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Critiques de Upton Sinclair (81)
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La jungle

Jurgis Rudkus, le personnage principal, et sa famille quittent leur pays natal, la Lituanie, pour traverser l'Europe et l'Atlantique et venir s'établir en Amérique comme tant d'immigrés à l'époque. Ils atterrissent à Chicago et trouvent tous du travail chez Durham et Compagnie, le trust de la viande qui n'hésite pas à employer pour des salaires de misère, hommes, femmes et enfants.

Ils découvrent très vite que la vie en Amérique est beaucoup plus chère que prévu et que leur salaire à tous ne suffira pas pour vivre. Les enfants ne pourront pas aller à l'école et ils resteront au bas de l'échelle malgré leur ardeur quotidienne à la tâche.

De plus les conditions de travail sont déplorables, l'été il fait une chaleur étouffante dans les locaux, l'hiver les mains et les pieds gèlent, les cadences sont infernales et les accidents quotidiens (gelures, coupures, intoxications, évanouissement, morts). Le lecteur découvre effaré et choqué, les conditions de travail déplorables y compris pour les enfants, l'absence d'hygiène y compris pour les consommateurs futurs, rien n'étant jeté y compris la viande avariée ou celle des animaux malades...tout est transformé et mis sur le marché. Et je ne parlerai pas de la cruauté insoutenable qui règne dans les lieux.

La famille décide d'acquérir une petite maison que l'agent immobilier prétend neuve ce qui leur permettrait d'être chez eux un jour. Ils ne savent pas que cela précipitera leur perte, en cas de non paiement, la maison leur sera retirée sans compensation des sommes versées. Ils ne parlaient pas un mot d'anglais et donc c'était facile pour les exploiteurs de les tromper.

Il n'est pas étonnant que dans de telles conditions et devant les drames que doivent vivre la famille de Jurgis, celui-ci craque, se batte avec un supérieur qui a abusé de sa femme, et se retrouve en prison précipitant la famille dans la misère. Se retrouvant sur liste noire, il est impossible désormais pour lui de retrouver du travail à sa sortie. Il fera pourtant tout ce qui est en son pouvoir, partira sur les routes, tentera sa chance tout en essayant de survivre.

Les ouvriers ne peuvent dans ces conditions se rebeller car ils perdent tout, les femmes se prostituent, les enfants croulent sous la pénibilité du travail.

Pourtant malgré la déchéance physique, la perte de l'espoir, des solutions se profilent, appartenir soi-même à la mafia dirigeante ou au contraire se tourner vers cette nouvelle idéologie montante que l'on appelle le socialisme ? Jurgis devra choisir pour retrouver un sens à sa vie et sauver peut-être ce qui peut l'être.



Je suis restée abasourdie par cette lecture choc, dure et tellement réaliste que l'on se demande comment un tel monde a pu exister et malheureusement existe encore de nos jours avec les conséquences de la mondialisation, plus d'un siècle après l'écriture de ce livre qui a fait scandale lors de sa sortie en 1906.

Impossible de s'habituer à voir une telle souffrance animale ou humaine...un tel désespoir face à l'avenir et à l'effondrement de tant de vies d'immigrés gâchées pour toujours, qui ont cédé à l'attrait d'un monde meilleur. C'est un récit effroyable mais qui fait écho à l'actualité, à la montée de la pauvreté, au racisme ambiant, aux immigrés qui se noient en méditerranée et à notre monde où l'argent prime sur l'homme, et où les plus riches méprisent encore et toujours ceux qui leur ont permis d'acquérir leur richesse et de vivre leur vie de nantis et je ne parle pas de la classe politique corrompue.

Ce livre poussera le président des Etats-Unis de l'époque (Roosevelt) à enquêter sur les installations et les conditions d'hygiène et à créer une loi sur l'inspection sanitaire, mais aussi à enquêter sur les conditions de travail ce qui a permis à des réformes du droit du travail de voir le jour.

Certes, nous savons à présent que les conditions de vie des ouvriers ont évolué et que les millions d'hommes et de femmes, grâce aux grèves gigantesques de 1920, sont arrivés à faire entendre leur voix. Mais tout cela ne peut que nous mener à une terrible constatation, trop peu de choses ont changé dans certains pays.


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Le Christ à Hollywood

Le christ à Hollywood d’Upton Sinclair



Le narrateur, Billy, se rend, avec le Docteur Henner qui fût un célèbre critique littéraire à Berlin, au cinéma Excelsior voir un film allemand, Le Cabinet du Docteur Caligari. Une foule de manifestants tente de les empêcher de rentrer arguant que le film est allemand et qu’il devrait être interdit. Billy réussit à entrer, Henner s’en va. A sa sortie il est de nouveau assailli, on le traite de traître, de saloperie de Hun!! Il se bat, est sonné, sérieusement blessé et se réfugie dans l’église saint Barthélémy. Il était en rage lui qui avait combattu directement les allemands en 1944, il pleurait en regardant un des vitraux qui était une représentation du christ. Soudain une main se posa sur lui et on lui dit « Rassure toi, c’est moi, n’aie pas peur ». Il y avait désormais un trou à la place du vitrail et l’homme était assis à côté de lui!! Il lui propose de l’accompagner, Billy s’inquiète du trou et l’homme décroche un tableau dans l’église et le met par dessus. S’engage alors une discussion toute biblique et les deux hommes cheminent dans la rue principale de la Cité de l’Ouest qui s’appelait Broadway. La tenue de l’homme du vitrail avait inquiété Billy en acceptant qu’il l’accompagne mais on était à Hollywood, plein de touristes dans des tenues tout aussi bizarres. Ils croisent alors Edgerton Rosythe, rédacteur en chef d’un grand journal. L’homme se présente comme Le Charpentier, il parle en citant des versets de la Bible à chaque question qu’on lui pose. Il guérit les blessures de Billy, Edgerton est impressionné et s’interroge sur sa technique thérapeutique, il les entraîne au salon de beauté de madame Planchet. Rencontre avec des metteurs en scènes, des actrices connues, le petit monde du cinéma, on propose à Charpentier de le rendre célèbre, certains font même remarquer sa ressemblance avec un vitrail de saint Barthélémy!! Le producteur invite tout le monde au restaurant entouré de grévistes. Le Charpentier ne mange pas, il veut nourrir tous les affamés. En quittant le restaurant le chauffeur roule trop vite et renverse deux enfants, on est dans le quartier des mexicains et des italiens, la foule se fait menaçante, le Charpentier parle…



Situant son roman dans un pays imaginaire avec Broadway et Hollywood quand même, son Charpentier / Christ va se retrouver immergé dans une ambiance revendicative, menée par des syndicalistes et des socialistes, il devrait être sur un terrain très favorable, aidé de temps en temps par un petit miracle, mais les hommes sont décidément bien compliqués à déchiffrer. Drôle et désespéré.
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La jungle

C’est à la radio que j’ai connu ce livre et que j’ai eu envie de le lire. Une claque .., entre Jack London, Steinbeck et Zola. Une dénonciation sociale réaliste terriblement d’actualité toujours… au delà des abattoirs c’est le fonctionnement de l’industrie américaine du début du siècle qui y est dénoncée et permet de mieux comprendre l’émergence du socialisme.
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Les griffes du dragon, tome 2

La famille arrive en pleine élection, Lanny va écouter Hitler qu’il trouve sans charme et sans humour mais les élections vont le surprendre avec 6,5 millions de voix pour le parti national socialiste et 4 millions pour les communistes. La fuite des capitaux est immédiate. Il aura l’occasion de rencontrer de par ses relations Hitler lui même et ceux qui seront plus tard ses lieutenants et réalisera tardivement que le mot socialiste dans la bouche d’Hitler n’a pas la même connotation que dans la sienne. La famille passera très près du drame. Il peinera à sauver un proche du camp de Dachau et devra actionner tous les leviers à sa disposition pour y arriver en prenant d’énormes risques personnels.

Lanny réalise que les allemands sont sous le charme d’Hitler, sa mère voit son yacht confisqué et compromet sa croisière annuelle, c’est son seul souci!! Lanny et Irma quitteront finalement l’Allemagne non sans qu’il se soit impliqué dans un attentat qui échouera lamentablement.

Les deux premiers tomes de cette série m’ont fait penser à cette pièce de théâtre de Brecht « la résistible ascension d’Arturo Ui » où on tarde à comprendre le fond d’une politique qui pourtant semble bien claire dès le départ. Fascinant SINCLAIR auteur de la Jungle et de Pétrole.
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Les griffes du dragon, tome 1

LES GRIFFES DU DRAGON d’ UPTON SINCLAIR

C’est une série centrée sur Lanny Bird écrite dans les années 1940/1950, une douzaine de volumes dont je n’ai trouvé que les deux premiers en traduction française. Cette série a connu un succès considérable aux États Unis et SINCLAIR a reçu le prix Pulitzer pour ces romans en 1943.

Lanny Bird est marié avec Irma et le premier tome commence avec son accouchement et l’intérêt des journalistes particulièrement Pietro, ami de Lanny. Le couple Lanny/Irma fait partie en effet des gens célèbres que l’on rencontre dans les lieux à la mode, on les croirait sortis d’un univers à la Fitzgerald, avec une différence notable, Lanny est socialiste, engagé politiquement, Irma est dans de nombreuses associations caritatives et ces actions prennent chez eux une place prépondérante. De plus l’oncle de Lanny, Jesse est communiste, lui aussi extrêmement engagé et passe des soirées à argumenter avec Lanny. Irma est issue d’une riche famille dont une partie de la fortune a été amputée par la crise de 1929, mais leur couple n’a pas besoin de travailler. La naissance d’une fille unique, Frances, désole la grand mère qui espérait un héritier mâle! Ils sont à Juans les Pins et sont invités à une croisière par la famille Robin, qui va les mener à Gênes, Athènes, Istanbul avec d’étranges passagers dont une voyante et un médium ce qui va passionner Lanny. Ce dernier s’adonne à faire l’intermédiaire sur le marché de l’art mais la crise est toujours bien présente aux États Unis et l’Allemagne,que Lanny connaît bien, va mal. Il n’est pas ravi de voir son père Robbie faire des affaires en vendant des armes et va s’installer quelque temps en Allemagne. La famille arrive en pleine élection. Lanny va retrouver des amis et les discussions politiques vont être intenses et laissent peu de place à la modération, les protagonistes étant essentiellement le parti national socialiste et les communistes.
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La jungle

Il y a clairement du Zola et du Dickens dans les faits relatés par Upton Sinclair dans La jungle. Mais ici, c'est aux côtés d'une famille d'immigrés Lituaniens que nous découvrons l'Amérique du début du XXe siècle, dans l'univers des abattoirs de Chicago.

Outre les détails souvent sordides de la vie quotidienne, on perçoit l'évolution de l'état d'esprit du héros principal, Jurgis ; à son arrivée sur le nouveau continent, chargé d'espoir, Jurgis est persuadé qu'en travaillant il s'en sortira, lui et sa famille, "je travaillerai encore plus", lance-t-il lorsque les difficultés s'accumulent. Il ne comprend d'ailleurs pas pourquoi les ouvriers des abattoirs ne sont pas contents de leur sort et pestent contre les cadences inhumaines... N'ont-ils pas un travail après tout ?

Mais au fil du temps, le solide lituanien et sa famille sombrent lentement mais inexorablement dans une misère que l'auteur décrit en détails, parfois insoutenables. Le système broie les hommes aussi surement que les carcasses de boeufs, avant de les mettre au rebut pour les remplacer par d'autres.

Les malheurs arrivent, et Jurgis ne pourra peut-être pas garder sa maison, voire son emploi...

Une roman très dur, à lire absolument, et dont bon nombre de réflexions sont encore, et malheureusement d'actualité.
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La jungle

Leur découragement ne fit que croître lorsqu'ils comprirent que le coût de la vie en Amérique était infiniment plus élevé qu'en Lituanie. Le monde entier les avait floués. Les deux derniers jours, ils s'étaient presque totalement privés de manger, tant ils étaient révoltés par le prix de la nourriture vendue dans le train." (P. 44)

Jurgis Rudkus a quitté avec son épouse sa Lituanie natale, en rassemblant toutes les économies de la famille....il était l'un de ces immigrants venus d'Europe centrale, prêts à accepter tous les travaux possibles, même mes plus dégradants, pour vivre au sein de cet Eldorado, de ce miroir aux alouettes qui les faisait rêver.. Alors ils arrivèrent à Chicago, ce gigantesque centre d'abattage des animaux américains. Les chiffres donnent le tournis. Là-haut, au bord de ces Grands-Lacs, on compte par millions les bœufs, moutons et porcs qui sont saignés chaque année!

Une véritable chaine, dans laquelle chacun fait, depuis des ans, toujours le même geste, Effrayant. L'animal avance, poussé par les coups, vers celui qui le saignera, il ressortira découpé, Aucune attention ne lui a été portée. Accidents ou pas, accidents des animaux ou des hommes....qu'importe : La chaîne avance inexorablement,.

Certains ouvriers malchanceux, glissant dans le sang ou la merde et tombant dans une trémie de hachoir....Ils finirons eux aussi en bouillie-saucisse ! Tant pis pour eux ! Tant pis pour celui qui sera estropié à vie. Dehors,! Place à un autre!

Aucune chaussure de sécurité...aucun vêtement de travail ne leur est fourni. Alors ils pataugent dans leurs grolles déformées qui les ramèneront le soir dans leur bicoque mal chauffée.

Et quand l'argent vient à manquer, plus un cent pour nourrir les enfants, les femmes pour bien peu d'argent donnent de leur personne pour quelques cents...

Jurgis est parvenu à se faire recruter, et gagnera les quelques dollars qui permettront de vivre un rêve : posséder sa propre maison. Oh! ce n'est pas le luxe,

Alors la famille va s'endetter...et se faire arnaquer par ces requins qui rodent.

Dans cette usine terrifiante tout, dans l'animal est utilisé, tous les sous-produits sont valorisés, cornes, poils, sabots. peaux... L'hygiène est un mot inconnu, les normes sanitaires actuelles également. Même les carcasses des animaux malades sont transformées en saucisses à grands renforts de mélanges, de mixtures qui les transformeront en saucisses pas chères, en plats cuisinés, achetées par les plus démunis....dont ces ouvriers.

Ne parlons pas de la considération accordée à ces salariés...ni non plus des normes sanitaires, des concepts inconnus

Tout bénéficie à ces sphères de capitalistes, chiffrant tout en millions de $...alors il ne faut pas se priver de pratiquer des retenues sur salaires de quelques dollars. C'est autant de plus dans leurs poches ....pour en gagner des millions!

Un immense malaise face à ce témoignage mais surtout le bonheur d'un lecteur qui découvrit un "auteur [...] promoteur du socialisme aux États-Unis." comme présenté sur Internet

Malgré ses textes, malgré cette honte qu'il décrit, il ne réussira pas à bousculer cet état d'esprit. Cette antinomie - socialisme VS États-Unis ne peut que troubler, mais ce titre m'a permis de découvrir un homme, un auteur engagé, une époque, des faits de société méconnus; en ce qui me concerne.

Alors comment par hasard ai-je découvert cet auteur que ne connaissent que de rares bibliothèques....il fait partie du passé!

Toutes les infos de notre actualité n'avaient qu'un seul mot à la bouche ....qu'un seul sujet de trouille à nous proposer : "Le PETROLE". Alors, j'ai cherché, quels étaient les titres de livres ayant déjà évoqué cette angoisse, mais d'autre titres que la série (je ne sais pas si c'est une série, ça ne m'intéresse pas)"Dallas, ton univers impitoyable"...et j'ai découvert cet auteur...deux de ses titres étaient disponibles sur le site d'ouvrages d'occasion.. "Pétrole" et "La Jungle"...J'ai été attiré par les mots "promoteur du socialisme aux États-Unis. "Chouette un auteur méconnu !"

Et malgré quelques longueurs, le plaisir fut au rendez-vous.....j'en souvent pensé à Zola et je reparlerai de lui et de "Pétrole" qui est sur ma table de lecture

".....dans une société régie par la compétition, l'argent est nécessairement une marque de supériorité, le luxe l'unique critère de la puissance. C'est pourquoi aujourd'hui nous vivons dans un monde où trente pour cent de la population sont occupés à produire des biens superflu tandis qu'un pour cent s'emploie à les détruire. [...] Pensez aux fabricants qui conçoivent des attrape-nigauds par dizaine de milliers pour nous soutirer de l'argent, aux marchands qui les exposent dans leur étalage, aux journaux et aux magazines qui en font la réclame à longueur de page!" (P. 514)

Actualité? Non un texte et des mots datant de 1905 !
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Pétrole !

J'étais parti pour mettre 3 étoiles, mais la dernière partie, que j'ai lue plus avidement que les autres, m'a convaincu d'en cocher une quatrième.

Il est vrai que j'ai trouvé la première centaine de pages un peu longuette, avec ces descriptions détaillées à la fois du fonctionnement des puits de pétrole et des négociations monétaires entre les protagonistes. Un peu barbant...

Évidemment, qui dit Pétrole ! dit Monnaie !, mais bon... Passé ce cap, je trouve qu'on se prend au jeu de savoir quelle tournure prendra l'existence de Bunny, le personnage central du roman né avec une cuillère en argent dans le bec : persistera-t-il dans ses velléités idéalistes ou retrouvera-t-il le "droit chemin" de la quête du profit à satiété ? D'avoir lu le pedigree politique de l'auteur au préalable m'aurait peut-être mis sur la voie, tant la réponse m'a parue évidente après coup, mais au moins le suspense m'aura tenu en haleine jusqu'au bout...

Un autre indice qui vous mettra sans doute sur la voie : l'insistance avec laquelle Upton Sinclair donne la voix aux "rois du pétrole" pour justifier leur voracité et légitimer leurs actes... et par là même poser les bases du monde dans lequel nous vivons plus que jamais, un siècle plus tard, une "américanisation de l'Europe qui rembourse ce qu'elle doit", dit-il pratiquement en ces termes. Comme quoi, le monde change moins vite que ce qu'il nous semble généralement...

Un bémol pour ma part : le personnage de Bunny et ses relations avec son milieu, et particulièrement son père, sont trop peu vraisemblables à mon goût. Même si je comprends bien que cette histoire n'est qu'un prétexte...





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La jungle

La vie est trop belle ? Ras-le-bol de vous lever avec la banane et de chanter « What a wonderful world » sous la douche ? Vous vous dites qu’avec un peu de vaillance et d’optimisme on peut gravir, voire déplacer des montagnes ? Vous adorez les burgers juteux et le lard scintillant ?

LISEZ « LA JUNGLE », ça va vous calmer.



Ce récit est l’histoire d’une famille lituanienne qui part pour la Terre promise et arrive en ENFER. Et rien, ni l’amour, ni le courage, la solidarité, le travail acharné ou même l’espoir, ne parviendra à sauver Jurgis, Ona et leur famille de l’Ogre qui les attend à Packingtown ; vaste quartier de Chicago où se trouvent les « habitations » des malheureux destinés à « nourrir » les abattoirs de la ville.



À l’aube du XXe siècle, le marché de la bidoche est en plein boom aux USA, et les assommoirs à bétail poussent comme des champignons. Adieu veaux, vaches, cochons, rats (et, parfois même, ouvriers « Sergeï ! T’as pas vu Vytautas ?) et bonjour les poulardes, les rôtis, les saucisses, les pâtés de cerf et les porcelets !



Sauf que :



« Dans les boutiques, ces produits étaient vendus sous différents labels, de qualité et à des prix variés, mais tous provenaient de la même cuve. Sortaient aussi de chez Durham […] du pâté de jambon qui était préparé à base de rognures de viande de bœuf fumé trop petites pour être tranchées mécaniquement, de tripes colorées chimiquement pour leur ôter leur blancheur, de rognures de jambon et de corned-beef, de pommes de terre non épluchées et enfin de bouts d’œsophages durs et cartilagineux que l’on récupérait une fois qu’on avait coupé les langues de bœuf. »



Des « amuse-bouche, qui mettent en appétit » comme dirait Godefroy…



Animaux et humains, brisés, malades, souvent plus morts que vifs entrent dans la gueule du monstre pour y laisser tous leurs biens ; tant matériels qu’immatériels.

Et pareilles à des mouches prises dans une toile, les forçats, leurs femmes et leurs enfants se débattent pour finir vidés de leurs substances et broyés comme les bêtes qu’ils estourbissent, écorchent, saignent, et découpent, par milliers, chaque jour, pour assouvir l’appétit démesuré d’un capitalisme sauvage et impitoyable.



Pourquoi s’infliger une telle dose d’horreur et de désespoir, me direz-vous ?

Peut-être pour savoir ce qui se passait et donc s’interroger sur ce qui se passe sans doute encore (merci L214).



Et surtout pour rendre hommage au pouvoir des livres et à la ténacité de l’auteur dont l’excellent récit (qui, lui, se dévore) a changé les choses.



Upton Sinclair, bien que menacé de mort, parvint à faire éclater la vérité ; il fut reçu à la Maison-Blanche et la condition des travailleurs dans les abattoirs s’améliora significativement. Ce Zola made in USA est un héros qui sauva, sans doute, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants avec son art et pacifiquement.

Et ça, ça vaut bien 5 étoiles.

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La jungle

Écrit en 1905 et terriblement contemporain; migrants, exploitation, misère, capitalisme, productivisme, corruption, cynisme, mouvements sociaux. Upton Sinclair nous plonge dans les prémices d'un monde nouveau !!!

On ne ressort pas de cette lecture indemne et sans questionnement.

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La jungle

Vous aimez les romans d'Emile Zola ? Les films de Ken Loach ? Vous rêvez d’Amérique et pensez encore que tout y est possible ? Si vous répondez positivement à au moins une de ces questions, ce livre est fait pour vous.

Upton Sinclair met en scène, en 1900, une famille lituanienne partie tenter sa chance de l’autre côté de l’Atlantique. Il parait qu’à Chicago, les abattoirs embauchent à tour de bras et que les salaires y sont élevés. Jurgis, Ona, Elzbieta, Marija et les enfants rassemblent leurs économies et quittent leur campagne lituanienne natale pour rejoindre la terre de l’oncle Sam. Ils vont y découvrir l’enfer.

L’enfer, Upton Sinclair le décrit avec un factuel glaçant. Quarante ans avant la publication des Raisins de la colère (Steinbeck), il expose la perversion du capitalisme sous tous ses angles possibles. Esclavage ouvrier, corruption des élus, impunité judiciaire, fraude alimentaire… Dans le quartier des abattoirs de Chicago, le pouvoir du trust de la viande n’a pas de limites. L’horreur des conditions de travail est indescriptible. L’hygiène alimentaire, inexistante. Le destin des malheureux émigrés, aussi innocents à leur arrivée dans cette jungle humaine que le bétail qu’ils contribuent à transformer en chair à saucisse avariée, est scellé d’avance. Leur vigueur est siphonnée en quelques jours. Leurs économies volées par les rapaces de l’immobilier, des transports, de la médecine, de la justice et j’en passe. Leur avenir, nul. Tenter sa chance à Packingtown, c’est se condamner au désespoir et à une mort certaine.

Oui, tout est possible en Amérique. Upton Sinclair dénonce avec une telle force la réalité des conditions de travail aux abattoirs de Chicago, qu’après la parution de La Jungle et le scandale que le roman provoque, Theodore Roosevelt ordonnera une enquête qui conduira à la création de la FDA (Food and Drug Administration). C’est là une ironie bien amère qu’Upton Sinclair analysera avec les mots suivants : « J’ai visé le cœur du public et par accident je l’ai touché à l’estomac. ». Ou dit autrement, on se fout de protéger les ouvriers ; par contre, préservons le palais délicat des plus riches, n’est-ce pas ?

Je vous laisse découvrir par vous-même l’espoir vain sur lequel se termine La Jungle. La société américaine a-t-elle progressé en matière de protection sociale, cent-vingt ans après la parution du livre ? Rien n’est moins sûr.
Lien : https://akarinthi.com/2023/0..
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Pétrole !

Voici un grand classique de la littérature américaine, datant de 1927.

Ancien journaliste d’investigation, Upton Sinclair est en quelque sorte le Zola des USA, même s’il ne situe pas ses romans dans la même époque. L’auteur a connu immédiatement le succès avec son premier roman, “La Jungle”, qui traitait du sort animal dans les abattoirs de ce début de siècle. Livre engagé, il fut à l’origine du Federal Meat Inspection Act qui allait réglementer le domaine du commerce de la viande aux Etats-Unis.

Pétrole! relate la prolifération des champs pétroliers dans la Californie du Sud en ce premier quart de siècle. Le père Jim Arnold Ross, petit exploitant pétrolier au début, a les dents longues. Sans être un entrepreneur pionnier sans vergogne, il construit son empire à coups d’arrangements et d’accointances politiques, à coups de petits mensonges par omission pour acquérir des terres qu’il va ensuite joncher de derricks. Sans être criminel, ce n’est pas non plus d’une honnêteté à toute épreuve...Ces pratiques se transformeront en escroquerie, corruption et “achat” de candidats à la Présidence (Coolidge en l’occurrence) , rien que ça.

Il associe dans son commerce son fils adolescent, Bunny. Celui-ci est pétri d’admiration pour son Papa, l’avenir semble tracé. Mais de l’autre côté de l’Atlantique, la Première Guerre Mondiale fait rage et en Russie, ce conflit conduit à la naissance du communisme.

C’est précisément là que Sinclair entendait amener son récit.

Bunny va devenir l’ami de Paul Watkins, jeune homme intellectuel et engagé qui va s’enticher de la cause bolchévique et qui voyagera en Europe pour en faire la promotion.

Cette situation nouvelle va petit à petit éloigner Bunny des principes paternels, au point de mettre en péril la succession. Bunny soutiendra la cause ouvrière sur le sol US et adhèrera ouvertement au communisme.

Papa reste un père bienveillant et espère garder l’attachement de son fils tout en étant conscient de l’opposition intellectuelle de son fils. C’est cela qui donne de l’ampleur aux personnages.

J’ai aimé ce livre sur sa première moitié, après je me suis quelque peu lassé. L’auteur nous fait découvrir le monde de l’exploitation du pétrole et c’est un domaine peu abordé dans les livres. Par ailleurs, Sinclair est un élève de Zola, mais il n’est pas Zola. Ce dernier excellait, fascinait même, dans la description de la déchéance morale et matérielle de ses personnages. Malgré le sérieux et la richesse du sujet, Sinclair écrit une histoire assez lisse. Il n’arrive pas, selon moi, à exploiter pleinement sa propre histoire. Les personnages sont bien posés, mais pas très attachants, à part Bunny et Paul. L’ensemble subit un encéphalogramme plutôt linéaire là où on aimerait un peu de relief et d’exaltation. En outre, son apologie du communisme, écrit en 1927 donc, paraît bien naïve quand on sait qu’à cette époque, Lénine et Staline ont commencé à transformer la doctrine communiste en ogre redoutable. Idem concernant l’aversion pour le communisme développé aux Etats-Unis ensuite. Chez Sinclair, le communisme se contente d’être un joli conte.

Comme c’est une belle brioche de neuf cents quatre vingt pages, j’avoue que je me suis un tantinet ennuyé, que je suis content d’avoir lu un classique US, mais content aussi de l’avoir derrière moi.

Le réalisateur Paul Thomas Anderson a tiré un très bon film de Pétrole!: There Will Be Blood. Il a justement réussi son film en donnant davantage de profondeur aux personnages et en laissant de côté de pans entiers du livre. Ayant vu le film bien avant cette lecture, la prestation de Daniel Day Lewis dans le rôle de Ross a éclipsé le Jim Ross d’Upton Sinclair.

C’est indéniablement un bon bouquin, malgré mes réserves.

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La jungle

Roman naturaliste et social qui a le mérite de la pédagogie.

Au-delà des clivages politique, il peut se lire comme une description factuelle des conditions de travail des travailleurs, immigrés pour la plupart, il y a un peu plus d'un siècle.

Et comment le capitalisme sans garde-fou peu mener à une misère sans nom, au mépris des travailleurs, mais aussi des consommateurs.

J'ai lu quelques critiques qui affirmaient que cela n'avait pas beaucoup changé depuis ; je pense au contraire que personne, personne aujourd'hui ne pourrait cautionner cette exploitation institutionnelle, encadrée et régulée par la police.

Les raisons de se révolter ne manquent certes pas dans notre monde actuel, mais on ne peut nier le progrès réalisé depuis cette époque.

En revanche, on aurait pu se passer du discours militant final (que j'ai lu en diagonale, j'avoue !) car la démonstration par l'exemple était à mon avis suffisante.

J'ai apprécié le style évocateur, qui parfois me rappelait du Maupassant dans la façon de raconter un destin en quelques phrases.
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La jungle

LA JUNGLE d’ UPTON SINCLAIR

On suit l’arrivée d’une famille lituanienne aux États Unis plus particulièrement à Chicago. Ils vont découvrir les conditions de vie et de travail épouvantables dans les abattoirs puis les usines d’engrais. Véritable dénonciation de ces conditions dans les années 1900 ce livre sera directement à l’origine de plusieurs lois qui réformeront le marché du travail et les conditions d’exploitation. Un livre choc qui ne laisse pas indifférent.
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La jungle

Dans La Jungle (parue en 2011 au Livre de Poche), Upton Sinclair nous raconte la vie d’une famille de migrants européens lors de leur arrivée dans la ville américaine de Chicago, au tournant des 19ème et 20ème siècles. Un témoignage très fort sur les conditions de vie, ou plutôt de survie, de la classe ouvrière dans ce pays naissant…









Que peut la littérature ? A cette question posée fréquemment par François Busnel dans son émission La Grande Librairie, le roman d’Upton Sinclair « La Jungle » offre une réponse claire : faire prendre conscience des souffrances de la classe ouvrière pour faire changer sa condition.



Le roman s’ouvre sur le mariage du personnage central, Jurgis, et de sa future épouse rencontrée en Lituanie, Ona, après leur émigration aux Etats-Unis. Jurgis est une force de la nature, un « dur à la tâche » qui trouve d’ailleurs rapidement un emploi dans les abattoirs de Chicago. Ceux-ci sont l’employeur principal de la région, 30.000 personnes y travaillent pour 8 à 10 millions d’animaux tués par an (à cet égard, le passage où Sinclair décrit les lieux est magistral). Les premiers pas du jeune couple et de leur famille s’avèrent porteurs d’espoir dans ce nouvel environnement.



Passées ces premières semaines, de nombreuses difficultés viennent jalonner leur parcours : l’achat d’une maison à un véritable escroc, l’arrivée du froid (et avec lui la baisse d’activité économique qui jette sur le pavé sans aucune protection un grande nombre de travailleurs), différents chantages conduisent la famille à la misère et à un parcours loin de celui escompté au départ.



La première partie du roman est un véritable coup porté au lecteur : un réel dégoût émerge rapidement à la lecture des pages. J’ai été profondément choqué par l’absence de moralité de cette société, où la corruption se retrouve à tous les niveaux. Certaines règles sont fixées pour empêcher le travail des enfants ? N’en déplaise, on falsifie leur âge pour qu’ils puissent travailler. Sans parler de la falsification les marchandises avariées pour les faire entrer à nouveau dans la chaîne alimentaire ou encore des conditions de travail dans les usines d’engrais… Ce livre regorge de tels exemples qui font que le parcours normal d’un immigré est celui d’une chute irrémédiable. Au moindre accident de la vie, les protagonistes se retrouvent dans un grand état de dénuement.



Sans vouloir révéler la seconde partie du roman, il semble évident qu’Upton Sinclair a voulu faire endosser à Jurgis plusieurs rôles jusqu’à l’ouverture vers une étape plus prometteuse de sa vie. Cette partie est un peu plus décousue (peut-être) que la première mais n’en demeure pas moins intéressante.



Ce livre a eu un fort retentissement dans le pays, puisqu’il a provoqué une enquête sur les pratiques des trusts de la viande, confirmant les propos de Sinclair, ce dernier ayant même été reçu par le président Roosevelt. Une législation sociale a ensuite été mise en place. Un bel exemple du pouvoir de la littérature !



Vous l’aurez donc compris, j’ai beaucoup apprécié ce livre
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La jungle

Plongez-vous dans l’univers sombre voire et miséreux des abattoirs de Chicago fin XIXème.

Accrochez-vous. Vous avez lu Germinal ? C’est pire. Une machine géante à broyer les bêtes et les Hommes. Le gigantisme de l’industrialisation qui mène à des aberrations. La production de conserves et de viandes dans des conditions d’hygiène dignes d’un film d’horreur. Des conditions de travail tellement effroyables que vous n’avez pas besoin de prévoir de retraite pour les ouvriers : ils meurent tous avant. Des conditions de vie où chacun essaie de tirer la couverture à soi, mais elle est si petite pour tant de gens, que la misère est le lot du plus grand nombre. Sans parler de tous les gredins qui profitent d’un système tellement corrompu que l’honnêteté devient un handicap pour tenter de survivre.

Et puis pour les immigrants, s’ajoute la barrière de la langue. Leur espoir d’une vie meilleure en Amérique est tellement immense, intense, qu’ils sont prêt à tout et mettent un temps infini à se rendre compte qu’on les spolie, qu’on les exploite et qu’ils sont piégés dans la misère. C’est sombre et triste. Ça pue la viande avariée, les corps qui ne se lavent pas assez souvent, les vêtements usés et crasseux, la soupe trop claire, la neige grise, la canicule de plomb, les eaux stagnantes qui ont oublié qu’elles ont été limpides un jour, les greniers mal aérés aux matelas trop minces pleins de vermine, les gosses morveux et mal nourris, l’alcool bas de gamme, les blessures mal cicatrisées guettées par la gangrène.

Jurgis a du courage, de la force. On le suit avec sa famille de l’espoir lumineux des premiers pas en Amérique, à l’errance entre petites misère et grande misère. Il pense et nous aussi, avoir toucher le fond et non. Il y a toujours pire. C’est injuste, mais c’est comme ça.

La loi du plus fort est remplacée par la loi du plus malin, du plus rusé, de celui qui écrasera l’autre pour prendre sa place le plus vite.

Franchement notre vie actuelle à côté, c’est le paradis.



Au niveau du style, c’est moins romancé que du Zola. C’est plus comme un long reportage, très factuel. On finit par de longs discours sur le socialisme salvateur. J’ai trouvé cette partie un peu trop longue et politisée, mais dans le contexte elle avait sa place.



Alors, faut-il le lire ? Oui. A part peut-être si vous êtes végétarien…

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La jungle

La jungle de l'Américain Upton Sinclair est bien loin du Livre de la jungle du britannique Rudyard Kipling.

En fait de jungle, l'histoire se passe à Chicago au début du XXème siècle, dans le milieu des immigrés récents venus de Lituanie.

Ils se retrouvent confronté au capitalisme sauvage et aucun déboire de ne leur sera épargné : travail abrutissant dans les abattoirs ou les fabriques d'engrais pour un salaire de misère, avec maladies et accidents du travail, arnaques diverses et variées, chômage, corruption, alcoolisme, abus sexuels et prostitution pour les femmes. Loin du rêve américain.

Un livre publié pour la première fois en 1906, mais qui n'a rien perdu de sa force et de son pouvoir.





Challenge Pavés 2022

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La jungle

De 1880 à 1930, la ville de Chicago est passée de 500 000 habitants à près de 3,4 millions d'habitants, soit une augmentation de plus de 550 % ! Durant ces 50 ans, la population des Etats-Unis a 'seulement' augmenté de 150 %, passant de 50 millions à 125 millions d'habitants.

De la fin de la guerre de Sécession (1865) à la première guerre mondiale, beaucoup d'immigrés sont venus à Chicago d'Europe de l'Est, dans l'espoir d'une vie plus facile.



« La jungle » fut publié en 1906, après l'avoir été partiellement dès 1905 en feuilleton dans l'hebdomadaire socialiste "Appeal to reason". Dans ce roman, Upton Sinclair raconte l'itinéraire d'immigrés lituaniens au tout début du XXe siècle, attirés à Chicago par des promesses. Il y dénonce l'exploitation de la classe ouvrière par des capitalistes sans scrupules, pour qui la main d'oeuvre n'est qu'une marchandise et les consommateurs de simples sources de profits. L'industrie de la viande illustre les travers d'un capitalisme naissant sans contre-pouvoirs. Les capitalistes instrumentalisent les pouvoirs politiques et les institutions judiciaires, par collusions d'intérêts et corruptions, pour imposer leur Loi : celle du plus fort. Cette loi de la jungle comporte notamment : maltraitances sur les animaux avant leur abattage, maltraitances sur les travailleurs avant leur mise au rebut, tromperies sur la qualité de aliments fabriqués puis vendus, et atteintes à l'environnement. En fin d'ouvrage, des personnages engagés dans la cause socialiste présentent leurs thèses, comme si la révolution qu'ils prônent constituait la solution à tous ces maux.



Ce roman naturaliste témoigne de la naissance et du développement du capitalisme aux Etats-Unis. J'y ai (re)découvert la diversité des sources de peuplement du pays. La description de diverses usines (abattoir, mise en conserve, aciérie, production de moissonneuses-batteuses) montre que Frederik Winslow Taylor (1856-1915) n'a pas inventé le taylorisme mais a théorisé des schémas d'organisation du travail déjà existants (son essai 'The Principles ou Scientific Management', traduit en français par 'La direction des ateliers', date de 1911).



Par sa thématique, cette lecture m'a rappelé celle de 'La saga des émigrants', remarquable série de Vilhelm Moberg, même si cette dernière se déroule sur un laps de temps plus large, en milieu rural, et est écrite dans un style très différent (plus agréable à lire mais moins pictural). C'est surtout aux récits d'Emile Zola que j'ai pensé, à cause du dessein et de l'écriture qui en découle, ainsi que de la noirceur du propos. L'auteur cite d'ailleurs le romancier français : « Dante et Zola auraient pu trouver là une source d'inspiration » (page 146). L'émotion suscitée aux Etats-Unis par la publication de ce roman est de nature à confirmer qu'il recelait de grandes parts de vérité…
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La jungle

Un classique qui a permis de faire prendre au conscience du public de l existence des cartels et de la misère au début du XIXe siècle aux États Unis. Le livre est bien écrit et se lit facilement. Il est très probablement très empreint de vérité. Cependant, j’ai eu du mal à le trouver intéressant. Cette accumulation de malheur, c’est trop, surtout quand on découvre que c’est pour finir avec une éloge du socialisme pendant les trois derniers chapitres, éloge extrêmement ennuyeuse.

A lire pour les curieux.
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Pétrole !

Upton Sinclair est un de mes excellents amis depuis que j’ai lu sa Jungle, une œuvre vraiment admirable, à la fois pathétique et féroce, une littérature sensible et de combat. Si elle ne tirait un peu excessivement sur la corde de la pitié, sans doute serait-elle quelque chose de tout à fait parfait à mon goût. Et certes, un homme qui se moque à ce point de plaire à ses contemporains est certainement un être esseulé et socialement condamné qui ne trouvera pas d’inconvénient à quelque soutien rare pour affronter la solitude et renoncer au pistolet sur la tempe. Aussi lui prêté-je volontiers ma main droite à serrer et mon dos sur quoi s’appuyer…

Quoi ? Il est mort peut-être et n’en a plus besoin ? Eh bien, c’est alors que moi j’en ai besoin plus que lui !

Il existe dans le genre réaliste toutes sortes de courants, une variété de conceptions quasiment opposées et qui n’ont pas encore été nettement identifiées, à ma connaissance. La distinction de ces variétés ne tient pas seulement compte de la forme qui est toujours une source de réductions inutiles et absurdes, mais bien de l’intention de l’écrivain et de l’effet auquel il aspire avant même l’écriture de son premier mot.

S’il fallait que je proposasse les linéaments d’une telle classification, je dirais que Zola, par exemple, était nettement un réaliste à thèses, c’est-à-dire un réaliste d’université, une sorte de littérateur doctorant : il voyait des idées partout, des concepts soi-disant universels pour valoriser sa carrière en ayant l’air d’être à l’origine de trouvailles… de sorte que peut-être, en fin de compte, il ne voyait de réalités nulle part mais bien davantage des représentations. On peut raisonnablement douter qu’il observait des objets et des gens en dehors des désirs qu’il y projetait et des conclusions qu’il en avait déjà formées quand il réunissait ses « carnets » sur le terrain. Je n’ai jamais vu dans ses romans que des faits déjà longuement connus, vaguement tendancieux, et des extrapolations à la mode. Une ouvrière devait être pour lui une sorte d’entité utile, et une machine industrielle un prétexte à une description enlevée sur le modèle de « Mélancholia » de Hugo ; il posait certainement à tout ce petit monde des questions et des regards bien singuliers et orientés ! Quoiqu’on dise, je crois que ce sont des figures comme Zola qui ont inventé la religion, la phrénologie et l’idéologie raciale, n’en déplaise aux partisans du célèbre « J’accuse ».

Sur une ligne nettement parallèle et distincte, on trouverait le réalisme sentimental, par lequel un auteur souhaite divertir et émouvoir au moyen des péripéties amoureuses d’un personnage en général féminin ; alors, pour donner à son intrigue une note d’implication plus efficace, il le situe au sein d’un univers contemporain et vraisemblable. Un tel auteur – par exemple Jane Austen, Thomas Hardy, Gustave Faubert, Guy de Maupassant, Anthony Trollope et jusqu’à Somerset Maugham –, ne souhaite pas fondamentalement rendre une théorie sociale, exposer un principe ou édifier sur une situation concrète de quelque manière que ce soit : cela peut arriver, mais ce n’est pas l’esprit avec lequel l’œuvre est véritablement entreprise. C’est plutôt l’épanchement et le partage de passions transposables qui sont visés dès l’origine, et cette intention est logiquement vite perceptible et donne lieu, quelquefois ou souvent, à des débordements déraisonnables où le protagoniste apparaît dénué de rationalité, de recul et de bon sens : c’est le prix à payer – je veux parler d’un certain excès émotionnel – pour susciter rapidement l’empathie du lecteur.

À côté d’eux, sur une autre ligne d’effets bien séparée, je distinguerais le réalisme esthétique, plus rare et typique par exemple de la littérature dite « fin-de-siècle », où le cadre apparemment concret ne sert qu’à valoriser un style, notamment précieux ou byzantin, comme c’est le cas chez Joris-Karl Huysmans, Catulle Mendès, Jules Renard ou peut-être Albert Cohen. On n’a pas même alors l’impression de suivre une intrigue, cette préoccupation-là fut tout extérieure au projet d’origine : il s’est plutôt agi de démontrer qu’en partant d’une matière connue et parfois même rebattue, l’auteur était capable d’une virtuosité nouvelle et d’un ton hors de mode ; et cet effort a produit des originalités qui n’ont à peu près d’intérêt que stylistique – encore que ce ne soit pas du tout un intérêt maigre ou facile.

Inutile de me parler de ce « réalisme » actuel, qui n’est, pour l’essentiel, qu’un pseudoréalisme contemporain. Si c’est pour prétendre par exemple que Houellebecq est un réaliste au prétexte qu’il parle de sexe et d’ordinateur au bureau (les deux au bureau), ou bien que Nothomb ou je ne sais quelle dame en est aussi parce qu’elle dit je ne sais quoi sur la vie fantasmée ou améliorée des femmes d’aujourd’hui (avec ou sans menotte), alors je préfère m’en aller tout de suite et quitter la conversation. Je n’accorde déjà pas facilement à ces récits l’appellation de littérature, alors quant à leur attribuer l’idée de réalisme ! La vérité, c’est que ces textes ne disent à peu près rien de la société où ils naissent si ce n’est son état de laisser-aller et de superficialité mentales : le lectorat n’y trouve qu’un divertissement narcissique et indigne même à être nommé « intrigue », et le monde de l’édition s’y devine par son inlassable, piètre et pathétique recherche d’une littérature thématique représentative d’une époque et par sa criante absence de faculté à discerner au-delà des objets du monde ce qui fait l’essence d’une réalité. On y devine tout au mieux, mais au second degré loin derrière la conscience de ses amateurs, un vague désir d’assumer agréablement une insatisfaction reconnue et bien identifiable, une plaisante grogne des vexations du moment – ce en quoi se distingue ce qu’on ne pourrait appeler tout à fait un courant : une tentative, une ébauche, rien qu’un râle mêlé de soulagement instantané et suffisant à étancher sa cause.

Mais tout autre est ce réalisme qui consiste, avec aussi peu de pensées préconçues que possible, à relater des faits indubitables mais recelés, recelés parce que plus ou moins inconfortables voire tout à fait importuns pour un vaste milieu ou même une Nation – et parfois avec une pointe de satire chargée de donner du piquant à la narration : je l’appelle le réalisme critique. Lire en ce sens Sherwood Anderson, Theodore Dreiser, Richard Wright, Sinclair Lewis, Upton Sinclair, John Steinbeck, Truman Capote, Edward Abbey... qui furent les poils à gratter et les empêcheurs de tourner en rond de la morale américaine. On découvrira alors qu’en France, par comparaison, on a tout juste exposé des théories compliquées, pseudo-scientifiques et pas trop inacceptables pour être mises en scène où par exemple la progéniture d’un ouvrier fut longtemps un monstre difforme, analphabète et promis à la dégénérescence sexuelle et alcoolique – on soutint cela, on le prouva, c’était pourtant tout à fait une élaboration de Troisième Reich – tandis qu’aux Etats-Unis, cette caricature donnait déjà la nausée du temps de la guerre de Sécession. En France, quand les éditeurs réclamaient à leurs artistes de ne pas heurter la sensibilité des minorités parmi lesquelles certains de leurs lecteurs devaient nécessairement se trouver et particulièrement la minorité des investisseurs, au même moment l’industrie alimentaire portait plainte contre le brave Sinclair pour diffamation, et… à la fin, dans une société pourtant fervente du succès économique et de la gloire patriotique, c’est Sinclair qui l’emporta !

Dans Pétrole ! l’auteur ose encore dénoncer un rêve américain en l’espèce de l’exploitation des gisements du fameux « or noir » – activité fort symbolique et lucrative en 1927 où le livre fut écrit. Il excelle à décrire, dans une prose subtile et efficace, aussi bien l’intérêt passionné de J. Arnold Ross dont la vie est un éternel investissement en derricks, pipelines et raffineries, que les émerveillements et inquiétudes de son fils Bunnny appelé à assurer sa succession mais dont l’âme honnête est au rejet des corruptions et à la découverte du socialisme, sans oublier les méticuleuses explications sur les moyens techniques et humains liés à l’extraction du pétrole, forage, cimentage, cuvelage, raffinage… C’est en tout un travail formidable, impressionnant tant d’humanité fine que de documentation rigoureuse où se mêle la révélation d’une perpétuelle lutte pour l’argent atteignant même tous les milieux : petits propriétaires fonciers, salariés du pétrole, exploitants cupides, prêtres détraqués, bourgeois déconnectés, politiciens corrompus. Ce livre révèle les mouvements d’une danse extrêmement cynique et folle, une euphorie acharnée de la fortune et du profit où le succès financier apparaît comme résultante d’une suite inexorable de compromissions et de vices qu’un fils effaré constate sans pouvoir agir : c’est là toute la marche du monde, argue toujours le père.

Extrêmement touchante aussi cette affection mutuelle et filiale qui lie la plupart des péripéties comme autant de souvenirs d’enfance et de traces lumineuses laissées sur la pellicule de la mémoire : les promenades sensationnelles en automobile, l’aura presque sacrée du père ingénieux et adoré, les parties de camping entre hommes, les emballements du cœur à l’abord de nouveaux gisements ; un récit d’initiation, en somme, où un fils admirant et découvrant son père en vient à s’interroger peu à peu sur la légitimité de cet effort traditionnelle et insatiable du gain.

Ce roman colossal de presque un millier de pages débute d’une façon magistrale comme une révélation d’univers – et c’est vraiment le mieux que puisse faire un auteur réaliste de nous présenter un microcosme inconnu, insoupçonné même, à la façon d’une explicitation éblouissante : on comprend, sans impression de grossissement, les roublardises et les négociations d’achat, les détours légaux, les dispositifs techniques, les risques et les accidents d’exploitation ainsi que leurs exactes solutions, l’organisation influente des syndicats pétroliers et leurs modes de gestion des grèves de travailleurs, la concussion systématique mouillant, baignant, inondant de noirceur aqueuse tout ce qui trempe dans cette entreprise féroce et amorale du pétrole…Le premier tiers du livre est une étourdissante merveille, dense et colorée, relatant toutes les étapes méthodiques et excitantes de la découverte d’un gisement à son exploitation au nom de Ross Jr. ; on en retient même, sentiment galvanisant, l’impression d’une large bouffée d’Amérique, avec ses climats, ses décors, ses rites, ses mœurs et son exaltation typique de liberté un peu extravagante, en somme tout ce qui fait, depuis que les États-Unis se cherchent des écrivains, la fierté d’une véritable identité littéraire nationale. C’est beau et profond comme une voile peinte exposée en pleine lumière, on y sent l’immense affection d’un homme pour sa terre, pour les hommes qui y vivent et pour la diversité bienheureuse de leurs modes de vie. Une curiosité intense, épanouie dirige le regard de Sinclair dans toutes les directions, goûtant chaque chose, relatant le soleil, les accents et la vie, et on y perçoit toute une réjouissance généreuse d’en partager les saveurs et de retranscrire les émotions intimes de l’existence au sein d’un univers composite de satisfactions et d’opportunités.

Tout cela confine au chef d’œuvre, vraiment, comme dans certaines des plus pittoresques pages contemplatives de London ou Steinbeck. C’est vif et c’est profond ; on respire un ambitieux vent de pleine littérature ; on se sent porté par des airs supérieurement purs où l’humanité et l’art se mêlent en voltigeant avec une incomparable fluidité.

Mais l’au-delà de ce premier tiers du livre est, de mon point de vue, un peu moins bon.

Et c’est pourtant presque insensible, on glisse imperceptiblement aux environs de la partie VII vers autre chose, et plus le temps passe, plus le récit se développe et s’élargit, plus on s’interroge sur une impression vague d’étrangeté et de superflu, sans comprendre exactement d’abord quelle est la source de l’écart : le style est bien le même, l’intrigue poursuit logiquement la formation universitaire de Bunny qu’on découvre de plus en plus édifié par des idéologies de gauche… En toile de fond, l’histoire mondiale se poursuit avec les développements de la Grande Guerre, où le pétrole occupe tout vraisemblablement une place d’importance – et ces années franchies n’abîment même en rien l’unité de temps…

Oui mais : où est passé notre précieux puits initial dans ce si pittoresque pays de sensations et d’idées ? Et pourquoi s’éloigne-t-on de ce grisant sentiment d’appartenance où le réalisme servait à tracer le portrait d’un gisement en particulier et de ses premiers derricks ?

Parti, envolé, confisqué, le champ glorieux des doux commencements. L’engrenage est tourné, il faut murir, voir Bunny devenir homme et se confronter à la tout puissante logique universelle et sociale : le monde n’est pas contenu dans un seul puits, que diable ! Certes, mais ce recul éloigne du sujet qu’on croyait circonscrit d’abord : les premières amours de Ross Jr n’étaient pas apparemment prévues au programme ou bien j’avais mal compris, et ni le contenu de ses études, ni les délires d’un escroc à la religion ne figuraient dans les attentes logiques… Le récit prend un tournant inattendu, moins intime et affectueux, et peu à peu il se métamorphose en une dénonciation des persécutions contre les communistes ; ce thème prend même progressivement toute la place, et j’ignore si c’est la suite nécessaire de cette ruée vers l’or noir mais ça paraît tout à fait autre chose que la description d’un milieu : c’est devenu la critique du système capitaliste dans son ensemble et de ses brutalités obligées, et le pétrole même acquiert une dimension secondaire, théorique et lointaine.

La relation des amours de Bunny, par exemple, ne sert alors qu’à illustrer comment son argent attire en-dehors de sa personne, comment sa classe vit déconnectée des préoccupations ordinaires, comment son caractère éprouve l’attirance paradoxale des théories socialistes et bolchéviques ; ses actions et ses dires, sans plus rien dévoiler de la colossale machine pétrolière, indiquent des contradictions insolubles, tant de dilemmes moraux insurmontés où le type même du personnage ressort affaibli, affadi, éternellement indécis : en cela ce n’est pas du tout un récit de formation, mais le roman d’un renoncement passif aux valeurs de l’argent. Bunny n’est qu’un perpétuel observateur, certes pratique pour l’auteur à nous rendre témoins extérieurs comme lui, une utilité en somme ; mais est-il vraiment possible, à ce point ? La dimension psychologique paraît assez négligée, c’est toujours le même fils à papa, et l’auteur peine à y injecter une sentimentalité crédible et profonde : Sinclair ne me semble pas fort compétent à cet exercice, après tout ; c’était déjà probablement l’inconvénient avec La Jungle, on y trouvait des marionnettes, on n’était jamais surpris par des introspections complexes c’est-à-dire vraiment humaines.

Le défaut de cet ouvrage, c’est peut-être, en somme, de n’avoir pas tout à fait admis qu’on ne peut pas placer tous les souffles dans un même bocal, toutes les représentations dans un seul livre : il eût fallu métaphoriser quelque peu au lieu d’élire systématiquement toutes les situations où introduire un protagoniste dans une posture éloquente ; il y a par trop dilution de l’idée fondatrice, et l’unité non de temps comme j’écrivais mais d’intrigue se répand et se perd. Le récit reste pourtant majestueux, son style ne souffre d’aucun vice, mais il est à la fois trop démonstratif et imparfaitement tenu, comme ces jus excessivement mélangés, fort goûteux par eux-mêmes mais dont on ne distingue plus les fruits d’origine : la saveur en devient bizarre et incongrue, et on oublie l’idée même de finesse dans la superposition pléthorique de ce qu’il faut absolument chercher et qui nous détourne de l’efficacité des ingrédients primordiaux.

N’importe, c’est un beau roman, minutieux, audacieux, incontestablement risqué : il y aurait assurément du tort à condamner tout un livre pour un petit excédent d’ambition auquel une certaine forme ne saurait correspondre ; on ne retire pas son amitié pour si peu, en particulier quand l’émotion, si maîtrisée au début, ne fait que retomber légèrement sous l’effet de l’analyse et d’exigences quelque peu intellectuelles d’unité et d’effets. Je pousse trop loin peut-être ma recherche de perfection – ou ma volonté d’objectivité –, mais c’est pour rester juste et digne, et ne pas feindre d’ignorer, avec tant de complaisance ordinaire, que fort rares sont les amis parfaits, qu’imparfaits sont toujours nos amis même les plus chers, bien qu’une âme élevée en recherche toujours de meilleurs.



P.-S. : Je sais bien que la quatrième de couverture indique que There Will Be Blood, le film de Paul Thomas Anderson, est une adaptation de ce roman, mais je veux préciser que, dans cette adaptation, c’est à peine si on y retrouve la moindre substance du livre. J’ai regardé ce film peu après sa sortie en 2008, et je viens de relire son synopsis : le lecteur serait bien déçu s’il croyait qu’il s’y trouve plus que de vagues correspondances avec l’œuvre de Sinclair. Ce fut sans doute, de la part du réalisateur, un prétexte à succès que de prétendre à l’extraction d’un récit aussi célèbre, et c’est, de la part de l’éditeur, un assez scabreux opportunisme que de préciser un tel rapprochement, le film ayant bien marché. Quant à cette œuvre cinématographique, je n’en ai qu’un souvenir, après l’avoir acquise en DVD et revendue peu après : c’est qu’il s’agit d’une réalisation magnifiquement photographiée et jouée, mais aussi une de celles qu’on ne se sent de revoir qu’une fois tous les quinze ans, pour des raisons obscures qui tiennent à la faiblesse de la patience humaine et peut-être, aussi, à quelque petite autre chose impatientante inhérente au film lui-même.
Lien : http://henrywar.canalblog.com
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