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Critiques de Thierry Froger (28)
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Les nuits d'Ava

De l’origine à la fin du monde



Ce qui rend le nouveau roman de Thierry Froger aussi passionnant, c’est le savoureux mélange des genres qu’il nous propose, entre biographie romancée d’Ava Gardner, enquête menée comme un thriller et besoin pour le narrateur de retrouver l’affection et la considération de sa fille.



Et si le roman de Thierry Froger était plus proche de la réalité que les biographies – officielles ou non – d’Ava Gardner? En refermant ce délicieux roman, je ne suis pas loin de répondre par l’affirmative, parce que la magie de l’écriture nous fait prendre place aux côtés de la belle brune dans ses déambulations romaines, partager ses coups de folie et, à l’image du narrateur, nous rendre tous un peu amoureux.

Nous sommes à Rome en 1958. La MGM a choisi de quitter ses studios pour tourner La Maja nue dans une réalisation d’Henry Koster. Il s’agit du dernier film dû par l’actrice au studio et qui ne laissera pas de souvenir impérissable dans la carrière de l’actrice. Dans ses Mémoires, Ava écrira du reste que «La Maja nue, meilleur titre que bon film, n’a pas été ma contribution la plus mémorable à l’art du cinéma. Il s’agit d’une biographie assez insipide du grand peintre espagnol Francisco Goya. Je jouais la duchesse d'Albe, le modèle favori de Goya». Avant d’ajouter que ce film lui a permis de faire la connaissance de Giuseppe Rotunno «dont les couleurs superbes illuminent le film de bout en bout».

Thierry Froger imagine alors que, lassée de partager ses nuits avec Anthony Franciosa – qui interprétait le rôle de Goya – Ava décide une escapade avec le chef opérateur. Poursuivis par les paparazzis, leur virée nocturne va se terminer au petit matin par un petit jeu: Rotunno est chargé de reproduire quelques grandes toiles de nus célèbres, de «de rejouer la peinture en photographie». Tâche peu aisée pour les problèmes de cadrage qu’elle posait, mais ô combien stimulante pour «les attraits qu’elle proposait à ses yeux d’homme.» Voici donc les rouleaux de pellicule imprégnés des mises en scène de La Maja desnuda de Goya, de La Vénus d’Urbino du Titien, de La Vénus au miroir de Vélasquez et de … La naissance du monde de Gustave Courbet!

Si l’alcool a désinhibé le photographe et son modèle, tous deux se rendent vite compte au réveil combien ces clichés sont explosifs. Ava fait promettre à Rotunno de les détruire, ce qu’il fera après avoir réalisé un tirage qu’il confiera à son modèle et avoir oublié un négatif dans sa chambre noire.

Jacques Pierre, le narrateur, délaisse alors ses travaux d’historien pour enquêter sur le sort des quatre clichés produits cette nuit-là. Il va alors nous entraîner d’un bout à l’autre de la planète, «de la MGM à Hughes, de Sinatra à Hoover, d’Hemingway à Castro» et constater «avec inquiétude le pouvoir vénéneux de ces images» car les convoitises qu’elles suscitent vont jusqu’à laisser quelques cadavres ici et là. Un thriller haletant qui va se doubler d’un rapprochement inattendu avec sa fille Rose. Car sa progéniture, qui vit à Rome avec un homme beaucoup plus âgé qu’elle, accepte de l’aider dans sa quête. L’occasion aussi de constater que les errances du cœur ne sont pas réservées aux stars d’Hollywood.

Avec maestria l’auteur nous fait découvrir quelques épisodes fort intéressants de l’histoire de l’art, notamment la genèse de la toile la plus célèbre de Gustave Courbet, avant de raconter la vie rêvée d’Ava – je suis persuadé que vous adorerez l’épisode de sa rencontre avec Marylin Monroe – sans oublier de nous éclairer sur les motivations de cet enquêteur passionné qui deviendra «une sorte de spécialiste d’Ava Gardner, de sa vie et de ses légendes».

C’est enlevé, drôle, documenté et follement exaltant. Il n’y a effectivement «pas de plus belle quête que celle du chasseur sans proie, traquant l’ombre d’un doute, si ridiculement suspendue soit-elle aux petites lèvres d’Ava Gardner et aux forêts obscures comme des images.»


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Les nuits d'Ava

Le professeur d'arts plastiques et artiste multi carte Thierry Froger pour son second roman ,part d'une idée aussi incroyable que réjouissante : un fil conducteur commun entre Ava Gardner et Gustave Courbet .



En effet, le récit commence l'été 1958, sur le tournage de « La Maja nue » à Rome, le dernier film qu’elle doit contractuellement à la Metro-Goldwyn-Meyer. où Ava Gardner traîne son ennui le jour et passe ses nuits dehors.



Une de ces fameuses nuits, en compagnie du chef opérateur du film, le grand Giuseppe Rotunno, qu’elle adore, Ava Gardner pose pour Rotunno, dans le plus simple appareil.



Une séance photo impromptue où la belle s’inspire des grandes peintures de la renaissance, des grands nus de l'histoire de l'art dont le plus scandaleux de tous, " L’origine du monde" de Courbet.



S'ouvre ainsi un récit intéressant en forme de puzzle, qui mélange les voix et les époques sur la thématique des icones sur l'image et sur la représentation de l'art.



Cette histoire véridique nous est racontée par le narrateur des Nuits d’Ava Jacques-Pierre qui se met en quête de retrouver ces clichés légendaires dont beaucoup parlent sans les avoir vus.



Ainsi ces deux histoires, et même trois, puisque on va s'interesser aussi aux peintures de Courbet, vont s'entremêler dans ce roman.



Elles se font écho les unes aux autres avec plusieurs fils conducteurs , l'art : le cinéma, évidemment, la photographie et la peinture.



Ces histoires se mêlent avec une grande maitrise grâce à une écriture aussi fluide que légère, pas mal d'humour et une documentation impressionnante.



Des intrigues multiples qui nous transportent à travers les époques et les continents et les célébrités de Franck Sinatra, en passant par Fidel Castro ou bien sûr Marilyn Monroe.



Un récit captivant à la poursuite d’Ava Gardner à la frontière du réel et du fantasme, déroutant et fascinant.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Et pourtant ils existent

Les lieux sont variés : Paris, Madrid, Ibiza, Albi, et d'autres. Les époques sont multiples : de l'assassinat de Jaurès à nos jours en passant par la guerre d'Espagne entre franquistes et anarchistes. Un chapitre par personnage. Et des personnages il y en a. On se dit, on va se perdre dans tout ça ! c'est trop. Et pourtant... c'est fait avec un talent si louable que peu à peu, l'histoire se met en place, on comprend qui et où et pourquoi. A force d'avancer dans cette lecture, on jubile de comprendre les liens. L'auteur fait presque honneur à notre sens de la synthèse et de la compréhension en nous invitant à ne pas seulement lire pour lire. C'est un livre pas commun : "y'en a pas un sur cent, et pourtant ils existent" (les anarchistes - Léo Ferré).
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Et pourtant ils existent

Je vais devoir faire fonctionner ma mémoire car j’ai lu ce roman au mois d’aout et Thierry Froger est loin d’avoir écrit une intrigue conventionnelle.



La construction est très intéressante, composée de plusieurs fils narratifs à plusieurs époques, qui s'enchaînent et se répondent.



Il y a Florentin Bordes, combattant durant la guerre d’Espagne. Il y a sa famille qui se construit sur le mythe de cet homme. Il y a Raoul Villain, l’assassin de Jean Jaurés.



Tout cela est très cohérent, très bien écrit mais comme j’étais partie en pensant lire un roman sur la guerre civile espagnole, période qui m’intéresse depuis longtemps, j’ai été un peu frustrée.



Le sujet est plutôt celui de la mémoire, comment la place d’un homme dans la grande histoire peut être mis en scène et impacter les générations suivantes.



On le sait, entrer dans un livre avec des attentes particulières est souvent source de petites désillusions.
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Les nuits d'Ava

28 juin 1995, Jacques Pierre, quarante-sept ans, tombe sur un article du journal Libération au titre accrocheur et provocateur : « La comtesse au cul nu », en écho au film où joua Ava Gardner « La comtesse aux pieds nus. » L’homme a toujours éprouvé une fascination pour la sublime et tumultueuse actrice américaine. Adolescent, il remplissait des cahiers entiers de ses photos découpées dans des magazines…



L’affaire, réalité ou légende, est saisissante. Août 1958, sur le tournage de « La Maja nue » à Rome, Ava Gardner traîne son ennui le jour et passe ses nuits dehors. L’intrigue du film – la rencontre et la relation entre le peintre Francisco de Goya et sa muse la duchesse d’Albe – la passionne guère, elle qui s’impatiente de recouvrer sa liberté… enfin… puisque ce film est le dernier qu’elle doit à la Metro-Goldwyn-Meyer. Heureusement, le chef opérateur – responsable des prises de vues – n’est autre que le grand Giuseppe Rotunno, qu’elle adore. Une nuit, Ava et Rotunno, tous deux enivrés, déambulent dans les rues de Rome joyeusement, coursés par ceux que l’on ne nomme pas encore ainsi, les paparazzi, avant de se retrouver dans l’appartement de l’actrice. Et là, entre deux éclats de rires, Ava pose pour Rotunno, dans le plus simple appareil. Une séance photo impromptue où la belle s’inspire des grandes peintures de la renaissance, des nues évidemment, dont L’origine du monde de Courbet.



Jacques Pierre, historien, ancien photographe et en retraite prématurée est subjugué par ses lignes retraçant cette folle nuit. Il décide de partir à la recherche de ces sulfureux clichés.



Ce roman, à l’image du regard d’Ava Gardner est captivant et magnétique. L’auteur transporte le lecteur à travers les époques et les continents – on découvre les coulisses de la MGM et les frasques de la plus belle actrice du monde, on entre dans l’atelier de Gustave Courbet, on voit défiler quarante années de la vie de Jacques Pierre des années 60 aux années 90. Au fil des pages s’invitent entre autres Sinatra, Marylin Monroe, Howard Hughes, – ah la rencontre au sommet entre le narrateur et Fidel Castro! -. Cela s’agite, cela remue autour du lecteur, qui ne sait pas toujours où il se trouve ; au milieu d’un rêve, d’un fantasme, d’une obsession, de la réalité. L’écriture est drôle brillante et enlevée. L’image photographique et picturale, les idoles, la célébrité, les faux-semblants, le quotidien d’un type ordinaire, une société en mouvement, des colères, des revendications, des souvenirs, des regrets… autant de propos et de réflexions. Beau et étourdissant.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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Sauve qui peut (la révolution)

Un premier roman proposé en cette rentrée littéraire 2016 qui se démarque par ses trois récits entremêlés autour de la fabrication de l'Histoire : celui de la réalisation ou pas du film "quatre vingt treize et demi" de Jean-Luc Godard, celui de la vie de Dante, le révolutionnaire et ce qu'on en connaît et celui de la relation au temps et à la jeunesse.

Ce roman est impliqué,érudit et très bien mené à la plus grande satisfaction du lecteur.
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Et pourtant ils existent

Après deux excellents livres, l'un sur Godard et un autre sur Ava Gardner, Thierry Froger adopte la technique du roman choral pour nous raconter le destin curieux de Raoul Villain, l'assassin de Jaurès - Villain lui-même assassiné à Ibiza en 1936 -, la guerre d'Espagne, le militantisme anarchiste, Buenaventura Durruti, la grande Histoire comme les vies minuscules et c'est avec un plaisir amusé que le lecteur retrouvera les personnages qui traversent déjà les précédents romans. Une fresque ? peut-être. Une réussite ? certainement. Passionnant de bout en bout et intelligemment construit.
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Sauve qui peut (la révolution)

Olivier Ritz, «De l’audace, mais pas grand chose à sauver», Littérature et Révolution, publié le 16 septembre 2016,
Lien : https://litrev.hypotheses.or..
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Sauve qui peut (la révolution)

Deux semaines pour venir à bout, sans difficulté car avec grand plaisir, de ces quelque 430 pages composant ce gros roman où l'amour et la révolution sont, en quelque sorte, les principaux acteurs - et j'aurais voulu que ça dure bien plus longtemps, croyez-moi. Thierry Froger a réalisé un travail de fiction incroyable où se croise la biographie imaginaire de Danton après la période dite de la Terreur (1792-94) et l'élaboration d'un scénario (dont on trouve de nombreux et successifs extraits tout le long du roman) pour un film commandé pour bicentenaire de la Révolution, en 1989, à Jean-Luc Godard - Godard dont on suit, parallèlement, les errements du cœur, l'auteur du livre arrivant à nous montrer le cinéaste suisse sous un visage à la fois attachant et à la fois méprisable (donc assez proche de la réalité). Comme disait Kafka (qui est cité dans ce livre) : "Le positif nous a été donné à notre naissance. À nous de faire le négatif." Et c'est bien ce qu'arrive à faire, avec brio, avec génie même, Thierry Froger ! Inspiré par le cinéma de Godard tout autant que par sa personnalité, son histoire, c'est un roman complexe qui s'offre ainsi au lecteur. Dans ces pages résonne le Bruit et la Fureur de Faulkner, Les Onze de Pierre Michon, Quatre-vingt treize de Victor Hugo et les Canti de Leopardi. On y croise Antoine de Baecque, le biographe de Godard, Marguerite Duras - qui loue sa mansarde (celle-là même où vécu Vila-Matas qui lui n'est pas cité dans ce livre) -, Gorki, Federico Fellini, et beaucoup, beaucoup, beaucoup d'autres encore. Et puis ça parle de cinéma, du vieillissement de cet art, de son éloignement, et donc ça parle aussi de littérature ; ça traite de l'échec de ne pas vouloir raconter d'histoires alors qu'on ne fait que ça ; ça parle encore des rêves de révolutions avortées, de leurs protagonistes vieillissants eux-aussi, n'arrivant plus à se lever du confortable "canapé révolutionnaire du verbe" (page 275), et Maurice Blanchot d'avoir le dernier mot en étant cité page 418 : "ce beau souvenir qu'est l'oubli" - impossible alors de ne pas penser à ces mots que l'auteur Osamu Dazai donne à dire à l'un des protagonistes de son roman Soleil Couchant : "La révolution et l'amour sont en fait les biens les meilleurs et les plus plaisants du monde et nous découvrons que c'est précisément parce que ce sont des biens précieux que les cerveaux vieux et sages ont, par mépris, écrasés sur nous les raisins acides du mensonge. Voici ce que je veux croire implicitement : l'homme est né pour l'amour et la révolution." Et si ma chronique est quelque peu incompréhensible, et bien c'est tant mieux, car je vous invite à découvrir ce qui est, probablement, l'un des romans le plus ambitieux, le plus surprenant et le plus passionnant de cette rentrée littéraire de septembre 2016 !!! (rentrée qui réserva certainement d'autres surprises j'en suis sûr)
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Les nuits d'Ava

Le narrateur raconte sa vie et celle d'Ava Gardner. Fasciné par l'actrice à son adolescence, il croise en quelque sorte sa route bien des années plus tard en partant à la recherche de photos de la star prises, une nuit d'ivresse, par Giuseppe Rotunno, le directeur de la photographie de "La Maja nue" tourné en 1958.

J'ai trouvé une grande partie du livre fort plaisante tant l'évolution personnelle du narrateur que l'évocation d'Ava Gardner sont d'une belle tenue psychologique.

Et l'on se prend au jeu de cette recherche insolite, assez improbable mais ancrée dans une certaine réalité.

Mon intérêt est toutefois retombé brutalement sur la dernière partie où l'on découvre une rencontre surréaliste avec Fidel Castro lors des obsèques de Mitterrand et le cambriolage d'une station-service en Sicile pour récupérer le cliché qui fait courir l'auteur.

Une rupture de ton qui, pour moi, est maladroite et a cassé la dynamique et le plaisir de la lecture.
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Les nuits d'Ava

1866 ,origine de « L’origine du monde » et de la subtile errance à travers l’histoire où nous convie Thierry Froger . Le tableau de Courbet inspire à Ava Gardner , à Rome un soir alcoolisé , une séance photographique , dont les clichés sont l’objet de l’enquête obsessionnelle de Jacques Pierre , le narrateur . Et l’auteur nous entraîne dans une sarabande débridée où le lecteur ricoche , de l’Italie de Fellini au Cuba de Castro et Hemingway , à l’Amérique hollywoodienne et mafieuse sans oublier la France de l’Aube et de la Loire. C’est un festival mêlant souvenirs d’enfance (que l’on devine un tantinet autobiographiques) et dessous de la Grande Histoire . Mais au-delà de ce plaisir offert par l’intelligence et la virtuosité de l’auteur , se dessine peu à peu une réflexion sur notre addiction à l’image , sur notre besoin d’idoles, et sur l’érosion des sentiments. C’est fin , plein d’un humour en demi-teinte , et remarquablement écrit . Excellente lecture.
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Les nuits d'Ava

Un roman à la construction très intéressante : trois fils narratifs à trois époques qui s'enchaînent parfois presque naturellement et se répondent, grâce à de fins parallèles. Il est question d'image, à travers le cinéma, la photo et la peinture, mais aussi de révolution, de nu, de fantasmes et d'une quête improbable, sur fond d'âge d'or du cinéma. Un casting impressionnant autour d'Ava Gardner.
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Sauve qui peut (la révolution)

Le livre de Thierry Froget n'est pas l'exercice de style que l'on pourrait croire à la lecture de l'intitulé, bien au contraire mais celui de nous faire revivre le bicentenaire de la révolution en y adaptant quelques anicroches à l'histoire qui vont faire tousser les puristes mais aussi régaler ceux qui aiment les histoires.

Car en effet, sortir de l'impasse tranchante à laquelle était voué Danton en le laissant s'enfuir sur une île de la Loire mais étroitement surveillé tout de même et demander à Jean Luc Godard de faire une film sur le même sujet peut paraitre une prouesse mais qui ne rebute en rien l'écrivain qui signe là son premier roman.

Donc ces deux fictions se mêlent et nous transportent sans cesse dans des époques différentes mais les lieux choisis permettent de faire les liaisons.

Plaisir non feint de vivre à coté de ces deux ogres, de partager leur intimité, leurs doutes et leurs roublardises. Car c'est bien aussi de cela qu'il s'agit : comment l'histoire se fait, comment elle est traduite et comment elle arrive jusqu'à nous.

Thierry Froget signe là un roman ébouriffant, nous faisant vivre une histoire revisitée mais totalement plausible dans la délectation de suivre des êtres passionnants tels Danton, JLG et une cohorte de personnages magnifiques. C'est du grand art.



Ça m'a bluffé même si l'obsession de JLG pour les jeunes filles est à la longue un peu rébarbative mais c'est le personnage qui veut ça et Danton en fait de même alors les héros se ressemblent un peu.



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Et pourtant ils existent

Quand les récits d'anonymes croisent ceux de personnes que l'Histoire aura retenu, cela donne un roman étonnant, nous transportant du Café du Croissant au Baléares, en passant par les îles de Loire, Madrid et la prison de la santé. On y croise le grand Jaurès, Raoul Villain, un volontaire français parti combattre aux côtés des républicains espagnols, des héros, des oubliés, l'aventure, la fuite. Quel beau roman!
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Et pourtant ils existent

Un écheveau de 30 personnages constitue les chapitres de ce livre déroutant s’étalant de 1914 à 2020 , un peu énervant au départ.. on s’y perd un peu , on comprend que le personnage essentiel est le faible d’esprit, Raoul Villain, assassin d’un monument Français: Jean Jaurès, 450 écoles à son nom plus 2500 rues sans compter le Panthéon, un type apprécié quoi ! Un peu énervant ce livre qui accumule les témoignages présentant le meurtrier comme un type vraiment sympa car illuminé.

Des gens et des situations parfois incroyables défilent: la guerre d’Espagne avec ces courageux militants anarchistes, est tout à fait centrale, le petit fils de Gauguin construisant la maison du meurtier de Jaurès à Ibiza sans le savoir, une famille qui fréquente également sans le savoir ce voisin inconnu un peu fantasque assassin de Jaurès mais sympa, jusqu’à suivre avec humour ce convoi mortuaire bloqué par les gilets jaunes en 2018.. Le quatrième de couverture le dit bien : “entre la grande Histoire et les vies minuscules”.

Arrivé à la dernière page je me rends compte d’avoir fait fausse route, les destinées ci dessus ne sont que des anecdotes, l’auteur Thierry Froger lui même personnage du livre nous livre de profondes et subtiles réflexions sur la vie, la fin de vie et son questionnement infini.

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Les nuits d'Ava

Jacques, né au début des années cinquante, ancien soixante-huitard, divorcé, père d’une fille qui file le parfait amour avec un type qui a trois fois son âge, s’est pris de passion pour Ava Gardner. Il a appris qu’au cours d’une nuit d’ivresse, Ava avait posé nue pour une série de photos imposées au chef opérateur de Fellini, Giuseppe Rotunno, dans des poses inspirées par des peintures célèbres, notamment par L’origine du monde de Courbet.

Prise de remords, Ava avait récupéré les photos et les avait offertes une à une à quelques-uns de ses familiers.



Jacques cherche à retrouver L’origine du monde avec l’aide de sa fille. Le roman raconte cette quête mais retrace également les péripéties de la vie tumultueuse d’Ava, les circonstances de la création du tableau par Courbet, et les souvenirs personnels de Jacques depuis son adolescence.



Le roman est très bien écrit, à la réserve que l’auteur pratique le passé composé de manière déconcertante en concordance avec le passé simple (p.89 Nous vîmes le moment où Anquetil a cédé quelques mètres). La documentation est impressionnante à la fois sur Ava Gardner, le cinéma du 20e siècle et la vie de Courbet. Le style est léger, souvent humoristique. On sourit, on s’apitoie sur le narrateur qui a l’habileté de garder un voile pudique sur ce que le sujet aurait pu avoir de scabreux.



Ce roman réjouira les cinéphiles, amateurs du cinéma hollywoodien. Les lecteurs que cela n’intéresse pas trop risquent peut-être de moins apprécier.

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Les nuits d'Ava

"Les Nuis d'Ava" est le second roman de Thierry Froger, publié en cette rentrée littéraire 2018. Je n'avais pas lu "Sauve qui peut (la révolution)", récompensé du prix Envoyé par la poste, déjà publié par les éditions Actes Sud, pour la rentrée littéraire 2016. L'écrivain est un artiste multiple, a fait les beaux arts, enseigne les arts plastiques, a publié un recueil de poèmes en 2013. Il fait la couverture du numéro de septembre du "Matricule des anges". J'avais lu le roman avant d'en lire diverses chroniques plutôt toutes enthousiastes grâce à l'une des attachées de presse de la maison d'édition qui me l'avait envoyé, ce dont je la remercie.



Dans ce deuxième livre de l'auteur, nous suivons trois histoires enchevêtrées. Thierry Froger reprend visiblement une figure de son précédent roman, Jacques Pierre, un historien et il en fait cette fois-ci son narrateur. Ceci, je l'ai appris en lisant son entretien dans la revue littéraire mentionné plus haut. Notre narrateur va enquêter sur des photographies qu'Ava Gardner aurait faites avec Giuseppe Rotunno, célèbre chef opérateur qui a travaillé pour Visconti sur Le Guépard notamment et Fellini. On retrouve d'ailleurs dans le cours du roman une comparaison entre les deux réalisateurs. Ces photographies ont été disséminées dans le monde. Le roman qui porte beaucoup sur l'image de manière générale à travers divers arts est aussi un roman qui recompose la vie de l'actrice hollywoodienne, en insistant sur son côté sulfureux. Il mêle éléments réels comme la mention de certains films dans lesquels elle a joué avec éléments fantasmés, notamment sur une relation lesbienne qu'elle aurait eu avec une autre actrice célèbre, Marilyn Monroe. Parmi les personnages présents dans le livre, nous retrouvons Fidel Castro, Ernest Hemingway, Howard Hughes, Frank Sinatra, Sam Giancana, etc. Cela donne souvent lieu à des récits très prenants et à des scènes marquantes du roman, notamment de rencontres. La vie de notre narrateur nous est contée également, notamment ses relations avec son ex femme, ses premiers émois d'adolescents, sa passion pour la photographie, sa relation avec sa fille Rose qui va l'aider dans sa quête. Nous retrouvons également comme autre figure du roman Gustave Courbet, avant qu'il peigne L'Origine du monde en particulier. La narration mêle différentes temporalités et nous pouvons avoir dans une même phrase mention de Ava, Courbet et d’éléments liés à notre narrateur. J'ai trouvé la construction narrative, l'architecture du roman magistrale. C'est un livre absolument fascinant et cela m'a donné envie de découvrir son premier roman. Thierry Froger semble ne pas en avoir terminé avec l'écriture et les projets littéraires, ce dont je me réjouis.



Comme vous avez pu le comprendre, ce livre fut un vrai coup de cœur et j'en recommande la lecture aux passionnés d'Histoire et de cinéma notamment ou même à ceux qui s'intéressent aux pouvoirs des images, à la fascination qu'elles peuvent exercer : photographies, toiles de maître, etc.
Lien : http://passionlectures.over-..
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Sauve qui peut (la révolution)

Le livre le plus foutraque de la rentrée 2016 !



Même et surtout si vous n’aimez pas Jean-Luc Godard, ni ses films, même si Danton n’évoque pour vous que Depardieu déclamant « De l’audace… etc. » pour Wajda, sautez sur « Sauve qui peut (la révolution) ».



De cette lecture, vous ressortirez hilare, bien plus au fait des méandres de la création, de la difficulté de répondre à une commande subventionnée et de la vendre à vos mécènes. Mais ce n’est pas tout : au passage, cette uchronie vous apprendra que Danton n’est pas mort guillotiné mais qu’il s’est retiré sur une île de la Loire avec sa –très- jeune épouse, qu’après avoir tenté d’y créer une république, il fut exilé à l’île d’Elbe où l’a rejoint l’empereur Napoléon. Vous saurez aussi qu’un débat télévisé que personne n’a vu l’opposa, sous Charles IX, à … Robespierre.



Ce bonheur d’écriture mélange, toute honte bue, les tentatives de scenarii de Jean-Luc Godard, pour un film fantôme – Quatre vingt treize et demi -, ses démêlés avec ses sponsors, plus obsédé qu’il est, lui aussi, par la chair fraîche que par leur demande, sa correspondance avec son amoureuse ou avec Isabelle Huppert, l’histoire de la Révolution française revisitée par un ancien mao et actuel alcolo et les tentatives de réinsertion d’une ancienne terroriste reconvertie dans l’industrie touristique. Ouf !

Changements de styles, de narrateurs, de …typographie alternent allégrement pour composer un des livres le plus savoureux, incohérents et intelligents qu’on ait écrit sur la création, l’histoire de France et les relations entre les êtres.



« Sauve qui peut (la révolution) » est le premier roman de Thierry Froger, à lire toutes affaires cessantes.



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Sauve qui peut (la révolution)

Roman superbe et surprenant où la confusion avec son sujet touche au sublime. Son titre l’indique Sauve qui peut (la révolution) se révèle un exercice d’admiration au cinéma de Jean-Luc Godard, une pratique d’imitation tant ce livre ressemble aux films de J-L.G : désinvolte et profond, travaillant le motif d’histoires entremêlées et confondues. Thierry Froger signe ici un objet « littéraire » tant son écriture est d’une rare qualité et amalgame les langues de la Révolution Française et celle plein de faciles paradoxes de J-L G.
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Sauve qui peut (la révolution)

Le roman tresse deux histoires génialement imbriquées. Nous suivront deux personnages que tout oppose : Danton et Jean-Luc Godard ! Le premier, par la grâce du romancier, a échappé en 1794 à la guillotine et se retrouve exilé sur une île de la Loire où il va installer une sorte de république locale, continuant à mettre en pratique ses idées révolutionnaires. Le second se verra confier par la mission du bicentenaire de la révolution, la réalisation d'un film grand public pour célébrer l'événement. Cette proposition insolite faite à notre très hermétique cinéaste suisse ne verra pas le jour, malgré la rédaction de nombreux scripts tous plus délirants les uns que les autres. Par contre ce sera pour lui l'occasion de retrouver un ami du temps où il était maoïste, historien, mais surtout père d'une charmante jeune fille de 19 ans, Rose...

A partir de ce canevas pour le moins original, Thierry Froger saute sans arrêt de l'uchronie autour de Danton qui le mènera de la Loire à l'île d'Elbe où il croisera Napoléon Bonaparte, aux démêlés de Godard avec la commission du bicentenaire, ses scénarios improbables et son histoire d'amour avec Rose. Finement entremêlés, ces vies se répondent, font écho entre elles, un peu comme les scripts successifs de Jean-Luc Godard qui regorgent de ce qu'il vit. Le temps qui passe sur les idées révolutionnaires comme sur des hommes mis à l'épreuve autant par les corps que par la vie qui file, est sans doute le thème central du livre. On sent que l'auteur connaît tout son Godard sur le bout des doigts, a lu et vu toutes ses interviews. Il nous le restitue aussi puant que drolatique, aussi touchant qu'agaçant, créant ainsi un vrai personnage romanesque. La vie supposée de Danton n'est pas en reste, croisant ainsi des faits historiques ou des anecdotes anciennes qu'il aurait connu s'il avait survécu. Et puis, aux détours de quelques pages nous rencontrons aussi de multiples célébrités de Michelet l'historien jusqu'à Isabelle Huppert ( géniale lettre à Godard) en passant par Marguerite Duras ou Fellini.

Tout cela semble bouillonnant mais tient parfaitement la route et s'accompagne d'une écriture tour à tour somptueuse, ample, baroque, tumultueuse, tendre, nostalgique, ressemblant à s'y méprendre à cette Loire, figure quasi centrale de ce roman. Je pourrai faire des pages de citations, de belles phrases, de paragraphes que l'on prend plaisir à relire ( oui la lecture est plus longue qu'à l'habitude, on s'enivre de la luminosité et de l'inventivité du texte, on musarde, on prend son temps dans sa lecture)...

La fin sur le blog
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