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Citations de Yves Thériault (103)


Tu n'a peur de rien, tu n'as peur de personne. Sauf de toi-même. C'est la pire de toutes les peurs.
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Aux blancs ils cédaient leur terre la plus riche , leur forêt la plus giboyeuse , leur pays le plus grand. Ils abandonnaient tout droit et ne sauraient même plus voter aux palabres des blancs.

Et en retour, que recevaient-ils ? Des maisons soit. Mais je connais des abris de branchages qui sont des palais , car de leur flanc ouvert je découvre les montagnes intouchées et les eaux libres.
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Il eût voulu s’asseoir à ses côtés, savoir faire quelque geste tendre, mais il n’avait jamais appris ces choses, et d’en sentir tout à coup l’impérieuse nécessité le mettait mal à l’aise. Il trouvait des mots, pas ceux qu’il eût voulu dire, mais d’autres, bien simples, ne signifiant rien. Il mettait pour les dire un ton nouveau, presque caressant.
– Tu veux du thé ?
(p. 93, Chapitre 13, “Isuk - La fin”).
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Et, à l'opposé de la pauvre langue des Blancs, j'offrais l'ampleur de ma langue montagnaise .
Une langue rythmique, ardente, susurrante comme le vent dans les feuillages.
Et, tel le plus humble des miens , je possédais en moi toute la richesse de cette langue, apprise sans maître pourtant, parce qu'elle s'accorde au plus simple des choses.
Et ces choses en elles-mêmes si variées, si belles, si envoûtantes que les mots pour les décrire en deviennent musique et rassasiements.
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Il est dit que même eux, même les sans-yeux et les sans-idées, seront gardés au chaud, aimés et choyés, dans le pays de Dieu. Ainsi ce sera sa vraie vie, puisque celle-ci ne l'est pas. Il vivra. Je lui donne la vie. Ce que je lui ai donné auparavant n'était pas la vie. La vie de souffle et de pensée aussi. Il n'a rien, je ne lui ai rien donné autrefois, je le lui donne aujourd'hui ce qu'il aurait dû avoir. Est-ce donc si mal ? A toi qui le portes sur la hanche, quelle est toute bossue et meurtrie du fardeau, à toi qui le nourris et le nettoies, le mets beau sans qu'il le sache, à toi je donne l'épaule libre, la liberté des heures et des jours.
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On ne juge pas la force de l'arbre par la grosseur du tronc. Je connais des chênes qui se sont brisés sous l'appui du vent, et des saules minces qui ont résisté, eux...
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- Tu veux un cheval, Vincent ? Pour quoi faire ?
- Pour l'aimer, dame ! Y aurait-il une autre raison pour que Vincent eût un cheval, sinon pour l'aimer ? Comme il aimait les fleurs et les fruits de Dieu. Comme il aimait tout le beau, tout ce qui était là, créature et plante, et chose de la nature.
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Yves Thériault
Pourquoi faut-il , pour la couleur de peau, subir deux poids, souffrir deux mesures ?
Je me dressais ,moi, fou d'orgueil , et je lus dans les yeux de Lévesque , le surintendant de la réserve , de la pitié plutôt que de l'admiration lorsque je lui dis dans ma langue :
------Je suie venu parce que je voudrais la liberté de mon peuple.
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Agaguk ne cessait de contempler l'enfant. Il passait des heures accroupi, le dos au feu, l'observant. Rien de plus.Seulement cette contemplation. Il ne jouait pas avec lui, le touchait rarement. Quand le petit vagissait, Agaguk le caressait, mais doucement, du bout des doigts, comme s'il avait peur de briser ce corps minuscule.
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Courbés comme des portefaix, ils n'avançaient que très lentement, s'arrêtant souvent pour reprendre souffle. Il n'était pas un muscle en eux, pas d'énergie qui ne criât grâce. Même Agaguk, dans sa jeunesse et sa force de mâle, s'épuisait vite. Alors ils s'arrêtaient et, sans se défaire de leur charge, demeuraient plusieurs minutes immobiles, enracinés dans la mousse, face au vent, pour calmer la respiration sifflante, pour ralentir les battements du coeur. Ils suaient, car le soleil était chaud, et ils avaient soif. Mais l'eau dans les outres commençait à se faire rare.

Nous aurions pu aller en ligne droite, dit Iriook au bout de quelques jours. Nous aurions pu passer par le village. La voix d'Agaguk retrouva soudain ses accents brusques.

Non! Nous n'irons pas au village. Il n'en ajouta pas plus et son entêtement farouche agaça Iriook. Mais elle ne dit rien et ils reprirent leur marche.
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C'est à mi-chemin entre le villages des huttes et le pays nommé Labrador qu'Agaguk trouva l'endroit dont il avait rêvé; le monticule mesuré et marqué, sorte d'îlot plus ferme , à peine un mouvement de terrain dans cette toundra de mousse spongieuse et brunâtre, couche vivante dissimulant le permafrost millénaire .
Et c'est sur ce tertre qu'il amènerait Iriook afin de vivre avec elle son destin.
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Il faut que les filles montagnaises sachent chanter du haut des sommets
et que leurs voix coulent au long de notre peau comme des caresses fraîches.
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Les Indiens cruels , les Indiens hypocrites et rusés ! Ces êtres qu'on disait immondes d'avoir seulement voulu défendre leur pays contre l'envahissement des Blancs .
Dans les terres faites, les terres des Blancs, il fut érigé des monuments de pierre haute , à l'image du sol canadien : Dollard des Ormeaux, le chevalier de Lévis, Salaberry, Montcalm...

Pourquoi n'a-t-on pas érigé des monuments de même granit et semblablement honorés pour les chefs indiens qui périrent sous les mousquets français ?
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Restait Iriook .
Elle aussi était libre , car son père et sa mère étaient maintenant morts. Elle habitait seule dans la hutte autour de laquelle Ayallik et d'autres venaient rôder. Un mois auparavant, Agaguk n'avait eu que le temps de s'élancer vers
la fille qui criait , de l'arracher des bras de Chorok.
----Elle est à moi ! avait déclaré Agaguk. Qu'on la laisse en paix !
Une fois Gorok sorti de la hutte, elle avait levé le regard vers Agaguk. Un regard ému, plus soumis encore qu'il ne l'aurait cru.
-----Je ne savais pas que j'était à toi , avait-elle dit.
------Tu l'es.
Elle sourit mystérieusement .
------Cela me plaît.
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Nu, Agaguk était beau parce que sa peau était nue unie et sombre et que les muscles roulaient dessous comme des torsades d'acier prêtes à se défendre.
Iriook, elle, avait la taille épaisse et les cuisses très courtes. Ses seins étaient menus, mais ronds et laiteux, au tétin presque noir et sans halo.
Elle était tendre , sans brusquerie. Forte aussi, capable d'une puissance de muscles qui déplaçait les poids les plus lourds.
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Ashini, moi, le roc, le granit tenace , la haute pierre des sommets mangés par le vent, polie par les pluies froides.
Ashini possiblement roi de tout ce grand lieu.
Seul de cette semence, seule de cette servitude.
Mais seul.
Je crois que je voudrais savoir pleurer.
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Et les montagnes à contempler est les étoiles à admirer et la lune froide de novembre à invoquer et tout ce qui est beau et bon et qui nous enveloppe et nous tient, la saveur du vent, l'odeur de l'eau blanche , la senteurs des sapins, la musique de tous les sons de ce pays.
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J'ai grandi libre. Mais ma liberté était celle de l'oiseau en cage. Il est des cages qui sont des volières où un oiseau peut conserver en lui l'illusion du grand ciel et des plongées infinies.
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Quand pour la première fois le Troublé en parla, on se gaussa de lui dans le hameau. Tant l’idée semblait étrange, et pas du tout de celles qui sont les vraies idées, propres à croire.
Mais on se dit que c’était le Troublé, et que l’idée ne valait que ça.
Puis les nuits vinrent qui étaient les nuits de pêche, les nuits longues et bleues, avec toutes les étoiles et le chant doux qui monte du fond de la mer, alors on oublia bien que le Troublé avait ouï le son d’une fleur.
Mais lui ne l’oublia pas. (Première partie, Chapitre I, “La fleur qui faisait un son”, p. 17).
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Mais mon peuple est si petit et les autres peuples si grands que ce récit ne produira pas plus d'effet que n'en a une pointe de flèche taillée dans le silex, dormant dans la vitrine d'un musée pour l'ébaudissement de curieux qui n'en comprennent point l'antique importance.
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