Citations de Vladimir Fédorovski (344)
La vengeance des Romanov fut immédiate. Ils ne l'autorisèrent pas à suivre le cortège officiel des funérailles, qui eurent lieu deux jours plus tard. Lorsque le cérémonie fut presque terminée et que la famille impériale eut déposé un ultime baiser sur la main du défunt exposé dans le cercueil encore ouvert, au coeur de la nef de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, Catherine apparut enveloppée de longs voiles de crêpe, appuyée sur le comte Adelbreg. Elle était entrée dans la cathédrale par la porte de la sacristie.
Quelques heures plus tard, en début d'après-midi, le tsar Alexandre II expirait dans ses bras. Elle resta des heures prostrée devant le cadavre de son amour, à baiser ses mains intactes en murmurant "Sacha, Sacha"...
Katia, maintenant avait peur. Elle avait peur pour son Sacha, peur pour sa propre vie, peur pour celle de ses enfants, peur pour son avenir si les révolutionnaires parvenaient à leurs fins. Son seul soulagement fut, le 3 juin de cette même année 1880, le décès de la tsarine Marie.
Lorsqu'il était loin d'elle, elle criait sa souffrance dans les lettres qu'elle faisait envoyer, séance tenante, au palais.
Catherine, toute à la fougue de sa passion, ne supportait pas de rester éloignée de son amant. Leurs jeux amoureux -- souvent, elle posait nue pour lui dans des attitudes plus que lascives et il la croquait fiévreusement -- la rendaient plus ardente et plus affamée de sa présence. (Ces magnifiques dessins impériaux sont aussi conservés dans les archives russes.)
Et ce nid, il était obsédé par le désir de le rejoindre et d'y rester le plus longtemps possible. Une passion réelle, charnelle, qui se renouvelait à chaque rencontre dans les plaisirs débridés de la chair, allait sceller leur destin. Ils devinrent imprudents.
Parmi les élèves de ce pensionnat, les soeurs Dolgorouki ne passaient pas inaperçues. La blondeur délicate de la cadette était certes remarquable mais elle n'égalait pas le teint d'ivoire et les magnifiques cheveux auburn de l'aînée, Catherine.
Les faubourgs de Moscou se peuplaient de miséreux qui commençaient à constituer le premier prolétariat du pays.
Et la paysannerie n'était pas plus reconnaissante : le bouleversement économique provoqué par cette réforme avait ruiné les grands propriétaires et chassé vers les villes les paysans, privés de moyens pour acheter des terres, et de toutes les protections auxquelles ils étaient habitués.
La noblesse ne lui pardonnait pas l'oukase qu'il avait prononcé quatre ans plus tôt, le 19 février 1861, pour enfin abolir le servage, qui avait affranchi plus de vingt millions d'âmes.
Le tsar lui-même s'assombrissait. La mort de son fils, l'état de santé physique et mental de sa femme qui, désormais, passait le plus clair de son temps en compagnie de son confesseur, mais aussi la conduite des affaires de son pays dans un état insurrectionnel presque permanent, l'accablaient.
Il la revit le lendemain, au bal donné en son honneur, et un friselis de réprobation secoua l'assemblée lorsqu'on le vit l'inviter à danser.
L'objet de sa stupéfaction était sagement assis dans une loge -- une jeune fille à la peau de lait encadrée de bandeaux d'un noir d'ébène, le regard bleu noyé de mélancolie.
En politique comme en amour, il faut bien plus de talent pour garder ses conquêtes qu'il n'en a fallu pour les obtenir.
L'amour, l'absolu ont-ils leur place dans le monde politique placé sous le signe des rapports de force et des calculs?
Potemkine connaissait bien la route de Peterhof. Il en aimait le puissant parfum balsamique des forêts de sapins environnantes, mêlé du sel de la mer porté par les embruns.
Parfois il arrive qu'un être sensible et intelligent perçoive ainsi, juste avant l'action, le bruit, léger mais distinct, que fait le destin lorsqu'il tourne une page.
Elle était l'impératrice de toutes les Russies. Autant dire qu'elle était la femme la plus inaccessible entre toutes.
Enfin! Enfin, il pouvait observer à son aise son visage animé, ses yeux noirs, sa bouche sensuelle.
Enfin, elle fut à lui. Ses mains vibraient sur la taille de sa belle.