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Citations de Sylvain Prudhomme (413)


Je voudrais vivre dans un monde où les choses puisent se dire en face, la vérité s'affronter. Où chacun de nous soit assez libre et fort pour accueillir la liberté des êtres qui l'entourent.
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Chères amies, chers amis. J'espère que vous passez un bel été. Vous m'avez tous, au cours de ces dernières années, pris au moins une fois à votre bord. J'ai vos portraits à tous dans un tiroir. Vos visages sont habitués à s'y côtoyer. ..
J'ai depuis longtemps ce rêve : vous faire vous rencontrer. J'ai trouvé un point de rencontre idéal : le petit village de Camarade, dans l'Ariège. Je vous propose d'y venir ce week-end. Il fera beau. Prenez vos tentes, vos duvets, vos pulls, vos imperméables s'il pleut. Venez en stop, en camion, en camping-car, en citadine, en routière, en décapotable, en scooter, à pied, à vélo, comme vous voudrez. Apportez à boire et à manger. Et nous verrons bien ce qui arrivera. Non ?
(...)
J'ai regardé Marie. Elle était comme moi. Perdue. Grisée.
(...)
J'ai regardé tous ces hommes et ces femmes liés par lui et d'un coup je l'ai su, comme une évidence : bien sûr que non, il ne viendrait pas. Bien sûr que non il n'aurait pas un seul instant l'envie d'un tel acte_ venir se remettre au centre.
J'ai cessé de l'attendre. Je me suis laissé aller à la fête, simplement.
Folio p295
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J'ai écouté cent fois, mille fois peut-être la chanson Famous Blue Raincoat de Léonard Cohen, sa chanson la plus triste, la plus belle, en forme de lettre écrite au milieu de la nuit, fin décembre, à un ancien ami. Il est 4 heures du matin à New York, la ville dort alentour et Cohen demande à l'ancien ami des nouvelles. Veut savoir s'il va bien. Il lui dit qu'il repense à la nuit où Jane et lui ont failli partir ensemble. Il l'appelle son bourreau, son frère. Il lui dit qu'il lui pardonne. Il le remercie pour ce que Jane et lui ont vécu. Et il lui fait cette déclaration dont je ne pense pas que beaucoup de longs poèmes l'égalent en beauté, en justesse, en conscience de l'impermanence des choses de ce bas monde : je suis heureux que tu te sois trouvé sur ma route. Parole de voyageur. Parole d'habitué des routes, des carrefours, des rencontres. Parole de vrai amoureux de la vie, reconnaissant aux surprises qu'elle réserve.
Folio p292
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En réalité je me fiche un peu d'arriver où que ce soit... je fais ça pour le plaisir.
Et quand tu leur dis ça ils répondent quoi.
Il y a ceux que ça amuse. Ceux qui pensent que je bluffe. Ceux qui me prennent pour un doux dérangé. Ceux qui se disent qu'ils ont à faire à un psychopathe, j'ai ri.
Il y en a c'est vrai.
Nous nous sommes tus un instant.
Ils ne te demandent pas de descendre.
Je ne leur dis pas tout de suite. Je les laisse redémarrer. J'attends qu'ils aient quitté l'aire d'autoroute, reverrouillé les portes. Qu'ils soient de nouveau à 130 à l'heure, avec au dehors les champs qui défilent, la rambarde qui court, les panneaux bleus qui plongent à la rencontre de la voiture. Alors je leur dis la vérité. Que je suis surtout venu les voir eux. En général il y a un blanc. Je les vois qui regardent sur le GPS la durée de trajet restante, qui guettent les panneaux kilométriques indiquant la prochaine sortie. J'essaie de les rassurer. Je leur dis que je trouve admirable de m'avoir pris. Que pour moi c'est le critère suprême de l'hospitalité : être capable d'ouvrir sa portière au parfait inconnu. Ne pas craindre de se retrouver soudain à 30 cm de l'étranger dont ils ignorent s'il sera agréable, s'il partagera leurs idées, s'il sentira bon, si la présence de ses 70 kg assis là, sur le siège passager, seulement séparé d'eux par la tige du frein à main, leur sera plaisante ou les importunera. Je leur dis que je veux rencontrer un maximum de gens comme eux, capable ce geste là.
Folio p38
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Il a attrapé le livre. S'est mis à le feuilleter. Il a souri de tomber sur un passage où l'auteur comparait l'autostop à la pêche à la ligne : « même patience, même délicatesse dans le coup de poignet, même absence de brusquerie. Même joie dans les prises. » il a lu à voix hauteur : « il existe des routes à Cadillac comme des rivières à brochets.»
Nous avons ri.
Folio p36
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Je me suis demandé ce qui expliquait que je sois du côté de M. Ce qui pouvait bien faire que depuis le début je me sente son complice. Je me suis vu dans ma solitude nouvelle, face au vertige de n'avoir plus personne à qui m'adosser, attiré par cet esseulé majuscule, ce délaissé qui avait connu l'abandon le vrai. Je me suis demandé quelle vérité j'espérais qu'il me dise. j'ai songé à mon métier d'écrire. J'ai pensé que comme M. je faisais partie des êtres qui avaient un problème avec le monde, n'arrivaient pas à s'en contenter tel quel, devaient pour se le rendre habitable le triturer, le rêver autre. J'ai pensé que j'étais le frère de M. dans l'ordre des condamnés au remodelage, à la fiction. Son frère dans l'ordre des intranquilles, des insatiables, des boiteux.
(p.188)
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J'ai éprouvé de la joie. Une secrète excitation de comprendre qu'à mon insu je m'étais fait l'allié de M. J'ai eu envie de le rencontrer, de lui raconter quel extraordinaire détour avait fait le souvenir de sa mère pour vaincre l'oubli. Comme si l'attraction charnelle de Malusci et de l'Allemande s'étaient arrangé par tous les moyens pour survivre. Comme si le trop-plein de vie de leur rencontre, non content de lui avoir donné naissance, s'était débrouillé pour continuer d'engendrer des repousses jusque dans la vie des autres, cela sans que ni Malusci ni la femme du lac aient plus rien à faire. Sans qu'ils aient besoin de continuer à être physiquement là, Malusci mort à présent, l'Allemande peut-être encore vivante quelque part là-bas au bord du lac, peut-être disparue depuis longtemps elle aussi. Simplement par la force de leur histoire. Comme une pierre continue de ricocher longtemps après que la main qui l'a lancée est reournée à son immobilité.
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C'est comme si maintenant que tout était fini ils l'apercevaient mieux, pouvaient l'envisager avec recul, ramené à ses justes proportions, embrasser la trajectoire entière de sa vie, la courbe entière de leurs rapports avec lui, des décennies durant.
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«  Dehors j’ai trouvé la nuit de septembre presque tombée déjà, les rues désertes, quelques restaurants ouverts encore.
Le vent avait forci, il faisait froid. J’ai regardé les magasins aux rideaux baissés, les maisons aux fenêtres allumées ça et là, les reflets bleus et verts d’un téléviseur au plafond d’un premier étage . Par le carreau d’un rez- de -chaussée j’ai vu une famille attablée à dîner » .
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« Le temps va et vient et vire
Par jours par mois et par années .
Moi je ne sais plus que dire:
J’ai toujours même désir » ..

BERNARD DE VENTADOUR .
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I muri.
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Il y a six photos. Six instantanés pris en quelques secondes six images sur lesquelles leurs expressions se modifient d’une pose à l’autre, la détente d’un éclat de rire succédant à un instant de gravité feinte, le flou d’un mouvement immaîtrisé à plusieurs secondes de concentration soutenue. Sur toutes on sent la même émotion : le bonheur d’être ensemble, et le désir de graver ce bonheur. La conscience qu’il ne durera pas toujours. Le besoin de le fixer. D’en attester la réalité. D’en manifester la saveur, le prix. De pouvoir un jour peut-être, plus tard, se le remémorer. Comprend-on, à les regarder, ce qui arrive ? Ces choses-là se deviennent aux seules expressions des visages ?
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Tout aurait peut-être continué longtemps si un soir des habitants n'avaient repéré cette anomalie : le stade allumé, les demi-finales des championnats de football interquartiers, les navétanes battant leur plein jusqu'à minuit, tous projecteurs plein pot, pendant qu'à trois cent mètres de là les fenêtres de l'hôpital régional se trouvaient dans le noir, couveuses débranchées, blocs opératoires et réserves de médicaments abandonnés aux trente-cinq degrés ambiants. (Awa beauté)
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À Ziguinchor on ne dit pas coupure de courant. On dit pudiquement : délestage. Comme s'il ne s'agissait pas du tout d'un problème, plutôt d'un choix de raison, d'une pure décision de prudence, par souci de ménager le réseau, d'épargner aux câbles électriques l'excès de sollicitation d'une tension trop continue. Le délestage comme forme de sagesse. Refus de céder au sempiternel diktat du bon fonctionnement de tout. (Awa beauté)
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La force monstrueuse de l'habitude qui avait fini par accoutumer ses nerfs et ses pensées même aux signaux d'alarme les plus désespérants. (Souvenir de la lumière)
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Simplement les hommes et les femmes qui naissent, grandissent, désirent, deviennent adultes, aiment, n'aiment plus, renoncent à leurs rêves, au contraire s'y accrochent, vieillissent. S'en vont peu à peu, remplacé par d'autres.
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Sylvain Prudhomme
Elle le regardant avec de grands yeux tristes.

Ce fracasseur de leur vie.

Ce naufrageur de leur bonheur à tous les trois.

Se contentant probablement de répondre ces mots : je t’aime.

Je t’aime pourquoi ne restes-tu pas là tout simplement près de nous.

Pourquoi t’est-il à ce point impossible de tenir dix jours d’affilée en place.
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Simplement les hommes et les femmes qui naissent, grandissent, désirent, deviennent adultes, aiment, n'aiment plus, renoncent à leurs rêves, au contraire s'y accrochent, vieillissent. S'en vont peu à peu, remplacé par d'autres.
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J'ai réalisé qu'il ne se passerait rien. Qu'il n'y avait rien à attendre. Que toujours ainsi les semaines continueraient de passer, que le temps continuerait d'être cette lente succession d'années plus ou moins investies de projets, de désirs, d'enthousiasmes, de soirées plus ou moins vécues. De jours tantôt habités avec intensité, imagination, lumière, des jours pour ainsi dire pleins, comme on dit carton plein devant une cible bien truffée de plombs. Tantôt abandonnés de mauvais gré au soir venu trop tôt. Désertés par excès de fatigue ou de tracas. Perdus. Laissés vierges du moindre enthousiasme, de la moindre récréation, du moindre élan véritable. Jours sans souffle, concédés au soir trop tôt venu, à la nuit tombée malgré nos efforts pour différer notre défaite, et résignés alors nous marchons vers notre lit en nous jurant d'être plus rusés le lendemain - plus imaginatifs, plus éveillés, plus vivants.
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J’ai regardé la lumière du matin entrer par la fenêtre, tomber sur le parquet, y faire une grande tâche dorée. J’ai regardé la poussière que je n’avais pas vue la veille, trop pressé de me mettre au travail. Je me suis baissé pour passer le doigt sur la plinthe. Le bout de mon index s’est couvert d’une taie noire. J’ai trouvé un aspirateur dans le petit cagibi aménagé sous la cage d’escalier. Je suis descendu acheter de l’eau de Javel, du produit à vitres, de nouveaux sacs pour l’aspirateur, des éponges, une serpillière. J’ai aspiré. J’ai récuré. J’ai frotté. J’ai rincé. L’appartement s’est mis à sentir le propre.
J’ai jeté un regard à mon ordinateur ouvert depuis la veille sur la table.
J’ai pensé que je travaillerais plus tard.
Par la fenêtre à nouveau propre j’ai observé l’appartement d’en face, fenêtres ouvertes sur un petit bureau en coin, murs blancs, rayonnages garnis de livres.
J’ai pensé que ce devait être une pièce où il faisait bon travailler. Que les voisins d’en face devaient être agréables, pour aimer ainsi les livres.
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