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Critiques de Véronique Mougin (260)
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Où passe l'aiguille

Le titre de ce magnifique roman fut pour moi un bon sujet de méditation et de questionnement : où passe l’aiguille…



L’aiguille, c’est très précisément le tout petit objet très piquant, capable de pénétrer partout, de s’insinuer, de se faire une place, et surtout d’offrir des laissez-passer. Sans l’aiguille, point de salut ! L’aiguille donc, qui s’exprime dans les mains d’Herman Kiss, maître tailleur de son état, qui aurait prospéré s’il n’avait pas été un juif dans les années 40, privé de droits élémentaires, enfermé avec sa famille dans un dépôt pour plusieurs semaines, déporté vers pas moins de trois camps de concentration, en partie séparé des siens.



Mais l’aiguille, je vais me permettre d’affirmer que c’est également son fils Tomy, narrateur principal et héros dans tous les sens du terme. Tomy est le narrateur principal, il est âgé de 15 ans lorsque les Allemands s’installent en Hongrie, terre natale de la famille, il est en opposition constante avec son père, refuse d’apprendre le métier de tailleur, se comporte comme une véritable anguille capable de passer au travers les mailles d’un filet, si étroites soit-elles, personnage plein de finesse et d’esprit, dont on boit les paroles aussi bien dans la première partie pendant laquelle il ne sait pas encore ce qui l’attend, que durant le long exposé de sa vie en camps de concentration. Jeune homme plein de ressources, intelligent et débrouillard, il se sortira de situations souvent désespérées en se servant en grande partie de l’aiguille, lui qui avait auparavant refusé tout contact de près ou de loin avec cet outil.



Il est entouré au début de l’histoire parce qu’il appelle "les siens" : Son père, Herman, sa mère, son frère Gabor dit Gaby, son oncle, Serena, une jeune fille à l’avenir prometteur qui lit tout ce qui lui tombe sous la main, et quelques relations créées en déportation.



Mais la liste " des siens" va s’amenuiser et on pénètre avec lui dans le camp de Dora-Mittelbau, en Allemagne où on n'est plus rien, on n’a plus qu’un numéro de matricule en guise de nom, ou il faut vivre chaque minute comme si c’était la dernière de sa vie, dans la souffrance physique, morale, dans la crasse, le froid, rester debout dans l’adversité.



Mais l’aiguille sauvera…



Premier roman de mon top 10 de l’année, cet écrit a imprimé en moi des traces indélébiles : un parcours hors du commun sans être irréalisable, une leçon de vie et de courage, des sentiments variés et parfois contradictoires : de l’extrême tristesse à l’hilarité, de la colère et du dégoût à la volupté, de la mélancolie à l’euphorie…



le récit de Tomy se lit aisément, l'écriture est fluide et la narration est entrecoupées de témoignages des personnages qui évoluent dans l'histoire : le père sous forme de lettres à sa femme, des amis de Tomy, du frère, et d'autres narrateurs qui interviennent dans la deuxième partie du roman.



Lisez cette pépite et même plus !

Véronique Mougin est également l’auteure de « pour vous servir », mais ce roman sera certainement l’objet d’une très prochaine critique.


Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Où passe l'aiguille

Je viens de tourner la dernière page d'un très beau livre...Encore la guerre, la déportation, les camps , me direz -vous .... Oui , certes , mais ce récit, il a franchement quelque chose d'autre , une force qui va plus s'orienter vers la capacité à vivre , à survivre , avant , pendant et après des événements dans lesquels tant d'hommes , de femmes et d'enfants ont perdu la vie.

Le héros, c'est Tomas , Tomi, un gamin comme les autres , coquin , facétieux, un peu "roublard" déjà. Il y a sa famille , travailleuse , honorable , fière...Ah , un détail tout de même...ce sont des juifs...Et comme tous les juifs, à cette époque, leur vie change , peu à peu , doucement , le père en est conscient , plus que Tomi , bien sûr, l'insouciance de l'enfance , l'incrédulité.....Et puis le camp de concentration et le petit débrouillard se transforme en Serpent , comprend , s'adapte ,fait des choix dans un seul but , sauver sa peau. Cette vie au camp est , comment dire ,"adaptée"à la situation d'urgence , on la prend au jour le jour, d'une heure à l'autre. Une leçon, terrible mais obligatoire . Bien sûr , Tomi reviendra et on constatera alors combien les grandes douleurs en soi sont difficiles à chasser , non pas pour oublier mais pour survivre...

Dans ce livre douloureux , on croise des personnages extraordinairement, justes et attachants . Il y a bien entendu Tomi , son père , Antoine , Rosie et , de mon point de vue , le génial Marcel. On tremble , on a envie de crier , on voit des portraits de gens remarquables , de gens odieux ...dans le camp et ...ailleurs.

C'est un récit vraiment très émouvant, prenant , vivant , qui n'analyse pas mais décrit , sans mélo , sans pathos , avec finesse. Trés habile aussi le fait de donner la parole à différents protagonistes de l'histoire , entre certains épisodes .

Même si la fin m'a paru un peu longue , j'ai vraiment apprécié ce récit qui nous éclaire sur "le silence" des êtres au retour d'une telle épreuve qui , bien que terrible , est rendue avec tact , pudeur et délicatesse. Bravo à l'auteure.

Les dernières pages sont....superbes.

Et enfin , attention. La recherche de boucs émissaires n'a pas disparu . Il ne faut pas l'oublier. De tels écrits ne peuvent que nous inciter à maintenir nos sens en éveil.
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Où passe l'aiguille

Un roman magnifique.

En refermant ce livre, les mots ne me viennent pas facilement.

Cette histoire impose le respect, le silence, la retenue.

Véronique Mougin rend ici un superbe hommage à son cousin, ce survivant, mais aussi à tous les survivants, aux disparus, aux victimes qui restent vivants grâce aux souvenirs, aux témoignages.

La couture est ici le fil rouge qui est, tout le long de cette histoire, magnifiquement évoqué. Tout est lié, tout se tient, la vie se déroule au fil des ans comme une bobine qui se délie pour créer un vêtement et qui tiendra grâce à ce fil, points après points, qui relie les choses, les gens les uns aux autres. Ce lien entre la couture et la vie est sublimement écrit.

Je découvre Véronique Mougin et son écriture. Merci à elle pour ce bel hommage poignant. Encore une fois, il ne faut pas oublier...

Véronique Mougin est ici une passeuse d'Histoire. Merci à elle d'avoir endossé ce rôle de façon aussi magnifique et respectueuse.
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Où passe l'aiguille

Voilà plus d’une semaine que j’ai refermé ce livre, en larmes. Depuis, mes yeux sont secs, mais l’émotion toujours présente rend difficile la rédaction de ma critique tant je peine à trouver les mots pour décrire ce que j’ai éprouvé tout au long de cette lecture. Plus qu’un coup de cœur, j’ai ressenti un coup au cœur.



Tout a commencé avant Noël, lorsque j’ai eu la surprise de lire un très gentil message de Véronique Mougin me proposant de découvrir son roman avant sa parution en librairie. J’ai bien sûr accepté et me suis lancée dans ma lecture sans à priori n’ayant lu aucune critique à son sujet.



Dès les premières pages, j’ai aimé ce jeune garçon, Tomi qui a l’âge de 14 ans a déjà un caractère bien trempé. Il aime se réfugier dans l’arbre de son jardin pour regarder les filles de la maison bleue en rêvant au jour où il pourra les rejoindre. Il se verrait bien aussi partir en Amérique tandis qu’autour de lui le ciel s’assombri pour les juifs de Hongrie.

Son père Herman, tailleur de métier aimerait que son fils apprenne à tirer l’aiguille, persuadé que ce métier lui permettra toujours de vivre mais Tomi, lui s’imagine en salopette bleue, il veut devenir plombier, plus par bravade face à l’autorité paternelle que par réelle conviction.



A Dora-Mittelbau, où la famille est déportée le seul moyen de survivre au milieu de l’horreur se trouve pour le père et le fils dans l’atelier de couture du camp à repriser les tenues des détenus. Tomi le comprend très vite et s’applique dans cette tâche ingrate, en étant bien loin de se douter que la couture le mènera un jour dans la capitale de la mode au sommet de la gloire.



A Paris, Tomi deviendra un couturier de renom, magnifiant les femmes dans des robes toujours plus somptueuses.



Véronique Mougin, nous conte un parcours de vie exceptionnel.

Tomi n’est autre que son cousin, d’où peut-être cette tendresse et cette admiration qui transparait sous sa plume tout au long du livre.



« Où passe l’aiguille » un très grand roman. Je n’arrive pas à m’en détacher.

J’aimerais lorsque je critique des livres de cette qualité trouver les mots convaincants, mais je n’ai malheureusement pas ce talent.

Je dirai simplement qu’après une seconde lecture à haute voix pour un proche non voyant ce fut à nouveau un double coup de cœur.

L’oralité transcende la beauté de l’écriture. Celle de Véronique Mougin emplie de douceur et de bienveillance lorsqu’elle nous parle de Tomi adolescent, devient âpre et sèche lorsque la folie des hommes s’emploie à broyer leurs semblables.

Souvent l’auteure malmène son lecteur, dans les camps de concentration, on ressent le froid, la faim, la peur, les coups.

Cela peut sembler pénible parfois, mais c’est à mon sens indispensable pour bien comprendre ce que cette aventure humaine et artistique a d’exceptionnel.



Quel plus beau cadeau pour la lectrice passionnée que je suis que de commencer l’année par une telle émotion littéraire ?

Merci Véronique.

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Pour vous servir

Nom : Joyeux (qualité dont elle aura sans aucun doute besoin dans l'exercice de sa profession).

Prénom : Françoise.

Profession : femme de ménage, femme d'entretien, parfois conseillère voire confidente, chargée des courses, cuisinière, … en tout cas taillable et corvéable à Merci.



Accompagnant de la susnommée employée : Michel Joyeux, cuisinier de son état qui en aura vite ras le bol des manies, exigences, et débordements des patrons souvent incapables de reconnaître son travail.



S'il s'agit d'un roman, c'est sans aucun doute un écrit fort bien documenté qui me rappelle une grande tante qui a travaillé dans la haute société parisienne entre 1940 et 1980 et qui nous racontait la petite histoire de ces gens friqués, et moi petite fille, j'adorais ces récits, c'est sans doute la raison pour laquelle j'ai eu envie de lire ce livre. Mais ce n'est peut-être pas l'unique raison : les gens très fortunés font pour moi partie des mystères de la création : leur apprend-on dès leur plus jeune âge à mépriser ? quelles sont exactement leurs valeurs ? qu'est-ce que l'amitié pour eux ? Est-ce une notion basée sur les rapports d'argent ? Bien sûr, il ne faut pas généraliser.



Toutefois l'histoire de Françoise et de ses places successives me semble très édifiante. Son histoire professionnelle est constituée de chapitres s'ouvrant sur la présentation du poste qui lui est attribué, son salaire, ses obligations, et se refermant sur une règle qu'elle établit pour elle-même et dont elle devra tenir compte au long de sa carrière si elle veut éviter les ennuis.

des employeurs dont l'étendue de la fortune est inconcevable pour le commun des mortels, elle en rencontre de toutes sortes : depuis les richissimes châtelains qui curieusement ont beaucoup de travail lorsque Françoise se voit obligée de harceler Monsieur au sujet d'une éventuelle augmentation, (mais elle rit quand madame voit pour la première fois une paire de gants de caoutchouc), en passant par la Tatie Danielle de service, les gens biens qui ne voient pas ce que leur rejetons font de leur argent de poche, la notaire illuminée qui écoute la messe en latin tout en vitupérant contre les Africains, les Asiatiques et les arabes, prête à dénoncer les sans-papiers, la mère de famille qui s'aperçoit (un peu tard ) qu'élever des enfants, c'est difficile voire impossible… J'en passe, je laisse aux lecteurs de cette pépite le soin de découvrir les aventures de Françoise qui garde en toutes circonstances son humour. Cet écrit de Véronique Mougin est admirable, on croirait une autobiographie, et plusieurs fois, je me suis surprise à retourner le livre dans tous les sens, à la recherche de quelque indice qui aurait pu expliquer le pourquoi de ce roman : vécu de l'auteur, témoignages venant de relations, travail dans ce milieu avant de se convertir pour devenir écrivain ? Rien de tout cela. Il faut tout de même savoir que Véronique Mougin , en tant que journaliste, semble s'intéresser particulièrement au social et a publié deux ouvrages : femmes en galère et les SDF, que je lirai certainement si je trouve ces livres.



J'avais adoré « où passe l'aiguille » publié en 2018, je me suis délectée en lisant ce premier roman qui paru en 2015. J'espère que l'auteur nous prépare encore quelques romans et continuera longtemps à manier son humour souvent décapant qui empêche de refermer ses livres.

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Où passe l'aiguille

Chère Véronique



J’avais tant apprécié votre premier roman Pour vous servir, que je n’ai pas hésité longtemps devant votre proposition de découvrir le suivant.

Ravie de faire connaissance avec l’espiègle Tomy, rebelle dans l’âme, prêt à presque tout pour ne pas tirer l’aiguille comme son père et son grand-père, ma joie s’est teintée d’une nuance verte signifiant l’inquiétude : 1933, famille juive, le début des hostilités qui fondent de toute part sur cette communauté : rapidement mes doutes ont été levés.

Pourquoi Véronique? pourquoi me faire souffrir à ce point;? Pourquoi tenter de m’enlever le peu de foi qu’il me reste envers cette humanité cruelle et dépourvue de compassion ?

J’ai donc poursuivi, un peu plus désespérée.

La lumière est revenue, cependant, lorsque Tom et son père se recréent une nouvelle vie. Un nouveau départ , certes , mais l’ombre des souffrances passés plane sans cesse, dans les cauchemars, forgeant une carapace et un mode d’être modelé par les horreurs passées.



Et puis vous m’avez cueillie, alors que je ne m’y attendais pas (je lis le moins possible les quatrième de couv’ et les encarts), et le récit a pris tout son sens , m’arrachant toutes les larmes que j’avais retenues, au point de distinguer avec peine les dernières lignes, les plus importantes , celles qui font que je vous remercie du fond du coeur pour ce que vous avez écrit là.



Votre écriture est un enchantement, au sens propre, et nous sommes entrainés dans la ritournelle de vos phrases et nous vivons avec vos personnages : souffrant ou heureux avec eux au gré de votre plume.



Vous ferez partie sans aucun doute des auteurs dont j’attendrais à chaque rentrée la nouvelle parution.



un mot pour la couverture, que je trouve très réussie, sobre et évocatrice.
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Où passe l'aiguille

Véronique Mougin possède une écriture poétique et spirituelle qui décroche souvent un demi-sourire.



Parce qu'elle est capable de livrer un récit bouleversant, dont les mots s'arriment à la mémoire, on se cramponne à ses mots et on se laisse chavirer dans le flot fluide de ses dons de conteuse.



Malgré la thématique douloureuse, ancrée dans une des périodes les plus sombres de l'histoire, ce roman se révèle plein de vie et d'énergie.

L'auteure nous raconte la résilience, la force, l'envie de vivre malgré un séjour en enfer, la reconstruction d'un coeur crevé impossible à recoudre.



La couture est la colonne vertébrale qui porte cette histoire.

La couture qui sauve et qui relie et maintient vivante l'histoire familiale.

Des camps de concentration jusqu'aux hautes sphères de la haute-couture française, la couture et son lexique portent les personnages à travers leurs épreuves.



Sans jamais tomber dans la nostalgie et le pathos à deux sous, on passe de la douleur incommensurable à l'espoir et du rire aux larmes.



Inspirées d'une histoire vraie, l'analyse, le beau travail de recherche et les belles tournures de phrases de Véronique Mougin, nous laissent des messages d'un devoir de mémoire sur lequel réfléchir.



Bouleversant comme ne peuvent être que les vrais destins.





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Un fils à maman

Il y a quelque temps l’auteur m’a adressé un message pour me faire part de la sortie de son dernier titre « Un fils à maman ». J’avais été conquise par « Où passe l’aiguille », alors je n’ai pas hésité une seconde à me le procurer en numérique.



Me voilà partie pour un pavé d’un peu plus de 600 pages…avec une première de couverture plutôt sympathique et attendrissante.



Je m’y suis attelée ce week-end et j’ai plongé dans ma lecture avec joie. J’ai aimé la plume de l’auteur, pleine de vie, de cocasseries, de rires…



Pas simple pour Madame Jo Picassiette de quitter son fils Charly qui a l’aube de l’adolescence veut s’affranchir du joug maternel. A la ferme, depuis tout petit, ce fils chérit pétrit au quotidien dans les tâches saisonnières et les corvées, remplit bien la vie de sa mère et lui rend de fiers services.



A Chandoiseau on ne s’ennuie pas, il y a de multiples voisins loufoques qui vivent dans le village…qui viennent s’associer au quotidien de cette mère de famille avec leurs caractères bien trempés eux aussi….



C’est surtout l’histoire de Jo Picassiette, surnomée la Bogue, une mère poule qui ne veut pas voir son fils partir pour Paris, car il a entrepris d’écrire un livre sur les gens du village…



C’est par étape que l’auteur fait s’émanciper Charly au regard du chagrin de sa mère, mais il va se passer de nombreux rebondissements, qui emmènent le lecteur jusqu’au bout de cette aventure.



J’ai trouvé ce roman, dépaysant, truculent, drôle, même si on s’essouffle un peu au fil des pages dans cet imbroglio de personnages et d’histoires qui se superposent, mais on retombe sur ses pieds car l’auteur sait où elle nous emmène…



J’ai passé un agréable moment de lecture même si je ne suis pas complètement fleurie…

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Où passe l'aiguille

Après avoir terminé la lecture du Lambeau de Philippe LANCON, je me suis lancée dans où passe l'aiguille de Véronique MOUGIN.



J'ai tout de suite été captée par la plume de cette auteur, je n'ai pas lâché le livre jusqu'aux dernières pages.(570 )



En fait, j'en suis ressortie bouche cousue…



J'ai mis du temps à m'en remettre.



Difficile d'être insensible au destin incroyable de Tomi. Juif, hongrois, fils de tailleur, mais ne voulant pas entendre parler de la couture, insouciant de son avenir…



Il va être déporté avec sa famille. Pour survivre, dans le camp, il va faire croire qu'il sait coudre « j'ai regardé comment faisait les autres à l'atelier » ( …) j'ai exfiltré une aiguille tout enfilée de l'atelier et mon pantalon a fait office de tissu d'entraînement, puis une manche, puis un morceau de col que j'avais planqué sous ma chemise. Je les ai décousus, cousus, redécousus pendant des semaines et mes ourlets n'ont maintenant plus rien à envier ».



Je n'en dirai pas plus…Je vous laisse découvrir cette histoire incroyable et vraie…



Son destin s'est joué dans un chemin qu'il ne voulait pas emprunter …



« ce bonheur que je ressens si fort maintenant (il a 88 ans et parle à sa petite cousine), c'est au camp que je le dois, comme les autres bonheurs de ma vie.



C'est par le fil de la vie où passe l'aiguille.

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Où passe l'aiguille

Comment vivre après avoir vécu les camps de concentration ?

Tomi petit juif hongrois que nous rencontrons lorsqu’il n’est encore qu’un gamin de 14 ans, va être déporté et survivra à l’horreur des camps. Il réussira même à vivre heureux et à s’épanouir.

Tomi, se rebelle contre la vie avant même d’être déporté car le jour de sa bar-mitzvah, il découvre que ses parents lui ont menti, car il n’aime pas l’école, car il n’aime pas que son père tailleur veuille qu’il devienne à son tour tailleur, car il subit le regard des autres, car les injustices deviennent de plus en plus importantes.

Ce jeune Tomi, on le retrouve ensuite à Auschwitz-Birkenau, à Buchenwald, au camp de Dora –Mittelbau, au camp de Bergen-Belsen, à Beregszasz et enfin à Paris.

On pourra le retrouver à Paris car il va sauver sa peau dans les camps en prétendant être tailleur ! Quelle ironie du sort ! lui qui se battait contre son père pour ne pas prendre sa relève, non seulement la couture va l’aider à survivre dans les camps mais elle va l’aider à vivre après sa libération.

Bien que nous vivions, à travers ce jeune Tomi, une période bien sombre de notre Histoire, le roman n’est pas du tout larmoyant, on est dans la résilience ce qui en fait un roman dynamique et amène à plusieurs reprises le sourire.

L’écriture est vive, à l’image de notre héros que nous aimons immédiatement.



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Pour vous servir

Qui n'a jamais rêvé de se transformer en petite souris pour aller voir comment cela se passe là où l'on a pas d'accès possible? Par exemple, chez les nantis de ce monde, ceux qui « valent « ce qu'un citoyen ordinaire mettrait de nombreuses vies à atteindre avec leur salaire actuel? Véronique Moulin l'a fait pour nous : gouvernante moins par choix que par nécessité, elle a fréquenté ce milieu pour assurer sa subsistance. Et le parcours est édifiant. L'auteur affirme que presque tout est authentique (en dehors de l'identité des personnages), c'est intéressant qu'elle le précise, car on a peine à croire ce que l'on lit.



Comme elle le dit :





« Pour supporter d'être nanti, il faut un équilibre mental hors du commun. En effet , la richesse est le terreau préféré des névroses. Elle les multiplie comme des petits pains. Elle leur donne les moyens de s'épanouir et aplanit les garde-fous. Elle pose un coin dangereux dans des cerveaux déjà fissurés. Au moindre coup de marteau, tout craque. Au final, il n'y a rien de plus proche d'un hôpital psychiatrique qu'un hôtel particulier »



Châtelains anglais, directeur de chaînes d'hôtel, prince du proche Orient…..aucun ne semble avoir connaissance d'un code du travail, avec des lois qui le régissent . Taillables et corvéables à merci, les employés n'auraient t-ils pas d'âme?





C'est sûrement très enrichissant….sur le plan personnel, mais il vaut mieux disposer d'une nature optimiste et solide pour ne pas déprimer devant de telles aberrations du comportement humain. le porte-monnaie bien rempli n'incite pas à la compassion.



"Les riches ne naissent pas seulement avec une cuillère en argent dans la bouche. S'y loge aussi un radar hypersensible au mauvais goût, qui désactive la fonction "amabilité envers le personnel" au moindre déclenchement"





Ce qui pourrait être sordide devient une comédie, grâce à l'humour, arme défensive indispensable pour survivre dans ce milieu, et que l'auteur distille savamment au cours des pages.





Merci à Babelio et aux éditions Flammarion pour ce partenariat très apprécié




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Pour vous servir

Les « ultra-riches » : les princes et princesses, les parvenus, les snobs….Pas triste, tout ça ! Ou plutôt, si, c’est triste. C’est égoïste, malveillant, pingre.

Etre « gouvernante » ou bonne à tout faire, disons les choses sans filtre, n’est pas une sinécure chez ces gens qui se croient supérieurs, indignes de fréquenter les petites gens.



Françoise en a fait les frais, de multiples fois. D’abord mariée à Michel, un cuisinier qui a perdu son emploi et a donc dû « devenir larbin », ensuite divorcée, elle a besoin d’argent, donc s’engage corps et âme dans ce métier difficile qui l’occupe à temps plein.



Que d’anecdotes nous livre-t-elle ici ! Que de goujateries ! Elles sont tellement nombreuses que ce serait fastidieux de les citer. Et puis cela plombe le moral. Françoise est au bord de la dépression et est heureuse d’atteindre doucement l’âge de la retraite. C’est qu’à force de servir les autres et de subir leurs caprices incroyables, sa vie personnelle s’en est allée rejoindre les oubliettes. Petit exemple : quand sa maman est morte, elle ne l’avait plus vue depuis 9 mois…



Le ton est ironique, caustique ; les anecdotes sont conclues par de petites « leçons ». En voici quelques-unes qui vous donneront tout de suite l’orientation prise dans ce roman qui, paraît-il, est tout à fait véridique, sauf les noms.

« Les promesses des employeurs n’engagent que ceux qui y croient »

« Il existe tant de patrons ingrats, manipulateurs, duplices, impolis voire odieux, que le personnel pardonne beaucoup à ceux qui ont pour seule qualité d’être gentils avec lui »

« Grâce à leur salaire, les domestique de luxe possèdent, eux aussi. Ils ont quelques économies qu’ils n’ont pas le temps de dépenser, de beaux vêtements qu’ils portent à Noël, parfois une maison de campagne où ils vont une fois l’an. Leur vie s’écoule gentiment, sans eux ».



Après cette lecture pour le moins édifiante, j’en retire, moi, plusieurs leçons :

- Les très riches sont très souvent infréquentables

- Les très riches ne sont presque jamais humains

- Le métier de serviteur de luxe est un enfer alors qu’il est présenté comme un paradis

- Je suis contente d’être un simple prof…

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Où passe l'aiguille

Tomi a quatorze ans. C'est un ado espiègle, effronté et débrouillard.

Malin et cabochard.

Terriblement attachant.



Au début du récit, nous sommes en Hongrie, en 1944.

Tout pourrait très bien aller pour le jeune garçon : son père est tailleur, c'est un artisan reconnu qui rêve de transmettre son savoir-faire à son fils. Mais celui-ci, têtu en diable, refuse obstinément de suivre la voie tracée pour lui.

Ah, j'ai juste oublié une précision, une petite chose qui n'aurait pas dû avoir d'importance, et qui pourtant a bouleversé à l'époque le destin de millions d'êtres humains : Tomi et sa famille sont juifs.

Déporté avec les siens, Tomi voit sa vie basculer et il va tenter, comme tant d'autres, de survivre dans l'enfer des camps.



Un énième livre sur ce sujet me direz-vous ? Il est vrai que nombre d'écrivains ont écrit sur cette période.

Mais cet ouvrage est différent.

Tout d'abord parce que le thème principal n'est pas le récit de la vie dans les camps, malgré la place qu'il occupe, mais la vie après.

Que va faire Tomi après ces mois atroces ? Comment va-t-il construire sa vie ? Pourra-t-il être heureux, lui qui dira plus tard que "le seul problème du bonheur, c'est la peur" ?

Ensuite, parce que l'histoire qui paraît trop incroyable pour être vraie est inspirée d'une histoire réelle : celle d'un grand cousin de l'auteur.

Enfin, parce que Véronique Mougin fait preuve de beaucoup de délicatesse dans sa façon de raconter et qu'elle utilise une écriture simple mais qui dégage beaucoup de force.



Où passe l'aiguille se situe à l'intersection des témoignages historiques et des récits fictifs.

Il nous invite à un incroyable voyage humain, de l'horreur des camps à la splendeur de l'univers de la haute couture.

L'aiguille passe partout, dans tous les tissus, c'est un fait bien connu. Ce que vous découvrirez dans ce roman, c'est que le salut passe par l'aiguille, la renaissance passe par l'aiguille, la vie passe par l'aiguille.



Un très beau roman, prenant et émouvant.



Je termine par une réflexion personnelle.

Nul ne peut ignorer ce que les Juifs ont subi pendant la seconde guerre mondiale ; nul ne peut ignorer ce que signifie l'étoile jaune qu'ils étaient obligés de porter.

Les étoiles jaunes portées par des manifestants "contre l'islamophobie" et par certains politiciens en novembre 2019 étaient donc particulièrement ignobles, la vie des musulmans en France n'étant en rien comparable au sort des Juifs de l'époque.
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Pour vous servir

Travailler comme gouvernante chez des gens très riches, ça peut être l’opportunité de rencontrer des célébrités, de côtoyer des gens passionnants issus du monde des arts, des lettres, des sciences ou de la politique, de passer ses journées dans des demeures somptueuses, de manger de bonnes choses….mais ça c’est surtout de l’ordre du rêve.

La réalité est parfois un peu différente : le quotidien est surtout constitué de tout un tas de tâches qui peuvent débuter très tôt le matin et ne s’achever que vraiment très tard le soir, alors que votre contrat de travail est de 35 heures, vous habitez certes dans des châteaux ou de luxueux appartements, mais au sous-sol ou au grenier dans une chambre minuscule, voire insalubre, vous devez répondre à toutes sortes de demandes qui ne relève pas toujours de vos fonctions, être à la fois indispensable et invisible, car vous ne devez jamais oublier que vous n’êtes qu’une domestique, même si on vous flatte en vous disant que vous faites partie de la famille.

L’auteur nous raconte la vie d’une femme qui a été gouvernante pour des gens riches et puissants, des gens qui peuvent partir sur un coup de tête à l’autre bout du monde dans leur jet privé, des gens qui invitent tout le gratin parisien chez eux, des gens parfois cultivés, parfois totalement incultes, mais qui ont cette assurance que confère un compte en banque très bien garni.

J’ai beaucoup souri à la lecture des péripéties vécues par cette gouvernante, mais je sais de source sûre que bien des situations sont réelles, bien que cela semble aberrant de voir à quel point ces gens riches peuvent parfois être mesquins, radins, condescendants voire totalement irrespectueux envers leur petit personnel.
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Pour vous servir

Après la faillite de leur restaurant, Françoise et son mari doivent d’urgence trouver un emploi.

Une petite annonce les conduit dans le château d’un riche couple britannique.

Il sera en charge de la cuisine et Françoise s’occupera de l’entretien de la maison. Au fil des années, Françoise divorcera et continuera à servir les très riches.

Véronique Mougin nous entraîne à la suite de Françoise dans le nid d’amour d’un patron adultère qu’elle remet en ordre après les frasques de Monsieur ou chez une vieille comtesse à la mauvaise humeur chronique.

Autant de situations qui nous font pénétrer par la petite porte dans un monde où l’argent ne fait pas toujours le bonheur.

Certains dialogues sont croustillants.

« Qu’est-ce que cette horreur, Françoise ?

Une paire de gants en caoutchouc, Madame.

Mais pour quoi faire grands Dieux ?

La vaisselle, Madame.

Really ? Très bien. C’est affreux mais si c’est pratique, après tout.

L’essentiel est que tout cela reste à l’office, n’est-ce-pas ? »



Ce livre se lit avec plaisir, avec le sourire aux lèvres parfois.

Il m’a fait passer un bon moment, c’est vrai, mais je ne crois pas qu’il restera très longtemps dans ma mémoire.

Merci à Babelio et aux Editions Flammarion pour cette découverte.













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Où passe l'aiguille

Lorsqu’on apprend que ce roman historique prend sa source dans une histoire bien réelle, on ne peut être que bouleversé par le destin hors du commun de Tomi, ce jeune juif qui, à l’âge de 14 ans, échappe à la mort dans le camp de Dora-Mittelbau en trichant sur son âge.

Tomi est un rebelle qui, dans son village hongrois, refusait d’apprendre le métier de tailleur avec son père et cet esprit frondeur le sauvera de bien des situations. Plongé dans l’enfer du camp de concentration, il regrettera amèrement de ne pas savoir coudre lorsque son père quittera les travaux pénibles dans le froid pour rejoindre un commando de tailleurs. Finalement, en recourant à la ruse, il intègrera un atelier de couture et apprendra à se servir d’une machine à coudre.

Son père et lui seront les seuls survivants de la famille et, après avoir retrouvé leur village passé sous le régime russe où ils ne sont pas les bienvenus, ils passeront clandestinement en France et s’installeront à Paris.

C’est là que va se jouer le destin peu commun du jeune juif qui, refusant de suivre les pas de son père qui n’habille que les hommes, choisit la haute couture et les femmes. Son talent pressenti par son patron le propulsera dans une maison de haute couture.

Ce roman qui nous fait traverser une période sombre de l’histoire à travers l’holocauste et la condition des juifs, ne tombe jamais dans le pitoyable. La raison, c’est cette force incroyable qui porte le héros, son obstination à vivre et à croire à sa bonne étoile. Sa gouaille et son culot, ses frasques et ses ruses, tout cela fait pétiller l’histoire, aussi tragique et terrible soit-elle. Cette ironie, teintée d’humour juif, permet de doser l’émotion. Mais, malgré la vie qui continue, comment se reconstruit-on après une telle tragédie ? Car, malgré sa réussite professionnelle et la fondation d’une famille, Tomi continuera à être hanté par ses fantômes et les horreurs du camp.

Des chapitres en italiques font intervenir des proches qui donnent leur point de vue sur la vie de Tomi et cette approche rythme le récit et lui donne une respiration.

Même si l’écriture se fait parfois légère pour raconter l’indicible, il y a véritablement une justesse de ton dans ce roman que j’ai lu d’une traite



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Où passe l'aiguille

Cette fois ci c’est définitif j’arrête ! J’arrête de lire des livres traitant de la seconde guerre mondiale qui n’ont pas été écrits par des témoins de l'époque. Encore une fois je me suis faite avoir par les critiques élogieuses mais ce n’est vraiment pas pour moi. Chaque fois (à une exception près) c’est le même constat : ça sonne faux. Attention, je ne doute pas de la véracité des faits et de la vie qu’a mené Tomas Kiss. Simplement il a quelque chose de léger, d’enlevé dans l’écriture qu’en temps normal j’aurais beaucoup aimé mais qui me semble ici complètement déplacé. Il ne s’agit pas non plus de sombrer dans le pathos. C’est plus subtil. Il y a quelque chose dans les écrits de ceux qui ont vécu cette période qui est inimitable : de la dignité, de la combativité, une profonde tristesse et une envie de vivre qui transpire dans leurs mots. Quelque chose d’insaisissable et d’indescriptible. Peut être ai-je lu trop de témoignages sur cette période pour accepter des versions romancées.



Donc mea culpa si je n’ai pas aimé ce livre c’est ma faute c’est une erreur de casting.



Si je passe outre cet aspect j’ai trouvé que l’auteur avait une jolie plume. Par contre je n’ai pas aimé les ellipses, le lecteur fait des bons dans le temps sans transitions et sans explications ce qui m’a dérangé. La seconde partie est très accès sur la couture et certaines descriptions m’ont profondément ennuyé, mais là encore question de goût je n’aime ni la couture ni la haute couture alors forcément...



J’ai gardé la note positive pour la fin : les 5 dernières pages du livre. Souvent il est question de devoir de mémoire mais on parle peu de ceux qui ont choisi d’oublier pour continuer à vivre (et pour cause ils ne témoignent pas). Ces 5 pages abordent ce thème, ce qui me semble important car on ne peut exiger de ceux qui ne le souhaitent pas de faire revivre des souvenirs trop douloureux. C’est un choix qui est tout aussi respectable que celui de témoigner. Et juste pour ces 5 petites pages j’ai mis 3 étoiles au lieu de 2. C’est vous dire si ça m’a semblé important. Mais comme toute cette critique ceci n’est qu’un avis très subjectif.

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Où passe l'aiguille

Merci la grippe qui m'a fait dévorer ce livre en 3 jours.

Je ne pensais pas aimer le thème de cet ouvrage puisque l'antisémitisme de la dernière guerre et toutes ses conséquences sont au centre du roman. Je craignais de ne pouvoir lire toutes ces horreurs auxquelles tout ce peuple de l'EST a été confronté puisque c'est de lui dont il est question.

Mais Véronique Mougin a su raconter l'histoire d'un membre de sa famille avec détails, simplement sans adoucir le contexte mais en décrivant la personnalité de ce Tomy qui l'a aidé sans soute à s'en sortir.

La traversée de différentes époques françaises est bien agréable côté évolution de la Haute Couture.

C'est superbe !
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Un fils à maman

Allez viens, je t’embarque au Chandoiseau, plus paumé y a pas !

Ça fleure bon l’air pur de nos campagnes, ça caquette pas mal aussi !

Faut dire que la rumeur court, v’là-t’y pas que le petiot Charly il aurait des envies de prendre la poudre d’escampette ... une histoire de roman ! Pfff quelle drôle d’idée !

Enfin allez ! Te fais pas prier ! Monte crévindiou que je te raconte !



Alors voilà, à la ferme des Picassiette, l’ambiance tourne au vinaigre ... Charly, jusqu’ici enfant modèle à sa maman, se sent pousser des ailes, il tient mordicus à quitter le nid pour voler vers un rêve fou : éditer un roman !

Et attend, le pire : son roman est autobiographique ! Et vas-y que je te balance tous les ragots du hameau, que je te décortique les vices des villageois y compris ceux de ma maman-poule !

Ah oui, je peux t’assurer qu’il prend de sacré risque là le mioche ! S’attaquer à la Bogue, fallait oser !

Heu ... comment dire ... c’est pas qu’elle soit foncièrement méchante Jo mais faut pas trop la titiller non plus, elle est sanguine la daronne.



Mais c’est-y vrai ce mensonge, tu doutes encore sur le dernier Veronique Mougin ?! Bon allez ok je te rajoute une p’tite couche !

PRIMO : c’est le parfait élixir anti-morosité ! Le sourire tu auras je t’assure ! Des joutes verbales truculentes et une galerie de personnages brossée avec un humour délicieusement grinçant.

DEUXIO : Derrière la comédie se tisse de belles réflexions :

Sur l’amour maternel qui parfois comme le lierre, étreint un peu trop au risque de devenir étouffant.

Dame nature est, elle aussi, au cœur de l’histoire, omniprésente. A travers le regard de Jo, elle devient personnage à part entière et ouvre la question sur la nécessité, dans ce monde archi-connecté, d’un retour à l’essentiel ...

TERTIO : La divine plume de l’auteure !!! Elle m’avait émue aux larmes avec l’histoire bouleversante de Tomi (« Où passe l’aiguille) ... et me voilà de nouveau conquise dans sa version comédie : enjouée, tendre et adorablement amère parfois.



Alors convaincu j’espère ?!



Incontestablement pour moi : coup de Coeur !
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Où passe l'aiguille

Combien de ces étoiles qui se sont allumées dans le ciel, chaque fois qu'une personne est née, se sont éteintes dans les camps de la mort, soufflées par la haine ?

Comment croire encore en quelque chose, en quelqu’un, en ayant vu ses entrelacs de membres squelettiques chargés comme des fagots sur les chariots en partance pour les fours crématoires. Il n'y avait personne pour arrêter cela. Ni sur terre, ni au ciel.



Tomi se révolte : "Ils prient, les cons ! … Glorifié [le Très-Haut], rien que ça ! Et béni, ben voyons, pour nous laisser crever de froid ? Pour laisser des pervers nous tuer à coups de gourdin ? … Il n'y a personne là-haut, personne ne laisserait faire ça, nous sommes seuls, seuls à crever …"



Y'a-t-il une vie après la déportation lorsqu'on y a laissé une mère, un frère et tant d'autres encore ? Dissous dans l'attente perpétuelle. Oui, bien sûr qu'il y a la vie, quand on en a réchappé. Mais quelle vie, quand de retour à la maison tout a été spolié, quand au fond de soi il y a ce tableau noir sur lequel on se refuse à se tracer un avenir ? Il y a au fond de soi ces scènes de cauchemars qui vous condamnent à vivre au jour le jour, avec un optimisme en trompe l'œil. Tomi, l'espiègle, le tendre rebelle s'en est sorti, avec son père. Mais même quand, exilé à Paris, l'amour est là, la mémoire empoisonne son bonheur. Même quand Rosi sa femme adorée est là. Elle a bien compris que quelque chose reste tapi au fond de son mutisme et étend un voile noir derrière son regard. Elle a bien compris que l'activité débordante de son mari ne fait rien d’autre que tenter d'étouffer des souvenirs qui obsèdent.



La vie après ? Parce qu'il faut bien vivre, puisqu’on en est sorti, même si l'on ne croit plus. Il faut se vouer à une activité qui fera vivre une famille. Et pourquoi pas à l'occasion montrer à ce père obsédé par le travail qu'on est capable de faire quelque chose d'autre que reprendre le flambeau de l'entreprise familiale, le costume pour homme. Vivre par soi-même. Se jeter à corps perdu dans un métier qui glorifie la femme. Il sait que "la mode est un torrent, il y lavera sa mémoire. Il y nagera mieux que tous."…



Il fallait bien que ses parents, ses amis, sa femme, et tant d'autres sur le parcours de Tomi interviennent, dans ce qui devient alors un roman choral sous la plume de Véronique Mougin, un très beau roman, pour nous dire ce qu'il étouffe à toute force au fond de son cœur, depuis que son enfance lui a été volée. Nous dévoiler les faiblesses de ce cœur endurci d’un fils de tailleur juif hongrois qui, à peine sorti de l'enfance, a déjà usé sa naïveté à l'école de la haine. "La seule laideur vient des hommes."





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