Doggerland – Elisabeth Filhol
La tempête Xaver vient d’aborder l’archipel des Hébrides, au nord-ouest de la Grande-Bretagne et va traverser l’Ecosse, le Norfolk en direction de la Scandinavie (cette tempête de 2013 a réellement existé et a fait de nombreux dégâts à l’instar de celle que nous avons connue en France en 1999).
Le Doggerland était une grande île, il y a de ça huit mille ans et elle s’étendait au milieu de la mer du Nord aujourd’hui enseveli sous cinq à dix mètres de dépôts marins.
Après un reportage sur le sujet, l’auteure a choisi d’écrire un livre où elle fait naître Margaret, géologue, et Marc cadre dans l’industrie pétrolière. Tous deux doivent se rendre à un congrès, mais c’est sans compter les trois jours d’états-d’âme sur leurs vies et sur la dégradation du climat.
La mer terrasse l’histoire et les éléments incontrôlables qui viennent s’emboîter avec leurs parts sauvages et dévastatrices. Un livre qui peut faire penser à faire bouger les choses dans la douceur du mois de décembre dernier et des vents assoiffés de conquête.
Je décrirai ce livre d’un roman-étude tant il décrit un phénomène d’actualité avec du vocabulaire adapté. Malheureusement, le narratif prédomine avec des explications qui prennent le dessus et perdent parfois l’histoire des protagonistes dans de longues phrases interminables. Néanmoins, on retrouve sur la fin des échanges plus chaleureux.
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Le roman se situe dans une usine imaginaire de l'ouest de la France. Un microscopique site dans l'univers de la mondialisation qui de rachat en rachat est menacé de disparition. Les ouvriers séquestrent alors leur patron, pour une fois présent dans l'usine.
Plusiers récits dans cet ouvrage. L'histoire de l'usine depuis sa création, les bouleversements qu'elle subit depuis la mondialisation et pour terminer les vies de ses employés dont l'horizon se trouve bouché.
L'autrice utilise une langue précise mais sans pathos tout en réussissant à associer temps long, intermédiaire (une vie), et bref (occupation et séquestration du patron).
A découvrir
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Roman poignant qui nous fait plonger dans un monde inconnu et terrifiant et pourtant si proche de nous et familier, car nous vivons de lui et par lui tous les jours : le nucléaire. A travers l'histoire de deux jeunes hommes, on découvre cet univers rythmé par les "doses". Elisabeth Filhol nous fait voyager en France, dans une sorte d'écriture nature writing ou le béton, l'alu et les barbelés côtoient les forets et les lacs. Un roman nécessaire, bien que je n'ai pas su percevoir à la lecture quelles pouvaient être les attentions de l'autrice : nous informer, nous forcer à nous renseigner sur le sujet, prendre parti ? Car dans son écriture et son texte l'autrice ne semble pas y parvenir, il n' y a peut être pas ici de dénonciation ou de volonté de changement mais un (triste?) constat de notre réalité.
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Un livre passionnant où se mêlent la poésie, la science et la croyance sous la plume d'une très grande romancière. Elisabeth Fiilhol après le succès de La Centrale récidive. Une nouvelle fois la dégradation de l’environnement, au cœur du livre, ne détruit pas la passion des hommes mais au contraire l’entretient. Je me suis laissé entrainer en Écosse, à St Andrews, dans les traces régulières de Margaret et de Stephen. J'ai partagé le stress de Marc, la richesse de la vie mesurée en adrénaline. J'étais là quand ces géologues expliquaient comment la région de l'Europe du Nord s'est transformée depuis l'ère primaire jusqu'à nos jours. J'ai traversé à gué le Doggerland, pour rejoindre le Jutland. J'ai rêvé et imaginé le tsunami dans le lointain, sa force de destruction, jusqu’à ce que cette image me transporte au musée ; alors je sus que je ne rêvais pas.
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La centrale, un essai sur le nucléaire.
Pour avoir côtoyé le nucléaire dans ma vie professionnelle, je reconnais que ce livre peut paraître froid et difficile à tout lecteur qui n'a pas reçu une (in)formation sur cette forme d'énergie.
Cependant, cet ouvrage se décompose en deux sujets. Un sur le nucléaire, son emploi à des fins domestiques, et le fonctionnement d'une centrale. Alors que le deuxième thème abordé, que je ne connaissais pas, est celui des ouvriers du nucléaire. Pas ceux qui travaillent chez EDF, ceux qui sont en sous-traitance ou sous statut d'intérimaires et qui parcourent la France toute l'année pour participer aux chantiers de maintenance des centrales.
C'est sur ce point que, à mon sens, qu'il y a un apport de ce livre, par son thème sociologique. On y découvre des personnes techniquement expérimentées, qui vont de site en site, tels des compagnons du devoir. Leurs compétences et leurs formations rares assurent à ces hommes, car c'est un secteur très masculin, de trouver toujours un emploi. Soumis aux contrôles permanents, ils acceptent le risque de l'exposition aux rayonnements. Ils vivent avec cette épée de Damoclès, traduite en millisievert. La majorité aime ce risque car ils ont le sentiment de vivre dans un groupe à part, travailleurs de l'extrême. C'est le salaire de la peur.
Je pense également que cet ouvrage peut se lire différemment selon sa vision sur l'énergie nucléaire. Que l'on soit pour ou contre, la prouesse de l'auteure est de pouvoir nous donner l'occasion de confirmer nos convictions sur ce sujet, à tel point que finalement je n'ai pas réussi à savoir si l'écrivaine, elle-même, était favorable ou non. A vous de jugez !
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Tempête sur cotes de la mer du Nord et dans les têtes. Je reste un peu sur ma faim mais l’écriture est belle et les sentiments exprimés résonnent en moi.
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Petit livre, mais beaucoup d'informations
Le NUCLEAIRE ne fait pas peur aux dirigeants de ce pays,
car ce sont les lampions , surtout en interim et courte duree qui interviennent en maintenance, pour que les doses de radiations reçues ne depassent pas les quota...
Ce n'est pas de la "chaire à canon", mais de la "chaire à neutrons" .
cet extrait de la réalité montre ce que notre confort
peut couter sur la qualité de vivre de certains.
C'est le CORONAVIRUS du confort.
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Une découverte.
Je ne connaissais pas ces pratiques et c'est d'un cynisme rare que de lire comment le parc nucléaire est entretenu en France. Affligeant.
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Une lecture intéressante et originale pour le sujet. La géologie est bien présente, les conséquences des ravages de l'exploitation pétrolière , sont expliquées.
Le début est assez dynamique puis un grand vide oups j'ai pas tout compris, mais j'ai tenu bon et je me suis émerveillée par l'épilogue.
C'est certain ce n'est pas un roman qu'on peut lire comme tant d'autres. Il faut avoir un brin d'intérêt pour le sujet ou être comme moi curieuse de découvrir un terrain inconnu. Pourquoi vous connaissiez vous le Doggerland ? ben pas moi ! une sorte Atlantide de la mer du Nord. Combien de terres sont englouties dans les profondeurs des mers et océans ? Nul ne le sait.
Un peu déçue car j'aurai voulu en savoir plus sur cette terre disparue. Trop peu à mon goût et trop de blabla sur la vie des autres sans grand intérêt.
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Il y a 3 personnages dans ce roman. Margaret est une scientifique, académique, qui étudie les sols dans une perspective archéologique. Marc est un géologue français qui étudie les sols sous-marins, mais pour y trouver du pétrole. Xaver est une tempête qui va balayer le nord de l'Europe du 5 au 7 décembre 2013. C'est à ce moment que Margaret et Marc doivent se rendre séparément à une conférence à Esbjerg au Danemark. Séparément, car Margaret est mariée à Stephen. Marc est célibataire. Il n'a jamais vraiment oublié Margaret, dont il était amoureux fou 20 ans plus tôt.
Ecosse-Danemark, c'est le trajet de Xaver. C'est aussi celui de Margaret. Et c'est le point de chute de Marc.
Ces trois jours sont mis à profit par les deux protagonistes pour repenser au passé et à ce qui pourrait peut-être encore se produire. On découvre peu à peu le rôle "protecteur" joué par le frère de Margaret qui a éloigné Marc. Xaver joue le rôle (en 2013) de déclencheur, de rapprocheur, via des éléments d'un passé encore plus lointain... Il y a 8000 ans, la mer du Nord était une île, une plaine fertile, que les scientifiques nomment Dogger Bank ou Doggerland. Maintenant, c'est un champ de plates-formes de forage sur un des gisements les plus importants du monde.
Et si un séisme d'amplitude importante venait frapper cette région? Cela provoquerait un tsunami d'une force comparable à celui qui a dévasté la plaine habitée 8000 ans plus tôt...
Ce sont tous ces éléments qu'Elisabeth Filhol tente de mettre ensemble de manière cohérente. L'écriture en narrateur omniscient (ou presque) rend la lecture pesante, ampoulée et confuse la plupart du temps. Les meilleurs passages, vifs et rythmés, sont ceux constitués de dialogues. Mais ils sont rares. Au final, sur une bonne idée, avec un gros travail de recherche de l'auteure (on apprend plein de choses, clairement), on a un roman poussif et peu emballant, fort peu original, centré sur deux personnes qui s'aiment et se sont quittées 20 ans plus tôt sans aucune raison (et se retrouvent sans aucune raison non plus).
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Voilà un livre qui m’a donné un très vif plaisir de lecture cet été.
Un livre foisonnant, avec plusieurs couches successives, à l’image du paysage qui donne son titre au roman.
Mais commençons par les personnages principaux : ils sont deux. Deux personnages principaux qui vont occuper le devant de la scène : Margaret, l’écossaise et Marc, le français.
Elle, c’est Margaret. A la fin de ses études, elle s’est dirigée vers une voie très particulière : géologue, elle se passionne pour la Mer du Nord et ses hauts fonds qui, il y a encore 8000 ans, était une terre émergée, habitée, une île presque aussi grande que la Sicile. Les archéologues lui ont donné un nom : le Doggerland.
Lui c’est Marc Berthelot. Un Français qui a fait ses études de géologue à Aberdeen avec Margaret. Mais attiré par le nouvel eldorado que constitue les réserves pétrolifères de la Mer du Nord, à une époque où l’exploitation des hydrocarbures en mer du Nord est à son apogée, il a suivi une voix radicalement différente.
Et puis tout de suite, dès l’introduction, le paysage surgit. Parce que la nature, les « éléments » comme on les appelle souvent, ne sont jamais très loin dans les romans d’Élisabeth Filhol. Et là, dès ce premier chapitre mené tambour battant, c’est une tempête – baptisée « Xaver » - qui va se déchaîner sur cette Mer du Nord, une mer qui s’étire d’Aberdeen en Écosse où habite Margaret avec son mari Stephen, et un peu plus loin son frère Ted, météorologue jusqu’à Esbjerg, une petite ville danoise située dans le sud-ouest de la péninsule du Jutland, où est supposé se dérouler le Colloque qui est censé permettre à Marc de retrouver Margaret.
Tout au long de ce récit on va suivre l’épisode météo d’une exceptionnelle intensité, comme un contre-chant à l’aventure de Margaret et de Marc, sur qui le récit va porter successivement.
On épouse tout d’abord le point de vue de Margaret, qui est une femme équilibrée, carrée, bien campée et qui suit son chemin : à une époque où personne ne s’intéressait à cette zone émergée, Margaret a réussi à en faire un sujet d’enquête solide. Ancrée à Aberdeen, une ville dont l’auteure va nous livrer un portrait saisissant, on l’imagine très bien dans ses habits un peu démodés.
Une chance, d’ailleurs, cette grande tempête. Conjuguée à de forts coefficients de marée, des professionnels ou de simples amateurs entament leurs recherches « là où l’épaisse couche de sable qui les recouvrait la veille a été emportée, des forêts apparaissent ». Mais une malchance aussi. Faut-il écouter les conseils de son frère Ted, omniprésent sur les écrans des télévisions des chaînes d’info continues pour suivre la progression de « Xaver » ? Les retrouvailles lors du colloque pourraient se retrouver compromises …
Marc, lui, est son double ou son opposé – c’est selon. Ils ont fait leurs études ensemble, mais après une déconvenue professionnelle – ou bien pour une autre raison qu’on découvrira au cours du récit – il va partir subitement courir le monde, toujours en mouvement au creux de cette houle mondialisée avec ses hauts et ses bas qui le porte d’une plateforme offshore à une autre. Il faut dire qu’il est arrivé en pleine période thatchérienne, à une époque où la mondialisation balayait l’Angleterre comme une tempête sauvage, détruisant toute protection sociale comme un fétu de paille. Et il a surfé sur la vague, passant d’un continent à l’autre pour se vendre au plus offrant.
Et puis Marc et Margaret se sont éloignés l’un de l’autre à la manière de cette tectonique des plaques qui éloignent les continents les uns des autres. Pourtant on le sent dès les premières pages ils étaient très liés l’un à l’autre, à l’image de cette terre, le Doggerland, reliant la Grande-Bretagne au reste de l'Europe durant les glaciations quaternaires. Un mystérieux fil les relit, à l’image de cette terre immergée sur laquelle Margaret enquête.
Mais Marc n’a-t-il perdu toute possibilité désormais de s’arrimer, de se stabiliser et de vivre en continu une relation dans un même lieu ?
C’est paradoxalement cette petite ville d’Esbjerg, où a lieu le Colloque de scientifiques où ils sont tous deux invités à intervenir, qui est son point d’attache. Là où, entre deux missions, Marc a trouvé la poitrine généreuse d’une propriétaire d’une maison d’hôte pour l’accueillir. »La figure de Pia Andersen, telle un abri de marin. » Parce que ce mouvement perpétuel, engendré par le flux de la mondialisation, a des conséquences perverses sur la personnalité de ceux qui s’y adonnent –un libéralisme pur et dur aux séquelles puissantes qu’Élisabeth Filhol dépeint très bien.
De l’autre côté il y a ces fouilles archéologiques que mène Margaret et son équipe pour mettre à jour le « Dogger Bank » : Élisabeth file la métaphore en utilisant les soubresauts d’une tempête ou les paysages malmenés par l’homme moderne pour décrire ce qui se passe au-dedans de nous.
Car le danger guète. A force de perforer des terres immergées dans une zone à risques, on peut déclencher des catastrophes, comme cela a failli être le cas lors de l’accident d’Elgin le 25 mars 2012, qui aurait pu être très meurtrier si le vent n’avait pas été favorable ce jour-là.
Écriture au présent, avec de longues et belles phrases qui se déroulent comme un beau fil à dénouer, « Doggerland » est en définitive un livre puissamment politique, dans le bon sens du terme. La question de l’environnement y est omniprésente, mais sans être un pensum : elle aurait pu nous écrire un essai sur les risques liés à l’exploitation démesurée des hydrocarbures en Mer du Nord (tout est méticuleusement documenté) mais elle a choisi plutôt un récit captivant pour nous faire passer son message.
Oui « Doggerland » est un livre foisonnant, parce que les thèmes qu’il aborde se révèlent les uns après les autres. Comment l’auteure réussit-elle à nous captiver en nous parlant d’activité pétrolifère offshore ? Et encore plus pour qu’on suive les découvertes archéologiques à propos de cette terre émergée entre l’Angleterre et le Danemark datant il y a 8 000 ans ? Mystère. Et on pourtant on est bel et bien sous le charme de cette écriture ensorcelante, fascinante, et enthousiasmante.
On ne dira rien de l’affrontement final entre les deux protagonistes qui ont réussi à se frayer un passage par-dessus la Mer du Nord pour se rejoindre.
Ni rien de l’épilogue final, qui se situe 6 150 ans avant Jésus-Christ.
On dira juste encore une fois qu’il faut se précipiter sur le roman de « Doggerland ».
En espérant que vous y trouverez autant de plaisir que j’en ai eu pour ma part.
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S'il y a bien des lois que je respecte, ce sont celles de la parité et celle de l'alternance. Surtout en ce qui concerne mes lectures.
Une bouse, une perle, une bouse, une perle, une… comment dire pour définir Doggerland. Bouse serait injuste car le sujet prête à réfléchir et que l'intérêt pointe le bout de son museau au bout d'un temps certain, mais l'accouchement fut difficile et loin d'être sans douleur. Pour tout dire j'ai voulu abandonner plus d'une fois tant l'écriture d'Elisabeth Filhol m'a ennuyé, tant j'ai été largué dans ses phrases interminables. La Bretonne m'a obligé à le finir, j'ai pas une vie facile j'vous dis.
Bon y a quand même un truc qui m'a fait marrer, une sorte d'hommage à Bigard et à sa chauve souris enragée :
« Longtemps Esbjerg a été ce point particulier sur la carte qui lui tenait lieu de repère, qui avait valeur de point d'ancrage. Il bénit la Prusse, il remercie les Prussiens. Parce que, imaginons qu'ils n'aient pas gagné, que le Danemark n'ait pas été réduit ce jour-là à la portion congrue, cantonné à ses ports de la Baltique, Aarhus, Copenhague, sans rien de véritablement convaincant de l'autre coté, coté mer du nord ; imaginons qu'ils n'aient pas perdu le Schleswig-Holstein et son ouverture vers la mer, eux les Danois, ils n'auraient pas fondé Esbjerg. Leur parlement n'aurait pas voté en 1868 le creusement d'un grand port de commerce en lieu et place d'un embryon de quai et dix cabanes de pêcheurs à cet endroit. Et les champs derrière le port n'auraient pas été lotis puis des dizaines de rues tracées à angle droit, dans un périmètre d'environ deux kilomètres par trois qui délimite aujourd'hui le centre historique.»
Dans la famille « si ma tante en avait… », je veux bien Madame Filhol. Bonne pioche.
Je vais vous épargner la suite parce que j'ai cru que j'allais manquer d'air. La phrase suivante commence sept lignes avant le bas de la page 169 et se termine un peu après le milieu de la page 171. J'ai aimé « le grand bleu » mais mes capacités en apnée se sont révélées ridicules. Déjà mi page 170, j'avais commencé à prendre une teinte Schtroumpf. Faut dire aussi tout l'intérêt de ce passage.
L'idée, toujours la même. Si les Prussiens blablabla, et les danois n'auraient pas construit le restaurant parce que la ville n'aurait pas existée et que machin n'aurait donc pas pu y manger son fish and chips mais que c'est pas pour ça que les poissons s'en seraient tirés parce que rien ne dit qu'un pêcheur ne les aurait pas pêché quand même et qu'ils auraient peut être fini en poissons panés, servis avec de la purée dans un collège d'une ville construite grâce à la victoires des abeilles sur les Mayas. Bref, ça fait bien flipper tout ça.
Je pourrai citer aussi d'autres grands moments de solitude du lecteur avec des passages où il est question de valise avec la poignée en position levée, pis un peu plus loin la même poignée de la même valise ( si si la même, j'ai relu plusieurs fois pour être sur) en position baissée ou encore ce moment où avec la main droite (on ne sait pas ce qu'elle fait de la gauche à ce moment là, on reste dans le flou) elle saisie la télécommande ou encore quand elle est pieds nus sur cette belle moquette orange et grise en laine de chez Saint Maclou (je dis Saint Maclou parce que j'ai pas retenu tout le pédigrée) qui l'a faite fabriquer à partir de laine de mouton de l'élevage du mec qui fournit aussi le fabricant de gilets pour berger de la pub d'un fromage de brebis.
Oh j'allais oublier, je m'en serais voulu, probablement le plus grand moment où je me suis dit qu'elle n'allait pas faire ça madame Filhol. Mais qu'est ce qu'elle a donc fait ? Suspens suspens.
Page 186 à 188, elle nous raconte Bip Bip et le coyote. Tout est décortiqué, expliqué. Si vous n'avez pas compris un épisode du dessin animé, lisez « Doggerland », tout deviendra limpide.
Euh, l'histoire ?
Ah oui, je ne vous ai pas dit. Alors c'est l'histoire de Ted qui bosse au météo France local et qui flippe pour sa tite soeur Margaret géologue de son état qui, en compagnie de son mari Stephen (chercheur de pétrole, gaz etc) doit se rendre à Esbjerg (le truc des Prussiens, souvenez vous) pour une conférence où elle va retrouver Marc, son ex (trouveur de pétrole) perdu de vu depuis plus de vingt ans.
Pourquoi qu'y flippe Ted ? Tadadam, parce que se prépare la tempête du siècle, que dis je, du millénaire, en mer du Nord et que prendre l'avion depuis Aberdeen pour rejoindre Esbjerg (nan c'est pas en Prussie) c'est un peu être comme un crocodile qui entrerait dans une maroquinerie, vous voyez l'idée, c'est pas fin.
Deux cent cinquante pages où chaque geste est décortiqué, on se croirait sur canal plus avec le but de Neymar vu au ralenti sous 75 angles différents, deux cent cinquante pages ou le néolithique et tous les âges qui tiquent me les ont brisé menues. Une punition.
Alors pourquoi pas une bouse ?
Parce qu'en toile de fond, il y a notre planète qui se révolte. Il suffirait de peu de choses pour qu'elle expulse les locataires de passage que nous sommes. Séismes sous marins, tsunamis, quelques secondes et la terre retrouve la paix.
Les cent dernières pages changent un peu de ton. Les retrouvailles des ex avec les explications, les regrets, les espoirs. On est pas chez Harlequin même si on se doute de ce qui va se passer (non ils ne couchent pas, m'enfin) mais ça fait presque du bien de sortir du mode descriptif à outrance.
Vous l'aurez peut être compris, j'ai apprécié moyen moins quand même.
Je ne suis pas un littéraire et certaines subtilités m'échappent peut être mais mettre des mots pour faire du volume, y a un moment où ça ce voit.
Pas sur de me pencher sur l'oeuvre littéraire de madame Filhol, ni de lui envoyer mon CV pour un poste d'attaché de presse, je suis pas sur que j'aurais mes chances.
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A l’occasion d’un séminaire d’archéologie sous-marine deux êtres se retrouvent à Esbjerg , Jutland danois.. Ils se sont connus étudiants, leurs carrières les ont séparés, chercheuse à l’université pour Margaret, géologue dans les pétroles pour Marc , ils sont à l’heure des bilans. Ce pourrait être très banal mais c’est un subtil stratagème pour mettre en scène et formidablement personnifier les acteurs qui composent le milieu naturel. Au premier rôle Xaver, une redoutable tempête se développant du Groenland à la Baltique qui irradie tout le récit , ensuite, la mer du Nord , la dislocation de la Pangée , le Doggerland et le tsunami dévastateur Storegga. Au-delà de descriptions techniques très instructives, c’est une véritable spiritualité des rapports de l’homme à la nature qui émane de l’ouvrage à travers coups de vent , ressacs et brisants ; un périple de découvertes que j’ai beaucoup apprécié et tout à fait en concordance avec les questionnements concernant la préservation de le planète qui nous assaillent .
Au plan de l’écriture, il me semble que l’auteure a cherché à transposer la tempête qui rythme le récit par une grande variabilité des phrasés en utilisant fréquemment de longues propositions , éventuellement un tantinet trop complexes, mais qui apportent aussi un supplément de charme à ce splendide dévoilement d’un style , à mon avis , bien nouveau.
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Un livre qui m'a déçue., malgré un style agréable et de très beaux passages. Mais on est trop souvent noyé par des considérations scientifiques interminables, ce qui rend le roman ennuyeux. Je me suis forcée de le lire jusqu'au bout mais sans plaisir.
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Emportée par ta houle
Qui me roule
Et m'enroule
Qui me saoule ,
Ô mer du Nord,
Nous ne formons qu'un seul corps...
Un tourbillon, un maelstrom, un tsunami!
Portée par un phrasé hypnotique, un style périodique à la fois savant et lyrique - la poésie, c'est une évidence, est une jeune soeur des grandes sciences du vent, de la terre et de la mer!- je viens de franchir en apnée les 60emes Nord , pas rugissants mais grondants et fondants, hissée de vague en vague, ballottée d'appréhension en angoisse, d'avis de tempête du siècle en cataclysme du millénaire annoncé - une petite apocalypse revigorante qui risque de remodeler le vivant tous les 8000 ans..- sans avoir le temps de dire ouf!
J'en suis sortie plus savante- la climatologie et la géologie n'ayant jamais été mes tasses de thé, j'ai été stupéfaite de constater que je pouvais m'y immerger avec délices, et même y sombrer jusqu'aux petites heures du matin sans le moindre ennui, le plus léger bâillement -, et aussi, étonnamment apaisée : en ces heures de crise climatique aiguë et de prophéties catastrophiques, les congrès scientifiques ont une façon à eux de remettre à l'échelle nos angoisses d'humains nombriliques : qu'est-ce ce qu'une apocalypse planétaire ou semi-planétaire, au regard de la vitalité de la matière ?
Je n'ai pas regretté ce voyage en Doggerland...
Sur fond de tempête Xaver et de grande -marée -avec -risque -de- submersion, trois scientifiques , Margaret Ross, anglaise, son mari, Stephen, écossais, et Marc Berthelot,un français, premier amour de l'une en même temps que meilleur ami de l'autre, se retrouvent - après une vingtaine d'années en ce qui concerne Marc et Margaret- , pour un congrès, en Norvège, au bord de la mer du Nord déchaînée.
Stephen est spécialiste en énergies renouvelables et rêve d'implanter des parcs éoliens plus nombreux en mer du Nord, où le vent est si généreux. Alors quand l'outre d'Éole semble s'être tout à coup ouverte, il accourt.. .
Margaret, elle, en géologue-paléologue, se passionne depuis toujours pour le Doggerland, cet ancien territoire immergé depuis plus de 8000 ans qui reliait à pied sec l'Angleterre au continent européen, marqué encore par la présence humaine, végétale et animale, et que seules de grandes marées, au moment du reflux, laissent alors à découvert, mettant au jour des coupes de forêts, noircies et polies comme du bronze, appelées "bois de Noé".
Un morceau de la terre d'avant le Déluge.
Une espèce d'Atlantide pour scientifiques.
Cette science d'un passé sous-marin, mystérieux, porteur, qui sait, d'une mémoire utile aux temps à venir, fascine Margaret, et son objet d'etude, le fameux Doggerland, lui ressemble: à la fois clos, replié, silencieux mais aussi ouvert, réceptif, sensible, plein de sagesse et de lucidité.
Quant à Marc, arpenteur des mers, il est chercheur d'or noir pour les grandes firmes pétrolières qui s'arrachent son éternelle bougeotte, sa soif d'aventures, et surtout son flair de prédateur qui le précipite, de plateforme en plateforme, assoiffé d'argent trop vite dépensé et d'émotions fortes, là où se cachent les dernières ressources de la turbulente mer du Nord.
Pour mieux se fuir lui-même? Pour ne pas sentir s'élargir les failles, s'ouvrir les abysses qui le taraudent comme lames et vents tourmentent le palais des Congrès de ses retrouvailles avec la secrète Margaret qu'il a aimée et quittée, pourtant, si brutalement?
Sous la baguette inspirée d'Elisabeth Filhol, tout, lentement , se met en place. Météores, personnages, temps et lieux.
Musique symphonique, orchestrée avec majesté, ménageant motifs et reprises, montant en tension et en puissance, comme l'ouragan lui-même .
On est dans une attente, une vibration, une émotion qui nous hisse et nous dépasse. On se laisse emporter, à notre tour, comme fétus de paille, au-devant de cette tempête, de cette rencontre, dans l'expectative d'un affleurement du passé dans une secousse du présent qui n'aura pas d'équivalent.
C'est là toute la force de cet étonnant roman, profondément original, différent, magistralement mené, qui aurait bien mérité le prix du Livre Inter et qui pourtant ne l'a pas eu.
La fin, magnifique et inattendue, est le digne couronnement de cette attente sismique.
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Ca parle d'un homme qui va de centrale nucléaire en centrale nucléaire, pour des contrats courts, logeant dans une caravane. Son copain s'est suicidé, comme deux autres travailleurs de la centrale. Thème hautement louable.
A part ça , et bien, ça dit vraiment peu de ces gens, tant cela vise à une distance ésotérique, et peu de leurs conditions de travail tant c’est noyé dans un fatras technique et professionnel. Le dépouillement du style, avec un côté recherche formelle, n'empêche pas l'opacité.
Heureusement ce galimatias était très court. Et si c’est pour montrer qu'il s'agit de lieux inhospitaliers, c'est réussi.
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