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Citations de Stewart O`Nan (116)


Souvent, au fil des pages collantes, enveloppées de plastique, lorsqu’elle se découvrait avec une permanente frisée ou un chemisier imprimé de couleurs bariolées, elle était frappée par la longueur de la vie, par tout le temps qui s’était écoulé, et elle aurait aimé revenir en arrière et demander pardon à ses proches, leur expliquer que maintenant elle comprenait. C’était impossible, et pourtant le désir de revivre le passé et d’être quelqu’un de différent, loin de s’émousser, s’aiguisait au contraire. Oui, Henry était un saint - un martyr même, dans ses moments les plus passifs - mais comment sa mère et son père à elle avaient-ils réussi à le supporter ? Comment avait-elle réussi à ne pas étrangler Margareth ?
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Sur la fin de leur phase houleuse, quand elle crut l’avoir perdu, ils s’étaient offert en guise d’adieu des parties de jambes en l’air tristes mais souvent sauvages, ce qui avait paru troublant et pourtant étonnamment approprié, comme si, après tant d’années, il leur fallait cette proximité physique intense pour se dire convenablement adieu. A présent, elle voulait lui rendre le même hommage.
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- Il y a quoi, là-bas ? demande Larry
- Oh, le merdier, répond le premier qui éclate de rire.
- Pour de vrai, insiste Larry […]
- C’est moche partout, y a juste des coins qui sont pires que d’autres.
- […]
- Bon, il y a quoi ?
- « Du vilain » dit le second. Il regarde Larry, comme si celui-ci connaissait la réponse, comme s’il faisait l’idiot exprès. « Tu sais, explique-t-il, la guerre ? »
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«Elles ne sont pas à toi? dit Vicki d'une voix implorante.
-Non, ce sont les photos d'un ami.
-Alors, pourquoi c'est toi qui les a?
-Il n'est pas revenu.
-Dans ce cas, pourquoi tu les gardes? Pourquoi tu ne les jettes pas? »
Elle attendait sa réponse. Larry n'en avait aucune à lui fournir, mais il ne se débarrasserait pas des photos. Elles étaient les siennes tout comme Magoo, et Andy le Futé, et Carl Metcalf étaient les siens.
«Maintenant elles sont à moi. Elles ont de l'importance pour moi.
-Je n'en veux pas sous mon toit.»
À genoux près de la malle vide, Clines feignit de ne pas écouter.
«Rien ne t'oblige à les regarder, répliqua Larry.
-Mais je ne veux pas que toi, tu les regardes. Ça fait treize ans, Larry - Treize ans! Il faut que tu arrêtes de te vautrer là-dedans.
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Mi-plage, mi-désert, ces lieux n’avaient jamais été faits pour être habités. La chaleur y était impitoyable. Contre toute attente, il faisait désormais partie de cette horde de déracinés, condamné à errer au long des boulevards, et une fois de plus il s’étonna d’être tombé si bas et de sa capacité à mesurer sa propre chute.
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Les plateaux extérieurs étaient une sorte de terrain de jeux, loin des contraintes du monde réel. Même les coups de feu sporadiques dans le lointain venaient du décor de western. C'était une aventure sans fin que de découvrir de nouveaux lieux, parce qu'il y en avait un à chaque coin de rue. New York, Paris, Rome-tous les endroits où ils étaient transportés étaient mythiques et enchantés. Ils mangeaient des sandwichs poulet-salade dans la gare d'Anna Karénine, au bacon, laitue et tomates sur les docks de Shanghai, ou bien au corned-beef grillé dans la Casbah, puis ils rentraient en se tenant par la main dans les rues dans brouillard de Whitechapel.
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Je me demande comment il peut être trop tôt pour se déclarer antifasciste...
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Si un jour il avait été chez lui quelque part, ces endroits avaient disparu, le bonheur qu'il se souvenait d'y avoir connu était aussi éphémère que les saisons.
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- Ah les hommes mariés ! Berk !
- D'habitude, tu ne te plains pas.
- Ils sont doués pour deux choses.
- Lesquelles ? s'enquit Bogie.
- Je te le dirai dès que je m'en souviendrai.
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De toutes les façons de tuer les gens, la seule qui me fait peur c'est le peloton d'exécution. Que je vous explique pourquoi. Ils sont composés de cinq personnes, le plus souvent des gardiens. Ils se tiennent derrière cet écran avec une fente dedans, et vous vous êtes sur une chaise avec une cible en tissu accrochée sur le cœur. S'ils vous ont à la bonne, ils ne veulent pas être celui qui va vous tuer. Alors ce que font les gens de l'état c'est qu'ils mettent une balle à blanc dans un des fusils. Si vous avez déjà tiré au fusil, vous savez qu'une balle à blanc ça fait moins de recul que les vraies. C'est pas comme la chaise électrique, où il y a deux interrupteurs, dont un faux. Même chose pour l'injection létale ; il y a deux boutons qui pressent le piston. Avec le peloton, on sait qui le fait.
Ce qui arrive des fois c'est que tout le monde a le condamné à la bonne, et ils tirent tous loin du cœur. C'est arrivé plein de fois dans ce pays, et encore bien plus à la guerre. Tout le monde vous tire dans le côté droit de la poitrine et vous mourez d'hémorragie pendant qu'ils rechargent. Alors c'est mieux s'ils peuvent pas vous blairer.
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Elle ne le supportait pas quand il buvait, et il buvait avec détermination.
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Ni Ginevra ni Zelda, elle n'était qu'une fille bercée par la musique sous le ciel étoilé, et il aurait voulu que ce tango ne s'arrête jamais.
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Je n’aime pas retourner chez nous. Cela m’empêche de cultiver la nostalgie, qui est dans ma nature.
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Dès qu’il entra dans la résidence Les Jardins d’Allah, il se rendit compte qu’il était déjà venu lors de son dernier voyage. C’était une variation mauresque sur un complexe typique de Los Angeles, un cube formé d’appartements donnant sur un patio intérieur. La piscine, derrière le bâtiment central, avait la forme de la mer Noire, en hommage à Yalta où était née la propriétaire précédente, une actrice aux yeux fardés au khôl qui partageait la vedette avec Rudolph Valentino, réduite aujourd’hui à louer un appartement dans son propre immeuble. Il se rappela Tallula Bankhead, perchée nue à l’extrémité du plongeoir, les lignes de son corps aussi pures que celles des statuettes métalliques qui ornent le capot des voitures, éclusant son Martini et tendant royalement le verre à son assistante avant d’exécuter un saut acrobatique, si pareille à Zelda qu’il avait ressenti douloureusement l’absence de sa femme. Il ne parvenait pas à se rappeler si Benchley ou Dorothy se trouvaient là. Peut-être. Ces années lui revenaient comme des fantômes, nappées de brouillard. Bogart s’avança en sautillant pour saluer Scott dont il serra énergiquement la main en lui décochant son célèbre sourire de mauvais garçon un peu détraqué.

« Eh bien, eh bien… Scott Fitzgerald. Vous ne vous souvenez pas de moi, n’est-ce pas?
− Désolé, dit Scott.
− Vous m’avez laissé ce souvenir. » Il tourna la tête et désigna une cicatrice blanche à la commissure de ses lèvres à peine plus longue qu’un grain de riz.
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Elle avait parcouru cette route toute sa vie, s'enfuyant de chez elle ou y revenant, rongée, chaque fois, par un sentiment de culpabilité. il était donc naturel que le paysage gardât une tonalité résiduelle et cependant, loin de se sentir poursuivie par ces vieux fantômes, elle avait l'impression d'être accueillie comme si, entre-temps, de manière imperceptible, un changement s'était opéré en elle.
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- Bon sang, dit-elle

- Quoi

- Rien.

- Tu fais ta tête contrariée.

- Je rumine.

- Il ne faut pas que tu rumines.

- Je ne le fais pas exprès, c'est plus fort que moi.

- Est - ce que tu rumineras encore quand on aura divorcé?

- Pourquoi est - ce que j'arrêterais?

- Je me disais que ça fonctionnait peut être comme la procédure de sur endettement, que tout serait pardonné.

- Navrée, il y a certaines dettes qu'il faut payer

- Ça valait le coup d essayer.

- Pas vraiment.

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C'est quoi mon autre choix, être un homme ? J'aime bien les hommes, mais je ne changerais pas pour tout l'or du monde. Pas pour rien qu'ils meurent les premiers.
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Comment convaincre quelqu’un que sa seule certitude est une erreur ?
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En amour il ne regardait pas à la dépense, quoi qu’elle en dise. Autre folle extravagance, moyennant un supplément de soixante-quinze dollars la nuit, il avait réservé une des suites nuptiales au dernier étage, avec vue sur les chutes, et, malgré la certitude de leur arrivée tardive, il avait peur que la réception n’ait perdu ou oublié leur réservation et donné leur chambre à quelqu’un d’autre.
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Ils n’étaient pas bons menteurs, ils avaient simplement peur de la vérité et de ce qu’elle était susceptible de révéler à leur sujet. Ils appartenaient à la classe moyenne, proies de la tyrannie des apparences et de ce qu’ils pouvaient se payer, ou oser, ce qui était en partie leur problème.
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