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Citations de Véronique Olmi (1466)


"Son corps est la propriété exclusive des maîtres, son cœur est pétrifié, et son âme ne sait plus où vivre "
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Un mendiant vient fouiller les poubelles du restaurant, c'est sûrement un habitué, il a des gestes précis et consciencieux. Joseph sait d'où il vient, de quelle enfance. B.A.A.D.M. D'un geste il le salue. Ami du malheur. L'autre lui sourit. Sans dents. Il pense à Aimé. Il pense qu'il n'arrivera plus à se mêler aux bien portants, ceux qui n'ont vu du monde qu'une si petite partie, et il comprend que ce n’est pas lui qui marche au bord du monde, comme il le croyait à Mettray, lui a les deux pieds dans la terre, ce sont les autres qui marchent au bord du précipice, sans le voir.
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La grand-mère a perdu trois fils, ça n'a pas de nom. Il a vérifié auprès de l'instituteur, ça n'a pas de nom. Certains enfants non plus n'ont pas de nom. Ce sont des enfants naturels, des bâtards, des bas tard, on les bat jusqu'à plus soif, ce sont des souffre-douleur, et il a vu, chez les deux qu'il connaît, cet air de menace et d'attente, comme si tout à coup on allait leur donner quelque chose, une gifle ou un nom, va savoir. Ces enfants naturels ont bien quelque chose de sauvage, un peu comme l'orage quand il ne se décide pas.
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« Tu lui ressembles tellement. » Et soudain il lui semble porter en lui toute une famille, et avoir, pour la première fois, un héritage. Il en est parfaitement et simplement heureux.
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L’odeur douce et cruelle de l’herbe coupée donnait envie de se reposer. Elles s’allongeaient sous un tilleul aux feuilles pâlies entre lesquelles glissait un soleil blanc. Le parc était cet espace où le corps existait, en quête de quelque chose. Les petits y apprenaient à marcher et à tomber, des couples s’y enlaçaient, d’autres se cherchaient sans se connaître, seuls ou en groupe souvent, on s’y enivrait, on perdait la tête.
(page 300)
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Bruno disait que les femmes qui travaillaient prenaient la place d’un homme, que le plus beau métier d’une femme était… et avant qu’il ne finisse sa phrase, ses filles et Agnès enchaînaient, Mère de famille !, puis elles éclataient de rire, nerveuses, un peu exaspérées.
(page 66)
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L’argent n’achetait pas seulement les chevaux, les domestiques et les jolies maisons sur la falaise. Il ne permettait pas seulement de se faire réformer et de travailler dans l’usine de papa sans être ouvrier. Il permettait aussi d’avoir un corps et que ce corps soit libre.
(page 57)
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Pourquoi faut-il qu'un jour nous n'ayons plus sur nos enfants le pouvoir de la consolation ni celui du rêve ? Pourquoi leur apprend-on à se méfier des étrangers et pas des fiancés ? Ceux-là sont bien plus dangereux, qui n'ont pas besoin de les forcer à monter dans leur voiture pour les ravir au monde de leur mère. Pourquoi apprend-on à nos filles tant de gentillesse ? Pourquoi leur avais-je dit que c'était mal de faire de la peine aux autres, au lieu de leur dire de fuir au plus vite tous ceux qui brandiraient leur douleur comme un étendard avec lequel ils les étrangleraient tôt ou tard ?
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Elle enviait les filles dont l'allure correspondait à la nature, les filles à qui tout allait, pas seulement les vêtements, mais l'existence aussi, une vie choisie et portée avec grâce
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Il se couche. De tout son long. De toute sa nudité. Il se couche sur le ciment. Il pleure doucement. Il pleure comme il respire. Sans s’arrêter. Il n’a pas dix ans. Il a quelques mois seulement. Il veut sa mère. Il veut qu’elle le touche. Qu’elle ait pitié de lui. Ça n’a pas de sens. Il la veut quand même. Il est insensé. Il ne comprend plus rien. N’en peut plus. C’est tout. Il est nu sur le sol d’une cellule du cachot, sous la chapelle, là où repose le coeur du fondateur de la Colonie.
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Avant de l’abandonner, sa mère avait demandé qu’on baptise sa petite fille. Elle avait peur qu’elle aille en enfer. Cela ne cessait d’étonner Mariette. Le péché originel. Les âmes du purgatoire qu’il fallait racheter, leur tronc posé à l’entrée des églises. Ainsi, l’homme prêchant l’amour avait engendré une religion menaçante.
(pages 328-329)
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Agnès et Bruno ressentirent un étonnement chagriné à ne pas avoir vu venir cette mort que Pompidou portait sur lui, corps alourdi, visage bouffi, ils avaient voulu croire aux grippes à répétition et aux crises hémorroïdaires qui expliquaient sa démarche embarrassée. Ils avaient été crédules comme des enfants auxquels l’adulte tait la vérité, et toute la France avait fait comme eux. Ils eurent de la peine car ils aimaient ce fils d’enseignants qui les avaient protégés du socialisme et des étudiants provocateurs qui avaient tenté de « détruire la nation en 68 ».
(page 104)
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Le souffle de la nuit ne s’adresse pas aux gens sérieux, il vient visiter les crânes fracassés qui laissent passer les courants d’air.
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Elle pense qu'elle salit le tapis, car elle est tombée, encore, et elle saigne en plusieurs endroits. Elle pense que le jeune maître va briser sa cravache et se briser les mains et se briser les pieds à force de la battre. Elle pense que la maison va s'écrouler sous ses cris. Elle pense que son corps va s'ouvrir en deux. Elle pense que c'est fini. Elle pense aussi qu'elle veut vivre.
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Il désigne Bakhita et Binah :
- Regardez ce que je vous ai ramené du marché !
C'est toujours un petit coup porté au cœur. Une violence qui surprend. Cette façon de parler d'elles, ce ton qui dit plus que les mots, ce dédain et cet appétit, comme si elles étaient sourdes. Totalement idiotes.
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… Est-ce que les lieux existent encore quand on les a quittés ? P 57
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La vie se résume à prendre sur soi, ou pire : faire confiance à l’avenir, et l’avenir est comme Dieu, abstrait et capable de tout. 
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Les esclaves domestiques et paysans dorment dans deux bâtisses séparées, une pour les hommes, l'autre pour les femmes, des bâtisses délabrées qui puent la paille humide et l'urine, où pullulent les rats, se transmettent les maladies, mais où règne surtout la peur. Les esclaves ont peur tout le temps. Peur de dormir alors qu'il est peut-être l'heure de se lever. Peur de ne pas dormir et d'être trop épuisé pour travailler au matin. Peur des coups qui réveillent les coups de la veille. Peur des coups qui ne viennent pas et vont tomber par surprise. Peur des anciens esclaves et des nouveaux esclaves, ceux qui savent trop de choses et ceux qui arrivent dans une innocence dangereuse. Peur le jour et peur la nuit, car l'épouse du général vient chaque matin avant le chant du coq pour les battre. Et ceux qui ont travaillé dans la nuit et viennent à peine de s'allonger sur leur natte sont battus pareil. Et celles qui sont grosses d'un enfant, et ceux qui sortent de leurs songes, et ceux dont l'esprit est encore uni à la nuit, et ceux qui ont la fièvre, et ceux qui sont si vieux qu'on les jettera bientôt sur le tas de fumier, et les petits enfants encore au sein, tous, encore couchés, sont battus pareil. Chaque matin avant le chant du coq, la femme du général crie dans une jouissance furieuse : « Abid ! Esclaves ! Race animale ! » Après cela, elle va mieux.
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Il s'agenouille face à elle, pour qu'elle le voie. Mais elle somnole. Alors il la regarde. La peau fine comme du papier à cigarette. Les bleus. Les petites croûtes sur le crâne aux cheveux épars, le cou cassé, le buste attaché au fauteuil par un drap, la bave qui s'échappe lentement de sa bouche ouverte. Grand-mère, c'est moi, il le dit tout bas d'abord, en caressant doucement son bras maigre et qui n'est plus que rides. C'est moi, Joseph. Elle ouvre les yeux et le regarde sans comprendre, elle ne le reconnaît pas, et il répète, Bonjour grand-mère, ça va grand-mère ? pour qu'elle sache qui elle est, qui elle est pour lui, et il lui dit, Ça fait longtemps, hein, ça fait longtemps qu'on s'est pas vus ? Elle sourit en hochant la tête, et d'une voix lointaine, une voix à peine elle dit, Oh oui, comme ça, sans étonnement ni chagrin, et sa main se pose sur la sienne, alors Joseph y pose l'autre main, et elle son autre main, et ainsi leurs quatre mains sont superposées, bien ensemble, et elle dit de sa voix minuscule, On est faits pour être ensemble. Alors il lui demande doucement, Tu sais qui je suis ?. Elle sourit sans répondre, mais son sourire se crispe un peu, il la tourmente avec sa question, mais il ne peut s'empêcher de la lui poser encore, Tu sais qui je suis ?. Elle le regarde droit dans les yeux et chante de son filet de voix, J'ai descendu dans mon jardin j'ai descendu dans mon jardin, pour y cueillir du romarin, et elle sourit de bonheur, et puis elle est fatiguée soudain, elle ferme de nouveau les yeux, et sa tête retombe sur sa poitrine. Joseph pose son visage sur ses genoux, comme quand il était tout gosse, il sent son odeur de vieille femme mal lavée, mal nourrie, si seule. Il pense, Je suis Joseph Vasseur, le fils de Paul. Ce n'est pas grave si tu ne sais pas qui je suis, moi je sais qui tu es. Je sais qui tu es. (p. 206-207)
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- Sabine ? Tu es allée à l’enterrement de Sartre ? Mais pourquoi ?
- Pour l’accompagner.
- Tu sais que l’Église condamne ses écrits ?
- Un bon point pour lui.
(page 415)
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Véronique Olmi

Née à Nice en...

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