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Critiques de Stéphane Lambert (32)
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Monet, impressions de l'étang

HOMMAGE AU PEINTRE DE L'IMPERMANENCE



Monet et son "Impression soleil levant", que l'on peut voir au musée Marmottan à Paris donna, qui peut l'oublier, son nom à ce jeune mouvement d'alors - c'était en 1874 -, l'Impressionnisme. Par dérision d'un critique n'ayant rien compris.



En 1918, bien de l'eau et des Cathédrales (de Rouen) avaient coulé sous les ponts de la notoriété. Il en avait récolté une solide et même éternelle amitié : celle du "Tigre", le fameux Georges Clémenceau, autrement surnommé "Père la Victoire", en ces lendemains de la pire hécatombe militaire et civile de l'histoire du monde (à cette date...).



Monet en conçut de grandes émotions, un grand bouleversement intérieur et, déjà, se profilait ce vaste mouvement pacifiste qui perdurera chez nous jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale (parfois pour le pire, encore hélas). C'est ainsi qu'il eu l'idée, largement soutenue par son ami homme d'État, de ces panneaux décoratifs que l'on connaît désormais sous ce nom presque magique de "Les Nymphéas", visibles dans leur magnifique écrin du musée de l'Orangerie, à deux pas d'un des hauts-lieux du pouvoir républicain : le Palais Bourbon.



L'ouvrage de Stéphane Lambert est bref, c'est une évidence. Fruit d'une version remaniée d'une fiction radiophonique diffusée sur France Culture, elle évoque, en puisant pour une large part au sein des magnifiques correspondances entre Monet et Clémenceau, ces quelques années de fin de vie du grand peintre de l'impermanence et de la nuance.

Ce «Monet, impressions de l'étang» nous parle avant tout des innombrables doutes du maître quant à son propre art, de ses sautes d'humeur, de sa souffrance physique et, plus que tout, de ses terribles problèmes de vue (une cataracte qu'il ne voudra soigner qu'à demi). On y croise aussi Blanche, épouse de son fils, devenue sa plus fidèle amie au décès de ce dernier, son plus patient soutien. On entrevoit aussi son médecin ophtalmologue, Coutela, qui nous parle de la difficulté à soigner un tel têtu et irascible patient !



Bien sûr, tout cela est un peu rapide, un peu trop dans la surface des choses, mais le texte est ravissant, vif, délicat, mobile et plein de nuances : on s'y laisse charmer, envoûter, comme à l'admiration infinie, éperdue, de ces fameuses incroyables "Décorations" que sont les immenses nymphéas. Dès lors, ne boudons pas notre humble plaisir et laissons encore, pour quelques doux instants, ces brèves pages nous emporter vers les rives lointaines de ce passé mythique de Giverny, de son peintre surdoué et de son grand ami.
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Nicolas de Staël : Le vertige et la foi

La couverture est une photographie en noir et blanc. En arrière plan le châssis d'une toile de dos. En premier plan, absorbant tout l'espace, Nicolas de Staël de pied, habillé avec chic, fixe l'objectif. Il me regarde et son regard me met mal à l'aise. Voici la raison bien dérisoire qui m'a fait choisir ce livre qui retrace certains moments de la vie de cet artiste sans pourtant être une biographie. L'auteur propose deux parties bien distinctes. Dans la première, Nicolas de Staël revient seul de nuit en voiture de Paris vers Antibes après avoir assisté à deux concerts une semaine avant son suicide. Dans la deuxième, Stéphane Lambert suit les pas de l'artiste à Bruxelles, dans le Sud de la France, dans son dernier atelier, visite le cimetière de Montrouge où il est enterré. S'interroge sur les influences, sur ses différents voyages - notamment celui au Maroc dans les années 30, sur les rapprochements possibles avec l'oeuvre de Rothko.

Autant j'ai été sensible au début de ce livre où l'auteur laisse divaguer son imagination pour nous proposer ce qu'ont pu être les dernières heures de Nicolas de Staël avant son acte fatal, autant la deuxième partie a été laborieuse. Le sujet central glisse lentement du peintre à une introspection de l'auteur qui perçoit ce qu'il tente d'analyser à travers ses propres souvenirs. A la fin de l'ouvrage, Stéphane Lambert avoue même : "Les livres ne sont jamais, contrairement à ce que certains tentent de faire croire, des blocs opaques, séparés de la vie de ceux qui les écrivent. Ce que l'auteur vit parallèlement à l'écriture du livre nourrit le livre, de même que le sujet du livre oriente notre manière de vivre au moment où nous l'écrivons."
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Mark Rothko, rêver de ne pas être

Un titre qui est déjà un condensé du propos de l'auteur. N'y ajoutons aucune autre connotation shakespearienne ou freudienne...

Envie et curiosité pour ce livre, venues de la lecture d'un autre, et du même auteur : "Nicolas de Staël, le vertige et la foi". C'est par cette autre porte, l'oeuvre de Mark Rothko, qu'on peut se frayer un passage dans l'univers de Stéphane Lambert, dont la maison écriture aime accueillir les artistes. Dans les deux cas les textes sont courts et denses. Dans les deux cas, l'auteur se met dans les pas de celui dont l'oeuvre l'intéresse, pour se trouver face à lui-même - du moins c'est mon interprétation ; c'est donc un voyage, doublé d'une quête plus personnelle, qui est proposé au lecteur et, pour y parvenir, Stéphane Lambert ne lésine pas sur les moyens, ou ne craint pas les déplacements, si vous préférez. Saut de l'Atlantique, de Daugavpils en Lettonie (ex Dvinsk dans l'empire russe, ville natale de Mark Rothko) à Houston, retour à Londres, va et vient entre l'Europe et l'Amérique : il est de ceux qui vous enlève, Stéphane Lambert, et vous dépose là où bon lui semble, mais avec lui, point d'ennui, je vous le garantis.



De par la forme et la manière, ni totalement biographique, ni vraiment documentaire - pas non plus d'histoire de l'art en vue -, s'impose plutôt l'idée d'un cheminement auprès de l'oeuvre, résolument pensé, édifié des propres émotions de son auteur, compressant la vie de l'artiste, autour de l'essentiel : la dissolution de l'image dans l'oeuvre de Rothko métaphore de son propre effacement (il s'est suicidé en 1970). De cette forme littéraire inclassable surgit la figure et l'art de Mark Rothko. Une exploration intime et presque méditative de Stéphane Lambert dans un style - parfois direct quand il s'adresse au peintre, ou plus introspectif -, avec des mots qui s'entrechoquent jusqu'à ce que le point de contact recherché avec l'oeuvre, et avec lui-même, ait trouvé son territoire. C'est à la chapelle oecuménique de Houston, construite pour recevoir quatorze panneaux monochromes d' "humeurs sombres" peints entre 1964 et 1967, que ce rendez-vous de très haute intensité a lieu. Il ne peut laisser indifférent.

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Nicolas de Staël : Le vertige et la foi

« Coloriste raffiné mais plasticien audacieux », quelques mots d'une piètre notice - celle accompagnant le nom de Nicolas de Staël (1914-1955) au cimetière de Montrouge - peuvent susciter l'écriture d'un livre, confie Stephane Lambert (p. 86). Et parmi les mots qu'a choisis l'écrivain pour nous parler du peintre, certains ont marqué ma lecture : « Plus on est soi et plus on est seul » (p.38), sont de ceux là. le genre d'énigme en forme d'évidence qui, bizarrement, soulève la curiosité, s'agissant d'un peintre dont les gris et les bleus m'avaient conduite au Havre en 2014. Mais c'est le choc devant le rouge, « l'hémorragie » du « Grand Concert », (conservé au musée d'Antibes) qui a donné ces magnifiques pages.



Un peintre, une oeuvre, un écrivain. Ici, Nicolas de Staël évoqué par Stéphane Lambert. Pour ce qui est du titre et de son vertige, ma mémoire de lectrice était restée sur un beau précédent danois, celui de Paul Gauguin, (Bertrand Leclair, le Vertige danois de Paul Gauguin) ; un autre superbe moment de lecture m'avait été donné par Jean-Paul Kauffmannt évoquant Delacroix et la chapelle des Saints-Anges, à Saint-Sulpice, où le peintre s'était mesuré pendant sept ans à un mur (Jean Paul Kauffmann, La Lutte avec l'Ange) ; il existe également un Combat avec L'Ange, pour De Staël, écrit par son ami Guy Dumur (2009), c'est peut-être d'un même combat que veut parler Stéphane Lambert ?



Ce texte n'a rien d'une biographie, même si l'essentiel de la vie du peintre s'y trouve consigné, de Saint-Petersbourg à Bruxelles, de l'Espagne et du Maroc à la Sicile, de Paris et de New- York à Antibes. « Trait d'union entre l'essai et la fiction », avertit en préambule l'écrivain bruxellois. Vraiment très réussi. Si peinture et littérature utilisent parfois un vocabulaire commun et font souvent bon ménage, l'écriture de Stéphane Lambert retentit ici d'un supplément de résonances, nouvelles, très singulières, débordant le champ abstraction/figuration où De Staël détestait être enfermé ; vision subjective, musicale, qui assume même l'hypothèse d'un chemin plus sacré pour comprendre l'oeuvre du peintre. Essai composé en deux parties, peut-être comme les deux concerts, Schönberg-Webern, que Nicolas de Staël vient d'entendre à Paris sous la direction de Boulez, peu avant son suicide le 16 mars 1955. Leurs titres empruntent à la création musicale : « La nuit désaccordée », se fait l'écho des dissonances, des doutes de l'artiste - et plus encore, puisqu'il a annoncé « être perdu » avant de quitter Paris - alors qu'il regagne Antibes par la nationale 7 ; tandis que « La nuit transfigurée », (titre d'une oeuvre écrite par Arnold Schönberg, en 1899, à l'âge de 26 ans), est une réflexion sur la création artistique, élargie à l'ensemble de l'oeuvre du peintre : paysages, natures-mortes et cathédrales, compositions, où s'enracinent selon lui, « le vertige et la foi », et où intervient la mise en parallèle très convaincante avec l'oeuvre de Marc Rothko (1903-1970).



Des mots qui donnent à entendre (on peut le dire) différemment le « Grand Concert », dernière oeuvre exécutée par Nicolas de Staël et réputée inachevée. L'essai interroge, presque métaphysiquement, le geste créateur de l'artiste, sa fièvre, ses tourments et ses inquiétudes, au moment exact où serait née cette oeuvre, alors que la vie semble déjà l'avoir quitté. Il est poutant au faîte de la reconnaissance ; il a à peine quarante ans, vit séparé de sa famille, brûle encore du souvenir de Jeannine Guillou morte prématurément, elle-même peintre et rencontrée au Maroc en 1937. Une dernière passion, devenue impossible, avec Jeanne Mathieu, le dévore. De la tension extrême où l'instinct de destruction le dispute sans cesse au feu de la création, surgit cette « partition désenchantée », splendide, à laquelle la démesure d'une ultime toile (3,50 m de hauteur et 6 m de long) et la beauté ténébreuse et aristocratique de son créateur ont prêté leur dimension tragique.



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Fraternelle mélancolie - Melville-Hawthorne, ..

En finissant le premier tome de Monsieur Melville de Victor-Lévy Beaulieu, je me suis arrêtée dans ma lecture sur l'amitié « problématique » qui avait existé entre Herman Melville et Nathaniel Hawthorne. Pour en savoir un peu plus sur ce noeud émotif, j'ai emprunté à la bibliothèque municipale un livre qui me semblait creuser un peu plus le sujet. Fraternelle mélancolie s'attache donc à retracer la genèse de cette amitié d'écrivain née lors d'une promenade au Monument Mountain dans le Massachussets, le 5 août 1850 plus exactement. Plusieurs rencontres auront lieu durant les mois suivants, les deux hommes résidant non loin l'un de l'autre. Mais l'entente prendra fin brutalement après une année, sans que l'on en connaisse les raisons profondes.

« En écrivant sur eux, je joue avec la vie d'autrui. » Stéphane Lambert n'arrive donc pas à soulever le voile sur cette faillite amicale, Melville ayant détruit les lettres reçues de Hawthorne, ne laissant à la postérité que ses dix lettres adressées à Hawthorne, sa correspondance avec la famille Hawthorne (épouse et fils) et autres destinataires. « (…) le strict inventaire des faits dans cette histoire correspondrait à la description d'un fragment de momie endommagée par le temps. »

Il ne reste que spéculations d'exégètes et transpositions hasardeuses avec lesquelles l'auteur joue avec prudence. Son intérêt sensible et son affiliation avec les affres existentielles ressenties par les deux écrivains constituent l'essence de cet ouvrage fort bien écrit, à la hauteur du sujet abordé.

Je reprends la lecture-fiction concoctée par VLB là où je l'avais laissée, sur les ailes de l'imagination fertile de son auteur, nourrie par son admiration infinie envers Herman Melville.

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Monet, impressions de l'étang

Blanche, Monet et Clemenceau, le docteur Coutela.

Courte variation romanesque à quatre personnages qui, pour cette raison de brièveté, frustrera peut-être certains lecteurs. Elle a été inspirée à Stéphane Lambert par la correspondance entre Clemenceau et son ami Monet et construite autour de la naissance du projet des Nymphéas. Brièveté, celui d'un reflet ou d'un éclat lumineux. Le vieux peintre barbu affligé d'une double cataracte et le Tigre moustachu opiniâtre : moments de brouilles et de complicités, peinture et méditation au bord de l'eau pour un dernier projet un peu fou. 1914, la perte de son fils Jean, la guerre ; le vide se fait autour de Monet en proie au doute. Il vit retiré à Giverny dans la crainte de se faire opérer les yeux auprès de Blanche Hoschedé sa belle-fille, elle-même peintre. Au moment de l'armistice en 1918, il décide d'offrir des panneaux décoratifs à la France, en symbole de paix, sur lesquels il va travailler, malgré sa vue affaiblie, jusqu'à sa mort le 5 décembre 1926. L'ensemble constitué sera finalement beaucoup plus vaste. Les Nymphéas orneront plusieurs salles de l'Orangerie pour, selon les voeux du peintre, donner cette "illusion d'un tout sans fin, d'une onde sans horizon et sans rivage", grâce à la ténacité de son vieil ami de plus de trente ans, Clemenceau, qui les inaugurera en 1927.





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Une histoire d'amour

C'est l'histoire d'un homme, d'une femme et d'un jeune écrivain qui vient troubler l'homme. Le style particulier choisi par l’auteur fait ressortir les émotions d’une manière inhabituelle. Je vous recommande chaleureusement de découvrir Stéphane Lambert, un auteur belge qui mériterait bien davantage de commentaires sur Babelio !



Je continue mon voyage au pays des Lambert. Après avoir évoqué Karine, Gernot et Christophe dans de précédents billets, me voici à vous présenter Stéphane. Comme souvent chez les Lambert, il a des homonymes. J'ai relevé un Stéphane Lambert français, auteur d'ouvrages techniques, mais celui qui nous occupe ici est belge. "Une histoire d'amour" est l'un de ses premiers romans. Fort actif en littérature, ses derniers ouvrages sont plutôt des écrits sur l'art, comme par exemple "Être moi, toujours plus fort. Les paysages intérieurs de Léon Spilliaert", publié en 2020 (et que j'ai bien envie de lire pour me consoler de ne pas pouvoir aller visiter l'exposition qui se tient actuellement au Musée d'Orsay).



En dépit de mon irrépressible penchant pour le bavardage, je ne vous en dirai pas plus sur l’intrigue que ce que la quatrième de couverture en dévoile. Le thème, je pense, n’est pas d’une extrême originalité, mais il n’est pas non plus fréquemment traité.



Ce qui me pousse ici à vous recommander ce roman, c’est le style adopté par l’auteur pour raconter une relation entre des personnes. Il nomme ses personnages « l’homme », « la femme » et « le jeune écrivain »; jamais nous ne connaîtrons leurs prénoms, nous saurons simplement que le prénom de l’homme déplaît au jeune écrivain. Cela donne au texte un air de documentaire animalier (« la femelle », « le mâle dominant », …). L’effet est amusant tout en faisant paradoxalement bien ressortir les émotions. En particulier, comme s’il était un chercheur observant des sujets d’expérience, l’auteur met bien en évidence comment on peut être une victime aveugle de ses sentiments. Le ton pourrait paraître léger, mais le thème est sérieux et les portraits sont emplis de finesse. C’est ce décalage original qui m’a procuré un fort agréable plaisir de lecture. Je reconnais que l’effet de style pourrait lasser. Mais le livre se limite à moins de 200 pages, ce qui évite cette lassitude potentielle.



Mathématicien, je connais les dangers de l’extrapolation, mais sur base de ce seul livre que j’ai lu de Stéphane Lambert, je vous recommande l’honorer de vos commentaires sur Babelio ! Je le garde personnellement en bonne place sur pile, en compagnie de nos excellents auteurs belges.
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Mark Rothko, rêver de ne pas être

J'ai A-DO-RE ce livre car l'écriture poétique, que dis-je, l'écriture artistique, m'a fait toucher encore plus près, avec des mots (!), l'oeuvre de ce peintre inclassable qu'est Rothko. Moi qui n'y connaît rien en art moderne, j'ai vibré en découvrant les toiles de ce maître à la Tate Modern Gallery de Londres... Et encore plus à la lecture de ce petit essai, prêté par mon amie Christine.
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L'apocalypse heureuse

Peut on parler d’équité entre le lecteur et l’écrivain. Pourquoi le lecteur lit, pourquoi l’auteur écrit. A t on des réponses à ces questions, même si nous ne sommes que nous mêmes lorsque nous nous posons la question.



Pour Stéphane Lambert, écrire semble avoir été salutaire ainsi qu’il l’écrit et cela le prit assez tôt. Ayant vécu péniblement enfance et adolescence il espéra diluer ses souffrances en écrivant. Accessoirement via le partage et les résonances de ces écrits en chacun d’entre nous, apporta t il sa contribution au mieux être de l’humanité.

Quoique.



Stéphane Lambert s’en retourne donc sur les traces de son passé et évidemment de son enfance, non pas à la recherche du temps perdu mais de ce temps toujours présent qui a amputé son avenir de ce qu’il aurait pu être. S’il avait su ne pas fuir, mieux regarder et tenté de résoudre les problèmes une fois ceux ci posés. Ecrire pour décrire, ne suffit pas.



Un père manquant de consistance, maladif et probablement ne s’aimant pas. Une mère ayant cru en un avenir radieux avec cet homme puis se rendant compte de ses insuffisances. Elle l’abandonne pour à peine mieux que lui.

Ce couple parental défaillant est incapable de protéger le petit Stéphane d’un ami pédophile. Pire, ils ne reconnaissent aucune responsabilité dans ce manque de protection. Et alors !, discours du père. Il fallait en parler discours de la mère qui savait.

Manque d’amour faisant le lit de la dépression, manque de protection faisant celui de l’angoisse, l’écriture a t elle suffi, suffira t elle.



Non, d’autant que de son récit autobiographique, Stéphane Lambert zappe des pans entiers de son histoire. Qu’en est il des lignées familiales à peine évoquées d’où les parents ont eux mêmes tiré leur insuffisance. Qu’en est il de son homosexualité et de son acceptation ou non par lui même, la famille et son environnement. Nous ne le saurons pas. Sur les agressions pédophiles, presque rien. Et autres éléments de vie occultés par un auteur se focalisant sur des scènes de vie certes marquantes mais n’expliquant pas tout.



Je reviens sur le quoique.



En fin de livre l’auteur résume le cheminement humain du début jusqu’à sa fin supposée, émergence de la lignée humaine, dispersion sur l’ensemble du globe terrestre et apparition d’une multitude d’ethnies puis mondialisation médias communications etc., jusqu’à la fonte de cette diversité en une masse indifférenciée. L’ogre que nous étions devenus était en train de se dévorer. Nous étions arrivés au bout de notre cycle, nous ne produisions plus que notre anéantissement.



On peut voir les choses autrement. Avec la multiplicité des échanges, les progrès s’accélérèrent et permirent à l’homme d’accéder à d’autres horizons de plus en plus lointains, au delà des étoiles. D’autant que cela était nécessaire.



Moins déprimant, une phrase de la fin, bien qu’on ne sache par quel tour de passe passe l’auteur en est arrivé là : face au passage du temps, j’avais retrouvé le goût d’être là.



En somme, un auteur courant après un passé qu’il n’a pas su dépasser.



Nul n’est prisonnier de son histoire. L’écriture est une porte en effet mais il faut savoir l’affranchir.
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Nicolas de Staël : La peinture comme un feu

Si un jour vous avez été fasciné par une toile de Nicolas de Staël, quelle que soit sa période de création, vous aimerez ce livre d’art.

Pour ma part, je sui tombée en amour, comme disent les québécois, au détour d’une exposition qui se tenait à la Fondation Gianada à Martigny en Suisse, il y a une quinzaine d’années ?

Un artiste toujours en quête, un destin hors du commun, une personnalité flamboyante, une vie trop courte. Stéphane Lambert met bien en valeur les facettes de cet homme, aussi bien personnelles qu’artistiques. Il nous fait découvrir le cheminement de Nicolas de Staël selon les périodes de sa vie personnelle, ses rencontres intellectuelles, ou amoureuses, et les met en parallèle avec son évolution artistique. L’ouvrage est documenté de planches savamment présentées.

A admirer sans modération !

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L'apocalypse heureuse

Livre bouleversant d'une rare délicatesse et justesse où l'auteur est parvenu à évoquer sans tomber dans le pathos les enjeux de sa vie, arrivé à l'âge médian de la vie, ses rapports difficiles avec sa famille, son partenaire, son père, son passé d'enfant abusé sexuellement. Le livre est très émouvant et jamais ennuyeux. Il évoque évoque ce à quoi tout un chacun est confronté et conte un récit universel, comment aller vers la lumière même si la route est sinueuse et dure. Les évocations de la Grèce ainsi que les retrouvailles avec le père que l'auteur n'avait plus vu pendant 20 ans sont particulièrement émouvantes et fortes. Aussi, contrairement à ce que laisse entendre la quatrième de couverture, le livre est bien plus qu'un récit d'une victime d'actes pédophiliques. Il s'agit d'un livre fort qui laisse une trace indélébile au lecteur. Je recommande aussi les ouvrages de l'auteur sur les artistes qui sont dans la même veine, toujours sur le fil de l'émotion. Je m'étonne donc un peu des commentaires précédents qui semblent considérer le livre sans grands égards alors qu'il s'agit d'un livre de premier plan à mon sens.
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L'apocalypse heureuse

La désolation et la dévastation peuvent elles générer et créer de la beauté ?

Telle est l’ambiguïté de ce roman et l'originalité de son titre.

Devenir adulte, c'est parfois faire la paix et régler ses comptes avec l'enfant que nous étions. Mais c'est également accepter de vivre avec ses blessures et surtout commencer à s'aimer.

Le narrateur entreprend au fil des pages une introspection et une psychothérapie afin d'exorciser ses démons et les fantômes de son passé . L'écriture devient un exutoire et un chemin spirituel pour le narrateur qui tend à s’élever vers la lumière et le plus beau.

Stéphane LAMBERT s'engage dans un périple douloureux mais nécessaire afin de pouvoir avancer.

Tous les traumatismes de son enfance sont abordés : l'abus dont il a été victime, la séparation de ses parents, ses relations avec ces derniers, la rupture et la réconciliation avec son père, ses amours...

Roman assez court mais avec des phrases très longues qui s'apparente plus à une réflexion sur la vie et la manière de vivre de manière apaisée avec ses fêlures qu'à un roman.

C'est un livre qui fait réfléchir mais qui ne sera pas un grand coup de cœur pour moi.

Merci à Babelio et aux éditions Arléa de m'avoir permis de découvrir ce roman et son auteur.
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L'apocalypse heureuse

Très beau livre, très émouvant et très maîtrisé. L'auteur, en proie aux affres de la crise du milieu de vie ainsi qu'il la nomme, explore son enfance et les séismes vécus durant cette enfance, qui l'ont marqué définitivement au plus profond de son être.

Courage et authenticité pour revivre, à la lumière de qui il est aujourd'hui, les blessures originelles. Il partage avec nous sa riche vie intérieure et intime sans jamais aller trop loin.

Beaucoup de scènes fortes, très visuelles, qui nous entraînent d'emblée dans son histoire. Grâce à son style tout à fait particulier fait à la fois de descriptions détaillées, très précises, patiemment déroulées et d'une immense poésie délicate et en lien avec la Transcendance.

Vivement un prochain rendez-vous avec lui dans quelques années pour la suite ... si l'envie lui en prend évidemment.
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L'apocalypse heureuse

L'apocalypse, c'est le résultat d'une enfance traumatisante qui a construit un adulte miné par une peur envahissante. La peur de devenir aussi insignifiant que ses parents, la peur de ne jamais guérir de ses déchirures et avec elles, la peur de mourir tourmenté.

Il porte en lui des reproches envers son père et sa mère, qui le minent depuis des années. C'est d'abord leur silence face aux abus sexuels qu'il a subit à l'âge de 10 ans, puis c'est leur séparation qui finit de briser son enfance.

Et pour survivre à ce sentiment d'abandon, décidant qu' « écrire c'est agir », il devient écrivain.

Mais avec la mort proche de son père, il comprend qu'on ne guérit pas de ses traumatismes en se construisant sur des reproches. Car « le passé n'est pas un temps fini mais une racine où continue de germer d'autres histoires ».

Alors il pardonne et il retrouve le goût de vivre.

Ce récit très personnel et presque philosophique, n'est pas si heureux que le titre l'annonce. Si j'ai trouvé que l'idée que « nous nous formons de ce qui nous malmène » est une façon positive de dépasser nos blessures, penser que le but d'une vie soit de « regarder la mort en souriant » est, par contre, une vision assez déprimante.

Avec ce questionnement existentiel et au sortir de ce livre, l'auteur semble avoir pansé ses plaies et trouvé l'apaisement dans sa vie. Mais je n'en ressors que perturbée par cette voie qu'il emprunte et qui ne sera pas la mienne. Être en paix avec sa propre mort ne me semble pas une fin en soi.

Contrairement à l'auteur, je crois encore en l'avenir de l'Humanité et je ne peux pas adhérer à cette pensée : « nous étions arrivés au bout de notre cycle : nous ne produisions plus que notre anéantissement ». Cette analyse de notre société me semble très pessimiste et, au final, j'ai trouvé ce roman bien sombre.

A lire pour l'intérêt de la réflexion mais en gardant une indispensable distance.

Merci à Babelio et aux éditions Arléa pour ce livre reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique.
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Mon corps mis à nu

Le récit de Stéphane Lambert est, à bien des égards, un étrange objet du désir. En prenant son propre corps comme support autobiographique, il nous convie à une sublimation à travers la violence intérieure contenue dans l’écriture. Cette sublimation relève, ici, de la prise de conscience de la chair (en réalité, de la viande), de son expression (le corps), de son instrument (le pénis), de son énergie (la sexualité), de ses pannes (la maladie, le SIDA en particulier). Et de cette sexualité qualifiée depuis longtemps comme déviante, Stéphane Lambert fait le récit ; il rend le lecteur complice de ses éveils successifs et de leur conclusion (la rencontre de celui qui compte, celui qui aime et qu’on aime). Mais, avant cet état de grâce, que de doutes morbides par rapport à cette enveloppe charnelle, tout juste tolérée : maigreur, faiblesse, rachitisme, transparence, monstruosité. Oui, monstrueux car hors des normes, loin des stéréotypes de son époque. Ce corps est comme celui des modèles d’Egon Schiele auquel l’auteur consacre quelques lignes. De même, il évoque le choc esthétique que fut « L’École du Parnasse » (Musée d’Orsay) du peintre belge Jean Delville. Cette œuvre symboliste est peuplée de corps adolescents à la chevelure blond vénitien, des corps neutres, des androgynes, prisonniers d’un jeu d’arabesques sensuelles. Ainsi l’écrivain nous livre sa dette aux arts plastiques, à un mouvement plastique souvent décrit comme décadent.

Par son thème, ce texte est d’une grande contemporanéité car il rend au corps masculin et à sa nudité, une place désertée depuis longtemps.

Par son style, par sa structure même (cinq chapitres très ramassés et constellés de textes courts), « Mon corps mis à nu » est un récit exigeant qui, malgré son propos, n’est pas un brûlot militant, ni un plaidoyer pour la tolérance, mais plutôt un parcours initiatique. Par ce fait, chaque homme y retrouvera un peu de son vécu, qu’il soit gay ou straight.

Je me suis souvenu, lors de la lecture, d’une chanson de Mac Almond, adaptée d’Aznavour : « Tell me if you can what makes a man a man ».

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Monet, impressions de l'étang

Alors que la grande guerre s’achève et qu’une double cataracte met en danger sa vue, Claude Monet s’attaque à son ultime œuvre : les Nymphéas qu’il souhaite offrir à la France par le truchement de son ami Clémenceau.

Par un jeu choral, Stéphane Lambert donne à entendre les voix du peintre, de sa belle-fille et du Tigre entre l’atelier et l’étang de Giverny. Il émane de ce court récit la tension d’une course contre la montre entre la création et la vie. Dommage qu’il soit amoindri par un procédé narratif et un style un peu plat.

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L'apocalypse heureuse

L'écriture est très particulière, les phrases sont longues (parfois une page entière !), mais passée la surprise première, on s'y habitue.

Ce livre autobiographique (jusqu'à quel point?) ne laisse pas indifférent. L'évolution des sentiments et des émotions de l'auteur, à l'aube de la mort de son père, est vraiment intéressante. J'ai bien aimé lire le point de vue psychologique et la réflexion que l'auteur a sur lui-même, a posteriori. Son évolution sur des années est vraiment intéressante, et amène à réfléchir sur nos propres émotions et sentiments, nos propres réactions face aux évènements de notre enfance.
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L'apocalypse heureuse

Au départ, je n'étais pas très enthousiaste à lire ce livre qu'un ami m'a vivement recommandé. Je m'en faisais une idée totalement erronée. Mais cela a été une très heureuse surprise (pour reprendre l'idée du titre). C'est un récit autobiographique, mais c'est surtout un livre magistral où l'auteur parvient à partir de sa propre histoire à élargir le cadre et à donner une dimension universelle à tout ce qu'il raconte. Il ne faut surtout pas se méprendre par rapport à ce qu'indique le texte de présentation. L'abus qu'a subi l'auteur dans son enfance n'est pas le coeur du livre, c'est un livre sur la manière dont on parvient à traverser les crises qui nous constituent. Sans faux-semblant l'auteur parvient à éclairer la part obscure de l'existence. Il donne une force poétique à son regard lucide. Son écriture est belle et précise. Et cela nous met en joie. On sort de ce livre ému avec le sentiment d'être moins seul dans sa solitude. Je recommande chaudement cette lecture.
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L'apocalypse heureuse

L'Apocalypse heureuse fera vibrer la corde intime du lecteur entre tendresse et désespérance, revigorant l'empathie pour l'enfant desamparé qui prend forme en l'adulte que nous sommes. D'une grande sensibilité, l'auteur fait preuve de sa capacité extraordinaire à décrire avec finesse et désinvolture ses vécus intérieurs, les détails du trauma causé par le prédateur sexuel et les tiraillements des pensées solitaires d'un enfant sous le joug du manque de communication des parents de l'époque boomer. L'observation consciente du soi du passé et du présent donnera alors lieu à l'espoir d'une pulsion de vie qui, tôt ou tard, advient certainement.
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Etre moi toujours plus fort

Être toujours plus fort, de Stéphane Lambert : déjà l'auteur d'une belle et mélancolique biographie de Rothko, voilà que Stéphane Lambert dresse un portrait - fragmenté, oblique, essentiel - de ce broyeur de noir ostendais qu'était le peintre Léon Spilliaert, malheureusement trop méconnu. Idéal. (voir aussi le film Le Dos Rouge tiens, dont l'atmosphère presque lynchéenne rejoint celle de ce beau livre)
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