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Critiques de Véronique Olmi (1498)
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Bakhita

Bakhita c'est l'histoire d'une vie. Mais pas n'importe quelle vie. C'est l'histoire d'une jeune fille capturée pour devenir esclave très très jeune. C'est l'histoire de son combat pour survivre. C'est une histoire triste. Une histoire forte. Une histoire d'amour pour Dieu, presque une ode à la vie. Je ne connaissais pas Véronique Olmi dans le sens où je n'avais lu aucun de ses livres. Je ne sais pas si c'est sa façon de faire mais l'écriture est d'une rare beauté. Comme vous l'aurez deviné j'ai eu un réel et énorme coup de cœur pour ce livre. Je n'arrivais à la lâcher de peur de perdre Bakhita. Même en sachant son histoire et sa fin on ne peut que vivre sa vie à ses côtés. On veut la protéger.



Bakhita est une femme qu'on connait mal. En tout cas je ne la connaissais pas. Mais maintenant c'est choses faites et je suis admirative. Elle voulait juste survivre en étant la meilleure esclave possible. Elle a choisit de troquer son esclavage par une prison. Mais c'était un choix, une rencontre avec Dieu. Elle a choisit la liberté mais en prenant une décision qui changé pas mal de choses. Un des aspects que j'ai le plus apprécié dans ce roman c'est que la notion de viol y est absente. Le viol est là mais il est suggéré en une phrase et non raconté. J'apprécie cela. A l'heure actuel tout film historique se sent obligé de mettre une scène de viol. Tout comme les scènes d'amour entre les personnages rien ne vaut la suggestion. Il est très difficile de juger un livre qui raconte une histoire vraie. Seule l'écriture, la façon de voir la vie est très importante. Et là je trouve que c'est fait avec brio. Je lirais d'autres livres de cette auteure pour voir si c'était juste Bakhita qui me plaisait ou si c'est vraiment l'auteure.

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La nuit en vérité

Enzo est le fils de Liouba Popov d’origine russe comme son nom l’indique. Ils habitent tous les deux dans un grand appartement dont les propriétaires sont toujours en voyage. Liouba doit y faire le ménage et comme cet appartement est situé dans un quartier grand standing, Enzo a pu être inscrit dans un bon collège.

Parlons-en du collège pour les riches du coin. Liouba croit donner toutes les chances de réussir à Enzo mais il ignore qu’il est le souffre douleur de la classe. Il est obèse car amoureux du Nutella, et toujours « assis sur son cul d’obèse à lire», habillé d’un survêtement noir (le noir mincit c’est connu), sa mère est femme de ménage et il est né de père inconnu donc le bouc émissaire idéal on trouve même qu’il a une odeur !!!!

Ils sont logés, certes mais doivent dormir dans la même chambre, donc intimité impossible elle doit s’exiler dans le salon quand elle revient de virée nocturne hebdomadaire avec un amant de passage auquel elle présente toujours son fils qu’elle croit endormi : « c’est mon fils, il est beau hein ?» mais Enzo entend leurs ébats.

Liouba doit faire le ménage huit par jour, mais elle travaille beaucoup plus que cela, ses mains sont usées par les lavages de doubles-rideaux intempestifs, la façon dont elle récure chaque pièce du sol au plafond dans cet appartement immense car les propriétaires reviennent toujours à l’improviste à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit.

Un jour, Enzo découvre un débarras dans l’appartement, et fait une rencontre qui va changer son existence.

On assiste à l’évolution de ce couple qui n’en est pas un et que je vous laisse découvrir…





Ce que j’en pense :



J’ai éprouvé beaucoup de tendresse et d’empathie pour Enzo. C’est un adolescent qui se cherche et qui est différent des autres donc une victime toute trouvée pour ces ados en herbe qui trompent leur ennui en le martyrisant. Il m’a rappelé des souvenirs d’école : ce n’est jamais drôle d’avoir des kilos en trop dans l’enfance, les enfants ne font pas de cadeaux c’est connu, mais autrefois il s’agissait de moqueries sur le physique (grosse patate ou clou pour les trop maigres) et encore pire quand on se réfugie dans les livres et qu’on a envie de travailler bien en classe.

A l’heure actuelle, on en est à la maltraitance pure et simple, frapper, cracher dans le cou ou sur le visage, rouer de coups…..

Enzo finit par quitter son corps, il est au dessus mais cela n’empêche pas les coups de pleuvoir. (cf. la journée organisée pour lui via les réseaux sociaux à la quelle il échappe par miracle) il se réfugie dans ses amis les livres (le propriétaire a une immense bibliothèque qui le fait rêver). Mais ils se vengeront et de quelle manière.

Un beau roman intéressant à plus d’un terme : l’évocation de la violence en milieu scolaire et de la souffrance, de la torture que subit un enfant parce qu’il est différent, alors qu’il voudrait se noyer dans la masse. Et aussi, l’auteure évoque très bien la souffrance d’une femme enceinte trop jeune qui n’a pas vraiment vécu une adolescence lui permettant de devenir une adulte en paix et qui cherche elle- aussi à être comme tout le monde. On ne lui a pas appris à être mère, elle a dû apprendre toute seule, guidée par son amour pour son fils et son bon sens.

Véronique Olmi nous envoie un uppercut pour nous faire réfléchir sur tous ces thèmes et elle réussit parfaitement.

Liouba est un joli prénom qui dérive du mot Lioubov qui signifie amour en russe

Note : 8/10

et plus sur mon blog
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La nuit en vérité

Je suis rentrée de plein fouet dans un monde précaire, le monde d’Enzo, jeune garçon entrant dans l’adolescence. Pourtant il vit dans un quartier huppé de Paris, dans un appartement luxueux et va dans une école accueillant les enfants de bonne famille du quartier. Oui mais parce que dans le monde de Véronique Olmi tout n’est pas rose, loin de là sa mère est employée de maison pour une couple de riches bourgeois et vit sur place. Elle partage sa chambre avec son fils et fait le ménage toute la journée. Leur vie pourrait être agréable, la jeune maman reçoit ses copines dans la cuisine, ses amants le samedi soir, en l’absence des patrons. Enzo vit dans un cadre privilégié. Pourtant en lisant je ressentais un fort sentiment d’insécurité dans la vie de ces deux-là. Puis Enzo est obèse, se réfugiant dans le Nutella que sa mère n’ose lui refuser. Alors à l’école il est rejeté par les autres. Et puis la honte d’apercevoir sa mère dans la rue en rentrant de l’école : elle est mal habillée, pauvrement aussi. Il essaye de se rapprocher d’elle, de la comprendre, d’améliorer leur vie dans cette chambre… Il essaye. Jusqu’au jour où tout bascule, chronique d’un jour annoncé, de la détresse de deux êtres.
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Cet été-là

Le résumé est attirant, la couverture invite au farniente, jusque-là tout va bien ! Puis arrive une flopée de personnages que j'ai rapidement confondus, à tel point que je suis revenue au début pour noter les prénoms, les couples, etc !



Une fois les rôles à peu près maitrisés j'ai attendu de voir se profiler le but où l'autrice voulait nous mener mais je n'ai pas compris son cheminement. Pas de début, des personnages qui pour la plupart ont fait la tronche tout le séjour, des enfants immatériels, un “extra-terrestre” qui prédit la mort du grand pin.



Aucune consistance, beaucoup de pistes amorcées... pour rien ! Je me suis ennuyée et j'ai eu envie de mettre des claques à Delphine bien qu'on ne sache pas le pourquoi de son comportement !



Une écriture hachée et un texte décousu ! J'ai vraiment eu l'impression de perdre du temps alors que j'ai déjà du mal à me concentrer.



Jeux en Foli...ttérature XVI

Challenge 50 Objets 2023/2024

Challenge Féminin 2022/2023

Challenge Plumes Féminines 2023
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Le Gosse

Que ce roman est triste !



C'est l'histoire d'un gamin, qui, devenu orphelin, connaîtra l'enfer de la prison de la Petite Roquette puis de la colonie pénitentiaire de Mettray.



Je ne savais pas que le bagne pour enfants existait. Véronique Olmi en fait état dans ce roman avec talent. Elle n'a pas son pareil pour mettre de la délicatesse là où il n'y a qu'horreur.

Le personnage de Joseph, âgé de sept ans, au début du livre, m'a tout d'abord prise par la main et emmenée dans son univers de titi parisien. Je l'ai suivie dans son tragique destin avec compassionn et le cœur serré. Au fil du roman, j'avoue que sa peine mais surtout ses désillusions et parfois son manque de combativité ont fait traîner ma lecture... Certains soirs, je n'avais tout simplement pas envie de retourner dans cet enfer que Joseph semblait vivre comme une fatalité. Même lorsque la chance s'est mis à lui sourire, le souvenir de Mettray était tellement présent que cela devenait insoutenable.

Parce que loin de Mettray, cela voulait aussi dire loin d'Aimé et pour Joseph, ça aussi, c'était une forme de bagne.



Le gosse n'est pas un livre facile à lire mais malgré tout, malgré toute l'indignation qu'on peut éprouver, ce roman est beau.
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Le Gosse

Une histoire touchante qui, outre le fait de nous émouvoir, a d'indéniables qualités culturelles, didactiques ; un livre enrichissant.



Joseph naît en 1919 à Panam : c'est un vrai Parigot depuis des générations ; il revendique fièrement son "parisianisme" ( à ne pas interpréter ce mot de manière péjorative !).

Sa mère est une plumassière, son père, Paul Vasseur, une "gueule cassée", est mort dès son retour de la Grande Guerre des suites de la grippe espagnole contractée dans les tranchées. Avant la guerre il travaillait comme mécanicien à l'usine Farcot à Saint-Ouen, aux ateliers de forge et d'ajustage.

Il vit avec Colette, sa jeune maman qu'il chérit et qui en retour apporte à "son roseau chéri" tout l'amour d'une mère aimante, ainsi qu'avec sa grand-mère paternelle... qui "s'enfonce dans le tunnel obscur de l'absence...," l'appelle Lucien, Marius ou Paul, le confond avec ses deux fils aux corps éparpillés dans les champs d'honneur, et avec le troisième, mort contaminé dans une chambre d'hôpital."

C'est dans ce milieu ouvrier, ce quartier populaire de la Bastille que Joseph s'épanouit.

Car le gosse est heureux avec ces deux femmes, ses camarades, son instituteur qui lui fait découvrir le monde merveilleux et déroutant des mots, le fait voyager en lui apprenant le nom de pays sur la mappemonde desquels il suffit de mettre un doigt pour être emporté vers d'extraordinaires découvertes.

Colette est une jeune veuve de vingt-neuf ans, pleine de vie et d'envies.

Elle aime sortir, s'amuser, danser.

Elle rencontre Augustin, de dix ans son cadet.

Joseph est jaloux de son jeune "rival" mais finit par s'en accommoder.

Tout aurait été pour le mieux dans le monde de Joseph si Augustin n'avait pas mis Colette enceinte.

Sa mère fait appel à une faiseuse d'anges et finit sa vie à l'hôpital après s'être vidée de son sang.

Joseph reste seul avec sa grand-mère.

Il conjugue école et travail aux Halles.

Il jongle avec les services sociaux et court contre le temps.

Las, la grand-mère qui a perdu la tête est enfermée à Sainte-Anne.

Joseph est emmené par les gendarmes.

L'enfance "heureuse" cède brutalement la place à l'enfer.

"Quand on lui donne d'autres habits que les siens, un tablier et des bas de laine noirs, quand on lui donne des sabots à la place de ses chaussures, il pense que c'est l'uniforme de l'école en plein air. Mais quand il voit que tous sont habillés comme lui, il comprend qu'il s'agit d'autre chose. Quand on lui fait un carnet à son nom, quand on lui dit son matricule, il comprend qu'il entre dans un monde bien plus grand qu'une école. Il sait où il est. Il ne voulait pas le comprendre mais bien sûr il le sait. C'est écrit dehors, et il l'a lu. Il est avenue Denfert-Rochereau. Il est à l'hospice des enfants assistés. C'est fait pour protéger les enfants, tous les enfants de la République, l'enquêteur en parlait parfois, c'est pour prendre soin des enfants abandonnés, et aussi des enfants trouvés, des mis au dépôt et des orphelins. Il est orphelin et devient pupille de l'Assistance publique."

Cependant Joseph qui ignore tout de cet univers fait confiance à cette République qu'on lui a appris à aimer et à servir.

Il est persuadé qu'il va pouvoir continuer à étudier, à s'instruire et à devenir un homme qui saura ne pas se montrer ingrat envers cette République qui lui aura tout donné...

C'est alors que s'ouvre le premier cercle de l'enfer. Il lui faut d'abord servir de main-d'oeuve "bon marché" dans une ferme à Abbeville avec d'autres déshérités comme lui.

Il apprend les interminables heures de travail, la fatigue, la malnutrition, l'exploitation, la "discipline", les coups... mais "pépère", le Thénardier alcoolique qu'il est contraint de ramener ivre du bistroquet certains soirs, lui fait involontairement découvrir ce qui sera sa passion : la musique.

Parce que Louise, la femme de "pépère" est jalouse de Joseph, elle envoie les gendarmes à sa recherche après que Joseph ait innocemment découché... juste pour se sentir libre au contact de la nature.

Entravé, menotté, tondu, il est enfermé à la Petite Roquette : second cercle de l'enfer.

Les sévices, les cruels, prennent corps : l'isolement, les privations, la crasse, les maladies, les passages à tabac, les viols...

Joseph à bout de solitude va néanmoins réussir lors d'une alerte incendie à retrouver un peu d'humanité auprès d'un compagnon d'infortune.

"C'est une cellule pareille à la sienne, la même odeur d'excréments et de pourriture, la même lumière artificielle. Ils restent là, à se regarder, tandis qu'autour d'eux les cris résonnent, les voix des enfants et les voix des bourreaux, ce monde sauvage auquel pour un instant ils se soustraient. Puis brutalement, leurs corps s'entrechoquent, leurs côtes sous la peau si fines se heurtent, leurs respirations se suspendent, leurs bras se sanglent, se tiennent et ne se lâchent plus. Ce pourrait être le début d'une bagarre, un corps-à-corps. Mais ils ne se battent pas. Il s'étreignent. Le garçon pose la tête dans le cou de Joseph comme s'il voulait s'y reposer. Il le tient, respire par saccades. Leurs coeurs se cognent, leurs rythmes sont désaccordés. Joseph enfonce sa tête contre le buste du garçon si grand et tout entier penché sur lui, il est protégé par ce corps osseux qui le dissimule à la prison. Il entend un cri minuscule, une longue plainte aiguë, maladroite et irrégulière. Il met du temps à comprendre que c'est lui qui crie."

Profitant de "la nuit du feu", le garçon se biche. Rattrapé, il met tout sur le dos de Joseph qu'il accuse d'être "un sale pédé"... ; Joseph est envoyé à Mettray, colonie pénitentiaire, le bagne pour gosses.

Troisième cercle de l'enfer. Les gosses y sont des loups pour les gosses. Les gaffes ont le droit de vie et de mort sur les gamins.

Ceux qui meurent victimes de sévices sont balancés, camouflés dans une fosse commune.

Le travail est un travail de forçat. Celui qui tombe risque de finir entre les mains d'un maton, un boxeur, un sadique alcoolique, un bourreau dont il est rare qu'un gosse sorte indemne ou même vivant des mauvais traitements qu'il lui inflige.

Hors du travail d'esclave, des insultes, des brimades, des humiliations, de la fatigue, de la faim, du froid, des coups, Joseph fera à Mettray trois rencontres qui bouleverseront sa vie.

La musique va lui permettre, en devenant le cornettiste de la fanfare, d'échapper à l'enfermement.

Aimé va lui faire découvrir l'Amour et toutes les portes que l'Amour permet d'ouvrir et celles qu'il permet également de refermer.

Michel, un imprésario va lui donner l'occasion de faire de sa passion une vocation devenue un art, une raison et un moyen de vivre.

Mais avant cela, il faudra que le gosse traverse bien des épreuves avant que l'homme qui est en lui consente à donner une chance et une place à ce gosse dans un monde qui fait si peu de cadeaux...



Véronique Olmi a, à travers ce roman, permis d'exhumer une tache de souffrance et de honte dissimulée dans les plis trop propres de la République.

Le sort que Marianne a réservé à ses enfants orphelins relève de la trahison, de l'exploitation, de l'esclavage, du crime.

L'histoire, dont le narratif n'est pas totalement irréprochable : la chronologie ou la manière de structurer son récit dans le temps est quelquefois un peu floue, manque parfois de rigueur, semble un peu chaotique et négligée.

Il y a de petites toutes petites invraisemblances... mais l'ensemble bénéficie de l'apport d'une plume de qualité, d'une réelle sensibilité, un attachement de l'auteure au thème abordé.

La voix du gosse à la troisième personne du singulier nous implique sans nous accabler... et c'est heureux tant le sujet est à la limite du supportable.

Il permet un recul qui nuance le propos et offre une perspective psychologique, historique et sociologique aux personnages, aux situations et à leurs ressorts.

Le tout s'inscrit dans une période qui va de 1919 jusqu'au Front Populaire. Et ce tout ne trahit pas l'Histoire mais permet, pour le meilleur, de contextualiser.

On découvrira ou redécouvrira des noms comme ceux de Jean Sablon, Joséphine Baker, Mistinguett, Maurice Chevalier, Tino Rossi, le cirque Medrano ( et l'histoire de Jérôme Medrano son fondateur... "monsieur Boum Boum"... le cirque des clowns... pour les gosses... avec le fameux tandem des Bario...)

On revivra l'arrivée du jazz et à sa tête Louis Armstrong dit "Satchmo".

Et on ne manquera pas d'être interpellé par la vague migratoire venue de l'Est et due à la montée du nazisme et du fascisme... aux premières "persécutions" des Juifs...

Le tout dans la quête identitaire d'un gosse déchiré par une absence de repères autres que l'abandon, la mort, le bagne et le poids de fautes qui ne sont pas les siennes.



En dehors de ce que je viens d'évoquer, j'ai été sensible à la manière dont Véronique Olmi parle de l'amour entre deux garçons et j'avoue, à ma grande honte que, grâce à ce livre j'ai découvert le nom d'Alexis Danan.

Dans ce roman on retrouve le quadriptyque cher, semble-t-il à l'auteure ( cf Bakita ) : l'exploitation, l'esclavagisme, la foi ( au sens large... même si la place et le rôle de l'Église sont récurrents ), la rédemption.

Un très bon livre que je recommande.
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Le premier amour

D'après le résumé, je pensais lire un roman plein de nostalgie avec une histoire de retrouvailles très romantique. Pour la nostalgie, j'ai été servie avec de beaux passages où la narratrice se remémore une période charnière de son adolescence, celle d'une certaine complicité avec sa sœur autiste et, surtout, celle de son premier amour qui l'a profondément marquée.



Par contre les retrouvailles romantiques n'étaient pas au rendez-vous et du coup toute la partie concernant le présent m'a moins plu. le récit était plus décousu, avec des faux airs de road-movie truffé de rencontres improbables avec des personnages dont on peine à saisir le rôle dans l'histoire. De même, la dernière partie, en Italie, est assez déstabilisante et les réactions des personnages parfois difficiles à comprendre.



Mais finalement, même si je m'attendais à autre chose en lisant la quatrième de couverture et même si certains passages sont déconcertants, j'ai passé un bon moment avec ce roman plein de nostalgie...
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Les Evasions particulières

Cette découverte de Véronique Olmi à travers "Les évasions particulières" me laisse un sentiment mitigé.



Pour commencer de façon positive, j'en ai aimé le côté roman social. L'auteure nous dresse un portrait très détaillé d'une grosse décennie qui va de l'après mai 68 à l'élection de François Mitterrand. A travers le destin de 4 femmes, Agnès la mère et ses trois filles, c'est tout le combat pour l'émancipation féminine que l'on suit. C'est l'histoire d'Hélène, la cadette, que j'ai préférée parce que très jeune, elle va orienter son choix de vie vers la protection de la planète et la condition animale, sujets qui me tiennent à cœur. Elle est tiraillée par sa double situation, toutes les vacances, elle quitte Aix en Provence et sa famille de condition modeste pour aller chez son oncle et sa tante, des nantis parisiens qui l'ont prise en affection (je n'ai pas eu de réponse à ma question, pourquoi elle et pas ses sœurs ?).

Malheureusement, je dois avouer que parallèlement, je me suis beaucoup ennuyée tout au long des 500 pages. L'écriture pourtant intéressante de Véronique Olmi n'a pas réussi à me faire oublier les longueurs du texte très, très dense. A force de vouloir évoquer trop de thèmes (pédophilie, homosexualité, cancer, dépression, abandon d'enfants, condition féminine, bien-être animal, religion, etc), le scénario devient brouillon et tout s'emmêle. Il m'a manqué quelque chose pour ressentir de l'empathie pour les divers personnages, ils disparaissent au profit du contexte.

Je regrette de n'accorder qu'un 11/20 à ce roman au titre qui interroge mais qui n'apporte pas de réponse.
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Bakhita

Ce roman raconte l'extraordinaire destin de cette petite fille soudanaise, enlevée pour être emmenée en esclavage, vers 1875, et qui s'est éteinte en 1947, dans un couvent italien, en odeur de sainteté.

On y rencontre l'infinie cruauté et la déshumanisation impliquées dans la traite négrière. Cela vaut la peine de faire un effort pour aborder ces horreurs du point de vue subjectif d'une femme qui a subi cet état dégradant entre tous.

L'auteure fait vivre cette histoire avec un talent certain de conteuse. On se laisse facilement embarquer dans cette histoire hors normes.

Et pourtant au fur et à mesure de cette lecture j'ai éprouvé un malaise grandissant, qui a fini par confiner à la colère. Je sais que ce livre a recueilli beaucoup de critiques enthousiastes et mon but n'est pas de polémiquer. Il s'agit seulement d'expliquer les raisons de ces sentiments.

Si on lit le roman d'un point de vue religieux, ou même confessionnel, on peut observer trois étapes: l'enfer musulman, un purgatoire orthodoxe et un paradis catholique. L'enfer musulman est celui des maîtres esclavagistes de la traite d'Afrique de l'Est. Et pour les victimes c'est sans nul doute un enfer. A l'arrivée en Italie, la jeune fille est offerte à une femme qui utilise ses qualités mais se montre intransigeante et moralement cruelle avec elle. On découvre dans la suite que cette femme est une russe convertie au catholicisme et que sa méchanceté est excusée par ses frustrations. Enfin, son arrivée au couvent est une sorte d'entrée au paradis, où tout le monde est compréhensif, bienveillant, cherchant à comprendre sans juger. Au passage se glisse le vieux cliché totalement erroné du christianisme abolissant l'esclavage. Un peu difficile à tenir quand les chrétiens, et notamment les catholiques, ont organisé pendant plus de trois siècles la traite négrière atlantique, infiniment plus dévastatrice que la traite d'Afrique de l'Est, exercée par des musulmans. Le tableau est complet quand on prétend que les missionnaires catholiques ont compensé la barbarie fasciste dans la conquête de l'Éthiopie. Les missionnaires faisaient évidemment partie, comme toujours, de l'entreprise colonialiste. Et l'image d'un catholicisme s'opposant au fascisme est également fallacieuse. Avec qui le pape Pie XI a-t-il signé en 1929 les Accords du Latran sinon avec Mussolini?

On le voit, ce roman est plein de sous-entendus pour moi inacceptables parce qu'ils donnent une vue biaisée des réalités historiques. Le procédé qui consiste à s'emparer de la souffrance d'autrui pour la ramener à ses propres normes est à l'opposé de ce que je recherche: la rencontre de l'altérité. Ce roman est pour moi néocolonial.

Cela n'enlève rien à la découverte de l'histoire extraordinaire de Bakhita qui mériterait d'être racontée par un(e) autre auteur(e).
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Bakhita

Sentiment étrange devant mon ordinateur pour écrire mon avis ...Ce livre à reçu de nombreux éloges et fait l'unanimité parmi les lecteurs, il a reçu le prix Fnac, il narre une histoire bouleversante d'une esclave devenue religieuse et pourtant...

Pourtant, je dois l'avouer je n'ai pas aimé cette lecture. Comment l'expliquer ...

De manière générale, j'ai ressenti ce "roman" plutôt comme une biographie, un documentaire avec une différence entre la période esclavage et religieuse.

Dans la 1ère partie, c'est une succession de paragraphes narrant toutes les horreurs de l'esclavagiste avec des passages très difficiles. ET la 2eme partie est d'une longueur soporifique, c'est un peu fort je l'avoue.



La vie de Bakhita est riche de douleurs, de souffrance, de fatalisme mais l'écriture de l'auteure manque de ressenti, d’introspection de son personnage. Ce qui m'a amené à me détacher de Bakhita, et peut-être je lui en veux aussi pour cela.

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Bord de mer

Elle est seule.

Elle a deux petits garçons: Stan et Kevin.

Elle espère qu'un voyage au bord de la mer sera joie pour tous les trois.

Mais il pleut, elle est seule, les enfants s'ennuient.

C'est magnifiquement écrit, triste mais tellement vrai.

Quand tout va bien pour les uns, on oublie souvent la désespérance de l'autre.

Un rappel nécessaire.
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Bakhita

Très beau livre,un personnage guidé par une main divine qui lui permet de survivre à l'indescriptible.Le style magnifique de madame Olmi atténue un peu l'insupportable.Et puis,en Italie,l'action se ralentit et,comme Bakhita,nous avons envie d'en finir.J'ai eu le privilège d'en parler avec l'auteure,l'histoire traîne un peu en longueur,ce qui n'enlève rien au talent de madame Olmi.N'hesitez pas à faire la connaissance de ce personnage d'exception,malgré mon ennui vers la fin,ce livre mérite des louanges.
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Bakhita

Un gros coup de cœur pour ce roman qui relate le destin d’une petite fille enlevée dans son village du Darfour. Elle va au fil des années subir des humiliations, les souffrances de l’esclavage, la peur, la faim,…

Véronique Olmi s’est inspirée de l’authentique parcours d’une esclave devenue religieuse.

Il y a un vrai contraste avec la belle écriture de Véronique Olmi et l’atrocité absolue du parcours de cette femme. Elle nous embarque vers l’espoir, la lumière. On ne peut qu’être touché par la force et la grandeur d’âme de cette femme.

Ce roman ne vous laissera pas indifférent.

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J'aimais mieux quand c'était toi

Elle est actrice et joue le rôle de la mère dans la pièce de Pirandello, Six personnages en quête d'auteur...

Mais au moment où débute le récit, Nelly est assise sur un banc, gare de l'Est à Paris. Elle semble perdue, anéantie, effarée. Petit à petit et au fur et à mesure que la pièce se répète et se joue, nous allons comprendre ce cheminement qui l'a poussée jusqu'à cet endroit. Nelly parle et se confie...



La construction et l'écriture de ce roman sont remarquables. Nous passons des émotions et souvenirs de la comédienne pour son rôle aux émotions et souvenirs de la femme et mère de famille qu'est Nelly. Mais parfois émotions et souvenirs se mélangent, se bousculent, se distendent pour de nouveau se confondre. Pourquoi ? Pour qui ?

Quelle force pousse Nelly à endosser chaque rôle, à sublimer chaque personnage puis à accepter chaque mort ?



L'atmosphère du théâtre est rendue dans sa plus juste vérité. La vie de Nelly tourne autour de son métier, que ce soit avant, pendant ou après le jeu sur scène.

L'écriture est froide mais directe. Les phrases sont courtes et percutantes. Les chapitres se succèdent comme autant de petites scènes.

Un beau monologue de théâtre sur la souffrance, la détresse, l'amour, la passion. Un très beau rôle de femme.



J'ai quitté ce roman exaltant avec beaucoup de regret. J'ai quitté Nelly, inquiète de son devenir...


Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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Bord de mer

Quelle désespérance ce roman !

Une jeune femme pas très stable, trop fragile, névrosée, prend le car avec ses deux enfants pour les emmener voir la mer. Ils arrivent dans une ville sombre et pluvieuse, prennent une chambre d’hôtel.

C’est tout le drame de la solitude et de la misère humaine. Pauvre femme, pauvres enfants !

Ce n’est pas un livre à lire un jour de cafard. Et même il laisse un sentiment d’inéluctable, de gâchis, de tristesse profonde.

C’est sobrement et très bien écrit, ce qui rend l’histoire encore plus poignante.

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Les Evasions particulières

Celles et ceux qui me lisent savent à quel point j'ai adoré "Bakhita". J'avais donc très envie de retrouver l'écriture de Véronique OLMI. Après avoir lu les différentes critiques concernant "Les évasions particulières", je n'ai donc pas hésité un instant à l'emprunter à la médiathèque. Et bien, je l'ai abandonné ! J'en suis complètement dépitée mais je n'ai pas pu allé très loin. Impossible pour moi d'accrocher à cette histoire. Peut-être trop de longueurs ou bien n'est-ce pas le moment pour moi de le lire... je ne sais pas. Je m'arrêterai donc là pour cette critique car j'estime que chacun doit se faire son propre avis et je n'aime pas non plus "descendre" un roman. C'est juste mon ressenti. Il peut et doit plaire à de futurs lecteurs et lectrices de Babélio. Quant à moi, je ne doute pas un seul instant de pouvoir retrouver cette autrice avec une autre future belle histoire.
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Les Evasions particulières

Dans ce roman doux-amer teinté d’autobiographie, on fait la connaissance des sœurs Malivieri, qui grandissent à Aix en Provence, dans une famille modeste et très catholique. Nous sommes dans les années 60 et il n’est pas facile pour les femmes et les jeunes filles de s’évader d’une vie bien tracée. Chacune, pourtant, tracera sa voie en cherchant à s’émanciper des principes familiaux et sociétaux. Tandis que Sabine rêve d’être comédienne et part à Paris, Hélène est écartelée entre sa famille et celle de son oncle riche qui l’a prise sous son aile. Elle côtoie deux mondes opposés et étanches et, telle un caméléon, oscille de l’un à l’autre. La petite dernière, Mariette, est toute en sensibilité. Restée seule auprès des parents, elle se construit son monde et découvre la musique.

Il existe un lien très fort entre les trois sœurs, et ce malgré leurs différences. On suit avec tendresse leur cheminement qui va croiser les grands bouleversements de cette époque. On parle beaucoup de la condition de la femme dans ces années-là, et la mère, les filles Malivieri sont immergées dans cette actualité qui va influer leur vie. Ainsi les procès féministes avec Gisèle Halimi et Beauvoir se déroulent à Aix. Le viol, le droit à l’avortement et la contraception sont au cœur des débats.

C’est aussi l’époque où les femmes sont mères au foyer, pas toujours par choix. Agnès, la mère, qui finit par étouffer dans son petit appartement, veut travailler.

Le père, Bruno, nous apitoie par sa fragilité. Souvent dépassé par l’évolution de ses filles, puis de sa femme, il se raccroche aux principes de sa foi catholique, de la famille, pour faire front.

Ce roman foisonnant se termine dans la liesse provoquée par l’élection de Mitterrand.

L’auteure a l’art de mêler de petits drames personnels, comme le chien d’Hélène e mort de tristesse, à des évènements plus graves comme l’attentat de la rue Copernic qui va avoir des répercussions sur la vie de Sabine. C’est toute une époque avec ses bouleversements que nous traversons sur les pas de cette famille. Le talent de Véronique Olmi, c’est de nous faire partager le destin de cette famille à travers l’histoire d’un pays, d’une époque. Avec ces drames mêles, elle nous montre combien le destin de chacun peut âtre intimement lié à une époque.

Ce gros roman à l’écriture fluide, ample, se savoure de bout en bout.



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Bakhita

Voilà bien longtemps que je n'avais pleuré à chaudes larmes en refermant un livre. La dernière fois c'était pour "Si c'est un homme" de Primo Levi. C'est toujours la même chose qui me retourne les tripes. Comment un humain peut-il infliger de telles horreurs à un autre être humain? En entrant dans l'histoire de Bakhita, je suis allée patauger dans le fin fond des enfers. J'ai même failli abandonner ma lecture tant c'était insoutenable. mais face au courage de Bakhita, je me devais de continuer.

Elle est née au Soudan en 1869, dans la tribu des Dadjo. A cinq ans, elle assiste au rapt de sa grande soeur par des razzieurs, qui volent jeunes garçons et jeunes filles pour les vendre aux négriers. Deux ans plus tard, c'est elle-même qui est kidnappée par deux voisins, violée, maltraitée, puis vendue. Elle en perd la mémoire de son propre nom. Ils la surnomme "Bakhita", la chanceuse. La chanceuse....Après plusieurs transferts, elle atterrit chez un riche arabe, avec Binah, autre petite fille enlevée en même temps qu'elle. Achetées pour distraire les filles du maître, puis son fils...Encore frappée, violée, exploitée. Trois ans plus tard, c'est un général turc qui l'acquiert, pour être la servante de sa femme. Apogée de violence, torture. Les guerres approchent, Bakhita est vendue à la va-vite au consul italien de Khartoum. Sa vie prend un autre tournant. Emmenée en Italie, offerte à des amis du consul, c'est un autre tourment qui s'annonce, celui d'être la seule noire dans un pays de blancs. Laissée par ses maîtres dans un couvent pour une courte période, elle refuse d'en ressortir. Elle trouve au milieu de cette congrégation une forme d'apaisement, se convertit à la foi chrétienne, et après bien des années passées à s'occuper des jeunes enfants et des pauvres, s'y éteint à l'âge de 78 ans. Son histoire sera écrite par les soeurs:" Storia Meravigliosa"! Elle sera enfin béatifiée en 1992 puis canonisée en 2000 par Jean-Paul 2.

Alors oui, elle aura eu un destin "extraordinaire", mais quelle vie terrible, dépossédée d'elle-même, toujours soumise à la volonté des autres... Qu'est-ce qui a bien pu la faire tenir, lui donner cette "force de vie et d'amour inimaginable"? Avoir vécu tant de souffrances a développé son instinct et son intuition, la rendant capable de comprendre instantanément la souffrance d'autrui. Curieusement, elle a développé une humanité hors du commun, avec pour seuls repères la Terre, le ciel, le vent, les étoiles, et les quelques souvenirs de sa mère et de sa soeur.

Quelle puissance dans ce récit! Quel talent que celui de l'autrice qui, dans cette biographie romancée, nous expose la relation personnelle qu'elle a ressentie avec Bakhita en découvrant son histoire.

Que dire de plus que "Merci", Véronique Olmi.
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Bakhita

Bakhita de Véronique Olmi. Qu'ajouter à toutes les critiques déjà publiées? Bakhita, petite fille enlevée à l'âge de 7 ans dans son village du Darfour, réduite à l'esclavage , abimée, meurtrie physiquement et moralement,sera ramenée en 1885 en Italie dans les bagages du consul d'Italie rentré précipitamment de Khartoum. Elle décidera d'entrer dans les ordres et se consacrera sa vie durant aux pauvres, surtout aux enfants. La couleur de sa peau fera d'elle un objet de curiosité et de crainte, il faudra la parution du récit de sa vie pour qu'elle devienne l'objet d'une véritable dévotion. servant à son coeur défendant la cause de l'impérialisme colonial de Mussolini. Jean Paul II signe sa béatification le 1er octobre 2000 .

Cette biographie romancée écrite de main maitre par Véronique Olmi nous fait découvrir le parcours chaotique vécue par un enfant au coeur de l'Afrique noire, séparée de sa famille, asservie , ballotée de maitre en maitresse. Pourquoi faut il toujours que celui qui conquiert militairement ou financièrement un territoire se comporte comme un prédateur? Colonialisme et esclavagisme ont à priori le plus souvent cohabité à la plus grande honte de l'humanité. J'aimerais croire que cela n'existe plus et n'existera plus jamais mais à lire les informations et les témoignages de par le monde j'en arrive à douter ...

Une lecture coup de poing et coup de coeur !
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Bakhita

« Bakhita », de Véronique OLMI aux Editions Albin Michel (2017) est un livre qui ne peut laisser indifférent. Il dit l’indicible et rend tangible l’impensable. Et pourtant, le lecteur que je suis s’est-il révélé apte à le comprendre ?

En effet, même après lecture, peut-on vraiment imaginer la vie de cette enfant ‘ébène’ enlevée à l’âge de sept ans, razziée dans son Darfour natal, pour être plongée dans toutes les horreurs et les négations de l’être dont l’Homme est capable envers l’Homme et plus encore envers la Femme, l’Enfant ?

Peut-on mettre, derrière les mots utilisés par l’auteur, une image qui soit proche de la réalité endurée ? Qui permette de comprendre le parcours de l’enfant trop tôt devenu usé ? De l’adulte qui s’enracine dans l’amour, la foi, la sainteté alors que son corps a été forgé par des monstres pour la haine, la rancœur, la destruction et la négation de tout à-venir et donc de tout pardon ?



Dans une écriture tantôt hachée, violente mais pudique, tantôt quasi silencieuse, dans l’évocation plus que la déclaration, souvent poétique et tendre dans un monde de brutes, Veronique OLMI nous conte la vie de Bakhita, son parcours, l’enlèvement brutal à la vie, les viols, l’esclavage et, malgré tout, chez elle, une résilience, une capacité à affronter le Mal pour vivre le Bien et ce, jusqu’à sa mort, en 1947 à l’âge de 78 ans.

Tout au long de ce livre, le lecteur se demande comment elle a pu tenir. Comment, mille fois promise à la mort, violente de surcroît, elle garde au cœur l’oiseau qui chante et la vie en main pour la plier en faveur de sa propre croissance qui passe bien souvent par la protection de plus faibles qu’elle.

Bakhita, un livre qui, à juste titre s’est retrouvé susceptible d’obtenir le Goncourt. Véronique OLMI ne l’a pas obtenu. Son livre était peut-être trop dérangeant à l’heure où le racisme, la ghettoïsation légitiment bien des appels au repli sur soi en justifiant la peur outrancière de toute différence.

L’Homme est-il prêt à entendre un tel discours et à se refuser d’oublier que nos sociétés ont été construites – et le sont encore trop largement – sur base de l’appropriation des richesses et des personnes, volées, soustraites à leurs destinées, au droit fondamental pour chacun de régir sa vie et non d’être assujetti.

Bakhita, un livre désarçonnant qui bouscule, renverse les attendus, taraude les convictions.

Un livre qui fait du bien !

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Véronique Olmi

Née à Nice en...

1942
1952
1962
1972

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