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Citations de Vladimir Nabokov (858)


Nul homme libre n'avait besoin d'un Dieu; mais étais-je libre?
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Vladimir Nabokov
Je ne puis même pas imiter son style, parce que le style de sa prose était le style de sa pensée : une éblouissante suite d'omissions d'idées intermédiaires; et vous ne pouvez singer une omission, car vous ne pouvez vous empêcher, dans votre esprit, de combler, de quelque manière, la lacune, et donc de l'effacer.

(La vraie vie de Sebastian Knight)
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Dans ce même esprit solennel, certains lépidoptéristes hargneux ont critiqué mes travaux de classification des papillons, m'accusant de m'intéresser davantage aux sous-espèces et aux sous-genres qu'aux genres et aux familles. Une telle attitude est affaire de tempérament, je suppose. Le penseur de «moyenne volée» ou le philistin supérieur ne peuvent se défaire de ce sentiment sournois qui veut qu'un livre, pour être grand, doit brasser de grandes idées. Oh, je connais le type, le type lugubre. Il aime un bon conte épicé de considérations sociales; il aime reconnaître ses propres pensées et ses propres angoisses dans celles de l'écrivain; il veut qu'au moins un des personnages soit la doublure de l'auteur. S'il est américain, il a une goutte de sang marxiste, et s'il est britannique il a une conscience de classe aiguë et risible; il trouve tellement plus facile d'écrire sur des idées que sur des mots; il ne comprend pas que s'il ne trouve pas d'idées générales chez un écrivain, c'est que peut-être les idées dudit écrivain ne sont pas encore devenues générales.
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Je revois la table ronde et toi, agenouillée en courte chemise de nuit sur un fauteuil à côté de moi. Tu faisais un château de cartes et le moindre de tes mouvements était sublimisé et je me grisais, de l'odeur de petite fille qu'exhalait tes orteils et l'odeur de tes cheveux. D'ailleurs il n'y a que dans les romans français où l'on trouve des "messieurs qui hument" les jeunes filles.
-C'est pourtant ce que je faisais pendant que s'échaffaudait ton oeuvre aérienne. Magie tactile. Infinie patience. Pointes des doigts pipant la pesanteur. Ongles rongés affreusement. Sois indulgente à ces notes. Sais-tu ce que j'espérais ? Qu'au moment où s'écroulerait ton château, tu t'assiérais sur ma main
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Je suis totalement indifférent à l'aspect social de telle ou telle activité collective. Historiquement, en matière de pornographie, les Anciens ont établi un record qui n'est pas près d'être égalé. Artistiquement, plus les machines à écrire plongent dans la fange, plus leurs produits deviennent ordinaires et conventionnels. J'ai horreur de la brutalité pratiquée par toutes les sortes de brutes, les blanches ou les noires, les brunes ou les rouges. Je méprise également les rouges coquins et les roses imbéciles.
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La chambre (The Room, 1950)

La chambre que prit un poète
mourant, un soir, dans un hôtel mort
figurait dans les deux annuaires:
celui du Ciel, celui de Perséphone.

Elle avait un miroir, une chaise,
et une fenêtre et un lit,
ses côtes laissaient entrer l’ombre
où la pluie luisait et saignait une enseigne.

Ni larmes, ni terreurs, un mélange
d’anonymat et de malédiction,
elle paraissait, cette chambre,
être l’imitation d’une chambre.

Chaque fois que, subliminale,
une auto déchirait la nuit,
aux murs, au plafond tournoyait
tout un squelette de lumière.

Peu après la chambre m’échut.
Bagnard rayé, cherchant la lampe,
sur le mur je trouvai ce vers:
« Je meurs sans amour, solitaire, anonyme »

au crayon au-dessus du lit.
On eût dit une citation.
Etait-ce une femme affolée de lecture,
Ou un gros homme au cheveu rare?

J’interrogeai l’aimable bonne noire.
J’interrogeai le capitaine et ses marins.
J’interrogeai le gardien de nuit. Obstiné,
j’interrogeai un ivrogne. Nul ne savait.

Peut-être, ayant trouvé l’interrupteur
avait-il vu le tableau sur le mur
et maudit l’éruption rougeoyante
se voulant « érables en automne »?

Dans le meilleur style artistique
de Winston Churchill à son faîte,
ils avancaient en double file
de Glen Lake à Restricted Rest.

Mon texte est peut-être incomplet.
Pour finir, la mort d’un poète,
c’est de la technique: un rejet
parfait, une chute harmonieuse.

Une vie s’était brisée là,
dans le noir, et la chambre était comme
un thorax de fantôme, avec un coeur
mal aimé, anonyme, mais point solitaire.

***
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Toi et moi, nous avons tant cru (1938)

Toi et moi, nous avons tant cru à la continuité de l’être,
mais maintenant je me suis retourné, et combien il est surprenant
jusqu’à quel point, ma jeunesse, tu ne me parais pas
la mienne dans tes couleurs, tu me parais irréelle dans tes contours !

Si l’on réfléchit, c’est comme la brume d’une houle
entre toi et moi, entre le bas-fond et la personne qui se noie ;
ou je vois des piliers et je te vois de dos t’éloigner
sur un vélo de course directement dans le coucher du soleil.

Tu n’es plus moi déjà depuis longtemps, tu es esquisse, tu es héros
de chaque premier chapitre, mais nous avons cru si longtemps
à la continuité du chemin, de la combe humide
jusqu’à la bruyère de la montagne.

***
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L’inconnue de la Seine (1934)

Hâtant de cette vie le dénouement,
N’aimant rien sur terre,
Toujours je regarde le masque blanc
De ton visage sans vie.

Dans les cordes se mourant à l’infini
J’entends la voix de ta beauté.
Dans les foules blêmes des jeunes noyées
Tu es plus blême et ensorcelante que toutes.

Au moins dans les sons reste avec moi!
Ton sort fut avare en bonheur,
Alors réponds d’un posthume sourire moqueur
De tes lèvres de gypse enchantées.

Paupières immobiles et bombées,
Cils collés en épaisseur. Réponds!
A jamais, à jamais, vraiment?
Mais comme tu savais regarder!

Juvéniles épaules maigrichonnes,
La croix noire du fichu de laine,
Les réverbères, le vent, les nuages nocturnes,
Le méchant fleuve pommelé d’obscurité.

Qui était-il, je t’en supplie, raconte,
Ton séducteur mystérieux?
Du voisin le neveu frisotté –
A la dent en or, et la cravate bariolée?

Ou l’habitué des cieux étoilés,
Ami de la bouteille, des dés et du billard,
Lui aussi, maudit fêtard,
Et rêveur ruiné comme moi?

Et maintenant, de tout son corps tressaillant,
Il est assis, comme moi, sur son lit,
Dans le monde noir, déserté depuis longtemps,
Et il regarde le masque blanc.

Berlin, 1934

***
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Lolita (poème) 1955

Dolorès Haze. Signalement :
Bouche « éclatante », cheveux « noisette » ;
Age : cinq mille trois cents jours (presque quinze ans !)
Profession : « néant » (ou bien « starlette »).

Où va-t-on te chercher, Dolorès quel tapis
Magique vers quel astre t’emporte ?
Et quelle marque a-t-elle – Antilope ? Okapi ? –
La voiture qui vibre à ta porte ?

Qui est ton nouveau dieu ! Ce chansonnier bâtard,
Pince-guitare au bar Rimatane ?
Ah, les beaux soirs d’antan quand nous restions si tard
Enlacés près du feu, ma Gitane ?

Ce maudit würlitzer, Lolita, me rend fou !
Avec qui danses-tu, ma caillette ?
Toi et lui en blue jeans et maillot plein de trous,
Et moi, seul dans mon coin, qui vous guette.

Mac Fatum, vieux babouin, est bienheureux, ma foi !
Avec sa femme enfant il voyage,
Et la farfouille au frais, dans les parcs où la loi
Protège tout animal sauvage.

Lolita ! Ses yeux gris demeuraient grands ouverts
Lorsque je baisais sa bouche close.
Dites, connaissez-vous le parfum « soleils verts » ?
Tiens, vous êtes français, je suppose ?

L’autre soir, un air froid d’opéra m’alita.
Son fêlé – bien fol est qui s’y fie !
Il neige. Le décor s’écroule, Lolita !
Lolita, qu’ai-je fait de ta vie ?

C’est fini, je me meurs, ma Lolita, ma Lo !
Oui je meurs de remords et de haine,
Mais ce gros poing velu je le lève à nouveau,
A tes pieds, de nouveau, je me traîne.

Hé, l’agent ! Les voilà – rasant cette lueur
De vitrine que l’orage écrase ;
Socquettes blanches : c’est elle ! Mon pauvre coeur !
C’est bien elle, c’est Dolorès Haze.

Sergent rendez-la moi, ma Lolita, ma Lo
Aux yeux si cruels, aux lèvres si douces.
Lolita : tout au plus quarante et un kilos,
Ma Lo : haute de soixantes pouces.

Ma voiture épuisée est en piteux état,
La dernière étape est la plus dure.
Dans l’herbe d’un fossé je mourrai, Lolita,
Et tout le reste est littérature.

***
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page 272

Pris de pitié pour les pieds nus des deux soeurs, il quitta le sentier des gravilons pour la pelouse de velours.
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Cette nuit-là, tandis que nous nous tenions agenouillés en chemises de nuit l'un près de l'autre à la chandelle, montrant les plantes de nos quatre pieds nus, si tu savais comme j'avais envie de te demander un renseignement, car mon regard, en obliquant un peu...
"Pourquoi, demanda-t-elle, pourquoi est-ce que tu deviens si gros et si dur, là, quand tu..."
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page 173

Dans la salle à manger inondée de lumière, de grandes gerbes de fleurs jaunes ressemblaient à des grappes de soleil.
Elle n'était pas encore descendue...elle poussa la pointe d'un de ses jolis orteils dans une sandale solitaire et rapporta l'autre de dessous de son lit.
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Précautieusement , la fillette commença à tremper ses jolis orteils dans l'eau.
"C'est trop chaud" s'écria-t-elle, c'est beaucoup trop horriblement chaud.
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page 149

Pour son douzième anniversaire, Ada elle avait cessé de se ronger les ongles (ceux des mains, veux-je dire ; pour ses jolis orteils, le temps viendra ).
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L'ange frêle de l'espérance qui, même aux moments de désespoir absolu, vous tire par la manche, vivait à peine...
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Elle souriait d'un sourire contenu et vague, tandis que ses yeux prenaient une expression de biche qui témoignait qu'elle ne comprenait rien à ce que disait Lambert sur la musique de Hindemith.
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Otto parla encore un moment, piétina sur place, finit par mettre l'argent dans sa poche d'un air sombre, et sortit. La nécessité sociale étant satisfaite, on pouvait satisfaire maintenant les nécessités humaines.
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« Mais puisque je t'embrasserai, fit tout bas Magda. Puis, tu sais, on peut toujours tout expliquer dans la vie. »
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D'emblée, nous fûmes passionnément, gauchement, scandaleusement, atrocement amoureux l'un de l'autre; désespérément, devrais-je ajouter, car nous n'aurions pu apaiser cette frénésie de possession mutuelle qu'en absorbant et en assimilant jusqu'à la dernière particule le corps et l'âme l'un de l'autre.
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Tu sais, ce qui est affreux quand on meurt, c’est qu’on est si entièrement seul.
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