Citations de Victor Hugo (8666)
Un homme d'esprit, c'est verni; un homme de talent, c'est doré; un homme de génie, c'est de l'or.
Victor Hugo
dans :Post-Scriptum de ma vie (1901), Tas de pierres
que je ne connais pas hélas!
La prière
J'avais devant les yeux les ténèbres. L'abîme
Qui n'a pas de rivage et qui n'a pas de cime
Était là, morne, immense et rien n'y remuait.
Je me sentais perdu dans l'infini muet.
Au fond, à travers l'ombre, impénétrable voile,
On apercevait Dieu comme une sombre étoile
Je m'écriai: Mon âme! Mon âme! il faudrait,
Pour traverser ce gouffre où nul bord n'apparaît,
Et pour qu'en cette nuit jusqu'à ton Dieu tu marches,
Bâtir un pont géant sur des millions d'arches.
Qui le pourra jamais? Personne! Ô deuil! Effroi!
Pleure! -- Un fantôme blanc se dressa devant moi
Pendant que je jetais sur l'ombre un oeil d'alarme,
Et ce fantôme avait la forme d'une larme;
C'était un front de vierge avec des mains d'enfant,
Il ressemblait au lys que sa blancheur défend;
Ses mains en se joignant faisaient de la lumière.
Il me montra l'abîme où va toute poussière,
Si profond que jamais un écho n'y répond,
Et me dit : -- Si tu veux, je bâtirai le pont.
Vers le pâle inconnu je levai ma paupière.
Quel est ton nom? lui dis-je. Il me dit : -- la prière!
Conserve en ton coeur, sans rien craindre,
Dusses-tu pleurer et souffrir,
La flamme qui ne peut s'éteindre
Et la fleur qui ne peut mourir!
(" Les contemplations")
Le bonheur est parfois caché dans l'inconnu.
L'enfer est tout entier dans ce mot : solitude.
La liberté commence où l'ignorance finit.
Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire !
Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire,
Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis !
Les peupliers, au bord des fleuves endormis,
Se courbent mollement comme de grandes palmes ;
L’oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ;
Il semble que tout rit, et que les arbres verts
Sont joyeux d’être ensemble et se disent des vers.
Le jour naît couronné d’une aube fraîche et tendre ;
Le soir est plein d’amour ; la nuit, on croit entendre,
A travers l’ombre immense et sous le ciel béni,
Quelque chose d’heureux chanter dans l’infini.
Victor Hugo, Toute la lyre
c'est le printemps aujourd'hui !!!!
Il y a souvent plus de choses naufragées au fond d'une âme qu'au fond de la mer.
Je préfère aux biens dont s'enivre
L'orgueil du soldat ou du roi,
L'ombre que tu fais sur mon livre
Quand ton front se penche sur moi.
La langue française n’est point fixée et ne se fixera point. Une langue ne se fixe pas.
Nuits de juin
L’été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte
La plaine verse au loin un parfum enivrant ;
Les yeux fermés, l’oreille aux rumeurs entrouverte,
On ne dort qu’à demi d’un sommeil transparent.
Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.
Ô révolutions ! j’ignore,
Moi, le moindre des matelots,
Ce que Dieu dans l’ombre élabore
Sous le tumulte de vos flots.
La foule vous hait et vous raille.
Mais qui sait comment Dieu travaille ?
Qui sait si l’onde qui tressaille,
Si le cri des gouffres amers,
Si la trombe aux ardentes serres,
Si les éclairs et les tonnerres,
Seigneur, ne sont pas nécessaires
À la perle que font les mers !
Pourtant cette tempête est lourde
Aux princes comme aux nations ;
Oh ! quelle mer aveugle et sourde
Qu’un peuple en révolutions !
Que sert ta chanson, ô poëte ?
Ces chants que ton génie émiette
Tombent à la vague inquiète
Qui n’a jamais rien entendu !
Ta voix s’enroue en cette brume,
Le vent disperse au loin ta plume,
Pauvre oiseau chantant dans l’écume
Sur le mât d’un vaisseau perdu !
Longue nuit ! tourmente éternelle !
Le ciel n’a pas un coin d’azur.
Hommes et choses, pêle-mêle,
Vont roulant dans l’abîme obscur.
Tout dérive et s’en va sous l’onde,
Rois au berceau, maîtres du monde,
Le front chauve et la tête blonde,
Grand et petit Napoléon !
Tout s’efface, tout se délie,
Le flot sur le flot se replie,
Et la vague qui passe oublie
Léviathan comme Alcyon !
Les Chants du crépuscule : NAPOLÉON II, strophe VI.
Sur le sommet de la galerie la plus élevée , plus haut que la rosace centrale , il y avait une grande flamme qui montait entre les deux clochers avec des tourbillons d'étincelles , une grande flamme désordonnée et furieuse dont le vent emportait par moments un lambeau dans la fumée .
[...]
Au-dessus de la flamme , les énormes tours , de chacune desquelles on voyait deux faces crues et tranchées , l'une toute noire l'autre rouge , semblaient plus grandes encore de toute l'immensité de l'ombre qu'elles projetaient jusque dans le ciel .
Leurs innombrables sculptures de diables et de dragons prenaient un aspect lugubre .
La clarté inquiète de la flamme les faisaient remuer à l'œil.
Il y avait des guivres qui avaient l'air de rire , des gargouilles qu'on croyait entendre japper, des salamandres qui soufflaient dans le feu, des tarasques qui éternuaient dans la fumée.
[...]
Sans doute ce phare étrange allait éveiller au loin le bûcheron des collines de Bicêtre , épouvanté de voir chanceler sur ses bruyères l'ombre gigantesque des tours de Notre -Dame .
Il suffit d'un sourire pour que l'âme entre dans le palais des rêves...
Il avait le front haut, déjà ridé, quoique jeune encore, quelques cheveux gris perdus dans les touffes noires, l'œil doux et fort puissamment enfoncé sous une arcade sourcilière bien modelée, les narines ouvertes, le menton avancé, la lèvre dédaigneuse. C'était une belle tête. On va voir ce que la société en a fait.
Aimer, c'est savoir dire je t'aime sans parler.
" Lire, c'est voyager. Voyager, c'est lire ".
Rien ne ressemble à une âme comme une abeille, elle va de fleur en fleur comme une âme d'étoile en étoile, et elle rapporte le miel comme l'âme rapporte la lumière.
J'appartiens sans retour à cette sombre nuit qu'on appelle l'amour.
En hiver, la terre pleure ;
Le soleil froid, pâle et doux,
Vient tard, et part de bonne heure,
Ennuyé du rendez-vous.
Leurs idylles sont moroses.
- Soleil ! Aimons ! - Essayons.
Ô terre, où donc sont tes roses ?
- Astre, où donc sont tes rayons ?
Il prend un prétexte, grêle,
Vent, nuage noir ou blanc,
Et dit : - C'est la nuit, ma belle ! -
Et la fait en s'en allant ;
Comme un amant qui retire
Chaque jour son cœur du nœud,
Et, ne sachant plus que dire,
S'en va le plus tôt qu'il peut.
14 janvier 1855