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Critiques de Sylvain Prudhomme (477)
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L'Enfant dans le taxi

Coup de coeur pour ce très beau roman tout en délicatesse qui tourne autour de la filiation et des secrets de famille.

L'auteur explore le thème de l'amour

de façon singulière. Il y a l'amour qui décline entre Simon le narrateur et sa compagne A., un amour qui s'en va dans la douceur.

Il y a l'amour éprouvé à la fin de la guerre au bord du lac de Constance par Malusci, soldat de l'occupation, pour une jeune Allemande chez les parents de laquelle il était hébergé, un amour qui semble avoir survécu aux décennies de séparation .

Aux obsèques du grand-père Malusci, il manque un fils et Franz, le gendre , l'époux de Julie , confie le secret à son neveu, Simon. Des amours de Malusci au bord du lac de Constance est né un fils. M. dont Franz s'est rapproché. Franz et M. sont des « batards » comme 400000 enfants nés d'une mère allemande et d'un père allié.Imma la grand-mère somme Simon de ne pas aller voir M.

Puis le lecteur découvre progressivement que ce fils caché M.ne l'est finalement pas autant que cela et Simon affectivement « vacant » s'empare de l'histoire..
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Awa Beauté

J'ai toujours préféré les romans aux nouvelles.Grâce à cette nouvelle je découvre l'auteur Sylvain prudhomme. J'en suis ravi. J'ai donc décidé de partir à la découverte de sa bibliographie. Et je me demande si cette nouvelle aussi courte soit-elle ne me donne pas envie d'en découvrir d'autres. En tous les cas, en ce qui concerne celle-ci je vous la recommande fortement et je suis persuadé que vous ne serez pas déçu.
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Légende

Arles, la plaine de Crau, une discothèque dans les années 80 et un monde qui gravitait autour mêlant people et pur Camarguais, de quoi faire un film pour témoigner de cette époque.

C'est l'idée de deux amis et puis tout doucement deux frères font rejaillir cette époque par leur histoire brève, intense et atypique.

La drogue, l'homosexualité, la liberté, une histoire de famille aux multiples ramifications et la mémoire qui livre ce dont elle se souvient avant que le Sida ne balaye tout sur son passage.

Par petite touche mêlant adroitement une époque révolue et celle dont elle a accouché, l'auteur parle de nous, de ce qu'il reste de nos morts, de la place que nous leur donnons et de ce que nous faisons (ou pas) de ce qu'il nous reste de notre jeunesse.

Chaque mot est pesé, l'amitié, la nature, l'amour ... tout est juste et tellement touchant, cet auteur à l'art d'écrire à notre moi profond.
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L'Enfant dans le taxi

Une histoire d’amour dans une ferme allemande au bord du lac de Constance. Nous sommes à la fin de la seconde guerre mondiale. Une histoire d’amour entre la fermière et un soldat français.

C’est le narrateur, Simon, qui nous parle de cet amour. Qu’en connait il réellement ? Le fantasme-t-il ? Simon est écrivain. Il a déjà écrit cette histoire. Fiction ou secret de famille ?

De nos jours, l’enterrement du grand-père, la présence d’un oncle d’origine allemande vont révéler l’existence d’un enfant, d’un fils vivant au bord du lac de Constance.

Simon en instance de divorce, va essayer de reconstituer tout ce puzzle et de tirer les fils de ce secret. Simon en déconstruction familiale, va partir en quête des origines

Le tout avec tendresse et douceur.

L’écriture de Sylvain Prudhomme est faite souvent de longues phrases. Une phrase pouvant être un paragraphe, voire un chapitre. Ecriture pour dire les bouleversements que vit Simon.

Sylvain Prudhomme termine son roman par un mot : « Entre «

Une ouverture

Un espoir

Une bienveillance

Tout ce qu’est ce court roman.


Lien : http://auxventsdesmots.fr
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L'Enfant dans le taxi

C’est au décours d’un après-midi de juillet, alors que la famille revient du cimetière, alors que les vivants tentent de se convaincre que la vie continue, que le secret a surgi. L’homme dont on vient de célébrer les obsèques a caché à sa famille l’existence d’un fils, né à la fin de la guerre. Les quelques membres de la famille partageant ce secret ont gardé le silence. Mais le narrateur ne peut en rester là. Cette histoire qu’il découvre l’entraîne dans une quête personnelle, malgré les réticences, voire les injonctions familiales.



Réflexion sur ce que sont les liens du sang, sur les aberrations à long terme de la guerre, sur la difficile quête des origines et sur ce que l’omerta crée de souffrances diffuses.



Le texte est porté par une belle écriture, à la fois élégante et subtile. Un très bon cru de l’auteur, qui su mêler fiction et histoire personnelle avec délicatesse et respect pour tenter de lever les parts d’ombre au coeur du récit officiel.



224 pages Editions de Minuit 24 Août 2023


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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L'Enfant dans le taxi

Dans un roman proche de l’autofiction, Sylvain Prudhomme aborde avec sensibilité la puissance d’un secret familial.
Lien : https://www.la-croix.com/cul..
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L'Enfant dans le taxi

"Je voudrais vivre dans un monde où les choses puissent se dire en face, la vérité s'affronter. Où chacun de nous soit assez libre et fort pour accueillir la liberté des êtres qui l'entourent."



Simon, le narrateur de L’enfant dans le taxi, écrit ces mots, cette profession de foi, alors qu’il arrive presque au terme de sa quête, qui a dû se faire enquête. Il va enfin rencontrer en Allemagne, au bord du Bodensee, le lac de Constance, M. le bâtard, l’enfant caché de son grand-père, le secret qui a hanté de son silencieux fracas tous les dîners, toutes les retrouvailles familiales depuis la fin de la guerre. Secret qu’Imma, la grand-mère de Simon n’a pas voulu lever, alors même que son mari, Malusci, venait de l’emporter dans la tombe. Qu’elle a même interdit à Simon de chercher à percer.



Pour Simon, tout commence au retour du cimetière, dans ce moment de nevermore où remontent toutes les discussions qu’on n’a pas eues, toutes les questions qu’on n’a pas posées, qu’on pense définitivement enfouies sous quelques centimètres de terre. Définitivement in-humées. In humo. À moins. À moins que le regret ne soit plus fort, à moins qu’un membre de la famille qui en sait davantage ne se sente délivré par la mort du mort. Et ne commence à parler du fils caché de Malusci, conçu avec une jeune Allemande au bord du Bodensee, il y a si longtemps.



Le livre de Sylvain Prudhomme multiplie les échos, les éclats qui jaillissent du murmure étouffé de la vie, comme autant d’éruptions solaires lointaines et actuelles, qui jetteraient leurs lumières inédites et apparemment sans lendemain sur la longue histoire de la famille de Simon. Simon avance lentement sur cette terre de silences, mû par une inflexible volonté de savoir dont il ignore le ressort. Sinon qu’un fantôme prend chair peu à peu et l’appelle.



Simon doit faire face en parallèle au triste délitement de son couple. A. et lui s’aiment encore, pourtant. Ils forment encore une famille avec leurs garçons, Tom et Victor. Mais ils vont se dépacser, se partager la « garde des enfants », dans un incompréhensible je t’aime donc je te quitte, dont rien ne dit la raison, mais qui forme le fond mélancolique du roman et distille notre empathie attristée pour celui qui raconte.



Pour Simon, tout se passe comme s’il voulait chasser par avance les fantômes de la solitude qui vient, pour pouvoir enfin regarder la vérité en face. Car le monde qui fait face à la vérité n'existe pas. Seuls existent des êtres assez forts et libres pour faire advenir ce monde autour d'eux.



C’est pour la saisir au plus près, cette vérité, que Sylvain Prudhomme réinvente cette écriture arachnéenne à la fois légère et solide qui est sa marque, tissant peu à peu la toile serrée de son livre, à laquelle elle n’échappera pas.
Lien : https://desmotsenpassant.blo..
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L'Enfant dans le taxi

Un livre agréable à lire ou deux histoires s’entremêlent , l’une Simon qui vient de se séparer de son amie après vingt ans de vie ensemble et deux enfants. Séparation douce mais séparation douloureuse pour Simon . On n’en connaîtra pas les raisons et qui des deux à décider de partir.

Deuxième histoire , lors de la disparition de son grand père Simon apprend l’existence d’un fils caché que son grand père aurait eu après la guerre , pendant l’occupation de l’Allemagne, fils qu’il n’a pas voulu voir.

Simon remonte la piste et l’histoire de ce fils .

Mais de nouveau nous ne savons pas pourquoi le grand père a quitté son premier amour avec cette allemande et pourquoi il n’a jamais voulu voir son fils alors qu’il a continué à écrire à cette femme .

Un livre intéressant mais à l’arrivée beaucoup de questions sans réponse.
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L'Enfant dans le taxi

Sylvain Prudhomme publie un très beau roman sur un secret de famille exhumé par l'opiniâtreté de son personnage principal, Simon, un quadragénaire en quête de vérité et d'humanité.
Lien : https://www.francetvinfo.fr/..
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L'Enfant dans le taxi

Sylvain Prudhomme a d’abord un style : des phrases mots succèdent à celles enchevêtrées de propositions aux formules précieuses et évocatrices. Ce travail de dentellière est un régal que l’on déguste dès la lecture des premières lignes. Puis, le sens de l’intrigue happe rapidement avec une phrase de deux pages pour révéler un secret qui ne se dit toujours pas ! Ce jeu de cache-cache s’effectue pendant six pages. En chemin, il y eut un cimetière, des visages boursouflés de douleur, et un croque-mort qui se prend pour un psychologue, et enfin la colère de Simon, le narrateur.



L’enfant dans le taxi commence par la rencontre entre une fermière et un soldat français que ses parents hébergent au bord du Lac de Constance. Puis, à la suite d’un enterrement, les langues se délient à la fin de la cérémonie. Alors, plutôt que d’avoir à expliquer pourquoi le petit-fils, Simon, est venu seul, un invité s’attarde avec lui sur l’existence de M., qui devient quelques lignes plus loin, le fils allemand de Malusci, le grand-père enterré.



Au fur et à mesure que Simon doit gérer sa famille monoparentale, il s’appuie sur certains membres de la famille pour chercher les réponses à un secret que tout le monde connaît mais dont personne ne parle. Certains, même, cherchent à l’en empêcher. Mais, l’esprit libéré de Simon lui permet de se pencher sur cette histoire dont il reconnaît, lui-même, qu’il ne sait vraiment pourquoi elle l’attire.



Évidemment, l’écrivain échappe à tous les points attendus du genre. Il surprend tout le temps et jusqu’à la fin : un fils caché mais si proche, un amour pendant la guerre dont déjà l’écrivain a parlé dans un précédent roman et le narrateur découvrant sa nouvelle vie familiale.



Sylvain Prudhomme crée une partie de cache-cache littéraire menée entre le récit du ressenti de son narrateur, Simon, qui essaye de s’inventer un nouvel équilibre et la recherche d’un oncle, lointain et pourtant déjà si présent. Mais, réduire L’enfant dans le taxi à ces deux axes ne peut rendre compte de sa puissance narrative.



Sylvain Prudhomme maîtrise parfaitement les codes de l’intrigue et ceux de la fiction. Et, le court roman L’enfant dans le taxi le prouve en déplaçant un déni vers une nouvelle ouverture de la généalogie familiale quitte à en inventer tous les paragraphes !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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L'Enfant dans le taxi

Prudhomme signe un roman tout en verticalité, jusqu’au vertige, pour transformer une initiale en personne.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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L'Enfant dans le taxi

Sylvain Prudhomme signe un roman tout en verticalité, jusqu’au vertige, pour transformer une initiale en personne. Contrecarrant la fiction sur laquelle reposait le roman inachevé de cette famille, il y répond par une autre mythologie.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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L'Enfant dans le taxi

L’auteur de « Par les routes » raconte le long silence qui entourait l’existence d’un enfant, fruit des amours d’un grand-père lorsqu’il était soldat d’occupation en Allemagne.
Lien : https://www.nouvelobs.com/bi..
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L'Enfant dans le taxi

Un roman sur la puissance des liens du sang et des liens conjugaux par l’un des meilleurs écrivains de sa génération.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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L'Enfant dans le taxi

Notamment chez ce jeune homme qui était désireux de découvrir son passé, en retrouve toute la pureté auquel nous a habitué Prudhomme dans ses ouvrages précédents.

Le style de Prudhomme est toujours aussi accessible et caractéristique, tout en portant une histoire riche en émotions.
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L'Enfant dans le taxi

Un livre tendre et grave à la fois, par l'auteur des "Grands" et de "Par les routes".
Lien : https://www.lalibre.be/cultu..
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L'Enfant dans le taxi

C'est sur une scène de roman traditionnel que s'ouvre ce roman, quelque part dans une ferme d'Allemagne aux abords du lac de Constance en fin de guerre, avec le point de vue omniscient du romancier pour décrire l'histoire d'amour entre une fermière et le soldat français qu'elle héberge : «La douceur de leurs peaux. L’humidité de leurs sexes. L’énergie de leurs muscles. Le plein de toute cette vie qui bat dans leurs veines et irrigue si fort leurs corps, exulte, ne demandait que ça depuis des mois, exulter.»

Mais le point de vue se fera tout autre par la suite. Celui introspectif de Simon – peut-être en ombre portée de l'auteur, qui prend la parole et nous révèle avoir imaginé cette histoire. Il n'en sait rien à vrai dire si ça a eu lieu dans une grange, si elle était blonde ou rousse, il n'a même pas cela : « un geste familier, un éclat de rire sonore ou léger, un grain de voix, une humeur enjouée, au contraire une gravité qui n’appartenait qu’à elle ». Et pourtant elle l'a habité cette histoire, il l'a déjà écrite dans un de ses précédents livres. Tout ce qu'il sait il le tient d'une famille où ce secret était enseveli sous « quelque chose comme un ordre supérieur aux allures de glacis, chape de silence devenue invisible à force d’habitude, [...], parée de souci du prochain : si je ne t’ai rien dit c’était pour ton bien». Autant dire qu'il ne sait pas grand-chose.

Du moins il ne savait pas grand-chose. Jusqu'à l'enterrement du grand-père en question, et un oncle d'origine allemande qui va lui révéler l'existence d'un fils caché de l'ancien soldat outre-Rhin, « chaque nouvelle phrase de Franz comme une déflagration sourde que j’avais sentie se propager dans tout mon être». Là l'auteur prendra le temps d'amplifier le moment, augmentant sa résonance à coup de participe présent, de phrases s'enchaînant en paragraphes sans point ni majuscule. On peut penser au Nouveau Roman, à Claude Simon et ses participe présent de « La route des Flandres », même si c'est la route de Constance que Simon envisagera pour une mise en lumière des dénis familiaux, avant de rebondir suite à sa rupture. Une quête de secret en résonance avec soi pour un narrateur qui mesure ce que cela dit de lui, le roman finissant par dessiner avec brio des portraits en creux ou en ombre en plus de celui de Simon, la silhouette du fils caché, ou celui d'une famille touchante malgré ses dénis et ses silences.



Voilà de nouveau un très beau roman de Sylvain Prudhomme qui change de maison d'édition, de Gallimard à Minuit (même si l'une a racheté l'autre), avec des teintes un peu désuètes (et si charmantes) de Nouveau Roman et de secret. Un Sylvain Prudhomme sur le chemin singulier d'une œuvre aux accents de sincérité, avec ce roman introspectif fait de mise en relief des êtres dans leur part ombrageuse. Un (court) roman très attachant, sur le fil sensible d'une écriture intuitive et somptueuse, au final croustillant de délicatesse.



« J’ai continué plein nord et peu à peu j’ai senti que je basculais dans un autre monde. Celui des sapins, des épicéas, des forêts gorgées d’eau. Pays reculé dans les contreforts des montagnes, loin des mers. Pays auquel le brouillard allait bien. Où tout était fixe. Où les lacs et les hauts arbres reposaient immobiles dans leur écrin de vallées, et c’étaient les brumes qui tantôt les prenaient tantôt se retiraient d’eux, comme fluait et refluait la mémoire. Pays des fantômes, des souvenirs, des secrets.»

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L'Enfant dans le taxi

Il y a clairement du roman familial dans « L’Enfant dans le taxi. » Mais l’on ne saurait réduire à cette seule pratique d’écriture le dixième roman du prix Femina 2019 (« Par les routes », L’Arbalète/Gallimard). D’autres courants viennent en effet y confluer, qui inscrivent ce livre dans un bien plus vaste horizon

A elles seule, les sept pages d’ouverture proposent une saisissante illustration de cette ampleur narrative. Une scène s’y trouve restituée, qui met forcément en alerte. Dans une ferme non loin du lac de Constance, un militaire français et une jeune femme allemande cèdent à l’impatience de leur désir. Impossible de ne pas songer à Maréchal et Elsa dans « La grande illusion » : même situation, même cadre agreste du sud de l’Allemagne, même contexte chargé d’Histoire. Le troupier français de Sylvain Prudhomme n’est certes pas un évadé de la Grande guerre, à l’image du lieutenant incarné par Jean Gabin chez Jean Renoir, mais il est pareillement un homme en territoire hostile, la zone d’occupation française après 1945, nouant une relation amoureuse avec une « ennemie ». La proximité avec le film évoquant un épisode de l’autre guerre s’impose d’emblée comme une évidence. Sauf qu’au terme de cette manière de prologue se donne à lire la phrase si brève mais tellement lourde de sens : « Je ne sais pas si cette scène a eu lieu. » Autrement dit celui qui parle a laissé travailler son imagination. Et l’on sait bien que celle-ci ne fonctionne jamais ex nihilo. Les images d’un classique du cinéma forcément vu peuvent la nourrir. A moins qu’ici, plus prégnante encore, la référence soit double. C’est que dans un précédent roman, « Là, avait dit Bahi » (Gallimard, 2011), Sylvain Prudhomme avait une première fois évoqué « L’Allemande du lac de Constance », dont un vieil homme avait gardé intact le souvenir. Un certain Luciano Malusci, que l’on voit justement ici réapparaître. Qui n’est autre que le grand-père du narrateur. Qui lui-même se présente comme un écrivain. La rencontre du soldat français et de la femme allemande dans un temps de guerre entre leurs deux pays, tel un travail de retour à un texte précédent, lui-même combiné à la remémoration d’images devenues universelles : formidable zoom sur l’horlogerie fine de l’invention littéraire. Le mentir vrai s’exposant ainsi dès l’ouverture du roman.

Cela avait commencé juste après l’enterrement de ce même Malusci. Simon, le petit-fils écrivain, y avait alors appris l’existence d’un certain M., qui n’était autre que le fruit du lointain moment d’amour, presque sept décennies plus tôt, entre son aïeul et l’Allemande. Le secret avait été scrupuleusement gardé par sa respectable famille : « depuis toujours dans l’ordre des familles le crime c’est de parler, jamais de se taire. » A commencer par Imma, la grand-mère aujourd’hui âgée de quatre-vingt-quinze ans. Le roman familial s’organisait autour d’une scène primitive cachée. Mais la mort a commencé de délier les langues. Pour Simon l’inattendu changement d’éclairage du tableau dans lequel lui-même depuis toujours s’était inscrit. Sylvain Prudhomme en donne magistralement à voir le changement des contours. Au même moment Simon et A., la mère de leurs deux enfants, sont en train de se séparer. Ajoutant encore à la manière de perturbation qui soudain affecte la famille. Quand M. entre dans le champ visuel de Simon, A. commence sinon d’en sortir du moins de s’en éloigner du centre. En un mouvement contradictoire qui donne au roman sa dynamique. D’un côté le récit de sa propre vie, de l’autre celui de la quête de l’oncle inconnu, toujours vivant quelque part au bord du lac de Constance (« Ce livre est comme un livre vers lui »).

Simultanément le roman familial s’enrobe tout du long d’une multiplicité d’autres couches, qui inscrivent le récit de Sylvain Prudhomme parmi les romans les plus riches de la rentrée. Après avoir quitté l’uniforme, Luciano Malusci s’était établi avec son épouse Imma sur un grand domaine en Algérie. C’est que l’Histoire, lovée au creux de la destinée familiale, de cesse de sinuer dans ce roman. L’auteur y multiplie les références. L’enfant né dans le chaos de l’après-guerre sort alors pour Simon peu à peu des limbes. D’abord il le localise, toujours à proximité du lac de Constance, découvre son identité et celle de sa mère Liselotte (nouvel écho au film de Jean Renoir : la fillette de la paysanne allemande se prénommait Lotte, « Lotte hat blaue Augen », la phrase laborieusement répétée par Gabin et devenue culte). Plus tard il apprendra le passage de M. dans la Légion étrangère, au milieu des années 1960. Façon d’assumer la partie française de son roman familial, ou de l’inventer. M. n’avait-il pas été l’un des « 400 000 enfants allemands nés de soldats alliés », pour la plupart voués « au remodelage, à la fiction » ? L’on voit bien ici l’extraordinaire cohérence de ce texte, avec ses reprises et ses résonances. A commencer par ce titre, ouvrant sur une aventure à peine imaginable liée à la quête d’identité. La puissance de l’invention romanesque se donne en l’espèce ici à voir à son tout meilleur.

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L'Enfant dans le taxi

J'ai passé un très bon moment de lecture avec " L'enfant dans le taxi " de Sylvain Prudhomme @editionsdeminuit



J'ai bien aimé - non pas le sujet - mais la manière dont il est traité. L'écriture est très particulière, avec absence de ponctuation très souvent, ce qui donne un rythme particulier à la narration, et une certaine tension. C'est un très beau roman doux amer et touchant sur les non-dits et secrets de famille
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L'Enfant dans le taxi

Un beau roman sur la quête des origines, à l’écriture pour le moins torturée et, du coup, assez fatigante. Tout à fait dans le droit fil de l’état d’esprit du narrateur, qui vit une rupture avec sa conjointe et, en même temps, le décès de son grand-père, patriarche de la famille. Au moment des obsèques un beau-frère le met sur la piste d’un secret de famille qui se met à l’obséder et à le pousser à enquêter. A partir de là, il plonge avec finesse le lecteur dans les secrets d'une famille marquée par l'Histoire. Seul bémol, le lecteur ne saura jamais ce qui a vraiment provoqué le profond déclic et le départ de cette quête. C’est confus, plein de détours et, objectivement , je suis restée un peu sur ma faim, pas tant sur le secret lui-même, passionnant, très bien mis à jour, malgré une grand-mère récalcitrante, et avec talent, mais surtout sur le versant psychologique, qui reste énigmatique, faute d’un portrait du grand-père ouvrant une quelconque piste. Intéressant, sans plus. Mais je m‘attendais à plus, à mieux, ...
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