Jour de funérailles. Un jeune garçon quitte la réunion funèbre pour partir dans la forêt toute proche. Là, il rencontre d’étranges créatures, mais continue son chemin sans se laisser effrayer. Il finira par trouver la personne qu’il est venu chercher
Une histoire à mi-chemin entre le fantastique et le réalisme. C’est onirique et le noir et blanc sublime le récit. Cela m’a évoqué un film en noir et blanc, sans paroles. Au lecteur d’écrire l’histoire qui peut donc varier légèrement en fonction de la sensibilité de chacun.
J’ai beaucoup aimé, car cela laisse place à l’imaginaire. Il y a beaucoup de poésie et de profondeur malgré l’absence de texte. L’émotion est transmise par le dessin.
La technique utilisée par Thomas Ott est celle de la carte à gratter. En partant d’un fond noir, l’artiste fait apparaitre le dessin en blanc par grattages successifs, cela demande de la précision, on n’a pas droit à l’erreur. Il y a précisément 25 images pour une histoire sans texte.
J’ai lu et relu cet album graphique, partagée entre émotion et admiration.
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Deuil enfantin
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Sa première édition date de 2020. Il a été réalisé par Thomas Ott. Il s’agit d’une bande dessinée en noir & blanc, comportant vingt-cinq pages, entièrement dépourvue de dialogue. Il s’agit d’un format imposé dans cette collection des éditions Martin de Halleux, inspiré de l’ouvrage 25 images de la passion d'un homme (1918), réalisé par Frans Masereel (1889-1972). La forêt est le premier tome de cette collection. Il s’agit d’une histoire racontée en 25 gravures sur bois, chacune imprimée comme un dessin en pleine page, sans aucun dialogue non plus. L’auteur suisse respecte cette contrainte à la lettre, à raison d’une image par page.
Un. Dans le salon d’une maison bourgeoise, un jeune garçon est assis sur le canapé, avec une place vide de chaque côté de lui. Il porte des culottes courtes noires et une chemisette blanche. Il est bien peigné. À une extrémité, une vieille femme pleure et essuie ses larmes dans un mouchoir. Derrière, sur le manteau de la cheminée se trouvent des gerbes de fleurs, l’une d’elle portant une banderole, ainsi qu’une enveloppe. Encore un peu derrière, à côté de l’escalier qui mène à l’étage, deux hommes en costume tiennent un verre à la main, la tête inclinée vers le bas, l’air grave, recueilli. Deux. Le garçon a quitté le salon et il est sorti dans le jardin, une simple pelouse, par la porte de derrière. Il y a un tuyau d’arrosage et quelques piquets en bois, ainsi qu’une pelle posés contre le mur. Le garçon jette un coup d’œil en arrière, tout en passant par-dessus la clôture en bois. Trois. Le garçon marche sur un chemin d’un pas tranquille et assuré. Il longe une bordure herbue qui ceinture un champ au milieu duquel se trouve un épouvantail. Il passe devant un tas de piquets sur sa droite, en attente d’être utilisés pour une clôture. À quelques centaines de mètres devant lui, se trouve la lisière de la forêt.
Quatre. Le garçon se tient immobile à l’orée de la forêt. Il se trouve à la frontière entre la lumière des espaces ouverts derrière lui, et l’obscurité du chemin qui s’enfonce dans la forêt devant lui. Il marque une pause avant de s’y engager. Cinq. Le garçon s’est remis à marcher, d’un pas plus lent. Il se tient légèrement courbé, comme s’il sentait la pesanteur de la pénombre, ou comme s’il appréhendait ce qui va se trouver sur sa route. Il apparaît bien petit par comparaison avec les hauts troncs des arbres formant la forêt et bordant le chemin. Quelques rares rayons de lumière transpercent les frondaisons et parviennent jusqu’au sol. Cinq. Le garçon continue de marcher sur le sentier, peut-être d’un pas un peu plus rapide. Les racines des arbres courent juste sous la surface du sol ; elles traversent le chemin dans un entrelacs. Six. Le chemin se fait plus difficile et la forêt plus sombre. Le garçon doit enjamber un arbre mort, en se tenant avec les mains de chaque côté. Derrière un gros tronc d’arbre, semble se tenir une vague silhouette, ce qui s’apparente à œil captant un reflet de lumière.
Voilà un défi très contraint : raconter une histoire complète en vingt-cinq pages, sans avoir recours à aucun mot, uniquement par les images. Il s’agit donc d’une histoire qui se lit rapidement, très simple en termes d’intrigue, pouvant se dévorer en cinq minutes, même en prêtant un peu d’attention aux dessins, et en fournissant un petit effort pour formuler le lien logique permettant de passer d’une image à l’autre. S’il a lu 25 images de la passion d’un homme, le lecteur ne retrouve pas la même ambition narrative dans le présent récit. Sa temporalité est beaucoup plus courte : de l’ordre d’une heure vraisemblablement, deux grand maximum. Il n’y a pas d’enjeu social apparent, ni de reconstitution historique ou de témoignage sur une époque. Comme pour l’original, le lecteur peut se poser la question de la nature de la forme narrative : est-ce vraiment une bande dessinée ? Est-ce une suite de tableaux ou d’illustrations ? En l’absence d’une définition définitive de ce mode d’expression, il se dit que cette question s’avère un peu oiseuse : voilà un récit raconté sous la forme d’une succession d’images qui auraient très bien pu être disposées à raisons de deux ou quatre par page, ou plus, et la question ne se serait alors pas posée. L’auteur narre son récit sous une forme visuelle, avec des images descriptives. Le lecteur observe également que le parti pris esthétique de l’artiste s’inscrit dans un mode descriptif, avec des dessins dans lesquels les textures prennent une forte importance, représentées avec des treillis de petites hachures. Ces illustrations formeraient des dessins un peu chargés dans une mise en page traditionnelle, c’est-à-dire des cases alignées en bande. Elles ne s’inscrivent pas non plus dans un courant pictural artistique marqué, comme c’était le cas pour les bois gravés de Frans Masereel.
Le lecteur se focalise plus sur l’intrigue : un jeune garçon dont le grand-père est décédé et qui assiste à une réunion sociale qu’il subit, où les adultes se retrouvent pour accomplir un rituel de deuil, chacun prenant acte de la disparition de cet homme, perdu à tout jamais pour les vivants, sans possibilité de nouvelles interactions avec lui qui ne participe plus à la vie. L’absence de texte souligne le fait qu’aucun adulte ne vienne communiquer avec le garçon pour mettre en mots ce changement radical : avant cet être humain existait même s’il n’était pas en présence du garçon, après il n’y a plus de contact possible et cet être humain ne sera plus jamais présent avec une possibilité d’interagir. Dans ce contexte, le garçon doit lui-même faire son deuil avec son entendement de petit garçon. De fait, il ne participe pas vraiment à la société des adultes. L’image le montrant franchissant la petite clôture autour de la maison peut s’entendre comme une métaphore : il franchit la frontière séparant la société des adultes, et son paysage intérieur de petit garçon. Dans l’image suivante, il s’en éloigne progressivement, dans un paysage encore familier, mais avec cette forêt comme horizon, un lieu ne permettant pas de voir ce qu’il contient, un territoire mystérieux. Lorsqu’il s’arrête à la lisière de la forêt, il doit faire le choix conscient de s’aventurer par lui-même dans le questionnement sur la mort de son grand-père, sans rien pour le préparer à ce qu’il va trouver.
Il apparaît donc assez rapidement que ce récit peut être considéré sous la forme d’un conte : à la suite du décès d’un proche, un petit garçon s’aventure dans une forêt pour… Pour quoi au fait ? Visiblement, il n’entretient pas de lien affectif particulier avec les adultes présents, ou bien ses parents sont occupés avec d’autres adultes, et il s’éloigne de cette atmosphère pesante pour se promener. Dans un conte, une forêt recèle forcément des surprises, et souvent des dangers, des créatures ou des individus auxquels le lecteur sait bien qu’il ne fait surtout pas faire confiance. Effectivement, le petit garçon se retrouve face à un ou deux monstres. Il fuit le premier, se cache du deuxième, regarde avec appréhension le troisième, pas très sûr de comment il doit les envisager autrement que comme des dangers évidents. Le dessinateur n’essaye pas de leur donner une forme plausible ou merveilleuse. Il les représente avec la même approche descriptive, avec la même densité de textures. Le premier est un géant sans bras entièrement recouvert de longs poils qui ne laisse pas voir son visage, et qui obligent à deviner la forme globale de sa silhouette, sans réelle certitude de son physique. Le second est une femme nue flottant dans les airs, avec ses cheveux lui masquant le visage. L’apparence du troisième permet au lecteur de comprendre qu’il s’agit selon toute vraisemblance de la manière dont le petit garçon personnifie la mort. N’ayant pas les constructions mentales lui permettant d’en faire un concept, il l’imagine sous forme d’un monstre ou d’un autre, par association d’idées avec les mots qu’il a pu entendre dans la bouche des adultes. Au cœur de la forêt, il trouve non pas un trésor, mais une personne : toujours sans aucun mot, l’auteur sait mettre en scène un processus psychologique complexe permettant à l’enfant d’accepter cette mort.
Le récit peut également être considéré comme une métaphore de ce processus psychologique. Sans un mot, uniquement avec des images formant un récit, l’auteur parvient à évoquer l’isolation de l’enfant dans un monde d’adultes, ne parvenant pas à donner un sens à l’adieu au défunt, hautement ritualisé, par des pratiques qui ne restent indéchiffrables pour l’enfant. L’esprit de celui-ci se met alors à vagabonder, laissant son imagination prendre le dessus. Ses pensées s’aventurent dans des territoires jusqu’alors inexplorés. Son imagination fait en sorte de conjurer des images de la mort à partir des contes qu’on lui a lus, des illustrations qu’il a déjà pu observer. Ce processus mental le ramène tout naturellement à l’objet qui préoccupe toutes les personnes rassemblées par l’occasion. L’enfant formule alors tout naturellement une stratégie lui permettant de concevoir avec ses moyens et son expérience de la vie, comment appréhender ce phénomène et comment vivre avec.
Le titre de cette collection explicite qu’il s’agit d’un exercice de style : raconter une histoire en vingt-cinq images sans mot. Une première lecture laisse un sentiment de frustration : trop rapide, des dessins trop pragmatiques, pas de place pour l’interprétation ou pour l’imagination. Une seconde lecture permet d’apprécier comment l’auteur s’y est pris pour évoquer le processus de deuil chez un enfant, dans l’idée qu’il ne peut pas être identique à celui des adultes, que les rituels mis en place par eux ne font pas sens pour l’enfant. Vu sous cet angle, cette bande dessinée révèle alors son ambition et sa réussite apparaît.
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Merci à Babelio qui, grâce à la dernière opération Masse Critique graphique, m'a fait découvrir que la maison Vuitton (merci à eux également) était également éditeur, spécialisé dans le beau livre avec le voyage pour thème principal. Un petit guide joint nous offre un échantillon de la collection "Travel Book" et les illustrations sont tout simplement magnifiques. En déballant le paquet contenant le livre, ce qui saute aux yeux tout de suite, c'est l'aspect luxueux, signature de la marque.
Celui que j'ai choisi est le road-book illustré par Thomas Ott, un artiste suisse, sur la mythique route 66, presque 4000 kms reliant Chicago à Los Angeles et qui a connu son heure de gloire entre les années 30 et 50. Les illustrations ont comme support particulier les cartes à gratter. Ce qui frappe en premier, c'est la noirceur. L'auteur a voulu traduire la désertion de cette route concurrencée par les interstates, qui ont fait des villes traversées des lieux fantômes. Il est vrai que le support utilisé impose de ne représenter que des paysages nocturnes. Mais "noir, c'est noir...", la route défile sous la plume de l'artiste sans parole ou si peu. Seules quelques enseignes ou pancartes feront patienter le lecteur jusqu'à ce qu'il trouve enfin dans les dernières pages du carnet de route les indications de lieux. de temps en temps un personnage solitaire, tel "a poor lonesome cowboy" hante une image. Seules, les étapes de départ (Chicago) et d'arrivée (Los Angeles) montrent la vie et la ville.
Le talent de Thomas Ott est indéniable mais il ne correspond pas aux souvenirs que je garde de cette route. J'ai pu en découvrir quelques étapes l'été dernier sous un soleil éclatant. Certains habitants notamment à Seligman s'efforcent de la faire revivre et même si cette transformation en musée à ciel ouvert suscite un regain de nostalgie, je préfère en garder toutes les couleurs. Alors n'hésitez pas "get your kicks on the Mother Road"comme ils disent là-bas.
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J'ai découvert Thomas Ott il y a quelques années déjà, au festival d'Angoulême, en repérant Cinema Panopticum au stand de l'Association. Un véritable coup de foudre devant ces illustrations en noir et blanc d'une incroyable dextérité...
Je le retrouve donc grâce à l'opération masse critique et les éditions Martin de Halleux sur ce nouveau récit, La Forêt, une courte histoire en 25 images grand format. Cette dimension inédite offre à l'auteur suisse une perception nouvelle et méliorative de son talent si particulier, comme cela sera offert à d'autres auteurs par la suite par cette maison d'édition.
Sa technique si particulière de la carte à gratter révèle des dessins d'une haute précision, d'une intense profondeur, qui confère à ce récit précis une intensité émotionnelle touchante et poétique.
Je ne dévoilerai rien de l'histoire de ce jeune garçon et vous le laisserai découvrir... Thomas Ott est un scénariste et un conteur hors pair, qui réussit à faire jaillir des ténèbres l'intime rayonnement de l'innocence enfantine. Et je vous le recommande grandement.
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J'ai véritablement adoré cette bd muette car elle m'a totalement surpris dans son dénouement. Le sujet concerne une suite de chiffres un peu maléfiques si on est superstitieux.
Il y a d'ailleurs tout un mystère autour de la signification de cette suite de chiffres sur un bout de papier qu'un condamné à la chaise électrique a laissé tomber dans son dernier souffle. C'est le bourreau qui le ramasse et l'histoire peut alors commencer pour notre plus grand plaisir.
Le graphisme en noir et blanc est particulièrement séduisant et colle à merveille pour donner à cette bd un parfum d'ambiance mystérieux. Le silence des cases devient oppressant au fur et à mesure de l'avancée de cette histoire. L'atmosphère est véritablement noire et angoissante.
L'auteur a réussi à délivrer un message autour de ce conte cynique et cruel. Il y a toute une logique véritablement implacable comme les mathématiques. C'est bien pensé et c'est bien réalisé.
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Il est vrai que cette bd totalement muette paraît très étrange. Une petite fille n'a pas assez d'argent pour la plupart des attractions d'une fête foraine.
Cependant, il y a toujours une attraction abordable. Celle-ci est plutôt mystérieuse. Elle est constituée de plusieurs projections de petites histoires différentes.
"The Hotel", le premier récit, donne le ton. C'est plutôt macabre à souhait. Il existe des hôtels où on ferait mieux de ne jamais pousser la porte ...
"The Champion" renforce la première impression. Le combat de ce champion contre la mort va réserver un sort plutôt inattendu. Le danger n'est pas toujours là où l'on croit ...
"The Expériment" nous plonge chez un oculiste qui fait une expérience plutôt bizarre sur l'un de ses patients un peu myope.
"The Prophet" est un pamphlée sur la fin du monde vu par un clochard qui porte une pancarte "this is the end". Bien évidemment, on ne croît jamais ces illuminés ! Et pourtant ...
"The Girl" termine la boucle de manière trop abrupte. On ne saura pas ce qui se passe et c'est bien dommage. Cette oeuvre demeure en effet très mystérieuse.
Du même auteur, j'ai préféré nettement 73304-23-4153-6-96-8 qui reste tout aussi étrange.
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"Pour cent briques, t'as plus rien" ma bonne jeune fille.
Tel pourrait être le slogan de cette BD muette/roman graphique en noir et blanc.
Sur une fête foraine, elle ne peut s'offrir aucune attraction car n'a pas assez d'argent.
Aucune ? Enfin presque... Elle finit par entrer dans un étrange petit théâtre, le Cinéma Panopticum, fait de 5 boîtes.
Dans chaque boîte se joue une scène. Les personnages ne sont autres que les gens croisés sur la fête, ce qui donne une atmosphère fantastique.
1) The Hotel
Cette histoire m'a fait penser à la série American Horror Story saison 5 : Hostel.
Un homme arrive dans un hôtel, aucun réceptionniste.
Il fait comme chez lui... au point de vivre une expérience cauchemardesque.
2) The Champion
Un champion de catch est défié par un adversaire un peu particulier...
3) The Experiment
Faut-il faire confiance aux expérimentations pour améliorer sa vie ?
Un homme qui consulte un médecin aura la réponse à sa question.
4) The Prophet
Un SDF en mode homme-sandwich prédit la fin du monde... mais les gens restent incrédules et le prennent pour un illuminé... Jusqu'au jour où...
5) The Girl
Quand le spectateur devient acteur...
Belle découverte que cette BD sur le thème "le monde est un théâtre" et dénonçant différents travers de la société.
J'ai passé un bon moment avec cette petite fille à tresses.
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Thomas Jane est un acteur américain peu connue du grand public qui a pourtant joué dans quelques films célèbres: The Crow, Boogie Nights, Volte-face, Peur bleue ou encore The Punisher.
Il est également à ses heures perdues éditeur de comics américain d'où sa rencontre avec l'auteur suisse Thomas Ott dont il appréciait le travail si caractéristique. En effet, ce dernier est connu surtout pour son graphisme à savoir la carte à gratter. Il faut dire que le noir et blanc est sublimé par cette technique si singulière.
Les connaisseurs de l'auteur attendaient sans doute sa nouvelle oeuvre car il n'avait rien sorti depuis quelques années. C'est chose faite avec ce titre qui reprend l'adaptation d'un film réalisé et joué par Thomas Jane lui-même. Ce road-movie est plutôt haletant et reste dans la même veine que l'univers fantastique de Thomas Ott.
Le cadrage reste toujours aussi exceptionnel. Il est dommage que cela se laisse lire trop rapidement (moins de 10 minutes). On aurait aimé que cela dure un peu plus longtemps.
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Quoi... 25 lignes, 15 caractères, 25 qqc. Babelio demande un minimum de mots de lignes. Mais voilà un livre sur lequel il ne faut rien dire. Découvrez-le! une petite merveille sans texte parce que dire un mot ce serait trop.
Je n'ai pas écrit assez, c'est 250 caractères, babelio vient de me le rappeler.
On peut expliquer aussi que ce livre est le premier d'une jolie collection de courts récits en 25 images inspirés de Franck Maserel. Du noir et blanc, de la gravure.
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J'ai découvert récemment cet auteur suisse un peu iconoclaste grâce à des titres comme Cinema Panopticum ou encore le mystérieux 73304-23-4153-6-96-8 . Il fait toujours dans le noir et blanc avec un excellent crayonné ainsi que dans des oeuvres assez fantastiques mais tendance morbide. Ce sont des histoires qui se terminent souvent très mal.
Dead end est une espèce de courses sans fin autour d'une mallette bourrée de billets de banque. Les gens se massacrent afin d'être en possession du butin. L'idée de cette malédiction sans fin est intéressante mais pas vraiment nouvelle.
La seconde nouvelle "Washing Day" est beaucoup plus courte. Elle ne m'a pas franchement marqué.
Ce one shot se lit assez rapidement du fait de l'absence de dialogue. On pourra toujours admirer la qualité du dessin.
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Encore un titre de Thomas Ott qui mérite une lecture pour les amateurs d'histoires fantastiques. J'ai beaucoup aimé la phrase de l'auteur en préface écrite en V.O: "It may be your dream, but it's my rules!". Qui a dit cela ? Réponse : Freddy Krueger. Le ton est donné.
Je n'ai pas très bien compris la première nouvelle à savoir "The job". Par contre, la seconde nouvelle "10" sur le thème du Ku Klux Klan m'a paru excellente. Le troisième récit "God" dénonce une société de délateurs mais très croyants ce qui peut paraître antinomique.
Le dernier chapitre à savoir "Goodbye" est réellement le clou du spectacle. C'est grandiose.
Le noir est toujours la couleur par défaut ce qui souligne le caractère assez pessimiste de l'oeuvre de l'auteur. Celui-ci semble se démarquer de ses contemporains pour nous entrainer dans un univers bien à lui.
Le cadrage de ces histoires fait penser à des productions cinématographiques. On sent d'ailleurs l'influence du cinéma noir ou d'horreur. C'est toujours muet ce qui renforce une impression de malaise à imaginer le pire. L'angoisse nous prend assez rapidement. A découvrir pour les vrais amateurs du genre !
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Avant de donner mon avis, je tiens à remercier sincèrement Babelio de m'avoir offert cet album lors de la dernière masse critique.
J'ai beaucoup aimé cet album court et sans paroles qui illustre avec douceur et délicatesse la mort et le deuil, sans volonté de cacher pour autant ses côtés les plus sombres. Le héros en deuil est un jeune garçon, ce qui ne peut laisser indifférent, et on le suit avec plaisir pas à pas dans son processus de deuil.
L'album a été dessiné selon la technique de la carte à gratter que je ne connaissais pas. J'ai trouvé que Thomas Ott maitrisait vraiment très bien la technique, qui sert le thème évoqué avec une grande justesse. Quelle précision dans les dessins! C'est impressionnant!
Je fais souvent vite le tour des albums sans parole, mais celui-ci fera incontestablement partie de ceux que je conseillerai.
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R.I.P est une sorte de best of de l'oeuvre de Thomas Ott entre 1985 et 2004. Ce livre compile en effet les meilleurs récits de ses trois premiers albums cartonnés, parus aux Editions Moderne dans les années 1990 : Tales of error, Greetings from Hellville et Dead End, dans le même petit format cartonné avec dos toilé que les récents Cinema Panopticum et 73304-23-4153-6-96-8.
Cet auteur suisse originaire de Zurich a été l'un des premiers à utiliser une technique de la carte à gratter et surtout de l'introduire dans un univers mi-horrifique ou de sombre polar. Il n'a jamais quitté ce créneau ce qui en fait le spécialiste incontournable. Par ailleurs, il n'y a jamais de bulle et de dialogue : c'est un choix qui privilégie le langage du dessin. On arrive à saisir le sens des choses très facilement.
Cet ouvrage à l'écrin magnifique devrait permettre aux lecteurs de mieux connaître cet artiste de talent, passé maître dans les histoires courtes et sanglantes. On retrouve son ambiance ensorcelante mais non dénuée quelques fois d'un humour plutôt noir. Et surtout cet expressionnisme hors norme qui ravira les amateurs de beaux dessins. A découvrir pour ceux qui ne connaissent pas !
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quoi de plus implacable que les chiffres ?
Une suite de numéros inscrits sur une bande de papier. Sans logique apparente.
Le prisonnier regarde cette bandelette, encore et encore, comme s'il en espérait ue épiphanie. Miasrien ne vient. Il sera exécuté dans quelques heures.
Une fois sa besogne achevée, le bourreau découvre ce bout de papier tombé au pied de la chaise électrique. Il l'empoche sans trop savoir pourquoi. Pis il commence à voir les chiffres de cette séquence apparaître autour de lui. Le tatouage d'un chien, un dossart sur un marathonien... et s'il s'agissait d'une martingale pour qui sait l'utiliser ?
Thomas Ott est un aître de la carte à gratter. Son dessin très profond apporte une ambiance sombre et décalée qui est en parfaite adéquation avec son univers horrifique. Conte noir et cruel à la mécanique implacable, 73304... est un exercice de style brillant et une réussite de plus pour son auteur.
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