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Citations de Zeruya Shalev (192)


Zeruya Shalev
Vivre à Maale Edoumim lui permit d'annoncer à ses anciens compagnons qu'enfin leur vision se réalisait se réalisant, et que grâce aux novelles implantations construites dans les territoires qui venaient, selon leur doctrine, d'être libérés, la patrie pour laquelle ils avaient péri retrouverait bientôt sa puissance et son intégrité. P 160
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Voilà qu’il revient et bien qu’elle l’ait attendu pendant des années, elle est étonnée, il revient, à croire que jamais il ne l’a lâchée, à croire qu’elle n’a pas vécu un seul jour, un seul mois, une seule année sans lui, pourtant dix ans exactement se sont écoulés. C’est Micky qui lui a demandé, « tu te souviens quel jour on est, aujourd’hui ? », comme s’il s’agissait d’une date anniversaire, alors elle a fouillé dans sa mémoire – ils se sont mariés en hiver, se sont rencontrés l’hiver précédent, les enfants sont nés en hiver, rien de remarquable ne s’est passé dans leur vie en été (malgré la longueur de cette saison qui, sous leurs latitudes, est certainement propice à tout un tas d’événements remarquables). Mais lorsqu’il a baissé les yeux vers ses hanches qui se sont pernicieusement épaissies depuis les faits, il est revenu d’un seul coup, ce mal, ce mal terrible et lancinant, et elle s’est rappelé.

Ou alors s’est-elle d’abord rappelé et le mal n’est-il revenu qu’ensuite ? Car elle n’a jamais oublié, ce n’est donc pas une réminiscence, c’est une plongée au présent, ici et maintenant, dans la seconde même, incandescente, faille de plus en plus béante, tourbillon fantomatique de frayeur, en suspens dans ce silence d’une solennité exceptionnelle : pas un oiseau ne pépie, pas un volatile ne vole, pas une vache ne mugit, les anges interrompent leurs louanges, les vagues cessent leur va-et-vient, les créatures ne parlent pas, c’est le monde dans une immobilité totale.

Ultérieurement, elle comprendrait qu’il y avait tout, là-bas, sauf du silence, c’est pourtant la seule chose qui se soit gravée dans sa mémoire : des anges muets qui s’approchent et la pansent en silence, des membres arrachés qui se consument sans bruit tandis que leurs propriétaires les regardent bouches scellées, de blanches ambulances mutiques qui arrivent, puis une étroite civière ailée descend vers elle, elle est soulevée, déposée dessus et c’est à cet instant, l’instant où elle est arrachée à l’asphalte brûlant, qu’elle le sent pour la première fois, ce mal abominable qui prend possession de son corps.

Elle a accouché de deux enfants, pourtant elle ne l’a pas reconnu quand il l’a frappée de toute sa puissance, lui a transpercé le nombril, scié et réduit les os en poudre, écrasé les muscles, arraché les tendons, piétiné les tissus, déchiré les nerfs, ce mal qui tord tout un magma interne dont elle n’a jamais eu conscience, de quoi est fait l’être humain. Elle qui s’est uniquement intéressée à ce qui se trouvait au-dessus du cou, le crâne et le cerveau qu’il contient, la conscience et l’intelligence, le savoir et la mémoire, le discernement, le libre arbitre, l’identité, la voilà à présent dépourvue de tout, sauf de ce magma et de ce mal qui la déchire.

« Qu’est-ce qui t’arrive ? a demandé Micky avant d’ajouter, penaud, que je suis bête, je n’aurais jamais dû t’en parler. »

Elle s’est adossée contre le mur près de la porte d’entrée parce qu’ils s’apprêtaient à partir au travail chacun de son côté, a essayé d’indiquer du regard les chaises de la cuisine, il s’est précipité dans cette direction mais en est revenu avec un verre d’eau qu’elle n’a pas réussi à saisir, la main tâtonnant le long du mur.

« Une chaise », a-t-elle murmuré et aussitôt il a obtempéré, a apporté une chaise, mais s’y est assis, lui, de tout son poids, comme si c’était lui que la douleur avait attaqué par surprise à cet instant précis, comme si c’était lui qui s’était trouvé là-bas ce fameux matin, dix ans plus tôt jour pour jour, au moment où elle passait à côté du bus qui avait explosé, dont la déflagration l’avait éjectée hors de sa voiture et projetée sur l’asphalte. D’ailleurs, s’il n’y avait pas eu ce changement de dernière minute, c’est lui qui aurait été à sa place, lui qui aurait été propulsé dans l’air enflammé tel un immense astéroïde et se serait fracassé au milieu des corps calcinés.

Oui, pourquoi n’avait-il pas emmené les enfants à l’école ce matin-là, comme d’habitude ? Elle se souvient d’un coup de téléphone affolé du bureau, une panne informatique, tout le système qui avait planté. Dire qu’il avait insisté pour les conduire quand même ! Mais Omer n’était pas encore habillé, il sautait en pyjama sur leur grand lit, alors elle avait préféré s’épargner les heurts et les remontrances, « laisse, je vais les conduire », avait-elle proposé, ce qui n’avait bien sûr évité ni la rituelle bagarre du matin – le garçon s’était enfermé dans les toilettes et refusait d’en sortir –, ni les larmes d’Alma qui serait en retard à cause de lui. Déjà épuisée, elle les avait déposés devant le portail de l’école, de là, elle avait accéléré pour remonter la rue bruyante, avait dépassé un bus arrêté à sa station, et soudain le pire bruit qu’elle ait jamais entendu avait frappé ses tympans, suivi d’un silence total. Assourdie non pas par la puissance de l’explosion – jaillissement quasi volcanique de matière inflammable, de vis, de clous et d’écrous mélangés à de la mort-aux-rats pour augmenter les saignements – mais par une autre voix, plus profonde, plus effroyable encore, celle des dizaines de passagers brutalement arrachés à la vie : les sanglots des mères qui laissaient de petits orphelins, les cris des fillettes qui ne grandiraient pas, les pleurs des enfants qui ne rentreraient plus chez eux et des hommes qui se séparaient de leur femme. Elle a entendu la lamentation des membres déchiquetés, de la peau carbonisée, des jambes qui ne marcheraient plus, des bras qui n’étreindraient plus, de la beauté enterrée sous les cendres, et cette lamentation-là, voilà qu’elle l’entend de nouveau. Elle se bouche les oreilles et tombe lourdement sur les genoux de Micky.

« Oh, Iris, je pensais qu’on en avait fini avec ce cauchemar », il la serre contre lui mais elle se dégage et murmure, les lèvres crispées, « ce n’est rien, j’ai dû faire un faux mouvement, je vais prendre un cachet et aller travailler », sauf que ça recommence comme à l’époque, chaque geste se décompose en une dizaine de petits gestes tous plus douloureux les uns que les autres, à tel point que malgré son souci de retenue permanent (souci qui lui a valu depuis toujours la réputation d’être une directrice d’école forte et autoritaire), elle lâche un gémissement.

Soudain, derrière son dos, couvrant ce gémissement qui l’a surprise, éclate un rire violent, explosif. Ils tournent la tête vers le bout du couloir, là où leur fils, grand et mince, debout sur le seuil de sa chambre, secoue les longues mèches qui lui couvrent le dessus du crâne aux tempes rasées, et lance entre deux joyeux hennissements, « hé, qu’est-ce que vous faites comme ça, mam’pa, assis l’un sur l’autre ? Vous avez l’intention de me fabriquer un petit frère ?

— Ce n’est vraiment pas drôle, Omer, grogne-t-elle, bien que le tableau qu’ils offrent à sa vue lui semble, à elle aussi, ridicule. Ma blessure me fait de nouveau souffrir et j’ai été obligée de m’asseoir. »

Il s’approche à pas lents, on dirait presque qu’il danse tant il porte avec grâce sa magnifique nudité uniquement protégée par un boxer tigré, comment un corps aussi parfait a-t-il pu sortir de leur accouplement ?

« Ce n’est pas le fait que tu sois assise qui me dérange, c’est… pourquoi sur papa ? se moque-t-il gentiment. Et pourquoi papa est-il assis ? Il a mal aussi ?

— Quand on aime quelqu’un, on sent sa douleur, répond Micky de ce ton didactique qu’Omer déteste (elle aussi d’ailleurs), un ton vexé d’avance par la raillerie prévisible qu’il s’attire.

— Apporte-moi un cachet, ou plutôt deux, il y en a dans le tiroir de la cuisine », et elle s’empresse de les avaler, encore persuadée que par la seule force de sa volonté elle arriverait à éradiquer cette douleur, que son mal disparaîtrait à tout jamais. Comment pourrait-il en être autrement, ce n’est pas quelque chose qui revient comme ça, sans raison et avec une telle puissance. Tout n’a-t-il pas été restauré, recollé, recousu, revissé au cours de trois opérations différentes, de mois d’hospitalisations successives. Dix ans se sont écoulés, elle s’est habituée à vivre avec des élancements aux changements de saison ou après un effort, jamais elle n’a récupéré l’aisance de mouvement d’avant sa blessure, mais elle était loin de s’attendre à un nouvel assaut de douleur, comme si, ce matin, tout recommençait à zéro, « tu m’aides à me lever, Omer ? » demande-t-elle, il s’approche, toujours un peu amusé, lui tend un bras ferme et délicat, la voilà sur pied et bien qu’elle doive s’appuyer au mur, elle ne cédera pas. Elle sortira de chez elle, atteindra sa voiture, roulera jusqu’à l’école, dirigera les réunions avec efficacité, honorera ses rendez-vous, s’entretiendra avec de nouveaux professeurs, recevra l’inspectrice, restera pour vérifier comment se passe l’étude, répondra aux mails et aux messages qui se seront accumulés pendant la journée, et ce ne serait que sur le chemin du retour en fin d’après-midi, tout en conduisant les lèvres crispées de douleur, qu’elle repenserait à Micky, resté assis sur la chaise de la cuisine à côté de la porte, la tête entre les mains alors qu’elle sortait déjà ou, plus exactement, qu’elle fuyait comme si elle lui laissait son mal, oui, il était resté assis là-bas comme si c’était lui qui avait eu le bassin fracturé ce matin-là, dix ans auparavant jour pour jour, comme si c’était lui dont la vie avait été brisée.
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Elle a accouché de deux enfants ,pourtant elle ne l'a pas reconnu quand il l'a frappé de toute sa puissance, lui a transpercé le nombril, scié et réduit les os en poudre ,écrasé les muscles, arrachés les tendons, piétiné les tissus , déchiré les nerfs , ce mal qui tord tout un magma interne dont elle n'a jamais eu conscience , de quoi est fait l'être humain.
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C'était quoi, tout cela, se demanda-t-elle, ce n'est plus la question de savoir pourquoi cela a été ainsi, ni à quoi cela a rimé, mais simplement, c'était quoi en fait, comment ses jours s'étaient-ils succédé jusqu'à ce qu'elle aboutisse à cette chambre, à ce lit, de quoi s'étaient remplies les dizaines de milliers de jours qui avaient grimpé sur ce corps-là telles des fourmis sur un tronc d'arbre, son devoir était de s'en souvenir et voilà qu'elle n'y arrivait pas. Même si, au prix de rudes efforts, elle rembobinait tous ses souvenirs en vieilles pelotes et les imbriquait les uns dans les autres, elle n'arriverait qu'à reconstituer quelques semaines à peine, pas plus, alors où était tout le reste, où étaient toutes ses années, ce dont elle ne se souviendrait pas n'existerait plus, à moins que cela n'est jamais existé.
Comme après une catastrophe et alors qu'elle atteint le bout de sa vie, voilà que lui sont imposés à la fois le combat contre l'oubli et le devoir de perpétuer les morts et les disparus. Lorsqu'elle regarde de nouveau vers la fenêtre, elle a l'impression qu'il l'attend là-bas, le lac qu'elle a vraiment vu agoniser, le lac embrumé avec tout autour les marécages tendres et fumants et les roseaux qui poussaient jusqu'à hauteur d'homme et même plus, d'où les oiseaux migrateurs s'envolaient dans un battement d'ailes émus. C'est là-bas qu'il est, son lac, au cœur d'une vallée encastrée entre le mont Hermon et la haute Galilée, emprisonné dans des poings de lave figée, il lui suffirait d'arriver à se lever et à se traîner jusqu'à la fenêtre pour le revoir, alors elle se redresse péniblement afin que ses yeux, qui passent de son but à ses pieds douloureux, puissent évaluer la distance à parcourir .
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... de toute façon sa stratégie au long cours vient de s'écrouler, ne lui reste que le présent, cette nuit, ses membres fracassés. A-t-elle jamais eu autre chose que le présent, se demande-t-elle, même si elle a refusé de s'y abandonner, et elle a beau essayer de le dominer à grand renfort de communiqués hebdomadaires et de plans sur la comète, voilà ce qu'il lui dit le présent : je ne suis pas l'écho de tes souvenirs futurs, je suis l'unique chose que tu possèdes, l'essence de ton existence, fais-moi confiance, de toute façon, elle n'a pas le choix. p.376
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Si seulement on savait aimer autant que se fâcher, embellir autant qu'enlaidir, donner et prendre du plaisir autant que donner et prendre des coups. Avec les années, nos facultés à se blesser se renforcent, semble-t-il, tandis que s'étiolent celles à satisfaire. Est-ce lié à l'âge des partenaires ou à l'âge de la relation ? A moins que ça ne dépende de chaque relation en particulier, de ses qualités et de ses capacités intrinsèques... p.213
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L'amour a de multiples facettes, parfois il doit rester déconnecté de la vie, comme un cerf volant sans fil, tu sais qu'il plane au dessus de toi mais tu n'essaies pas de l'attraper parce que tu ne veux pas lâcher d'autres ficelles, plus importantes pour toi.
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Il aura suffit d'une seconde pour qu'Ethan se coule de nouveau dans son vide intérieur que personne n'arrivait à combler, ni Micky, ni ses enfants, ni son travail, un vide qui était resté béant, blessé, berné.
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Elle aimait me réveiller le matin avec de mauvaises nouvelles, telle ou telle de ses connaissances était malade ou morte, les malheurs préoccupants ou passionnants de tel ou tel membre de la famille comblaitle désert de son existence, le vide qui avait suivi sa dépression après des années de deuil et de haine.Il y avait sûrement un mélange de jubilation et d'espoir, l'espoir insatiable d'élargir le cercle de ceux qui connaissaient les dures épreuves où elle était entrée à la mort du bébé, en refermant vivement la porte derrière elle, pour que papa ne puisse la suivre et la déposséder de son chagrin.
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es membres du Lehi étaient tellement isolés que même pour leurs funérailles on les laissait dans une solitude extrême et inexcusable, alors que la dépouille de ceux qui appartenaient à la Hagana recevaient tous les honneurs posthumes et était suivie par les foules manipulées et soumises
Dans leur réseau on trouvait aussi bien des socialistes et des communistes que des révisionniste ou des mystiques et des révolutionnaires. Ce qui les unissait n’était pas une vision du monde identique, mais une ferveur identique. Chacun avait sa foi, croyait à sa manière en des doctrines différentes, mais quel que fût leur bord, ils étaient tous des jusqu’au-boutistes. C’est ce qui leur attirait les foudres autant de la droite que de la gauche Très peu de gens avaient su à l’époque – et c’était encore le cas, voire pire aujourd’hui-, qui avaient réellement fait partie du Lehi. Personne n’avait eu conscience de l’envergure de leur vision. Ils rêvaient d’une révolution qui mettrait en ébullition à tous les peuples de la région, d’un Moyen-Orient libéré de toute impérialisme et imaginaient des déplacements volontaires et logiques de populations.
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Aurait-elle, depuis des années, lancé ses racines sur un mystérieux chemin semé d'embûches pour arriver jusqu'à cette vieille dame, tel un arbre poussé sur un sol trop pauvre et qui doit aller puiser son eau et sa nourriture au loin.
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A peine quelques jours plus tôt, quand elle lui a téléphoné, il a de nouveau essayé, à cause d’une attaque au couteau dans la vieille ville, de rouvrir leur perpétuel débat, « pourquoi ça te choque? Vous aussi, vous avez combattu l’occupant! Vous aussi, vous avez agi en terroristes ! Quelle différence entre les combattants pour la libération d’Israël et ceux pour la libération de la Palestine? »
Elle s’est efforcée, pour une fois, de ne pas lui redire que c’étaient deux choses fondamentalement différentes, étant donné qu’eux n’avaient jamais volontairement attaqué des innocents.
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Ce n'était pas un hasard si l'on trouvait côte à côte, dans le Lehi, Yossef le communiste et Zvi le croyant. Ils étaient frères d'armes, mais avaient presque tous échoué sur la question la plus importante, à savoir qui était leur ennemi.
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La première fois qu’elle a vu Alex, elle s’est dit que jamais elle n’avait rencontré d’homme aussi beau, mais souvent le premier élément qui frappe est finalement le dernier qui compte, exactement comme la vue qu’offre leur maison - un coup de foudre qui, à lui seul, avait suscité en elle un désir incontrôlable d’acquérir cette demeure pourtant si loin de tout, si peu pratique.
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Est-ce le jeu de rôles conjugal qu’il dicte l’identité sur presque tous les tableaux , Demande-t-elle parfois, Si bien que, quand l’un des conjoints sort du cadre et l’autre révèle une personnalité totalement différente, et dans son cas totalement malsaine.
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Alors inutile d’écouter ce qu’ils se disent, il suffit de suivre le scintillement de la lumière sur leur peau et leurs bras nus, les taches de soleil sur leur front, l’auréole dorée qui se devine au-dessus de leur tête.
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Comment vas-tu mon amour ? lui demande Douleur.
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Une demi-heure, devrait-il répondre, une précieuse demi-heure,mais la vie de leur mère n’est-elle pas remplie d’heures divisées en moitiés ou en quarts, de toute façon qui pourrait décrypter l’essence des choses, que s’était-il donc passé pour que Hemda, fille de deux grands pionniers, venue au monde dans la première moitié du vingtième siècle, soit si rêveuse, si étrange et étrangère, incapable de s’habituer au kibboutz dans lequel elle était pourtant née et avait grandi, qu’est-ce qui l’avait poussée à épouser leur père, ce garçon solitaire venu d’ailleurs dont l’amour s’était vite transformé en haine et la dépendance en rancoeur, mais surtout pourquoi avait-elle été condamnée, elle justement, à illustrer, par sa longévité, ce que
l’existence avait d’absurde car, excepté la durée de sa vieillesse, elle avait tout raté, tout vécu à l’envers, une femme qui n’avait pas aimé son mari, une enseignante qui n’avait pas aimé enseigner, une mère qui n’avait pas su élever ses enfants, une conteuse incapable de coucher la moindre histoire sur le papier.
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Tout l'avion semble vibrer de la douloureuse tension qui les sépare, le sol est couvert de débris d'espoirs fracassés, l'air imprégné de ce venin que sécrète secrètement deux personnes qui se fouettent de leur hostilité muette.
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Parce que, en vrai, il en va de l'amour comme du divin, on ne peut ni le voir, ni le mesurer.
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