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Critiques de Roger Vercel (71)
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Du Guesclin

Roger Vercel est, à mes yeux, notre plus grand écrivain maritime du XX siècle et il eut le privilège de connaitre les héros d'une époque révolue, celle des caps horniers et des pécheurs d'avant la motorisation des chalutiers, mais c'est également un romancier couronné du Prix Goncourt pour « Capitaine Conan » qui nous fait revivre sa Grande Guerre sur le front d'orient où il servit en tant qu'officier d'infanterie, et un historien qui consacra un ouvrage à Agrippine et rédigea des biographies dont son « du Guesclin » publié en 1932 et plusieurs fois réédité durant la seconde guerre mondiale.



Associé aux figures de Sainte Geneviève, Sainte Jeanne d'Arc et Bayard, Bertrand du Guesclin incarne le héros français résistant à l'envahisseur anglais, consolidant l'union nationale en alliant la Bretagne à la France, et aussi un preux chevalier qui en 1366 reçoit l'ordre d'emmener en Espagne, les mercenaires et routiers sans emploi formant les Grandes compagnies qui dévastaient la France. En Castille il soutient Henri de Trastamare contre son frère Pierre le Cruel mais est défait à la bataille de la Najera en 1367. Fait prisonnier le 3 avril 1367, il est libéré aussitôt grâce à une rançon payée par le peuple de France.



Le 2 octobre 1369, dans sa résidence de l'hôtel Saint-Pol, dans le quartier parisien du Marais, le roi Charles V le Sage octroie à Bertrand du Guesclin le titre de connétable en reconnaissance des services rendus. le mot vient du latin comes stabuli, qui désigne le comte de l'étable (aussi appelé grand écuyer). Ce titre correspond au Moyen Âge aux fonctions modernes de chef d'état-major.



Le roi de France est alors en guerre contre le roi d'Angleterre. du Guesclin innove dans la lutte. Il mène une guerre de harcèlement continuel contre les garnissons et les troupes anglaises en déplacement. Quand la maladie et l'épuisement ont raison de ses forces, le 13 juillet 1380, alors qu'il fait le siège de Châteauneuf-de-Randon, en Auvergne, les Anglais n'ont plus sur le continent que Calais, Cherbourg, Brest et une bande côtière entre Bordeaux et Bayonne.



Bertrand du Guesclin, en hommage aux services rendus, est inhumé dans la nécropole royale de Saint-Denis.

Le roi le suit de peu dans la mort, le 16 septembre 1380.



Méconnu aujourd'hui, oublié par l'éducation dite nationale, et ignoré par la quasi totalité de nos historiens contemporains, Bertrand du Guesclin est une grande figure de notre roman national et j'aime relire la passionnante biographie que nous a laissé Roger Vercel.
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Le Roman d'Agrippine

"Tout a toujours été très mal" enseignait l'historien Jacques Bainville ... et c'est ce que démontrait Roger Vercel en 1954, en racontant la révolte des légionnaires romains en l'an 18 après JC, (déjà pour les retraites), le pronunciamiento de Macron de l'an 31 et la corruption d'une époque qui est aussi celle de la crucifixion de Notre Seigneur et de l'annonce de la rédemption.



Agrippine, impératrice romaine, est la fille du général romain Germanicus et d'Agrippine l'Aînée. Née en 16, elle est soeur de Caligula, épouse de l'empereur Claude et mère de Néron, né d'un premier mariage. Néron la fait assassiner en 59.



Selon une tradition, elle aurait dit au centurion venu la tuer : « Frappe au ventre qui a porté ce monstre ».



Femme la plus puissante depuis la fondation de Rome jusqu'au début du IIIe siècle, Agrippine est considérée comme une mère indigne, une femme fatale, mais surtout comme une politique redoutable, calculatrice et manipulatrice, à côté de laquelle le prince de Machiavel fait figure de débutant….



Figure historique légendaire, héroïne de Racine, Agrippine renait sous la plume de Roger Vercel qui signe un magnifique roman historique et démontre ainsi qu'il n'est pas seulement le plus grand écrivain maritime français du XX° siècle.
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La clandestine

Qui pourra encore prétendre, après avoir lu ce livre, que la littérature maritime n'est uniquement qu'une histoire d'hommes ?

"Les trois plus belles choses vivantes au monde, disaient les marins, c'est une belle femme en marche, un pur-sang au galop, un quatre-mâts grand largue".

Pourtant, il ne sera pas ici question de chevaux ...

Roger Vercel signe ici un livre très beau, émouvant et magistral.

Il y a écrit trois magnifiques nouvelles : "la clandestine", "lames sourdes" et "torcheurs de toiles".

Virgile Eugène Gouévic avait promis à la fille Prioul les "fiances" avant le printemps.

Seulement il se refuse au mariage tant qu'il ferait l'Islande.

Par amour, Maria va devenir "la clandestine" ... emprisonnée dans la cuisine avec Jean, le mousse du "Rose-Marie" ...

Par une fenêtre entrevue dans le deuxième texte, entre les mots, la baie, toute la baie du Mont St Michel s'étend devant le lecteur.

Un drame se noue autour de la lutte des saumoniers de la baie.

C'est un drame familial, complexe et cruel, qui va se jouer aux côtés d'Augusta Sauvart ...

Enfin, le troisième et dernier texte, "torcheurs de toiles" est une sorte d'adieu.

C'est un hommage appuyé qui, loin de tout romantisme, raconte le quotidien des derniers hommes de la voile.

Et, pour conclure, c'est à une femme que Roger Vercel, a donné la parole, une de ces femmes de capitaines long-courriers qui n'hésitaient pas à les accompagner au bout du monde.

Le témoignage est poignant ...

Très finement, la plume de Roger Vercel, dans ce livre, s'empare d'un monde aujourd'hui disparu pour en sonder l'âme humaine.

L'évocation est sensible, éloquente et belle comme le sont les choses tristes lorsque le temps a passé.

"Et tout ce vent qu'on laisse perdre ! gémissait hier un vieux ...

"Et ça faisait du matelot ! proclamait fièrement un autre ...

"La clandestine" est un de ces livres qui pincent le coeur, lorsque le coeur n'est pas encore complètement désenchanté.

C'est ce qui le met hors d'atteinte du temps qui passe ...





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Été indien

Tout au long de la lecture de ce vieux livre, j'ai aimé imaginer Roger Vercel accoudé, la clope au bec, à la lisse du "Louisiane", flânant pont-arrière, observant sur le sun-deck et tentant d'y reconstituer le fil d'un récit arraché à de subreptices conversations.

C'est que ce roman est d'abord un récit de voyage.

Il s'attarde, dans sa première partie, aux langueurs d'une traversée somme toute assez banale.

Roger Vercel n'y décrit d'ailleurs pas beaucoup l'océan, ni les détails du paquebot.

En véritable homme de mer, il semble avoir un peu oublié le décor de son roman, et s'est attaché plutôt à installer une ambiance, à présenter ses personnages.

Une femme, Claude de Sévignac, s'est embarquée, à bord du paquebot "Louisiane" de la Cie "Transocéane", à destination de New-York.

Elle va y rejoindre son mari qui est parvenu au terme d'une mission de deux ans à Norfolk.

L'amour est donc de la partie.

Mais cet amour ne survivra peut-être pas à ce voyage.

Et, le bonheur de Claude, ne passant pas l'été indien, risque d'y être projeté dans le plus glacé des automnes ...

La seconde partie du roman est une longue flânerie à travers New-York que Claude découvre aux bras d'Evelyne Bertier, une amie d'enfance, rencontrée au collège de Vannes bien des années plus tôt.

New-York et ses gratte-ciel qui semblent écraser même les clochers des églises, New-York et son quartier italien, Chinatown, Greenwich village qui n'est qu'un faux Montmartre ...

Roger Vercel s'est attaché ici à prendre le pouls de la ville qui ne dort jamais.

Puis, au retour, la troisième et dernière partie est le récit dramatique d'un sauvetage en mer, celui du "Saseno", un cargo italien désemparé et broyé par la tempête "Harzel".

Mais une fois de plus, l'extraordinaire et le tragique ne constituent pas la grande affaire du roman de Vercel.

Comme souvent, Roger Vercel y privilégie les personnages aux décors qui pour autant n'en sont pas négligés.

Ce livre est celui du spleen et du désenchantement d'une femme.

Il y a là, deux portraits magnifiques de femme.

Car ce sont les états d'âme, les émotions et les sentiments de Claude et d'Evelyne qui font toute la puissance de ce récit.

La plume de Vercel y déploie finesse et sensibilité.

Ce roman est lent, poignant et assez contemplatif.

Vercel y fait la preuve, une fois de plus, que d'être un des grands de la littérature maritime n'empêche en rien de savoir saisir toutes les ombres de l'âme humaine ...





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Remorques

Remorques est un de ces livres puissants qui gravent les portraits inoubliables des gens de mer.

Avec Joseph Conrad, Pierre Loti, Édouard Peisson et tant d'autres, Roger Vercel amène son talent littéraire à la grande et universelle fresque marine.

Dans Remorques, c'est à l'aide aux navires en détresse que le grand auteur rend hommage... Ces équipages de remorqueurs affrontant la mer mauvaise au péril de leur vie. Ces hommes de courage et de devoir qui vont arracher sa proie à l'océan.

Le film de Jean Grémillon, dominé par les figures emblématiques du cinéma Jean Gabin et Michèle Morgan a offert la force supplémentaire des gammes de gris offertes par le cinéma.

Un livre à lire et à redécouvrir encore.

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Léna

"Léna" est une de ces héroînes que peut-être Joseph Kessel aurait aimé, une de ces femmes qui ne subit pas sa vie, qui a décidé de la vivre, même si fatalement pour cela il lui faudra s'enfoncer dans la plus noire des tragédies.

Mais c'est Roger Vercel qui, dans ce sombre roman, a donné vie à Léna Apostolovat, avec toujours cette façon d'insuffler sentiments et émotions qui façonne ses épais personnages.

Comme dans "capitaine Conan" qui lui vaudra le prix Goncourt en 1934, Roger Vercel s'inspire ici de son expérience de magistrat-instructeur à la prévôté sur le front d'Orient durant la première guerre mondiale.

Le rude décor est planté, la Macédoine martyrisée par les grecs, les bulgares, les serbes, les albanais et les turcs.

Le lieutenant Queslain a démissionné de l'aviation par dégoût de tuer en aveugle du haut de ses bombardements.

Blessé dans les tranchées et fait prisonnier, il va être jeté et ballotté dans un convoi à travers l'imbroglio des haines déchaînées alors dans les Balkans.

Léna est la jeune macédonienne, médecin de guerre, qui a soigné Queslain.

Meurtrie dans sa chair par le martyr de son pays, elle va entretenir avec lui, le soldat français, une relation complexe et difficile.

Celle-là même qui lui est inspirée par un nationalisme exacerbé par le devoir, la vengeance et la fatalité.

Ce livre est un roman puissant, même si une certaine hystérisation du personnage de Léna vient en gâcher quelque peu l'épilogue.

Pourtant, il s'en dégage une forte réflexion pacifiste.

L'horreur et la haine de la guerre y sont décrites de façon réaliste, d'une façon telle qu'elle ne peut avoir été inspirée que dans la moelle et l'instinct d'un véritable combattant meurtri.

Roger Vercel réfute ici tout romantique héroïsme du soldat pour le ramener à la haine, la honte, le dépit, la peur et le désespoir.

Je ne suis pas payé pour raconter des histoires, écrit-il, la guerre est une balance de vies et de morts.

Mais ce roman de Vercel souffre de quelques longueurs, et d'une certaine confusion dans les haines éprouvées pour qui, du lecteur d'aujourd'hui, ne maîtrise pas ce contexte historique d'Europe centrale.

Cependant la plume de Vercel, comme à son habitude, est efficace.

Elle peint des paysages, elle brosse des portraits plus réalistes que nature.

Et toujours en dit long sur notre part d'humanité ...
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Au large de l'Eden

"Au large de l'eden", écrit en 1932 par Roger Vercel, est un de ses premiers romans.

C'est un puissant roman maritime qui déjà vaudra à son auteur d'être récompensé par le prix Fémina du comité France-Amérique.

Et deux ans plus tard, le "capitaine Conan" lui apportera le prix Goncourt ...

Mr Morel, armateur, a mis ses derniers sous dans l'armement du "Tenax", un cargo transformé pour la grande pêche et qui, sous les ordres du capitaine Rochard, devra poursuivre la morue jusqu'au Groenland.

Dès l'appareillage de Boulogne, dès les premières vibrations imprimée au bateau par son puissant moteur, le récit s'annonce comme une histoire forte, prenante et glacée.

L'équipage est constitué d'anciens de la voile, tout ébahi de n'avoir pas à grimper dans les huniers à la moindre manœuvre, au moindre saut de vent.

Pourtant, cette campagne de pêche ne s'annonce pas de tout repos et il ne s'agit pas là d'une navigation de demoiselles.

Les descriptions sont splendides et les paysages prennent corps.

Les personnages sont rugueux et attachants.

Face à cette mer parfois démontées, les mouvements heurtés du "Tenax" semblent comme s'imposer à la lecture.

Roger Vercel décrit la vie à bord dans ses habitudes, ses gestes traditionnels et ses moindres détails.

Et comme pour se refaire l'estomac d'avoir été trop secoué par un premier coup de tabac, Roger Vercel offre à ses lecteurs le répit d'une escale à Aalesund, en Norvège, où sur un socle élevé au jardin municipal, s'érige la statue de Rollon offerte à la ville par la municipalité de Rouen.

Le sculpteur rouennais a donné là au célèbre viking la tête de Gustave Flaubert.

Ces quelques heures d'escales, suffisantes pour ressentir le regret des heures perdues en mer face au grand vide du large, sont offertes à la chaleur de l'hospitalité de quelques norvégiens.

Puis reprend la navigation dans les glaces, et ses dangers, passé le cap Farewell, la pêche sur les bancs du Fylass, de l'Ellefisque et du Helder.

Et soudain, comme une insulte proférée par un matelot en faute, comme un coup de tonnerre, éclate le drame humain, un drame à trois : Rochart, mais aussi Andrée sa femme et Ferrier, son ami, capitaine du "Borea" de l'armateur Foree.

Roger Vercel nous raconte ici une histoire forte, un drame épais qui peut-être n'en est pas un.

"Au large de l'eden" est un livre passionnant qui déborde des limites du genre et vient nous parler, comme porté par un vent glacé du large, d'amour et d'amitié, de grand courage et de petites trahisons ...







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Visage perdu

Suzanne a perdu le visage de ceux qu'elle aimait.

Elle les reconnaît, mais pas totalement, et le doute la ronge de savoir, de ne pas se tromper, et d'engager sa confiance à une mauvaise personne, une personne qu'elle prendrait pour une autre.

Suzanne est désorientée.

Son esprit a été ébranlé par un choc nerveux.

Elle a perdu un enfant, son premier enfant à naître, en même temps qu'elle a failli perdre son mari, André Vidal, arraché in extremis de l'épave du "Deucalion", un grand cargo de 12.000 tonnes qui s'était perdu dans l'Atlantique-Nord ...

N'importe quel auteur aurait fait du naufrage du "Deucalion" la grande affaire de son livre.

Mais pas Roger Vercel.

Ce qui a compté pour lui, ici, dans "Visage perdu", c'est le naufrage de l'esprit de Suzanne, celui de son couple, et par voie de conséquence celui d'André, son grand amour.

Le récit maritime tient en quelques pages.

Il n'est pourtant pas négligé.

La mer y est furieuse, le vent terrible et l'angoisse des hommes palpable.

Mais il n'est qu'une toile de fond au drame qui se joue dans le récit de Vercel.

Car "Visage perdu" est un drame humain, aussi ordinaire que tragique, qui va se jouer à terre, entre Suzanne, André et Francine.

Le décor est celui de la Bretagne-Nord, celui que Vercel a tant aimé ... Dol, Saint-Malo et Paramé avec ses longues plages de sable fin ...

Il est décrit à petites touches de plume.

Ce récit est poignant sans être pour autant ni larmoyant, ni sordide.

C'est un ballet d'émotion qui se joue entre le mari et la femme qui se perdent, entre le mari et la maîtresse qui ne l'est pas encore, qui aspire à le devenir, qui ne le sera peut-être jamais.

C'est un drame intimiste.

Certaines scènes, pourtant, y sont terribles, souvent marquées de confrontation.

Aucun des personnages n'y cède sa place.

Aucun n'est accessoire au déchirement de cette femme qui ne sait plus, qui ne sait pas, qui n'est plus sûre de rien.

Ce roman est écrit à la fois de manière littéraire, et très cinématographique, théâtrale presque même.

C'est un roman empli d'humanité où l'héroïsme des personnages est de tous les jours, où l'émotion se traduit finement par des mains qui se joignent, des regards, des baisers qui se refusent et des départs qui sont remis .

C'est finalement un très beau roman d'amour, en même temps qu'un puissant récit de littérature maritime ...











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Sous le pied de l'archange

Si Jean de la Varende lui a offert ses lettres de noblesse,

si Paul Féval, l'abbé Bosseboeuf et le marquis de Tombelaine en ont exposé les merveilles, si Jean Markale s'est penché sur l'énigme de son dragon et si Etienne Dupont en a conté les plus belles légendes, jamais pourtant le Mont Saint-Michel n'avait été aussi précisément dévisagé que "Sous le pied de l'archange".

Le livre, écrit par Roger Vercel, est paru en 1937.

C'est un bon livre, forgé d'un drame intense et pénétrant.

Son décor est le Mont Saint-Michel.

Roger Vercel le dépeint d'une manière inattendue, plus humaine.

Il l'a épousseté de ses scories boutiquières et touristiques.

Et il en décrit la vie quotidienne telle qu'elle n'est plus depuis fort longtemps.

Il fait visiter le Mont dans ses moindres recoins, dans ses plus intimes secrets comme dans les plus banals des gestes de sa vie quotidienne.

Roger Vercel, ici, se fait le guide d'une visite sans pareille d'un Mont dont les eaux grasses sont jetées par dessus les murs, où c'est une chaîne de seaux passés de mains en mains qui approvisionne en cidre le "Mouton d'Or", où l'on se recueille sur la tombe de Victor et Annette Poulard, bons époux, bons hôteliers ...

André Brelet a été nommé comme gardien au musée.

Il n'a pas amené le beau temps.

Il vient de Granville.

Il est venu avec Laurence, qui l'attend en bas dans un café.

La jeune femme, déchue de sa vie de riche héritière par un père ruiné, n'est plus qu'amertume ...

"Sous le pied de l'archange" est l'histoire d'un couple en dérive.

Comme dans chacun de ses livres, Roger Vercel brode un drame épais dans un décor démesuré.

Ici se dresse la silhouette Du Mont, dans "Capitaine Conan" résonnait la fureur des tranchées, dans "Remorque" tintait l'appel tragique du navire en détresse, et "Duguesclin" bruissait du fracas de la guerre de cent ans !

La liste est longue de ces titres qui ont édifié une oeuvre formidable.

"Sous le pied de l'archange" est écrit de manière remarquable.

Les descriptions des paysages, les portraits, à force d'être si délicatement et adroitement croqués, font de ce livre un de ceux dont la plus belle des littératures s'honore.

Roger Vercel, que l'on a, à tort, trop souvent pris pour un auteur de genre, nous offre, avec cette indispensable visite au Mont, un moment fort d'émotion ...
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Capitaine Conan

Délaissant, pour un temps, la littérature maritime, Roger Vercel nous conte dans ce livre, par l'intermédiaire de la plume de Norbert un jeune officier lettré, l'histoire tragique d'un homme, guerrier dans l'âme, qui ne vécut que par son aventure dans les tranchées des Balkans durant la première guerre mondiale.

Le récit débute à la déclaration de l'armistice.

Le lieutenant Conan se désintéresse de cette annonce.

C'est un breton costaud, râblé, rougeaud, spécialiste des coups de main et de la guérilla. Il n'a que mépris pour les fantassins et ne considère que la cinquantaine d'hommes qui composent son groupe franc. Il n'a pourtant que deux amis, Norbert - un jeune officier lettré et De Scève, un noble officier d'active.

Mais la paix revenue, son groupe est dissous, devenant la première compagnie de mitrailleuse du 50°.

Un soir "le palais de glace", une boîte à soldats est violemment attaquée par six individus masqués qui fuient en voiture. Rapidement deux hommes sont arrêtés, qui semblent "être de chez Conan"....

Roger Vercel nous livre, avec ce livre, un roman de guerre efficace, un véritable roman d'action mais qui est aussi une histoire tragiquement humaine, un réquisitoire violent contre la guerre.

Ce roman est une plongée dans un monde étouffant, sombre et finalement montré dans la dernière scène comme dérisoire.

Roger Vercel signe, là, un chef d’œuvre de la littérature française.
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Rafales

En ces temps de canicule, où la chaleur accablante en viendrait presque à exacerber les passions, une ou deux rafales, d'où qu'elles viennent, ne seraient pas de refus !

Mais Roger Vercel n'a placé dans les siennes aucune fraîcheur, aucun de ces romantismes habituellement accrochés au genre.

"Rafales" est un recueil de sept nouvelles, paru en 1946 aux éditions "Albin Michel".

La première, et la plus longue, a donné son titre au recueil.

C'est un texte d'une centaine de pages plein de la fureur de l'océan et de l'âpreté des hommes.

Une triste enfance à St Malo a jeté un jeune lieutenant tout frais émoulu de l'école d'hydrographie sur le "Noroît", un chalutier de grande-pêche surnommé le "porte-ivrognes".

Ce premier embarquement va le porter jusqu'au large de la Norvège à la poursuite de la précieuse morue, et le précipiter dans un univers empreint d'alcool, de cynisme, de mépris des femmes, de coups et d'injures.

Beugard, le commandant du "Noroît" ne semble intéressé que par son bidon de vin blanc, un bidon de deux litres recouvert de drap kaki qui ne le quitte jamais.

Il est pourtant assez fin marin mais semble se moquer du tiers comme du quart.

Francis, le patron de pêche est le véritable maître à bord ...

Les personnages sont peints en plein, dans la souffrance des coeurs, dans l'étreinte de leurs sentiments et dans la complexité de leurs relations.

Ce premier texte est très cinématographique.

Certaines scènes y sont hallucinantes mais pourtant très crédibles.

Et l'épilogue, par un coup de maître de l'écrivain, modifie la perspective du récit, remet les choses en place et ramène l'humain à sa pitoyable condition.

Les nouvelles suivantes ont pour titres : "rebelles", "le passager", "enfances", "à la cime", "Langoz" et "Nadia Zagoska".

"Rebelles" est également raconté à la 1ère personne du singulier par un lieutenant d'artillerie qui est rattrapé par ses souvenirs.

En 1919, il avait vainement défendu Cartier, condamné à mort par un conseil de guerre pour refus d'obéissance en présence de l'ennemi ...

La troisième nouvelle, "le passager" est un court texte qui nous ramène à l'île au Ours, au large de la Norvège pour un moment de navigation délicate que n'aurait pas dédaigné le théâtre du Grand-Guignol.

"Enfances", le quatrième texte, est très court.

D'ailleurs, passé "enfances" où la plume de Vercel s'arroge un court répit, où elle tente sans vraiment y réussir de décrire cette force qui pousse irrésistiblement vers la mer tout jeune malouin, les trois derniers textes de ce recueil, sont eux aussi assez court et saisissant.

Roger Vercel y tourne fugitivement le dos à la mer pour évoquer l'amour, la vie de couple, la mort, la drogue et le temps qui passe.

"Rafales" est un magnifique recueil de nouvelles, très caractéristique du style de son auteur, plein des préoccupations humaines et des tempêtes qu'il a distillé dans tous ses romans.

C'est un livre qui a la dureté et la puissance de rafale d'un vent qui viendrait d'un lointain océan et de temps révolus ...



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Remorques

Pour Renaud, capitaine du bateau de sauvetage 'le Cyclone' basé à Brest, si le sauvetage des personnes est gratuit, le bateau 'sauveté' doit assurer à l'armateur de quoi payer la remise en état du cyclone, le charbon maintenant en permanence la chaudière en pression et les trente hommes en stand-by 24h sur 24 à bord.



S'enchaînent deux échecs alors qu'Yvonne, l'épouse de Renaud est malade et en pleine déprime. Comme sera poignante la prise de conscience de son machisme et de son manque d'empathie pour Yvonne.



Roman fort et bien construit malgré un pitch moins riche que 'Au large de l'Eden'.

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Visages de corsaires

Roger Vercel est resté dans toutes les mémoires grâce à un grand roman de guerre, "Capitaine Conan", qui obtint le prix Goncourt en 1934.

Pourtant Roger Vercel est avant tout un formidable écrivain maritime.

La revue du "Chasse-Marée", à qui l'on ne fait pas prendre des vessies pour des lanternes, lui consacrant 12 pages dans son 142ème numéro, dit que "le temps a plus ou moins jeté dans l'oubli l'ensemble de son oeuvre.

Et que c'est une grande injustice tant la qualité de l'écriture est réelle, la documentation solide et l'art du roman bien maîtrisé".

Que dire de plus qui ne soit redondant ?

Dans "Visages de corsaires", Roger Vercel nous présente quelques-uns de ces personnages hauts en couleur qui ont écrit la légende de "la course".

D'aucuns sont illustres, d'autres notoires et certains sont inconnus :

Eustache le Moine, Jean Ango, Jean Bart, Duguay-Trouin, le comte de Forbin, Jacques Cassard, François Thurot, Tom Souville, Guillaume-Marie Angenard, Etienne Pellot et Robert Surcouf ...

La plume talentueuse de Vercel fait tonner le canon, crépiter la grenade sur le pont de l'anglais ...

Le corsaire à serre-tête rouge, à ceinture écarlate d'où dépassent des crosses de pistolet, pieds et jambes nus, surgit, le coutelas au poing, le blasphème aux dents ...

La mêlée sera furieuse !

Mais la course, c'est aussi une vaste entreprise commerciale.

Et l'abordage, disparaissant derrière des colonnes de chiffres, n'y devient plus qu'une simple procédure de saisie ...

Roger Vercel signe ici un livre captivant.

Dans la bibliographie, trop abondante sur le sujet pour qu'on ne s'y égare pas, quelques ouvrages paraissent se détacher du lot.

"Visages de corsaires" est de ceux_là.

Il est à mi-chemin entre le romanesque et le documentaire.

Il est tout simplement passionnant ...

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Capitaine Conan

Bucarest 1918. Un armistice qui sonne mal pour le narrateur, l'officier de réserve Norbert qui, à l'instar de l'auteur Roger Vercel, devra attendre un an avant la démob, un an où, nommé malgré lui procureur de délits militaires, il devra instruire aussi bien la désertion d'un gamin mort de peur que les exactions de son ami, l'héroïque lieutenant Conan et de ses hommes, devenus des 'machines de guerre' impossibles à réintégrer une vie normale.



Je retrouve une puissance dingue dans l'écriture de Vercel, un mélange d'argot et de tournures de phrases incroyables qui paraissaient belles (un Goncourt, quand même!) mais parfois incompréhensibles.

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Capitaine Conan

La littérature sur le conflit de la première guerre mondiale est riche de grands livres, nombre d'ouvrages sur cette sombre période s'illustrent par leur profondeur, leur authenticité, indéniablement due au fait que les écrivains de talent qui ont porté l'uniforme et connu les affres de cette guerre sont légion.



Capitaine Conan figure dans cette littérature d'exception, et sans doute à une place particulière. Il n'est pas ici question de la Somme ou de Verdun, car l'histoire se déroule en un lieu et un temps particulier, au moment des derniers combats et juste après l'armistice, après que le sort des armes ait désigné vainqueurs et vaincus. Les faits se placent sur un front que nous avons tendance à méconnaître, celui de l'armée d'Orient, le front des Balkans, où tant d'hommes combattirent et disparurent, souvent dans l'ignorance de leurs contemporains.



En nous présentant le devenir impossible de ce capitaine de tranchée, ce chef de « corps franc », Roger Vercel fait, au fil des pages, éclater les certitudes morales d'une société qui s'est plongée dans l'horreur totale et qui tient à en effacer les traces les plus infamantes, fut-ce en supprimant ou rejetant ses propres héros, ceux qui l'ont sauvé de l'abîme.



Ces mêmes hommes un temps sublimés inspirent, à l'heure de la paix, la peur ou un certain mépris, car ils s'avèrent incapable de ressortir de ces tranchées, où ils tranchèrent des vies avec méthode et archaïsme, il leur est désormais impossible de déposer l'esprit guerrier qui leur fut imposé.



Le capitaine Conan sait que lui et sa troupe, composée de vulgus pecum ayant appris à tuer sans état d'âme, unis par les mêmes horreurs quotidiennes, par le partage de l'expérience du risque perpétuel, sont et resteront désormais des « inadaptés ».



Le temps de la paix n'est pas le leur, lui et sa troupe de « routiers », de « coupe-jarrets », ont trop longtemps versé dans la folie guerrière pour revenir un jour à la vie civile. Cette fraternité de tranchée, que les embuscades, les coups de main nocturne, à l'arme blanche, ont rendu indissoluble, condamne ces hommes à rester ce qu'ils sont : -des guerriers, à qui on ne peut dire que désormais l'arme est à la bretelle, et qu'ils doivent désormais reprendre la faux et semer la vie.



Non, les corps et les âmes ont trop longtemps été plongés en enfer pour qu'ils espèrent entrevoir le salut.



C'est ce drame que dépeint Roger Vercel dans ce livre, d'une grandeur indéniable, et qui fut adaptée avec justesse au cinéma.
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Au large de l'Eden

La morue a déserté Terre-Neuve pour le Groenland et Rochard a troqué son terre-neuvas pour le Tenax, un cargo qui, accompagné du Boréa mené par son ami Ferrier, seront les seuls à partir si haut.



Emerveillement de l'équipage à Aalesund devant les norvégiennes se baignant 'à sec de toile' et 'quels flotteurs!'



Et moi je m'émerveille devant la puissance de l'écriture de Vercel, la force de Rochard, gérant son équipage avec empathie et efficacité, et si démuni face aux soupçons de liaison entre sa femme et Ferrier.



Aucun temps mort. On dévore!

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Capitaine Conan

Peut-on dire son antimilitarisme en racontant l'histoire d'un fou de guerre ? Peut-on montrer l'horreur de la guerre en faisant le portrait amical du Capitaine Conan ? Norbert le narrateur de ce roman (Goncourt 1934) est un lieutenant appelé, qui dans le civil était étudiant en lettre, il se retrouve après l'armistice du 11 novembre 1918, et malgré lui, dans les Balkans sur le front oriental où la guerre continue contre les bulgares, puis les « rouges ». Il nous raconte l'histoire de deux de ses amis. le principal étant le Capitaine Conan, appelé comme lui, mais devenu avec le temps un guerrier brutal, zélé et sans scrupule, chef d'un corps franc à son image. Sympathique hors du combat, mais s'ennuyant dès la paix revenue. le second, de Scève, est un officier engagé, aristocrate spirituel mais académique. Les deux s'opposeront dans la défense d'un gamin apeuré et déserteur que Norbert, nommé commissaire-rapporteur, ne pourra défendre contre l'administration et la justice (ou plutôt l'injustice) militaire. La psychologie des personnages est parfaitement rendue dans un style direct et efficace, tantôt élégant lorsque le narrateur s'exprime en son nom, tantôt gouailleur et argotique quand Conan dialogue. La guerre détruit et broie tous les hommes, même les mieux préparés, à la fin, seul Norbert s'en sortira. Verdict : un grand roman qui vaut pour moi 5*****. Allez, salut.
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Capitaine Conan

Ne connaissant ce livre que de nom, à cause du film qui en a été tiré, je ne m'attendais pas du tout à ce type de récit. Norbert, le narrateur, est stationné en Bulgarie, à la fin de la guerre, avec notamment Conan. Devenu une sorte de "procureur" militaire, Norbert doit traiter les cas d'insubordination, d'exactions, de désertions, commises par ses pairs. Il se heurte rapidement à des problèmes déontologiques, des cas de conscience et des conflits d'intérêt…

Ce livre s'appelle Capitaine Conan, non pas parce qu'il est le héros (le narrateur remplit cette fonction), mais plutôt parce que c'est sur lui que se cristallisent tous les questionnements : héros de guerre mais hyper violent, que va-t-il advenir de lui une fois la paix revenue ? Ses actions militaires lui donnent-elles tous les droits ? Est-il apte à la vie civile ?

Ce roman est vraiment puissant au niveau des interrogations sur le bien et le mal j'ai aimé cette écriture âpre, ce récit un peu haché mais hyper bien construit, en bon classique.

Enfin, je sais qui est ce capitaine Conan !
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Capitaine Conan

1918. Nous sommes en Roumanie où l'armistice vient d'être signé. Mais, avant d'être rapatriés les soldats doivent encore rester encore un temps sur place, d'autant plus qu'un autre péril menace : l'Armée rouge.

Que faire des soldats ? Que faire de ces "héros sans emploi" ? La hiérarchie militaire a décidé de reprendre ses hommes en main.

C'est dans cette perspective que Norbert, le narrateur, se voit confier le rôle de "commissaire-rapporteur", disons plus simplement de juge d'instruction, dans les procès menés par l'armée aux hommes ayant commis des délits. Norbert sera souvent en opposition avec son ami Conan, l'incarnation absolue du héros, qui, plus proche de ses hommes, sera bien plus tolérant, y compris avec ceux d'entre-eux qui auront agi par lâcheté ou par peur.

Un livre superbe sur la condition militaire, un regard inhabituel sur la guerre et ceux qui la subissent, écrit dans un style magnifique combinant à la fois le style classique et la gouaille populaire.
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Capitaine Conan

Ce livre révèle d'autres souffrances, d'autres ravages, d'autres terribles tragédies engendrées par la guerre.

Il met en exergue les conduites, les exactions de certains soldats, rendus hystériques, inhumains, par ce long conflit, agissant comme des hordes sauvages ayant perdu tous repères. Il dit aussi la déshumanisation qui subsiste la paix signée, la justice expéditive, inique quelques fois, trop souvent d'ailleurs, des Conseils de guerre et Cours martiales et les traumatismes indélébiles qui subsistent après le retour à la vie civile.

Monstrueuse et poignante réalité.



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