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3.9/5 (sur 321 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Le Mans , le 8/01/1894
Mort(e) à : Dinan , le 26/02/1957
Biographie :

Roger Vercel, pseudonyme puis patronyme officiel de Roger Delphin Auguste Cretin, est un écrivain français.

Roger Vercel était passionné par la mer et la vie des marins (et bien que n'ayant pratiquement jamais pris la mer lui-même, la plupart de ses romans se dérouleront dans un cadre maritime).

La Première Guerre mondiale interrompit ses études de lettres. Au début de la guerre, en raison de sa mauvaise vue, il est brancardier sur les champs de bataille du nord et de l'est de la France. L'armée manque de gradés : il est incité à rentrer à Saint-Cyr dont il sort officier. Il terminera la guerre sur le front d'Orient et ne sera démobilisé qu'un an après l'Armistice.

Il rejoint alors Dinan où il est nommé en 1921 professeur de lettres au Collège . Il soutient une thèse de doctorat en lettres en 1927, dont le sujet est : "Les images dans l'œuvre de Corneille". La thèse complémentaire est un lexique des images de Corneille et de Racine. L'Académie française lui attribue pour ce travail le prix Saintour d'histoire littéraire.

C'est à Dinan qu'il s'éteindra en 1957.

Ses souvenirs de guerre inspirent quelques-uns de ses premiers livres (Notre père Trajan, Capitaine Conan, Léna) mais c'est le monde maritime qui est au cœur de son œuvre.

"Au Large de l'Eden" lui vaut le Prix du Comité Fémina France-Amérique en 1932. Il obtient le prix Goncourt en 1934 pour "Capitaine Conan".
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Citations et extraits (116) Voir plus Ajouter une citation
Macron, préfet du prétoire, grâce à qui il régnait et qui, du vivant de Tibère, lui avait trois fois sauvé la vie, s'était permis, lui aussi, quelques observatiens. Caligula qui adorait parader, n'avait cependant rien de ce qu'il fallait pour séduire la foule : sa mine farouche, son air inquiet, ses questions choquantes ou incohérentes le rendaient très difficile à montrer. Macron, que ses fonctions attachaient à sa personne, s'employait, en public, à l'avertir d'un signe, d'un clin d'œil, d'un mot. Ces leçons de maintien le rendirent très vite odieux. Puis il eut l'imprudence de se vanter un peu trop haut.

— Il est mon ouvrage, disait-il de l'empereur. C'est moi qui lui ai mis la couronne sur la tête. Rien n'était plus exact, mais c'était cependant la dernière chose à rappeler et Macron, qui ne semble pas s'être douté de la folie de son maître, ni s'être suffisamment gardé, fut tué sans difficulté... Sa femme, Ennia Naevia, qu'il avait offerte à Caligula, jadis à Caprée, comme don de joyeux avènement, fut exécutée. Caligula expliqua qu'ils faisaient tous deux commerce de débauche et de prostitution : c'était vrai, car le couple lui servait de pourvoyeurs.
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En Castille, règne don Pèdre.
Lorsqu'il s'agit de le juger, l'histoire oscille entre ses deux surnoms : le Cruel, le Justicier. Son titre d'excommunié lui a valu les sympathies de Voltaire et l'honneur de nommer l’une des plus ennuyeuses parmi les ennuyeuses tragédies du spirituel Arouet. Prosper Mérimée, son historien, lui montre également quelque indulgence. Sans doute, le roi de Castille tua don Fadrique son frère, l'infant don Juan son cousin, dona Leonor de Guzman la maîtresse de son père et ses deux enfants dont l'un avait. quatorze ans ; sans doute, il fit brûler vif un prêtre qui lui avait fait une prediction désagreable, bouillir dans d'énormes chaudières les émeutiers de Miranda, mutiler affreusement des centaines de prisonniers ; sans doute encore les têtes des riches-hommes espagnols et des gouverneurs de villes tombaient sur son passage comme une rosée, on lui cherche cependant des circonstances atténuantes.
On en trouve dans les trahisons et les menaces qui l’entouraient, dans ses passions brûlantes avivées par le climat sensuel de l'Andalousie, dans son caractère soupçonneux qui lui faisait dire à ses plus fidèles officiers : « Avec le morceau de pain que j'ai dans la main, je pourrais nourrir tout ce que je compte de loyaux serviteurs en Castille ».
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— Alors, quoi ! dit-il, ça va encore durer longtemps ? C'est esclaves, alors, qu'on est ?... Des mulets !... Il y en a ici qui ont sué leur viande pendant trente ans dans leur cuirasse et pour quoi ? Je vais vous le dire : pour dix as par jour. Ta peau vaut moins cher que celle d'un vieux bouc ! Et là-dessus, il faut que tu te fringues, que tu t'équipes, que tu paies à boire aux centurions pour qu'ils ne cognent pas toujours sur le même, que tu leur refiles la pièce pour la moindre exemption de service. A ta retraite, s'ils n’ont pas réussi à t’avoir la peau, ils te donneront des terres... Des terres ! Ah là là !... Un bout de marais puant, où tu grelotteras la fièvre, un arpent de cailloux à défricher ! Est-ce que tu ne vaux pas tous les jours les prétoriens qui, eux, leur en jettent plein la vue, à Rome ; avec leurs cuirasses à écailles, leurs boucliers niellés, leurs casques d'argent à plumet rouge ? Toi, tu t’appuies les coups durs ! Eux, pour un simple service de place, pour escorter toutes les peaux du palais à la porte de leurs amants, ils gagnent leurs deux deniers et on leur donne leur retraite à seize ans de service ! A cinquante-six ans, toi, là, le vieux, tu attends encore la tienne !

L'interpellé, un balafré au poil gris, se racla longuement la gorge et cracha. La première veille s'achevait et on entendait hennir du côté de l'infirmerie des chevaux. Un vétéran qui avait gardé sa cuirasse où s'attachaient quatre phalères, des décorations gagnées en Espagne et chez les Sicambres, haussa lourdement les épaules :
— Ça dure depuis toujours. Tu n'y changeras rien !

Le harangueur se retourna, comme piqué :
— Ça ne changera pas si tu ne changes pas, eh, fossoyeur ! Ah! si vous vouliez !... Qui est-ce qui tient l’empire dans sa main ? Cest vous ! Sans vous autres, les légions germaniques, les chariots des barbares rouleraient dans quinze jours sur la voie Emilienne !... Quand un imperator veut un surnom illustre, il s'appelle, comme le nôtre, Germanicus !... Après ça, vous, les vieux, vous n'avez pas gagné votre congé ? Nous, les jeunes, on n'a pas gagné la solde prétorienne ?... La retraite, après seize ans de service et deux deniers par jour, voilà ce qu'il faut exiger !
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On arrive ainsi au 18 octobre 31. Il est très tard; ce soir-là pourtant Domitius Ahenobarbus, le mari de la jeune Agrippine, ne fait que rentrer du Sénat. Il se promène de long en large sur la mosaïque éclatante et il raconte à sa femme, frémissante, le drame foudroyant.

— Macron, un chef des prétoriens, est arrivé de nuit, hier. Immédiatement, conseil de guerre avec le consul et le préfet des cohortes vigiles...

Agrippine avait insensiblement haussé les sourcils, en entendant parler des pompiers... Elle ne comprenait pas bien quelle aide pouvaient apporter dans la lutte contre Séjan, les siphonarii avec leurs pompes à incendie, et encore moins les emitularii, chargés de disposer sur le sol des matelas pour amortir la chute des personnes qui sauteraient. Mais elle se souvint que les vigiles étaient aussi chargés des rondes de nuit et de la sûreté générale. Ils avaient souvent affaire aux coupe-jarrets de la ville, donc ils savaient se battre, à l'occasion. Enfin, ils étaient sept mille et jalousaient fort les prétoriens. Son mari continuait :

— C'est sur l'ordre de Macron que, dès le matin, des affidés répandent la nouvelle : le crédit de Séjan est plus grand que jamais. Macron a rapporté des lettres de Caprée, et Tibère associe Séjan à la puissance tribunitienne !... Lui, naturellement, c'est ivre de joie qu'il se présente à la porte du temple d'Apollon, où le Sénat devait se réunir. Derrière lui, des prétoriens, et en nombre !...

Macron a été admirable : il a joué d'audace avec un sang-froid!... Il a salué Séjan et l'a pris à l'écart :

— Ne vous inquiétez pas, lui a-t-il dit, de ce que l'empereur ne vous ait point écrit... Il vous associe à la puissance tribunitienne, mais il a voulu laisser aux consuls le plaisir de vous l'apprendre. Je vais leur remettre en mains propres les ordres » de l’empereur...

Comment se serait-il douté ?... Il fait une entrée triomphale dans la Curie, tandis que Macron s'attarde un peu sur le péristyle du temple et appelle à lui les centurions des prétoriens. Dès qu'ils ont formé le cercle, il leur sort le message de Tibère qui le nomme préfet du prétoire. C'est lui maintenant leur chef : demi-tour et point de direction, le cantonnement, où les attend une gratification. La garde aux portes du Sénat sera assurée par les vigiles... Le tout n’a pas duré cinq minutes...
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Car la brume est variée comme la mer, et la Baie est le domaine de ses prestiges, le lieu de ses plus déconcertantes métamorphoses.
Tantôt, c'est le sable, la tangue, l'herbu qui transpirent comme des bêtes et qui fument.
Le brouillard alors rôde très bas et longtemps sur les criches saumâtres, les marous et les bancs ...
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Sous la lumière morne de mars, la marée s'était épanchée, sans fracas, sans vitesse, une eau boueuse, une glaise délayée et plate que l'on distinguait mal des tangues encore à sec.
Les grands courants n'étaient plus que des effilochures blanches, des traînées d'écume sale.
Pourtant, la mer était là, tangente au mur, léchant déjà la digue, mais elle semblait, en se dilatant, avoir perdu sa force et son élan.
Le ciel bas ne lui accordait aucun reflet, car il était encombré de longs nuages bistres, plats comme des dalles.
A peine si le couchant se décelait, sur la Bretagne, par une bande de corail usé, au-dessus de la ligne sombre et râpeuse de bocage ...
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En somme, on n'est bien que couché !...
A condition de ne jamais remuer, de s'être empaqueté dans les deux couvertures, d'avoir enfilé, l'une sur l'autre, cinq paires de chaussettes, de s'être calé les reins avec ses souliers, afin de pouvoir les remettre, le moment venu, on est bien !...
Je lis un livre. Toutes les dix pages, j'arrête ma lecture, j'arrache ces dix feuillets, je les tords et j'allume. Cela fait, pendant quelques secondes, une chaleur de four qui tombe tout de suite, mais permet quand même d'arriver au bout des dix pages suivantes.
(extrait du premier chapitre de l'édition de poche parue en 1956)
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Et voilà ... On s'appelle de Queslain, on se croit un type propre, et puis on fait la guerre !
On la fait d'abord en fonctionnaire, comme un service plus intelligent, un exercice de tir réel ...
Et puis un jour, une nuit, on la voit toute nue, sans les oripeaux de la Haye, sans la petite fleur bleue que les fabricants de biographies héroïques finissent toujours par découvrir dans le charnier ...
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S'il eût été Cornouaillais imaginatif, Trégorrois rêveur, ou Léonard mystique, il eût probablement lâché sa lanterne.
Mais la Haute-Bretagne, proche déjà de la positive Normandie, croit peu aux revenants ...
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Il faut savoir qu'une légende courait les bancs de Terre-Neuve au temps des voiliers : les mauvais capitaines, les brutes - et ils étaient nombreux - devaient être transformés en "cocottes" après leur mort.
Les "cocottes" sont ces grosses mouettes, très friandes du foie de morue, que les mousses pêchent à l'hameçon ...
Quand Beugard crèvera, il est sûr de rallier un pont comme le nôtre, avec un hameçon au fond de la gorge et de sentir sa tête éclater sous un talon de botte.
Espoir des simples dans une justice extra-terrestre ...
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