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Critiques de Upton Sinclair (81)
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La jungle

Upton Sinclair (1878-1968) était un journaliste et écrivain américain socialiste. La jungle est parue en 1906. Ce roman raconte l'histoire d'une famille de migrants lituaniens venue chercher fortune à Chicago. Le personnage principal est Jurgis Rudkus, un jeune homme grand et fort, courageux, enthousiaste et naïf. Il est prêt à travailler toujours plus pour améliorer le sort de ses proches. Il va s'apercevoir assez vite que l'honnêteté ne fait pas le poids face au capitalisme sauvage et aux corruptions de tous genres.







Les membres de la familles trouvent à s'embaucher dans différentes entreprises liées de près ou de loin aux abattoirs de Chicago : abattage des animaux, découpe de la viande, fabrication de saucisses, conserverie, fabrication d'engrais... C'est l'occasion pour l'auteur de dénoncer de nombreux scandales :







Le scandale des conditions de travail et de vie des ouvriers : aux abattoirs, les conditions de travail sont extrêmement pénibles (efforts physiques, bruit, odeurs, longues journées) et dangereuses vu les machines utilisées et les cadences infernales. Les emplois sont précaires, les ateliers ferment de façon saisonnière, souvent l'hiver et de nombreux travailleurs se retrouvent alors à la rue dans le froid et la neige. Dans l'espoir de garder son logement, la famille Rudkus est obligée de mettre au travail vieillards et enfants. L'auteur dépeint tous les abus dont sont victimes les travailleurs pauvres : marchands de sommeil, prostitution, insalubrité, pollution, manque de soins... Les Etats-Unis étaient alors un pays émergent, on pourrait lire quasiment la même chose sur des ouvriers chinois aujourd'hui.









Le scandale de l'abattage des animaux : Les cochons, notamment, sont présentés comme des individus distincts : "Chacun d'entre eux était un être à part entière. Il y en avait des blancs, des noirs, des bruns, des tacheté, des vieux et des jeunes. Certains étaient efflanqués, d'autres monstrueusement gros. Mais ils jouissaient tous d'une individualité, d'une volonté propre ; tous portaient un espoir, un désir dans le coeur. Ils étaient sûrs d'eux-mêmes et de leur importance. Ils étaient pleins de dignité. Ils avaient foi en eux-mêmes, ils s'étaient acquittés de leur devoir durant toute leur vie, sans se douter qu'une ombre noire planait au-dessus de leur tête et que, sur leur route, les attendait un terrible Destin."



Le parallèle est fait entre le sort des bêtes et celui des hommes : "Jurgis se rappelait combien il avait été frappé, à son arrivée à Packingtown, par la cruauté sauvage qui présidait à l'abattage des cochons, et comme il s'était félicité de ne pas faire partie du troupeau. Son nouvel ami lui prouva qu'en fait il n'avait été qu'un des innombrables porcs passés entre les mains des patrons des conserveries. Ces gens-là ne s'intéressaient à ces animaux que pour les profits qu'ils pouvaient en tirer. Eh bien, leur attitude envers les travailleurs et la population était la même. Ce que la bête pensait ou ce qu'elle endurait n'entrait pas en ligne de compte, et ils faisaient preuve de la même indifférence vis à vis de la main d'oeuvre et des consommateurs de viande."







Le scandale de l'industrie agro-alimentaire : tous les déchets de viande les plus infâmes sont utilisés dans la fabrication du jambon et des saucisses. La description en a choqué les consommateurs américains, ce qui a entraîné la mise en place de contrôles sanitaires les abattoirs. Upton Sinclair déplorait d'avoir été plus entendu sur ce point que sur la condition ouvrière : "J'ai visé le coeur du public et par accident je l'ai touché à l'estomac".







L'ouvrage se termine par une présentation de la solution à tous ces maux : c'est le socialisme. J'apprécie particulièrement la description par un militant enthousiaste à un public émerveillé de ce que sera l'agriculture de demain, mélange de science et de collectivisation : "Ayant grandi dans une ferme, je sais l'épouvantable monotonie du travail des champs et j'aime à me représenter ce qu'il deviendra après la révolution. Je vois déjà l'énorme machine à planter les pommes de terre, tirée par quatre chevaux ou mue à l'électricité, qui creusera les sillons où elle enterrera à intervalles réguliers les tubercules qu'elle aura au préalable découpés, le tout à raison de vingt arpents par jour ! Je vois aussi le superbe engin à ramasser les pommes de terre, fonctionnant à l'électricité peut-être, qui parcourra un champ de mille arpents, soulèvera la terre pour en extraire les tubercules et les entasser dans des sacs ! (...) J'imagine déjà les moissons futures : des millions d'hommes et de femmes qui se réjouiront de venir passer l'été au grand air, transportés par trains spéciaux, libérés de la crainte du chômage puisque la quantité de bras nécessaires aura été calculée à l'avance". Mais c'est l'URSS de Staline, ma parole ! L'enfer est pavé de bonnes intentions.







J'ai apprécié cet excellent ouvrage que j'ai trouvé passionnant, bien documenté manifestement. C'est un récit coup de poing, pas toujours agréable à lire car Jurgis descend aux Enfers mais j'en ai dévoré les 500 pages en trois jours. C'est instructif sans être ennuyeux ou fastidieux. La fin est un peu moins réussie à mon avis mais je reviendrai sans doute prochainement vers Upton Sinclair.
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La jungle

Jurgis, lithuanien, jeune homme plein de vitalité, de force et de courage s’exile avec sa future femme Ona et sa famille à Chicago pour sortir de la misère de son pays.

Ils se retrouvent tous près « des abattoirs », le plus grand « Trust de la viande » et là commence pour eux, une vie d’enfer.

Entre la recherche d’un travail, d’un logement, puis le maintien au poste de travail difficilement acquis, sans se faire écraser, blesser, frapper, escroquer par des contremaîtres, des chefs tout puissants et surtout qui ont tous les pouvoirs, ils ne s’en sortent pas. La maladie, le froid, la famine, la vermine sont leurs lots quotidiens.

Et puis un vrai malheur arrive dans cette famille, c’est la goutte d’eau qui décide Jurgis à fuir, tout laisser : la famille dans la misère, les enfants tout il quitte tout, il s’enfuit. Il ne veut plus s’occuper que de lui.

Va suivre pour lui une vie de malfrat, de voleur, de proxénète où il a enfin de l’argent, sale certes, mais de l’argent. Naif, il se fait encore et encore avoir, et il rechute. Il se retrouve clochard, dans la rue, mendiant grelottant de froid et de faim couvert de vermine. Et puis un soir il entre dans une salle où un tribun parle encore et encore très longuement. Les mots endorment Jurgis, il se fait sortir d’ailleurs. Mais i l y revient et là il prend conscience en écoutant des « camarades » que cette vie peut changer, il suffit de le vouloir tous…. Il est subjugué, il devient militant socialiste. : Un jour Chicago sera à eux…

Un récit passionnant, très dur où les détails ne sont pas écartés. On plonge dans la fange d’une société qui manipule les hommes et les animaux avec la même cruauté mais qui dispose de tous les pouvoirs et a mainmise sur toutes les instances.

Un livre à lire absolument. Il remet les pendules à l’heure et nous montre le chemin….
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Pétrole !

Sinclair est une figure des lettres américaines , hélas un peu perdu de vue aujourd'hui. Cette oeuvre est au panthéon , de par sa folie , sa volonté de faire découvrir la frénésie qui habitait les chasseurs de l'or noir. L'on est pris au corps par cette histoire démesurée dans un univers lui méme démesuré . Le ton est ici porté vers une envolée presque lyrique , les personnages sont d'un réalisme incroyable , l'on bifurque parfois vers la poésie... Cette oeuvre est trop oubliée aujourd'hui et cela n'est pas normal .... Il faut que chacun découvre ce dont l'homme est capable quand il est pris dans une folie telle que celle de la recherche du pétrole ....
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Pétrole !

Voici un grand classique de la littérature américaine, datant de 1927.

Ancien journaliste d’investigation, Upton Sinclair est en quelque sorte le Zola des USA, même s’il ne situe pas ses romans dans la même époque. L’auteur a connu immédiatement le succès avec son premier roman, “La Jungle”, qui traitait du sort animal dans les abattoirs de ce début de siècle. Livre engagé, il fut à l’origine du Federal Meat Inspection Act qui allait réglementer le domaine du commerce de la viande aux Etats-Unis.

Pétrole! relate la prolifération des champs pétroliers dans la Californie du Sud en ce premier quart de siècle. Le père Jim Arnold Ross, petit exploitant pétrolier au début, a les dents longues. Sans être un entrepreneur pionnier sans vergogne, il construit son empire à coups d’arrangements et d’accointances politiques, à coups de petits mensonges par omission pour acquérir des terres qu’il va ensuite joncher de derricks. Sans être criminel, ce n’est pas non plus d’une honnêteté à toute épreuve...Ces pratiques se transformeront en escroquerie, corruption et “achat” de candidats à la Présidence (Coolidge en l’occurrence) , rien que ça.

Il associe dans son commerce son fils adolescent, Bunny. Celui-ci est pétri d’admiration pour son Papa, l’avenir semble tracé. Mais de l’autre côté de l’Atlantique, la Première Guerre Mondiale fait rage et en Russie, ce conflit conduit à la naissance du communisme.

C’est précisément là que Sinclair entendait amener son récit.

Bunny va devenir l’ami de Paul Watkins, jeune homme intellectuel et engagé qui va s’enticher de la cause bolchévique et qui voyagera en Europe pour en faire la promotion.

Cette situation nouvelle va petit à petit éloigner Bunny des principes paternels, au point de mettre en péril la succession. Bunny soutiendra la cause ouvrière sur le sol US et adhèrera ouvertement au communisme.

Papa reste un père bienveillant et espère garder l’attachement de son fils tout en étant conscient de l’opposition intellectuelle de son fils. C’est cela qui donne de l’ampleur aux personnages.

J’ai aimé ce livre sur sa première moitié, après je me suis quelque peu lassé. L’auteur nous fait découvrir le monde de l’exploitation du pétrole et c’est un domaine peu abordé dans les livres. Par ailleurs, Sinclair est un élève de Zola, mais il n’est pas Zola. Ce dernier excellait, fascinait même, dans la description de la déchéance morale et matérielle de ses personnages. Malgré le sérieux et la richesse du sujet, Sinclair écrit une histoire assez lisse. Il n’arrive pas, selon moi, à exploiter pleinement sa propre histoire. Les personnages sont bien posés, mais pas très attachants, à part Bunny et Paul. L’ensemble subit un encéphalogramme plutôt linéaire là où on aimerait un peu de relief et d’exaltation. En outre, son apologie du communisme, écrit en 1927 donc, paraît bien naïve quand on sait qu’à cette époque, Lénine et Staline ont commencé à transformer la doctrine communiste en ogre redoutable. Idem concernant l’aversion pour le communisme développé aux Etats-Unis ensuite. Chez Sinclair, le communisme se contente d’être un joli conte.

Comme c’est une belle brioche de neuf cents quatre vingt pages, j’avoue que je me suis un tantinet ennuyé, que je suis content d’avoir lu un classique US, mais content aussi de l’avoir derrière moi.

Le réalisateur Paul Thomas Anderson a tiré un très bon film de Pétrole!: There Will Be Blood. Il a justement réussi son film en donnant davantage de profondeur aux personnages et en laissant de côté de pans entiers du livre. Ayant vu le film bien avant cette lecture, la prestation de Daniel Day Lewis dans le rôle de Ross a éclipsé le Jim Ross d’Upton Sinclair.

C’est indéniablement un bon bouquin, malgré mes réserves.

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La jungle

Dans La Jungle (parue en 2011 au Livre de Poche), Upton Sinclair nous raconte la vie d’une famille de migrants européens lors de leur arrivée dans la ville américaine de Chicago, au tournant des 19ème et 20ème siècles. Un témoignage très fort sur les conditions de vie, ou plutôt de survie, de la classe ouvrière dans ce pays naissant…









Que peut la littérature ? A cette question posée fréquemment par François Busnel dans son émission La Grande Librairie, le roman d’Upton Sinclair « La Jungle » offre une réponse claire : faire prendre conscience des souffrances de la classe ouvrière pour faire changer sa condition.



Le roman s’ouvre sur le mariage du personnage central, Jurgis, et de sa future épouse rencontrée en Lituanie, Ona, après leur émigration aux Etats-Unis. Jurgis est une force de la nature, un « dur à la tâche » qui trouve d’ailleurs rapidement un emploi dans les abattoirs de Chicago. Ceux-ci sont l’employeur principal de la région, 30.000 personnes y travaillent pour 8 à 10 millions d’animaux tués par an (à cet égard, le passage où Sinclair décrit les lieux est magistral). Les premiers pas du jeune couple et de leur famille s’avèrent porteurs d’espoir dans ce nouvel environnement.



Passées ces premières semaines, de nombreuses difficultés viennent jalonner leur parcours : l’achat d’une maison à un véritable escroc, l’arrivée du froid (et avec lui la baisse d’activité économique qui jette sur le pavé sans aucune protection un grande nombre de travailleurs), différents chantages conduisent la famille à la misère et à un parcours loin de celui escompté au départ.



La première partie du roman est un véritable coup porté au lecteur : un réel dégoût émerge rapidement à la lecture des pages. J’ai été profondément choqué par l’absence de moralité de cette société, où la corruption se retrouve à tous les niveaux. Certaines règles sont fixées pour empêcher le travail des enfants ? N’en déplaise, on falsifie leur âge pour qu’ils puissent travailler. Sans parler de la falsification les marchandises avariées pour les faire entrer à nouveau dans la chaîne alimentaire ou encore des conditions de travail dans les usines d’engrais… Ce livre regorge de tels exemples qui font que le parcours normal d’un immigré est celui d’une chute irrémédiable. Au moindre accident de la vie, les protagonistes se retrouvent dans un grand état de dénuement.



Sans vouloir révéler la seconde partie du roman, il semble évident qu’Upton Sinclair a voulu faire endosser à Jurgis plusieurs rôles jusqu’à l’ouverture vers une étape plus prometteuse de sa vie. Cette partie est un peu plus décousue (peut-être) que la première mais n’en demeure pas moins intéressante.



Ce livre a eu un fort retentissement dans le pays, puisqu’il a provoqué une enquête sur les pratiques des trusts de la viande, confirmant les propos de Sinclair, ce dernier ayant même été reçu par le président Roosevelt. Une législation sociale a ensuite été mise en place. Un bel exemple du pouvoir de la littérature !



Vous l’aurez donc compris, j’ai beaucoup apprécié ce livre
Lien : https://etsionbouquinait.com..
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La jungle

Un classique qui a permis de faire prendre au conscience du public de l existence des cartels et de la misère au début du XIXe siècle aux États Unis. Le livre est bien écrit et se lit facilement. Il est très probablement très empreint de vérité. Cependant, j’ai eu du mal à le trouver intéressant. Cette accumulation de malheur, c’est trop, surtout quand on découvre que c’est pour finir avec une éloge du socialisme pendant les trois derniers chapitres, éloge extrêmement ennuyeuse.

A lire pour les curieux.
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La jungle

Bien que La Jungle relate une fiction, ce roman s'apparente davantage à un documentaire qu'à une véritable oeuvre littéraire. Vu sous cet angle, on peut dire que l'ouvrage livre une description bien renseignée, sans concession, édifiante et totalement effrayante de la misérable vie des immigrés aux Etats-Unis au début du XXème s. Un livre intéressant, donc. Le mythe du pays de Cocagne en prend un sacré coup à la lecture de ces lignes, tout autant que s'envolent les illusions sur la bonté de l'humanité.

Un bémol toutefois pour la longue, très longue tirade à la gloire du socialisme naissant à la fin du livre. Il est sûr que cet éveil à la conscience ne pouvait pas être passé sous silence en ce début de siècle, mais une dizaine de pages auraient suffi. J'avoue avoir poussé un soupir de soulagement en arrivant à la dernière ligne de cette harangue s'étirant sur 70 pages (oui, quand même !).
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La jungle

De romanesque, il n'y a rien dans ce roman. C'est plutôt une longue enquête minutieuse des conditions de vie de la classe ouvrière du quartier des abattoirs à Chicago au début du XXe siècle. Upton Sinclair a fait paraître ce texte sous forme de reportage dans les journaux à ses débuts et ce faisant, a créé le scandale autour de ses révélations. Avec raison car tout dans ce récit est révoltant : l'exploitation éhontée des immigrants européens par les trusts de la viande, leur parcage dans des taudis insalubres, l'environnement malsain dans les usines d'abattage, le mépris avec lequel les industriels traitaient leurs employés (enfants y compris). Pas surprenant que, dans ce contexte de capitalisme pur et dur, le socialisme ait pu opérer une percée fugace dans la politique américaine du moment. C'est une charge vibrante contre l'exploitation de l'homme par l'homme et force est de constater qu'il en est encore de même aujourd'hui sur cette planète.
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La jungle

grande épopée racontant le destin tragique d'une famille d’immigrants arrivant au Etat unis en 1906 dans l'espoir d'avoir une vie meilleur ils découvriront les abattoirs de Chicago, l'union stock yard possédé par une mafia d’entrepreneurs, les personnages tenterons de vivre de se battre dans cette enfer de travail et d'usure, la ou la bestialité des animaux rejoint les hommes. l'écrivain journaliste de métier travaillera 7 semaines dans les abattoirs afin de s'immergé, c'est un roman de fiction / documentaire, très poignant, très réaliste, il ne laisse personne indifférent après l'avoir lu. chef d'oeuvre.
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La jungle

Ce livre est composé de deux tomes, « Les abattoirs de Chicago », et « Les affranchis ». (Selon les éditions, ils peuvent être rassemblés, ou, suivant la traduction, avoir un autre sous-titre)

tome 1 : Les abattoirs de Chicago

Dans le premier tome, Upton Sinclair décrit la spirale de la misère dans laquelle est entraînée une famille lituanienne, récemment immigrée aux USA. Ils arrivent à Chicago, dans une vaste zone industrielle, sale et polluée, un désert urbain. Le lieu où ils vivent est un ancien marécage, devenu ensuite une décharge de détritus et de polluants. Renfloué, le site reste insalubre. Tous leurs rêves (avoir une maison à eux, élever un enfant, mettre de l'argent de côté, etc.) sont broyés par le système capitaliste, qui ne leur laisse même pas le minimum pour vivre, afin de les maintenir dans une dépendance continuelle à l'égard des patrons de la ville. Les conditions de travail aux abattoirs où travaille Jurgis sont particulièrement sordides, et l'exploitation féroce (les contremaîtres sont de vrais tyrans). Sinclair décrit pendant plusieurs pages les différents postes de travail : chargeurs de bœuf, hisseurs, arracheurs de laine, employés en salles de cuisson, aides de cuisines, ouvriers aux ateliers de boîtes de fer-blanc, aux ateliers d'engrais, etc...

Finalement, il peint de manière très poignante la lente descente aux enfers de cette famille, la pauvreté de leur condition de prolétaires faisant du moindre problème ou accident de la vie une catastrophe qui précipite leur chute dans une spirale infernale de malheur...



tome 2 : Les affranchis

Le travailleur immigré lituanien Jurgis, après que sa femme et son fils soient décédés, s'enfuit à bord d'un train de marchandise, qui va l'amener à retrouver la campagne, la nature qui l'enchante et lui rappelle sa verte Lituanie natale. Vivant comme un vagabond, au gré de menus travaux agricoles, puis de rapines, il va suivre les déplacements de centaines, de milliers de tâcherons qui trouvent à s'employer en suivant les récoltes, qui se succèdent au gré de la saison dans le pays.

L'hiver venu, il doit cependant revenir chercher du travail en ville. Il croise à nouveau la route d'un jeune cambrioleur, un peu anarchiste, et pour qui voler les riches rétablit un peu de justice sociale. Celui-ci initie Jurgis aux différents procédés de vols et d'escroqueries. Ayant intégré la “ pègre ” de Chicago, il trouvera ensuite à s'employer lors de campagnes électorales, car les politiciens véreux de Chicago utilisent les voyous pour effectuer leurs coups-fourrés. Jurgis va même devenir un “ jaune ”, lors de la grande grève des ouvriers de la viande de Chicago, avant de devenir inemployable pour les patrons et la pègre eux-mêmes.

Se retrouvant à nouveau pauvre et à la rue, c'est en s'abritant dans une salle où se tient un meeting socialiste que va se révéler à lui un nouvel avenir : la lutte ouvrière.

Upton Sinclair, à travers le personnage de Jurgis, voudrait bien montrer que le militantisme est plus grisant... que l'alcoolisme ! : “Pour le prix d'un verre de bière, on pouvait acheter cinquante exemplaires d'une brochure, les distribuer aux malheureux que l'Idée n'avait pas encore régénérés, et s'enivrer ensuite de la pensée du bien qu'on pouvait faire.”



Finalement, ce livre est très intéressant. Upton Sinclair fut accusé d'avoir déformé la réalité, afin de servir sa cause (il était militant du parti socialiste, et aux USA, cela veut dire beaucoup !). Il répondit toujours que la réalité qu'il avait décrite était malheureusement le lot de beaucoup de gens aux USA. D'ailleurs, le gouvernement US de Roosevelt réagit, en élaborant une législation sur l'abattage des animaux de boucherie... car ce qui choqua le plus, ce ne sont pas les conditions de travail des ouvriers, mais le risque sanitaire que faisait courir à la population le traitement industriel du secteur de la viande... Upton Sinclair déclara, après le triomphe de son livre à l'époque : “J'avais visé le cœur, et j'ai touché l'estomac de la nation ! ”.
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La jungle

Le voici enfin! Le livre que nous attendions depuis tant d'années! "La Case de l'oncle Tom" de l'esclavage du salariat! L'ouvrage du camarade Sinclair, "la Jungle", et, ce que la "Case de l'oncle Tom" a fait pour les esclaves noirs, "la Jungle" a de grandes chances de le faire pour les esclaves du salariat d'aujourd'hui.

C'est essentiellement un livre actuel. (...) Il est vivant, plein de chaleur. Plein de vie, jusqu'a la brutalité. Il est écrit de la sueur, du sang, des gémissements et des larmes. Il décrit, non pas l'homme tel qu'il devrait être, mais comme il est contraint d'être dans notre monde du vingtième siècle. Il décrit notre pays, non pas tel qu'il devrait être, tel qu'il semble être dans l'imagination des orateurs éloquents célébrant l'anniversaire du 4 juillet, c'est-à-dire la patrie de l'égalité des chances; mais il le dépeint tel qu'il est en réalité, la patrie de l'oppression et de l'injustice, un cauchemar de misères, une géhenne de souffrances, un enfer pour l'homme, une jungle de bêtes féroces.

Jack London

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La jungle

La famille de Jurgis arrive à Chicago aussi naïvement que le bétail entrant dans les immenses abbatoirs de cette ville et ils y subissent un sort comparable.

Avec force détails Upton Sinclair décrit l'industrialisation de l'alimentation, les épouvantables conditions de vie des ouvriers et la misère qui attend les immigrés dans les grandes villes américaines au début du XXème siècle (qui n'est pas sans rappeler Germinal).

L'accumulation de malheurs qui s'abat sur la famille Lituanienne pourrait décourager le lecteur de poursuivre le roman mais, comme son héros, on veut continuer à croire que les choses vont s'arranger et on est embarqué par le réalisme des descriptions servit par une belle écriture.

J'ai seulement moins apprécié les dernières pages qui m'ont semblé un long pamphlet à la gloire du socialisme.
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La jungle

Les Misérables au pays de l'oncle Sam.

Alors que les champions du capitalisme prônent depuis maintenant deux siècles le laisser faire, et les bienfaits de la main invisible théorisés par Adam Smith (remember le ruissellement macronien ?), Upton Sinclair en dénonce dès 1906 ses principes. Le récit de Jurgis Rudkus immigré lituanien fraîchement débarqué sur le sol américain avec sa famille sera l'occasion d'une démonstration implacable de l'ignominie de ce système économique et culturel véritable "spectre invincible", qui brise l'esprit, déshumanise, avili les plus faibles et enrichi les biens-nés (scoop).

Au fil des pages le lecteur navigue entre le naturalisme cher à Zola et l'étude sociologique dans un climat apocalyptique.

Alors oui, pour servir son propos, le père Sinclair y va fort dans le pathos, mais cette oeuvre est d'utilité publique. Le style est certes désuet, mais le thème abordé reste cruellement d'actualité.

Les choses ont-elles vraiment changé ?
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Pétrole !

Ecrit en 927, ce livre est furieusement moderne. Il raconte le développement de l'industrie pétrolière au début du 20ème siècle aux Etats Unis. Il décrit finement l'essor du capitalisme et de ses ravages pour la classe ouvrière. Le communisme et le socialisme se heurtent aux espérances individuelles.

C'est un roman politique et économique, passionnant quand bien même le héros semble un peu pâle: héritier malgré lui mais sans idéaux affirmés non plus. Un entre-deux qui ne lui permet pas de progresser.
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La jungle

j'ai relu ce livre ce weekend. J'avais aimé à l'époque, mais depuis j'ai lu le roman d'Upton Sinclair.

Finalement, le principal intérêt de cette adaptation est de m'avoir fait découvrir l'oeuvre d'Upton Sinclair. De la construction dramatique du roman de Sinclair, de l'ineluctabilité de la tragédie (plutôt de la succession de tragédies qui frappent Jurgis), il ne reste qu'un empilement de péripéties à peine évoquée et pas toujours d'une grande clarté. Le style de Kuper fait diversion, mais j'ai presque l'impression d'un compte-rendu de lecture illustré. Au moins Kuper ne tombe pas dans le misérabilisme larmoyant, mais en si peu de pages, il ne peut pas exprimer grand chose de construit ou d'intéressant formellement.

Au moins, grâce à Peter Kuper, j'ai découvert Upton Sinclair. C'est déjà ça.
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La jungle

(...) Il y a malheureusement de bonnes raisons de croire qu'une part considérable de vérité, indéniable et facile à établir, soutient les accusations portées. La Jungle est une tragédie humaine. Ce livre a troublé dans l'ancien et le nouveau monde les digestions, et peut être les consciences du genre humain.

Winston Churchill

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Pétrole !

J'étais parti pour mettre 3 étoiles, mais la dernière partie, que j'ai lue plus avidement que les autres, m'a convaincu d'en cocher une quatrième.

Il est vrai que j'ai trouvé la première centaine de pages un peu longuette, avec ces descriptions détaillées à la fois du fonctionnement des puits de pétrole et des négociations monétaires entre les protagonistes. Un peu barbant...

Évidemment, qui dit Pétrole ! dit Monnaie !, mais bon... Passé ce cap, je trouve qu'on se prend au jeu de savoir quelle tournure prendra l'existence de Bunny, le personnage central du roman né avec une cuillère en argent dans le bec : persistera-t-il dans ses velléités idéalistes ou retrouvera-t-il le "droit chemin" de la quête du profit à satiété ? D'avoir lu le pedigree politique de l'auteur au préalable m'aurait peut-être mis sur la voie, tant la réponse m'a parue évidente après coup, mais au moins le suspense m'aura tenu en haleine jusqu'au bout...

Un autre indice qui vous mettra sans doute sur la voie : l'insistance avec laquelle Upton Sinclair donne la voix aux "rois du pétrole" pour justifier leur voracité et légitimer leurs actes... et par là même poser les bases du monde dans lequel nous vivons plus que jamais, un siècle plus tard, une "américanisation de l'Europe qui rembourse ce qu'elle doit", dit-il pratiquement en ces termes. Comme quoi, le monde change moins vite que ce qu'il nous semble généralement...

Un bémol pour ma part : le personnage de Bunny et ses relations avec son milieu, et particulièrement son père, sont trop peu vraisemblables à mon goût. Même si je comprends bien que cette histoire n'est qu'un prétexte...





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Pétrole !

Un titre qui pourrait ne pas donner envie de lire ce pavé : Pétrole ! 700 pages sur le monde des exploitations pétrolières dans les années 20 aux Etats Unis. Un roman américain édité en 1926. C'est Bunny , le jeune fils de J Arnold Ross, qui va nous raconter sa vie. Dans les premières pages, nous sommes au bord d'un bolide sur les routes californiennes, avec le père et son jeune fils. Ils foncent vers des terrains que le père va acheter pour faire des recherches de pétrole. Il veut que son jeune fils apprenne le métier pour prendre ensuite les rénes des affaires. Ce père qui était muletier, a maintenant une entreprise d'exploitations de puits de pétrole et fait partie des plus gros patrons de l'industrie pétrolière .

Des pages va nous décrire ce monde, les façons de chercher, d'exploiter. Puis, il y a aussi des moments de vacance où les deux vont à la chasse des cailles. Un jour, pendant un moment de chasse, le fils va découvrir une source de pétrole. Le père est un peu sceptique mais va décider d'acheter alors ces terrains pour son fils. Mais il y a des familles de paysans sur ces terrains. C'est ainsi qu'ils vont connaître la famille Watkins. Et en particulier, Paul, qui a fui la famille mais reste un peu en contact avec sa sœur Ruth. Et qui va rester pendant des années un "ami" de Bunny. Paul va devenir un militant ouvrier socialiste et même communiste. Il y a aussi Eli, le frère de Paul qui va créer une église.

Ce roman est foisonnant et va nous parler de la société américaine des années 20 : des sociétés pétrolières (recherche de terrains, achat de ces terrains, forage, exploitation, consortiums, implication dans le monde politique..), le monde des universités (lors des études de Bunny), le monde des soirées, de l'industrie du cinéma, des nouvelles églises, du monde militant.

Ce livre est très romanesque et on ne lâche pas ce texte pour suivre les questionnements de ce jeune Bunny : va t il prendre la succession de son père et intégrer ce monde de l'industrie pétrolière, va t il plutôt aider avec les dollars de son père, le milieu militant, socialiste, va t il vivre avec cette actrice montante de l'industrie du cinéma.

Nous sommes dans les champs de forage du pétrole, du côté des patrons (réunions, achats d'hommes politiques), nous sommes aussi avec les ouvriers, qui se mettent en grève pour obtenir de meilleurs conditions de travail, nous sommes dans les soirées mondaines, sur les greens des golfs, dans les belles villas châteaux des nouveaux riches, dans les avant premières des films de l'usine du rêve, le monde montant de la radio et des diffusions d'émissions qui envahissent les foyers américains.

Un sacré roman américain, qui à travers ce personnage touchant de Bunny l'évolution de la société américaines dans les années 20, que ce soit l'industrie, la vie politique, militante...



Un petit bémol pour la traduction qui m'a posé des questions pendant la lecture (coquilles ou traduction approximative).

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La jungle

Le livre ultime sur la question sociale et l'immigration.



Actuel?
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Pétrole !

Très surprenant! Je ne m'attendais pas du tout à un livre "politique". Le personnage de "papa" est très intéressant. A découvrir.
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Michelle Richmond
Margaret Clark

13 questions
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Thèmes : littérature , cinema , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

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