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Citations de Zeruya Shalev (192)


Elle roulera lentement, comme on suit un cortège funèbre, malgré les conducteurs qui klaxonnent autour d'elle, la doublent ou lui font des signes énervés, elle roulera, le cœur aussi lourd que le prix qu'elle va payer et qu'elle ne pourrait peut-être jamais justifier, parce quelle sait que, toutes les deux ensemble ou chacune séparément, elles allaient devoir apprendre à trouver de la splendeur dans la réalité sans fard. (p.354)
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Pas de fenêtre dans cette pièce, personne ne pourra les surprendre, personne ne pourra voir qu'il se jette à son cou, la serre dans ses bras, "Irissou, chuchote-t-il, Irissou", des mains, il lui caresse les cheveux, lui palpe le visage en aveugle, contact à la fois étranger et familier, elle aussi ferme les yeux, se plaque contre lui, c'est bien Ethan et ses mains s'en souviennent, c'est bien elle et son corps le sait, ce sont bien eux et leur amour amputé qui, hors de l'espace et du temps, est resté éternel, palpitant depuis presque toujours. (p.122)
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il se balance au-dessus d’elle comme s’il priait, avec sa barbe et la ferveur de son visage émacié, on dirait un chantre en train de clore l’office de Kippour, un instant avant que ne tombe la sentence, Ouvre pour nous les portes en cette heure où elles se referment car ce jour tend vers sa fin / La journée se termine, le soleil nous quitte et nous voulons entrer en Tes portes. / Nous T’en supplions, notre Dieu, pardonne, efface, prends pitié et sois clément pour que soient annulées toutes nos fautes et nos iniquités, elle se joint à cette prière, de tout son corps qui palpite de plaisir contre lui, bénie est-elle, béni est-il, ta prière a été exaucée, ma prière a été exaucée, notre prière a été exaucée.
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A présent la colère pointe aussi le bout de son nez, après tout ce qu'on t'a donné, voilà que tu te laisses impressionner par un charlatan coquet qui déclame des âneries plus ridicules les unes que les autres, que tu mets ta vie entre ses mains ! Mais aussitôt son indignation se mue en tendresse et en inquiétude, l'ampleur de cette dégringolade ne reflète que l'ampleur de son désespoir, l'heure n'est pas à la colère mais à l'action. p.286
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Si tu savais comme c'est insupportable d'être une mère hors service, rien de plus contradictoire avec l'essence même de la maternité. Et le pire, c'est d'être une mère assistée.
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(...) et iris l'écoute, inquiète, pourvu que vous ne soyez pas déçue, pourvu qu'il ne vous quitte pas, pourvu qu'il ne vous dise pas dans un an que vous lui rappelez telle ou telle catastrophe, pourvu qi'il ne vous reproche pas, dans vingt cinq ans, d'avoir négligé vos enfants, pourvu que jamais il ne vous regarde avec des yeux dégoulinant de crasse.
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Lorsque quelqu'un nous fait du mal, nous attendons de lui qu'il reconnaisse sa responsabilité et sa culpabilité dans ce qu'il nous a infligé. Humiliés par son acte, nous voulons qu'il s'humilie à son tour devant nous, qu'il implore notre pardon, et surtout, nous espérons voir en son repentir un tel changement de personnalité que nous ne devrons plus craindre de récidive.
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... mais Oded sourit dans un adorable embarras, la vérité c'est que je préfère ne pas trop le dire, quand les gens savent qu'un psychiatre est assis à leur table, ils commencent en général à se comporter bizarrement. Dans quel sens ? s'enquiert mon père, se mettant aussitôt hors du lot. Eh bien, ils cessent d'être eux-mêmes, comme si j'allais les hospitaliser de force s'ils restaient naturels, ils sont sûr que j'analyse le moindre de leur mot alors qu'en vrai je ne le fais jamais en dehors de mon travail, ....
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Un enfant ne te rajeunira pas, un enfant ne réparera pas tes erreurs, un enfant ne nous rendra pas plus heureux, tu ne peux pas prendre un pauvre gamin et le charger d’espoirs fous qui n’ont rien à voir avec lui.
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N'est-ce pas ridicule de chercher toute sa vie ce qui est précisément le plus difficile à obtenir, précisément chez la personne qui a le plus de mal à te le donner ?
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A travers la vitre de son bureau se déploie le port en eaux profondes construit à la fin des années trente. Les Britanniques avaient, pour cela, asséché une partie du littoral dans l'espoir d'en faire la porte du Moyen-Orient. Là, le long du quai aux larmes, les immigrants illégaux avançaient sur des jambes chancelantes avant d'être renvoyés à Chypre ou sur l'île Maurice.
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Vous savez, on m'a dit un jour que l'on devine toujours que l'on va se tromper mais qu'on ne peut pas s'en empêcher, ce qui est curieux, c'est l'importance de l'erreur, pas son existence.
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« ne me mens pas, Rachel, on ne pourra jamais vivre normalement ici, on s'est battus pour rien, ce pays est maudit! avait-il hurlé. C'est une terre de perdition, et elle nous perdra tous. Une terre impitoyable, perfide et traîtresse! »
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Ils étaient tous déterminés, sincères, et tous avaient, de leur plein gré, troqué le confort d'une vie de famille pour l'errance et la faim, la pri-son, les blessures et la mort. Ils n'avaient, en retour, récolté qu'opprobre et calomnies.
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Elle court dans la cuisine, attrape la casserole qui attendait la soupe, la place sous son menton et soutient sa tête branlante, « c’est bien, Sander, c'est bien que ça sorte, vas-y jusqu'au bout, tu vas tout de suite te sentir mieux », et il vomit sa bile dans la casserole, en spasmes qui s'apaisent petit à petit, « c'est quoi, grogne il, d'où ça vient, ça, tout à coup ? » elle répète sa promesse, « on est toujours soulagé après avoir vomi, le principal c'est que ça sorte. »
Elle lui nettoie le visage avec la serviette humide, l'aide à se redresser et va vider la casserole dans les toilettes des invités à l'entrée. Elle croit distinguer quelques grains de riz, dans le liquide puant, un haut-le-cœur la saisit, et elle se penche au-dessus du lavabo, c'est bien, Atara, c'est bien que ça sorte, vas-y jusqu’au bout, tu te sentiras tout de suite mieux… Mais chez elle rien ne vient. Elle boit de l'eau au robinet, se lave, se relave le visage. p.189
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Elle travaillait moins d'heures pour rester davantage avec eux et se faisait un plaisir de les conduire de la plage à la piscine, des musées au parc d'attractions.
Mais quel a été le résultat de tous ces jours de vacances si délicieux, se reproche-t-elle à présent, moqueuse. Qu'as-tu gagné à avoir renoncé à tant d’heures au cabinet en été, en hiver, au printemps et à l'automne aussi d'ailleurs ? Maintenant, à ton âge, te voilà obligée de mettre les bouchées doubles ! Elle se disait, à l'époque, que le travail pouvait attendre tandis que l'enfance des siens passait en un clin d'œil. Elle aimait aller les chercher à la maternelle ou à l'école primaire, écouter leurs histoires les aider dans leurs devoirs les accompagner en voiture et venir les chercher. Elle aimait être la mère qu'elle n'avait pas eu, à l'écoute et patiente, encourageante et protectrice, qui faisait passer ses enfants avant tout le reste. Elle travaillerait la nuit, quand il dormirait. Elle travaillerait le week-end, quand Avigaïl serait chez Doronn, encore un petit effort et elle y arriverait. Elle avait renoncé à des heures de sommeil, à des sorties entre copines, à la lecture, au cinéma, à accompagner Alex lors des colloques à l'étranger, toujours à s'agiter comme une fourmi travailleuse. p.182
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Peut-être était-ce la raison pour laquelle elle avait choisi de soigner les cicatrices des vieilles pierres, de réduire les fractures de vieux bâtiments qui se désagrégeaient en dentelles, de s'occuper de ces choses défaites et délaissées, offertes sans protection aux ravages du temps ou à la vulgarité d'habitants qui accumulaient des extensions plus laides les unes que les autres, faisant fi de l'esthétique et de la réflexion, de la mémoire et de l'âme d'un lieu, le plus important étant l'arrivée rapide des bulldozers. Car ici, même les constructions les plus croulantes ne dépérissent pas lentement de leur corrosion naturelle, elles disparaissent brutalement du paysage, détruites par la volonté d'entrepreneurs puissants et décomplexés […].
Chaque fois qu'elle se trouve devant un vieux bâtiment, qu'elle en caresse les fissures et pose la joue sur le crépi qui s'effrite, elle sent l'espoir de la matière qui attend d'être ranimée. La possibilité de découvrir son histoire et d'y ajouter un nouveau chapitre continu de l'émouvoir. Elle cherche l'esprit qui sous-tend les matériaux fanés, les idées qui se sont concrétisées dans telle ou telle architecture. Non pas pour arrêter le temps, mais pour intégrer celle-ci au flux contemporain sous un nouvel angle. Au début de sa carrière, les experts du patrimoine étaient dénigrés, accusé de s’arc-bouter contre l'aspiration humaine au progrès, de vouloir empêcher la ville de se développer au nom de considérations esthétiques mais au fil des ans les consciences avaient évolué et aujourd'hui vouloir préserver un bâtiment avec quelque chose de presque romantique. p.107
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Car l'Etat qui s'était édifié sur les cadavres de son compagnons ne les avait pas pris en son sein, Non seulement le Yishouv les avait trahis, mais ensuite, personne n'avait reconnu leur sacrifice. Il avait fallu attendre des décennies pour que l'on commence à évoquer - et encore, de manière parcellaire - leur contribution, trop peu pour les derniers survivants, trop tard pour les parents dont le deuil n'avait jamais été pris en considération. En son for intérieur, elle attend toujours une vraie reconnaissance, entière et profonde. P 126
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Le rejet excessif était l’autre face de l’engagement excessif
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A l’époque où Nitzane avait encore besoin d’elle, elle respirait à pleins poumons, volait parfois l’oxygène de la bouche des passants croisés dans la rue, mais à présent que sa fille la repousse, la blesse volontairement, elle se fiche de l’oxygène, que les autres en prennent autant qu’ils veulent.
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