègre et régule les données de nos différents modules cérébraux, et que notre conscience pourrait être cet espace de travail neuronal qui assemble les données de différentes régions cérébrales et peut leur impulser de nouvelles voies, telle la lecture et l'écriture.



En épilogue, Stanislas Dehaene, fait le voeu que les données des neurosciences puissent se mettre au service des méthodes d'enseignement. Voeu réaliste? Je sais qu'il a été nommé Président du Conseil Scientifique de l'Education Nationale en 2018, qu'il est partisan de l'évaluation, de la bienveillance et de la positivité en matière d'éducation, mais je ne sais pas si, à ce jour, il a su faire bouger le « Mammouth ».
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Le code de la conscience

Stanislas Dehaene est Docteur en neuropsychologie et Professeur au Collège de France, où ses cours sont un modèle de rigueur et de clarté.

Et ses livres sont marqués d’un formidable souci de pédagogie, de passage du savoir, tel celui « Les Neurones de la Lecture » que j’ai chroniqué il y a quelque temps sur Babelio:



Celui-ci, Le Code de la Conscience, un ouvrage dense mais passionnant, qui date de 2014, aborde, dans une optique de vulgarisation scientifique, une notion qui, à première vue, semble bien loin de pouvoir être abordée par des méthodes expérimentales, celle de la conscience humaine.



Et pourtant, le Dr Dehaene nous montre que dans cette notion de conscience qui recouvre de nombreuses notions souvent floues et confuses, le scientifique peut y restreindre le champ pour qu’il soit accessible à l’expérience. Une démarche caractéristique de la démarche scientifique, partir du plus simple pour aller au compliqué.



Et c’est ainsi que l’auteur explique ce qu’il va étudier:

« La science moderne de la conscience distingue au moins trois concepts : le degré de vigilance, qui varie quasi continûment depuis la veille jusqu’au sommeil ou au coma profond ; l’attention, c’est-à-dire la focalisation de nos ressources mentales sur un objet particulier ; et, enfin, l’accès à la conscience, c’est-à-dire le fait que seule une partie de nos pensées entre dans le champ de notre conscience, devient disponible pour diverses opérations cognitives et peut être rapportée à d’autres. »



C’est l’accès à la conscience de nos pensées, qui sera le fil conducteur du livre. Cette analyse scientifique étonnante de la subjectivité n’aurait pu exister sans le développement extraordinaire des méthodes d’analyse du fonctionnement cérébral, notamment l’imagerie cérébrale, avec l’IRM fonctionnelle, le perfectionnement de l’électroencéphalographie, etc…mais aussi celui de méthodes simples d’analyse de l’accès à la conscience.



Après avoir fait l’historique de l’approche scientifique et passé en revue les méthodologies d’approche, l’auteur va, tout d’abord, nous expliquer l’extraordinaire foisonnement de nos pensées inconscientes. C’est absolument passionnant et étayé par de nombreuses expériences parfois bien cocasses, et de multiples références. Ainsi des images, ou des sons, présentés à un sujet de façon subliminale, et qu’il affirmera n’avoir pas vu ou entendu, déclenchent une série impressionnante de réactions dans différentes zones du cerveau. Mais ces procédés inconscients ne se limitent pas à des processus plutôt simples comme la vision et l’audition, mais à des fonctions plus complexes comme les mathématiques, ou du domaine de l’émotion (peur) ou de la relation avec l’environnement (attention inconsciente) ou avec autrui (reconnaissance des visages).

Ainsi, bien plus que la fonction que lui attribuait Freud, ces fonctions inconscientes multiples sont comme des fonctions d’arrière-plan d’un ordinateur qui travaillent pour nous, sans que nous le réalisions, et parfois pour préparer une décision consciente. L’auteur émet l’hypothèse que nous avons hérité cela de tous nos ancêtres du règne animal pour qui il était vital de répondre extrêmement rapidement à un danger, une opportunité, et les fonctions inconscientes aident à cela.



Et puis, dans le chapitre suivant, le Dr Dehaene nous expose ce qui fait la conscience, le travail plutôt lent de tri qu’elle fait dans les données inconscientes, l’importance de l’intégration dans la mémoire de travail des données sélectionnées, son importance dans le lien social (donner ou apprendre des autres la « substantifique moelle » et non un fatras de données) et aussi dans la coopération entre individus.



Un chapitre absolument passionnant est ensuite consacré à ce que représente l’accès à la conscience. Tout d’abord, aux 4 « signatures » de l’émergence de la pensée consciente, telles que peut les détecter l’imagerie cérébrale. En faisant passer des informations du subliminal au conscient, les chercheurs ont découvert 4 transformations dans le cerveau: la première est une activation de nombreuses zones du cerveau, dans le cortex frontal, temporal et pariétal, ce que l’auteur qualifie « d’embrasement », la seconde l’apparition d’une onde tardive (au bout d’environ 300 milli-secondes) de grande amplitude appelée P300, la troisième, l’apparition, elle-aussi tardive, d’ondes de haute fréquence, et enfin la dernière, une synchronisation des ondes de zones éloignées dans le cerveau.

Et puis, l’auteur va plus loin pour répondre à cette question: qui sont et que font donc ces neurones qui s’activent? Émerge alors, argumenté de nombreuses expériences, dont celles incroyables réalisées avec des électrodes placées dans le cerveau de patients épileptiques juste avant leur traitement chirurgical, la notion d’un « espace de travail global », où interagissent grâce à l’exceptionnelle longueur de leurs axones, et leur profusion de leur dendrites, des millions de neurones dits pyramidaux (parmi les seize milliards de neurones de notre cerveau!) dont chacun a une fonction limitée à un morceau d’objet, de visage, de sens, de souvenir, etc…mais dont l’interaction et surtout la synchronisation de leurs décharges électriques, va reconstruire l’objet, le visage, le sens, le souvenir.

Et puis l’auteur insiste sur la propriété unique de notre cerveau, c’est que chez lui prédomine, non pas la réponse aux stimulis, mais une activité intrinsèque d’exploration de possibilités, qui débute dès l’enfance et se poursuit toute la vie. En effet, une propriété remarquable des neurones et particulièrement ceux des primates, dont l’homme, c’est l’excitation interne, sans besoin d’accès aux sollicitations extérieures. Ainsi, cette propriété fait que nos neurones dialoguent entre eux, deviennent capables d’apprendre de leurs erreurs, et d’abstraire les informations.

Ce qui encore plus étonnant c’est que, avec l’éminent chercheur et pionnier de la neurobiologie Jean-Pierre Changeux, l’équipe de l’auteur a entrepris la réalisation d’une simulation informatique simplifiée des interactions cérébrales, et ainsi pu vérifier, à l’aide de ce modèle un certain nombres d’hypothèses, par exemple « l’embrasement » cérébral caractérisant l’accès à la conscience.

Et enfin, l’auteur expose une autre qualité fascinante de notre cerveau, et encore différente de la conscience, celle de posséder un nombre gigantesque de connexions dites latentes à la base de nos aptitudes diverses, comme « apprendre à rouler en vélo ne s’oublie pas », comme aussi l’évocation des souvenirs, et bien d’autres qui n’attendent qu’à être réactivées.



Un autre chapitre est dédié à ce que devient la conscience quand un individu est plongé dans le coma. Avec cette question cruciale: comment les découvertes de l’imagerie cérébrale peuvent elles apporter des informations sur le degré de conscience d’un patient, surtout s’il est, sur le plan des signes cliniques, considéré dans un coma végétatif. L’auteur rapporte des résultats de son équipe ou d’autres, montrant que des signatures conscientes peuvent être détectées lors de questions posées à certains patients en coma végétatif, prédisant dans certains cas, leur récupération plus ou moins complète de la conscience. J’ai recherché, je dois dire sans succès, si ce type d’investigation était devenue systématique. Peut-être, l’emploi de matériels et de méthodes sophistiqués (et coûteux!) en a t il limité le développement en routine.



Dans un dernier chapitre, Mr Dehaene essaie de dessiner les perspectives de ces études. Par exemple, comment se fait le développement de la conscience au cours du développement humain, du bébé a l’enfance, l’adolescence, l’âge adulte. Comment résoudre l’énigme de la conscience de soi, et quelles sont les interactions neuronales qui pourrait l’expliquer. Comment cette conscience de soi pourrait être altérée dans les maladies mentales et quels sont les défauts d’organisation cérébrale qui les sous-tendent. Comment enfin faire avancer les connaissances avec des simulateurs informatiques et créer ainsi des machines conscientes.

La conclusion m’a fait un peu frémir. L’auteur y développe l’idée que, dans l’avenir, avec les progrès des outils informatiques, la construction d’une machine consciente sera possible, démonte les arguments qui s’y opposent, notamment celle du libre arbitre. Mais, et c’est mon regret pour cet ouvrage remarquable, ce n’était pas certes son propos, c’est qu’il ne met pas en perpective l’être humain comme être vivant interagissant dès sa vie fœtale avec son environnement, d’abord sa mère, puis sa famille, et capable de ressentir ce que pensent les autres, sur ce cerveau de toutes ces émotions peur, agressivité, désir, etc.. qui sont le propre de la vie animale et dont parle si bien le neurologue Antonio Damasio. Toutes choses dont une machine consciente sera dépourvue.



En conclusion, un ouvrage d’une exceptionnelle qualité, d’un auteur qui s’efforce de nous accompagner au mieux sur un sujet complexe, et que j’aurais plaisir à relire pour mieux m’en imprégner.
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La Bosse des maths

Selon la théorie constructiviste de Jean Piaget, en arithmétique, le cerveau du jeune enfant est une page blanche. Ainsi, Piaget considère que c'est en explorant son environnement et en y découvrant des phénomènes réguliers que le jeune enfant acquiert ses premières capacités de dénombrement.

Stanislas Dehaene estime au contraire que l'enfant, comme certains autres animaux (primates, oiseaux) est prédisposé à dénombrer des objets jusqu'à 3. Il met en outre en évidence des liens entre le langage et les nombres, qui confirment qu'au-delà de 3 ou 4, l'humain a besoin de beaucoup plus de temps pour compter des éléments supplémentaires. Ce constat révèle des mécanismes différents pour accomplir ce travail, ce que les techniques d'exploration du fonctionnement du cerveau ont confirmé.



L'auteur explore aussi la place des nombres et de leurs modélisations mathématique dans l'histoire et dans diverses civilisations. Les chiffres arabes, avec le symbole 0 pour représenter l'absence et un système en base 10 facilita les opérations courantes (addition, soustraction, multiplication et division). Notre numération et le langage qui lui est associé ne sont cependant pas parfaits. Ainsi, en français nous utilisons des mots spécifiques pour désigner certaines quantités de dizaines (vingt au lieu de deux-dix, trente au lieu de trois-dix, quatre-vingt-treize au lieu de neuf-dix trois…), qui ralentissent nos facultés d'apprentissage, de mémorisation et de calcul avec ces chiffres. Des études montrent qu'en moyenne des élèves chinois de 4 ans comptent jusqu'à 40, tandis que des élèves américains du même âge comptent jusqu'à 15. Ces différences ne résultent ni des capacités cognitives des uns ou des autres, ni des inégalités de scolarisation mais de l'usage d'outils et conventions différents (de tels écarts persistent lorsque les enfants grandissent).



La loi de Benford (fréquences de distributions statistiques observées dans de nombreuses séries de données du quotidien : 30 % de 1, 18% de 2, 12% de 3,… 5% de 8, et 4,6% de 9) est particulièrement complexe à comprendre. Selon Wikipédia, cette loi permet notamment de détecter des fraudes fiscales, et des fraudes électorales (cf. les résultats électoraux de l'époque soviétique, avec une anormale fréquence de 9 dans les pourcentages…). Notre appétence pour les chiffres dits ronds, illustre nos difficultés à appréhender correctement des grandes valeurs. En français, dans le langage courant, la scutigère et le scolopendre sont affublés de mille pattes alors qu'il n'en possèdent respectivement que trente et quarante-deux !



Deheane se penche aussi sur les performances calculatoires de génies, comme le mathématicien indien Ramanujan (1887-1920), et de calculateurs prodiges (personnes souffrant parfois de troubles autistiques). Selon lui, leurs exploits révèlent surtout la plasticité cérébrale, non l'existence d'une véritable « bosse des maths ».



Le dernier des neufs chapitres de l'ouvrage est particulièrement abscons lorsqu'il traite des axiomes de Peano (incompréhensibles aussi sur Wikipédia…), mais les autres sont très abordables car plus axés sur des méthodes et résultats de recherches en neurobiologie que sur les mathématiques en elles-mêmes.



Ces réflexions sont intéressantes, et amènent l'auteur à proposer des évolutions dans les méthodes d'enseignement des mathématiques.
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Le code de la conscience

Intéressant mais ce livre est parfois assez difficile à lire. Peut être plus intéressant pour des neurologues ou des personnes travaillant en hôpital (surtout concernant la fin du livre, essentiellement consacrée à l'état végétatif). A mon avis les informations intéressantes pour le grand public peuvent être trouvées ailleurs dans des lectures plus accessibles.



Par exemple on dit souvent que la nuit porte conseil (là on verra des études qui le prouvent):

"Étonnamment, une bonne nuit de sommeil faisait plus que doubler la probabilité de la découvrir le lendemain: nombreux étaient ceux qui se réveillaient avec la solution! Des expériences de contrôle ont établi que le temps écoulé ne comptait pas -seul importait le sommeil."

Autre exemple:

"Le groupe faisait systématiquement mieux que le meilleur de deux individus -ce qui faisait dire aux auteurs que "deux têtes valent mieux qu'une". "

Ou encore qu'il vaut parfois mieux prendre de la distance par rapport à un problème, penser à autre chose pour mieux avancer (ça correspond à l'étape de l'incubation):

"Hadamard proposait de décomposer le processus de la découverte mathématique en quatre étapes successives: la préparation, l'incubation, l'illumination et la vérification."
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Apprendre !

Je recommande la lecture d'"Apprendre, les talents du cerveau, le défi des machines". L'ouvrage éclaire de nombreuses questions à la lueur des dernières découvertes de neurosciences. Celles-ci se sont multipliées grâce à l'imagerie par résonance magnétique (IRM) qui permet de localiser les zones du cerveau impliquées selon ses activités (lecture, calcul,...). Ces découvertes mettent en évidence que si certaines intuitions antérieures, parfois fort anciennes, étaient exactes, d'autres, qui ont pourtant pu faire autorité, ne l'étaient absolument pas.

Les propos sont clairs et vivants, ils ne se limitent pas à des généralités tout en évitant d'entrer dans des détails inutiles au non-spécialiste. En outre, les illustrations complètent efficacement le texte.

J'ai été particulièrement intéressé par tout ce qui a trait à l'inné : nous naissons avec une structure cérébrale et tout un outillage conceptuel hérités de l'évolution et la plasticité du cerveau, bien que grande, n'est que relative. En outre, pour certaines fonctions, cette plasticité n'est que de courte durée, ce qui fait tout l'importance des apprentissages précoces.

Bien évidemment, Stanislas Dehaene approfondit particulièrement les mécanismes d'apprentissage.

Il fait aussi régulièrement le parallèle avec l'état de l'art en Intelligence Artificielle, montrant que si les progrès sont rapides dans ce domaine, la route est encore très longue avant que des dispositifs aient des aptitudes comparables à celles du cerveau d'un jeune enfant.

Les cent dernières pages intitulées "Les quatre piliers de l'apprentissage" montre les mécanismes dont un enseignement doit tirer parti pour être pleinement efficace. Il ne s'agit pas d'une méthode d'enseignement mais les différentes méthodes d'enseignement devraient en tirer tout le parti possible.
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Apprendre à lire : Des sciences cognitives à la..

Un véritable outil de travail pour éclairer notre regard sur les apprenants.
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Apprendre !

Une lecture qui m'a tenue mobilisée un certain temps, car elle m'a demandé beaucoup d'attention et de concentration.

Avec cet ouvrage, vous apprendrez comment apprend votre cerveau depuis la prime enfance.

Le chapitre de la théorie de l'apprentissage m'a parut laborieux, mais ensuite les thématiques sur le fonctionnement du cerveau sont très intéressantes.

Vous ne verrez plus votre bébé de la même façon! De la naissance et tout au long de l'âge adulte, le cerveau travaille, se façonne, se refaçonne, se recycle.

Et pour optimiser l'apprentissage, il vous faut respecter les quatre piliers de l'apprentissage que sont l'attention, l'engagement actif, le retour sur erreur et la consolidations des savoirs.
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Apprendre !

Un ouvrage passionnant sur le cerveau de l'Homme et sa manière d'apprendre. Les comparaisons avec les "réseaux de neurones artificiels" (autrement dit les machines) ne font que mettre en évidence à quel point ce cerveau humain est fabuleux.

Les avancées des neurosciences en ce domaines sont très clairement explicitées et étayées de schémas , et de nombreuses expériences sont relayées.

On en ressort désireux de faire danser ses neurones et celui de nos enfants dont la plasticité cérébrale permet tant d'espoirs...
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Apprendre à lire : Des sciences cognitives à la..

L'important, d'abord, est de ne pas se laisser rebuter par ce titre barbare ... parce que ce petite livre (à peine 150 pages, dont une cinquantaine d'annexes, et écrit de façon très lisible) a vraiment pour ambition de vulgariser les connaissances scientifiques sur l'apprentissage de la lecture auprès du plus grand nombre, et surtout auprès des parents et des enseignants des écoles primaires.



Au cours des dernières décennies, la science s'est beaucoup penchée sur le fonctionnement de notre cerveau, et également sur la façon dont notre cerveau "apprend" à lire, puisque la lecture, contrairement au langage oral, n'est pas une compétence naturelle de notre cerveau. En d'autres termes, un enfant apprendra spontanément à parler simplement en étant en contact de personnes qui parlent, alors que la lecture devra être apprise avec effort, de manière consciente et organisée ...



En quelques pages, l'auteur (ou plutôt les auteurs, parce qu'il s'agit d'un ouvrage collectif) explique donc les mécanismes de la lecture et de son apprentissage, les spécifités de la langue française, et expose la façon dont le cerveau est le plus à même d'apprendre, ainsi que les expérimentations qui ont été menées en France ou dans d'autres pays. Le but étant d'informer les parents curieux, mais aussi de faire le point des connaissances pour aider les enseignants (qui ne sont malheureusement pas ou peu informés sur le sujet pendant leur formation) à être plus efficaces et plus conscients des capacités de leurs élèves. L'idéal étant, bien sûr, de faire prendre conscience de la nécessité de réformer et d'harmoniser les pratiques d'apprentissages de la lecture pour tous les élèves, afin de limiter les échecs qui mènent à l'analphabétisation ou aux difficultés de lecture d'une partie de la population.



J'ai vraiment été interpellée par ce livre, et j'invite tous les curieux et toutes mes amies enseignantes à le lire d'urgence si ce n'est pas déjà fait ... c'est fou le nombre de choses que l'on y apprend, comme celle-ci, par exemple : en maternelle, il est naturel que les enfants n'arrivent pas à distinguer le p et le q, ou le b et le d, parce que notre cerveau est conçu pour reconnaître comme identiques des formes vues en miroir ... il faudra donc que l'enfant désapprenne cette capacité à reconnaître un même objet vu sous plusieurs angles pour être capable de voir que le p et le q sont deux lettres distinctes ...



Pour ma part, je pense que je vais essayer de me procurer l'ouvrage de référence écrit par le même auteur sur la lecture, intitulé Les Neurones de la lecture, et qui fait apparemment référence dans le domaine ! Et j'espère vraiment vous avoir donné envie d'y jeter un oeil !
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La plus belle histoire de l'intelligence

Livre assez accessible mais surtout très intéressant. Il s'agit d'une véritable histoire de l'évolution de l'intelligence humaine avec en comparaison permanente avec ce que l'on nomme de façon fort abusive l' « intelligence artificielle ». Il s'agit aussi de comprendre la future place de l'homme dans ce monde sans cesse augmenté, son cerveau incroyable lui a jusqu'ici permis de s'adapter aux technologies, outils, qu'il a lui-même construits et qui peuvent être de plus en plus autonomes, proches... Homo Sapiens est probablement seulement un maillon de la lente ou rapide évolution de l'humanité.



Ce livre pose plein de questionnements, donne des réponses à certains, laisse les interrogations comme autant de plaisirs ou d'angoisses à (se)procurer.



Si vous le trouvez relativement vite, lisez-le. Il date de 2018 et vu l'explosivité des évolutions, il risque de rapidement n'être plus qu'un maillon de l'histoire des livres sur l' « intelligence ».
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C3RV34U

Personne n’en doute, le cerveau est bien l’organe le plus complexe de l’être humain. Le catalogue de la nouvelle exposition permanente « Neuroludique » de la Cité des Sciences propose à chacun de découvrir comment son cerveau fonctionne au travers de multiples situations concrètes. Un contenu synthétique et didactique, de multiples expériences à comprendre ou à faire, une iconographie exceptionnelle, des auteurs éminents spécialistes, bref ce livre est bien LE document sur le cerveau à acquérir !

Virginie, toquée du doc
Lien : http://www.cite-sciences.fr/..
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Apprendre à lire : Des sciences cognitives à la..

Un résumé très pédagogique de tout ce que les neuro-sciences ont découvert sur la lecture et le cerveau fait de ce livre un petit précis très précieux, qui nous prend pour des gens intelligents !

Voilà pour la première partie. Puis on entre dans la 2e et là, on tombe dans le rabâchage : qui est au fait des sciences de l'éducation au sujet de la lecture peut vous le résumer aussi.
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Les neurones de la lecture

Les principaux domaines de recherche de Stanislas Dehaene concernent les bases cérébrales de l'arithmétique et de la numération, la lecture et la conscience, thématiques qu'il explore au moyen d'expériences de psychologie cognitive et par l'imagerie cérébrale (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, magnétoencéphalographie et électroencéphalographie).

Pour les parents et professionnels que cette thématique intéresse,

écoutez l'émission de François Bunel, "Le grand entretien" du 22 février 2012:



http://www.franceinter.fr/emission-le-grand-entretien-stanislas-dehaene

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Le code de la conscience

Je ne saurais dire ce qui m'a le plus fascinée dans et / ou autour de ce livre :



- La fluidité « communicationnelle » de Monsieur Dehaene, tant dans ses livres, que dans les vidéos de ses cours donnés au Collège de France ;



- Sa culture et son accès conscient et volontaire (à volonté???) à cette culture personnelle, extra-personnelle, péri-personnelle... aux potentialités littéralement enivrantes ;



- Le « sujet »-même de ce livre, si tant est qu'il puisse être circonscrit (ce que Monsieur Dehaene a magistralement mis en œuvre dans ce livre), en perpétuel questionnement ;



- La construction-même de ce livre qui ouvre constamment de nouvelles voies en directions de chemins de pensées à la fois « connus » et « inconnus » ;



- La transposition en langage parlé (écrit, devrais-je plutôt noter ici) d'un cheminement de pensées à la fois scientifique, philosophique, « culturel » aux sens largeS du terme, expérimental... mis à l'épreuve de la « conscience », de l' « intuition » et de la « roue libre » de l'inconscient en direction de toutes potentialités ;



- …



- Tout ce que je suis incapable de traduire en mots ;



- Le titillement de mes « spiritualités questionneuses » (pour reprendre l'expression, tellement parlante, découverte entre les pages d'un livre d'Hubert Reeves) à la soif insatiable ;



- Et enfin et SURTOUT, toutes les nouvelles « potentialités » personnelles de chemins de pensées qui vont s'ouvrir à moi, un jour où l'autre (ou peut-être pas), que cette lecture aura pimentées de nouvelles saveurs.



Je dirai juste une seule chose : dommage que ce livre soit emprunté et qu'il ne puisse rester physiquement dans ma bibliothèque personnelle. Quoique...



… La multitude exponentielle de questionnements et de réflexions qu'a suscitées (et suscitera certainement encore longtemps) en moi la lecture de ce livre fera qu'il aura toujours une place particulière dans ma « bibliothèque mentale » (mon problème en étant l'accès à volonté). Vous en trouverez une tentative d'exemple (peu fructueuse dans sa traduction en mots, désolée) en suivant ce lien vers ma page Facebook personnelle (https://www.facebook.com/notes/carole-bouchut/%C3%A0-partir-de-la-lecture-du-livre-de-stanislas-dehaene-le-code-de-la-conscience/10156704186934506/ ), à propos d'une citation extraite du chapitre « L'épreuve de la vérité » (page 278) pour Babelio (https://www.babelio.com/auteur/Stanislas-Dehaene/15713/citations/1798301 ).



Pour conclure cet avis qui n'en ai pas un, je me permets juste de reprendre les mots-mêmes de Monsieur Dehaene (il sait si bien mettre les choses en forme) : « je vous invite à présent à un voyage aux frontières de la science », et je vous souhaite à tous, bonnes routes.
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Apprendre !

Que de chemin parcouru depuis les premiers IRM de cerveaux. Apprendre de Stanislas Dehaene nous le fait découvrir, mais aussi que les neurosciences sont aujourd'hui connectées à de nombreuses autres disciplines avec lesquelles elles interagissent pour leur faire faire, à toutes, des progrès considérables. Comme si le connais toi toi-même de Socrate devenait encore plus d'actualité au regard des besoins de la programmation, en particulier.

Comme son nom l'indique, le livre est aussi orienté vers les applications de ces nouvelles connaissances sur l'apprentissage et l'éducation, et permet en particulier de resituer avec des arguments fondés beaucoup de discours existant sur le sujet. On sent surtout au travers de ces pages un pan de connaissance en construction, en émulation, réjouissant.

Cadeau de mes parents, ce livre a été une excellente surprise et m'a au final beaucoup appris ce qui est, n'ayons pas peur des mots, une excellente mise en abîme de son contenu.
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Apprendre !

Apprendre ! Le talent du cerveau, le défi des machines a été publié chez Odile Jacob en 2018. Il y a 380 pages, réparties en trois grandes parties et dix chapitres.



La première partie concerne l'acte d'apprendre ; "qu'est-ce qu'apprendre ?". La seconde partie s'intéresse à la façon dont le cerveau fait : "comment notre cerveau apprend". Enfin, la troisième partie est consacrée au quatre piliers de l'apprentissage.



J'ai lu ce livre relativement vite. C'est passionnant. J'aime beaucoup suivre les cours de Stanislas Dehaene au Collège de France, via les vidéos. La lecture est facile et plaisante malgré l'utilisation, à certains moments, d'un vocabulaire technique.



J'ai surtout apprécié la partie finale du livre sur l'enseignement et les "quatre piliers de l'apprentissage". Ainsi, Dehaene montre qu'un bon apprentissage est celui qui se fonde sur l'attention, l'engagement actif, le retour sur erreur et la consolidation.



L'auteur se demande ce que c'est apprendre. Il s'interroge sur le système de neurones et explique que le cerveau humain a encore une longueur d'avance sur la machine. Pour les fans de Sherlock Holmes, Dehaene lui fait un petit clin d’œil à la page 88 lorsqu'il parle de la logique d'Aristote.



Le propos n'est ni général, ni trop détaillé. Il remet un peu en place le système scolaire français, sans doute à juste titre, en montrant, étude à l'appui, que certaines formes de connaissance (comme la lecture et les sciences) sont en baisses en France.



Dehaene explique que pour apprendre efficacement le mieux est la "répétition programmée" (par exemple apprendre un texte un peu 15 mn par jour, puis une semaine après, un mois et enfin tous les ans). Il explique que cette façon de faire est beaucoup plus efficace que d'apprendre pendant 2h d'un coup un texte. Celui qui va apprendre pendant 2h un texte un soir pour le lendemain aura beaucoup moins de chance de s'en rappeler sur le long terme, alors que celui qui apprend progressivement et consolide son apprentissage par la suite aura bien plus de chance de le retenir sur le long terme.



Pour les jeunes aussi qui râlent sur leurs parents (vous savez ceux qui ne veulent pas les laisser dormir) Dehaene explique que c'est naturel de se coucher plus tard et se lever plus tard. C'est juste lié à la puberté. Il finit donc par dire de laisser donc dormir les enfants le matin, car c'est tout à fait normal et pas du tout de la fainéantise ou de la mauvaise volonté.



Ce livre est très riche et évidemment j'encourage à le lire.
Lien : http://le-cours-du-temps.ove..
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Les neurones de la lecture

Voici un livre que j'avais déjà lu, il y a 10 ans lors de mes études. Alors je ne sais pas si c'est le faite que je ne sois plus dans l'objectif étude, mais ce livre m'a paru très dense. On trouve des informations très intéressantes, mais parfois trop détaillées. En voici quelques-unes :



"C'est le centre de notre rétine, La fovéa, qui nous permet de reconnaître les détails des lettres, puis nous devons déplacer notre regard sur la page, afin d' identifier à chaque pause de l'œil, un mot ou deux. La chaîne de lettre doit être constitué avant d'être reconnue.



Tout se passe après dans la région occipito-temporale gauche qui reconnaît la forme visuelle des mots. Elle distribue des informations visuelles à de nombreuses régions réparties dans tout l'hémisphère gauche, qui sont impliquées à des degrés divers dans la représentation du sens, de la sonorité et de l'articulation des mots. Cette région est la seule à s'activer uniquement pour les mots écrits, pas pour les mots parlés, sans toutefois appartenir aux régions visuelles de bas niveau. Elle analyse donc les images et signale si il y a des lettres et de quelles lettres il s'agit. Puis ces informations vont dans d'autres régions du cerveau qui elles, se chargeront de décoder en sons et en sens.



On apprend également que quelque soit le sens de la lecture c'est toujours cette même région dont on a besoin nous lisons donc tous avec le même circuit cérébral.



La lecture active une aire occipito-temporale reproductible, toujours située entre les réponses aux visage et les réponses aux objets.



En Turquie, on apprend un «taksi », l'exemple de ce pays qui, en l'espace d'un an, a adopté l'alphabet latin, simplifié son orthographe, et appris à lire à 3 millions de personnes, nous montre qu'il est possible de réformer avec succès.

Une forte simplification s'impose. Nous la devons à nos enfants qui perdent des centaines d'heures à ce jeu cruel, et dont certains ne sortiront pas indemnes , stigmatisés à vie par la dyslexie ou simplement parce qu'ils sont issus de familles défavorisées ou multilingues, qui sont les premières victimes de notre orthographe archaïque.



Même si les deux hémisphères hébergent des compétences pour la reconnaissance des mots et des visages, l'hémisphère gauche présente un biais important pour la lecture et le droit pour les visages. Lire et reconnaître un visage sont des opérations tellement différentes que notre système visuel ne peut pas se contenter de mécanismes génériques de traitement d'images. Sitôt passées les toutes premières étapes, des mécanismes spécialisés se mettent en œuvre.



L'épais réseau de connexions du corps calleux joue donc un rôle essentiel dans l'invariance spatiale de la lecture. Les lettres qui atterrissent à droite du point de fixation entrent dans l'hémisphère gauche et n'ont pas beaucoup de trajet à faire: elles contactent la région de la forme visuelle des mots très directement, par le biais de connexions courtes et internes à la région occipito-temporale gauche. Les lettres de gauche, par contre, contactent d'abord l'hémisphère droit et doivent ensuite être transférées via un laborieux parcours à travers le corps calleux. Sans doute cette trajectoire compliquée explique-t-elle, au moins en partie, le fait que la lecture, même chez un lecteur au cerveau intact est plus lente et entachée d'erreurs lorsque les mots sont présentés du côté gauche que lorsqu'ils apparaissent du côté droit.



Chaque personne, en apprenant à lire, acquiert des détecteurs neuronaux ajustés à la langue qu'elle maîtrise.

La lecture débute dans le pôle occipital, siège des représentations visuelles précoces. Puis l'activation bascule en faveur de l'hémisphère gauche, où elle demeure restreinte à la région occipito-temporale ventrale. Puis, c'est l'explosion : l'activité envahit une vaste portion des deux lobes temporaux, dans ces régions supérieure moyenne et inférieur. Puis elle étend son emprise au sein de l'hémisphère gauche.

Chez le bébé, le planum temporal est déjà activé par la parole dans l'hémisphère gauche dès les tout premiers mois de vie. Très cette région apprend à prêter attention aux sons pertinents, et à négliger ceux qui ne seront pas utiles dans la langue.

La région occipito-temporale ne s'intéresse qu'aux chaînes de lettres. Aussi diminue-t-elle d'activité dès que les mots se ressemblent sur le plan visuel (par exemple chasseur–chasse), même s'ils n'ont aucun rapport au niveau du sens (par exemple menteur–menthe), et elle ne change pas d'activité en réponse à des synonymes tels que sofa–canapé. Inversement, la région temporale moyenne ne s'intéresse qu'au sens des mots. Et diminue donc d'activité pour sofa–canapé, ainsi que pour chasseur–chasse, mais pas lorsqu'il n'y a qu'une relation superficielle, de type menteur–menthe, entre les mots présentés.

Le mascaret fournit une excellente métaphore de la manière dont un mot, écrit ou parlé, accède à son sens. Entre un mot significatif comme « fromage » et un mot inconnu comme «plicate", seule change la taille du raz-de-marée qu'ils sont capables de susciter, leur capacité de déferler plus ou moins loin dans nos circuits cérébraux. Un mot connu entre en résonance avec les réseaux du lobe du lobe temporal, et il fait vibrer, comme une puissante déferlante, les millions de neurones qui lui sont associés, jusque dans les régions les plus distante du cortex ; alors qu'un mot inconnu, même s'il franchit avec succès les toutes premières étapes de l'analyse visuelle, ne trouve pas d'écho cortical, et la vague de potentiels d'action qu'il suscite se brise en une écume neuronale incohérente.



Ce n'est pas notre cerveau qui a évolué pour l'écriture, mais bien l'écriture qui s'est adaptée à notre cerveau.



Selon le modèle du recyclage neuronal, l'écriture s'ancre progressivement dans le cerveau de l'apprenti lecteur. Elle doit y trouver sa place optimale au sein de circuits déjà fonctionnels, mais dont la fonction demande à être minimalement reconvertie. Un processus de « tâtonnement cérébral », qui reproduit en quelques années les essais et erreurs qui ont ponctué l'évolution culturelle millénaire de l'écriture, doit donc se produire dans les circuits visuels et linguistiques de l'enfant. La lecture devrait progressivement converger vers la région occipito-temporale gauche, dont on devrait pouvoir suivre, au fil des mois, la spécialisation progressive pour l'écrit et l'interconnexion avec les autres régions temporales, pariétales et frontales.

Apprendre à lire n'est possible que parce que le cerveau de l'enfant contient déjà, dans une large mesure, les structures neuronales appropriées. Le développement linguistique et visuel de l'enfant, avant même qu'il n'apprenne à lire, joue donc un rôle essentiel dans la bonne préparation du cerveau à la lecture.

L'apprentissage de la lecture, en envahissant des circuits neuronaux dédiés à un autre usage, pourrait nous faire perdre certaines capacités cognitives héritées de notre évolution.



Le contour global des mots ne joue pratiquement aucun rôle dans la lecture. La reconnaissance visuelle des mots ne repose pas sur une appréhension globale de son contour, mais sur sa décomposition en éléments simples, les lettres et les graphèmes. La région corticale de la forme visuelle des mots traite toutes les lettres du mot en parallèle, ce qui historiquement, est responsable de l'impression de lecture globale. Mais l'immédiateté de la lecture n'est qu'une illusion, suscitée par l'extrême automatisation de ses étapes, qui se déroulent en dehors de notre conscience.

La méthode globale est plus facile pour l'enfant, dûment au départ. Mais cela n'est vrai que pour les 20 ou 30 premiers mots. L'identification des lettres et des graphèmes demande initialement plus d'efforts, mais les bénéfices en sont vite évidents.



Le cerveau des enfants dyslexiques présente plusieurs anomalies caractéristiques : l'anatomie du lobe temporal est désorganisée, sa connectivité est altérée, son activation au cours de la lecture est insuffisante. Une forte composante génétique est impliquée et quatre gènes de susceptibilité ont été identifiés. On soupçonne qu'ils affectent la mise en place des neurones du cortex temporal au cours de la grossesse.

Pratiquement toutes les études d'imagerie cérébrale de la dyslexie retrouvent une sous activation de la région temporale postérieure gauche chez les dyslexiques. Une autre anomalie est également fréquente : chez les dyslexiques, le cortex frontal inférieur gauche est fréquemment sur activé pendant la lecture ou d'autres tâches phonologiques. Tout se passe comme si, en compensation de l'activité trop faible des régions postérieures de décodage, le cerveau s'engageait dans une tentative de lecture volontaire, contrôlée et consciente, quoique souvent infructueuse.

L'une des fonctions associées à la région temporale latérale est le traitement des informations phonologiques du langage parlé. Une anomalie très précoce dans la mise en place de ces réseaux neuronaux expliquerait les troubles phonologiques observés chez les dyslexiques et les enfants à risque dès la première année de vie. Elle entraînerait des difficultés disproportionnées de la conscience phonémique, et donc d'apprentissage du code alphabétique. Ces difficultés phonologiques, à leur tour, empêcheraient la région occipito-temporale ventrale, siège de la forme visuelle des mots, d'acquérir son expertise, d'où la seconde sous activation observée à ce niveau.

La division et la migration des neurones sont des étapes critiques pour la bonne formation du cerveau, c'est à cet instant que le cerveau du fœtus est le plus sensible aux agents pathogènes tels que l'alcool, par exemple. Or, chez les dyslexiques, la migration neuronale semble altérée. Les neurones ne seraient jamais parvenus jusqu'à leur cible.

Dans le cas de la lecture, la clé de voûte semble être la migration harmonieuse des neurones corticaux vers la région temporale gauche et leur mise en connexion avec les régions visuelles et linguistiques.



Seule la fluidité de la lecture continue de gêner ces enfants : après rééducation, ils savent lire, mais avec lenteur. Cet écart résiduel pourrait être simplement dû à leur moindre expérience : par rapport aux autres enfants, il leur manque plusieurs années d'expérience de la lecture. Passées les premières années, on apprend à lire… En lisant ! Il faut donc que ces enfants continuent à lire encore et encore, afin d' enrichir le vocabulaire visuel de graphèmes, de morphèmes et de mots.

Pour parvenir à lire, l'enfant devra apprendre à inhiber la généralisation par symétrie : il faudra cesser de voir les B et D comme un seul et même objet, vu sous des angles différents. Ce désapprentissage constitue une étape difficile pour l'enfant, et il se peut qu'il pose des problèmes insurmontables à certains enfants dyslexiques."



Une mine d'informations mais difficile à engloutir et à digérer.

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À la recherche de la vie intérieure

Dans la vidéo ci-dessous, Patrice Van Eersel nous explique comment lui est venue l’idée de cette formidable enquête sur la vie intérieure en essayant de comprendre ce qu’elle est réellement.



Durant deux ans, il est parti interroger huit personnalités d’horizons divers pour connaître leur définition de la vie intérieure dans un monde où tout nous pousse à nous projeter de plus en plus à l’extérieur de nous-mêmes.



Une enrichissante enquête qui progresse au fil des dialogues nous dévoilant à travers leurs mots, leurs profondes pensées, le cheminement de chacun vers leur être intérieur. De magnifiques et surprenantes révélations.

À lire !
Lien : http://leslecturesdeflorinet..
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Apprendre !

Un livre magnifique excepté pour une chose, son illusion sur le génie de l'éducation nationale qui est absolument pitoyable! et depuis longtemps.... car on ne vous parle pas de nos parents dont le bras gauche était attaché une année sur deux pour les obligés à écrire de la main droite, du laxisme à notre génération qui a laissé tombé toute morale et toute discipline à l'école pour manipuler au profit des enfants d'enseignants titulaires les orientations, de la diminution épouvantable du baccalauréat... hélas moi qui étai si contente d'ouvrir se lire écrit enfin par quelqu'un que j'avais vu sur You Tube raccorder les étapes de Maria Montessori, avec la plasticité du cerveau des neurologues, et je m'étais dit génial enfin... mais hélas.. l'auteur n'a pas eut à souffrir de ceux qui dans notre système éducatif ou médical abuse du pouvoir sur l'enfant, sur l'handicapé... Alors est-ce que le livre est à rejeter ? Et bien non... car dès le début, ce sont les capacités étonnantes de quelques très jeunes handicapés qui ont quand même ouvert cet esprit assez obscure pour nié en bloque les pénibles tourments que nous font subir nos enseignants, nos infirmières... dans la réalité tout n'est pas aussi rose... Il faut lire avec méfiance... va-t-il vouloir lui aussi branché les handicapés sur ordinateur... là on commence à se le demander, même si au début du livre il signale que si nous ne sommes pas branché dès la naissance, c'est pour pouvoir apprendre... alors oui, je m'n fait une promesse, même si cela m'en coûte, à cause de tant d'éloge immérité sur des enseignants, qui passent tant de temps à leur loisirs, surtout les instits... et si j'en connais et qu'ils osent se prétendre expert en matière d'éducation alors que 90 % d'entre eux n'ont jamais ouvert un seul livre sur la pédagogie... et leurs journées pédagogiques ne sont que des perfectionnements sur leur matière, ma mère a été estomaqué de cela quand elle a tenter le CAPES... et l'excuse c'est qu'on prévoir en Aout des journées obligatoires hors programmes pour nos enfants en fonction du loisir que veut faire le prof à son travail... des profs de sport ne sachant pas monter à cheval qui se font payé des cours d'équitation.... en démolissant la réputation de la cavalière de la famille... oui, je peux vous le dire, c'est du vécu... mais pour ce que j'ai vue des recherches de cet personne, franchement, parents, même écoeurés par un tel discours, lisez jusqu'au bout, car je vous le garantie la vision des périodes sensibles ( mots déjà utilisés par Maria Montessori, docteur en médecine, et pourtant trop discrédité par des enseignants de la petite enfance en maternelle, ceux qui devraient ce sentir les plus concernés par ses théories, quand par égoïsme, on veut être dans e déni, on ne li même pas les livres qui concernent notre profession, même pas quand on a toutes les vacances scolaires, pour pouvoir exercer son pouvoir sur les autres... et empêcher votre enfant de choisir sa voie et de s'en donner les moyens... tout le problème est là.... mais les recherches de cet auteur, dont il sera question plus loin dans le livre sont je le dis intéressante, car il relit les recherches sur la plasticité du cerveau et les périodes sensibles dont nous parle Maria Montessori... et du fait que si on n'apprend pas jeune.... le cerveau perd en plasticité! Malgré son apologie de l'Education Nationale, ce chercheur est sans doute celui qui démontre l'efficacité de l'école Montessori... mais la science est toujours faites de paradoxes... faut-il donc s'étonner... on veut souvent prouver son contraire et on en démontre l'inverse! Et le bon point de cet auteur c'est qu'il veut réconcilier le système éducatif avec les neurosciences... si c'est dans le livre et les vidéos sur You Tube... tant que l'on ne branche pas les gens à des ordinateurs comme le veulent trop des technocrates avides d'argent et de technologie en s'appuyant sur du juridiques et des pseudos libertés cela me va... mais je dois dire qu'il me faudra hélas de nombreuses pauses et du temps avant d'arriver à la fin du livre... même si par des vidéos je connais déjà les conclusions de l'auteur.... qui n'a pas assez souffert pour comprendre certaines choses, c'est une évidence!



A lire de Maria Montessori : l'Enfant, de l'enfant à l'adolescent

De Charlotte Poussin : Montessori de la naissance à 3 ans, Apprends-moi à faire seul, Montessori de 6 à 12 ans

De Marie Hélène Place : 60 activités Montessori pour mon bébé

D'Ëve Herrmann 100 activités d'éveil Montessori

L'intérêt de la série des livres chez Nathan sur les fiches d'activités c'est que dès que c'est possible, ils essaient de faire les expériences avec du matériel courant chez vous ou dans un magasin de bricolage.. mais ce n'est pas toujours possible... Mais comme votre enfant est particulier, il faudra faire le tri surtout en fonction de ces intérêts personnels... dès qu'on sort un peu à la fois des programmes officiels et de ce qui est nécessaire pour faire un citoyen qui s'intègre parfaitement dans la société... il faudra donc être vigilant sur les choix... et ne pas vouloir forcément tout faire...

Pour les enfants les plus jeunes : la planète terre, la montagne, les animaux en danger dès 3 ans ( Ma baby encyclopédie Larousse), le monde ( mes tous premiers docs, Milan 2-4 ans)

Plus complet : les mini guides découvertes de la Geste, assez complet pour les jeunes ( 4/8 ans!) ( surtouts sur les bords de mer, mais pas seulement!

Les livres des collections mes p'tites questions (la microbes, la biodiversité, les abeilles, les insectes, les coquillages, la Terre la vie l'univers,

La collection chez Fleurus idéal pour les exposés même si on préférera Milan pour les observations : la météo, les fourmis, les animaux disparus, les animaux en danger, les animaux étranges, les animaux d'Australie)

Et ce n'est qu'une partie des volumes de ces collections...

B.D. : pour les très jeunes : les amusez avec le Marsupilami

Une collection parfaite pour devenir pour chaque sujet un bon amateur la série pour les adolescents ( mais qui aidera aussi les adultes) Copain chez Milan : par exemple : Copain de la Nature, Copain de l'écologie, Copain des Chevaux, Copain du jardin, Copain des sciences, Copain de l'Astronomie, Copain de la Planète, Copain des petites bêtes, ce sont les plus complets pour possédé un sujet en amateur!

Pour les jeunes et adultes : Hubert Reeves explique ( les océans, la forêt, la biodiversité), et Silence cela pousse!

B.D. pour adulte : Tropiques toxiques et Algues vertes l'histoire interdite

Adultes : Hubert Reeves Mal de Terre, la Terre vue du coeur, la plus belle histoire du monde (collectif )

Michel Serres : le Contrat naturel

Samuel Alisson : Evolution, écologie et pandémie

En plus de tous les livres de déterminations que vous pourrez trouver dont : le petit guide du bord de mer ( First, Cécile Carbonnier)

- Frédéric Jiguet : 100 oiseaux de l'hiver, 100 oiseaux rares et menacés de France, 100 oiseaux des Parc et des Jardins

.... pour les ouvrages les plus accessibles....
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À la recherche de la vie intérieure

Je n'ai donné à ce livre que la note de 3,5 car il est gâché par les interviews de "croyants" qui récitent leur bréviaire ou font référence à leur "bible" et ne répondent pas à la question qui est : "qu'est-ce que la vie intérieure?



Autant les réponses de Christophe André, Stanislas Dehaene et surtout Christian Bobin en fin d'ouvrage, sont éclairantes sur le sujet; autant les réponses de Catherine Dolto ou Annick de Souzelle sont décevantes.

Dolto ne récite que son bréviaire psychanalytique, cherchant de "causes" dans le passé de chacun, dans ses rapports avec ses parents; là où l'on attend une définition, une description de ce qu'est la vie intérieure.

De même De Souzelle utilise l'espace de parole qui lui est donné pour décrire sa vie. Là n'est pas non plus le sujet.



Heureusement qu'il y a les autres intervenants qui eux, ne font pas du "hors sujet".



Bien que l'auteur, dans l'écriture des "intermèdes" explique l'importance pour lui de la psychanalyse et de ses échanges avec ses amis psychanalystes, sa conclusion dans l'épilogue m'a paru très pertinente.

Il explique à quel point la vie intérieure est importante et que son manque ne peut que "faire souffrir" ceux qui en manque, que ce soit les prisonniers mais surtout tout un chacun quand la fin de sa vie approche.

Je fais aussi mienne l'idée que la vie religieuse est une sorte de facilité face à une vie intérieure "personnelle".



J'ai donc bien aimé ce livre oubliant ses "faiblesses" et ne gardant que sa "force"
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