AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Upton Sinclair (81)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La jungle

Le voici enfin! Le livre que nous attendions depuis tant d'années! "La Case de l'oncle Tom" de l'esclavage du salariat! L'ouvrage du camarade Sinclair, "la Jungle", et, ce que la "Case de l'oncle Tom" a fait pour les esclaves noirs, "la Jungle" a de grandes chances de le faire pour les esclaves du salariat d'aujourd'hui.

C'est essentiellement un livre actuel. (...) Il est vivant, plein de chaleur. Plein de vie, jusqu'a la brutalité. Il est écrit de la sueur, du sang, des gémissements et des larmes. Il décrit, non pas l'homme tel qu'il devrait être, mais comme il est contraint d'être dans notre monde du vingtième siècle. Il décrit notre pays, non pas tel qu'il devrait être, tel qu'il semble être dans l'imagination des orateurs éloquents célébrant l'anniversaire du 4 juillet, c'est-à-dire la patrie de l'égalité des chances; mais il le dépeint tel qu'il est en réalité, la patrie de l'oppression et de l'injustice, un cauchemar de misères, une géhenne de souffrances, un enfer pour l'homme, une jungle de bêtes féroces.

Jack London

Commenter  J’apprécie          30
La jungle

C'est le premier livre que j'ai lu... lorsque j'étais ado... (houuuuu, il y a tellement longtemps que je ne saurais vous dire la date) mais... je me souviens parfaitement qu'il traite de la condition humaine dans cette Amérique que certains de mes camarades cherissaient tant... et que je ne pouvais manifestement "déjà" plus entrevoir comme un El Dorado.



Vision d'ado: mais ho combien réaliste!



A lire absolument!
Commenter  J’apprécie          10
La jungle

Upton Sinclair (1878-1968) était un journaliste et écrivain américain socialiste. La jungle est parue en 1906. Ce roman raconte l'histoire d'une famille de migrants lituaniens venue chercher fortune à Chicago. Le personnage principal est Jurgis Rudkus, un jeune homme grand et fort, courageux, enthousiaste et naïf. Il est prêt à travailler toujours plus pour améliorer le sort de ses proches. Il va s'apercevoir assez vite que l'honnêteté ne fait pas le poids face au capitalisme sauvage et aux corruptions de tous genres.







Les membres de la familles trouvent à s'embaucher dans différentes entreprises liées de près ou de loin aux abattoirs de Chicago : abattage des animaux, découpe de la viande, fabrication de saucisses, conserverie, fabrication d'engrais... C'est l'occasion pour l'auteur de dénoncer de nombreux scandales :







Le scandale des conditions de travail et de vie des ouvriers : aux abattoirs, les conditions de travail sont extrêmement pénibles (efforts physiques, bruit, odeurs, longues journées) et dangereuses vu les machines utilisées et les cadences infernales. Les emplois sont précaires, les ateliers ferment de façon saisonnière, souvent l'hiver et de nombreux travailleurs se retrouvent alors à la rue dans le froid et la neige. Dans l'espoir de garder son logement, la famille Rudkus est obligée de mettre au travail vieillards et enfants. L'auteur dépeint tous les abus dont sont victimes les travailleurs pauvres : marchands de sommeil, prostitution, insalubrité, pollution, manque de soins... Les Etats-Unis étaient alors un pays émergent, on pourrait lire quasiment la même chose sur des ouvriers chinois aujourd'hui.









Le scandale de l'abattage des animaux : Les cochons, notamment, sont présentés comme des individus distincts : "Chacun d'entre eux était un être à part entière. Il y en avait des blancs, des noirs, des bruns, des tacheté, des vieux et des jeunes. Certains étaient efflanqués, d'autres monstrueusement gros. Mais ils jouissaient tous d'une individualité, d'une volonté propre ; tous portaient un espoir, un désir dans le coeur. Ils étaient sûrs d'eux-mêmes et de leur importance. Ils étaient pleins de dignité. Ils avaient foi en eux-mêmes, ils s'étaient acquittés de leur devoir durant toute leur vie, sans se douter qu'une ombre noire planait au-dessus de leur tête et que, sur leur route, les attendait un terrible Destin."



Le parallèle est fait entre le sort des bêtes et celui des hommes : "Jurgis se rappelait combien il avait été frappé, à son arrivée à Packingtown, par la cruauté sauvage qui présidait à l'abattage des cochons, et comme il s'était félicité de ne pas faire partie du troupeau. Son nouvel ami lui prouva qu'en fait il n'avait été qu'un des innombrables porcs passés entre les mains des patrons des conserveries. Ces gens-là ne s'intéressaient à ces animaux que pour les profits qu'ils pouvaient en tirer. Eh bien, leur attitude envers les travailleurs et la population était la même. Ce que la bête pensait ou ce qu'elle endurait n'entrait pas en ligne de compte, et ils faisaient preuve de la même indifférence vis à vis de la main d'oeuvre et des consommateurs de viande."







Le scandale de l'industrie agro-alimentaire : tous les déchets de viande les plus infâmes sont utilisés dans la fabrication du jambon et des saucisses. La description en a choqué les consommateurs américains, ce qui a entraîné la mise en place de contrôles sanitaires les abattoirs. Upton Sinclair déplorait d'avoir été plus entendu sur ce point que sur la condition ouvrière : "J'ai visé le coeur du public et par accident je l'ai touché à l'estomac".







L'ouvrage se termine par une présentation de la solution à tous ces maux : c'est le socialisme. J'apprécie particulièrement la description par un militant enthousiaste à un public émerveillé de ce que sera l'agriculture de demain, mélange de science et de collectivisation : "Ayant grandi dans une ferme, je sais l'épouvantable monotonie du travail des champs et j'aime à me représenter ce qu'il deviendra après la révolution. Je vois déjà l'énorme machine à planter les pommes de terre, tirée par quatre chevaux ou mue à l'électricité, qui creusera les sillons où elle enterrera à intervalles réguliers les tubercules qu'elle aura au préalable découpés, le tout à raison de vingt arpents par jour ! Je vois aussi le superbe engin à ramasser les pommes de terre, fonctionnant à l'électricité peut-être, qui parcourra un champ de mille arpents, soulèvera la terre pour en extraire les tubercules et les entasser dans des sacs ! (...) J'imagine déjà les moissons futures : des millions d'hommes et de femmes qui se réjouiront de venir passer l'été au grand air, transportés par trains spéciaux, libérés de la crainte du chômage puisque la quantité de bras nécessaires aura été calculée à l'avance". Mais c'est l'URSS de Staline, ma parole ! L'enfer est pavé de bonnes intentions.







J'ai apprécié cet excellent ouvrage que j'ai trouvé passionnant, bien documenté manifestement. C'est un récit coup de poing, pas toujours agréable à lire car Jurgis descend aux Enfers mais j'en ai dévoré les 500 pages en trois jours. C'est instructif sans être ennuyeux ou fastidieux. La fin est un peu moins réussie à mon avis mais je reviendrai sans doute prochainement vers Upton Sinclair.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
Commenter  J’apprécie          40
La jungle

LA JUNGLE d’ UPTON SINCLAIR

On suit l’arrivée d’une famille lituanienne aux États Unis plus particulièrement à Chicago. Ils vont découvrir les conditions de vie et de travail épouvantables dans les abattoirs puis les usines d’engrais. Véritable dénonciation de ces conditions dans les années 1900 ce livre sera directement à l’origine de plusieurs lois qui réformeront le marché du travail et les conditions d’exploitation. Un livre choc qui ne laisse pas indifférent.
Commenter  J’apprécie          60
La jungle

De romanesque, il n'y a rien dans ce roman. C'est plutôt une longue enquête minutieuse des conditions de vie de la classe ouvrière du quartier des abattoirs à Chicago au début du XXe siècle. Upton Sinclair a fait paraître ce texte sous forme de reportage dans les journaux à ses débuts et ce faisant, a créé le scandale autour de ses révélations. Avec raison car tout dans ce récit est révoltant : l'exploitation éhontée des immigrants européens par les trusts de la viande, leur parcage dans des taudis insalubres, l'environnement malsain dans les usines d'abattage, le mépris avec lequel les industriels traitaient leurs employés (enfants y compris). Pas surprenant que, dans ce contexte de capitalisme pur et dur, le socialisme ait pu opérer une percée fugace dans la politique américaine du moment. C'est une charge vibrante contre l'exploitation de l'homme par l'homme et force est de constater qu'il en est encore de même aujourd'hui sur cette planète.
Commenter  J’apprécie          30
La jungle

Plongez-vous dans l’univers sombre voire et miséreux des abattoirs de Chicago fin XIXème.

Accrochez-vous. Vous avez lu Germinal ? C’est pire. Une machine géante à broyer les bêtes et les Hommes. Le gigantisme de l’industrialisation qui mène à des aberrations. La production de conserves et de viandes dans des conditions d’hygiène dignes d’un film d’horreur. Des conditions de travail tellement effroyables que vous n’avez pas besoin de prévoir de retraite pour les ouvriers : ils meurent tous avant. Des conditions de vie où chacun essaie de tirer la couverture à soi, mais elle est si petite pour tant de gens, que la misère est le lot du plus grand nombre. Sans parler de tous les gredins qui profitent d’un système tellement corrompu que l’honnêteté devient un handicap pour tenter de survivre.

Et puis pour les immigrants, s’ajoute la barrière de la langue. Leur espoir d’une vie meilleure en Amérique est tellement immense, intense, qu’ils sont prêt à tout et mettent un temps infini à se rendre compte qu’on les spolie, qu’on les exploite et qu’ils sont piégés dans la misère. C’est sombre et triste. Ça pue la viande avariée, les corps qui ne se lavent pas assez souvent, les vêtements usés et crasseux, la soupe trop claire, la neige grise, la canicule de plomb, les eaux stagnantes qui ont oublié qu’elles ont été limpides un jour, les greniers mal aérés aux matelas trop minces pleins de vermine, les gosses morveux et mal nourris, l’alcool bas de gamme, les blessures mal cicatrisées guettées par la gangrène.

Jurgis a du courage, de la force. On le suit avec sa famille de l’espoir lumineux des premiers pas en Amérique, à l’errance entre petites misère et grande misère. Il pense et nous aussi, avoir toucher le fond et non. Il y a toujours pire. C’est injuste, mais c’est comme ça.

La loi du plus fort est remplacée par la loi du plus malin, du plus rusé, de celui qui écrasera l’autre pour prendre sa place le plus vite.

Franchement notre vie actuelle à côté, c’est le paradis.



Au niveau du style, c’est moins romancé que du Zola. C’est plus comme un long reportage, très factuel. On finit par de longs discours sur le socialisme salvateur. J’ai trouvé cette partie un peu trop longue et politisée, mais dans le contexte elle avait sa place.



Alors, faut-il le lire ? Oui. A part peut-être si vous êtes végétarien…

Commenter  J’apprécie          160
La jungle

Ils quittent la Lituanie à 12. Six adultes et six enfants de la même famille s’embarquent pour les Etats-Unis où ils vont rejoindre un ami qui possède un restaurant dans le quartier des abattoirs à Chicago. Ils vont se briser contre leur rêve Américain en dépit des efforts de Jurgis Rudkus le héros du roman, un homme fort, courageux, travailleur, qui ne pas pas être préparé à l’Amérique de l’époque et que ses qualités desserviront. Tout le Chicago du début du XX ème siècle et sa misère est dans ce livre, les abattoirs d’abord ou les hommes et les animaux mélangent leurs tragiques destins au profit du lobby de la viande, où les hommes meurt les pieds rongés par l’acide et les enfants dévorés par les rats, les syndicats ensuite et leurs arrangements avec les différents partis pour truquer ou acheter les élections. Le travail des enfants, les marchands de sommeil, la prostitution, les réseaux sous terrains clandestins de Chicago pour approvisionner les différentes usines aux nez et à la barbe du syndicat des camionneurs. Il n’y a pas grand chose à sauver dans le Chicago de 1907 tant l’égoïsme, l’opportunisme, la malhonnêteté sont la sainte trinité, tous coupable. Petite lueur d’espoir les références faites à ces socialistes incorruptible qui tentent de gagner du terrain et que Jack London décrivit si bien dans ses écrits socialiste.

L’incroyable histoire de ce livre et de son auteur c’est qu’ils vont transformer l’industrie de la viande aux Etats-Unis. La misère sociale, l’esclavage moderne tout le monde s’en fout, mais manger des saucisses relevées de sciures ou de mort au rat, ça c’est proprement inacceptable.

Commenter  J’apprécie          00
La jungle

Vous aimez les romans d'Emile Zola ? Les films de Ken Loach ? Vous rêvez d’Amérique et pensez encore que tout y est possible ? Si vous répondez positivement à au moins une de ces questions, ce livre est fait pour vous.

Upton Sinclair met en scène, en 1900, une famille lituanienne partie tenter sa chance de l’autre côté de l’Atlantique. Il parait qu’à Chicago, les abattoirs embauchent à tour de bras et que les salaires y sont élevés. Jurgis, Ona, Elzbieta, Marija et les enfants rassemblent leurs économies et quittent leur campagne lituanienne natale pour rejoindre la terre de l’oncle Sam. Ils vont y découvrir l’enfer.

L’enfer, Upton Sinclair le décrit avec un factuel glaçant. Quarante ans avant la publication des Raisins de la colère (Steinbeck), il expose la perversion du capitalisme sous tous ses angles possibles. Esclavage ouvrier, corruption des élus, impunité judiciaire, fraude alimentaire… Dans le quartier des abattoirs de Chicago, le pouvoir du trust de la viande n’a pas de limites. L’horreur des conditions de travail est indescriptible. L’hygiène alimentaire, inexistante. Le destin des malheureux émigrés, aussi innocents à leur arrivée dans cette jungle humaine que le bétail qu’ils contribuent à transformer en chair à saucisse avariée, est scellé d’avance. Leur vigueur est siphonnée en quelques jours. Leurs économies volées par les rapaces de l’immobilier, des transports, de la médecine, de la justice et j’en passe. Leur avenir, nul. Tenter sa chance à Packingtown, c’est se condamner au désespoir et à une mort certaine.

Oui, tout est possible en Amérique. Upton Sinclair dénonce avec une telle force la réalité des conditions de travail aux abattoirs de Chicago, qu’après la parution de La Jungle et le scandale que le roman provoque, Theodore Roosevelt ordonnera une enquête qui conduira à la création de la FDA (Food and Drug Administration). C’est là une ironie bien amère qu’Upton Sinclair analysera avec les mots suivants : « J’ai visé le cœur du public et par accident je l’ai touché à l’estomac. ». Ou dit autrement, on se fout de protéger les ouvriers ; par contre, préservons le palais délicat des plus riches, n’est-ce pas ?

Je vous laisse découvrir par vous-même l’espoir vain sur lequel se termine La Jungle. La société américaine a-t-elle progressé en matière de protection sociale, cent-vingt ans après la parution du livre ? Rien n’est moins sûr.
Lien : https://akarinthi.com/2023/0..
Commenter  J’apprécie          70
La jungle

Écrit en 1905 et terriblement contemporain; migrants, exploitation, misère, capitalisme, productivisme, corruption, cynisme, mouvements sociaux. Upton Sinclair nous plonge dans les prémices d'un monde nouveau !!!

On ne ressort pas de cette lecture indemne et sans questionnement.

Commenter  J’apprécie          00
La jungle

C’est à la radio que j’ai connu ce livre et que j’ai eu envie de le lire. Une claque .., entre Jack London, Steinbeck et Zola. Une dénonciation sociale réaliste terriblement d’actualité toujours… au delà des abattoirs c’est le fonctionnement de l’industrie américaine du début du siècle qui y est dénoncée et permet de mieux comprendre l’émergence du socialisme.
Commenter  J’apprécie          80
La jungle

Leur découragement ne fit que croître lorsqu'ils comprirent que le coût de la vie en Amérique était infiniment plus élevé qu'en Lituanie. Le monde entier les avait floués. Les deux derniers jours, ils s'étaient presque totalement privés de manger, tant ils étaient révoltés par le prix de la nourriture vendue dans le train." (P. 44)

Jurgis Rudkus a quitté avec son épouse sa Lituanie natale, en rassemblant toutes les économies de la famille....il était l'un de ces immigrants venus d'Europe centrale, prêts à accepter tous les travaux possibles, même mes plus dégradants, pour vivre au sein de cet Eldorado, de ce miroir aux alouettes qui les faisait rêver.. Alors ils arrivèrent à Chicago, ce gigantesque centre d'abattage des animaux américains. Les chiffres donnent le tournis. Là-haut, au bord de ces Grands-Lacs, on compte par millions les bœufs, moutons et porcs qui sont saignés chaque année!

Une véritable chaine, dans laquelle chacun fait, depuis des ans, toujours le même geste, Effrayant. L'animal avance, poussé par les coups, vers celui qui le saignera, il ressortira découpé, Aucune attention ne lui a été portée. Accidents ou pas, accidents des animaux ou des hommes....qu'importe : La chaîne avance inexorablement,.

Certains ouvriers malchanceux, glissant dans le sang ou la merde et tombant dans une trémie de hachoir....Ils finirons eux aussi en bouillie-saucisse ! Tant pis pour eux ! Tant pis pour celui qui sera estropié à vie. Dehors,! Place à un autre!

Aucune chaussure de sécurité...aucun vêtement de travail ne leur est fourni. Alors ils pataugent dans leurs grolles déformées qui les ramèneront le soir dans leur bicoque mal chauffée.

Et quand l'argent vient à manquer, plus un cent pour nourrir les enfants, les femmes pour bien peu d'argent donnent de leur personne pour quelques cents...

Jurgis est parvenu à se faire recruter, et gagnera les quelques dollars qui permettront de vivre un rêve : posséder sa propre maison. Oh! ce n'est pas le luxe,

Alors la famille va s'endetter...et se faire arnaquer par ces requins qui rodent.

Dans cette usine terrifiante tout, dans l'animal est utilisé, tous les sous-produits sont valorisés, cornes, poils, sabots. peaux... L'hygiène est un mot inconnu, les normes sanitaires actuelles également. Même les carcasses des animaux malades sont transformées en saucisses à grands renforts de mélanges, de mixtures qui les transformeront en saucisses pas chères, en plats cuisinés, achetées par les plus démunis....dont ces ouvriers.

Ne parlons pas de la considération accordée à ces salariés...ni non plus des normes sanitaires, des concepts inconnus

Tout bénéficie à ces sphères de capitalistes, chiffrant tout en millions de $...alors il ne faut pas se priver de pratiquer des retenues sur salaires de quelques dollars. C'est autant de plus dans leurs poches ....pour en gagner des millions!

Un immense malaise face à ce témoignage mais surtout le bonheur d'un lecteur qui découvrit un "auteur [...] promoteur du socialisme aux États-Unis." comme présenté sur Internet

Malgré ses textes, malgré cette honte qu'il décrit, il ne réussira pas à bousculer cet état d'esprit. Cette antinomie - socialisme VS États-Unis ne peut que troubler, mais ce titre m'a permis de découvrir un homme, un auteur engagé, une époque, des faits de société méconnus; en ce qui me concerne.

Alors comment par hasard ai-je découvert cet auteur que ne connaissent que de rares bibliothèques....il fait partie du passé!

Toutes les infos de notre actualité n'avaient qu'un seul mot à la bouche ....qu'un seul sujet de trouille à nous proposer : "Le PETROLE". Alors, j'ai cherché, quels étaient les titres de livres ayant déjà évoqué cette angoisse, mais d'autre titres que la série (je ne sais pas si c'est une série, ça ne m'intéresse pas)"Dallas, ton univers impitoyable"...et j'ai découvert cet auteur...deux de ses titres étaient disponibles sur le site d'ouvrages d'occasion.. "Pétrole" et "La Jungle"...J'ai été attiré par les mots "promoteur du socialisme aux États-Unis. "Chouette un auteur méconnu !"

Et malgré quelques longueurs, le plaisir fut au rendez-vous.....j'en souvent pensé à Zola et je reparlerai de lui et de "Pétrole" qui est sur ma table de lecture

".....dans une société régie par la compétition, l'argent est nécessairement une marque de supériorité, le luxe l'unique critère de la puissance. C'est pourquoi aujourd'hui nous vivons dans un monde où trente pour cent de la population sont occupés à produire des biens superflu tandis qu'un pour cent s'emploie à les détruire. [...] Pensez aux fabricants qui conçoivent des attrape-nigauds par dizaine de milliers pour nous soutirer de l'argent, aux marchands qui les exposent dans leur étalage, aux journaux et aux magazines qui en font la réclame à longueur de page!" (P. 514)

Actualité? Non un texte et des mots datant de 1905 !
Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          160
La jungle

Contrairement à son roman ''Pétrole!'', le roman ''La jungle'' de l'auteur Upton Sinclair est un roman coup de poing.



Un roman sur la condition ouvrière. Ce n'est pas réellement un roman d'éducation, excepté vers la fin. C'est plutôt un roman : «Je te colle le nez dans ta merde» (pardonnez-moi les termes utilisés). Ainsi, on aime ''la jungle'' et ''Pétrole'' pour des raisons assez différentes. Le premier consiste à montrer à la face du monde plusieurs chemins de vie possible d'un ouvrier (peu reluisant) tandis que le deuxième cherche à éduquer son lecteur par rapport au monde qui l'entoure. En d'autres termes, un roman coup de poing versus un roman qui fait appel à la raison et à l'intellect.



Upton Sinclair, quelquefois appelé le Zola américain, à fait son roman à partir d'un travail journaliste sur les conditions de travail dans les abattoirs. Il a parcouru quelques abattoirs, un sceau à la main pour se fondre dans le décor et à lui-même assisté au travail acharné des ouvriers.Il a également assisté à des scènes de la vie quotidienne. À ce titre, son roman est une image des conditions de vie et de travail des ouvriers de cette époque pas très lointaine.



Toutefois, il est difficile de donner une note parfaite. Il a trop voulu faire vivre d'expériences à son personnage principal. Ainsi, il est ouvrier dans plusieurs départements, chômeur (jusqu'ici, ça va), , vagabond, gangster, responsable politique mineure, contremaître corrompu et finalement, à nouveau, ouvrier éclairé par une éducation socialiste. Tout cela, il aurait pu le séparer entre quelques personnages ou au moins, deux. Mais, il a voulu montrer plusieurs facettes, peut-être trop.



Cela dit, le livre est excellent. L'écriture n'est pas rebutante pour celui qui voudrait avoir une vue partielle sur ce que pouvait être la vie d'un ouvrier au début des années 1900.
Commenter  J’apprécie          50
La jungle

Bien que l'histoire de ses héros soit fictive, le roman d'Upton Sinclair a la précision d'un témoignage, presque d'un documentaire. En nous plaçant aux côtés d'une famille d'immigrés lituaniens dans le Chicago du début du XXème siècle, il dresse un tableau exhaustif et terriblement réaliste de la condition ouvrière de l'époque, mais s'attache aussi à mettre en évidence le fléau que représente le nouveau modèle économique symbolisé par les trusts américains, en prenant l'exemple de la filière viande.



Ona et Jurgis sont au centre du clan dont nous faisons la connaissance, le roman s'ouvrant sur leur cérémonie de mariage, alors que le jeune couple est aux Etats-Unis depuis quelques mois. Ils se sont connus en Lituanie, et rapprochés à la mort du père d'Ona, propriétaire terrien qui voyait d'un mauvais œil que Jurgis, travailleur et sincère mais pauvre et illettré, tourne autour de sa chère fille, cultivée et habituée à un certain confort. Ona orpheline, et la fortune paternelle n'ayant pas fait long feu, Jurgis n'a guère eu de peine à la convaincre de le suivre pour tenter leur chance en Amérique. Ils partent accompagnés de Marija, l'exubérante et vigoureuse cousine d'Ona, de sa belle-mère et de ses cinq enfants, du frère de cette dernière et du père de Jurgis.



Passées les vicissitudes du voyage, qui voit fondre leurs maigres économies -ils sont bien sûr la proie de profiteurs en tous genres-, ils s'installent à Packingtown, quartier des abattoirs de Chicago, où les hommes de la famille et la solide cousine trouvent rapidement du travail. Les nouveaux arrivants sont alors subjugués par l'ampleur et la perfection technique de ce qui représente une ville à part entière : les abattoirs sont sans doute la plus grosse concentration de main-d'oeuvre et de capitaux qui ait jamais existé. Comptant trente mille employés, ils nourrissent trente millions de personnes de par le monde, et des milliers de bœufs et de cochons y sont tués chaque jour.







Bientôt, nos héros quittent la chambre crasseuse et minuscule dans laquelle ils s'entassaient depuis leur arrivée pour une petite maison soi-disant neuve qu'ils achètent, comptant sur le cumul des revenus des hommes de la famille pour en régler les traites...



La réussite semble leur sourire, mais ce n'est qu'une illusion...



Le travail à la chaîne pour un salaire de misère, à des cadences toujours plus soutenues, sans aucune mesure de sécurité, l'absence de protection sociale, rendent quotidien le risque d'accident ou de mort, par ailleurs exhaussé par des conditions de vie insalubres. Jurgis perd son père, emporté par la tuberculose, puis un accident de travail le maintient alité pendant plusieurs mois. A partir de là, tout semble se liguer contre eux. Les dépenses imprévues se multiplient, ils découvrent avoir été arnaqués lors de l’achat de leur maison, Marisa se retrouve elle aussi au chômage suite à la fermeture de la conserverie où elle peignait des boîtes... Lorsque Jurgis peut de nouveau travailler, il a perdu sa constitution robuste et son endurance, et doit se contenter de tâches de plus en plus viles, difficiles et mal payées.



Même le climat est contre eux, chaque saison faisant subir ses contraintes. Au printemps, c'est la pluie qui transforme tout le quartier, dépourvu de rues, en marécage, ses habitants devant parfois progresser plongés jusqu'aux aisselles dans une eau souillée pour rejoindre leurs logements. En été, ce sont les températures accablantes qui rendent les ateliers irrespirables, et provoquent de nombreuses morts par insolation. Le froid et la neige de l'hiver font des trajets pour joindre les lieux de travail une aventure parfois fatale pour les doigts et les oreilles...



Une véritable descente aux enfers, en somme, que partage le lecteur horrifié.



Les conditions de vie et de travail de tous ces hommes et femmes, de ces enfants aussi -puisque malgré la récente interdiction du travail aux moins de seize ans, les parents, pour survivre, n'ont souvent d'autre moyen que de mentir sur l'âge de leur progéniture- sont si dures, si dangereuses, si méprisantes du respect de l'individu que c'en est à peine supportable.

Ces ouvriers sont considérés non pas comme des individus d'ailleurs, mais comme de la main d'oeuvre, dont on tire le maximum au meilleur prix, et que l'on jette sans scrupule lorsqu'ils ne sont plus utilisables. Et c'est d'autant plus facile quand on a affaire à des travailleurs immigrés, ignorants de la langue et des usages de leur nation d'accueil.







C'est ainsi une nouvelle forme d'esclavage que dépeint Upton Sinclair, confortée par la toute puissance d'industriels engagés dans la course du profit à outrance, justifiant les pratiques les plus malhonnêtes, voire les plus délétères pour ceux qui en sont les victimes. Ainsi, dans les abattoirs, rien ne se perd : la graisse évacuée dans des eaux polluées est récupérée pour fabriquer du saindoux (auquel s'ajoute parfois les restes d'un ouvrier tombé dans la cuve), les carcasses de bœufs tuberculeux sont vendues après avoir été "maquillées", des alchimistes colorent les déchets pour en faire des conserves... Et ces mystifications à but lucratif s'étendent aussi au quotidien des habitants de Packingtown, dont les logements sont construits, en l'absence de tout-à-l'égout, sur des déjections, dont les aliments sont frelatés (des sels de cuivre sont ajoutés dans les conserves pour rehausser la teinte des légumes, le lait est étendu d'eau et additionné de formol...) dont les vêtements sont faits de coton additionnés de déchets de laine retissés,...



Tous les niveaux de la société sont d'ailleurs gangrenés par la corruption : la police, la justice, les services d'inspection sanitaire... sont à la solde des trusts dont ils servent les intérêts.



Face à cette puissance a priori invincible, à cette iniquité a priori inéluctable, que faire sinon capituler ? La prérogative quotidienne de la survie, créent une angoisse permanente. La misère est âpre, cruelle, mais surtout sordide, triviale, laide, et humiliante : beaucoup perdent tout respect d'eux-mêmes, sombrent dans l'alcoolisme, se perdent dans la prostitution... L'enthousiaste et responsable Jurgis devient dur, cynique. Il reprend toutefois espoir le jour où, ayant pénétré dans une salle de réunion pour s'abriter du froid, il entend un discours nouveau, qui invite à la lutte...



"La jungle" est un récit dur mais édifiant, dans lequel Upton Sinclair a su allier le souci d'une rigueur quasi journalistique (il a passé six mois à enquêter dans les abattoirs, où il s'est même fait embaucher) à un sens du romanesque justement dosé. Bien que riche en descriptions parfois très détaillées, son récit n'est ainsi jamais fastidieux, la dimension sociale de son texte n'occultant pas l'importance de ses personnages. Son écriture est par ailleurs très vivante, faisant naître images et odeurs à l'esprit du lecteur, et enrichie d'un humour -certes noir- et d'une implication ironique qui met d'autant plus en lumière l'absurdité monstrueuse du monde qu'il évoque.



A lire, bien sûr !



N.B : à sa sortie, en 1906, cet ouvrage fit scandale. Mais au grand regret de son auteur, c'est davantage le scandale sanitaire qui interpella ses concitoyens que les conditions de travail inacceptables des ouvriers. Un rapport d'enquête sera exigé par le président Roosevelt à la suite de la parution de "La jungle", qui aboutira à l'adoption de deux lois sur l'inspection des viandes.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          40
La jungle

C’était le bon vieux temps… Ambiance folklorique oblige, La jungle s’ouvre sur une cérémonie lituanienne de l’acziavimas. Un défilé de personnages s’anime sous nos yeux : Teta Elzbieta apporte les mets du banquet, la grand-mère Majauszkiene complète avec le plat débordant de pommes de terre, Tamoszius Kuszleika remplit la salle des mélodies endiablées et joyeuses qu’il tire de son violon, faisant danser les invités au nombre desquels on découvre Jurgis et Ona, tandis que Marija Berczynskas, infatigable, se démène d’un bout à l’autre de la salle pour assurer le bon déroulement de la cérémonie, veillant à ce que les règles et les traditions soient appliquées selon le bon ordre. On ne s’ébroue pas dans la richesse mais enfin, il y a des pommes de terre, du jambon, de la choucroute, du riz bouilli, de la mortadelle, des gâteaux secs, des jattes de lait et de la bière ; et puis surtout, les retrouvailles sont joyeuses et animées ; elles consolident un peu plus une communauté déjà chaleureuse.





C’était le bon vieux temps, et il faudra se souvenir de cette cérémonie dans le pays comme le dernier épisode heureux vécu par Jurgis et Ona. Les deux jeunes personnes ont à peine la vingtaine lorsqu’elles décident de prendre le bateau, de traverser l’Atlantique et d’atteindre les Etats-Unis. Il paraît qu’ici, le travail se trouve facilement, que les salaires sont élevés, et que les logements et les institutions modernes permettent à n’importe quel individu méritant de s’installer confortablement dans le bonheur d’une existence aisée. Pour ce qui est du mérite, Jurgis et Ona, accompagnés de quelques autres membres de leurs familles, n’ont pas de soucis à se faire. Ils ont été élevés à la dure et ne chôment jamais. Les Etats-Unis n’ont qu’à bien se tenir.





Le désenchantement commence sitôt arrivés dans les quartiers pauvres de Chicago. Grisaille et misère se conjuguent avec l’aspect déshumanisé d’un monde industriel qui a aboli toute ressource naturelle. Les paysages verdoyants de la Lituanie semblent ne pas pouvoir trouver d’égaux, jusqu’à ce que Jurgis découvre les abattoirs, dont le système de production ingénieux rivalise avec les prodiges de la nature. L’installation est gigantesque : entièrement mécanisée, elle permet d’abattre huit à dix millions d’animaux chaque année. Pour cela, l’usine emploie trente mille personnes. Elle fait vivre directement deux cent cinquante mille personnes ; indirectement un demi-million. Ses produits submergent le marché mondial et nourrissent une trentaine de millions de personnes. Nous sommes en 1906 et les prémisses catastrophiques d’un monde industrialisé, sans âme, perdu dans les affres du bénéfice, ont déjà germé : la déchéance est imminente.





La jungle semble d’abord accueillante. Elle fournit du travail à tous nos lituaniens nouvellement arrivés et leur offre un salaire plus généreux qu’ils ne l’auraient espéré. Malheureusement, le coût de la vie aux Etats-Unis est également plus élevé que prévu. On leur promet la propriété puis on les roule en leur faisant payer des charges mensuelles et annuelles qui les éloignent sans cesse davantage de l’acquisition définitive. Les enfants doivent bientôt se mettre au travail pour permettre à la famille de subsister. Pour une journée entière de labeur, ils ramènent quelques cents, une somme dérisoire. Passe encore lorsque les parents ont du travail mais bien souvent, après la frénésie productive qui précède les fêtes de fin d’année, les usines ferment sans préavis et laissent à la rue des milliers d’employés affamés et abrutis par la fatigue. Il faut alors trouver du travail ailleurs –même si toutes les entreprises du coin appartiennent à la même famille-, vivre d’expédients, envoyer les enfants faire la manche dans la rue, grappiller quelques repas en échange d’un verre d’alcool. Très rapidement, la force vitale d’Ona et de Jurgis s’éteint. On se souvient de l’émerveillement naïf, de l’énergie intarissable et de la joie pure qui les animait encore en Lituanie. On constate que tout cela a commencé à s’éteindre après quelques mois aux Etats-Unis, avant de disparaître complètement au bout de quelques années. On comprend que la misère et la fatigue seules ne sont pas responsables de leur déchéance. Le mal est plus sournois : derrière des apparences accueillantes, il désolidarise les individus, les isole dans un mur de silence et les empêche de trouver du réconfort en faisant briller sous leurs yeux des promesses de richesse et d’ascension sociale plus attirantes que l’assurance d’un foyer uni, se satisfaisant à lui-même.





Si la Jungle désigne métaphoriquement cette vie tournant autour des abattoirs de Chicago, les abattoirs constituent quant à eux la métaphore terrible de la destinée humaine :





« On dirigeait d’abord les troupeaux vers des passerelles de la largeur d’une route, qui enjambaient les parcs et par lesquelles s’écoulait un flux continuel d’animaux. A les voir se hâter vers leur sort sans se douter de rien, on éprouvait un sentiment de malaise : on eût dit un fleuve charriant la mort. Mais nos amis n’étaient pas poètes et cette scène ne leur évoquait aucune métaphore de la destinée humaine. Ils n’y voyaient qu’une organisation d’une prodigieuse efficacité. »





Les animaux aussi bien que les êtres humains sont à la merci des abattoirs. Sophistiqués comme jamais, ils émerveillent encore, alors qu’aujourd’hui ils répugneraient aussitôt. C’est que tout leur potentiel d’hypocrisie, de manipulation –pour ainsi dire de sordide- n’a pas encore été révélé. Qu’est-ce qui tue vraiment les employés des abattoirs ? Outre le travail inhumain, on soupçonne la perfidie des moyens.





La Jungle nous révèle que la déchéance moderne a déjà une longue expérience derrière elle. La pourriture de l’hyper-industrialisation que l’on connaît aujourd’hui existait déjà au début du 20e siècle aux Etats-Unis. Ce qui nous différencie des lituaniens ignorants de ce roman tient à peu de choses : eux pensaient vraiment que la société capitaliste permettrait l’épanouissement des individus tandis que nous sommes bien peu nombreux à le croire encore –mais dans les deux cas, les individus sont bernés. La tactique début du 20e siècle pour juguler le mécontentement consistait à épuiser les travailleurs, à les désolidariser, à leur faire perdre toute dignité humaine. La duperie ne pouvait cependant pas fonctionner éternellement et Upton Sinclair nous décrit la constitution progressive des forces opposantes socialistes s’unissant pour faire face aux débordements de l’entreprise Durham. Dans cette dernière partie de la Jungle, la tension rageuse accumulée tout au long du livre trouve un exutoire dans le discours et l’action politiques. Si les socialistes finissent par remporter les élections locales, la victoire reste cependant fragile : « Les élections n’ont qu’un temps. Ensuite, l’enthousiasme retombera et les gens oublieront. Mais, si vous aussi, vous oubliez, si vous vous endormez sur vos lauriers, ces suffrages que nous avons recueillis aujourd’hui, nous les perdrons et nos ennemis auront beau jeu de se rire de nous ! ».





La suite de l’histoire reste en suspens. Pendant ce temps, la Jungle sera traduite en dix-sept langues et entraînera les menaces des cartels mais aussi l’approbation de la masse populaire. Des enquêtes viendront confirmer la véracité des propos rapportés par Upton Sinclair avant que le président Theodore Roosevelt ne le reçoive à la Maison-Blanche pour entamer une série de réformes touchant l’ensemble de la vie économique du pays. La conclusion n’est pas joyeuse pour autant. Plus d’un siècle vient de passer mais le roman entre encore en écho avec la déchéance industrielle de notre époque. Certes, aux Etats-Unis ni en Europe, plus personne ne meurt d’épuisement physique, plus aucun enfant n’est exploité et tout employé peut bénéficier –en théorie- des protections sociales et sanitaires de base. Mais nous sommes-nous vraiment échappés de l’abattoir ? Il semblerait plutôt que le mal se soit déplacé –peut-être même a-t-il carrément retourné sa veste pour s’emparer de ce qui manquait alors cruellement aux personnages du roman : le confort. Les coups, les mutilations, le froid destructeur, la chaleur vectrice de maladies, les engelures, les brimades, la tuberculose, les noyades –toutes ces violences physiques faites aux corps des habitants du premier monde deviennent des métaphores vénéneuses des violences morales faites aux habitants du deuxième monde. A bien y réfléchir, notre situation est tout aussi désespérée : nous ne savons plus que nous sommes victimes car notre corps ne se désagrège plus –ou si peu- au fil des saisons. Nous ne savons pas, et nous sommes comme ces porcs que l’on conduit à l’abattoir :





« Chacun d’entre eux était un être à part entière. Il y en avait des blanc, des noirs, des bruns, des tachetés, des vieux et des jeunes. Certains étaient efflanqués, d’autres monstrueusement gros. Mais ils jouissaient tous d’une individualité, d’une volonté propre ; tous portaient un espoir, un désir dans le cœur. Ils étaient sûrs d’eux-mêmes et de leur importance. Ils étaient pleins de dignité. Ils avaient foi en eux-mêmes, ils s’étaient acquittés de leur devoir durant toute leur vie, sans se doute qu’une ombre noire planait au-dessus de leur tête et que, sur leur route, les attendait un terrible Destin. »





Le socialisme a changé la couleur des murs de l’abattoir. On aimerait pouvoir dire qu’il a œuvré davantage mais ce n’est certainement pas le cas car la lecture de la Jungle, plus d’un siècle après sa première publication, est encore saisissante et ne laissera pas de remuer des plaintes sourdes qui signifient que le massacre ne s’est pas arrêté.
Lien : http://colimasson.over-blog...
Commenter  J’apprécie          287
La jungle

Jürgis et sa famille lituanienne émigrent à Chicago. Nous sommes au début du XXe siècle. Il parvient à trouver du travail dans les immenses abattoirs industriels de la ville et leurs activités annexes. Mais peu à peu le rêve américain tournera au cauchemar.

Le livre aborde (brièvement, mais il faut le noter) le problème de la souffrance animale, la déshumanisation des emplois causée par l'industrialisation sauvage, l'absence de code du travail et ses conséquences humaines, l'absence de réglementation des produits, le tout dans le cadre d'un capitalisme tout-puissant. Jürgis connaîtra la misère, la déchéance morale et physique, et pour survivre devra se compromettre avec la pègre et les politiciens véreux, avant de prendre conscience de sa condition de prolétaire exploité et de s'engager politiquement..

Écrit dans un style simple et quasi journalistique, ce livre apparaît, à nos yeux de lecteurs du XXIe siècle, comme une découverte naïve des excès d'un capitalisme dérégulé. On n'y trouvera pas d'analyse psychologique ou des rapports sociaux poussée, contrairement à Zola à qui on pourrait comparer Upton Sinclair, mais c'est une formidable enquête sur le Chicago industriel du début du XXe siècle.
Commenter  J’apprécie          170
La jungle

Ce livre nous plonge dans l'enfer de l'industrie de la viande, dans les Etats-Unis du début du XXéme siècle. Une famille d'immigrés va déchanter en découvrant l'envers du décor du rêve américain. Ils découvrent un système capitaliste qui broie l'humain dans sa chair et son esprit.

C'est très bien écrit, la description d'une société, le Chicago laborieux des années 1920, est réaliste et vraiment prenante. Car si ce livre est un plaidoyer il nous raconte surtout l'histoire d'un homme. A la fois documentaire et romanesque.



Amateurs de romans historiques ou de récits à la Zola foncez !
Commenter  J’apprécie          10
La jungle

Bien que La Jungle relate une fiction, ce roman s'apparente davantage à un documentaire qu'à une véritable oeuvre littéraire. Vu sous cet angle, on peut dire que l'ouvrage livre une description bien renseignée, sans concession, édifiante et totalement effrayante de la misérable vie des immigrés aux Etats-Unis au début du XXème s. Un livre intéressant, donc. Le mythe du pays de Cocagne en prend un sacré coup à la lecture de ces lignes, tout autant que s'envolent les illusions sur la bonté de l'humanité.

Un bémol toutefois pour la longue, très longue tirade à la gloire du socialisme naissant à la fin du livre. Il est sûr que cet éveil à la conscience ne pouvait pas être passé sous silence en ce début de siècle, mais une dizaine de pages auraient suffi. J'avoue avoir poussé un soupir de soulagement en arrivant à la dernière ligne de cette harangue s'étirant sur 70 pages (oui, quand même !).
Commenter  J’apprécie          30
La jungle

La Jungle s'ouvre sur un mariage et se referme sur une naissance. Le mariage d'Ona et Jurgis Rudkus avec ses traditions folkloriques lituaniennes : l'acziavimas et la vesejila. Leur union est à marquer d'une pierre blanche car elle symbolise l'un des derniers moments de bonheur du jeune couple.



Mais revenons quelques mois en arrière, nous sommes au début des années 1900, quand Jurgis et Ona, accompagnés de leur famille ( douze personnes au total, six adultes et six enfants), débarquent à Chicago après avoir fui l'infortune lituanienne. Dans ce pays de cocagne où tout semble possible, pour qui veut bien travailler durement et servilement , ils espèrent trouver un avenir meilleur. Ils vont vite perdre leurs illusions et le rêve américain tourne au désenchantement. Une fois en Amérique, ils se rendent compte d'une cruelle réalité : "si les salaires étaient élevés dans ce nouveau pays, les prix l'étaient tout autant et un pauvre étaient aussi pauvre ici que n'importe où d'ailleurs sur cette terre". Sans parler de la corruption et des escroqueries en tous genres qui plongent la famille dans la tourmente. Désormais un seul mot d'ordre : survivre !



A Chicago, si l'on veut du travail, il faut se rendre à Packingtown, le quartier des abattoirs, propriété des trusts de la viande. Jurgis, notre colosse Lituanien, n'a aucun mal à se faire engager à la chaîne d'abattage. Malgré toute sa bonne volonté et sa force de travail, son maigre salaire ne suffit pas à nourrir tout le monde. Les membres de la famille, adultes et enfants, se mettent en quête d'un travail afin de subvenir à leurs besoins élémentaires. De la douce et délicate Ona, en passant par le vieil Antanas à la toux incessante ou au jeune Stanislovas, qui ment sur son âge, tous se retrouvent dans l'enfer de Packingtown.



A travers le destin tragique de Jurgis et de sa famille, Upton Sinclair nous plonge dans les abîmes du capitalisme du début du XX siècle. Il nous montre le quotidien de ces milliers de gens qui constituent les rouages indispensables de la gigantesque machine industrielle. Le travail d'abattage à la chaîne aux cadences infernales est un supplice effroyable pour les ouvriers qui tuent et dépècent les animaux, été comme hiver, dans l'atmosphère confinée et suffocante des ateliers remplis d'une odeur putride de sang et de crasse. Les accidents sont très fréquents, un coup de lame maladroit qui entaille une main et c'est l'infection, un chariot qui sort de sa trajectoire et c'est la mort. Les usines qui ferment du jour au lendemain, pour plusieurs mois, laissant ces travailleurs dans le dénuement le plus total.

Et tout ça au nom de quoi ? Du profit, de l'appât du gain, du capitalisme à outrance au mépris de toute humanité.

Comme évoqué en préambule, ce roman s'achève sur une naissance : celle du socialisme, qui donne une touche d'optimisme et un peu d'espoir à Jurgis et ses camarades.



Lors de sa parution en 1906, ce roman "coup de poing" fait grand bruit et pousse le président Theodore Roosevelt à engager une commission d'enquête sur les conditions de travail dans l'industrie de la viande et à faire mener des réformes du droit du travail et de la réglementation en matière de production alimentaire.

La Jungle fait partie de ces livres qui ont fait l'Amérique ! Un grand roman social.
Commenter  J’apprécie          130
La jungle

Un livre coup de poing comme on en voit rarement. Entre le reportage sociologique et le conte politique, Upton Sinclair nous ouvre les yeux sur une réalité imaginable, celle de ce pauvre Jurgis et de sa famille, qui devront batailler au quotidien pour ne serait-ce que survivre.

Si la réalité a bien évolué depuis, l'exploitation de l'homme par une minorité de privilégiés prêts à tout pour accroitre leurs bénéfices reste malheureusement d'actualité.

Commenter  J’apprécie          00
La jungle

J'ai lu ce livre en 1969 ou 1970. J'étais alors au lycée et je l'avais emprunté à une bibliothèque. Il s'agissait d'une édition Suisse (éditions Rencontre à Lausanne). Il n'existait pas à ce moment d'édition française sur le marché. Ce livre m'avait mis une telle "baffe" que j'avais envisagé de ne pas le rendre ! J'avais même préparé pendant des heures un compte rendu de lecture que je voulais faire en classe en le proposant à mon prof de français afin d'éveiller l’intérêt de mes camarades et les inciter à le lire. Cet exposé ne s'est finalement pas fait. Mais pendant des années j'ai surveillé une éventuelle édition française, puis j'ai laissé tomber. Quand j'ai découvert par hasard, tout récemment qu'il en existe une édition française en livre de poche, je me suis rué chez mon libraire pour le commander.

En fait, s'il s'agit d'un roman, ce n'est pas essentiellement un roman. C'est avant tout une enquête, un travail de journaliste d'investigation. Car il faut dire qu'Upton Sinclair a donné de sa personne ; il n'a pas fait que recueillir des témoignages auprès de ceux qui vivaient cette forme d'esclavage ; il s'est fait embaucher aux abattoirs de Chicago ; il a vécu ce qu'il décrit dans son roman ; il a "mis les mains dans le cambouis" ; il a mouillé sa chemise !

C'est parce qu'il y a travaillé et a vu les choses de l'intérieur que son roman a tant de force et a eu tant de retentissement à l'époque. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi il est si peu connu de nos jours !

En tous cas, je le place au panthéon de mes livres !
Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Upton Sinclair (498)Voir plus

Quiz Voir plus

L'homme qui plantait des arbres de Jean Giono par Léa et Naomie

Comment s'appelle le héros de ce livre ?

Jean Giono
Elzéard Bouffier
Gérard Bouffier
Jacques Giono

10 questions
502 lecteurs ont répondu
Thème : L'homme qui plantait des arbres de Jean GionoCréer un quiz sur cet auteur

{* *}