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Citations de Yanick Lahens (186)


Du jour où j’ai compris que la mort pouvait me dérober un visage aimé, du jour où j’ai compris que ceux que j’aimais étaient mortels, j’ai voulu les aimer plus forts. Quelquefois, je rêvais la nuit les yeux ouverts. J’inventais des scénarios macabres, des tremblements de terre des inondations ou des accidents dans lesquels disparaissaient ou s’engloutissaient ceux que j’aimais. J’attendais au bout de quelques minutes de sentir les larmes couler le long de mes joues. Je rêvais leur mort et me sentais rassurer de les aimer si fort.
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Elles se relayèrent sans faiblir, enchaînant une histoire après l’autre… Les frasques des concubins, l’impertinence des matelotes*, les soucis des enfants. Celles des jardins, où elles s’esquintaient à faire pousser légumes, petit mil et maïs. Celles du jardin le plus précieux, qu’elles, les femmes, gardaient là, lové entre leurs hanches, et qui n’appartenait qu’à elles. Et des hommes qui y avaient fait une halte pour raviver des sources et allumer des feux. P 51
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Vivre et souffrir sont une même chose.
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Certains évoquèrent la présence d'une chévre postée au bord du chemin et parlait distinctement en laissant apparaître deux dents en or.
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Miles Davis avait expliqué que le jazz était de la musique, rien que de la musique, parce que sous le mot jazz, il entendait trop le mot nègre.
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Rancœurs, haines, privations, je les accueillerai bientôt toutes. Sans distinction aucune. Comme des commères bavardes. Je porte au-dedans de moi tant d’autres femmes, des étrangères qui empruntent mes pas, habitent mon ombre, s’agitent sous ma peau. Pas une ne manquera à l’appel d’une jeune femme de trente ans que le temps a usée sur toute sa surface.
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Quelquefois les mots de trop rendent les fardeaux encore plus lourds à porter.
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Man Bo n’a jamais aimé que je m’attarde dans la cour une fois la nuit tombée. Elle n’aimait pas la nuit, Man Bo. « La nuit est menaçant pour qui ne la connait pas », me disait-elle. « Tous ceux qui ne peuvent pas vivre le jour comme tout le monde, les bandes, les sociétés secrètes, les zombis à la file indienne, les morts en perdition, les humains transformés en cabris ou en porcs, déambulent dans les rues ou se tapissent dans les fourrés et les ombres. » Man Bo glissait du coton ou des morceaux de tissu aux interstices de l’unique porte et des deux fenêtres de sa chambre par crainte des mauvais airs. Man Bo respirait à peine la nuit.
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Elle voulait taire ce qui commençait imperceptiblement à murmurer au-dedans d'elle. " Tu ne vas tout de même pas te laisser impressionner par l'insistance du regard d'un homme que tu connais à peine. " Une partie d'elle-même en était comblée, une autre s'en inquiétait. Il y a toujours une manière pour deux personnes assises l'une à côté de l'autre de nier que le silence parle à leur place. De tout, de rien, mais surtout d'un homme désirant et d'une femme au bord de l'enchantement.
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Lire, c'est ouvrir les portes du silence, y pénétrer à pas feutrés, le coeur battant, et miser gros sur l'inconnu. Ce qu'on apprend dans les livres de Christian Bobin, c'est la grammaire du silence. Et cette langue n'a point de fin. Et elle me console. Souvent.
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Une lignée naîtra de cet après-midi brûlant. D'un seigneur que le désir obligeait à plier les genoux et d'une paysanne qui s'ouvrait à un homme pour la première fois.
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Envie de me noyer dans le sommeil. Juste quelques minutes. Genoux contre le menton. Yeux fermés. Close dans le sommeil comme dans un œuf.
Laisser la nuit glisser sur ma peau. Avec le souvenir du froid de la lune. De l’eau ridée qui étincelle en paillettes. P 40
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Dans un geste pour se retourner, il fait tomber la couverture. Elle voit tout ce qu'il y a à voir. Tout ce qu'elle aime voir, le nombril, le dédale du sexe, les cuisses, les chevilles, les genoux, la naissance des fesses. Tout, elle voit tout. Et même au-delà, le dos-fouet, les pieds-plantation, les mains-moulins à canne. Les oreilles-grincement de chaîne.
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Dans cette île, nous n’avons jamais beaucoup aimé la mer, persuadés qu’elle nous a amené tous nos malheurs. Je ne suis donc allée qu’une ou deux fois m’y baigner, cet été-là, mais j’ai longtemps imaginé ses grondements durant le jour et les soirs sa plainte hagarde roulant dans l’épaisseur de la nuit. J’aimais marcher le long de la dentelle des algues sur le sable et sentir la mer me lécher les pieds. J’aimais la mer comme la danse, j’aimais le risque physique et le plaisir. J’aimais ses mystères d’écume, de sel et d’eau. Les yeux grands ouverts je rêvais de son désordre fantasque et violent tout au loin. De sa poésie si amère. De son ventre d’eau pleine de toutes sortes d’animaux vivants et morts, de vieilles carcasses à la dérive, de sables mouvants et fins, d’algues de toutes les couleurs, de coraux étranges. L’idée de la vie et de la mort dans ce ventre d’eau du monde devenait un songe bienfaisant qui m’enchantait. Et quand le songe ne trouvait plus où s’arrêter, je le laissais filer au-dessus de l’eau, m’enivrant d’air et de sel.
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Je suis Cétoute Olmène Thérèse, la benjamine de Philomène Florival et Dieudonné Dorival.
Olmène parce que Dieudonné, mon père, voulait que sa mère revive en moi....
Thérèse parce que ma mère, Philomène, n'avait jamais oublié l'histoire de la vie de Thérèse d'Avila, folle de Dieu, qu'on lui avait lue au catéchisme. Elle ne me voulait pas folle mais traversée des lueurs vives qu'elle avait éteintes en échouant à Anse Bleue.
Cétoute parce que ma mère Philomène voulait aussi par-dessus tout que je sois la toute dernière. Pour ne plus tenir la promesse des dix ou quinze enfants qui se niche au fond du ventre des femmes d'ici.
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La féminité pour elle allait de soi. Elle se devait d’être tiède. Ni trop libre comme celle de bourgeoises qu’elle imaginait se vautrant dans la luxure et la volupté. Ni trop chaude comme celle des négresses bleues des bas quartiers dont elle disait en chuchotant qu’elles ondulaient leur bassin et offraient sans honte leur sexe.
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Les mots puissants, magiques, firent fondre notre épaisse carapace de doutes. Quand ils nous annoncèrent que des événements étaient en marche et que bientôt la douleur ne disparaîtrait pas seulement, mais ferait place au levain de l'espoir, nous y avons cru. Quelques secondes. Des semaines, voire des mois. Nous y avons cru. Allez savoir pourquoi, mais nous y avons cru. Surtout que, pendant des jours, des semaines et des mois, Fanol et Ezéchiel nous avaient répété, répété, qu'avec le parti des Démunis nous pouvions enfin choisir notre destin. Emportés comme eux sur une route dont nous croyions prévoir les virages et les détours, nous n'avons pourtant avancé qu'à reculons. Le tracé ne nous apparaîtrait qu'après. Une fois les dés jetés. Bien après.
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Ici, rire est une esquive, la plus douce de toutes. Pour regarder l’amer et le sombre. Pour endormir le malheur ou la douleur d’un sommeil inavouable. Rire pour aplanir le monde et avancer comme dans un songe. p.140
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Dieu, s'il a créé ce monde, je lui souhaite d'être torturé par le remords.
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Comme pour nous rappeler qu'entre la naissance et la mort tout passe vite. Très vite. Les plaisirs plus vite que les malheurs mais tout passe. Et qu'il nous faut tout prendre, la jouissance et l'effroi, la souffrance et le plaisir, les joies et les peines. Tout. parce que la vie et la mort se donnent la main. Parce que la mort et la jouissance sont sœurs.
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