Diantre, en voilà une histoire romanesque ! Un preux jeune homme volant au secours d'une belle jeune femme prise dans les griffes de son vilain mari, et qui sera aidé dans sa croisade par la soeur de sa bien-aimée, laide mais dévouée. Un conte de fées médiéval ? Que non pas, c'est un thriller de l'époque victorienne. God bless the Queen.
Et doncques, dans le rôle du chevalier blanc, nous avons William Hartright (droit de coeur s'il en est), jeune professeur de dessin qui vient d'être embauché à Limmeridge House, aux confins de l'Angleterre et de l'Ecosse, pour enseigner son art aux deux jeunes filles de la maison. Laura, belle, fragile, réservée, enfantine, peu dégourdie, et Marian, son exact opposé, mais cependant aimante et entièrement dévouée à sa petite soeur. Ce qui devait arriver arriva, Walter tombe amoureux de Laura et vice-versa. Las ! L'amour est impossible, en plus de la différence sociale, Laura a été promise depuis le lit de mort de son père à Sir Percival. Walter, compréhensif mais mortifié, s'en va au bout du monde (sur)vivre à de dangereuses aventures, et Laura finit par épouser Percival, homme plus tout à fait jeune mais a priori bien sous tous rapports. A priori... Car Sir Percival n'aura de cesse de capter le riche héritage de Laura, avec l'aide de son complice Fosco, comte italien aux origines moins nobles que suspectes. God save the Queen, ou plutôt la Dame en blanc, personnage étrange dont la ressemblance avec Laura sera utilisée par son mari et son acolyte pour mettre au point une mystification diabolique et enterrer définitivement le grand secret qui pourrait détruire Percival.
« La dame en blanc » figure parmi les cent meilleurs romans policiers de tous les temps. Oui, certes. Peut-être. Moi j'ai trouvé l'intrigue assez prévisible, tarabiscotée, et décevante quant au « grand » secret de Percival. L'écriture est méticuleuse à l'excès, le moindre mouvement, le moindre fait est détaillé au millimètre. Les personnages sont stéréotypés : Walter le héros sans peur et sans reproche, Laura, la belle au coeur pur, Marian, la moche intrépide au coeur d'or, Percival le très méchant, Fosco le fieffé renard machiavélique, et la palme (ou le César ou l'Oscar, puisque c'est ce week-end) à Mr Fairlie, oncle et tuteur de Laura, malade imaginaire neurasthénique paresseux et lâche. Tout ce petit monde passe trop de temps à tergiverser, pleurnicher, tomber dans les pommes ou à reposer ses nerfs. Heureusement, au milieu de ces atermoiements, les personnages peuvent compter sur l'infaillible ponctualité de la Poste anglaise pour échanger des liasses de missives et plis urgents à travers l'Angleterre et au-delà. Impressive, isn't it ?
Et donc, quitte à passer pour une iconoclaste, j'hésite entre amusement et agacement, mais certainement pas admiration. Quoi qu'il en soit, Wilkie Collins met les femmes en avant dans ce roman, ce qui n'est pas négligeable.
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